ANCIENNE LITTERATURE CANONIQUE SYRIAQUE
Fascicule II
LES CANONS
RESOLUTIONS CANONIQUES
RABBOULA, JEAN DE TELLA, CYRIAQUE D'AMID
JACQUES D'EDESSE, GEORGES DES ARABES
CYRIAQUE D’ANTIOCHE, JEAN III], THEODOSE D’ANTIOCHE
ET DES PERSES
Traduits pour la premiére fois en francais
PAR
F. NAU
Professeur a !"Insthtut catholique de Paris.
(Extrait du Canoniste contemporain, juillet-aodt 1903 4 janvier 1906.)
PARIS (VI*)
P, LETHIELLEUX, LIBRAIRE-EDITEUR
22, RUE CASSETTE, 22
1906AVERTISSEMENT
Par ordre de matiéres, ce travail comprend trois parties :
I, Résolutions canoniques (1 a 48) de Jean, évéque de Tella,
avec les avertissements et préceptes (14 xxvur) du méme
auteur; II, les Résolutions canoniques de Jacques d’Edesse
(1 & 117); III, les Canons de Rabboula, Cyriaque, etc. (1 4
204). On trouvera en téte de chaque partie une introduction
sur les auteurs et leurs ouvrages et tout particuligrement sur
les canons dont nous donnons la traduction.
Voici l’ordre chronologiquede cesauteurs : Rabboula, évéque
d’Edesse, de 412 a 435; Jean, évéque de Tella en Mésopota-
mie, de 519 4 538; Cyriaque, évéque d’Amid,de 578 a 623;
Georges, évéque des tribus arabes, de 688 4 724; les Perses ou
évéques jacobites orientaux (vn° au vimt® siécle); Cyriaque,
patriarche d’Antioche de 793 a 817; Jean [m1], patriarche
d’Antioche de 846 4 873; Théodose, patriarche d’Antioche de
887 a 896.
A exception de Rabboula qui est orthodoxe, tous ces évé-
ques sont jacobites, c’est--dire adversaires du concile de Chal-
cédoine ; leurs ouvrages, comme on vient de le voir, forment
une chafne presque continue depuis le commencement du
vi? siécle jusqu’a la fin du 1x* et nous font connaftre durantLES CANONS ET LES PRECEPTES DE JEAN ‘”
EVEQUE DE TELLA
INTRODUCTION
I. —Norice sur u’auteur. — Jean bar Cursus, né a Callinice
en 482-483, tonsuré en 507-508, évéque de Tella en 519, mort
a Antioche le 6 février 538, était monophysite, c’est-d-dire ne
reconnaissait en Notre Seigneur (3) qu’une seule nature, for-
mée de deux sans mélange ni confusion (4).
Sa biographie a été écrite par Jean d’Asie (v1° siécle) (5) et
par son disciple Elie (6). Il avait trois ans et demi a la mort de
son pére, l’un des nobles de Callinice (7) ; il apprit la langue
et les sciences des Grecs, et, a l’dge de vingt ans (502-503), sa
mére l’attacha au prétoire (8) du duc de Callinice pour qu’il s’y
instruisit et s’y exergat. Elle lui donna aussi un pédagogue
trés pieux qui développa surtout, semble-t-il, ses dispositions
mystiques naturelles ; il lui apprit le psautier en syriaque et
tous deux récitaient l’office. Jean se nourrissait de pain sec
et d’eau et en arriva a ne manger qu’unjoursur deux. Sa mére
ne voulait pas lui permettre de quitter le monde, il dut donc
(x) Jean bar Cursus.
(a) Tella de Mauzelath ou Constantia, ville de Mésopotamie sur la route d’Edesse
& Mardin et a Nisibe,
{3) Les monophysites ajoutent encore ici : aprés U'anion des natures,
(4) lls se distinguent ainsi des Eutychiens qui ne reconnaissent aussi qu'une na-
ture, mais absorbent la nature humaine dans la nature divine.
(5) Pobliée par Lann, Anecdota syriaca, t.11, Leyde, 1868, pp. 169-177, traduite
en latin par Laxp et Van Douwew, Joannis, episcopi Ephesi, commentarii de
beatis orientalibus, Amsterdam, 1889, pp. 108-113.
(6) Publiée avec traduction hollandaise par Kuryx, Hel Leven van Johannes van
Tella door Elias, Leyde, 1882.
47) Ville sur 'Euphrate, de méme longitude qu'Edesse.
(8) M. Kleyn traduit qu'il fut « soldat dans le prétoire ». D’aprés le contexte,
nous croirions plutdt qu'il était scribe et se préparait a étre juriste ou juge.
CANONS ET PRECEPTES, —1