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4 Recherches de primitives
2.4.1 Position du problème
Soit f une fonction de R vers R ou C. On cherche à déterminer des intervalles
(maximaux) I sur lesquels f est
continue et sur un tel intervalle, une primitive F de f . La notation F (t) = f (t) dt + k, t ∈ I signifiera : f est
continue sur I et F est une primitive de f sur I
Remarque 2.4.1 On prendra garde que dans cette notation, et contrairement à lanotation différentielle des intégrales,
la variable t n’est pas muette. C’est bien le même t qui figure dans F (t) et dans f (t) dt
A(X) k
Théorème 2.4.1 Soit R(X) = une fraction rationnelle à coefficients complexes, B(X) = b (X − ai )mi la
B(X) i=1
décomposition du dénominateur en facteurs du premier degré. Alors R(X) s’écrit de manière unique sous la forme
k
αi,1 αi,mi
R(X) = E(X) + + ... +
i=1
X − ai (X − ai )mi
Démonstration E(X) est évidemment le quotient de la division euclidienne de A(X) par B(X).
On montre que si A(X), B1 (X), B2 (X) sont trois polynômes tels que B1 (X) et B2 (X) sont premiers entre eux,
alors il existe des polynômes U (X) et V (X) tels que
en effet puisque B1 et B2 sont premiers entre eux, on a C[X] = B1 (X)C[X]+B2 (X)C[X], donc A(X) peut s’écrire sous
la forme A(X) = U (X)B2 (X) + V (X)B1 (X) et en divisant par B1 (X)B2 (X) on obtient la décomposition souhaitée.
De plus, si un couple (U, V ) convient, il est clair que tout couple (U − B1 Q, V + B2 Q) convient. En remplaçant U par
le reste de sa division euclidienne par B1 , on peut donc supposer que deg U < deg B1 ; on voit alors immédiatement
que si deg A < deg B1 B2 , on a aussi deg V < deg B2 (l’ensemble des fractions rationnelles dont le degré du numérateur
est strictement inférieur au degré du numérateur est une sous algèbre de C(X)). Une récurrence évidente permet donc
d’écrire
A(X)
k
Ai (X)
= E(X) +
B(X) i=1
(X − ai )mi
avec deg Ai < mi . On écrit alors la formule de Taylor pour le polynôme Ai au point ai , soit Ai (X) = αi,mi +αi,mi −1 (X −
ai )+. . .+αi,1 (X −ai )mi −1 (car deg Ai ≤ mi −1) d’où la décomposition souhaitée. L’unicité de la décomposition découle
immédiatement du lemme suivant
A(X)
Lemme 2.4.2 Le polynôme αi,1 X + . . . + αi,mi X mi est l’unique polynôme P (X) sans terme constant tel que −
B(X)
1
P( ) n’admette pas ai comme pôle.
X − ai
1
Démonstration Il est clair que ce polynôme convient. Si P1 et P2 sont deux tels polynômes, alors (P1 −P2 )( )=
X − ai
A(X) 1 A(X) 1
− P2 ( ) − − P1 ( ) est la différence de deux fractions rationnelles qui n’admettent pas
B(X) X − ai B(X) X − ai
le pôle ai donc c’est une fraction rationnelle qui n’admet pas le pôle ai . Ceci n’est possible que si P1 − P2 est constant,
mais comme P1 et P2 sont sans terme constant, on a P1 = P2 .
Méthode de calcul E(X) est le quotient de la division euclidienne de A(X) par B(X). En ce qui concerne les
αi,1 αi,mi
parties polaires + ... + on peut procéder de la manière suivante :
X − ai (X − ai )mi
– si mi = 1 (pôle simple) on peut poser B(X) = (X − ai )B1 (X) ; en multipliant les deux membres de la
décomposition par X − ai et en substituant ai à X, on obtient (en remarquant que B (X) = B1 (X) + (X −
ai )B1 (X))
A(ai ) A(ai )
αi,1 = =
B1 (ai ) B (ai )
A(X + ai ) P (X)
– si mi > 1, on écrit = avec Q(0) = 0. On effectue la division suivant les puissances
B(X + ai ) X mi Q(X)
croissantes de P par Q à l’ordre mi , d’où P (X) = S(X)Q(X) + X mi T (X) avec deg S ≤ mi − 1. On obtient alors
P (X) S(X) T (X) αi,1 αi,m T (X)
m
= m
+ = + . . . + mi + et donc
X Q(X)
i X i Q(X) X X i Q(X)
T (X − ai )
Comme n’admet pas ai comme pôle, c’est que l’on a déterminé la partie polaire relative au pôle ai .
Q(X − ai )
A(X)
Pour chercher une primitive d’une fraction rationnelle dont on connaı̂t la décomposition en éléments simples
B(X)
k
αi,1 αi,mi
R(X) = E(X) + + ... +
i=1
X − ai (X − ai )mi
il suffit donc de savoir chercher une primitive du polynôme E(X) (ce qui est élémentaire) et de chacun des éléments
1
simples .
(X − ai )k
1 1 1
Théorème 2.4.3 (i) Une primitive de t
→ , k = 1, est −
(t − a) k k − 1 (t − a)k−1
1 t−α
(ii) Une primitive de t
→ est log |t − a| si a ∈ R, log |t − a| + i arctg( ) si a = α + iβ ∈ C \ R.
t−a β
1 1
Démonstration Le premier point et le deuxième sont évidents ; si a = α + iβ ∈ C \ R, on écrit = =
t−a t − α − iβ
t−α β 1 t−α
+i dont une primitive est log((t − α)2 + β 2 ) + i arctg( ).
(t − α)2 + β 2 (t − α)2 + β 2 2 β
Lemme 2.4.4 Soit R(X, Y ) une fraction rationnelle à deux variables. Alors il existe deux fractions rationnelles R1
et R2 à deux variables telles que R(X, Y ) = R1 (X 2 , Y ) + XR2 (X 2 , Y )
Démonstration On écrit, en séparant au dénominateur, les puissances paires de X des puissances impaires,
A(X, Y )
R(X, Y ) =
B1 (X 2 , Y
) + XB2 (X 2 , Y )
A(X, Y )(B1 (X 2 , Y ) − XB2 (X 2 , Y ))
=
B1 (X 2 , Y )2 − X 2 B2 (X 2 , Y )2
C(X, Y ) C1 (X 2 , Y ) + XC2 (X 2 , Y )
= 2
=
D(X , Y ) D(X 2 , Y )
= R1 (X 2 , Y ) + XR2 (X 2 , Y )
avec u = sin t. On est donc ramené à la recherche d’une primitive de fraction rationnelle, ce que nous savons faire. Or
on constate facilement que, puisque cos(π −t) = − cos t et sin(π −t) = sin t, on a f1 = 0 ⇐⇒ ∀t ∈ R, f (π −t) = −f (t).
De même on peut écrire f (t) = f3 (cos t) + sin tf4 (cos t) (en intervertissant
le rôle du sinus et du cosinus, ou en
π
changeant t en − t) et si f3 = 0, on a f (t) dt = f4 (cos t) sin t dt = − f4 (u) du avec u = cos t. Or comme ci
2
dessus, f3 = 0 ⇐⇒ ∀t ∈ R, f (−t) = −f (t).
Mais on peut encore écrire f (t) = R(cos t, sin t) = R(cos t, tg t cos t) = S(cos t, tg t) et en appliquant de nouveau
1
le lemme, f (t) = R3 (cos2 t, tg t) + cos tR4 (cos2 t, tg t). Mais cos2 t = ce qui permet d’écrire f (t) = f5 (tg t) +
1 + tg2 t
π π
cos tf6 (tg t). Alors, si f6 = 0, le changement de variables u = tg t pour t ∈] − + nπ, + nπ[, conduira à
2 2
f4 (u)
f (t) dt = f5 (tg t) dt = du, c’est-à-dire encore à une primitive de fraction rationnelle. Or f6 = 0 ⇐⇒
1 + u2
∀t ∈ R, f (t + π) = f (t).
t
Dans tous les autres cas, le changement de variable u = tg , t ∈](2n − 1)π, (2n + 1)π[ conduit à
2
1 − u2 2u 2du
R(cos t, sin t) dt = R( , )
1 + u 1 + u 1 + u2
2 2
Remarque 2.4.2 Les règles (i),(ii) et (iii) doivent toujours être utilisées de préférence à la règle (iv) car elles
conduisent à une fraction rationnelle dont les degrés des numérateurs et dénominateurs sont plus petits que dans
la règle (iv). Le lecteur prendra garde à ne pas appliquer les règles (iii) et (iv) en dehors de leurs intervalles de validité
π π
respectifs (t ∈] − + nπ, + nπ[ ou t ∈](2n − 1)π, (2n + 1)π[) sous peine d’erreurs difficilement décelables.
2 2
Remarque 2.4.3 L’exemple le plus simple de courbe algébriquenon unicursale est une courbe elliptique d’équation
y 2 = x3 + px + q ; c’est ainsi que le calcul des primitives du type R(x, x3 + px + q) dx ne relèvera pas en général
de la théorie précédente.