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Anonyme. Documents géographiques sur l'Afrique septentrionale. 1898.

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DOCUMENTS
GÊCGRAPH~UES

SUR

L AFMOtJE SEPTENTRIONALE

TRADUtTS
DEL'ARABR

Par FUENÊBASSET
UHtEOTBOR
naL'&OOt.B
SOFKKttiOat!
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ÉDITEUR
~ERN E S T L E R 0 U X
28, me Bonaparte, 38

1898
DOC~MJMTS
U~OGRAPHiQUKS
sftt

8EPTËNTKÏONALË
I~AFRtQUË
KAtiCV, tt)Kt!MMM MSBn<R-t,EVtt*m.T RT C".
DOCUMENTS
GEOGRAPHIQUES

SUR

L'AFRMUE SEPTENTRIONALE

TRAOUtTS DE t.'ABABt!

Par RENE BASSET


OIBKCTNOttCBt*COt.BSOP~atSO)tBC<St.ETTBBSD't!.<tR<t

M)tMBKB oeBXMMMiBMT nM aoct~ïAa B< etiaeBAraM oa t'Ear,

n'eRtt ET cz mB<nnm!

PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, rme Bonaparte, 38

1898
INTRODUCTION

Tandis que la géographie de t'&frique septentrionale à l'époque ro-


maine est l'objet ))e nombreux travaux et que, de toutes parts, l'on
étudie et l'on compare les indications fournies par les textes et l'épt-
graphie pour reconstituer r.4./<<'a foMe~M, il semble qu'on néglige ht
période de douze siècles, qui va de h conquête musulmane à la domi-
nation française. Cette indifférence apparente s'explique torsque i'ou
considère que les documents à mettre en couvre sont d'un accès beau-
coup plus din)ci!e qu'une inscription ou qu'un texte latin ou grec.
L'étude de l'arabe n'est pas abordable à tous ceux qui s'occupent de
géographie comparée, et cependant, pour rester sur le domaine de
l'antiquité, les renseignements donnés par les géographes et tes histo-
riens musnlmans ne laissent pas d'être d'un grand secours pour com-
bler les lacunes des écrits des anciens tels qu'ils nous sont parvenus.
H est vrai que la conquête de t'Atgérie a donné, surtout en France,
une nouvelle impulfion à ces études. La découverte, la publication et
la traduction d'ouvrages arabes out mis déjà d'importants matériaux
entre les mains des géographes. La courte liste suivante fera con-
naitre les principaux
Une des premières descriptions de l'Afrique que nous rencontrons
est celle ddnnée par Ibn Khordadbeh, d'origine guèbre (m'' siècle de
Fhégire), dans son livre intitulé: Les &)t<<Met les Provinces, qui ne
nous est arrivé qu'incomplet ('). En laissant de coté t'encyclopédie de
Mas'oudi qui ne traite de l'Afrique qu'accidentellement (~), nous trou-
vons une description du Maghreb, extraite du <n'M& e~ BoMeK(LeHors
des pays) d'Ah'med Ei Ya'qoubi ('), publiée et traduite en latin, par
M. de Goeje; les traités d'Ef-ts't'akhry et d'tbn-H'aouqat {jv~siècle de
l'hcgire) ont paru dans la collection de géographes arabes éditée à

(') n'att ét<pabtic avecUMetradnctMt]par M. BarbierdeMoynard.Paris, t8G5,


iD-So(extraitdu t/oKtitatas<tt~Hc~.
(') La ~rairtM d'or, pnbU' Mttraduit par MM.Barbier de Mcyant'det l'avet do
Cont-teUle. Paris, Hiti]-l!!i!,u vul. iu-S".
~) -Oeacrt~tM al .ifa~/t)'t~<.
LugduuiHAt~vorTHn. tn-
18'iO,
f.'AFKt(~Ut:SE1TEXT!
DOCUMENTS CÉOGRAPHtQUES

Leyde ('1 ainsi que l'ouvrage d'El Moqaddesi (~; le dictionnaire géo-
graphique d'Abou'Obeïd el Bekri (/) rve siècle de i'hégirc] a été pn-
b)ie à Leipzig; la description de l'Afrique du même auteur (Ki'Mt-N-
MMoM oK <weMa/< ouvrage capital depuis la perte de celui de

Mnh'ammed bcn El Ouarraq, son modèle, a été traduite et publiée par


M. de S!ane ('j; la partie du grand ouvrage d'El Edrisi (\r' siècle) qui
traite du même pays a paru par les soins de MM. Dozy et de Goeje ~).
H faut y joindre le géographe anonyme édité par M. de Kremer ('),
dont je donnerai la traduction dans cette série et sur lequel je revien-
drai plus loin. A ces ouvrages techniques, on doit ajouter les récits
de voyage et les itinéraires des pèlerins qui partaient du Maroc pour
je pctehnage de la Mekke et traversaient l'Afrique septentrionaie dans
toute sa longueur, pour accomplir cette obligation imposée à tout bon
musulman. M. Chcrbonneau nous a fait connaitre par des extraits la
relation d'Abou Moh'ammed el'Abdery (\jf siècle) ('). Le grand dic-
tionnaire géographique de Yaqout (\t-\n' siécies) a été publié par
M. Witstenfeld ('), ainsi que ses deux abrégés le Nera'sid et-
U't'iia' (') et le Mochtarik ou dictionnaire des synonymes géograpM-'
ques ('«); ap!ës Rinck. Ëichhorn (") et Solvet ('*), Reinaud et de Siane
faisaient paraître le texte d'Abou'iféda (\n~-vt)i~ siëcie de t'hégire),
relatif à l'Afrique ("), dont le premier publiait en même temps )a tra-

C) De Hepjt!, ~ttH''<&«-affMi;raptort<martt&tco)'ttm. P. I, H, 1870-1879, voUn-t*.


Une version tUemanda d'm h't'akhri est dne A HœUer, son premier éditeur ~)a<t
J!t<c&der MtM!<'r, Hamburg, J8M. M. d~' SIanc avait traduit en fran;ats la parUe d'Ibm
Jt'aou'iat qui traite du Maghreb ~MO'tpMoH de :fttKe. Paris, tS4S, in-!«. Une
version anglaiso d'un rentantctnott de l'ouvrage complet, due a Ouseley, avait parn
& IfOmdres en !8CO The Ortexta! SM~-apty «/ ft)t tfoo;tto;, in-<«.
(*) Pars IH. MMcrtptM {ntperK ))t<M!eNK-t.18T3, tn-S".
(3) CeOj;f<t~&M<-te<tr[<r<eftt«'t,pmbIM par W6stenfe)d. Leipzig, tve!.tn-S°,1876-!T.
(') Description <!e l'Afrique Mj)<e!t<t'«)tta!e, texte arabe. Alger, 1857, tn-it": tradac-
tien française, Paris, l!!a9, tn- En M3t,Qnatremère avait déjà reconnaqn'tmma-
nascrtt incomplet de la BtbUotheqne nationale reufermait une partie d~ texte d'Bl
Bekri et t'avait fait paraître dans tes Notiees et Extraits (t. XH).
(') Description de t'J/ft~Me et de :'&pa~tt<, tf'xteet traduction. Leyde, )866,in-S<
Onuelaconuaissait auparavant que par l'abrégé édite, sons le titre de Geographia
yttMeoMt, Rome, 19!)2,in-4", traduit par les deux Maronites Sfonïta et Hesronita,
Paris, sur !eqaet a Eté fait le commentaire de Hartmann (MrMM Africa. GSttingen,
179~, in-8'~), qu'on ecusnite encore aujourd'hui av~'c frnit, et par la médiocre traduc-
tion publiée sous le nom de Jaubert ((Ko~t'f~'Me d'Edriai. Paris, voi. in-1", 1838-
MM).
~iDMcr~~tOa de ~/W~MeparMM~e'j~rap&e<xr<t&e oKo~yM~dK~T~ ~tëeïcdeï'&re.
Vienne, 1S53, im-S".
(') Notice et Zx<r<t«< de son "o~o~e A «-«t-eM !tt~te septentrionale. Paris, 1854.
in-8~.
(') J~o'd~<m El Bo:ddt. Geographisches W3)-<e)-tae&. Leipztg, 18ee-18Tl,lt vol. in-S°.
(°) T-eztfoM geographicum, ed. JuynboU. Leyde, 1850-1M: 6 vol. !n-8".
(M; Publié par Wûstenfeid. Gettiugen. 18M, in.S".
(") ~&M)/ed<B~/r«-a. Leipzig, 1791, in-8".
(") DMeriptioa dea pay. dit JZasAret. Alger, 18M, !u-S".
'") n:ms l'édition compH'te do ]a <!cn.)<-npMe d'~fmKV/eda. Paris, 18i0, in-4'.
SUR L'AFKÏQUE SEPTENTRIONALE. 3

dnction précédée d'une introduction capitale pour J'histoire de ia géo-

graphie arabe ('). Le voyage d'ibu i!at'out'.th !m" siècle de l'hégire).


)e Marco t'o!o de l'islam, a été édité et traduit en français j~) à la

même époque vivait Et Tidjâni que M. Rousseau a fait connaître par des
extraits dans le ~o;<~iK< <MM<«e (t8â2). Mais aucun de ces écrits n'a

l'importance de i'H~ot<c des Be<'6<M (~t, d'Ibn Khaldoun tvm" siècle),


extraite de sa graude histoire universelle et qui est pour t'Afriquc sep-
tentrionaie ce que sont les œuvres de Maqrizi pour i'Ëgypte et d'El-

Maqqari pour l'Espagne. Nous arrivons ainsi a l'époque moderne Léon


l'Africain (xv" siècle de notre ère), dont le livre, primitivement écrit
en arabe, fut traduit en italien puis en latin (~). Depuis lors, nous ne
trouvons plus à mentionner que des relations de pèlerinages (reA'/aA),
ou des Itinéraires de commerçants Les voyages d'Ei-'Aïachi (xi" siècle
de l'hégire. x\'i'' siècle de notre ère) et de Moula Ah'med jxti" siècie de

l'hégire] ('); les Itinéraires de Sidi 'Aii ben Mezrag ('), des deux pèle-
rins marocains ('), de H'adj Ibn Eddin Ei Laghouati ('), de 'Abd E! Qader

E! Touaty (9), et ceux recueillis par Venture de Paradis (*°) on traduits

par de Sacy dans l'ouvrage de Waiekenaer ("), etc.

Pour être complet, il faudrait mentionner les histoires particulières


d'une ville on d'un Etat en première ligne, le 0<M~'<M consacré à

(')Sèographied'Abon'tfed*,trad<dte de t'aritheenfrançata. Parts, 1M8,Zvol.ia-S",


1.1, t. It, t" partie. La tradnction a été terminée par M. Guyard. rarif!, t889, !n-t".
(*) Par MM. Defrémery et Sangn!uett!, 4 vol. in-8<Unabrt'-eé de saretation avait
ététradaHetiangtaîsparLee(?'<tf~ ~<t)Mht<efï tpi//t notes. J~<'ndou, 1820, in-S")
et la partie concernant l'Afriqne septentrionale par M. Oherbonneaa (Parts, 1S5~,
in-8°); celle relative an Soudan, par M. de Starne (Parts, 1S4S, tn-S").
(') Le texte a été pnMm par M. de Stane. Alger, 1S3T-5~, 2 tôt. in-1". Le même sa-
vant en a fait paraître nue tra-duction complète avec des app~ndtces. (Alger, 4 vol.
in-8 1S53-66.)
(') De ~)/)te<B ~MeWi'ttONe, Lagd. Batav. Elsevier, 163~. Le texte arabe paraît
perdu.
(~) La partie de lenrs relations concernant rAIgéne et tes paya barbaresquesa été
traduite par Berbrmgfer, Voyages dans le Sud f!e!e)'te, 1 vol. im-4", Paris, M4'i,
dans r~pïorc~tOM acMM~/t~M de P~~rte.
(~) Publié & la snîte da voltuao précèdent.
(') Publiés par Berbmgger à la suite de la /)a.Mrtp<tM<{tt Jfaroc de Benon. Paris,
184H, in-4", daus P~p!ora<t0~ Mtea~~Ke de ~fte.
(' Commenté par M. d'Avezac. (~<M<!M<!e ~M~rapMe critique Mf une partie de
!rt-te «ptmMottftte. Paris, 1836,1 1 vol. in-8".)
(') Publié par l'abbé Barges, Le Sahara et !e SoxdsK. Paris, 1853, :n-8".
("') A la suite de sa Sf-omma'fe et Dictionnaire <~refM de !c( langue berbère. Paris,
1844, iu-4". Us ont été reproduits dans le volume de rOM~ceM~tttorc~te, consacré
à l't-t~M <t)M<M:e, orientale et centrale. Paris, 1848, tn-8".
(") Kee&er<Aee j~eo~<tpti}MM <Mf t'tttMfteMr <e !t/rt~ne <e~<e)t<fto)«t!e.App<.ndtce,
Parts, 18!1, tn-8". C'est à la m6me catégorie d'ouvrages qu'appartient i'opuscu ber-
b&redontj'ai donné la traduction: Nehtih'ttdeSHt-Brft&Ht de JfaMnt. Paria, 188S
tn-8".
4 DOCUMENTS frËOGRAPHtQUES

Fas ('); le TMa~~JfafM<ecA<~histoire de la ville de Maroc (~) cello


de Mequtnes (Miknasa)par Ibn Ghazi (') le ~<'eHm e< JM<«:d'Ibn en
Xedji, indispensable à la topographie ancienne eommo a t'histoire de
<,Mrou.'tn(~, etc.; en outre, les traités de géographie et les relations
de voyages encore inédits l'ouvrage d'ei Fezat'i [xui" siècle de notre
erf] <'); d'Ibn Rechid en Nouchérichi [Yn:" siècle de l'hégire] ('):
d'El Betaouï ('), d'Ah'med El Ghazai Et Fasi ('), de Mos't'aia el lie-
kn, etc.
Cette série comprendra des traductions de textes ou d'extraits de
textes, tous relatifs à l'Afrique septentrionale, ainsi que les itinéraires
que j'ai été à même de me procurer dans mes diverses missions dans
les Etats barbaresques, en y joignant les notes strictement nécessaires
à l'intelligence des faits historiques mentionnés çà et ia. J'espère par
!à contribuer, pour ma modeste part, au progrès de la géographie com-
parée de la région qui va des Syrtes à l'Océan Atlantique et qui, déjà
française en partie, le sera un jour dans toute son étendue.
lainévitie, 12 octobre t883.

(') Traduiten portugaispar Monr&et en allemandpar Dombay;il a <;Mpublié


avecnue vereioulatine par Toruber~(~MH<t!M M~tt )t ~f<mfi<an!<<
UpMia,2 vol.
tn-4",ISM-ISM) et traduit en françaispar Beanmier(Bo;«Mel Qarf<M.
Paris, in-S",
M60).
(*)Manamrttsde Paris,d'A!ger,de Tétonxn.
(') ManaMrMa doFas et d'Atger.
(<)Mannseritade Paris, d'Aigor,de Tunis.
(~ ManMeriM do Qa!roaam,d'Atger,de Paris.
(s) Manuscrit
d e t'JSsenriat.
(') Manuscritsde Fas, d'Alger,deTuniset deGotha.Cf.la nettce quej'en ai don-
née dans :M ~fastttefttoarabes de <t«ta!&<tKo</t~)tM~eFat. Alger,IStO,grand
in-S',p. 14-15.
C)~tannscr!tdo Tnuis,d'Atger.
(~ MannserttdoTauts.
DOCUMENTS GEOGRAPHIQUES

SKB

~AFRIQUESEPTENTRIONALE

CHAPITRE
PREMIER.
UN !T!NËKA!Rï! ARABE.

De Fas à Djema'-Rhazâouât(Nemours).
En avril 1883, pendant mon séjour à Mascara, lors d'une
mission scientifique en Algérie et au Maroc, dont le BK<-
M~ de la Sociétéde~co~'<Mede !'&<publie en ce momentle
récit, j'eus l'occasion d'entrer en relations avec le fils d'un
marchand marocain, Moh'ammed ben efArbi ben 'Ali-
el Mecherti, dont j'avais connu le père à Relizane, chez
le khalifah de la Minah, Si Lâribi. Les nécessités de son
commerce lui avaient fait parcourir plusieurs fois le pays
entre Fas et l'Algérie commeil appartenait à une famille
de lettrés, je lui demandai de me mettre par écrit l'itiné-
raire qu'il suivait pour aller de la capitale du Maroc à Ne-
mours.
Il n'existe, à ma connaissance, que deux Européens qui
aient réussi à traverser cette région peu connue le pre-
mier est l'Espagnol Badia y Lieblich (le pseudo 'Ali-bey
eFAbbâsi), qui, au commencement de ce siècle, visita
sous l'habit de chérif l'Afrique septentrionale. D'après sa
relation, que je n'ai pas en ce moment sous les yeux, il
suivit la route qui mène en cinq jours de Pas a.Oudjdah
en passant par Thazah, route reprise tout récemment par
un voyageur anglais. C'était également le chemin que me
G DOCt'MENTS GÉOGRAPHIQUES

proposait de prendre le qaïd marocain'Abd el Qader bou-


Terfas, lorsque je me trouvais à Oudjdah au mois d'avril
1882. L'obligation de rentrer à Alger à une date fixée par
les nécessités du service m'obligea, à mon grand regret,
de décliner cette offre,
En dehors de la relation de ~Ali-bey, nous n'avons sur
ce pays que les itinéraires des géographes arabes El-
Ya'qoubi (ix"siècle), El Bekri (xi* siècle), El Edrisi (xin*
siècle), Ihn Bat'out'ah (x!v*siècle) etceux deLéon l'Africain
(xv!"siècle) et de son copisteMarmol de rares indications
éparses chez les historiens musulmans, surtout Ibn-Khal-
doun et Ibn'Abd el H'alim, et chez les voyageurs euro-
péens qui, dans ces derniers siècles, abordèrent auMaroc:
la plupart deces renseignements ont été utilisés par Renou
dans le volume de l'Exploration~cMHM~Me !e?~e con-
sacré à ce pays. J'ai moi-même, à Tanger, à Tétouan et à
Mascara, recueilli des indications sur toute la région con-
nue sous le nom de Rif et inaccessible aux Européens.
Pour aride qu'il soit, l'itinéraire d'El-Mecherfi a l'avan-
tage de faire connaître une route inexplorée jusqu'ici. Au
sortir de Fas, il suit pendant quelque temps le chemin
qui va de cette ville à Tlemcen et à Qaïrouan (El Bekri et
El Edrisi) il croise ensuite l'itinéraire d~ Fas à Nokour
(El Bekri) et d'Alhucemas à Thazah, donné par le Fran-
çais Roland Fréjus (xvn" siècle). En partant de Fas, il se
dirige vers l'E.-S.-E., puis tourne au nord, suit le ver-
sant occidental de la chaîne de Garet qu'il francbit bien
au sud de Melilla il reprend sa direction vers l'Est à
travers les montagnes des Kibdana, traverse la Molouyah
près de son embouchure et, longeant le rivage dont nous
ne connaissons que les côtes, passe au nord de Nedromah
pour aboutir à Djema'-Ghazâouât (Nemours). Ce détour
semble être fait pour éviter les tribus marocaines des An-
pads, qui, à l'Est de Thazah, passent pour piller les cara-
vanes.
SUR L'AFMQUE SEPTENTtUONAL)'. <

Les détails que donne El Mccherfl sont p('u nombreux


la valeur principale de l'itinéraire consiste dans les points
nouveaux qu'il nous signale et que je n'ai pas toujours
réussi à identifier. Outre les historiens et les géographes
arabes et européens que j'ai cités plus haut, j'ai eu recours
aux informations que m'a fournies, à Mascara,'AU bcn-
H'addou à Tanger, T'ahar ben Ah'med el Hoouari, tous
deux de la tribu des Guela'ïa; et à Tetouan, 'Amar Ou-
H'addou, de la tribu des Temsaman. Les renseignements
donnés.par le second sont surtout dignes de confiance.
La route est divisée par journées malheureusement,
cette estimation est excessivement vague: j'ai vu, au Maroc,
compter des journées de treize heures et d'autres de huit
la difficulté des chemins, le mauvais temps, la quantité de
marchandises qu'on transporte, la qualité des montures et
des bêtes de somme, sont autant de causes d'estimation
inégale. La nécessité de faire halte près d'un puits, d'une
zaouïah ou d'un caravansérail, où l'on soit à l'abri d'une
attaque nocturne, peuvent faire allonger ouraccourcirune
étape. Pour citer un fait personnel, il m'est arrivé, entre
Tétouan et Ceuta, de rester arrêté plus d'une heure devant
un torrent avant de trouver un gué, une crue subite ayant
rendu impraticable celui où l'on passait d'ordinaire. Le
même incident peut se représenter souvent dans les mon-
tagnes du Rif, surtout si l'on voyage au printemps. On
peut en moyenne évaluer la journée ordinaire à 10 heures
de marche, à 7 kilomètres à l'heure, lorsqu'on ne trans-
porte que peu de bagages avec soi.
Lunéville, 7 août 1883.

Itinéraire.
(1" journée.) < En sortant de Fas par la porte d'El-
Fatouh', nous arrivons à un pont sur l'Oued Sebou, fleuve
considérable. Là commence le territoire des Oulad el-
nOCfMENTS
6ËO(!R.\PtttQUES
U'âdj. Nous passons la nuit dans la tribu d'El Ah'yaïnah,
près d'une grande rivière appelée Inaouen, où remontede
l'Océan un grand poisson nommé alose (c/iH~ot~)c'est un
poisson de grande taille, qui surpasse les autres en déli-
t'atessc. »
El Bekri (Descriptionde <r~Me, trad. de Slane, Paris,
1859, in-8") nous apprend que la porte d'El Fatouh' était
située dans le quartier des Andalous à Fas et regardait le
midi. D'après l'auteur du ~ot<dAel Ca<'<(~t.!to;'t'edessou-
M!Yt/HS du .U~Arc6, trad. Beaumier, Paris, 1860, in-8",
p. 49), cette porte, construite par Edris ben Edris qui lui
donna le nom de Bab-El-Qiblah, fut détruite par Dounas-
el Azdi et rebâtie par El Fatouh' ben el Mo'ezz ben Ziri-
ben At'ia ez Zeneti el Maghraoui, gouverneur de Fas
(451-454 heg.). C'est aussi ce que rapporte Ibn Khaldoun
(Histoiredes ~erM)'M~trad. de Slane, Alger, 4 vol. m-8",
1852-1856,t. III, p. 253). Ibn Ghâleb, dont l'Histoire dM
~a~/M'e& est aujourd'hui perdue, nomme ce personnage EI-
Fatouh' ben Mans'our el Ifreni (RoM~-R-pa!'<'as,p. 49).
Elle existait encore sous ce nom au temps de Marmol.
Avant d'arriver à l'Oued Sebou, on traversait le marais
d'Ibn H'icMm (El Bekri, DMer(p!:OH, p. 315). Ce fleuve,
qui reroit l'Oued Fas, passe à 2 milles de la ville, d'après
Ibn 'Abd el H'alim (7:OM~el Oar~ p. 39-40) selon
El Bekri à 4 milles (Descriptionde f~M~ p. 316)
d'après l'auteur du ~!s6 7~!t6s'dt',à 3 milles (Des-
C!'<p~o)tde l'Afriquepar un géographeanonymedu vie siècle
de l'hégire,publiée par de Kremer, Vienne, 1852, in-8")
selon El Edrisi, à 6 milles (El Edrisi, Descriptionde l'Afri-
queetde f~spa~He,éd. Dozyet de Goeje, Leyde, 1866, in-8°,
p. 79 du texte arabe). Marmol place cette rivière à une
lieue et demie de la ville (L'Afriquede Jfarmo~ trad. par
Perrat d'Ablancourt, Paris, 1677, 3 vol. in-4", t. II,
p. 172). Ces divergences proviennent sansdout~ dp:-chan
nRmeutsde rfnceintf' dn Fas.
SUR !/AFn!QUË SEPTEKTtUONU.H.

Les voyageurs modernes,'Ali-boy etpohporte, placent


la province d'El Ah'yainalt (H'aïatna) an N.-O. do Taza
(Thazah) sur la route de Fas a Oudjda. Elle est aussi
mentionnée par l'ouvrage intitule /i Lettet/')'o))ia ~Ht~mox
o/'<Ae<o~ ant~a~sador77o;arfrs )'ctni!;e,London, 1670 (Cf.
Renou, Descr~<o)!(h<3/(!)'oc, Paris, 1846,in-4",p.341-342).
Le fleuve d'Inaonen était aussi sur la route de Fa~ à
Tiemceu, d'après El Edrisi (Oeso'<p!<o~ de <)'~ue, p. 91).
La carte de la mer Méditerranée en 8 feuilles, dressée par
Petermann (Gotha, Perthes, 1880), le nomme Oued-
Ynaonen. A partir de ce point, l'itinéraire d'El-Mocheru
se sépare de la route de Fas à Tlemcen et à Qaïrouan, dé-
crite par El Bekri et El Edrisi.
Le 7!oM<& e! pa~'H~(tr. de Beaumier, p. 40) et Mannol
(r~y' t. II, p. 166) font également l'éloge de l'alose
(chn6ot~,d'où l'espagnol .SaMh))et du mulet (&o;<t'<) qu'on
pêchait dans l'Oued Sebou, aussi El Edrisi, éd. de Goeje
et Dozy, p. 325 du vocabulaire.
(2"journée.) « Au matin, nous traversons, dans notre
route, la tribu d'El Ah'yaïnah et nous couchons sur sa
frontière, »
Un autre itinéraire, allant de Fas à Melilla, qui m'a été
communique à Mascara, donne les étapes suivantes
l"jour. De Fas chez les Djebalias (El-Ah'yaïnah?).
2° jour. Brânis' (tribu).
3e jour. Sidi Moh'ammed Ouriaghcn.
4*'jour. Temsaman (tribu).
5" jour. Guela'ïa (tribu) et Melilla.
(3°journée.)–< Le lendemain matin, nous nous remet
tons en marche nous rencontrons une rivière sur la fron-
tière de cette tribu et de celle d'Ida Soul (?). Ce fleuve
qu'on appelle Amlil (?) est petit. Nous passons la nuit sur
la frontière de la tribu en question, »
Le nom d'AmIil paraît se rattacher à la racine berbère
MtJ. qui RigniHehiam (~)H~ ~tsmc~a~ etc.').
10 nOCUMt!KTS nÈOGRAFHtQUKS

(4' journée.)'–< Le lendemain, notre route nous conduit,


avec la permission de Dieu, à un fleuve nommé Oued el
Ah'dbar, où les Beranis' coupent le chemin ainsi que les
Miknasah de l'Oued Soul. Nous passons la nuitaQns'bah-
Miknâsah sur la frontière de cette tribu coule un petit
fleuve.
Peut-être faut-il lire N ~.MAa;' (le Vert), au lieu d'El
~A'~hat'; l'addition d'un point suffit pour cette correction.
Les Berbères Berânis' appartiennent à la famille des
Ghomara au me siècle de l'hégire, ils se révoltèrent sans
succès contre Sa'ïd II ben Idris, prince de Nokour, sous
la conduite d'un certain Segguen (El Bekri, Dc~cnp~'o~ de
l'Afrique, p. 213; Ibn Khaldoun,~M<o<fe(~Be~t'M,t.II,
p. 139).
Les Miknasah, de qui la ville de Mekinès (Miknas) tire
son nom, comprennent, d'après Ibn Khaldoun, les Ourtifa,
les Ourtedous, les Tefltt, les Moualat, les Harat et les
Ourflas ils descendaient de Madghis el Abter, l'un des
deux ancêtres des Berbères, par Ourstif, fils de Yahya,
fils de Dari, fils de Zahhik, fils de Madghis (Histoiredes
Be~erM, t. 1, p. 172).
(5° journée.)–«Au matin, nous traversons cette rivière;
notre chemin nous conduit aux Cinq-Doigts et nous entrons
dans la tribu des Oulad Bakkar. Nous en sortons dans
notre journée et nous passons la nuit dans l'importante
tribu des Agzanayah. Il s'y trouve des montagnes élevées
et boisées l'épaisseur des fourrés et des taillis est telle
qu'on n'aperçoit un homme que lorsqu'on est face à face
avec lui on ne peut lui échapper à moins de l'arrêt et de
la protection de Dieu. »
J'ai corrigé en s'aouabi' (doigts) le mot saou.abi',que porte
le texte, sans d'ailleurs pouvoir déterminer la position de
ce point.
(6* journée.) < Le matin, notre route nous amène à la
frontière de cette tribu nous passons la nuit auprès du
SURL'AFRIQUE
SEPTEXT!UO!<t.E. It
juste ami de Dieu, non loin de laqoubbah bénie, Sidi A'it
Bon Raqbah. »
(7"journée.)– e Le matin, notre route nous comhui.au
pays nommé Azlef, résidence des voleurs qui coupent la
route d'Agzanayah, des gens du Rif et des Met'aM'ah.Cette
région est déserte et sans eau. Le soir, on passe la nuit à
la zaouïah bénie de Bou H'addaïr. »
(8°journée.) « Nous repartons le matin et nous pas-
sons la nuit à Tafersigt, ville du Rif. p
Tafersigt est sans doute la ville que la carte de la Mé-
diterranée de Petermann appelle Tafarsit et place dans le
Garet, au nord de la chaîne qui finit à Melilla. D'après
Roland Fréjus, qui la nomme Tafarsy, elle est à 13 heures
de marche d'AIhucemas (Renou, Le Maroc, p. 339). Au
x!v' siècle, Tafercit (ou Tafersigt) appartenait aux Oulad-
Mah'alli, branche des Bot'ouïa, S'enh'adja de la 3" race,
et alliés à la famille royale du Maroc, les Beni Merin
(Ibn-Khaldoun, Histoiredes Ber&ere~t. II, p. 123).
(9*journée.) « Le matin, notre route nous mène au
bord de la mer nous passons la nuit à la zaouïah de l'ami
de Dieu, le juste Sidi Moh'ammed Ah'adhri. »
Les renseignements que j'ai recueillis à Mascara placent
la zaouiah de Sidi Moh'ammed Ah'adhri dans la tribu des
Beni Safid. Cette assertion semble être en contradiction
avec ce que dit un peu plus loin l'auteur de l'itinéraire.
(10*'journée.) Le matin, nous reprenons notre route
et nous entrons dans la tribu des Beni Oulechchik; nous
passons la nuit sur sa frontière. »
Les mêmes renseignements disent que le territoire des
Beni Oulechchik (Var., Ouletchik)s'étend jusqu'à la ville
célèbre de Nokour. Leur dialecte est semblable à celui des
Guela'ïa.
(11" journée.) « Le matin, nous nous remettons en
chemin et nous arrivons à la tribu des Beni S~ïd. Nous
passons la nuit à Souq el Djema'ah (Marche(ht w)!(h'e<f!').A
}2 DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES

An temps de Léon l'Africain et do Marmol, les Beni-


Sa'ïd se divisaient en trois tribus: Beni Sa'ïd, Boni-
Mans'our et Béni Oulid, issues des Ghomaraset très belli-
queuses. Leur forteresse se nommait Qala'ah; ils payaient
tribut au roi de Fas et pouvaient mettre sur pied 8,000 com-
battants (Léon l'Africain, De .Wca' ~Mcr<'p<:<w~ Leyde,
1632, 2 vol. in-32, p. 449 Marmol, L~/h'~ t. II, p.
292-293). A Arzeu, j'ai recueilli un conte dans le dialecte
berbère parle par les Beni Sa'ïd et appartenant au groupe
chelh'a du Rif. Il me paraît diiucile d'admettre l'opinion de
Renou (Descriptiondit J!f<!)'oc, p. 350), d'après laquelle les
Guela'ïa tireraient leur nom de la Qala'ah des Boni Sa'ïd~
Les noms de Qala'ah, Kolëab, Goléa (qui en sont les dimi-
nutifs) correspondant au <aoM)' berbère se représentant
trop souvent dans la synonymie géographique du Maghreb.
(12° journée.) « Le matin, notre route nous conduit à
une rivière appelée Kart', qui vient des frontières des Beni-
Sa'ïd et des Guela'ïa. »
La carte delà Méditerranéepar Petermann donnel'Oued-
Kert qui se jette dans la Méditerranée auprès du cap Negri.
Au temps d'El Edrisi, il existait un port du même nom à
l'embouchure de ce fleuve (DMCr~pïKW de ~/W<jw,p. 205).
A partir de la 12° journée, la route qui allait vers le
nord tourne à l'Est.
(13°journée.)–<:Le matin, nous nous remettons en route
et nous couchons au Souq appelé Azghanghan dans le pays
des Guela'ïa. »
Azghanghan est la ville que les éditeurs d'Ibn Bat'out'ah
ont lu Azaghnaghan, et que le célèbre voyageur moghrabin
traversa en allant de Nedromah à Tâza (Ibn-Bat'out'ah,
yb~es, éd. Defrémery et Sanguinetti, 4 vol. in-8", Paris,
t. IV, p. 332). Au dire de Marmol, cette population avait
la même origine que les Beni-Mans'our le pays s'étendait
jusqu'au Garet et abondait en miel, en orge et en trou-
peaux on y comptait 4,000 combattants (M/W~t~ t. II,
SUR[.'AFtUQttE
SEPTEXTtUOXAt.E. 13
p. 293; Léon l'Africain, De .4/c.'c ~xo't'p.~p. 450). Des
renseignements empreints d'exagération me représentaient,
à Mascara,Azghanghan commeaussi grandque cette ville.
(14" journée.) -« Nous repartons le lendemain matin et
nous traversons la rivière do la qas'bah de Salouan. Cette
rivière se nomme Oned Salouan. Nous couchons dans la
tribu des Kibdana. »
La carte de Petermann place la qas'bah de Salouan sur
le versant oriental de la chaîne de Garet qu'on traverse
sans doute la 13°et la 14°journée.
Au temps d'EI-Bekri (Desct'~<o)tde r~/)'~)f< p. 208),
les Kibdana (Kebdan) relevaient de la principauté de No-
kour. D'après mes renseignements personnels, les popu-
lations habitant entre Nemours et Melilla sont de souche
Kibdana; on compte parmi eux les Icharouiden, les Lah'-
dara qui habitent près de la mer, les Zekhanin et les Oulad-
Molouïasur les bords du fleuve de ce nom. J'ai recueilli à
Mazonnaun vocabulaire de leur dialecte.
(la" journée.) « Le matin, nous traversons sur notre
route de grands fourrés et nous passons la nuit près do la
Molouïah qui est un fleuve considérable. »
(16"journée.) –.< Le lendemain matin, nous la traver-
sons et nous entrons dans le pays des Oulad Mans'onr, cou-
peurs de routes, nous couchons au milieu deux. »
D'après El Bekri, les Beni Mans'our, tribu berbère,
possédaient sur le littoral la place imprenable de Taount,
non loin de Nedromah (Descriptionde ~t/t't~e, p.187). La
montagne où ils habitent est, selon Léon l'Africain, à 8
milles de la mer (De /i/'f<ca'~Mo'tp~, p. 429). Marmolles
place au sud des Bot'ouia (Bolaye)et leur donne une force
de 3,500 combattants ils étaient connus de son tempspour
leur esprit querelleur et la licence de leurs femmes (L'A-
/'r~Mc,t. II, p. 271).
(17° journée.) « Le lendemain matin, nous traversons
une rivière qu'on appelle El H'aïmar c'est la limit'*des pro-
14 DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES

vinces du Maghreb (Maroc) nous entrons dans le territoire


du gouvernement français (l'Algérie) qui commence à la
tribu appelée Amsirdah où nous passons la nuit. »
(18" journée.) « Le matin, nous arrivons à Djemà-
GhaxAouât(Nemours). »
« Telle est la route que nous connaissons et que nous
avons suivie. Ceci a été écrit le 8 de djoumada second de
l'an 1300 (de l'hégire), par Moh'ammed ben El'Arbi ben
*AIiel Mechern, né dans l'Eghris, habitant à Fas. a

CHAPITRE II.
GÉOGRAPHIE D'EL FEZARI.

Les deux chapitres suivants sont extraits d'un traite


intitulé DJa'ra/t/aA(Gëo~'a~M)et attribué par un manuscrit
u un certain El Fezâri, par un autre à Ez Zohri, par un
troisième à El Qomari. Il est probable que l'auteur, quel
qu'il soit, remania, d'après sesvoyages et ses observations
personnelles, l'ouvrage composé, suivant la préface, par
70(?) savants pour le Khalife El Mamoun. Celivre circu-
lait peut-être sous le nom d'El Fezâri (~).La recension ac-
tuelle est de 548 (hég.), date donnée par un manuscrit qui
mentionne 100 ans et 6 mois auparavant la prise de Qai-
ronân par les Arabes hilâliens. L'auteur nous dit ailleurs
qu'il visita l'Espagne en 532 et rencontra en 534 un pèle-
rin qui venait de l'Inde. Quant à son nom, on pourrait
adopter celui d'Abou 'Abd Allah Moh'ammed ben Abou
Bekr ez Zohri que porte le manuscrit de la Bibliothèque
nationale de Paris, le plus ancien de tous. Les sources ci-
tées par lui sont Ibn el Djezzâr,~<~aï&el ~t'~A(/M ~r-
veillesde la !erre), Ibn H'ayân, Ibn H'abib, Ibn el 'Odzri,
l'autenr
(')SiEtFezâriestréellement delapremière itfantsubstituer
recension,
E!Mim~M &E)M<t<uu)m.Mxb'omtl B!tettMt)
(X!<<tt e u
place o~Bt tioUtioeprince
latraductiondel'onvrage deMarin
géographique d e Tyr; de pins,i l nommeEt
Fez&rt tes
parmi eontemporains d'EtM am'oar.
(Prairies édit.
d'or, Barbier d6Mey-
mard,t. VIII,p.~90.)
SUR L'AFRtQUE SEPTENTRt(M<ALE. 15
Ibn Choraïb, auteur du X<<u& ccidCluifi. Presque tous ces
ouvages sont perdus.
J'ai eu à ma disposition quatre manuscrits de la Géo-
graphie: celui de la Bibliothèque nationale de Paris, an-
cien fonds arabe n" 596 (D); de la bibliothèque d'Alger
n° 401 (C); de la bibliothèque universitaire d'Alger, an-
paravant à Tunis (A); enfin, une copie que j'ai fait faire à
Qaïrouân sur un manuscrit appartenant au cheïkh 'Ad-
dhoum mufti h'anëute (B). Ces deux derniers textes pa-
raissent dériver d'un original commun.Tous ces manuscrits
présentent entre eux des divergences considérables: j'ai
suivi de préférence celui de Paris (D) dont la copie est la
plus ancienne (803 hég.), en le modifiant souvent à l'aide
de C, dans les endroits assez fréquents où il est incorrect
ou incomplet (').

Description de la sixième zone du monde habité, com-


prenant le Maghreb-El-Aqsa.

Sache que cette zone s'étend depuis les montagnes de

et d'Aoutsân à l'Est qui marquent l'extrémité


Barqah ("),
de la province d'Égypte et le commencement de celle de

Qaïrouâu. Cette zone se divise en trois régions la pre-


mière va du Djebel Barqah aux montagnes des Boqiouah (;')

(')On trouvera dans notre JMMton ««xt~ae e)t TttnMt, Alger 1884, in-
p. 164 et smv., des détails sur tes divisions de cet ouvrage, et la traduction du
3'! chapitre de la description du Maghreb (Sons el Aqsa) dont je donne ici les deux
premiers. Le paragraphe relatif à la Sicite avait déjà été pnbUé par M. Amart
(JKMtO<tMa<n'<t6o-ttc;f!< Leipzig, l!)55, tn-9", p. 158), d'après le man. de Parts.
(*) D'après Et EdrM, le Djebel Nefonsah se terminait an cap d'Aonts&n et les
montagnes de ce nom étaient habitées par les tribus arabes de Haïb et «aient cou-
vertes de térébinthes, de genévriers, de pins et de dattiers ou y réeottatt d'ex-
cellent miel (DeMftpttOK de t'W~e et de {'~pa~nt, édit. Dozy et de Goeje, p. 64
et 1S8 dn texte).
P) A et B remplacent le Djebel Boq!ona par le Djcbcl-Nefousith. Le Djebel-
Ouanchérich (Onaransenîs de nos cartes, que l'on a traduit, j'ignore sur quelle au-
torité, par œ<! <!« monde ') s'étend entre Teniet-el-H'ad et Ttharet. Les Boqiouah
sont, d'après Ibn Khaldoun (HMo<)'e des BerUrM, t. H, p. li!3), une des trois bran-
ches de< Bot'ioua, S'anh'adj~ de la première ra' )M Beqtnnah de TiMMia, les Beni
Ouriagal (on Onriaghen) d'El Mezemma (Aihucemas) et les Oulad Mah'alli de Tafer-
sit.Les Bot'iona, après avoir été presque Indépendants jusqu'aux Almohades,
furent soumis par 'Abd et Moumen en 697 (114!U49),pui9 passèrent sous ladomina-
Ui t'HO Mt~Tf CiÉCGHAMU~UES

et. del'Onancherich et file est habitée par des tribus ber-


bères telles que les S'enfiadjak ('), les Horgiiouatnh ~) et
hi.s Xeu:it.'i)i ('), Dans lu Sahel, on voit les villes de Tri-
poli (.)/'<'o~n/fM),de 8fax~e/<!</M),de Mahadia, de Sousse
(.S"<fM/t),de Tunis (7'<'Mi«~),do Bougie (B<N'a/)) après
Hune [~o«Ha/t] ('), d'Alger (D~Mf<M')<e~&aHoa). On
rencontre aussi les villes d)' Gabes [~</)M] ("), Neft'a et
tiondesMcriuidos
au tempsdol'émirOthm&n aucommence-
~d'er~a:(l'Aveugle)
mcutduvif siècledel'heure(xttf siècledenotreère).
Les Boqiuna habitent aujourd'hui dans le Rif marocain, sur )o bord do )a mer.
pré) des Beni-K't'eft eu 188;j, j'ai recuoilit à Bollzane un court vocabulaire du
dialecte Chelli parte t'a'' tea Izummonrcu, nun do leurs fractîous.
Pcat-être fant-il voir dans les Boqtona, plutôt que dans tes B~rghfmata, comme
le penso M. d'* ~tsne (77t~o~ des Berbères, t. IV, p. 571), tes BakuatM do PtotAtnuo
les lïaftoatcs d: riïtst'rii'tïou d< Teaôs et h'a tiacu&tc~ de r/~Mer~re. Uue de leurs
fractlous habite encore le vte!I Arzcu (S. I<cn) qHi porte on arabe le nom de Bo-
t'iuua, et le dialecto berbèro s'y est mai~t~na jusqu'à uttsjt'urs.
(') Les S'enhadj~h, dont le nom, d'après Ibn Khaldoun (~«~otre des ~erS~res,
t. Il, p. S), devait sa prononcer comme ~fano~ (t'ont, to nom des XAttï~a des borttt
du .~cMe'~t~, de~ceudah'ut do Bernes, fils do Berr, ancêtre commun des Berbôrc~,
htt'n qu'iti! pretendbscnt se rattacher à H'tmyar et aux p)us anciens Arabes, ou,
suivant d'autres, à Mis'raYm, fils de Cbam. Leur iribnso partageait en 70 branches.
Les S'enhadjah de la )'rcmïere race occupaient le pays entre AIsilah, Alger et
Modcah c'est d'oM qno sortit la dynastie dos XMtcs qu) rogna en Algérie et en
Tunisie de 36:! Mg. (973 J.-O.) à M:! Mg. (1157 J.-O.); et Grenade do !)91 hég.
(MMt J.-C.. à 4SS Ms. (~M J.-C'.). ]<mt S'euhadjah do la seconde race, un gens an
M/Kt'" (voile), habitaient le désert an Sud dn Maghreb et au Nord du Sénégal et dn
Soudan; ils fondèrent la dynastie des Atmor&yides qui régna sur l'AMqne dn Nerd
et l'Espagne, des bord< du Niger à eenx de rBb)-e, de 445 hog. (1059-1054) à !i8t Mg.
(1156 J.-O.); enfin les S'eoha~ah de la S- race forment la majeure partie des habi-
tants du Maroc (couf. Ibu Khaldonn, Histoire des BcrtO-M, t. H, p. 1-S6, 59-t5,
tat-124 Ibn Abi Zera'a, &)<«!& et ~'or<'ae, trad. Beanmicr, p. 1M-~4:
(') Les B'*r,{hoaatah, tribu mas'mondah, descendaient, comme tes 8'enhadjah de
Bernés, fils de Berr: ils habitaient dans l'Ouest dn Maroc, le pays compris entre
Azemmonr, Salo et Asn. Ils fondèrent, an it siècle. de l'hégire, à Nokour, nn État
indépeudant, et l'an d'eux. S'alih', se faisant passer pour prophète, composa en ber-
bère nn Qorâu ponr ses Mêles. Ils furent anéantis par les Almoravides an v" siècle
de l'hisgire, x~ siècle do J.-0.(cenf.Kl Ya'qenbi, ~MO-tpKo ~Mfa~t'tM, èd.deGœje,
Lcyde,M60tin-S<p. t!t2~, IbnKhaldoun, Itistoire des Berbères, t. 11, p. MS-ia~;
El Bekri, DMer~Mott de M/rt~Ne, p. M))-3)5 Ibu Adhari, Histoire t!e t'r~Ke et
de i'~pagHt, 1.1, p. 41).
(') Les Zenatah, dont le nom paraît être Jènata (eonf. Ibn Khaldonn, Histoire
des BerMrM, t. !H,t'. 190), étaient issus deMad~his.nisde Berr, et occupaient
les contrées entre Tripoli et la Molottia, c'est-à-dire les hauts plateaux algé-
riens et le Nord du Sahara. Leurs tribus, très nombreuses, jouèrent nu rôle impor-
tant dans l'histoire de l'Afrique septentrionale ios Beni Ifren et les Béni' Abd el
Oued rcgnèrcntà Tiemcfn quelques branches dos Maghraona dominèrent à Fas et
ù 'Mpott, les Oulad Mendit à Alger et sur le Chélif, les Mérintdes possédèrent le
Maroc jusqu'à la fin du xvt'siècle.date do l'avènement des Chertfs (eonf. Ibn-Khal-
donn, Histoire <!M Berbères, t. HI, p. 180-492; et t. IV, p. 1-4SS; Ibn Abi Zora'a,
Bo«<!<t-R-X'ar;'M, trad. Beaumter.p. 139-197,999-572; Bt-Tenesai, Mt<0tre des
Bttti-~etitft)!, trad- Barges).
(') A ajoute Catthage (<?<!ri'<tf~M)t<t&)et ne mentionne pas Bone.
(') D porte par erreur Fas C ajoute Hatsa (Qafsa).
;-Utt L'AFtUQL'H SEPTEXTHtOXALI;. t7
Touzer la Verte. Ce pays est connu sous le nom '1'7~
(/fx P~~t'~ à cause du nombre des palmiers et de in qualité
de leurs fruits. Les espèces en sout innomtn'abh's pour lu
goût et la couleur ('). Les cerJales y sont r.n-es a cause
des Arabes (nomades). A l'ouest de la province, on trouve
les villes de Milianah, le pays des Zouaouah(~), Coustantine
(~Ms'a/KuiaA), Qala'ah des Beni H'anunad, Brechk et Bi-
xerte ~Be)::et't]('). Cette ville est des plus agréables et des
plus prospères: elle est divisée par un canal qui vient de
la mer et la sépare en trois parties. On y voit un lac mer-
veilleux c'est une des choses (tu monde les plus otr.mgcs.
Il est composé de deux étangs le premier se nomme Ti-
nidjah ('), le second E! Mazouqah. El ~lazonqah était au-
trefois une grande ville; on sait seulement qu'elle fut bâtie
par un tyran du temps des Grecs. Un roi de ces derniers
lui demanda sa fille en mariage, il éprouva un refus. Alors
il creusa un canal partant de la mer, le coula en plomb (?),
c'est lui qui sépare Tabrah (?), jusqu'à ce qu'il l'amena
près de la ville. Il laissa l'eau se répandre et les habitants
furent submergés. Le premier étang est salé. L'eau du
second est douce. A partir du commencement du mois, le
premier se déverse dans l'autre pendant trente jours; le
mois suivant, c'est le lac d'eau douce qui s'écoule dans le

(')B et C comptentdix espèces.El-Bekri(nMcrtjXtoo <!el'Afrique,p. 1M-H7)


mentionne égalementles nombreuses variétésde dattesque produisaitBi~kra,
surnommée pourcetteraison~a ~tAjMt (Illskrades dattiers).Denosjonr.~ encore,
lespaysdeKeftaetTozer(Ujertdtunisien)produisent lesdattesles pins renom-
mées,surtoutl'espèceconnuesouslenouide<ïe~<t< ennour(rayonde lumière).
est
(~)Telle lah-;on d'Aet deB. 0 donne ~o;t<t?<!&
(?) U,&to;t!ftt (?).
P) Ce qui serapporte a Bizerte
m anque d ansB,qui le remplace unedescrip-
p ar
tiondeCarthage que nerenferme et
pasD, que AetC rejettentà lafinduchapitre.
DanscetterégionsetrouveCarthage, citéconsidérable, bâtiepar Hr:s le Grec,
quigouvernait l'Ifriqyah.Elleétaitimmense e t renfermait desstatuesdeinar-
breblanc,représentant deshommes ainsiquedesimagesd'animaux. Aujourd'hui
elleestdéserteeten ruines. CdonneToMM/t ouBoM~Aj corruption raphilucde
g
Benzert(Bizerte).
~) J'at rétabli, au !ieu <fe Maudjah, Tinidjah d'&prc!: Ei Edrisi (BM<r~)ttO)t de
!<tu<' << de l'Espagne, éd. Dozy et de Goije, p. H5 dn texte). Le manuscrit D
raconte seul cette lé~t-nde analogue a uuc autre que j'ai recueiHI"chn?:)p'< Tteni-
Menacer des environs de Cherehel. IPeut-être faut voir dans cette tradition nu
souvenir confus de l'histoire do Sophon!slM, la fille d'Asdruba), et ses deux pré-
tendants Massinissa et Syphax.
t.'AfRI<!rBSNPTHtjTKtO!)M.t:. J
18 HOCUMEXT8 fiHOGKAPHtQUES

sans l'eau de celui-ci change Pen-


premier, que de gout(').
dant sortent en masse du canal vers
l'année, les poissons

la lus uns contre les puis ils revien-


mer, presses autres,

nent vers la ville et l'on en prend des quantités innombra-

bles Dans le voisinage de Bizerte, du côte de Tabrah,


(").
se trouve la mosquée d'El Kliane'i AbouTAbbâs Ah'-
(?)
sur soit le salut. Elle est sur le bord de la mer,
med, qui

dominée par des tours élevées construites par Alexandre

fils de Philippe: de là à Tunis on compte dix


(Ishender),
Tunis est une ville admirable, renfermant
parasanges (").
nue vénérée appelée de l'Olivier
mosquée mosquée (Dja-
M/ C'est un édilice considérable renfermant
ZcHouH).
500 colonnes de marbre blanc En face du mih'rab est
(*).

(') J'ai suivi ici la leçon de C, plus développée et plus intelligible que celle de D.
p) Les mêmes renseignements sur tes lacs situés près de Bizerte et l'abondance
des poissons qu'on y pèche sont donnés par Ibn H'aouqat (Description de !W~ne
trad. de Siauc, p. a)), Ni Bekri (~e«ftp«oode <t-<oMe, p. MO); Et Edrisi (DMO'<p-
<i')H de i'~l/ft~nc ~i de !'EMMf)M, p. 115 dn texte) et 11 géogMphic anonyme du vr
sfècte de i'hégire (/~M<')'<))<t'oMde f'rt'~Me, p. 15-16). C ajoute les détails suivants
(lui manqueut dans D Entre autres particdarités curieuses de ce lac, on cite
eeUe-ei lorsqu'arrive le premier jonr d'un mois, il y entre, en venant de la mer,
une eMrtai'.e espèce de poisson qu'on y tr"MTe jusqu'à la tin du mois, sans qu'il
a'uji mdle d~aucunt' autre porte le mois suivant, it vient une nouvelle espèce qui
ne rcsst'ulbtc pas â la précédente, et ainsi de suite jusqu'à la an de l'année
chaque mois, l'on en voit une variété dMMreute a leur arrivée, les poissons sont
graa et exquis. L'année suivante, la première c~pcee reparaît. On prétend que ce
fait est dit à un talisman placé là exprès d'autres disent que e'est par l'ordre du
Dieu très haut dont le pouvoir s'étend sur toute chose. Une autre merveille de
ce lac, c'est qn'on y poche avec nn appeau. Lorsqu'une espèce sort à son époque
habituelle, les pécheurs prennent ce qu'ils appellent lafen-elle de ce poisson, l'as-
sujettissent avec de hameçons et duni et la jettent dans la mer. Les mâles se ras-
semblent autour d'elle, le pécheur lance son filet et en ramène des quantités con-
sidérables. On tire é~aîeïECMt de ce pays des peaux de/eN&& pins belles que celles
du Yémen, des articles de Qaïrouân, tels que les toiles de Un, les vêtements
rou!{es, les tissus de Mahadia, les étofFesde talnede première qualité, des monUas
à bras solidement faits. II existe aussi daus cette région nn canton qui produit
l'arsenic qu'on exporte en Espagne et dans le Maghreb. Le passage qui suit,
}n qu'A la description de Carthage, manque dans C.
Je ne saurais dire de quel monument il s'agit ici la formule < sur qui soit le
salut uo s'appliquant qn'a un prophète. Une tradition d'Anas ben Malek et de
ZcH ben Thabet, citée par El Bekri (Z)<M)-~HoH de !4/fi;i<M, p. !?)), nomn'e Qat-
r"nan El Maqdounyah (la Macédonienne), et des traditions prétendent qu'Alexandre
ponssa jusqu'aux colonnes d'Hercule et an delà (conf. El Edrisi, Description de t'~t-
frique et de Z'et~Me, p. 53-~4 du texte). Une légende berbère qui tn'a été contée à
Cherehei fait même détruire cette ville par le roi Ei-Qomin (Iskender Dzou'1-
Qarnein, Alexandre aux deux cornes).
(~) La mosqaée de l'Olivier existe encore à Tunis, an centre de la ville, près du
Marché des pavfnmcnra '~SoM~eï'.4~f~9*!?t),dans tcqnct donne son entrée principale.
Suiva) El-Bekri (OeM)-tj)MM de ï'W~tte, p. 90), Ibn Khaldoun (Histoire de !1/<-<-
que. éd. Uestergers, p. 1) et Bu NoueM fap. de Slaue, Histoire des BerMret d'Ibn
Khaldoun.t.l, p. N!f!)),elle fut bâtie par'ObeMAUahben N1 H'abh'abqnigonverna.
Hfriqyah de ll(i a H!9 de l'hégire (Mt-Kl J.-O.). BHo fut reconstruite par le prince
aghiabite Ziadet Allah ben N1 Aghlab et renferme deux bibtiothéqnes considérables.
(Uonf. Hondas et René Basset, ~ftMtett te<e))<~tte en TttKttte, p..i6-??.)
PU)(L'AFtUQUESEt'TENTtUONAt.E. !U
une colonne de marbre veiné dont le chapiteau est rm'ou-
vert d'or. A l'Est dela mosquée, on voit un grand réservoir
de marbre blanc avec trois canaux (?) de inarbre veine,
qui y amènent, l'eau de pluie. Ce bassin, à l'Est de la mos-
quée et pavé de marbre blanc, a quinze coudées il domine
le terrain environnant et le marché (des parfumeurs). Au-
dessous, il existe un canal d'un admirable travail, repo-
sant sur sept arches: deux d'entre elles sont creusées dans
le marbre et surmontées d'un lion de cuivre qui lance de
l'eau depuis le lever jusqu'au coucher du soleil ('). C'est
là que les gens viennent se désaltérer. Les cinq autres ont
également une ouverture représentant un lion en cuivre,
dont la gueule lance de l'eau sur les mains de ceux qui
s'en approchent. Cette eau est abondante et l'on peut en
boire tant que la gueule du lion s'élève; quand elle s'a-
baisse, le liquide disparatt et l'on n'en voit plus du tout.
Ce manège se renouvelle sans interruption. On exporte
de Tunis des objets dans tous les pays du monde, surtout
des vêtements de lin aussi beaux que ceux de soie. Auprès
de cette ville est celle d'El Mo'allaqah, aujourd'hui en
ruines et de construction ancienne ('). Elle renferme d'ad-
mirables édifices qui montrent que le peuple qui l'a bâtie
ne nous ressemblait pas, mais nous surpassait par la gran-
deur de son esprit et l'étendue de sa puissance. On y voit
des pierres carrées de trente empans, et s'élevant en l'air
(par piles), égalant vingt fois la taille d'un homme. Le
poids de chaque bloc est de cinquante ou cent qant'ars(~).
(')Us'agitpeut-être
icidefontaines parla gueuled'unMon
ngnrées d'airain.Tonte-
foiscepassage,donnéparnnseulmanuscrit,
meparaîtaltéré.
0 Et Bekr! (DMettjttMMt <ie :<9t<e, p. 106) dit que la Mo'allaqah était ntt châ-
teau d'uue grandeur énorme, compose do voûtes en plein cintre, à plusieurs étages.
D'après NI ]'!dr!si(jE'Mefip<M<t <!e t'ftotteet de :'E<p<tjfne, p.lM du texte), c'était la
seule partie de Carthage encore habitée de son temps. BUe était occupée par des
Arabes de la tribu des Bcnou Zyad.
(*) La phrase suivante, dont le sens s'applique a Carthage, a été t'apportée a turt a
QaironAn par A qui la donne ainsi que 0 La destruction de cette vilte date dn
temps de 'Abd-ei-Méiik ben Merottan, lorsque les Musulmans nrent des incursions
de Sfcilo(S'<9t!!)<t)t?) et emportèrent ses deponiites jusque Damas. On trouvera ptue
loin, dans la traduction du géographe anonyme, des détaihsur la prise do Oarthage
par les Arabes.
DOCUMENTS UÊOGHAPHIQUES

De là àQairouàn on compte trente parasanges ('). C'est


cette ville qui réunit l'excellence du climat à tous lesavan-
tages: elle est la plus glorieuse ctia première de celles qui
fureut. Imties sur la terrer). [Elle fut ruinée, il y a cent ans et
six mois(").] C'est un des endroits du monde les plus agrea-
Mes pour la nourriture, les fruits et les céréales. Elle égale
Baghdâdet possède, comme Bas'rah, des savants, des juris-

~)CettedescriptiondeQaïrouan c"tempruntée auxmanuscrits A, B et 0. Les


pMKSagcs sontdonnés
entrrcrochets s eulementpar C. D se contentede dire que
qu'ellefut ruinée,puisrebâtie,et ajoutequ'ilen
cettevilleesttr&tconsidérable,
la
abrège description.
(*) Bien d'antres villes chez les Musulmans revendiquent le même honneur, entre
autres Tanger, La Mekke, Harraa, etc,
uons fournit la date de la recension du manuscrite elle est
(~ Ce renseignement
de Ms on Mi) de l'hégire. En effet,la ruine de <~a!rouan arriva en l'an 448 de l'hégire
sous le règne d'Aboa Temim El Mo'exz ben Badis, 4" prince de la dynastie Zirite
on S'anhadjaqnt gouverna l'Ifriqyah après l'établissement des Fatimitea eu Egypte.
Ce prince succéda à son père Badts ben Bit Mans'onr le 3 de dzon'Ih'tddjah 406 ~Ot6
J.-C.) à l'âge de huit ans et sept mois. Le khalife fatimito d'Egypte, son suzerain,
E) U'ak!m MantriMah lui donna avec l'investiture le titre de Ct<fe/JBfH<t<'tt:at(hen-
m-nr du t'cmpire). NettmnoiMS !o pHnee Zirite se montra hostile anx partisans des
Alides tcsCMites furent persécutés et quelques-uns massacrés aQa'tronan.det'avett
d'El Mo'cM qui jeta le masque en 437 suivant !hn Khatdoun, en 440 d'après Ibn Abi-
Dinar. Le nom des Fatimitus fut supprimé de la prière publique et remplacé par
CKtui du Khalife abbasside de Baghdad, E) QA!ui Biamrillah. Cet événement amena
la ruine du Maghreb et la seconde invasion arabe de laquelle descendent presque
toutes les tribus arabes établies aujourd'hui en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Sur
les conseils de son ministre Bt Yazonri, le khalife fatimite ianca contre son vassal
rebelle les tribus Mialiennes des Djoehem, Atbbadj, Zoghbah, Biah', Rabi'mh et
Adi, cantonnées dtns le Sa'td qu'etles troublaient de leurs querelles (441). Elles
trouvèrent des aUMs dans les Berbères Ketamah, toujours partisans des Fatimites. Bu
vain El Mo'ezz chercha à arrêter et à diviser les envahisseurs en épousant la fille
du chef des Riah, Mounès ben Yah'ya, 11 fut vaineu malgré l'appui de son cousin
El Qa!d ben H'amm&d, seigneur de la Qala'ah des Beni B'ammad, et le secours des
Berbères Zenatah et 8'anhadjah (445). Le souvenir de ces guerres s'est conservé
dans les traditions populaires du (tharb, d'ou~ l'on a tiré le roman interminable des
aventures d'Aboa ZeM, personnification des Arabes envahisseurs contre Khalifah
Zenati, qui représente le Zeïrite et ses alliés. El Mo'ezz s'enfuit a Qaïrouâuquifnt
bientôt bloquée ~ar les Zoghbah et les Riah'. Le prince parvint à s'en échapper,
grâce à son beau père Mouues, niais il dut marier trois de ses allés à des chefs
arabes, Il se rendit à Mahadia, puis, laissant son fils Témim gouverneur de cette
place, à Tunis, où il mourut en 454 (<0t!2 J.-C.). Abandonnée par ses habitants qui
suivirent leur souverain, Qairouân totnb~ au pouvoir des Arabes qui la ravagèrent
de fond on comble (H9 hcg.). Couf. Ibn ElMidoun, BMoire <!MBerMrM, 1.1, p. ~9-S?
t. II, p. 18-22; Ibn Adhari, Histoire <!e r~/ft~ttc et <!e :'B<paj;tte, 1.1, p. KS-SOS, ou
la ruine dt* ~a'irouân est racontée avec les plus grands détails, ibn Abi dinar Eî*
t~afrouaMi ~<«(.i)'e de <'</fi~<t/), texte arabe, éd. de Tunm,lZS2 Itc)! p. 80-84,
Mercier, CMoo'e de !'<;faKMM)tten<<!<'< ~fa!'eit daM i'ft~MC se~te)t<r«)<ta~, Cons-
tantine, )87(!, iu-8., p. 1~7-lSt), MH-laS). L'inscription que ce priuce nt sculpter sur
bois dans la grande mosquée de Qaïroaana été relevée ot publiée 'taus uotroMM«;<t
~<'<cH~Me <); TtmMc. 1"- partie, p. M-81 etplanche \'l.
SUR L'AFtUQUË SEPTENT)UO!<I,E 211

des et des gens de lettres Elle fut


consultes, poètes (').
détruite par les Arabes qu'on envoya ail temps de Yéxid

ben 'AM el Mélik ben Meronan (?). Lorsque le khalifat

passa, des aux issus de 'Abd el Mot'-


Omayades Abbassides,
t'alcb du et que les princes se disputè-
(l'aïeul prophète),
rent les Arabes nomades fondirent, sur
l'autorité, l'Ifriqyab

et la ruinèrent siècle de notre il ne subsista


(xn° ère); que

ce qui était sur le rivage de la mer. Qaïrouân resia ahan-

donnée pendant de longues années. L'ordre une fois réta-

bli, on en rebâtit une faible partie. Lors de la domina-

tion des le khalife Abou Mok'ammed' Abd


Almohades,
el Moumen de dont une partie était
(~s'empara l'Ifriqyah

(t) Plusieurs ouvrages ont été consacres A énnmércr les personnages eélébrt's qui
eut vécu Q ïroaan ainsi, nue partie du ~fherM«< e! ~!<)' n«<t <<ert<!«< e! 'as'r
(la perle du château ou le rameau du siècle), de 'Imad ll'tdin Ri Is'fattani (Oozy,
Ca<<t:o~<t< Co~tcnm KM. ~<Mf!. J~<t. Bafn" t. H. n" 881, p. 274 et suivant.); tes
histoires de Qaïrouân, aujourd'hui perdues (T<tr<ME< Qttt-oKti))~ d'tbn-Xiàdet
Allah Et T'ob)~ et d'Âbou Muh'atnmed ben ~Atif citées par Rt JKarrekoct't; le
j~e'~fim B! JoMtn (tes signaux de la foi) d'Abott ZeN Nd Uebbagh, rf))t.! En ~oom~
(t'intimitê des dévots) d'Abou lah'aq B) 'Aottani, le &'afiA &< ~o/MM carter! des
âmes) de 'Abd Allah Rt Mâleki (BtbUuth. nationale de rart~, fonds arabe, ancien
fonds n" ??), enfin, le Me'alUn El !ma<i d'Ibn Btt Nadji (nutn. arabe de. la btbUn-
thèqne universitaire d'Alger). Conf. la table et l'extrait de ce dernier ouvrage dans
notre .MMtMt MtMttt/tfte ttt Tttnitte, Zc partie, p. ?8-t4t.
(11 'Abdel Moumen, le premier souverain de iadynastieatmohade était originaire
de la tribu des Konmiah qui habitait en Algérie entre Arehj;oni tRachgonu) et Tiem-
cen. Il étudia la théologie dans cette dernière ville et fut envoyé par ses condisci-
ples pour amener le réformateur Ibn Tonmert, qui était alors à Bougie, de retour
d'un voyage en Orient. Il l'accompagna ensuite dans le Maghreb et devint sou lien-
tenant le plus actif lorsque Ibn Toumert, prenant le titre de Mahdi, souleva ses
compatriotes les Mas'moudah du Sous contre la domination ahnoravtde. Rn mou-
rant (5M hég. 1128 J.-C.), il désigna pour son successeur 'Abd el Moumen; ceini-ci
jouit d'un pouvoir incontesté après avoir épousé la nilo du cheikh des Hintatah,
Abou H'afs', le pins puissant des nouveaux sectaires qui se donnaieut le nom d~Al-
mohadea (~Lt JtfOtMHt'MottK, les unitaires). Il soumit le Maroc méridional jusque
l'Oued Dra'a, mit en fuite sans livrer bataille, Taohnn, fils du sultau atmoravfdo
'Ali bon Yousef (633 hèg.,1138 lt39deJ.-C.)eteonsaera sep: ans soumettre les po-
pulations qui habitent les montagnes du Maghreb el Aqsa. Apres un échec devant
Ceuta, il marcha contre iesAlmoravidesqui tenaient encore dans la province d'Oran
actuelle: ralliant autour de lui de nombreuses tribus qui faisaient leur soumission,
il réussit a bloquer dans nn fort auprès d'Orau Tachnu, qui avait succédé depuis
peu à son père 'AU. Le Jeune prinee roula dans un précipice en cherchant a s'é-
chapper (27 ramadhan 63!) mars 1146). Oran et Tlemcen soumises, 'Abd el Mou-
men revint dans le Maghreb pour anéantir les restes des armées almoravides com-
mandées par Yah'yaes Sah'raouï et Ish'aq Fas, Méquinès, Conta et Maroc se
rendirent on furent prises de force ou par trahison, un imposteur, uunune Moh'm-
med ben 'Abdaliah, avait soulevé leshaMtantsdeStdJUuiMa et dn Dra'a nt rassrmt'té
une armée de 60,000 hommes; il fut vaincu et tué par le cheïkh Abou H'af~' Ontar
(611 hég., lll! J.-O.). Un échec éprouvé par les Almohades dans une campagne
contre les Berghoua-tah amena la révolte d'une partie delà contrée: elle fut répt'uncf
UftCUMBNTS HJSTOfUQUES

tom!)ue au pouvoir des cht't'tien: U la leur enleva et au-


jourd'hui, grâce à Dieu, elle est repeuplée. Au Sud de la
province de Qnu'ouan se trouve la ville de Ouargla (Ox~
p~<t): an Nord, la mer; à l'Est les montagnes de Barqah,
à l'Ouest le Djebel Nefonsah et le Djebel Onaafheris.Dieu
est le plus savant.

Description de la région de la 6~ zone (').


Sache que les limites de cette région sont le de
rivage

la à l'Est, les montagnes de l'Onancheris à l'Ouest


mer
le cap appelé Iclibertil s'enfonce dans la grande
(') qui
mer Atlantique). Parmi les villes du Sahel, on
(l'Océan

trouve Tenès,Oran(OMa/t!W!),MeIilla("),Khis'aH'Takrour,

qui fut, dit-on, bâtie par les géants El Mezemmah (~),

par 'Abd cl Monmen en personne (M~ hég., tin-t t48 J.-C.). Il envoya des tronpes
faire r~connaîtr" s~n autorité en Espagne: Xér&3, Séville, AIgé~lras furent empor-
tées d'assaut et leurs garnisons aimoravidcs massacrées, peudaut qu'au Nord, les
Castillans, prontnot des gnen-es eMtcs dos mtMntmana, pronalont Lisbonne et Lé-
rîda ~t menaçaicut C'jrd<'ae et Jaen. Les Almohades purent seuls arrêter les progrèa
d'AtfoMse II. libre de ce côté, le khalife partit pour nM<tyah(M(ihég.,n6SJ.-0.),
alors le théâtre des luttes entre les Arabes et les HerMres, tnttes qui permirent aux
Normands de Sicile de se rendre maitres de ta plupart des villes du littoral de la
TanMa. 'Abd el Monmen soumit le Maghreb central (province d'Alger) et, maître
de Bougie, de OoMtauttne et de Qala'ah, il vainquit près de Setif los Arabes qui
cherchaient a l*arrêter. De retour dans le Maghreb, il reçut la soumission de Gré'
nade et repartit bientôt pour l'Ifriqyah (553 hég., 1M8 (J.-C.) où le rappelaient tes
progrès des Siciih'ns: iiteur repritMahadia, 8fax, Gabes, Tripoli et sonmit tout )o
pays à son autorite B55 hê~.). Pea après, les aCaires d'Espagne attirèrent de nou-
veau son attention, H nt construire Gibraltar et envoya une armée contre tes chré-
tiens qui fareut mis CB déroute ainsi qu'un ohefde partisans almoravides, Ibn Mer.
danieh, qui menaçait Grenade. Ce fut le dernier sneeès de 'Abd el Moumen: il
mourut en djonmada second 55'! hég. (mai-juin H6S) et fat enterrH à Tinmeieit, sa
capitale (Conf. IbnKhaidonn, NM. JM ~rt<)-M, p. M1-95S; t. ït, p. 17S-196!
'Abd ol WaMd el jtarretoshi, ï'&e history of the ~:mo)ta<!e<, éd. Dozy, p. t39-M8;
Ihn Abt Zera'a, Bot(d& t! Qart'M, tr. Beaumier, p. S!60-a90 Ibn el Athir, ap. de
Siane, ~b(. <~ &rKfM, d'Ibn Khaldoun, t. U, p. 676-593).
(') Les limites de la deuxième région manquent dans D, mais sont donnéespar A,
B et C: c'est pourquoi je les rétablis dans la traduction.
(~ A, Achirtal; B, Aehbertat c'est de ce nom que tes Européens ont tiré celui de
Spartel, qui désigne ie cap à l'Ouest de Tanger, marquant la séparation de la Médi-
terranée et de l'Oeéan Atlantique.
(*) C ajoute H'oneïn D porte par erreur Milianah pour Mélilla.
~) Ces trois dernières villes manquent dans A et B. Takrour n'existait plus au
temps d'El Fcitart elle avait été détruite par l'Almoravide Yousof ben Taehnn eu
4M (1080 J.-C.) et n'avait pas été relevée depnis (S<n«!& <: Ca~'<M, p. Mi). El
Mfzemmah ~Kt tp nom arabe de I.t ville que n~e canes .ippelleut AILucema~, uu Jeb
t'ré&idep espagnol- do la c~tf marocaine.
SUKL'AF)tt<JUH
sm'TEKDUOKAt.H. il

Hadie, Targhah, Coûta (S/~toA), QtsrMas')nundah('),


Tanger (r~a~). Ibn el Djezxar, dans son livre des
~cf~c~/es des pays (~), dit qu'après La Mekke, Tanger est.
la plus ancienne ville du monde. En parlant des cites du
Sous occidental, il ajoute dans son ouvras'' que Tiharet
(7'«/te!'<), qui est une grande ville, fut construite par les
Amalëcites ['.4n)a<«/f<~]("). 11 y existe des tombeaux d'où
l'on a tiré de notre temps des tibias humains longs comme
un roseau de six empans, non compris les articulations
aux deux extrémités ('), de même des têtes humaines avec
des molaires dont quelques-unes ont plus de trois empans,
une longueur proportionnée et pèsent trois t'"< [livres] (").
On trouve encore dans cette région la ville du Tloncen

(1)D'aprèsK)Behri(H<wf)~)<')) <?o<t/n~M<)!.xM),h- Qa.'rMas'moudah, MH


t<*
sur territoiredecnttftritm,fntdétruitparla dynastie cdrit-itfdesttaxiMntt'iun*
t9)t!'i5J.
)m'<t,fM3dïht''K. C.) et, r~constrntt l
p:t)' e ~ha~~t~'«utavadH <t'):-<)~m'
'Abdc)*Rah'tuAt)HnK}ts\')',il futdt*n'tuvraM
abattHpar t''a )~'tt'att'~
<*))
;!4't<
9MdoJ.-U.).Il paraîtavoir''Mrt'ctw'rnttum*~oc'mdt' f.n. ça)'te n~"K'p~ au"
My)u~ duvr 6)f*)n« Ht Hdfisih' m<ntiouncut.
(~)Ab()aDja'tafAh'MtettbenH'rahin),ptniCQtmnaou<t''nomd'!bnc)t))ozxar,naftU)t
à Q:~roHâu au cotnmcucemft't dH x ''h''cte de ut'îru urf et tuonrut en l'"t!' (r;tpfô)<
Hadjt Khatfa et en!Mt ~ah'ant Hd!! ttzaht'b), à t'ase <t<' p))ti' de K" aM. )) af~oit un
renom coQ~tdf'raMe dans la M~dccïnc~ mais son amnur de PixdApcudau' h' d~tt'Mma
de xe fatrc attacher ta por~nne d'un priMpf ,lu Maghreb Son ouvrant te pïn}! €
!èbre est tf X<t<! et Jtfo~ti~ (l'ruvistoM du v'yagt'Mr', traduit eu latin p (rConstautiu
sous le titre de Mofifom, et en grec xon!' eptni<VE~he<)«<. Un a~rf om'raKe'i'- iui,
malheureusement pcrdn, est t*hia'uirf* de )'ap~'ari)iou du Mahdt <!at<s le M.ightv~
(commencement de l'empire fat'!mîte). Les J)/er!'<*tHM des p<ï)/<, t itefs ici~ MC suttt
pmxmfnttonncesdan!) la tonsuc liste que M. I~ctcrc a d~uncK ne!! prndMtmm
d'tbn E) DJexzar (Nftfotre de la m&tMfae arabe. 2' <Mtt[un, Paria 1S7)!, v.tt. iti-8",
1.1, p. 413). Le nom de l'auteur manque dans U Cdounc scatcmmtt tctitro de t'ou
vrage.
(~ Les 'Ama))qa(~\matwites), comme les 'Aditcs, désigrMut pour tes Arabes, des
populations de géants anjonrd'hn! dopâmes et anx<t"eUe!: il. attribuent la roM-
truction d'éditées cyclopéens. Ttharet, d'après Et Bekri (ne~'WpMox <!e t'W~'f,
p. 159), fut fondée par les Berhadjennah. Uonf. la dissertation de M. de ttœje (Des-
ertp<f'! AI ~f<ti)A)'e6t, p. tM et sul v.) où il BtaNtt que la Tibaret nouvelle, celle dc<
RostemtdcB, est la Tagdemt d'aujourd'hui et que Tehert rauetenuc correapoud &
notre Tîharet duutj'at donne ailleurs une courte description (Bulletin la ~oc~e
<!<~egrapMe de !a<, tSM, 4'' fascicule, JHMtOH MteM<(/<e ex .Alerte et ait ~fafue,
p. 665).
(<) D donne 7 empans de longueur 4 chacun dus tibias 0 en donna 8.
(5) Le p )ids des dents manque dans C D leur attribue 6 rot't. J'ai suivi la leçon
de A et de B. Ces derniers ajoutent: Tiharet est aujourd'hui ruinuet. Cette phrase
ne peut être qu'une interpolation d'un des copistes postérieurs la ruine dénutth* ·
de Ttharet la neuve, par Ibn Ghamtah, te dernier Ahnura.vide, arriva en t'an Ml do
fh~gire (1185 de J.-C.), date postérieure aux rédactions que nous avons sons lu
yeux. Conf. mes XatM de f&tMo~MjiMe 5<i'M)'t, rati' T. N., 1SS3, iu-S", p. J.
C ajoute à l'énumération la ville de T&zah.
~t i bttt.t OEXTS ntO~BAt'tU~t ES

(T<7~.«f;t): elle est grande et [M~KfJe des sources nom-


brcust~ nt des eaux excellentes, elle est la capitale d'un
royaume ('). Ou y fabrique toutes sortes de idéaux tissus
01 laine, (les etoifes douées commede la soie, des «M«t'(?),
des //)'<'<) de laine on y trouve aussi des voiles pesant
neuf ouues c'est eucore de là qu'on tire les tapis pour les
selles ()cHcljevaux dans le Maghreb et l'Kspagne te froid
y et-t vif: i! y neige eu hiver les céréales, les grains et
les fruits y abondent. (°). Les habitants ont-un excellent re-
nom (~)~ ils sont intelligents et lettrés.
Dans le voisinage est la ville et un ~'<
d'Oudjdah
florissant appelé Taza on y trouve en abondance les
(');

pâturages, les céréales et les fruits. Ensuite vient la ville

admirable de Fas du nombreux des


(') qui possède champs,

C) Th'mc~H avait per~n ?< n indépendance depuis la chnto des entîrs Maghraonah
qui y tenait Ht ( !?~ hég.), et <tni furent detr<tno& par h<s Atm~ravtd''s. Cette ville,
~r&i avoir fh'' dt'trntte par'Abd <') Mmuue)), fvudateur do ta dy))«st!e a)moh<uh',
fut rt't'atit' piu' f*' jn'ïuef qui lui douna pour ~onverapup sou H)a Abon U'afa*. U
av.dt!'ons «tm aMtt't'hô, outre Ttcntt'fu, les trihux des Uc~i* Abd m Ouad, desBpjti-
ToMdj:n <*t<<*BMou! ):a<'hcd, o'e~t &<!))'<' la presque tutaXté t)u dMpMtement aetnet
d'Uran (thn Khatdonn, HM<'t)-e <!M Berf'Jt-M, t. H!, p. 3;M-MS). C'e~t en qui fait dire
A nutrt* autour qm' T)tt)nccu c~ ta c~pitatM d'uu puyit0!no.
(~~D'~ Ht'aj"Ht')< t'ncurt', !ft!<t<'&< (pottvorturps) dcT~mcpn,btaa''hf~)'ay'Mt!o
rongo t't do bt'n s'tOt rt'ROMuwe~ en At~rtc. I*arMt ~s tissus, C nu'ntu'nuc tca
<'etntare!i urnue!' pnuf )<-<t'fmu'e~, tea )m!kf '<('<!«'<') et les eoovfm)r<'s raycf!<. Sur
f 'iudHi-trUt et tf c'umm'fc~ du t'~tte v!Hc au M~ycaagc, cuuf. Bardés, 7'?<:)aceM,l'a)*
)8.9, it)-'w, chap. tX, p. N0!)-~).
\') AMxyt' ttùcte, un pruverbo, attribea à SMi Ah'mcd buu Yousof, disait dee
TfeuK-cnob
ticnf an langago aetr!,
SaujtM)! founuc )'<!Mto)),
Avares de Meufaite;
Ce sont Ja les gens de Ttemecti.
(') La ville de Taza ou Tham est située au mittnn de la route entre Ondj<Mt et
Fa~ Sa ffudîttîeu yt'moutc n une date aneîuaue, car elle existait d~JA tora do la fOH-
<)at)ou de l'empire tMrtstde an Maroc, en IM de l'hég. (7f)8-M9J.-0.). Le premier
touvt'ratu de eeM<' dynastie, Hrif bon 'AbdaHah, trouva dans les environs dn cette
ville onH )!.hn'd'tn' qui ne paraît pas avoir etc exploitée (Bt Bekri, .DMeWpMoa de
.ljrt'~fte,p. ~~8:.
(~) Le man. D ajoute à rartMe des gens do Ttemoen nne phraM qnt 60 rapporto
plutôt à ceux de t'ae, comme dans A e. B Les habitants sont affables et instruits
parée qTt'U y a parmi eux des gens venus de QaïrcGan. Sur t*6mïgrratten des
Qitïrotuutitt's qui ut donné tear nom à uu des ftcartters de la ville (Adouat e! C«-
roMTx', eonf. Fanmet, !<< Berbera, 1.1,p. 4'i5-466. Et Edrisi &it également l'eto~e
des gens de Fas, mais ce sentiment n'était pas partagé par le qadM de Tiharet,
Ahmcd ben c) t'ath* dont El Bekri a etté las vers suivants:
hance des ordures au nezde~ FeMoi!! des deux quartiers (Andatouaet QaTroNa-
nites~ n'en <pargue pas un seul.
Cu sont des gens rt'pns d'ignominie an point de dire: Si l'on veut vivre dam
t'atsance, il ne faut pas être gcucrcnx. r
L'abondamc d<'sjnif!! dans cette vi[)<' fatMtt dire aussi en manière de proverbe:
Far p:t nm \!Kt; ~U!.tutmut:n. (J)Mcr!'})<MH <i<:f'n'/Ke. p. 26Z-2<;6.)
SUt! L'AFKfQt'ESEPTEKrtuoXALt:. ~)

vignes, des jardins et desparteri\'s('); unedesesprin


cipales curiosités est la perle qu'on trouve dans des coquil-
lages à l'Ouest de Fas. Au Nor t, on rencontre Taoudi ('')
et le château de 'Ahd el Kerim, au Sud les montagnes
de Zcrhonm et sa tribu (?); la ville du S'afau'onni (')dont
le climat <'t l'eau sont excellents et les fruits nombi'eux
c'est de la qu'on apporte des noix à Fas. A l'Est, se trou-
vent les montagnes de 'Ayanah (") d'où sort un très grand
fleuve appelé Ouadi Sehou. A l'Ouest de Fas est la ville de
Mekinës(.<7.:MfM)qui abonde en biens do toutes sortes; on
exporte tle là des fruits sucrés (?). (~) Miknas est favo-
risée spécialement par Dieu; ses habitants sont comblés
de biens; on dirait qu'elle est située en Rspagne. On voit
aussi dans cette région la ville de Sali (~a/a), située sur
un grand fleuve appelé Ouadi'l-Qonaït et Ouadi Sala, de
son nom. Dans son voisinage est le port de FedMIah ("),

(')AetBdisentque Fas,lacapitaleduMaghreb, abondeoncéréaleset en pâtu-


rages,m aisne produitquepeudufruits Letextedo C c<*
développe rens<'tgttc-
mcntet ~"utoque lessourcoss mtao'abrcu'te'li etCt'tOHtîouue FOuodSobou
quipartait!l a villeondeuxmotti~.Lt!:)
d étails
s urles :(out
parles d outtëssento-
taentpar!J.
~) C, Taoudï; D, Taoudou. A et Il ne parlent p taduchâteau de 'Ahd oi K6rî)n.
()e olutteau, habité par des tterMrfa Ueuh~dja, était, d'apref E) E.trt!)) (p. M), a
trutsjoaruéaa Ouest du payM des Mikuasah, a deux jours de S:Ua, sur io neuve do
Lonkoa.
(-*)Les roa<e!guemeut< sur S'afaïrnuu) mauquent dans A, B et 0.
(~ A, Ohamata: C, Gha!atha. Lo ttjcbf) 'Ayauah eat tneuttunnô par Rohtfs (RttM
ttorc/t ~faretto, Bmmen, tM~, in-8".p. 4t) aa 8.-M. de F&s; c'ost MM<i )an"m d'âne
proviuee.carMrober~de HetNs9(Sfect:/tM(!e!tNFerft<!<'iJ)~troc<t!BUes,)833,iu-!(',
p. 25) dit que le fleuve Scb~n a sas sources dans une forêt du mont Salelgo, dans la
province de 'Ayauah (Ajanai.
('') Ce passage est corrompu dans le man. D qui donne !!ent ces détails sur Meki-
nos. K) Edrisi est d'accord avec notre auteur relativement à la fertilité de co
territoire (neMftpM'')) de !)-<~tte ee de l'Espagne, p. TC). Léon l'Africain (De
<l/r<e«!<<M<')'tp<to)te, t. 1, p. Xtiti) énumère parmi les fruits, iM pommes, Ics grenades
les prunes de Uamas et les prunes blanches, les jujubes, les figues, los raisins qu'on
ne pouvait manger que frais, les pêches, très abondantes, mais de médiocre qualité,
les oranges < t ieaolives. C'est au grand nombre de sos oliviers que Mekinés doit
aon surnom d']'!z Zeltonn.
(') D. Fes'aiah. J'ai rétabli Fedhatah, que donne 0, d'après Bi Bekri et El Edrisi.
Le premier (Description de t~/ri~te, p. SM) dit que c'était une iic servant de port
an Temsna, pays des Berghouatah. Le second (p. 73) ie place à i2 miii''s au Sud de
Salé. Les vaisseaux venaient d'Espagne s'y approvisionner do céréales, de iégnmes
et de bestiaux. Ce petit port existe encoro aujourd'hui. Les détails sur Fedh&iah et
sur Saie manquent dans A et B. C ne donne pas le nom de la rïviete de Salé,
mais il dit que cette ville est bâtie dans un endroit appelé Oued Ismir (Asmir
d'Bdrisi, .S'BNf;' de Marmol, aujourd'hui le Bou Begreg), connu aussi sous ie nom
de QaN'r des Beni Targhah. Là se trouve aujourd'hui la ville d'El Mahadia, bâtie
par le Khalife, l'émir des croyants, Abou Muh'Nmmed 'Abd el Moumen ben Ali.
On renpon're dans cette mer le., ports de FoditMah, Auf.t (aujourd'hui far ei
BeHha ou Casablanca) et Azemmour. Sur Azemniour, Casablanca et Salé, conf.
26 DOCLMEKTS
GKOpn.U'HfQUES
puis JavUldd'ArxiDaet ensuite Auif;t('),A2on])nour,Asu('').
Non loin d'Azcmmonr se jette le fleuve appelé Omm er-
Rebi' dont le cours s'étend entre la ville de Salé et celle
de Maroc (Merakoch). Entre ce fleuve et Pas, on trouve la
QaiA'ah d'Ihn Taouiah cette ville est tout entière cons-
truite en bois. L'Onnn er Rebi' descend des montagnes
de Onarkian. De ce côté est la ville de Maroc, construite
par Yonsof ben Tachnn ('). RUc fut restaurée par l'ëmir
des croyants, le khalife 'Ahd el Moumen hen 'Ali qui y
amena de l'eau, y planta des jardins, des parterres et des
vergers. Tout autour sont des oliviers (pli fournissent de
l'huile qu'on envoie à Fas et dans les autres villes du Ma-

J. Lfftffm), RBUtra,Paris,ÏSS),tu)X,p.t3t-tM;Cotte,feJMaroe
~<-j)fo~o<!or
«<Kf<'0)~H)-<;t'n.
Paria,
MtM,fn-t2,
p. it)-8<,
Lemprfere, tOKf<o~<hMc<-o,î.oad.<n,
~H'N.
<M-!)",
p..M-8d.
(') Dj~orta ~Mtfyn qu'il faat certtjtf'r <'n ~t)'/<t on ~t/a. Cette vUte qu'Et Kdrist
)<)!m' 4 40 mXjM <te l-'edb&h ptAM M)UM <te M:Ma~)an. était A cette ojxtqne tut
port tnat-chaxd trus MqneaM. En )46'<, sua* la dynastif d. < Bex! MfWm, )[' roi <)u
I'ort[t!)),At<'etM« V, envoya <nn f~re, )<- priocH D. Fer~tt) )M< pour ctitti")' Je* e<'r-
faffM de et-ttt< vi))e. Anfa fut j.j'he et dt'tmttc: sur eea rn))~~ tes t'orm~a)' Mttrent
Uaatbhaeit (en nrabn Dar el H~Hha) qn'ite ebattdonnërattt en mii. ((Jenf. t~n
t'AfricatM, De Afr, ~<M<-)- t. I, p. S):)-~t;ij Marmot, !M. t. tt, p. t9!K))j
t'enia~er, .VA)t«tret /)M<or~KM et ~o~)-~A<tt'-< <M)- {'.<~<'r;'< t'a<«, )S)t, iB-t«,
p. j~-).'t!; <}o~r<t, DMf~/)MM et hiatoire ~K .!f<tt-<x-.t. n, p. 402, tM- tït).
M Une M~ottdt' rapportée p.'r Ht tMrit!) (CMO-t~MoM <<< i'rt~xe et <<<'!'&t"'e'
p. ]8t du texte) expU~ne de la tuaatcre t-tm-~nte l'origine dn nom d'A~a: ttc~
&ventartfM arabes partirent de Lisbonne an m dirigeau, vers t'Oaeat ponrexptorcr,
p<Mtet)r< siècles avant Chrixtopho Cetomb, )'0euau AttaaHqtte. Après avoir <')-rè
pendant deux mois au mitien de groupes d'!te3 inconnae*, i)s tn-tT&rcnt a un endroit
haMt~ par des Berbôre~aur la t'ûte d'AMqae, et apprenant la dtatauce où Ils étaient
do leur patrie, Ils s'écrlureut Oxe «ta~t (hêlat !). An xn~ <teete de notre uff, une rao
de Lisbonne portait encore In nom de rue des ~ma~rottr~ (les eear~'). Sur <'o
voyage, eottK Retoatid, C<«~r~A<e <f~to'('(/i'(!a. t. t, rarts, 19 M, tn 4", p. 26&, ft
d'Avezac, 7tM africainea de !'0<'e<tt ~ttfaxttftx (dan< t'~ticeM pMo;-M<;ae, Farta,
t848,i)t-!i<p.HetMtmmtes),oAUétmdiel<MMpporM des traditions mmenhnMie~
avec la ~gendG de S. Brandan.
(*) yonMf bon TaeMn, de la tribu Berbère des Lamtouna, famille des S'eahadja,
naquit en )'au <f)0 de
))<i~. ~0<M J.-0.)dan.< le Sahara oceMcnt: Sa tribu, convertie
dep)tt< nu siM': à peine à l'istamtsme, avait été rappelée à une observation exacte
de cette religion par uu missionnaire, 'Abd At[ahbenYa.itn,qn! s'était axé dans nne
ttedcsbordt dn Sénégal. EUe prit pour chef ce marabout et soumit bientôt uue
partie du Soadatt occidental e: du Sahara jasqne dans la province do Sons. Un des
sacees<enrs d'Jbn Yadn, Abon Bekr, cenma à son consïn Yonsof ben -tchnn le soin
de combattre les princes dnMa~hreb, taudis qnetni-mêmeréprttnere.ittesdtMen'itons
de quelques tribac du Sud (451 hés.,M59 J.-C.). A son rctenr, )! trouva qne Yousof,
qlli avait ëpoasé sa femme dtvoMea, a'etatt tendu presque indépendant. Ponr ne
pax exeitar uneguerre civile entre les S'cahadja]), H tn! abandonna le pouvoiret re-
tourna dans le Sondan faire la guerre anxidotatre~; tl y fat tué d'un eonp de nêene
Kaaté sent maître, Yousof fonda la ville de Maroo (4.'i4 hég., M6~ J.-C.), valuqttit les
SCR~AftUûUHSKfi'KM'tnOXALE. 27

elle produit anssi du cuivre et du sucre Lamou-


ghrch; (').

tagHe de Deren s'élève dans son ou


(l'Atlas) voisinage y
voit une ville bâtie par l'imam El Cette c!m!nc
Mahdi(').

Maghraouahet les Mont Ifron, tribus Zenatah qai domtnaiùnt dam ieMa:;)))'e)'
s'empara do F;~ (4M hég., tuOt J.-C.), qui, perdu') par un du s.!S lit'utfn.tnt! fut r.
prise <'t sac~ague (46~ hég., t"< J.-O.). Lu pays fut soumis aini'i que jf royaume d.~
Th'mcem et tout le Maghreb central jMqn'Aiiicr (Ht h~g.,tOS) J.-C ).AnssM;t) .~ri-<
s'ctrn rendu maitre do Centa (4M h tOSit .).-< Yousof songea & rrpundn' a M
Moh'ammcd. roi de 8éviil< qui implorait sonsecours au nom d''spriHccs'nu~nlma)ts
d'Nspuene, contre AttonseVt do Castiile e: tcCidUampeado-, D. Kodri)}"" dx Bh-:tr.
Le premier venait de pou-tsar~ne pointe jns~u*u Tarif 1et s'utaitonfatc de Tutëdo
les brij~audasfes du seooud désolaient t'E''pa){))«. Yon~f bon Tachtiu fut vatuqucur
des chroMeus il Xa))Ma (4!9 Mg., t08t! J.-C.) m!~gt& la peratUe dit roi de Castille,
puis retourna au Mashrcb, laissant dans ta puxint'Uteuu parti pHi-sant, cotnpugu sur
tont des ()adh)a et dea faqiJM (Jari~'on~nKes) dont le pouvoir était tréo grand tnr les
ba~cs cl:ts%es. La guerre recommença avec Atfon~e en 4St (10~.S) le prinee ntmora*
vide passa de nouveau en Espagne. Mais cette catnp.ignc n'eut pas do résultats, grâco
à la Jalousie de la plupart des rois n)nsnhna"s, dont t'an d'eux, celui d'AhnAria, f'.)t
dëtrunê par Yo<uof. Il revmt à Matoc, Misant )o ehamp tibrtt aux ehreticos et fnt
encore rappcM en 489 (tOM-tO~t). Ot-tte fois, it débarqna aAi~esiras avce t'iotcation
dos'pmparerdciaponinsutepoKrson propre compte. U occupa GrcHado après un
siège de deux mois, puis Mata~a et exila leurs saavcrains à Maroc; appaye snr te<
f.)q)hs, il chargea son général Sir Abou Bekr de soumettre tos autres Etats mutnt-
mans espagnols. Malgré l'appui d'Atfonse et dos chrétiens anx~neb avaient recours
tes princes tnenac~, Tarifa, Cordono et Sev'Uo, o& régnait Et-Mo'hatnmed, fnrent
Menttt enlevées (.Ml h<;g.,MNt J.-C.). Atmeria out [e mente sorti Mnreie, Denta,
Xativa se soumirent de gré ou de force ainsi que Bad~joz, dont le rol,Bl Motaonatt-
kil, d'abord FaUM de Yonsof, avait acheté l'appui d'Aifonse moyennant la eession
de Lisbonne et de Santarcm. En 496
hég. (HO~), après la mort du Cid Campeador,
Valeneo fut reprise à sa venve
Chitneno; enfin, eu 500 (tl06), lorsque Yoasofmonrnt
à t'age de 100 ans, son ompiK) s'étendait di Lisbonne à
Alger et de Fraga, près d'
Lérida, an Sénégal et aux montagnes d'Or du Soudan. Ce prince est généralement
regardecomme le fondateurde la dynastie ahnoravide (al ))M))'a6<:<'o)tH,les reiig)en]t)
qu'on appelle ansat<t:t)tO:<tfM)tt),n)t(ies voité~, à cause du Mift<tm;voHe) que portaient
tesS'enhadjah,comme les Touaregs d'aujourd'hui. (Oonf. Ibn Abi Zera'a, KoM~t e:
C<tt<'<M,p. 185-~)4 j Ibn Khaidoun. Histoire des BerMt-M, t. II, p. T~-M; AI Marra-
hoshi, TAe history of <ft< ~<mo&tttM, p. 7t-l~; Dozy, Seripforttm ~roeKxt t"ct de
~H<!<!MM,I,pyde,t846,3 vol, in-4", t. II; Histoire <!« MM<)t~<t)M <E~)aj;)M, Leyde,
tMl, 4 vol. tn-s- t. IV, p. I9S-Ï46). D dit à tort par Tachfin ben Yousof. 0 ajoute à
Maroc Grande vUte bien batte. ·
('t Au Meu de ces deux produits, C mentionne < des fruits en abondance, tels que
dattes et raisins
(*) Il s'agit sans doute de la forteresse do Tinmeieit (en berbère, la Biomhe), un
des 70 châteaux de la montagne de Deren (Dyrin de Pline l'Ancien; ~ttt-arot, en
berbère, les montagnes). Quatre hommes sumsaient pour en défendre l'entrée, à
laquelle conduisait un sentier à pie comme une écheUe où nne bète de somme ne
passait qu'avec peine. C'est là que le Mas'mondi Ibn Toumert établit son quartier
général c'est là qu'on porta son cadavre quand il mourut à Djebel el Kaouakib
:e ~<b)« <!M <(oHM).
Le Mahdi Mohammed Amghar (en berbère, le Grand) Ibn Toumert était origi-
naire de la tribu de Herghah, famille des Mas'moudah. Sa piété lui valut le surnom
d'~M/oM (en berbère, celui qui éclaire) et dans un voyage en Orient, U se concilia
les bonnes grâces du célèbre philosophe El GhazzAH. TI adopta les doctrines des
Aehatites, qui expliquaient certaines sourates du Qorân par des allégories et revint
dans le Maghreb enseigner ces opinions et prêcher contre le relàchement des mœur.<.
Il connut à Bougie 'Abd e) Moumen (V. plus haut) dont il se fit un disciple dévoué,
28 DOCUMENTS
CHOGnADUQtJES
de montaguf's traverse cette région de l'Ouest à de-
l'Est,

puis la Grande Mer, a partir du de Sous et des con-


p~ys
trées dit couchant territoire des Zcuatahau Nord.
joMju'au
Elle tourne ensuite vers la contrée des
t'Est, séparant

Ouarg)a de l'Ifritjyah et se termine de Qaïrouan.


près
La région du Maghreb est très mais les vil-
(') étendue,
les y sont peu nombreuses. Elle est habitée par des tribus

berbères, telles que les Ghomarah les les


(''). S'anhadjah,
Lemaïah
(~) et les Loouatah Les Mas'moudah forment
(~).

et chassés 'te cette ville, Us partirent son intolérance au sujet des


pour Ttrmcon,
p!aii.irs f: du luxe, le fit expulser successivement de Tlemcen, de Moqntné-! et do
~iaroc.où uuponst'Hdeductenrs,convoquéparloprinceahnoravide'AU ben Yousof
ben TaehBu. condamna se!) opinions aoharttes. U so rcfngtadans sa trtba, tcsHerghah
en 515 do t'hé~. (11~1-11~~ J.'C.), battt un cuuveutetprcf ha tes deux Hves~a'il avait
ecmpofês eu bt'rMrc le ~fo)-<t)<<at( (ttuido: et le TooK/t'M (t'Unitu de Uien). La tra-
duction arabe de ces deux traités existe on umuusfrït à la BtbHotbeque nationale
de l'aris la tt'Miun berbère parait tterdac. Quelquo temps après, il rassembla ses
partisans, battit ïe ~envernenraïttioravîde du Soue, s'etabtita.Tîmnetelt~auomit
toutes les tribus Mas'mondah, Nt massacrer oeox dont il n'était pas sûr, repoussa
les Atu)oravidesjnsqne Maroe, mats vatuea par rcmir 'A!) ben Yousof, il battit on
retraite et menrat 4 mois phts tant (Mi! heg., mSJ.-C.), laissant la pouvoir à son
di~ctpio'Abd el Momnea. (Cuuf. Ibn K)u)do<m, Uixtoire des ~ert~'M, t. tt, p. Ml-
l?a; !bnAbiZcra'a,R')K<!t el <«r<'a!, p. Xt~cO; Amarrehoshi, ï'&e &M<H-y of
</tc ~ffmotottM, p. tifs-Mi) Ibn at-Athïr, ap. do Stane, /7M<ei)-e des Berbères d'MH-
~/«tM<'n;i, p. 6?~ 576). Lt ii détatts qut sah'eut jusqu'à la fin du paragraphe man-
'incut d:ms C.
(') Le eummencmaeut de ce chapitre est altéré dans D, d'nMe façon qui le rend
presque incontpruhensibte: je l'ai rétabli à l'aide de A, It et 0.
Les Shomorah, i~M do Bernes beu Berr, par Ghomar, fils de Mas'mond, an-
cêtre des Mas'mottdah, occupaient le Rtf marocain sur une étendue de N journées
do marche en tongaenr et en largeur ils possédaient les villes de Tanger, Nokonr,
Badis Tikis.M, Tétouan, (Jenta, Qas'r Mas'ntondah; lours tribus étaient très nom-
breuses. Dans quelques historiens, le comte Jalien qui appela tes Arabes en Espa-
gne, porte le nom de prince des tthomarah. A cette famille appartiennent les Boni-
Nisam qui régnèrent à Ot'nta jusqu'en 9t9~el'hëg. (931 J.-C.); tea Boni S'aUh', rois
de Nokour, de :!1 de l'hég (M)-7iu J.-C.) à 40(i de t'hég. (1M5-1M6). Une branche
des Idrisides s'étabUt aussi dans le Rif de ZU de t'hét;. (8~T-8N) à Ma de l'hég. (975-
87)! .Un faux prophète, Ha Mim,y établit quoique temps nne nouvelle reHg!on.(Conf.
Ibn Khatdonn, BMotre d<MBer6erM, t. Il, p. 13~-198, et mes Notes de lexieographie
~erMre, n" f, l'aris, 1. N., ]8S in-8", Dialecte dn Rit). B donne seni la vraie leçon;
C, C/totara/t; D, '~t;<MM!at; A, '.4))Mr<!&.
(') A et 11, .fenta~t, yotta<«A 0 et D, Se)M&. J'ai corrigé ce nom en Lemalah
d'après Ibn Ktiatdonn. Cette tribu descendait, comme tes Beni F-tten, de Madghis
el Abt.-r, frère de Bernès, nts de Berr. Elle embrassa tes doctrines badhitcs et fnt
l'appui constant de la dynastie des Beni Bestem, établie à Ttharet do 144 de rhég.
(T6t-7(!2; & S9S de l'hég. (910-9!!). Apres la destruction de cette viUe, une partie
d'entre eux ém!f;ra a Djerbah. J'ai recueilli en M~ et publié nu vocabulaire
du dialecte berbère qu'ils parlent encore anjourd'hni (Notes de !ex«!oyrttj)&{e 6er-
Mre, n<' I, chap II, Dialecte de Djerbah, p. t-M) sur les Letnaia!i (Conf. Ibn Khal-
doun, HM<otre (!M Berbères, t. p. 241-21;):.
LtM Loonatah (pinriel en berbère ~otHMt<e)t) sont la branche berbère la plus cété-
SURL'FltlQUE SEt'TKNTmONALE. 29
un nombreux leur territoire a vingt jours de mar-
peuple
che On trouve dans le Maghreb des troupeaux consi-
(').
dérables de moutons et de bœufs On y chasse le :c~
(").
animal de la grosseur d'un chien, couvert de
(porc-epic),
il a cette de rendre humide l'endroit où
laine; particularité

il met bas ses petits; en eifet, il porte à la queue un os pa-

reil à lin tube de roseàu qu'il plonge dans l'eau et ne se

retire que lorsque ce tuyau est rempli d'eau, alors il la ré-

pand à l'endroit où il gîte. Une autre de ses particularités

est d'avoir sur les flancs des dards aigus comme des fu-

seaux de femme. à la serré de


Lorsqu'il est, chasse, près
les chiens et les lévriers et qu'il se voit sur le point
par
d'être il lance ses dards avec une force grande
pris, plus

''elle d'un arc quand il atteint un chien ou un


que homme,

il le Les montagnes de cette contrée renferment t


blesser).

bre et la plus répandue ils descendaient de Madghts el Abter par Loua le jeune.
Ris do Loua t'aîné, ieMr aucotre up~'uytnt'. Ils Qu'eut couuus des Anciens s"us le nom
de Lbvathœ on Lebadœ et donnèrent leur nom à ta Lybie; ee sont probablement
aussi tes Loubim do la Bible; Us peupiereut tus oasis égyptiennes où se parle
encore aujourd'hui un dialecte ber~&t' ~Cunf. faiiii~uL I~c <t j~roc, l'aris,
182<,4vo).in-8",t.I; H von MinntuU, t~)'M«'Anh«'oM ttT!<er)t<it-Sitt!«*rn<tt.
Berlin, 18~7, ïn- Koonig, !*oeH&K~rf < <fp~~r~~H~H~ d <<iner~e<con~ree< de r~/ri-
que, l'arh, tn-1' s. d.). Ils étaient établis ausiit dans )a Tripolitaine: ceux d"
l'Aouras prirent une part active à rinsurrection d'Ahou Yextd; l'homme à ràu<
eoatro les Fatimited de S~(! à M~ de l'Mg. (Couf. Iba-KhaHoun, ~fMMra dM Ber-
MrM, 1.1, p. ~:)]-Si!i; Vivien de Saint-Martin, le yurd df ;t~rit«e d<ttM t'<t)tt<~M<
Paria, I. t.. )S)!S, tu-4", p. M, S4, 8(!, MO Au lieu de ces deux denuurcs tribus,
D nomme les Djevrânah, les Buuî-Kottsoulu, les Mexqaï&h, les Zerramin (?), les
Seràrah (?) et tes Lemt'&h.
(') Les MïM'mondnh, la plus puissante des ~amiUes berbères du Maroc, preteudaîen t
descendre de Bernes, fils de Berr, par un snoo're éponyme Mas'tttoudah ;de nom-
breuses dynasties furent fondées par teurs tribus dout les priucipalea étaient tes
BerghoMtah, tes Ghomarah (V. plus hant), t''s Herghah, d'où aortit le Mahdi tbn-
Toumert; les Hïutatah, los Dokicalah et tes Hahah, dont deuxproviuccs maroc~tues
portout eucore le nom, tes Assaden,tes<:tneuiiMth. Do la dynastie aimohade qut rt'-
gua daM le Maghreb de 6:!1 de l'Mg. (1]!!8 J.-O.) à M67 de l'hég. (tjti9\se dé-
tacha <me branche qni posséda toagtonps la Tunisie: les n'afs'idcs, do Me de )'ho!;
()SS8-t~2!) J.-C.) à MM de t'hcg. ~157~ date de retabUMomcat dt6nitif des Turks
à Tunis, et dunt<tuc!q)iea rameaux dominèrent à Constautïno et à BouK~o. Conf.
Ibn Khaldoun, ~?M<ttM '!<t ~er&efes. t. Il, p. 1~4 tn)). A d.'nue seul les détails sur
l'étendue dn pays desMM'monda.h; C se contente de dire que les tribus dont H vient
de parler habitent lu Djebel ~laMatah, le Djebel Zorhoun et ï& montagne des Gho-
marah.
(~f Ces t'enseignetucuts fout défaut d:ms A et B 'iUt abr~ot considôrabletneut cc
paragraphe. 0 ajoute tes bêtes de somme, et comme produira: le blé, l'orge, te coton
en grande quantité pott de fruits, surtout dos figues et dos olives.
~) C dit qm' loM~ue tp dard atteint au eMen, it le tue.
~0 UOCUMEXTS UÊOGRAPHtUUES

beaucoup d'animaux, tels que des lions, des panthères,


(les gazelles et des autruches ('); on y trouve des œufs
d'autruches. Dans un de ces déserts, il y a un endroit
étonnant appelé Masaoun où il pousse des cheveux noirs
pareils à ceux des hommes on les appelle cheveux de
Masaoun» les gens les recueillent, les filent et en font
de beaux vêtements.
Dans la partie la plus reculée de cette région se trouve
la ville d'Aghmat ('), de fondation ancienne. Elle est la ca-
pitale des Mas'moudah; toutes les eaux d'Aghmat se ras-
semblent dans son voisinage (~).C'est de cette ville qu'on
tire le cuir appelé ~~af~MStet qu'on l'exporte dans tous
les pays (*).
CHAPITRE III.
tTJNËnAIRES DU SAHARA CENTRAL.

La fin malheureuse de la seconde mission Flatters a

attiré l'attention sur les territoires entre


compris Ghdamës,
le Soudan et'Ain S'alah, territoires
Ghat, occupés parles
Kel Oui et
Touaregs Ahaggar, Azdjèr, Aouelimmiden,
sur la France devra établir son si elle
lesquels autorité,

(') C ajoute qu'on ne voyait pas de pareils animaux en Espagne et qu'on trouvait
surtout tes autruches et tours ceuf~ dans la plaine d'Anzour (peut-être celle de Nezar,
mentionnée par E) BcM sur la rente d'Aghmat a Fas), dans celle d'Es Sedrah, si-
tuée entre Maroc et Sale il y en avait aussi entre Fas ft Tlemcen dans la plaine
d'Anfad (Angad?), dans eello de Hasoun par ut l'on pénètre dans le Sons en venant
de Tlemcen.
(~) A, B et C donnent la bonne leçon D porte ~&Hï<M*. n existait deux villes
d'Aghmat, l'âne nommée Aghmat Uan, l'antre Aghmat Ourika ;les étrangers ne
pouvaient pénétrer dans la première; les environs étaient ptantés de dattiers et
d'arbres fraitieMj le sol y était fertile, mais l'air très malsain (Et Bek)'t,D<M)<p<io<t
de !fteK<, p. 839). Une branche des émirs Maghraouah gouverna Aghmat jusqu'à
l'apparition des Ahnoravïdes. Cenx-< s'emparèrent da cette viHe en 449 (lOaT-tOSo):
le dernier prince de la dynastie, Laqomt on Laghout ben Yousof, s'enfuit 4 Tedta,
où il fut rejoint et tué par ses ennemis en 451 (1059). Sa veuve Zetneb devint la
femme dn chef des AimoravidesAbon Bekr bon Omar.qui, enpartantpomrIeS'ah'ara
(459 Mg, 1061 J.-O.), la repudia et la nt épouser 4 son cousin Yonsof ben Tachfin.
Ce fnt elle qui excita son nonvean mari à garder pour lui sent t'aatorité qn'it par-
tascatt avec Abon Bekr (voir p. M, note 3).
~) La rivière d'Aghmat ae nommait Taghtront. C ajoute le défait suivant qui
manque ailteirs Une des particularités de cet étang est que sa profondeur, son
étendue et ses borda sont égaux il est effrayant à voir à cause de ses dimensions.
(<)A, B et C disent en oatr' qu'on trottvait a Ag-hmat beaucoup de vignes, de
céréales t't de palmier..
SUR L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE, 31

veut s'assurer une ligne de commerce, soit par chemin de


fer, soit plutôt par caravanes, entre l'Algérie et le Sénégal,
en passant par le Soudan. Cette région a été peu fréquentée
par les voyageurs européens, dont quelques-uns, Laing,
M"" Tinnë, Dournaux-Duperré, Joubert, E. von Bary,
ont payé de leur vie leur dévouement à la science. C'est
donc aux indigènes qu'il faut demander la connaissance
de ce pays mystérieux. Dans ce but, je publie aujourd'hui
les itinéraires suivants qui m'ont été fort obligeamment
communiqués en 1881, au bureau arabe de Laghouat,
pendant un voyage interrompu à'Aïn Madhi par l'insur-
rection de Bou-Amémah.
Le premier de ces itinéraires va de Ouargla à Ghat et
s'accorde pour les deux tiers du voyage avecla route suivie
par la première mission Flatters le second, de Ghat à
Idiès, n'a été relevé encore par aucun Européen Dour-
naux-Duperré et Joubert se proposaient de le suivre lors-
qu'ils furent assassinés avant même d'arriver à Ghat; enSnil
le troisième indique le chemin d'El Oued à Ghdamès,
suivant sur quelques points et abandonnant sur d'autres
la route des voyageurs qui, de 1856 à 1876, purent pénétrer
dans cette ville aujourd'hui fermée aux Européens par
le mauvais vouloir des Turks et les brigandages des Toua-
regs unis aux restes des Chaanba insurgés. Une expédi-
tionmilitaire française et une occupation déimitivede Ghda-
mès qui jusqu'au commencement de ce siècle a dépendu
de la Tunisie, pourront seules nous rouvrir cette route.
J'ai accompagné les documents que je publie, souvent
incomplets ou trop laconiques, d'un commentaire tiré des
relations que j'ai eues à ma disposition celles de Bonne-
main (*), de Mircher ("), de Duveyrier (~), de Barth (*),

<!nfoya~e
Be!a<to)t
(';CherbonnoM, deM.!<MjxfNtM
BnxMetoatn
&B'<Mmet.
tn-3".
Paris,M5T,
(<) NtMfMt de Gta<!<tm~. ~a~or<<! o~«e:t. Alger, MM. in-S".
(3) Dnvcyrtcr, !e< t~Nare~ <!« Nord. Paris, MM, gr. ht-S".
~) BeiMM «od KHh!c.t<))~H Ot jtTo)-~ ttN<:ee.t«-at-<<:n. tintha, 1'7. vol. itt-
)'<)CCME'<TS CÉOGHAPHtQUES.

de von Hary ('), de Largeau (~), de trois des membres de


la pr<'micrcmist-io) FiaH.f'rf('), enfin des renseignements
que j'ai pu glaner ra et là dans les voyageurs, géographes
ut historiens arabes qui ont traité, presque toujours inci-
demment, de cette partie du Sahara.
Lunéville, 28 septembre 1884.

1.
Itinéraire de Ouargla à Ghat.
Une caravane partie de Ouargla mit 33 jours de marche
pour arriver à Ghat en suivant cet itinéraire (*)
l~jour. « En partant de Ouargla, on marche pen-
dant trois jours dans la direction Sud. »
Les étapes intermédiaires sont données par le cheikh
Othman 1" jour. Tarfaya, puits de 20 coudées. Ce puits
et les g/MW (montagnes) qui l'entourent prennent leur
nom du [7aws?'M;~<!&ea'](~).
2*jour. Medjir le terrain est plat et couvert de cail-
lonx à l'Est, une muraille de rochers s'arrête à Medjir où
l'on trouve un puits.
Cet endroit, appelé aussi Mjeira ou Medjira, est situé
auprès d'une gara (colline) nommé ~~a (massacre), où
l'ancien agha de Touggourt, ~A!i bey, suivi d'un goum
d'Oulad Zekri, livra un sanglant combat à un djich (parti)
de Cha'anba insurgés ("). Dans les environs, prè's de
t'oaGhatHa<'&
('~~<-<M t!~t(tt
~n/tefo 1877).
(N:ot)M,
(') 7.c Sahara algérien. Paris, M81, tn-t6 Le Pays de Rirha. Paris, 1878, in-16.
(~) Habomrdin, ~~ne et Sahara. Farh, 1882, in-8". F. Bernard, Quatre mois dans
&'&'&<tra. Paris, 188t,tn-)2.H. Brosselard, ~ota~edeïamtMtMMaaeM. Paris, M83,
in-12. Les ZJeMa:~fKNtotM <ï)t colonel jP*?aMef<,racontées par un membre de la pre-
mMremtsstttn (Bernard),Paris, HS~, )n-12, et le rapport pnNié par le (}ouvemem<"tt
générât de i'A)g'Sric J9e'K):H)tte mMMOtt Ke«e)-<, Alger, tSOS, in-8" (non mis dans te
commerce).
(~) J*ai comptéte les lacunes dans la mention des étapes à l'aide do l'itinéraire
inédit du cheikh 'Othman, le guide do H. Dnveyrier qui a construit sa carte snr
se.: iW üo:uiu4s.
~) Cf. Bernard, Quatre moM <!ftK.!le Sahara, p. 16, avec une vne des environs i
Les DfM.r-MtMttMM~taMeM.p.Cif. H.J!rossetard, Voyage ;:e<<tt)t:MtoHF!a«eM,p.78.
Suivant ces domters, le puits du Tarfaya est aujourd'hui à sec.
(") Cf. Il. BrosM'tard, Voyage de la MtMton~«eM, p. 80-82.
SUR t.'AFMtQUH SEt'TENTKtONAf.H. 33

Uhittmaïa, on a trouvé des vertiges nomln'eux d'un atelier


de silex taillés, datant de l'âge de pierre, ot entre autres
débris une hache de jade vert (').
3° jour. <: On arrive au puits de Djerihi'ah, après
quoi l'on marche huit jours sans trouver d'eau. »
Le puits de Djéribi'ah est aujourd'hui comblé. Il était
ainsi nommé d'une petite gerboise (~'e)'&o~, diminutif
f/~i't~'a~) que les Arabes immolèrent, en place de mouton,
lorsque l'eau jaillit du puits pour la première fois (~).
Peut-être s'agit-il du désert appelé Gâtes par Léon l'A-
fricain (*), qui faisait partie de la route du désert de Zouen-
siga, sur le chemin de Tlemcen à Tombouctou (*) et où l'on
était neuf jours sans trouver d'eau.
Les étapes suivantes sont indiquées au nombre de onze
par le cheikh'Othman.
l'jour.–Selasel-Dhanoun, au milieu des dunes ap-
pelé aussi H'assi Dhanoun.
Le Dhanoun (P/M~M'a violacea) est une orobanchacée
sa tige ne porte ni branche ni feuille et s'élève à 60 centi-
mètres du sol lorsque la plaute est jeune, les indigènes
en mangent la bulbe; en temps de famine, ils font bouillir
et dessécher la tige, puis la réduisent en farine. Les
Touaregs la nomment ~MtOtt~i, ï'tmsM~'(t)~ F~g/~M (").
2° jour. Toumiet (en arabe, Jumelle) on incline au
S.-E. Là commence une nouvelle région de dunes sans
eau, couvertes de drin. Elles ont de 50 à 100 mètres de
haut, sont appelées El Oudj et s'étendent du Gourara à
Neftah sur un parcours de 300 lieues.
On trouve près de Toumiet une sorte d'argile blanche

AlgérieetSahara,p. 103.
(')Rabourdin,
(*) H. Bresselard, Voyage <<etftmtMtWt F!a«e''<, p. 83. Les Deux JfM~otM ~'[aMero
p. 53.
(') De ~/rtc<B descriptione, p. 630.
(<) Cf. Bare&s, Tlemcen, p. M4-M2.
(s) Cf.
(~) t;f. Bernard, Qaatre )Mt<
Quatre dana !e
m.oia <!<tM le Sahara,
$ahara, f0; Lea
p. M ~M Detax
Detee btiasioua
AftMMMj!<t«<M,
Ftattera,
p. 67 où te nom est mal orthographié < Se!<M«et ~A<mo«K Duveyrier, :M ï~tM-
fe~ <!)tyo)'<ï, p. 185.
t,'A?M<}nBOEprENTRMN<.LE. 3
:;4 nOCUMKXTS CËOGHAt'HtQ~ES

appelée ~o/'&a~ d'où le nom de Foidj-torhab, assez sem-


iua)dc il la terre à foulon. On y a ('-gaiement constaté les
traces d'un atelier de silex taiilés (').
3*'jour.–Aïn T'aïbah la marche est. des plus pénibles,
d'autant, que Aïn T'aibah n'estqu'un bas-fond rempli d'eau
saumatre.
Cette source est corrompue par les débris organiques de
végétaux et les cadavres de chameaux l'eau de la mare,
qui est profonde de cinq mètres, contient de 14 à
15 grammes de sel par litre: celle des puisards voisins
ne renferme qu'un gramme de sel par litre. D'après une
légende locale, un des puits est situé sur l'emplacement
du campement d'un Cha'anba qui aurait refusé l'hospitatité
à un marabout revenant de la Mekke. En punition, le sol
se serait effondré sous sa tente. A l'époque de l'âge de
pierre, ce point paraît avoir été un centre important à en
juger par les débris de Hoches, de pointes de lance et de
couteaux en silex qu'on y trouve (~).
4-7*'jours. A partir de 'Aïn T'aïbah, on marche pen-
dant quatre jours dans le G/KM~(").
8.10° jours. Le huitième jour, on quitte la première
vallée pour suivre celle du Ouadi Chabet el Biodh (le
<'acMtblanc) on campe à la source de ce nom à la nn du
12e jour.
El Biodh, où les Touaregs Ifoghas prennent souvent
leurs quartiers d'été, est une dépression dont le fond est
rempli d'une eau claire, mais saumâtre et purgative.
C'est le puits de Bir el Tabbeyed, mentionné à trois jours
de marche de Ten Yakkin, sur la route de Glidamès a~Àin-

(') Cf.Rabourdin,Algérieet Sahara,p. 116-11!Bernard,QuatremoM<!a<M


le
DeMMiMMMM
Sahara,p. 91..C.e< FMttM,p. 5S.
~) Cf. Louis 8~y, Wor~a, Bo'tte ffeojtmpAt~Ke internationale, septembre !S!S,
p. Siia, Bernard, Quatre M«t< <ïa))t le Sa'tara, p. M-Z5, H. BroMetfU'd, f"<;a~e de !<t
m<M«)tt Flatters, p. M-aO; Les DeKa: MMMM Fht«et-<, p. 6!)-M, RabourcLic, Algérie
et Sahara, p. IM-l~t.
(') Le (HtaMt ''st un terratn plat, convort do eaMIo~x, qui s'allonge sur une IM-
geur de deux ~u trois kilomètres entre les chaînes de dunes.
SUR L'AFKtQUH SEPTEKTMtOSALE. 35

S'alah, àlC journées de cette dernière, dans l'itinéraire


de Tripoli a Tombouctou du cheikh H'a()j Q:)sim ('). Aux
environs, on aperçoit pour ht première fois une solanéf,
appelée F/ PaMtM~et Fa~~ par les Arabes, J/a/c~e en
Touareg, Goxn~o!<à Tripoli (Zf)/o.!Ci/NH<t<6' /a/f.c~). C'est
avec cette plante dont les effets sont semblables à ceux de
la belladone, que les Touaregs empoisonnèrent les dattes
sèches qu'ils vendirent aux débris de la seconde mission
Flattera (*). Au Nord, à H'assi Mou'iieh et dans les dunes,
on rencontre les restes de deux ateliers de silex (~*).
Il* jour. On gravit les hantes dunes limitant l'Oued
Ighergher qui, venu du Djebel Hoggar, se perd à Temacin.
Il serait plus exact de dire qu'à Temacin, près de Toug-
gourt, l'O. Ighergher change ce nom contre celui d'O. Righ
(0. Rir'); à l'époque où l'eau coulait à découvert dans le
Sahara, c't'iit un fleuve, comparable au Nil, prenant sa
source près d'Azek'k'an Akkar (rom~aM d'Akkar) dans
l'Atakor n recevait comme affluents les rivières
représentées aujourd'hui par les oueds desséchés d'In-
Oraren, Tizozelen, Aoufaran, Taharraket, Tagharghaït,
Tazokkoulin, etc., et se jetait dans le ChottMeIghigh
alors plus vaste qu'aujourd'hui (*).
« Le 11° jour, on rencontre Tanzrouft (en touareg, le
plateau t'oe~Ma?), et on fait halte près du puits d'eau salée
creusé dans le lit de l'Oued. Celui-ci descend des hauteurs
de ~Ain. S'alah et se perd dans les bas-fonds de l'O.
Righ. »
Cet endroit est aussi Tanesrouft Sghirah. On
appelé y

f*) WîMc~enMt, ~ec&ercAet ~o~r<tp&t~Met ~M!* <'<tt<cftett)*tïe F~/ftyMe «~<eH~o-


<M!e. Paris 18i!t, in-S", p. 4M.
(') Cf. Duveyrier, tes yottare~ du Nord, p. 18~-181; Bernard, Quatre N0t< dans !e
.SttaM~p. M-34 H. Brusselard, Voyage de la xttMion Maiteft, p. Ml-tOt. Les Detta)
~!(M~oK~ <!Kco!o)M! F!tt<«!f~ p. ~69-X)i? .t~tceMtMe mtMtOH N<!«er<, p. S(M, Note sur
la plante appelée El Battina.
(3) B;tbonrd)n, Algérie c<&t/t<t)'o, p. ]M-!2H.
(*) Cf. Vivien de 8:Hnt-Marttn, DteHoaM«t)'e fie géographie, s. h. v°, t. H, r. 783-
!8t, où il résume tas donnët's de DnVt'yrier, Largeau, Doumanx-pnperre. Bnchu
et Bernard,.
3(: DOCUMENTS
GROGNAHfQUES

y trouve des coquiUes de l'époque quaternaire, mais au-


cune végétation (' ).
12-13*'jours. « Pendant deux jours, on marche dans
un pays accidente de chaînons et de ravins. »
13~jour. On arrive à la Zaouïah de Sidi El Bekri
Sidi Yamma à Temassinin. »
7'<'m<M~w'))est une forme altérée de 7VmaMOH!')),pluriel
de T'cmo. qui signHto ~t;/xa~ en touareg. Cette oasis
se compose d'une qouhbah et de deux maisons entourées
(te jardins. Ceux-ci renferment 150 palmiers, ont 200mètres
sur 100 et sont arrosés par un puits artésien dont l'eau est
excellente. La qoubbah, située près du bordj, relève de
l'ordre des Tedjinis et est dédiée à Sidi Mousa, des Oulad
El H'adj El Faqqi, mort il y a 160 ans. Ce personnage,
ou son fils, suivant d'autres, aurait été le premier mo-
qaddem de l'ordre il avait le don de voyager dans l'air
et mourut aux environs de Glidamès. On raconte sur ses
funérailles une légende analogue à celle de la chamelle
de Sidi Cheikh ('). Après lui, El H'adj El Bekri, mort
en 1831 et Si 'Othmân en ont été les moqaddems. Malgré
le respect qu'ont les Touaregs pour cette confrérie reli-
gieuse, l'oasis est parfois razziée par eux (*).
14-17° jours.–<: Ensuite quatre jours de marche à tra-
vers un plateau pierreux. »
A partir de ce point, les vestiges d'ateliers de silex taillés
deviennent de plus en plus rares ib'~rs débris sont rem-

(')Bernard,Quatremoisdansle Sahara,
p. 37-39.
0 Cf. De Colomb, E<;j)!o)'<tM«'t du NMto-t et <ttt Sahara de la province ti'Omn.
Alger, 1858, in-S", p. Ït-!5.
~) L'oasis a éto visitée et décrite en détail par M. Louis Say. la ~aottTtt <!< Tema-
ct~Mt RepKe ~co~rap~t~Me internationale, no 30, avril 1878. Cf. Davcyrier, les ToMa
re~ du Nord, p. 3)0; G. RoM&, BeMe <h<Mt jtforo&&o, Bremen, 1882. in-8°, p. 230
KM Rabourdin, Algérie et Sahara, p. 126-129 Les De«a: ~fh<<oK< M<t«er*,p. !8 89
Maanoir et Dnvt'yrier, ~Htfc ~eoifr<~)h<~t<e, 18T7, série, t. tt, p. 330; Bernard
Quatre NOM dans le Sahara, p. 11-41, H. Broesctard, Voyage de la Nbmott F<f<M<)'<
la confrérie desTcdjinis: Ilistoire ~e'SMt ~A'Nt~ jE!
p. 114-m!;etsur Aruaud,
extf'ait)' dn Kouunach (Revue africaine, t. V, p. 'MS et oniv.) ParitOt,
ï'e~tKt,
i.M Ort!re<re!t~Ktmmu<'M:«.<t)M (Cfi:hH)t de !<tSo<'{<'M<!e ~e~xt/.ttc~r~t.ISS!,
p. M)).
SUR L'AFHtQt'E SEPTKNTUtO~Af.E. 37

placés par des haches taiUées d~t~nt du commt'nc~m'*nt


de i't''poqu~quatot'nan'f (').
Les étap''s suivantes t'ont indiquées cutrt'Tt'massinin et
et'Aïn Tebalbalt par le t'itCtkh'OUunan
1" Tanzorga on laisse à sa droite l'O. tsbargt~tr âpres
avoir franchi une dnue de sable
2° Khaufousa (en arabe. ~M;'<!&c<) sur un plateau qui
sépare l'O. Igharghardol'O. tfsaoui (eu touarL'g,le ~r~e).
La montagne de Khanfousa, haute d'environ ~0 mètres,
est formée par uu grès gris, teinte de rougf la partie ex
posée à l'air est noire (');
3" Tonskirin, dans un oued qui va a Ghat. Les collines
qui bornent cette dépression au Sud se nomment Djebel
Issaoui.
L'aiguade de Touskiriu n'est qu'une cavité à moitié
remplie de sable on voit aux environs un palmier et des
sépultures musulmanes (").
17ejour. «'Aïn-TebaIbalt, puits. »
La source, quoique peu abondante, est soigneusement
entretenue; l'eau est excellente. On voit aux environs des
traces d'habitations et deux sépulcres en forme de <«Mt«~
coniques, formés de pierres, hauts de 2 à 3 mètres et
entourés de cercles concentriques. Les indigènes n'en con-
naissent pas l'origine quelques-uns croient que ce ne sont
pas des tombeaux, mais des monuments renfermant des
trésors (*).
Entre Ain-Tebalbalt et l'étape suivante, le cheikh'Oth-
man signale l'O. Tanfokh.
18'jour. «'Aîn el H'adjadj (la source des pe/o't~).
C'est là que se rejoignent les caravanes de pèlerins ve-
nant de Tombouctou et du Touat. »
(') Rabonrdtm, ~~erte et .Stt/tara, p. HO-13:
(') Bernard, Quatre moia dfll'" le Sahara p. 47--18; Lea Denx JftMKMM
~tisaiona N<t<teM,
Flattera,
(')
p. Bernard,
90-9t H. Brosselard, Voyage
fbt~e !e
<!<!
!<*
Sahara.
MiM!<<)tjM«MeM,
p. 4T-M p. Deto:
117-tM.
('*)Beruat~i, QtM~re mota tïttM le Sahara, p. 4!).
(<)R!j<utmIht, ~fg6)tee<N<!t<n-<t, p. Mt-ia5; Bernard, ~)m<)'e)!Mt!d«M<e.fa/M)-ft
p. 51; H. BroMetitrd, F"t<~<' (!e la MtM'"tt Ma~eM. p. UMZt
:!8 [)<)f:L'MEXTS nËOHKAPHtQFES.

Le pnhs a t métros de profondeur et est revêtu de ma-


çonnerie l'eau est bonne, mais p!'u abondante les envi-
rons sont couverts d'' végétation ('). A partit' de ce point,
la mission Flatters quitta la rout'' deOuar~taa~hat, pour
se diriger v'rs le Ia<-Menghougit, au N.-O. de cette der-
nière!ville.
19-23' jours. « Pendant cinq jours on marche sans
trouver d'eau. Les étapes intermédiaires sont données
par l'itinéraire du cheikh 'Othman
l" 0. Taridt.
2° Aït-Zouaten.
3" lhan.
4" interga.
50 Ilezzi.
Ce sont des oueds qui descendent tous du Djehelllezzi.
24''jour. –a 0. Takhma!t('). »
C'est If fleuve le plus important de tous il contient
toujours de l'eau et renferme l'amphibie appelé par les
Touaregs <K)HC/)e/ et qui n'est autre que le crocodile.
L'existen''e de ces animaux eu plein Sahara ne peut être
contestée, si surprenant que soit le fait. Pline l'Ancien (")
rapporte que le Nigris, assimile aujourd'hui par quelques
géographes à l'Igharghar, et qui prenait sa source entre les
Éthiopiens Taréléens et les OEcaliques, renfermait les
mêmes animaux que le Nil, par conséquent des crocodiles.
M. Duveyrier signala leur existence dans les lacs de Mi-
herô ou Imiherô, une des têtes de l'Igharghar, et à Tad-
jaradjara, a la source de l'O. Tidjoudjelt; toutefois, il ne
put vérifier lui-même le fait(~), mais le docteur E. von

mohdansle Sahara,
Quatre
t')Bernard, p. 61-58H.Brosselard, dela
Voyage
Mt~M't p.Ut.
Flattera,
(') Il t'st appfM rtMHMtxoK dans la dupoattion d'~nar bon Raoua à 11 jours de
marche sur la route de Shdames, U reçoit t'Oned Mahareng (DfM~HNe mt~tOM
y!««eM, p. i!:H).
('*) HMot'rcfMf()trt!?:c, Y, chap. vm, x.
f LM Touaregs < yorfi, p. ii.S-aM.
SUtt L'AFRfQUE~EPTEXTtUON.U.E. 3!)

Hary qui visita le Takhmalt supérieur, observa des traces


de crocodiles qui dev:)it'nt mesurer de 1"CO à 3 nô-
tres (').
Une tradition locale raconte que ta vaUef de Takham-
ma!t fut donnée par un Amanokat des ïmauan a la douai-
rière des Imanghasaten, c''Ue qui pouvait transmettre !a
noblesse à ses enfants (~). Nous trouvons aussi cette vallc<*
mentionnée dans les itinéraires dn commencement d)t
siècle, ~ntre autres dans celui de Tripoli'" a Kachnah par
H'adj Qasim. H place « ie torrent de Tahamatt dont les
environs sont ombrages d'une grande quantité d'iU'hrcs »
à une journée du torrent d'Acawan et à 9 jours do Ga~
(Ghat) distance exacte; jusqu'à ce dernier point il ne
cite comme étapes que Tanout MeUon (Tanit MeUet do la
carte de Petermann) a 3 jours do la, et Ton Gaccm a
3 jours plus loin (').
A partir de l'O. Takhm'dt, la route rejoint colle de
Ghdamës à Ghat.
25-27'' jours. « On marche pendant trois jours à tra-
vers un pays accidente. »
L'itinéraire du cheikh'Othman n'indique qu'une seule.
étape, l'O. Ixeguerar, dont la source est à 4 journées au
Sud.
27° jour. <t Oued-Tarat. Pendant trois jours, on ne
rencontre plus d'eau. a
A partir de ce point, la route du cheïkh' Othman suit une
autre direction de l'O. Tarat à Ghat
1° 0. Tinaradj.
2° 0. Tinerken les montagnes se rapprochent.
3° 0. Titerha.
4" 0. lien, dans une grande vallée allant du S.-E. au

(') B. vonBary, Be<M tMt Ghat Me't H~<!f .Vtt.'t-a (6Mo&<M,MÎT, n" a, 3, U, M)
MMmotr ot Duveyrier, .Ao'M'e ~o~'np/tt~tM, S* série, t. 11, p. 3ST-312.
(*) Darcyricr, les r.)!M< At y"t< p. K2t.
~)WatcketiMr,BM/t<;)-<;y!M j)eo;;)'<<j;M';tK««)-)'t.<f~)'<ett)' <!e!4.f'i~'<Mj)<eH<)'to~f~<
1). J<6.
40 M)f t-ME\TS n~OCHU't'tQUES

N.-O. Ai) jours de là est la sourt-t' de l'Oued. auprès de


laqueUt' pasfe le chemin de Ghat à'Aïn S'alah.
5" 0. Ouariret, qui sort du mont Dahi a 2 jours de
(le là.
G"Gb:
30° jour. « 11'assiEl Haieg, dans le lit de l'oued qui
passe à Ghat et qu'on suit pendant trois jours. »
33" jour. Ghat (').
H.
Itinéraire de Ghat à Idiès et au Djebel Hoggar.
Pendant quatre jours ou suit la route de Ghat a'Ain
S'alah en longeant le Djebel Ghat. Le premier jour on
campe à Tasset.
2" jour. Mouchi.
3" jour. Dida.
4" jour. Tissouararnin on tourne au Sud pour fran-
chir le Djebel Ghat.
5° jour. Medjidalen, dans la montagne.
6" jour. Imza, ileuve qui coule toute l'année on sort
du Djebel Ghat.
7*'jour. Oued Tefessasa. Cette rivière, qui sort du
Djebel Ghat, coule au fond d'une vallée qui s'étend jus-
qu'au Bornou.
8° jour. Oued Tihoragh. On laisse à gauche l'Oued

Tefessasa et ou de l'O. coule du


campe près Tihoragh qui
Sud au Nord il se jette dans la sebkha d'Amadghor.

(*) Sur cette ville dont j'ai parlé alltcors(JVo<e< de!ea:t<*o<yrapMe berbère, I, p. 35-~9,
cf. W. Ondacy, Excursion /aMe A :'oMM< de Mbtt)'2o'<&, ap. Deuham, Vo~a~M et dé-
couvertes fha~ le ~ort! <!< M/ft~Me. Paris, t8~6, 3 voL tt\ p. 9MO') Barth, Bebett
«))<! ~KMeetKM~cx <M~or~-MMf! Ce)t<r<t!)-(&«, Ctotha, 185T, 6 vol. !n-S< t. I, p. 259-
265) Duveyrier, !e< r<))«t)'eg«!My<n'< p. 256-275; Corbière, d'âpres Kranso, ~M-
<ut)-e <!e CfMt (Bulletin <!e la Soe<e<< Languedocienne de Géographie, 1883, t. VI,
p. Xn-~ei). Le dialecte touareg parlé à Ghat a été exposé par St, Freeman,~frr<t))t-
ma<M!(t!Sketch of the <ent<t&)t~or <<<m<t)'<!j) :a<t~)t<tj;e. Loudon, M62, in-8". J'en ai pu-
blié un vocabulaire que j'ai recueilli il TripoU pn tM< (y"t"t de t'n~Mptte ter-
bire, l, f. 3H-tS). H fant y joludre tM duettmcnta édites par II. Kraase JMttct
fKH~eM der H;tMMt«! y~)--E.cpt<!ift«)! partie. Pr"6e)t '!c'' .rac/te ''et! Chat in
.tcr.s'ttttara. Lripzif, ).M.ins'.
SURt'AFK!Qt!ESEPTEXT'UOXALE. 41

9" jour. On campe à Ihchaouen au fond du Djebel


Ahaggar.
Ce nom est porte par une fraction do Touaregs mara-
bouts du Fezzan, qui habitent entre Gnat et Monrxouk~').
10° jour. On traverse l'O. Mcsmesset on campe à l'O.
Tilouat.
« Le 11°jour on arrive à Idlës, qui a de 150 a 200mai-
sons c'est la résidence ordinaire du chef des Touaregs
Ahaggar [Ahitaghe!] ('). L'Oued Idlës sur lequel elle est
bâtie, prend plus loin le nom d'Oued Igharghar: il tra-
verse !eDjebelGhat en sens inverse de l'Oued Tahenassetet
lorsqu'il entre dans la région des dunes, on l'appelle 0.
Saoudi. »
Cette ville fut bâtie en 1822 sur un emplacementappelé
Tafouri, par El H'adj Ah'med ben El H'adj El Bekri, alors
chef de la tribu des Ahaggar, dont elle peut être regardée
comme la capitale.
Suivant Ibn Khaldoun (~), le nom de .Ho~s)' est la
même que celui de Hoouara, une des plus anciennes frac-
tions de tribus berbères, issue de Bernès par Hoouâr ben
Aourigh (~). Dans quelques dialectes de cette langue, la
rencontre de deux ou produit un ('). Lors de l'invasion
arabe, ils habitaient la Tripolitaine comme nomades ou
comme sédentaires. Une de leurs tribus, fuyant les con-

!MTouaregs
(t)Duveyrier, duyor(!,
p.3B5.
(*) D'après iadéposttiondc'Amar ben Haoua, échappe au massacre de Ia2~ mission
Ftatters, Idtes est un village de S'J A 00 maisons, penptu de Mu habitants et gon.
verné par En~ad!, chef dn ghezzon touareg qui détruisit la mission (Dma:MtM mb-
ttOtt F!<t«e)-<, p. 3M-S~t).
P) m<to:)'e <ÏM Berbères, 1.1, p. 275.
(<) Une légende teeate,e)té<'parEt Edrisi (Description de !r<9)t': et de :'&pa~He,
p. 68 du texte) et pa" Ibn Abi Zera'a (Bortdh e! Qa<'<a'<. p. 16 j), donne l'étymologie
suivante du nom de Hoouara Un émir du H'idjM étant parti la recherche d'un
tronpean de ehameanx, pa-sa le Ktt, arriva Jnsqn'cn 'Mpotitame et apprit qn'U
se trouvait dans nMqyah. Eu ce cas nous sommes fous (~&aoMtn*!Kt), s'écria-t-il,
d'o& son surnom de Hounara. S'étant nxé, continue la même )égonde, dans une
tribu Zénata, il épousa T&n~ay, mère de S'anh'adj et de Lamt', ancêtres des deux
grandes familles berbères et en eut un fils, Et Mothauna, l'a'ieut dcsHoouara.
~) Cf. Haueteau, Essai fZe ~rftMt~ftM«'e &u~ït:. Alger, ÏS53, itt-S~ p. 9. Atuaï chez
les Béni Menacer, ~&a~'jMr% au thouggourt pour <AftoH'~M~,porte, ctymologtc proba-
h)e du nom de la ville de Touggourt, qu'on avatt vontu faire dériver dn latin ttf~tt.
riMN~ De même chez te? Aïth Àbbës ~o'~s. de l'homme, pour offoMt'{~.
4~ nOC[;Mt';XT~ GÈOGRAPUtUt'M

querants, s'enfonça dans le désert (') et se fixa auprès des


Lemt'ounas (S'enJt'adjas), dont I;t domination s'etcn lait.
jusqu'au Soudan. Ce furent les seuls Moouaras qui r''s-
tL'r~nt ind<pendan!.s, car après des révoltes malheureuses
contre les diverses dynasties df l'Ifriqyah et de l'Hgypte,
leurs frères furent vaincus et réduits au rang de peuples
tributaires.
Une tradition locale, recueillie par M. Duveyricr(~), fait
descendre les tribus nobles de l'Ahaggar des Oulad Sidi
Malek, qui avaient pour ancêtre un chërifdu nomd'Aggag,
originaire d'Es Souk, ville tr~s grande et très importante,
située a moitié chemin entre'Ain S'alah et Gogo (Kaou-
kaou d'Ibn Bat'out'ah?), bâtie par les noirs, prise par les
Touaregs, et finalement anéantie par le roi de Gogo (au
milieu du vin" siècle de l'hégire). Tout en considérant
comme apocryphes les généalogies qui rattachent des tri-
bus berbères à des cherifs arabes, soi-disant issus de Mo-
h'ammed, on peut trouver dans cette tradition le souvenir
d'un fait historique. On a vu plus haut que les Hoouaras
émigrés dans le desorts'étabUrent près des Lemt'ounas, qui
occupaient le Sahara occidental depuis un temps immé-
morial les rapports de ces deux tribus entre elles sont
fixés par le récit suivant tiré d'El Bekri ("), d'Ibn Abi
Zera'a (') et d'Ibn Khaldonu(°). Sur la demande de Yah'ya
ben Ibrahim, chef des Djoddala, appuyée par le faqih de
Qaïrouan Abou ~ImrAn el Fasi, le jurisconsulte Ou-
Aggag, fils de Zellou, de la tribu des Lemt'ounas, envoya
(430 heg.) son disciple'Abd Allah ben YasinbenMeggou(")

(')J~apaMago d'IbmKh~tdonn a ététitt comprispar 11 Biboardtn(~tfte e<


Sahara,p. Ht) <()t!lerapporteà htseconde invasionMtMnImaao
(xr stéele).
(1)L
~) ,qT.,ita,cgs
~f-< r.))Mr. lit .Vort!,
<!<:p~ p. 3M321etet mtv.
suiv.
(~ DMcrt~oa de ~'A/rt~te, p. 363.
(')7!"Mftte<()<;r<'N.t,p.l6<!et!.ntv.
~') ~Tt~ofre les NfrUrM, t. H, p. 67 et suiv.
('~ S~tuere, Tiu Izamaren, était d'origine gaezomta et née dans le village de Tem-
m.tumnottt, village sur la limite du duxcr: de Ghtm~ (LI Bekri, ~eM~MoM <!<
y'.t/)<Mt).
SUR L'AFRIQUE SEPTEXTntOXALE 43

prêcher l'islamisme aux tribus sahariennes qui n'étaient


musulmanes que de nou). Cet ïhn Yasiu, d'al)ord retire
dans une île du Sénégal, s'adjoignit deux auxiliaires. d'o-
rigine royale, qui dirigèrent pins tard les opérations mili-
taires Yah'ya ben 'Omar hen Telagaguin mort. en 447 heg.
(1055-1006 J.-C.), et son frère Abon Bekr ben'Otnnr, qui
lui succéda. Celui-ci, après avoir anéanti les Berghonata
hérétiques de l'Atlas et conquis le pays de Sons, tourna
ses armes contre les tribus insoumises du Sahara. Ce fut au
retour d'une de ces expéditions qu'il fut supplante par i-on
cousin Yousof ben Tachtin (voir plus haut), à qui il avait
cédé sa femme Zeïneb. Il mourut en faisant la guerre
sainte dans le désert, blessé d'une flèche empoisonnée,
480 hëg. (1087-1088 J.-C.). Si l'on admet l'identité très
probable de l'Ou Âggag des historiens arabes et de l'Aggag
de la tradition touareg, on voit que la conversion définitive
de cette tribu date du milieu du V siècle de l'hégire (').
L'autorité religieuse d'Ou Aggag explique comment les
Ahaggar ont donné le titre de chérif à celui qui le repré-
sentait et que peu à peu ils ont fini par confondre avec
lui.
Au xiv* siècle, Ibn Bat'out'ah, à son retour de Tombouc-
ton, traversa le pays des Hakkar ou Haggar, « qui sont une
tribu de Berbères portant un voile sur la figure il y a peu
de choses à en dire, sinon que ce sont des vauriens Q z.

(')Cf.Duveyrier,
:MTttfare;du~oft:.p. Mt-3ii7.
(~ Ibn Bat'out'ah, Voyages, éd. Defrémery et Sangainett!, t. IV. P&rti!, ls7<), tn.-
P. 446. L'assassinat de Mt' Tiamj, dn major Laing, le massacre do la missioti Fla.-
ters ont ma)heurcasement Mmntro 'im avait raison, du grand voyageur arabe, un de
M. Duveyrier qui érrttatt il y a vttt);t au« PrubaMenn-Mt ils (les Tunaru~) valent
mieux que leur réputation. Tout Fraudais qui voudra explorer t'Aha~ar sera
bien accueilli, s'il se conforme aux usages s et ailleurs: < Je uc me sctm pas le coti-
rage de jeter la pierre a des gens qni, $'t~ M'e.EM/NtCH< pas, Je~'r~tteH~ être tHrenfe~ s
Dnvcyrïcr, !M ï'o)ta!'<s t<K ~or; p. 370, 371, 373). Lorsque )c. cotonct Trnmotct.
(Les 2'Otta~'e~M et le coNtmerce t!tt SttAttrct, ~efKe de ~eo~rap/tM t~ef~aituMa~, u" 34,
aodt 1878) montrait par des tMts, combien peu l'ou devait attendre d'eux, M. Du-
veyrier (Année ~ojtrapAt'/tfe do 1!!78,p. 10) lui reprochait de trop s'en rapporter anx
Arabes'.Ceci était écrlte!i 1880, etnn an après, ieeotouaiFiatteMrepouMait comme
un mensonge inspiré par ia haine arabe contre les Tunareg~, i'avM du Cimanbt
Bon Djema'a le prey~nant, au puits d'Avion, 'tuf )< Ahaggar )<' tMhi!isai~nt et
44 DOCUMENTS GËO<;RAt'H)Qt!ES

Ce pays a t'-tt!décrit par Lt''on l'Africain (') et son copiste


~~a~'mol (') sous le nom df d'~ert de Targa, limite au
Nord par ceux du Touat, de Tigourariu et do Mt'eala,
au Sud par celui d'Agades, à l'Est, par celui d'Ighidi et à
l'Ouest, par celui de Xoucnsiga. Au commeucemeut de
ce siecte, Hornomann douna quelques renseignements
sur les coutumes des Hagara (Aliaggar) dont les villes,
dit-il, n'avaient pas plus de 25 ou 30 maisons en pierre(~).
Les Ahaggar vivaient unis aux Axdjer sous l'autorité des
(!maM<iMpris dans la tribu noble des Imanan. Il y a deux
siècles, lorsque l'amanôkai Goma qui régnait sur le Sahara
presque entier fut assassine, à cause de sa tyrannie, par
Biska.un desAzdjer,cette tribu, aidée d'une colonie d'Ou-
râghcn venue des bords du Niger, secoua l'autorité des
Imanan les Ahaggar se séparèrent alors des Azdjer et
formeront une confédération du nom de Kêl Ahamellen,
dont le nom est encore porté aujourd'hui par une de leurs
tribus. On a vu qu'en 1825, leur chef ou n~t~M)' était El
H'adj Ah'med ben El H'adj El Bekri, fondateur d'idiès.
Les Ahaggar sont aujourd'hui divisés en quatorze tri-
bus nobles, qui commandent chacune à des 7m~af< ou serfs.
Toutefois, on n'est pas d'accord sur le nom ni le nombre
exact de ces fractions; on compte parmi elles les Kel
Ghela, qui se disent issus d'un certain sultan El'Alouï et
qui habitent la vallée il'El'Arar. Le chef de cette tribu,
qui porte le titre d'am~a)' de toute la confédération, était,
il y a vingt-cinq ans, un centenaire du nom de Guemêma.
On lui substitua le marabout El H'adj Ah'med, frère de
cheikh ~Otman, Ifour'as (Azdjer) par son père, mais
Ahaggar par sa mère. Aujourd'hui le pouvoir est aux

qu'ilcouraità sa perte.Lerapprochement
estsignificatif, lamêmeopinionqni
mais
M'avait
pasgrandeimportance à Pariadevait
avoirdes terriblesdans
conséquences
h'Sahara.
(') De /t/rt«c ttMO'tptMM, p. N30-631.
(~ t'~t/r<<;xc, t. I, liv. 3, ch. St!.
r<);M<;<. <!«M M)tfert<'t')-f!<- r~/r~M. Paris. t8M. in S', p. ~f) ~t4
SUtiL'AFtUQ~E
SEPTENTntONAt.E. 4o
mains d'Ahitaghel, des Kel GIiela, que Ifs événements
de 1881 eut rendu tristeim'nt célèbre.
Les IboghJan (Bouguelan, Ibouglan), qui prétendent
descendre d'un Djinn.
Les Tefedist.
Les Taïtoq, dont une partie se dit. issue des tmanân,
anciens sultans touaregs, et une autre des l\cl Fada'i dans
le pays d'Aïr. Ce seraient eux qui auraient pris la prin-
cipale part à l'at-sassinat de la mission Flatters. Ils ha-
bitent ]a vallée d'Arak('). Les Tedjhé (Tezehcn), divisés en
Tedjhé n Eggali et Tedjhé n Asekkai (~) que M. Duveyrier
joint aux Kêl Ahamellen proprement dits ils habitent la
vallée de Teghasart; les Inemba, formant deux fractions
les Inemba Kel Tahat et les Inemba Kel Emoghri les
Tedjhë n Ou Sidi, apparentés aux Iman&n des Azdjerdans
la vallée de Teghasart les Ikdeyon (Ikadeen ou Ikedihen),
originaires d'Es Souk et établis à Arimmegel, les Igheuh-
choumen, issus également des ImanAn et des Ikedihon,
les Ikerremouïn (de l'arahe ytcWm,généreux?) et les Enni-
tra les Kel Amgberi, les Tedjhé Mellet (').
Les tribus serves ou ;m;yha~ sont les suivantes
Des Tedjhé Mellet: les Kel Ouhât, les Isaqqamaren ('),
les Aït Laounien; les Kel Tarourit.

(t) D'après un renseignement que j'ai recueilli à Ouargla, mais dot!t je n'ai pu
héritier l'exactitude, lo dialecte des TaTteq diCtrerait eonsideraMetnent de cetttt
des autres Ahaggar. C'est outre tes mains dn qadtu des Ta!toq, ortj{iuaire du Tuuat,
que se trouvent tes papiers de la mission Flattera.
(~ An capitaine TegfM u Arfk'k'e).
p)Cf. Hanotean, Grammaire tnmacAet'. Paris, 1860, iti-.S",p. 18; Danmas et A.
de Chancel, le Grand Désert. Paris, 1836, in-M, p. M3-:M An capitaine, A~MH.!
ethnographiques sur les Berbères 2'oMar~t, iu-8". CeueYo d.; Duveyrier, les 2'oK<t-
)-e~(!)t~o)'d,p.t!68-390i Vivien de Saint-Martin, ~jetto't'tctre 9eoi))'[tj)/t;pfe,s.v.,
Bcyte)', t. H, p. Ml-TM.
(<)Une po'hie tamaeitek* citée par Hanoteaa, Grammaire <<<mae<M)!p. 213-915,
commence ainsi:
Les laaqqamaren ne sont pax des ÙUIUJU~3
Ite n'ont ni ItUtee~ <:ti fer (<t~ar'<'a~ ni iauces à Jnanehe de bois (ier'e~OHttt),
Ils n'uut ni haruacin'm''ui!<, tu !-t'lics de chameaux,
lis n'ont pas de beaux bouctier~,
Ils n'ont pas une situation joyeuse,
Ils n'out pas df eltameaux gra.~ et bien portants.
Les tsaqqainarfu, ne m'en pariez pas
4d UOt:L.\)EKTS
GËOGKAt'HJQUES
D.'s Kel Gfiela les Imeslitrn, les Kcl Ghafsa ('), les
~:)q();nuarcn, les K''l Inciter, les Ke) Gliaris; les Kcl
T~ok;), les K<I Ade.'ek, le. Kel Tifedest; les Kel Tez-
!)o!ct, les K'l Tahat les Isendaten, les Mcrtemoq et les
D;)g ouain Taouat.
Des H~ôghian les Imesiiten et les H)erhcren.
Des Taïto<{ les Kel Ahenet, les Kel Ghafsa, les Imes-
litcn, les lklaM'()te~res), jt's Tedjhé n Atts.
Des Dideyen les Iher'au.
Des In<'mha Kel Tahat les Imedîten.
Dt-i- Inemha Kel Enioghrl lesAitIjaoumen,lesEhaan
Aholar' (<M~ef~t &oxc), les Aït Laounien Kel Tazholet.
Les autres tribus nobles n'ont pas de serfs.

III.

Itinéraire d'El Oued à Ghdamès.

La caravane qui suivait cette route se composait de cinq


hommfs conduisant 22 chameaux charges de blé, d'orge
et de dattes, de deux quintaux de cuivre et de peaux de
Loue (~!«'&aA) remplies d'eau.
ler jour. « Amich où l'on trouve 400 puits et l'eau à
a. 20 mètres au-dessous du sol. »
Cet endroit appelé Emnich par M. de Bonnemain,
est le territoire d'hivernage des T'roud, des Ferdjân et
des Reba'ïah. En 1863, la mission Mircher constata que

Cesontdesgensmélanges
(desangmête),
On trouve chez f nx toute espèce de monde
QMetqncs-uM sont panvre<t, tn«h à l'abri dn besoin,
D'autres son abuse" par le d~tnon g
Quelques uns u'out que it'urs bâtous
D'autres out fait h* pèlerinage et l'ont recommencé
Qoehine~-ums Usent habttaeUemcut le Qoran, d'antres t'apprennentparcœar.
lit pt.MMfnt dan* t~ patnrases des chamelles et det- petits,
Mt 'h't. tmutes d'or bien empaquetées, etc.
(') Ltunt le nom se retrouve danf celui do l'oppidum de Rapsa, pris par Corné-
titis Balbus (Pline t'Aueh'n, nM<oi;'e !;aiM)ei'!< Hv. V, eh. Y). On attribue aux Eet-
CHtafsa (ou N'afea), la fondation de Ghat. Cf. mes ~<'<M de !e.c;<'«e''<t~AM berbère,
l"~ partie, p. 3)i.
sm L'AFtUQUM ~Et'THKTUtONALE. 47

la nappe d'eau au-dessous de laqueHe~ont situas les jar-


dins do cette ville ''t. qui ept très abondante, n'est qu'a
4m,50 du sol. Non loin de la, on voit une qoubbah assez
considérable consacrée a Sidi'AM El Qadt'i' cl Djilali (').
« Pendant, six journées, la caravane traversa te pays des
T'roud, en marchant depuis le point, du jour jusqu'à
9 heures du matin et du milieu de l'après-midi a, la nuit.
L'abondance des puits fait donner au pays des T'rouds le
nom de Beled H'aouasi.
D'après Ibn Khaldoun ('), les T'rond, tribu arabe, sont
issus par un ancftre eponyme de U'akhn, iils de 11'isn
cette dernière famille était une branche des 'Allak, des-
cendants de 'Aonf, lUs de Bath'a ben Soleïm. Les Benon
Soleïm sont un des peuples les plus nombreux et les plus
illustres parmi ceux qui se rattachent à Modhar, l'ancêtre
®
des tribus du H'idjaz. Ils emigrèrent en Afrique lors de
la révolte du prince Zeirite de Tunis, Mo'ezz ben Badis,
et la branche des T'roud s'établit dans le S'oufvers l'an
800 de l'hégire (1397-1398 de J.-C.). Le souvenir de
leurs luttes s'est conservé dans une légende populaire.
Des coupeurs de route chasses successivement d'Egypte,
de Barqah, de Tripoli et de Gabès, prirent pour chef un
vieillard nommé T'rad ben Dhah'is bien que passés au
sf'rvire du sultan de Tunis, ils continuèrent leurs brigan-
dages, s'enfuirent au Maroc, puis, après la mort de leur
chef, revinrent occuper le S'ouf dont ils dépossédèrent
les~Adouan et où ils habitent encore aujourd'hui, subdi-
vises en six tribus (").
« Le 6e jour, on arrive à Mouî ~Aisa, grand puits très
ancien, creusé à 25 mètres et pouvant abreuver GO cha-

(*)Cherbonnean, devoyage,
Ne?cf<tOHN p 7; Mission
deCMa~t~p. mo Largeau,
le fa'/f!de.KirA<[,
p. a6H.
(.') montre des Berbères, 1.1,p. 155.
(')
~) t;£
Cf. Lo.
Le IütûL
A'tMt c:
ci'ddontrii,
'~(tottftnt, trad.
trfut. par Feritud, Recaeit de ?ft
l'ifrsud, ~e<Me<!'!< trc Société
Soetf'M f<rc/<eo<'«yt.yKc
nrchéotuqilnc
deCotufoaM'ie, ].SM, p. l-i!09 ;Largean,Fio;'eNo/tart''f!)tr.Genf-vc,18TH,tu!i",
p. 9() Ftiratid, DM''rt')<tO)t f!)t St)t</ dtUtS Les ~tex /fH<tA, sultans de Tott~to't
(Revue afnc.<tne), t. XXVr, 188~, p. ~S ai.
4S t)0n[ MEXTS <.ËO~.tt,H)(JUHH

meanx. Sur la route du Nefzaoua (au N.-E.), ~e trouve le


puits de Bir es Souf; au Sud, celui de Rardeya; àl'ouest
de ce dernier, sur la route de Ouargia le puits de Delà
Dxeri.
D'après une tra'!ition('),le puits de Mouï'Aïsa, qu'on
appelle aussi Bir Oumm'A)sa (puits ~e /« mère de Jésus),
aurait ëte creusé par la tribu arabe aujourd'hui disparue
d'El A'uïa. Lorsqu'un voyageur arrive la première fois à
ce puits, il est tenu d'ou'rir comme redevance un plat de
kouskous et des dattes a ceux qui ont déjà parcouru cette
route. De plus, lorsqu'une caravane s'y arrête, ceux qui la
composent se rangent autour du puits et chantent en se
penchant vert le fond
Salut à vous, gens du puits!
Vousnous avez préct'd~, nous votts suivons;
S'il plait à Dieu, vous serez avec nous;
Vousnous ferezart'h'er avec le Monet la paix,
Et vous uous garderezdu malheur.

Suivant M. Mircher, la profondeur du puits est de


14 mètres et ne peut abreuver que 20 ou 30 chameaux (').
La route par Bir es Souf a été suivie par M. Largeau
dans son second voyage.
« A partir de cet endroit, on entre dans les dunes de
sable (~'eg, veines), et l'on rencontre de nombreux trou-
peaux de gazelles.
« La 7" étape est Ghourd el Gorafah. »
Le Ghourd el Gorafah est sans doute le même que le
Sah'au el Ghorafa où passa M. Largeau au retour de son
premier voyage, pour regagner la route venant de Ouar-
glaO).
« Pendant six jours, on se dirige vers le Sud-Ouest; à
Demzau, on trouve des colonnes anciennes pareilles à des

<!eroyn~,p. lu.
B~«<MM
(') Chprh~nueau,
(~ ~tMtn)! <!e CM<;mM, p. 13C.
(') /.e Suhara algérien, li. 3t~.
sua !AFRIQUESËPTENTtUONALE. 49
troncs de palmiers. Le 7" jour, on arrive à un viijago do
quarante maisons, appelé Zaouïah Sidi '1 Ma'hed, à 2 lieues
nord de Gudamès, où l'on entre par la porte de Dara. e
C'est a la Zaouïah de Sidi '1 Ma'bed, que se rejoignent
les diverses routes partant d'El Oued on de 0)t:u'gia pour
aboutir à Ghdamès. Les puits de cette oasis ont 3 mètres
de profondeur. Le nom entier de ce point est Sidi Ma'bed
ben Djeridah.
CHAPITRE IV.
tTtNÉRAtKËS BO SAHARA OCCIDENTAL

Les itinéraires qui suivent m'ont été dictés, pendant


mon séjour au Sénégal, par nu Maure Trarza, du nom
d'Ah'med Saloum qui les avait, sur ma demande, re-
cueillis de la bouche même des voyageurs de son pays.
Le premier, de Saint-Louis à Tichit, fut suivi par deux
individus dont l'un mourut en route, peut-être de mala-
die, vers la fin de l'année 1887. Le second est celui d'une
caravane venue à Saint-Louis de Chinguit, en passant
par Tichit.
Il existe plusieurs itinéraires entre ces divers points, et
à travers les pays où ils sont situés; mais ceux que je pu-
blie aujourd'hui suivent un tracé différent et probable-
ment plus court. Aussi, j'espère que les indications qu'ils
fournissent, si maigres qu'elles soient, compléteront, sur
quelques points, les renseignements donnés parPanet('),
Vincent ('), Bou'l Moghdad ("), Bourrel (<), Mage ("),
Aliouh Sal ('), Colas 0.
(t) Bet)tM coloniale, t. V, 1850, p. ST9-4H, 47M63.
(*) Vojf<t~e<<xtt!et'<KM<t<!e<d''<tr(Bee<tea<<!Me)ttMe«otoa<<t!<MM,p.ll6-4Cl;
BmHettK <<<!<«S.M<<iM de ~e~rapMe. janvier 1861, p. S-M; Tour dtt monde, u 5)!,
IMt, 1M Bemestre), résumé dans t'Amtttttfe du .Mtt~ pour tMt, Saint-Louis, 1SM,
p. Kt.
;*) t~tfa~ ptf terre etttM !e Se~at << !e 3fat-<M'(B<!Mtemaf«[0!t << eo<mtM:e, 1861,
p. 4TS-491), r~nm~ dans t'~nttttfttfe du Sf'it~a! pour MM, p. )<
(*) Voyage dans le page des ~MrM Braht<t< (l!ee<fe ntaftHme e< coloniale, IMI,
p. 6H-545) femme daus r~tttt!M<fe du S~~at pour M94. p. 149.
~o~ ait Tagant (Revue at~Weax~ et coloniale, t. UI, 1MO, p. 1-:S) r6s)tmé
dans fAnnuadte du Sénégat, p. 159.
(') l'~tttttttatfe <bt Se<te<)t!
daoa~atHtOtre p. tM. p. UI.
pour 189t,
<!<t Set!~<tf, 1TI.
(') jBetMef~MCMetttt ~«'~f<tFAi9<te<t<tf !ft~tte Mtt<Kt!e et occidentale. Alger, 18S0,
tn-8".

t.'Afttt~SSEPTEBt'MOtfALB. t
50 MCUMENTS (.ÊOt.KAPHtQUËa

I.
Itinéraire de Saint-Louis à Tichit.
Le premier jour, on couche à Krgig, montagne où l'on
trouve quelques tamarix (~M, yaHiOt't'~a~'CM~a) après
une marche d'environ six heures.
Le nom d'Ergig peut se rattacher soit à la racine berbère
RGG (var. RJJ, RZZ) d'où provient un des noms dn
lièvre, ou encore à la racine arabe RQQ devenue R G G
daus la prononciation h'asania; ce serait le mot !'{/~(~<?)
désignant une sorte de cistinée, l'Ne~an~eMMm.<es.:<7<o-
t'ton, appelée aussi ~nt/ta~ (').
2" jour. M '~raîch (en arabe, les huttes de branchages
de tonnelles) colline couverte de tamarix.
Le nom se rencontre fréquemment dans la synonymie
géographique arabe El 'Arich, en Egypte El 'Aricha
(département d'Oran), El 'Ara'ich (Larache) dans le
Maroc.
3" jour. Après avoir passé près du puits de Tkheina, on
arrive à la montagne d'El Merya (le ~?'00'), où l'on trouve
un peu d'herbe. Le terrain parcouru est pierreux, sans
végétation.
4e jour. Campement à la montagne d'Eirech, où il y
a du bois et quelques gonatiers (en zénaga, aaana~ peut-
être du mot wolof ~onaMga).
5*'jour. On campe à Aouléiouk, puits comblé depuis
dix-sept ans il portait alors le nom de Mouley 'Ali,
cheïlih qui habitait aux environs. Aujourd'hui l'on n'y
trouve ni eau, ni arbre.
6e jour. Na'imât à partir de ce point, on entre dans
une fraction de l'Areg (dunes); il ne produit pas d'herbe,
mais des tamarix en assezgrand nombre, ainsi que des buis-
sons pareils aux jujubiers sauvages (~dMt, Zyziphuslotus).
7"jour. Au milieu de cette étape, on trouve le puits

~)Lemotrgigdésigne
eneat leFojjr«)u<t/rM<fe<t)M.
tmezygophyUce
SEPTENTRtONALE. &1
SURt/AFKtQUE
d'Kl 'Abbara et l'on campe à Tendamar. Le terrain rede-
vient piarreux et produit un peu d herbe.
8' jour. Lemhairid, petite montagne où l'on trouve de
l'eau en automne. Le mot Mt/to;)'~désigne en arabe-h'asa-
nia un terrain où l'eau pénètre et coule sous terre. Lo sol
est pierreux, sans arbre ni herbe.
9" jour. El 'Oga'ita (diminutif de 'Og!a), puits combla
depuis onze ans, auprès duquel habitait un certain Moula
loufan. Les plnies l'ont rempli peu à peu de sable. On y
voit un seul arbre, nn baobab (~aMoMMt).
10''jour. Ed'ouiat elboul, terrain pierreux on y trouve
nn peu d'herbe.
11*' jour. Tichit. Le nom primitif de Tichit, d'après
Barth('), est Chetou. Tichit pourrait être aussi le diminu-
tif du mot berbère ich, la corne. Cette ville fut peuplée
d'abord par les Masinas, fraction des Asouanek ou AzerQ,
fondateurs de l'empire du même nom qui avait pour capi-
tale Tenengou. Les Arabes(~) attribuent, suivant Barth,
sa coustruction à'Abd el Moumen, le fondateur de la dy-
nastie almohade (v° siècle de Nous ne connais-
sons pas cependant d'expéditions de 'Abd el Moumen dans
le Soudan, à moins qu'il ne faille considérer comme
telle sa campagne contre la ville inconnue de Tacha'bout
ouTassimout, après la soumission du Derâ (~).Les Oulad
Billé, d'origine arabe, vivaient dans cette ville, mêles
aux Masinas et formaient, il y a deux siècles, une tribu
puissante. Au temps de Barth, Tichit ne comptait guère

(')Xeitttt
ttxdEnMee&Mt~ettim~erj-<m<tC«t<ra!ftto,t. V,p.5t7.
Barth
(~D'&prAa (Be<Mt), tea
t. V,p.51t), Asuuauek ouAoeranmient étMcemtnx
deBvoyagenrs sonslenomdeMarka,
arabes queleurdonnent encoreamjoard'hot
lesBambaras. Lepayaoùs'etùve Nyamiua,aujourd'hui posaeaaîon etvoi*
française
8tndel'empire sur
deTidtani, le Niger, MnotHmeeneorea~oard'humarkadengott
(payadesMarktM).UsportentaussilenomdeSébé,deCaboteondeSoainke. La
eMte dominante Beratt
d'originefooiahc'eatd 'aiitettr~
du d
pay* esMMiaaoque)M
traditions dansleFoMa-Tort),
quej'aireetetUiet fontpartirte<Peuls.Laclasse
Inférieure
oomprendraitlesOuakoré, aux
apparentas Maiinkhe.
(') Ibn Kha!denn,At Marràkochi et le Qart'ae ne parlent pas de cette fondation.
0 Ibn Khatdonn, JfM<otn! <!MBe<-Mt-M, t. It, p. tTt.
52 MCtJMENTS
S&OCnAPHtQtJES
que 3,000 habitants, bicoque le Tnnza, mon informa-
tem', prétende qu'elle est plus grande que Saint-Louis.
Sa principal ressource consiste dans le commerce du
sot tire de la sebkha d'Ijil, dans la partie orientale du
Tiris ('). Barth a publié ('), comme spécimen de la langue
parlée à Tichit, nne version de la parabole de l'Enfant
prodigue.
II.
Itinéraire de Tichit à ChingaitC).
l"jour. En quittant Tichit, on traverse une plaine de
sable jusqu'à la station d'Aouleygat où campent les Kha-
lioun (?) on y trouve de l'ean, des arbres de toute sorte
et surtout des acacias (eu arabe, <*«?'« en touareg, «t$<~
au Fezzan, <jfMero<ifA,
Acaciaarabica ~]) et des tamarix. On
y cultive le henno (~<!<oso)t«t
oMt'ntts)['].
2~ jour. La seconde étape va jusqu'à un puits, près
d'une colline de sable, chez les Ida ou Aïch ("). Il y a de
l'herbe.

(') Cf. Colas, J<<))M!j~M)Mt<tt Mr M/r~Mt «ntrete. p. M.


~) ~<!<<«'&r~t th!f (texh~sa Morj)eaM))'ti~tea CMtHsca~.
(') Litinéraire do Chingnit 4 Tfehtt donuM p<tr Co)«N (RftM<<~<)!)<n<t, p. !'M8)
compte HjoMntes <e enravane t tee étapes toat Haset, EtJMeriti, etuq sMteat dane
la plaine sans ean d'E) Merla, Ogtat en Kemadt (sept puits), et cinq journées onvl-
reM dans le paya des OotM BHM.
~) 8M t'extoatton de cet arbre dans tout le Sah'ata, cf. Mon l'Africain et H.
Daveyrier,lea 2'o)M)-es«h< N<f<<; p.lM-lM.
(') Itené OaiBM nous donne tes detaih Bntvanta sur fempto) du hetne chez les
Ma~fee voisins dn Seaet~t « Le henné croit abondamment dans t'fatertenr les
Manfemes p))eMt ses fe«me~ qui prodatsont tna eontamrroage ?&)<(!) en asegapontr
teorpamre.l.ettfeMiUMcttmtptMea et réduites en pâte, cette p4te eet appliquée
sur la partie dn corps que 1*00 veut eetoretfj on ta présetnre de t'aetton de rair en la
couvrant, et ou !*arfoao sonvcnt avec de Fean dans taqneUe ou a fait macérer de 1a
fiente de eham.ao. La couleur esf cinq à six hearM à se Sxerj après eo temps, on
enlève le marc, et la partie qui a été recouverte reste teinte d'an très beaa ronge.
EUes se mettent dn henné anr les ongles, sur les pieda et dans les mains, o& ettea
se font tontes sottes de aesstns; )e n'en al jamais vu mettre à la Be;are. Cette con-
leur reste en mois sans s'aMrer et s'eNaee an bont de denx mois. C'est chez te&
Maures non senlement un très bel ornement, mais encore un u~age consaeré par la
religion pour les femmes qui se martoct. Lorsqu'on a mis to henué & nne femme,
elle s~Mte de le &i)re voir; eUe a soin, en partant, de <atro i'emarqnerses mains
et ses pied., pour .ou lui en fasse compitinent. Partont les femmes sont co-
qncttes.. (OattHe, Voyage A 'nM)tto<-<ott. Paris, 1890, S vo). tn 8°. I. B., 1.1,p. ]S8.)
(")Cf. sur les Ida ou A!eh (Donaïch, Dowateh. été.) nn article du généra)
Faidherbe dans )'~aoM<){)'e du ~Ne~o! pour 1858, reproduit <hBS les ~ttMatM des
r<n~a~M,janvtcr <849.
SUR t.'AFMQtJE SEPTENTRIONALE. M

3" jour. Mdetkhnut, 'ogia au milieu des collines de


sable couvertes d'herbe; pas d'arbres.
4° jour. Bon Sedra, puits ainsi nommé des jujubiers
sauvages qui y abondent; au milieu d'un désert pierreux,
sans arbres.
a'jour. Ifezzouiten, puits situé dans les mêmes condi-
tions que le précèdent.
6" jour. Finguir, puits peu abondant, au milieu des sa-
bles, entoure de baobabs.
7*jour. El H'aït, comme son nom l'indique, est une
enceinte, mais abandonnée, dans un désert sablonneux,
sans eau ni arbre.
8" jour. Chinguit.
D'après Panet ('), cette ville est bâtie dans une vallée
sablonneuse, entre deux collines de sables plantées de dat-
tiers on y cultive le blé et l'orge; l'unité monétaire est
la plaque de sel de 1 mètre de long sur 0'25 de large.
Panet ne lui donne que 250 à 300 âmes. Le capitaine
Vincent, d'après le voyageur Mardokhaï, compte 800 mai-
sons et 3,000 à 4,000 limes. Elle est peuplée d'Arabes et
de Maures appartenant, selon Barth ("), à la tribu des
Oulâd Yah'ya ben Othmân, comprenant les fractions sui-
vantes Oulâd 'Othmân, qui fournissent le chef de la
ville ('*), el 'Aousiat, qui parlent encore xênaga (?), Er
Redân, Oulâd bou Lah'ya, Oulâd Egchar, Ida-ou-'AIi,
qui forment le tiers de la population. La renommée de
cette ville remonterait assez haut, puisqu'elle daterait
d'un certain 'Abder Rah'mân, originaire de Chinguit, qui
parut à la cour du khalife Haroun er Rachid~). Les habi-
tants sont célèbres dans toute l'Afrique du Nord pour leur
connaissance parfaite de l'arabe ("). La bibliothèque de la
(')R<-<'t« t.Y.
MhtttMe,
(*) KetMtt und ~atdeeittm~B, t. V, p. 535.
(3) An temps de Barth et da capitaine Vtmcent, ea chef se nommait Ah'med-fat
b. Sidi Ahmed b. 'Othmàn.
(<) Barth, B«M)t M)M!~tt<<t«-iht*ty*~ (. V, p. MM~9.
~) Cf. une note de M. de Lan'Iber~, JoMt-Mt <MM<<t'<e, 1883,1.1, p. 53T. –Le<
54 DOCUMENTS SUR L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE.

mosquée d'K! Qarouin, à Fas, renferme le divan d'un


personnage désigne sous le nom de Chérif et 'Oloum Ech
Chinguiti(').
NOTE AOOtTMNNEH.E.

Le long espace de temps qui s'est écoulé entre la publi-


cation de la préface et l'apparition du volume explique
les lacunes qu'on y rencontrera. C'est ainsi que, dans
l'intervalle, l'ouvrage d'Ahmed el Yagoubi (p. 1) a été
publié une seconde fois par M. de Goeje dans sa collec-
tion des géographes arabes, de même que le livre d'Ibn
Khordadbèh; l'histoire de Mequinës d'Ibn Ghazi(p. 4)
a cté traduite par M. Hondas (Jfotto~rap~Mde Jtfe~M:-
<M:. Paris, 1885, in-8"). Pour mes itinéraires du Rif
(chapitre Y"'), je n'ai pu utiliser l'ouvrage capital de
M. Mouliéras (Le ~farocMteonnM.Paris, 1895, in-8"), non
plus que les travaux non moins importants de Queden-
feldt la Géographied'El Fezari (chap. II), qu'on attribue
à un anonyme originaire d'Almeria, a été l'objet d'une
note dans mon article sur l'UM!«c et la statue de Cadix.
(La yr<KK<M'~ avril 1892, p. 98-99, note 4.)
J'espère que, malgré ces lacunes, cette publication n'en
rendra pas moins service aux études de géographie et
d'histoire africaines.
Alger-Mustapha, 25 janvier 1898.

habitants de rA<htr<u' (Adrar) pomMent an ptna hfmt degré le sentiment re-


Hetenxettege&tde<tettrea.Mm'eatp!Mj)Mqm'ftatfemmet qui m'atent quelques
notions de lecture et d'eertttu'e. (Ootan, NsMettiMmentt, p. M.)
(') Cf. mes ~fatttMt-t~ <tt~6e«!< <!e<M!&t6!M<Mt<M< de JF<M.Atge)-, MM~ P'. tm-8"
P. 9. .< i
TABLE DES MATIÈRES

faees.
hrmomiCTtfH: t
CHAP. ). Un itinéraire arabe. De Fàs à Pjema Ghazaouat. o
CuAP. Il. Géographie d'El Fezari .14
CnAp. Ht. Itinéraires du Sahara centra). 30
CHAP.tV. Itinéraires du Sahara occtdentat. 4t<
NOTEADDn'MN~EtJ.Ë. ~4

Xancy, tmpr. Bcr~r-IiOvrantt et 6",

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