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Aurélie

Coleen
Sex Attraction

L’intégrale

Nisha Editions
Copyright couverture : Svyatoslava Vladzimirska
ISBN 978-2-37413-505-2
Have fun !

@NishaEditions

Nisha Editions

Nisha Éditions & Aurélie Coleen

Nisha Editions

www.nishaeditions.com
TABLE DES MATIERES

Présentation

1. L’inconnu

2. Bonjour nouvelle vie !

3. Harvey

4. La surprise

5. La planque

6. Un cadeau empoisonné

7. Le beau brun aux jolies fesses

8. Une visite inattendue

9. Une part de soumission

10. L’intensité de la chambre sombre

11. Le flash-back

12. L’invitation

13. La valeur du contrat

14. Retour aux sources

15. Le choix

16. La vérité

17. Jackpot

18. Flush Royale

19. Le retour du bâton

Épilogue : Le diamant brut

Remerciements

Extraits

L’inconnu

Je détaille le joli petit cul qui se trouve à mes côtés avant de le recouvrir précipitamment du drap.
Qu’est-ce que j’ai fichu ? Oh mon Dieu ! Frustrée, je mordille ma lèvre avant de quitter le lit. Il faut que
je me rince pour enlever l’odeur de la culpabilité qui m’envahit. Je m’enferme à double tour et allume
l’eau de la douche. Tandis qu’elle chauffe, je me remémore ce qui aurait dû être ma journée de princesse.
Putain, mais comment ai-je pu ne rien voir venir ?

Avant le mois dernier, j’étais une éternelle romantique. Enfin, jusqu’à ce que je me fasse planter le jour
de mon propre mariage par Jackson. Eh oui, mon enfoiré de futur époux s’est tapé ma deuxième
demoiselle d’honneur – c’est-à-dire, ma cousine Gaëlle. Après une humiliation des plus spectaculaires,
je me suis enfermée chez moi, refusant de voir quiconque autre que ma meilleure amie. Je me suis
retrouvée seule, situation jamais vécue auparavant. Après une décision des plus étranges, prise devant un
téléfilm, j’ai décidé d’arrêter de m’apitoyer sur mon sort. Je suis sortie… et revenue par je ne sais quel
moyen avec ledit mec nu !

Je m’active, me lavant rapido. Il faut que j’appelle Daisy, ma meilleure amie ; elle seule pourra me
consoler. Une fois sortie de la salle de bains, je gagne ma cuisine pour me préparer un café. Mais,
lorsque je me retourne, une tasse à la main, j’ai la surprise de découvrir Bidule – parce que je ne me
souviens pas de son prénom – planté dans l’embrasure de la porte.

– Salut !

J’agite ma main en guise de coucou, ne sachant que répondre. C’est gênant…


– Bon bah je file, c’était sympa…


J’écarquille les yeux, me sentant rougir. Merde Sarah, tu n’es plus une gamine !

– Je te raccompagne ?

Oh c’est nul ! Il doit me prendre pour une débile !

– Ne te dérange pas, je trouverai la sortie.


Il pivote sur ses talons. Son cul, moulé dans son jeans, est à couper le souffle. Mon coup est un bad boy
drôlement sexy. J’ai juste un vague souvenir de lui et moi cette nuit. Pourquoi ai-je autant bu ? Je me
précipite sur mon téléphone pour envoyer un message.

[J’ai merdé.]

Daisy me répond aussitôt :


[Chez Gina dans une heure.]


Maintenant que je me retrouve en tête à tête avec moi-même, je vois la réalité en face. Je suis seule.
Complètement seule.

J’avale sans grand intérêt mon petit déjeuner, le cœur au bord des lèvres. Je me sens trahie, salie, et en
plus, j’ai baisé avec un inconnu ! Tout va de travers !

Je traîne les pieds jusqu’au premier étage, sans grande conviction. Tandis que j’ouvre mon armoire, ma
vision rencontre les fringues de celui qui aurait dû être mon mari. Mes yeux se remplissent de larmes.
Enfoiré. Baiseur. Connard. Je me répète ces mots en boucle, mais rien n’y fait. Je tombe à genoux.
Empoigne une chemise qui lui appartient pour la fourrer sous mon nez. Inspire l’odeur du tissu, cette
fragrance formidable qui accompagnait mes jours et mes nuits depuis plus de trois ans.

Je me relève avec la force qu’il me reste et embarque avec moi le vêtement jusqu’au lit. À l’aide de
mon téléphone, j’essaie de trouver un tuto sur YouTube pour pouvoir le porter aujourd’hui. BINGO ! Je
mets un temps fou à comprendre les instructions, mais au final, le résultat n’est pas trop mal. J’enfile un
pantalon noir et mes escarpins avant de passer par la case « ravalement de façade ». Le tour est joué.
J’attache mes cheveux blonds en queue-de-cheval, utilise un peu de BB crème, de blush, de mascara et
c’est fini. Une fois parfumée, je suis parée !

J’attrape mon sac à main et mes clés. Non. Pourquoi ne pourrais-je pas conduire le bijou de Jackson,
comme il aime l’appeler ? Je m’empare du trousseau de l’Aston Martin. Ce connard n’a pas osé remettre
les pieds chez nous pour récupérer ses affaires, et c’est tant mieux. Je descends au garage comme une
furie. Ce crétin croit que je vais le laisser revenir dans ma vie… Je prends un malin plaisir à retirer la
bâche qui recouvre le bolide. Je démarre ; le moteur ronronne. Sexy ! C’est parti pour aller chez Gina. Je
m’élance – même si j’aurais dû mettre des lunettes de soleil, pour le style.

La route me paraît beaucoup moins longue qu’au volant de ma propre voiture. Je me gare dans une
ruelle à quelques mètres du restaurant. Mes jambes tremblent un peu en descendant.

En entrant chez Gina, je remarque aussitôt la touffe rousse de mon amie. Assise au bar avec un
Cosmopolitan, elle m’attend patiemment. Je m’assieds à côté d’elle sans perdre de temps.

– Sarah, chérie, tu vas bien ?


Je hausse les épaules, car en réalité, je n’en sais strictement rien.


– Si je croise cette enflure, je lui coupe les bijoux et le force à les manger.

Je glousse. Je sais que je peux compter sur elle !


J’opte pour un verre de vin blanc, plus raisonnable que la vodka d’hier. Le souvenir du goût amer me
tord les tripes. Toutefois, ça ne m’empêche pas de me jeter comme une affamée sur le ramequin de
cacahuètes.

– Alors, comment te sens-tu ?


– Comme une femme de vingt-huit ans qui vient d’être ridiculisée à son propre mariage…
– Tu ne vas pas t’infliger une dépression à la con ? Avec des soirées film et pyjama ? Ton hibernation
dure depuis un petit moment déjà…

Je glousse et bois une gorgée.


– Bien sûr que non, je suis triste d’avoir été prise pour une imbécile. Mais Jackson peut mettre sa
queue entre ses jambes maintenant, jamais je ne lui pardonnerai sa conduite.
– Rends-lui la monnaie de sa pièce !

Je la questionne du regard. Que va-t-elle encore me sortir comme connerie ? Elle est la reine des idées
loufoques.

– Ce que je te propose, c’est de t’éclater un maximum ! Sortir, faire des rencontres…


Je grimace. Elle veut me recaser ? Si c’est ça son idée, je ne suis pas certaine d’être d’accord.

– Et « s’amuser » est dans ton programme ?


Un sourire éclatant s’installe sur son visage :


– Oh purée, j’ai cru que j’allais encore devoir te servir de mouchoir. Je ne voulais pas abuser, mais si
tu veux t’amuser, je réponds oui !

Je lui raconte alors ma soirée d’hier. Elle est stupéfaite d’apprendre qu’au lieu de me morfondre, je
suis sortie prendre l’air. Quand je lui raconte pour le joli petit lot de ce matin, elle saute de son tabouret
pour improviser une danse très bizarre. J’éclate de rire tandis qu’elle commande deux autres verres.
Nous trinquons à ma nouvelle vie…

Bonjour nouvelle vie !



Daisy, qui a insisté pour me raccompagner chez moi, est maintenant plantée devant le minibar. Elle
choisit une bouteille de vin avant de me rejoindre dans la cuisine. Je prépare des pâtes. Depuis le temps
que j’en meurs d’envie ! Avec Jackson, il fallait toujours que ce soit équilibré pour qu’il puisse garder un
corps parfait. Maintenant que je suis libre, je peux me permettre de manger autant de saloperies que je
veux. Je salive à l’idée d’une pizza géante.

Une fois que tout est prêt, je nous sers une grosse assiette. Un orgasme gastronomique m’emporte. Une
fois fini, nous rejoignons le salon. J’opte pour un film d’horreur. Il ne faut pas non plus que j’abuse en
regardant un film à l’eau de rose. Je suis quand même à fleur de peau.

– Au fait Sarah, tu n’as pas précisé. Comment s’appelle le mec d’hier soir ?
– Je n’en sais rien. Et s’il me l’a dit, eh bien, je ne m’en souviens plus.
– Tu rigoles, là ? Tu ne te rappelles pas ?

Je secoue la tête. Mais aussitôt, mes cuisses se serrent. Ma conscience, elle, à l’air de se rappeler de
ma nuit. Je l’envie, car ce mec était plus que canon !

– J’espère au moins qu’il en valait le coup !


Si seulement je pouvais lui répondre ! J’ai une chance sur mille de le revoir, alors autant l’oublier tout
de suite. Il faut que je me reprenne. Je ne vais pas non plus m’attarder sur un étranger.

Je nous ressers un verre avant de m’installer confortablement. Malheureusement, la nostalgie revient


rapidement me hanter. Je me focalise sur la gourde qui court pour échapper au tueur, mais rien ne
fonctionne. Il ne faut surtout pas que je chiale. Il m’a trompée, merde ! Il faut que je me rentre ça dans le
cœur pour que la haine prenne le dessus. Gaëlle ne perd rien pour attendre non plus. Au prochain repas
de famille chez mes parents… Mon plan se met en place : finie la Sarah gentille, place à Sarah la garce.
***
Je m’allonge dans mes draps froids. Le réveil affiche 23 : 50. La nuit promet d’être longue. Je ne suis
pas fatiguée. Je fixe le miroir au-dessus de mon lit. Un vague souvenir me revient en mémoire. Celui de
l’apollon de cette nuit, en train de me donner du plaisir. Je me souviens avoir regardé toute la scène avant
de fermer les yeux pour profiter pleinement de mon orgasme.

Je soupire de frustration. Normalement, Jackson et moi aurions dû être en train de nous envoyer en
l’air. Je gonfle les joues. Comment pourrais-je m’occuper l’esprit pour éviter de me morfondre ? Coup
d’œil à mon dressing. Un sourire illumine mon visage.

Je me lève et traverse la maison pour fouiller le bureau. J’y déniche exactement ce que je veux. Je
brandis mon trésor en l’air, victorieuse. Allez, hop, il n’y a plus qu’à ! Je retourne dans ma chambre et
attrape le panier de cravates. Je vais me venger comme je peux ! Un petit bout de bleu par-ci, un petit
bout de rouge par-là… Je m’amuse jusqu’à la dernière avant de m’attaquer aux paires de chaussettes. En
imaginant la tête que Jackson tirerait, j’éclate de rire. Maintenant, passons aux caleçons hors de prix de
monsieur. Là encore, je coupe. C’est peut-être enfantin, mais au moins, je me sens un peu mieux. Quand je
m’attaque aux chemises, il est déjà plus d’une heure du matin. Je regarde autour de moi : il y a des
lambeaux de fringues partout. Je donne un coup de pied dans le tas de confettis. Jack va avoir l’air malin
quand il va recevoir mon petit colis, cette semaine.

Pour ses affaires restantes, je ne m’embête pas. J’attrape le tout et rejoins le balcon… Non, merde. Pas
de briquet pour mettre le feu. Pas grave. Une autre idée me frappe. Les photos de nous. Il faut que
j’enlève tous ces souvenirs de chez moi. Je m’attelle maintenant au découpage de mes souvenirs. Cela me
détend ! Je garde les parties où j’apparais pour foutre le reste à la poubelle. À trois heures du matin,
quand je me rallonge dans mon lit, je m’endors paisiblement, le sourire aux lèvres.
***
J’expose sans grande conviction mes idées. Je n’ai pas envie d’être ici. La soirée de la veille ne m’a
pas vraiment remonté le moral. Ce matin, en me réveillant, quand j’ai vu ce que j’avais fait des affaires
de Jackson, je me suis excusée et j’ai pleuré comme un gros bébé. Maintenant, j’ai la tête dans le cul et
les yeux qui piquent. Même conduire son Aston Martin ne m’a pas enjouée.

Cette réunion pour vendre cette crème dépilatoire de malheur qui sent le lys me tape sur les nerfs ! De
la mousse à raser et un rasoir ferait très bien l’affaire, voire une esthéticienne. De toute façon, personne
n’achètera ces pots. La patronne s’entête à contacter des clients potentiels. Le fait que les gens attendent
des nouveautés ne date pourtant pas d’aujourd’hui… Mais tant qu’elle ne se rentrera pas ça dans le crâne,
notre budget restera dans le rouge. J’ai proposé des idées plutôt novatrices, mais ça coûte une blinde.
Nous n’avons pas les fonds nécessaires. Si cette foutue crème ne se vend pas, nous ne pourrons pas
lancer un autre produit… et Golden mettra la clé sous la porte.

Lorsque la pause arrive, je suis la première à sortir. Un café. Oui, j’ai besoin de caféine pour tenir
encore deux bonnes heures. Après, je me relaxerai dans un bon bain.

J’en profite pour regarder mes mails. Un, en particulier, attise ma curiosité.

[De : Le bonheur se trouve au coin de la rue
À : Sarah Paris
Objet : Invitation
Mademoiselle Paris, mon équipe et moi-même vous invitons ce soir à un speed-dating. Venez
rencontrer des hommes à croquer à 20 h 30. Un buffet et du champagne seront mis à votre
disposition. Notre adresse vous sera communiquée si réponse positive de votre part.

Bien à vous,
Justine]

Je suspecte automatiquement Daisy d’être derrière cette invitation. Qu’est-ce que je décide ? Si j’y
vais et que je ne rencontre personne, j’aurais l’air d’une andouille. Je ne suis pas habituée à ce genre de
rencontres, surtout dans de telles soirées, mais…
***
Me voilà perchée sur mes talons de huit centimètres. J’attends, avec ma meilleure amie, que les gens
devant nous avancent. Je ne sais pas ce qui m’a pris de venir ici. Je trouve cela complètement ridicule.

– Sarah, arrête de tirer la tronche.


– Tu ne trouves pas que c’est débile ?
– Pour y participer souvent, non. J’ai eu de sacrées parties de jambes en l’air grâce à ça.

Elle lève deux fois les sourcils ; je souris. Bon OK, je vais jouer le jeu. Et puis de toute façon, si ça ne
me plaît pas, je pourrai toujours partir.

C’est enfin à nous d’entrer. Une réceptionniste nous demande notre nom. Une fois celui-ci trouvé sur la
liste, un badge en forme de cœur est épinglé au niveau de notre sein gauche. Le slogan, « Cœur à prendre
», m’amuse.

– Tu vas voir ma chérie, il y a du beau monde ici. Et surtout… il y a de la queue !


C’est enfin à nous d’entrer. J’attrape une coupe de champagne. Elle m’aidera à tenir le coup, non… ?


Harvey

J’écoute Harvey me raconter ce qu’il aime dans la vie. Je me retiens de bâiller pour ne pas le vexer.
Mais franchement, vu sa gueule d’ange, savoir qu’il promène des chiens et qu’il en a plein chez lui n’est
pas ce qui m’intéresse le plus. Finalement, j’entreprends de le charmer en lui faisant les yeux doux. Je
capte son attention en enroulant une mèche de cheveux autour de mon index. Il me détaille comme s’il
s’apercevait enfin que j’existe. Je regarde en douce le compte à rebours : dans exactement cinquante-cinq
secondes, cette maudite clochette sonnera. Si je dois repartir avec quelqu’un, ce sera avec lui. Je dépose
le badge que je porte sur la table. Gueule d’ange m’adresse un sourire sexy avant de lever une main.

– Un couple à la table 56 s’est formé. Désolée mesdames, mais cet apollon aux yeux bleus vient de
gagner le cœur de Sarah, annonce l’organisatrice.

Des souffles de frustration annoncent clairement que j’ai de la chance. J’attrape la main tendue par
Harvey. Daisy lève le pouce. Je lui adresse un clin d’œil avant de sortir de cet endroit étouffant. Une fois
sur le trottoir, je respire de nouveau. Je me retourne sur ma proie et l’attrape par le col pour poser mes
lèvres sur les siennes. Sa paume glisse le long de mon dos pour venir se poser à la naissance de mes
reins. Je suis sobre. Sentir les mains d’un autre homme sur moi est vraiment bizarre.

Ne te pose pas de questions et fonce .


Si je réfléchis trop, je ne vais jamais coucher avec lui. J’attire mon futur amant jusqu’à ma voiture.
Harvey siffle quand il la voit. Je rougis un peu sous le poids de son regard stupéfait. S’il savait !

Nous nous engouffrons à l’intérieur. Je démarre, m’engage dans la circulation. La musique, en fond,
détend un peu l’ambiance. Il faut quand même que je le prévienne d’un petit détail. Autant le mettre en
garde tout de suite. Un feu rouge me donne l’opportunité de me tourner vers lui :

– Je ne cherche rien de sérieux pour le moment.


– Je te rassure, moi non plus.

Ouf ! Je souris vraiment, cette fois-ci. Moi qui avais peur qu’il ne me lâche plus la grappe après ça !

Le reste du trajet se déroule sans heurt. Je suis à la fois excitée et terrifiée. À peine sommes-nous
entrés que Harvey me plaque contre le mur de l’entrée.

– Où est ta chambre ?
– Première porte à droite, à l’étage.

Il m’attrape en-dessous des cuisses et me porte jusqu’à elle. Son odeur enivrante me chatouille les
narines. Je glousse lorsque j’atterris sur mon lit. Harvey enlève son polo : un régal pour les yeux. Des
muscles à perte de vue s’étendent devant moi. Il s’allonge pour venir dévorer mon cou. Je m’accroche à
ses épaules, en profite pour le toucher. Je l’explore. Ce n’est pas tous les jours que mes mains auront
l’occasion de sentir un corps comme celui-ci ! Je sens son érection contre mon bas-ventre ; mon
entrejambe s’échauffe. Je jette un coup d’œil au plafond : la vue est encore plus spectaculaire. Je finis
nue en deux temps trois mouvements. Gueule d’ange se rince l’œil. Je me sens rougir.

– Tu es sérieusement bandante.

Ce sont les derniers mots qu’il m’adresse avant de descendre le dernier vêtement qui me sépare de lui.
Doux Jésus ! Quelle belle créature…
***
C’est déjà le moment pour Harvey et moi de nous quitter. J’ai pris la décision de ne pas garder
d’homme dans mon lit, cette fois-ci. Je nous évite le malaise de l’après-baise, en quelque sorte.

Une fois mon coup parti, je me laisse tenter par ce merveilleux bain, Meghan Trainor en fond. C’est
mon téléphone qui me tire de mes pensées. J’écarquille les yeux quand apparaît le prénom de Jackson à
l’écran. J’ouvre le message, les doigts tremblants.

[Ma poupée tu me manques, laisse-moi revenir, ma vie est un enfer sans toi…]

Je fixe mon portable, ahurie. Il n’est quand même pas sérieux ? J’étouffe presque en tentant de ne pas
éclater de rire. Je viens de coucher avec un inconnu, et en plus, j’ai pris un pied d’enfer. Il est hors de
question que je retourne avec lui. Je me sens bien, seule. Maintenant que j’ai goûté à la vie de célibataire,
je veux profiter au maximum. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas aussi attristée que je devrais l’être.
J’ai envie de partir à l’aventure et de découvrir plein de choses. De ne plus être dépendante de
quelqu’un, de voyager et de croquer la vie à pleines dents. Oui, je veux et vais devenir une nouvelle
Sarah…


La surprise

Fraîchement pomponnée, je profite de la douceur de la soirée en marchant sur le trottoir qui mène au
restaurant. Je me sens légère et comblée. Rien ne viendra gâcher ma bonne humeur.

Je rejoins Daisy au lieu de rendez-vous. C’est très chic. Je suis déjà venue ici par le passé avec
Jackson, mais la carte est tellement bonne que je peux faire abstraction des souvenirs. Et puis, j’en ai
d’autres, beaucoup plus croustillants à raconter. Daisy veut absolument savoir comment s’est déroulée ma
nuit d’hier. Rêveuse, je prends place en face d’elle. Mon amie plisse les yeux : je souris.

– D’après ton expression, il en avait une grosse…


– Daisy !

Je regarde autour de moi. Franchement, la discrétion et elle, ça fait deux !


– Oh allez raconte-moi, je veux du potin.


– Bon. OK. C’était… bien.
– C’est tout ?

Décidément ! Elle ne va pas me lâcher. Le serveur me sauve en venant à notre table. Je me commande
sans attendre un verre de gin. Daisy m’accompagne au martini, cette fois-ci. Je grignote les fruits secs qui
accompagnent notre attente. J’essaye également de changer de conversation :
– Je suis épuisée, au boulot ils ne lâchent pas cette histoire de crème dépilatoire.

Vu le regard lancé par mon amie, je sais que ma diversion ne fonctionne pas. Je me renfrogne et
m’enfonce sur ma chaise.

– Bon, OK. Nous sommes allés chez moi. Il avait un corps à couper le souffle : des abdos taillés dans
la roche, une langue experte et un coup de reins formidable.

Un grand sourire s’installe sur son visage. Elle est contente ! Non, mais c’est quoi cette obsession de
vouloir savoir ce qui se passe entre mes cuisses ? Jamais elle ne me posait la question au temps de
Jackson. Pourtant, sans vouloir vanter ses mérites, lui aussi savait très bien se servir de sa queue. J’étais
toujours satisfaite de nos ébats. Contrairement à lui, je suppose…

Tu supposes bien…

Tiens, ma conscience se réveille au moment où Daisy ouvre grand la bouche.


– Ne te retourne pas…

Bien entendu, je n’écoute pas. Le choc est total : Jackson est à la réception, sa secrétaire pendue à son
bras. What the fuck ! Ne pouvait-il pas amener sa poule ailleurs… ?

Le serveur revient avec nos apéritifs. J’avale mon verre comme une alcoolique en manque. Je me sens
très mal à l’aise. Il faut que je sorte d’ici ! J’attrape mon sac sous l’œil interrogateur de ma meilleure
amie. Je n’ai pas revu Jackson depuis le jour de mon non mariage. Le fait qu’il me prenne encore pour
une conne aggrave ma colère. Je me félicite de ne pas avoir répondu, hier soir. Ce porc cache bien son
jeu.

Daisy, peu discrète, m’interpelle et… c’est comme ça que, quelques secondes plus tard, et tandis que je
tente de fuir, Jackson me poursuit sur le trottoir. Je ne me retourne pas et fonce, courant presque jusqu’à la
voiture. Merde, j’ai son Aston, en plus ! Je déverrouille les portes et m’engouffre juste à temps. J’appuie
sur la centralisation au moment où une main se pose sur la poignée.

– Sarah, ouvre la portière, il faut que je te parle.


Je lève mon majeur pour lui agiter sous le nez. Je reste impassible, me sachant en sécurité. Hors de
question que je l’affronte comme ça en pleine rue.

– Baisse au moins la vitre.


Je descends sans vraiment le vouloir cette fameuse vitre de deux centimètres.


– Qu’est-ce que tu veux ?


– Te parler.
– Retourne voir ta belle !
– C’est un rendez-vous professionnel, rien de plus…
– Ma cousine n’était pas un de tes contrats, pourtant.
– Tu remets ça sur le tapis ?

Je le fusille du regard. Pourquoi je perds mon temps avec lui ?



– Merde, désolée chérie, je ne voulais pas parler de ça, excuse-moi. Tu me manques, Sarah.

C’est trop. Je ne peux pas rester là, à l’écouter me déblatérer des conneries. Il a fourré sa queue dans
une autre femme. Peut-être même plus d’une ! Impossible pour moi de le pardonner.

– Je t’envoie les quelques fringues qu’il reste chez moi et ta petite sculpture horrible demain !
– Je peux très bien venir chercher mes affaires.
– Je ne veux plus que tu remettes les pieds à la maison !
– Très bien. Je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne me laisses pas le choix.

Je referme et démarre sans répondre. Je jette un dernier regard dans le rétroviseur. Jackson reste planté
sur le trottoir. Cette fois-ci, je m’éloigne vraiment de lui.
***
J’ai un peu surestimé ma force. Ce carton est super lourd. Daisy m’a aidée à le mettre dans la voiture,
mais maintenant que je me trouve devant le bureau de poste, j’ai l’air d’une cruche à tirer dessus pour
qu’il daigne enfin sortir du coffre. Je peste et me redresse. Je vais devoir le vider un peu, sinon je suis
encore là demain. Avec quoi vais-je pouvoir couper le scotch que j’ai mis autour ? Ce n’est pas comme si
je me baladais avec un cutter sur moi ! La seule solution : la clé de la maison. Les fesses en offrande, je
fouille dans mon sac à main. Ah, la voilà ! Je recule et me heurte à quelque chose, chose qui pose ses
mains sur mes hanches. Et vu la taille des doigts, ce n’est pas une femme. Je me retire vivement de cette
prise pour tomber nez à nez avec le facteur. Quel facteur ! Super canon !

– Excusez-moi, mais si je n’intervenais pas, le petit jeune en vélo vous percutait.


Je prends ceci à mon avantage.


– Je cherchais un objet pour pouvoir ouvrir le carton que je n’arrive pas à déloger de mon coffre.
– Un coup de mains ?

Je lui souris volontiers.


– Ce n’est pas de refus.


Sans demander son reste, il file derrière la voiture. Je ne sais pas pourquoi, mais en ce moment, j’ai
sacrément du succès avec les hommes. Le facteur galère un peu, mais finalement, il parvient à extirper
mon fardeau. Je lui tends la main.

– Sarah, enchantée…
– Brent, moi de même.

Il la serre. Nous nous observons . Brent n’est pas mal du tout, dans son genre. Il m’aide à expédier
l’objet de mes soucis avant de me quitter. J’aurais bien aimé qu’il me propose de sortir. Ma journée se
serait au moins terminée en beauté.

Une fois débarrassée des affaires du porc, je rejoins la sortie soulagée. Quelle n’est pas ma surprise de
découvrir Brent en train d’attendre sur le trottoir !

– Sarah, par pur hasard, aimeriez-vous prendre un verre ?


J’accepte sans attendre. C’est ainsi que je me retrouve le soir même en belle compagnie, dans un pub
branché non loin de là…


La planque

Allongée sur le torse de Brent, je reprends mon souffle. Je viens de passer un super moment. Sa main
caresse mon dos, mes doigts effleurent son bras. Je suis épuisée. Maintenant, il faut que je trouve le
courage de m’habiller pour repartir. J’évite de penser à mon comportement, causé par la vengeance qui
me ronge de l’intérieur. Je bouge ; il me questionne.

– Tu pars ?
– Oui. Demain je me lève tôt.

Je sors du lit. Le facteur sourit quand j’enfile ma petite culotte.


– Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?


– Tu es merveilleuse, Sarah.

Je rougis sous ce compliment qui me réchauffe. Je me penche vers lui et pose mes lèvres sur les
siennes. Sa bouche suit le mouvement. Lorsqu’il m’attrape par la taille, je me retrouve sous lui en une
fraction de seconde. Il dévore mon cou. Le feu se rallume sous ses baisers. Brent caresse lentement ma
cuisse : mon souffle s’accélère. Je tire sur la racine de ses cheveux. Il grogne. Je pense que je vais avoir
le droit à un deuxième round avant de rentrer chez moi.

Il allonge le bras pour attraper un préservatif avant de se redresser. Son sexe gonflé pointe devant moi.
Je mords ma lèvre inférieure avec envie. Ma libido n’a jamais autant fonctionné que ces derniers jours.

L’homme déroule le morceau de latex sur son membre avant que son regard pétillant se pose sur ma
féminité. Il passe son index le long de ma fente. Je trésaille sous sa caresse. De son pouce, il trace de
petits cercles sur mon clitoris. Je me cambre en fermant les yeux. Les différentes sensations ressenties
avec chaque mec sont étonnantes.

Brent arrête sa délicieuse torture pour venir se loger entre mes cuisses. D’un lent coup de reins, il
s’enfonce en moi. Il est doux et fort à la fois… Son corps recouvre le mien. Une pellicule de sueur
humidifie nos peaux. Je frissonne quand sa langue trouve la pointe de mon sein droit. Il le suce, le
mordille avant de s’attaquer à l’autre. Je ne suis qu’une amante, entre ses mains. Il prend soin de moi, ne
pensant pas qu’à son propre plaisir. La pression augmente ; le feu se propage ; je me contracte. Ses
mouvements deviennent plus rapides. Je m’accroche à lui avant de jouir dans un cri libérateur. Il
s’écroule à côté de moi une seconde fois…
***
Lorsque je saisis les enveloppes que Dana me tend, je repense aussitôt à ma nuit. Je crois que je verrai
le courrier d’un autre œil, désormais. Les facteurs ne sont pas tous ringards, j’en ai eu la preuve.

Je remercie mon amie en souriant comme une andouille. Elle plisse les yeux, perplexe, alors je me
reprends. Il faut que je reste professionnelle sur mon lieu de travail. Je m’active et passe des coups de
téléphone à droite et à gauche pour obtenir le plus rapidement possible un rendez-vous avec un grossiste.
J’espère que je vais trouver quelqu’un qui acceptera de commander cinq cents produits pour commencer
notre campagne de pub.

Après plusieurs appels et beaucoup de refus, un fournisseur accepte de venir la semaine suivante. Je
souffle : enfin une bonne nouvelle ! Je vais aller me prendre un café pour fêter ça. Contente de moi, je
gagne le rez-de-chaussée. La chef va être soulagée que notre dernier produit soit enfin sur le marché.

Je descends de mon nuage quand j’aperçois Jackson, un sac à la main, en train de discuter avec la
sécurité. Merde ! Qu’est-ce qu’il fout là ? Je me planque derrière une plante plus grosse que moi et fronce
les sourcils . Il a dû prendre un jour de congé, car il est habillé d’un simple jeans et d’un tee-shirt. Je
guette ses gestes. On dirait qu’il demande à la sécurité la permission de monter. Si le gardien le laisse
passer, je vais devoir attendre qu’il redescende pour remonter. Il est hors de question que je l’affronte ici.

Mon ex-fiancé se dirige vers l’ascenseur. Cet enfoiré a réussi son coup ! Je me renfrogne, espérant
qu’il fasse demi-tour très vite en voyant que je ne suis pas là. Pour l’instant, je vais faire ce pour quoi je
suis descendue ! Je reste en retrait dans un coin de la petite cafétéria. Il faut que j’écrive un message à
Stacy pour qu’elle l’embobine.

[Envoie bouler Jackson, s’il te plaît…]


J’espère qu’elle a son téléphone sur elle !



Stacy
[Je ne sais pas ce qu’il a fabriqué, mais il vient de sortir de ton bureau, Sarah. Il redescend…]

Mon cœur ralentit. Je veux être certaine qu’il part bien. Effectivement, deux minutes plus tard, je le
vois traverser le hall central. Il n’a plus son sac. Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir dedans ? Je termine
mon café en toute sécurité, bien que perplexe, et en profite aussi pour checker un curieux mail.

[De : Rose & Blue
À : Sarah Paris
Objet : Invitation
Mademoiselle, nous avons le bonheur de vous inviter à notre speed-dating qui se déroulera
vendredi prochain. Il faudra porter quelque chose de rose. Nous espérons vous y voir. Notre
adresse vous sera communiquée si réponse positive de votre part.

Bien à vous,
Amanda]

Encore ? Sérieusement, Daisy va-t-elle m’inscrire partout où elle se rend ? Je m’en veux de l’avoir
plantée au restaurant. En plus, elle ne me donne pas de nouvelle. J’espère qu’elle me pardonnera. Il ne
manquerait plus que ma meilleure amie déserte…

Un cadeau empoisonné

Les doigts de pied en éventail, j’attends que le vernis que m’a appliqué Daisy sèche. Je suis contente
qu’elle soit venue. Je savais que mon amie comprendrait les raisons de ma fuite. J’en profite pour lui
raconter mon escapade dans le lit du facteur. Elle éclate de rire et me demande si sa queue est passée
comme une lettre à la poste. Je ne peux masquer mon amusement. Elle a de ces idées, franchement !

Une bouteille de vin plus tard, j’assume l’entière responsabilité d’être célibataire. Je clame haut et fort
que je n’aimais pas Jackson autant que je le pensais. Je réponds aussi au mail de Rose & Blue, leur
indiquant que je serai bien présente. J’adore ma liberté ! Mais je ne tarde pas à redescendre sur terre en
ouvrant le sac que mon ex a déposé au bureau. L’enfoiré est allé voir un avocat pour récupérer les biens
qu’il a encore ici. Une boîte se trouve également à l’intérieur. Je l’examine sous toutes les coutures.
Qu’est-ce que ça peut bien être ? Daisy, penchée au-dessus de mon épaule, me demande de l’ouvrir.
J’enlève le papier : un mot se trouve sous le couvercle.

Fais-en bon usage… Je t’embrasse. J.


J’écarquille les yeux de surprise devant le présent.


– C’est un sex-toy ? questionne ma meilleure amie.


Fou rire. Je reconnais immédiatement à qui appartient cette morphologie.


– Non, c’est un moulage !


Sans pouvoir s’en empêcher, elle s’en empare pour le brandir en l’air. Elle l’examine comme je l’ai
fait il y a quelques minutes.

– Ce mec est répugnant ! vocifère-t-elle.



Daisy lâche l’objet comme s’il l’avait brûlée.

Une idée soudaine me pousse à aller chercher un couteau. J’attrape l’objet en silicone et le pose du
bout des doigts sur la table.

– Qu’est-ce que tu trafiques ?


Je prends un peu d’élan et assène le coup de grâce. La lame se plante à la base. J’attrape mon portable
et demande à Daisy de me rejoindre pour un selfie. Jackson ne va être déçu du voyage. Je prends le cliché
et, sans attendre, l’envoie à l’intéressé avec une petite note.

[Tu veux jouer ? On va jouer.]


Je me sens carrément mieux, après ça…


***
J’ouvre les yeux avec difficulté. Qu’est-ce que je fiche sur mon canapé ? Je regarde autour de moi. Des
cadavres de bouteilles de vin ornent la table basse, tout comme des cartons de pizza. Un ronflement léger
accroche mon attention. Daisy a dormi ici. Je me souviens, maintenant. Mon regard se plante sur la queue
de Jackson qui décore une étagère. Mon Dieu. Glamour, cette vision d’horreur dès le réveil !

Je m’assoie lentement et tente de rassembler mes esprits. Il faut que je téléphone à mon père. Lui seul
pourra me conseiller sur la lettre de Jack. Songeuse, je me traîne jusqu’à la salle de bains afin de me
rafraîchir. Une fois que je vois à peu près clair, je redescends. L’odeur du café fraîchement coulé
chatouille mes narines. Daisy est déjà au taquet. Je l’envie. On dirait qu’elle vient d’arriver, et qu’hier,
elle n’a pas bu une goutte d’alcool.

Elle pose deux tasses fumantes sur la table et ce qui me semble être du pain perdu. J’avoue que mon
estomac crie famine. Je m’installe et, sans attendre, engloutis mon petit-déjeuner. Je suis perdue dans mes
pensées meurtrières. Jackson va payer pour son audace. Mon père est à l’origine du luxe dans lequel
j’évolue. Il n’y a que l’Aston Martin qui appartient à Jackson. S’il veut la récupérer, il va devoir pédaler
! J’en ai marre de me laisser marcher sur les pieds ! J’apprends qu’il me trompe, et aussi qu’il est
capable de m’humilier avec une pâle copie de sa queue. Il va voir de quel bois je me chauffe ! S’il savait
que j’en suis à mon troisième coup d’un soir, il serait sûrement étonné ! Hors de question de laisser les
toiles d’araignées s’installer dans mon vagin.

Je me lève brusquement du tabouret. Daisy me regarde d’un drôle d’œil.


– Ce soir, nous sortons !



Un sourire illumine aussitôt son visage. Ce soir, je pars à la chasse. Ce soir, c’est moi la star. Ce soir,
c’est moi qui rentre avec un beau gosse !
***
Le club dans lequel nous sommes est bondé. Je me trémousse sur mon siège au rythme de la musique. Je
fête mon célibat en beauté en compagnie de ma binôme de quatre cents coups. J’ai rencontré Daisy il y a
dix ans, lors d’un entretien pour être barmaid. Sa mère tenait un petit restaurant et elle cherchait
quelqu’un pour les vacances d’été. J’ai sauté sur l’occasion. Quand je suis entrée, mes yeux se sont
accrochés à ceux de cette rouquine complètement barge. Elle m’a priée de passer dans l’arrière salle et
c’est avec elle que j’ai, entre guillemets, passé l’entretien. J’ai commencé le lendemain et nous ne nous
sommes plus quittées.

Nous trinquons à ma nouvelle vie. Duele el corazon , du sexy Enrique Iglesias, fait grimper la
température sur le dance floor. Nous rejoignons la piste pour nous déhancher sensuellement. Je me laisse
emporter par la chanson lorsque deux mains se posent sur mes hanches. J’ondule en compagnie de
l’inconnu qui se trouve derrière moi. Ses doigts remontent le long de mes flancs ; je frissonne. Il faut que
je me retourne pour voir celui qui danse merveilleusement bien. Je pivote… et rencontre un regard que je
connais bien. Je rougis. Le beau brun aux jolies fesses, qui squattait mon lit il n’y a pas si longtemps, me
toise. Il passe la pulpe de son pouce sur ma lèvre inférieure. Hypnotisée, j’enveloppe son cou de mes
bras. Sa chaleur et son odeur sont de vrais aphrodisiaques. Je me laisse aller…

Le beau brun aux jolies fesses



Les battements de mon cœur ne sont pas réguliers. Si ça continue comme ça, l’inconnu va finir par s’en
rendre compte. J’ai un peu de mal à suivre le mouvement, mais le fait de sentir ses mains sur mes reins
me change les idées. J’ai bien envie de l’embarquer chez moi encore une fois. Juste pour me rappeler de
lui, cette fois-ci.

Son souffle caresse mon oreille. Je me retiens de respirer. Mon entrejambe palpite. Mon dessous en
dentelle me démange. Je passe les bras autour du cou du beau brun. Lui, descend ses mains sur mes
fesses. Je déglutis sous sa caresse. Bon Dieu Sarah, lance-toi ! Je passe lentement mes ongles sur son dos.
Un son exquis sort de sa bouche. La température monte d’un cran. L’homme glisse une jambe entre les
miennes. Bonté divine, pourquoi sommes-nous coincés dans ce fichu lieu ?

– Détends-toi, Sarah.

Au moins, lui se souvient de mon prénom ! Je recule pour observer ses lèvres tentatrices. Je salive à
l’idée de l’embrasser. Je me dresse sur la pointe des pieds. Il enserre ma taille pour me maintenir avant
de poser sa bouche sur la mienne. Son goût mentholé ravive mes sens lorsque sa langue passe entre mes
lèvres pour caresser doucement la mienne. Je suis quasi-certaine d’avoir gémi. Il cesse tout mouvement
pour m’entraîner hors de la piste. Bientôt, je me retrouve à califourchon sur lui, derrière ce qui me
semble être un rideau rouge.

– Où sommes-nous ?
– Ne t’inquiète pas, personne ne viendra ici.

Il m’attire à lui une seconde fois, plus vorace. La paume d’une de ses mains enveloppe mon sein droit.
Je hoquette et ondule sur son membre déjà bien dur sous son jeans. J’espère que Daisy ne va pas me
chercher : j’ai besoin de le sentir une seconde fois en moi. Il faut que je me souvienne de ma nuit fantôme.

La fermeture zip de ma robe glisse le long de mon dos. Je le laisse me déshabiller lentement.

– Toujours aussi bandante, à ce que je vois.


Je souris. Il dégrafe mon soutien-gorge pour libérer ma poitrine qui pointe déjà de désir. Il s’empare de
mes tétons pour les rouler entre ses doigts. J’ai chaud. Malgré le bruit dérangeant, je ne veux pas que ça
s’arrête. Je suis dans un état second.

Je passe son tee-shirt par-dessus sa tête. Je ne me souvenais pas du tatouage sur son torse. Du bout des
doigts, je trace les contours des muscles de son ventre. Le beau brun contracte à mon toucher : je suis aux
anges. Il a ce qu’il faut là où il faut, c’est indéniable. Je m’attaque au bouton de son pantalon avec envie.
Je suis surprise de voir qu’il est nu en dessous.

C’est carrément trop hot !


Je me lève une fraction de seconde pour qu’il puisse descendre son vêtement. La vue est
impressionnante ! Ses doigts courent sur mes cuisses ; j’empoigne son membre. Il inspire difficilement
sous mes va-et-vient. Ma petite culotte, dernier rempart de tissu l’empêchant de me toucher, est malmenée
par ses doigts habiles. Elle craque sous sa force. Qu’est-ce que c’est érotique !

– Le O formé par ta bouche m’excite. Je m’enfoncerais bien autre part que dans ta petite chatte
trempée…

Il me renverse sur la banquette sans me laisser répondre.


– Mais j’ai trop envie de te baiser, alors nous verrons ça la prochaine fois. D’après le dicton, « jamais
deux sans trois »…

Achevée-moi tout de suite ! Je crois que je vais jouir sur le champ. Cette voix grave est un délice pour
mes sens. Sans perdre un instant de plus, il introduit ses doigts en moi. Je me cambre quand son pouce
rejoint mon clitoris. Il masse mon point sensible avec une pression maîtrisée, dont apparemment lui seul a
le secret. Il en existe à la pelle, des handicapés du massage clitoridien. Mais lui mériterait une réputation
de légende. Je suis chanceuse. En plus, il m’a parlé d’un troisième rendez-vous…

Je me laisse aller, fermant les yeux. Soudain, ce ne sont plus ses doigts qui me torturent, mais sa langue.
Il aspire ou mordille. Je ne sais plus où j’en suis. Je pose ma main sur ma bouche. Il m’est de plus en plus
difficile de me taire. Il titille encore et toujours ce qui causera ma perte ce soir. Mes jambes se resserrent
autour de sa tête. Dans un geste viril, il m’empêche de fermer les cuisses. Je suis offerte comme je ne l’ai
jamais été auparavant. Je ne peux plus me retenir : je me libère en jouissant sur sa langue. Bonté divine,
qu’est-ce… ?

– Je suis trop fort !


Je le regarde bêtement, sans comprendre. Il me sourit et reprend le dessus pour venir m’embrasser une
nouvelle fois. J’essaye de comprendre, mais mon esprit est brouillé. Mon amant s’arrête près de mon
oreille et suçote mon lobe. La chair de poule galope sur mon corps nu.

– Tu as la particularité de jouir comme une déesse, Sarah. J’ai encore réussi à trouver ton point
sensible. Je parie que tu ne savais même pas que tu étais une femme fontaine ? Est-ce que j’ai tort ?

Je ne peux que secouer la tête face à cette annonce. Je suis surprise par cette particularité. Attendez une
minute ! Pourquoi ne le suis-je pas avec les autres ? Pourtant ai-je autant pris mon pied ? J’arrête de
réfléchir au moment où sa queue se présente fièrement à moi. D’un mouvement de bassin, il s’empale
jusqu’à la garde. Je suis encore plus surprise de le sentir enfin. Je ne peux plus nier, après cette partie de
jambe en l’air complètement torride dans cet endroit bourré de monde, qu’il est le meilleur coup que je
n’ai jamais connu. Je n’aurai jamais pensé tenter cela un jour. Je me découvre… et je m’effraie.



Une visite inattendue

Mains enlacées, nous rejoignons la table que j’ai désertée afin de m’enfuir avec mon apollon. Comme
je l’avais prédit, Daisy ouvre grand la bouche. Je suis un peu mal à l’aise, parce qu’elle comprend que je
me suis envoyée en l’air. Je panique. Comment faire les présentations ? J’ai encore un trou de mémoire
quant à son prénom. Mon amant adresse un signe de tête discret à mon amie. Puis il se penche à mon
oreille :

– Je dois partir, mais tu me reverras bien assez tôt.


Il dépose un baiser sur ma tempe. Je rougis encore tandis qu’il me quitte. Je me retourne pour le
regarder s’éloigner. J’ai un pincement au cœur de le voir disparaître à travers la foule. Quand je suis
certaine qu’il n’est plus dans mon champ de vision, je pivote et éclate de rire. La vache, je crois que je
suis déjà en manque de ce type ! Je me rassois et en tape cinq à ma meilleure amie.

– Je te perds trois minutes et tu couches avec le premier venu ?


– Tu n’y es pas du tout ! C’est lui le cul sexy que j’ai retrouvé dans mon lit !
– Tu déconnes ?
– Pas du tout !

Elle approuve en levant son verre. Je trinque une dernière fois avec elle. Je suis heureuse. Je me sens
femme.
***
Je suis sur un petit nuage depuis que je me suis levée. Pour la première fois depuis des lustres, j’ai
rêvé cette nuit, allant au bout de mes aventures nocturnes. Une douce sensation de chaleur enveloppe mon
cœur. Rien ni personne ne pourra pourrir ma journée. Au programme ? Pour commencer, appeler ma
mère. Elle décroche très rapidement.

– Sarah, quelle bonne surprise !


– Salut maman, tu vas bien ?
– C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça.

Je perçois un soupçon d’inquiétude dans sa voix, ce qui me chiffonne. Je sais qu’elle est déçue de ma
séparation. Peut-être même plus que moi.

– Comme sur des roulettes ! Au fait, ne rassemblerais-tu pas toute la famille dimanche prochain ?
– C’est une excellente idée !

Je savais qu’elle ne refuserait pas. Ma mère est une adepte des repas familiaux. Mon plan se met en
marche.

Je raccroche quelques minutes plus tard, très fière de moi. Puis j’envoie un message à mon père pour
lui demander de venir cet après-midi. Un ménage de printemps s’impose : il est temps de tout chambouler
! Je verrai bien mon canapé à une autre place, à côté de la bibliothèque, par exemple. L’espace n’est pas
ce qui manque, ici. Je voudrais me concocter un petit coin douillet pour l’hiver prochain.

Le son de l’interphone ne tarde pas à m’interrompre. Mon père est en avance. Son sourire et la fierté
que je peux lire dans ses yeux ne faiblissent pas. Il a toujours été là pour moi. Il me comprend. C’est
grâce à lui si je mène une vie paisible. Je suis sa seule fille et lui est le seul homme de ma vie. Je me
souviens de sa réaction quand il a su que j’allais épouser Jackson. Il s’est enfermé dans son bureau pour
visionner des vidéos de moi enfant. Il a en quelque sorte fait son deuil, à sa manière.

Je le prends dans mes bras. Son étreinte me rassure.


– Bonjour, papa.

Il me rend mon accolade tout en frottant mon dos. Je sais qu’il est inquiet, car je ne lui ai pas dit grand-
chose, au téléphone.

– Je vais bien, entre.


Nous nous installons dans la cuisine, autour d’un café. Je lui mets aussitôt la fameuse lettre sous le nez.
Pendant ce qui me semble être des heures, il l’étudie mot à mot. Je triture mes cuticules, espérant que
cette raclure n’aura le droit à rien. L’auteur de mes jours repose enfin la feuille pour inspirer
profondément.

– Bon, voilà ce que je te propose. Les lieux t’appartiennent depuis que tu es toute petite, c’est écrit noir
sur blanc. Cette propriété est tienne, à ta guise d’en faire ce que tu veux. Ceci dit, afin d’éviter les
problèmes, il serait mieux de lui rendre sa voiture et ses biens.

Si ce n’est que ça ! Il n’a qu’à prendre ce qu’il a payé.


– En tant que notaire, je ne peux pas agir davantage si ce n’est établir une liste. As-tu toutes les factures
de ce qui est à son nom ?
– Oui, elles doivent être dans un des tiroirs du buffet.

Il n’y a que vingt-six factures au nom de Jackson dans le dossier des dépenses effectuées ces trois
dernières années, pour des broutilles sans valeur.

– J’embarque ça avec moi et je te rapporte ça demain. Je te tiens au courant, ma chérie. Je suis désolé
qu’il ait osé te trahir. Inutile de passer devant les tribunaux, vu que tu ne portes pas son nom.

Il est plus de dix-huit heures trente lorsque mon père me quitte. J’irai bien me rafraîchir, mais
l’interphone se met une seconde fois en marche. Je n’attends pourtant personne… ? J’active la caméra,
mais les vitres teintées de la voiture m’empêchent de voir qui est mon visiteur.

– Si vous ne vous montrez pas, je n’ouvrirai pas. C’est une propriété privée, ici.

Lorsque je découvre l’identité du conducteur, je reste tétanisée. Mon cœur bat la chamade.

Il est revenu.



Une part de soumission

Je me regarde dans le miroir du couloir en grimaçant. J’ai l’air d’une paysanne, avec mon bandeau sur
la tête. Mon beau brun aux jolies fesses va bientôt arriver. Je suis autant excitée qu’une gamine à Noël !
Je n’aurais jamais imaginé qu’il reviendrait chez moi, ni le revoir si tôt. Je devrais même avoir peur de le
faire entrer. Après tout, je ne sais pas qui il est. Mais ce n’est pas le cas : il dégage de lui une assurance
jamais vue.

J’entends la portière de sa voiture claquer à travers le bois de la porte. Mon cœur accélère et mes
cuisses se resserrent. Les paumes de mes mains deviennent moites. Le léger coup frappé m’arrache un
sursaut.

Ses yeux verts ne tardent pas à me transpercer. Je rougis. Jamais je n’aurais pensé qu’un homme comme
lui franchirait le seuil. Il avance d’un pas pour m’enlacer.

Quelle chaleur…

Ses lèvres sont aimantées par les miennes. Il recule sans rompre notre contact. De son pied, il referme
la porte avant d’attraper mes fesses à pleines mains. Je fonds comme neige au soleil. Il met fin à notre
baiser torride en tirant sur ma lèvre inférieure avec ses dents. Je reste plantée comme une imbécile tandis
qu’il recule.

– Bonjour Sarah.
– Salut.

Je lui adresse un sourire crispé. Je m’en veux à mort de ne pas avoir retenu son prénom. Je fouille ma
mémoire, mais non, toujours aucune putain d’idée. Je vais avoir l’air d’une conne si je lui demande
maintenant. Il ramasse et me tend un bouquet de fleurs que je n’avais pas remarqué.

– Elles sont magnifiques, merci.


J’inhale l’odeur des roses avant de partir à la recherche d’un vase. Je ne me souviens plus de la
dernière fois ou un homme m’en a offert.

Lorsque je propose quelque chose à boire à mon inconnu, sa réponse est immédiate.

– J’ai soif de ton corps.


Surprise, je comprends immédiatement le double sens de sa requête. Il approche ; je recule et heurte le


mur. Je suis coincée dans une voie sans issue. Ma seule porte de secours se trouve sûrement à l’intérieur
du jeans du mâle qui guette chacune de mes réactions en léchant ses lèvres.

– Tu m’obsèdes. J’ai envie de m’enfoncer dans ta petite chatte trempée.


Je ravale ma salive. Pour être mouillée, je suis mouillée ! Ma petite culotte doit même se demander ce
qu’il se passe ! Ses mots m’électrisent. Sobre, je suis beaucoup moins à l’aise. Savoir qu’il peut me
donner du plaisir à m’en arracher les cheveux me pousse à tenter un pas vers lui. Je pose ma paume sur sa
joue. Il ferme les yeux. Quand ses paupières se relèvent, le feu et la noirceur ont pris possession d’eux. Il
est chasseur ; je suis sa proie. Sans aucune retenue, il fait sauter les boutons de mon chemisier. L’air
quitte mes poumons. Je suis impatiente qu’il me touche. Ses doigts traversent mon cou pour venir dessiner
le contour de mes seins. Ils poursuivent leur chemin vers mon ventre qui se contracte de désir.

– Je bande. Déshabille-toi.

Impatiente, j’obtempère sans demander mon reste. Sa voix tonne des ordres, mais je ne retiens que sa
demande. Son regard prédateur se pose sur mon string humide. Un sourire fend son visage. Il me demande
d’avancer vers lui.

– Mets-toi à genoux.

Le carrelage froid mord ma chair. Lentement, il ouvre son pantalon. Je suis dans un autre monde. Je
salive quand il me présente sa queue rigide.

– Prends-la en bouche et suce-moi.


J’attrape la base de mon plaisir avant de faire courir ma langue le long de sa verge. Son gland rejoint
ma bouche. Je suis affamée. Son sexe gonfle au fur et à mesure de ma succion. Son goût salé prouve son
excitation. Je lève les yeux pour voir son expression. Sa bouche à moitié entrouverte et son torse qui se
soulève sont un spectacle délicieux.

– Montre-moi que tu es une vraie femme.


Il attrape mes cheveux pour enrouler mes longueurs autour de son poing. Il imprime un rythme soutenu,
que je suis avec l’irrésistible envie de me toucher. Je glisse mes doigts sous mon string, effleurant
l’excitation qui dévale mes cuisses. C’est déstabilisant de savoir qu’il est capable de me mettre dans un
tel état.

Il accélère encore et encore. Il baise ma bouche avec avidité. Sa jouissance l’emporte bientôt. Je
prends tout ce qu’il m’offre sans perdre une miette du spectacle…
***
Même si je souffre, je souris au plafond de mon salon. Je viens de jouir deux fois dans une même partie
de jambes en l’air. C’était… sensationnel.

Je me tourne pour regarder l’homme magnifique qui se trouve à mes côtés. Lui aussi semble apaisé. Je
suis aux anges. Je suis en train de vivre la meilleure, la plus folle des expériences. À cette heure-ci, si
Jackson ne m’avait pas trompée, je n’aurais jamais découvert cette facette de ma personnalité… Celle
d’une femme comblée par le sexe et par cet inconnu. J’ai un petit remord en repensant à mon mariage
bâclé. Sans ça, je ne serais pas repue comme je le suis en ce moment. C’est quand même assez dingue : je
préfère de loin ma nouvelle sexualité. Dorénavant, je crois que je regarderai plus loin que le bout de mon
nez.

Je soupire. Mon beau gosse tourne la tête vers moi.


– On va prendre une douche ? me demande-t-il.


– Si c’est ce-que tu veux, tes désirs sont des ordres.
– Attention, je vais y prendre goût. J’ai des visions salaces de moi en train de te donner des ordres et
c’est franchement cochon.

Je glousse avant d’embrasser son torse. Lorsque je me lève, nue, pour traverser la pièce, je sens sur
moi un regard brûlant. Mon amant lâche un juron. Il bondit pour me rattraper dans les escaliers, me
fessant au passage.

– Bandante et aventurière, j’adore.


Finalement, nous optons pour un bain. Je le rejoins sans perdre de temps, une fois que la mousse ne laisse
plus apparaître l’eau…

L’intensité de la chambre sombre


C’est la tête ailleurs que j’attends avec Daisy devant le lieu de notre speed-dating. Je n’ai aucune
nouvelle de mon beau gosse depuis une semaine. N’était-ce qu’une baise parmi tant d’autres pour lui… ?
Notre troisième fois était-elle un adieu ? J’espère que non ! Je désespère à l’idée de ne plus le revoir.
J’ai envie de retourner en boîte de nuit pour essayer de le trouver.

C’est à notre tour d’entrer. Daisy récupère nos badges. Je souffle en l’épinglant sur mon gilet. Nous
sommes dirigées vers une table ou trônent toutes sortes de friandises et du champagne. Il me faudra
encore un verre pour affronter cette soirée. Je ne voulais pas venir, mais ma meilleure amie m’a traînée
de force. Comme je suis une fille bien élevée, et que je ne suis pas du genre à me défiler, je l’ai suivie. Il
faut que j’avance. Je me suis apprêtée. Sait-on jamais : peut-être bien que je réussirai à oublier mon
inconnu le temps d’une baise.

Deux coupes plus tard, je suis assise devant un petit gros qui s’essuie le front toutes les dix secondes
tant il transpire. Le petit ding retentit : je suis soulagée… avant qu’un autre prenne la relève. Au bout de
trois candidats, je suis déjà blasée. Je bâille, mais réponds en souriant poliment. J’évite de regarder vers
Daisy, qui doit sûrement me fusiller une centième fois du regard. Je ne prends même pas la peine
d’observer celui qui vient de s’asseoir en face de moi. J’ai eu mon lot pour la soirée. Et ça tombe bien,
car lui aussi est silencieux. Ça reposera mes oreilles qui n’en peuvent plus d’entendre que le chat de
Robert s’appelle Minet et que le chien de Gabin s’appelle Robin. Je voudrais être dans mon lit pour
repenser à mon apollon qui ne reviendra jamais.

– Tu t’ennuies, Sarah ?

Je trésaille sur ma chaise et relève les yeux une fraction de seconde. Un sourire narquois. Des billes
vertes qui me dévorent… Mes cuisses se resserrent instinctivement sous la table. Mes yeux savourent la
vision. Je bloque sur le badge. Vincent. Mon inconnu à un prénom ! Alléluia !

– Vincent ? Mais que fiches-tu là ?


– Je suis venu à ton secours, comme tu peux le voir.

Il lève le bras. L’organisatrice annonce aussitôt notre couple.


– Viens avec moi.


Sans même réfléchir, je me lève et attrape la main qu’il me tend. Mon cœur endommagé exécute des
loopings, mon cerveau exécute la danse de la joie .

Une fois dehors, il me plaque le long du mur en briques. Je gémis ; il grogne. J’ai besoin de lui. Son
absence m’a peinée. Je me suis senti perdue. Pourtant, lui et moi ne nous connaissons pas. Quand il
délaisse ma bouche, je suis en transe. J’ai envie de sentir sa peau contre la mienne, que ses doigts me
caressent, qu’il me marque encore une fois avec puissance. J’ai le cœur qui palpite… C’est un coup de
foudre. Je suis sienne.

Vincent attrape mon menton sans douceur.


– Je ne sais pas ce que tu foutais ici, mais crois-moi Sarah, tu n’y reviendras plus jamais.

La stupeur doit se lire sur mon visage. Vincent serait-il jaloux ? Je mords ma lèvre sans pouvoir m’en
empêcher. Je le provoque. Il me malmène en m’attirant vers une voiture rouge vif. Vincent m’ordonne de
monter. Encore heureux que je ne sois pas venue avec la mienne !

Après avoir bravé la circulation, nous nous arrêtons dans un hôtel. Je suis déçu qu’il ne m’amène pas
chez lui. J’ai du mal à le suivre avec mes escarpins de malheur. Très vite, nous entrons dans un ascenseur.
Dès que les portes se referment, je me retrouve plaquée contre la paroi. La morsure qu’il prodigue à mon
cou incendie mon bas-ventre. Je passe mes bras autour de son cou.

– Qu’est-ce que tu veux Vincent ?


– Me perdre dans ta petite chatte…
– Pourquoi es-tu venu me chercher ?

Le « ding » l’empêche de me répondre. Il évite la conversation en me soulevant pour me jeter sur son
épaule. Je glousse. Il ouvre une porte avant de me déposer au milieu d’une chambre de couleur sombre.
Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Le lit, seul meuble, est en plein milieu de la pièce. Je reste muette.
C’est si glauque que je manque de grimacer. Une inspiration dans les cheveux plus tard, mes fesses se
retrouvent collées à son sexe dur.

– Je te propose trois nuits par semaine pour commencer.


– Commencer quoi ? réponds-je, stupéfaite.

Il me déstabilise en caressant mes hanches.

– Si tu veux que nous deux, ça fonctionne, accepte…


– Qu’insinues-tu ?
– Si tu assouvis mes envies les plus tordues trois soirs par semaine, je sortirai avec toi.

Ce ne serait pas du chantage, ça ? Je réfléchis à toute vitesse. La semaine sans le voir était trop dure à
supporter.

– Je marche.

Je le sens sourire derrière moi. Je déglutis.


– Maintenant, allonge-toi sur le lit et mets-toi sur le ventre.


Je m’exécute, le souffle court. J’ai des crampes tant j’ai envie de lui. Comme si un millier d’aiguilles
s’enfonçaient dans ma peau… Je ne sais pas ce qu’il compte faire de moi. Je suis impatiente. Je sais qu’il
est derrière moi, mais j’aimerais savoir ce qu’il fiche. Je pivote légèrement. Vincent n’a plus son haut :
j’en profite pour examiner avec attention son torse parfait et son tatouage.

– Qu’est-ce qu’il se passe ?


– J’attendais que tu désobéisses. C’est chose faite. Maintenant, je vais pouvoir m’amuser avec toi…

Le flash-back

Quatre jours maintenant que je retrouve Vincent en sortant du travail. Je suis plus que contente qu’il ne
me laisse pas comme la dernière fois. Il est très fermé et ne raconte presque rien sur lui, mais ça me plaît
assez. Il ne se livre que quelquefois. Je sais sa date d’anniversaire, qu’il a deux frères et une sœur et
qu’il est un passionné de boxe. Il a promis de m’amener voir un match d’ici quelques semaines.

En parlant du loup. Il m’attend, comme à son habitude, devant mon lieu de travail. J’essaie de ne pas
courir vers lui. Appuyé sur le capot de sa voiture, en jeans et veste en cuir, il a tout du mauvais garçon.
Daisy prétend qu’il est nocif, alors qu’elle ne le connaît pas. Pour le moment, j’estime qu’il est encore
trop tôt pour les présentations. Tandis que j’arrive à son niveau, Vincent m’attire vers lui pour
m’embrasser. Comme toujours, je perds mes mots quand ses yeux verts me regardent avec tendresse. Je
crois que je suis en train de tomber amoureuse de cet homme.
***
Ce soir, j’ai préparé un chili. J’ai suivi à la lettre la recette de ma grand-mère. J’espère que mon invité
aimera. Tiens, en y repensant… Dimanche, ma mère m’a encore conviée à déjeuner. Je me renfrogne : si
je pars toute une journée, est-ce que je retrouverai Vincent en rentrant ? Je pourrais peut-être lui
demander de m’accompagner ? Après tout, nous sortons ensemble. Enfin, je crois… ? C’est très flou et
essayer de lire en lui s’avère très compliqué. Je suppose qu’il m’aime bien aussi. Il se montre très tendre.
Mais que va croire ma famille si j’invite un homme deux mois seulement après mon mariage raté ? J’ai
tellement peur qu’ils pensent que je profite de la situation… Non. C’est Jackson qui m’a trompée, pas
l’inverse.

– À quoi songes-tu ?

Je sursaute quand Vincent pose ses mains chaudes sur mes épaules. Il me masse légèrement, alors je me
détends immédiatement. Après tout pourquoi ne pas tenter ? Je m’éclaircis la voix.

– Ma mère organise un barbecue dimanche. Si tu as envie de venir…


– Bien sûr, quelle question ! Je te dois bien ça !

Il s’assoit en face de moi. J’ai le droit, en prime, à un clin d’œil sexy. C’était plus facile que ce que je
pensais. Il m’épate de jour en jour. Super contente de sa réponse, je m’empare de mon portable pour
prévenir ma mère. Un texto fera l’affaire, sinon elle me posera tout un tas de questions…
***
Nous sommes sur la route qui mène chez mes parents. Depuis ce matin, j’ai l’estomac dans les talons.
Vincent rit de mon anxiété. J’aimerais être comme lui. Il se fout de tout, même de rencontrer ma famille.

– Ce sont des gens qui ont engendré une créature sublime, je ne peux que les apprécier.
– Tu vas endurer un interrogatoire en règle.
– J’y répondrai. Je ne vais pas m’enfuir, Sarah…

Bingo, il a compris tout seul comme un grand. Il pose sa main sur ma cuisse. Je souris. J’espère que ma
mère se contiendra. Je l’ai prévenue, mais je la connais. Jackson avait subi la même chose la première
fois que je l’ai présenté. Non, il ne faut pas que je pense à lui. Maintenant, je suis avec Vincent et c’est
mieux ainsi. Il est mystérieux, mais au moins, il me comble.

Nous arrivons devant ma maison d’enfance. J’observe le verger qui s’étend à perte de vue. J’adore cet
endroit. Nous nous aventurerons dans le domaine, immense, après le repas. Une petite galipette au fond
du petit bois serait parfaite, comme dessert… Je rougis de mes pensées. Nous ne sommes pas encore
descendus de la voiture que ma mère est déjà sur le pas de la porte, son sublime tablier autour de la
taille. Elle aurait quand même pu travailler sa tenue vestimentaire ! Je lui montre mon mécontentement
quand j’arrive à sa hauteur, mais elle n’a honte de rien. Elle m’attrape et m’embrasse bruyamment sur les
deux joues. Je recule très vite et me retourne vers un Vincent très amusé par la situation.

– Je te présente ma mère, Séréna.


Il lui tend la main, qu’elle accepte sans rechigner.


– Enchanté, Madame Paris.


J’essaie de ne pas rire quand je vois ma mère le détailler de haut en bas. C’est vrai que Vincent n’est
pas vraiment le genre d’hommes que je fréquente habituellement. Mais elle revient rapidement sur terre,
nous demandant d’entrer pour rejoindre le reste de la famille sur la terrasse. La main que pose Vincent
dans le bas de mon dos, pour me faire avancer, m’embrase instantanément.

Nous traversons la cuisine transformée en champs de bataille pour atteindre l’autre côté de la maison.
Je m’arrête net quand je vois la longue chevelure de celle qui a fichu en l’air mon mariage. Ma mère, à
côté de nous, s’empresse de déguerpir. Vincent, sentant mon trouble, se penche à mon oreille.

– On dirait que tu viens de voir un fantôme. Tu te sens bien ?

Je ne sais quoi répondre : il n’est pas au courant pour ma maudite aventure. Je fronce le nez et secoue
positivement la tête, lui indiquant que tout va pour le mieux.

Une fois les présentations faites, j’avale cul-sec le verre que me tend mon père. J’en redemanderai
bien un autre, mais c’est loupé : Vincent m’attire contre lui pour enfouir son nez dans mon cou.

– Calme-toi, Sarah. Ne bois pas trop d’alcool. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’espère bien que tu
vas cracher le morceau.

Je déglutis et recule pour planter mes yeux dans les siens. Sur la pointe des pieds, je l’étreins et pose
ma bouche sur la sienne. J’ai besoin de son contact. Il faut que je me rattache à ce que je ressens et non à
l’envie d’étrangler cette pétasse qui doit sûrement être en train de nous regarder. Quand je lâche mon
homme, je suis troublée par son expression.

– Désolé, je ne voulais pas me donner en spectacle, murmuré-je, embarrassée.


Je me confonds en excuses, ce qui amuse beaucoup les autres. Sauf Vincent, qui m’entraîne subitement
à l’écart. Une fois à l’abri des regards, il me plaque doucement le long d’un tronc d’arbre. Je mords ma
lèvre : si jamais il décidait de me faire l’amour maintenant, je ne refuserais pas.

– Que se passe-t-il ? Tu n’es pas comme d’habitude depuis que nous sommes ici.
– Il n’y a rien, je vais bien.
– Alors pourquoi fusilles-tu du regard la jolie blonde ?

Mon sang ne fait qu’un tour. Je le repousse pour m’éloigner de lui. La jolie blonde ! Non mais lui aussi
veut se la taper ? J’envoie un coup de pied rageur dans une pomme qui traîne à terre. Si mon aventure
capote par sa faute, je la tue de mes propres mains ! Quelle salope !

Deux bras encerclent ma taille pour me retenir. Je me débats, mais rien n’y fait : je suis piégée.

– Sarah arrête d’être si tête de mule ! Bon sang, j’essaie juste de comprendre…

Silence. Je ne peux pas lui raconter la plus grande honte de ma vie.


***
J’observe mon reflet. Ma robe de princesse est exceptionnelle. Importée d’Italie, elle a été réalisée
sur mesure par les plus grands pour que je sois la plus belle des mariées. J’ai hâte que Jackson me
voie… et qu’il découvre ce que je porte en dessous.

Je ferme les yeux. Prends une inspiration. Un coup contre la porte, me sort de mes pensées. Mon
père entre avant de s’immobiliser sur le seuil.

– Tu es magnifique, ma chérie.

Je me retiens de pleurer et l’enlace.


– Je suis fier de toi.


Il me lâche et me donne son bras. Je glousse en l’attrapant : il est temps pour moi de faire ma
grande entrée !

Je commence à paniquer devant la mairie. Je me pose la question que tout le monde doit sûrement se
poser. « Suis-je prête à me marier ? ». Les invités m’attendent déjà.

Aucune trace de Jackson. Il est pourtant censé être là… ? Je supplie mon père de m’accorder encore
cinq minutes. Je dois me reprendre !

Je suis seule dans la voiture. Même ma mère ne vient pas me voir pour me demander ce qu’il se
passe. Je souffle un bon coup avant de sortir. J’ai si peur…

Au moment où j’entre sur les lieux de la cérémonie. Je m’excuse auprès de mon père et prétexte qu’il
me faut encore deux minutes de solitude. Je fouille un peu la mairie. Mais, en passant devant une
pièce, une voix familière arrête ma course. Je pousse légèrement la porte et reste interdite par ce que
je discerne à l’intérieur. Jackson a le pantalon sur les chevilles. Est-il en train de se faire tailler une
pipe ? Le coude posé sur la tête d’une statue, il ne se doute de rien. Je ne perçois pas le visage de la
fille à genoux et personne d’autre que moi ne remarque ce qui se déroule sous mes yeux, ils sont dans
un recoin. La scène se passe cependant très vite. Alors que le maire m’interpelle pour me prévenir
qu’on va commencer, Jack a déjà remonté son froc. Il file par une porte dérobée, en entraînant par la
main Gaëlle, ma cousine. Je plaque la main sur ma bouche et décide de me reprendre comme je peux,
comme si je n’avais rien vu. Ils vont me le payer !

Je suis tout sourire devant le maire. J’écoute son discours avec impatience. J’ai hâte qu’il arrive à
la fin. Alors, il pose LA question. Je regarde Jackson droit dans les yeux. Il me dégoûte tant il joue
bien la comédie ! Pas une once de culpabilité n’est visible sur son visage. Quand la réponse sort de
ma bouche, il se décompose enfin. Je me retiens de pleurer et me retourne vers Gaëlle, qui me
questionne de regard. Lorsque je lui lance mon bouquet, elle hésite à le rattraper, jetant un coup d’œil
circulaire.

Je me souviendrai toujours de mes mots, amers et déterminés.


– Je suis désolée de vous avoir invités pour rien. Mais j’ai une raison valable pour ce refus ! Eh oui.
Ma super cousine, ici présente, vient de tailler une pipe à mon ex-futur époux dans la salle attenante.
N’est-ce pas dégueulasse ?

Silence de mort. Seul le bruit de mes talons sur la pierre résonne, ainsi que la voix de Daisy qui
m’interpelle…

L’invitation

Nous sommes assis autour de la table. Mon père m’a vraiment sauvé la mise en nous appelant pour
déjeuner. Vincent me scrute, mais j’évite de regarder dans sa direction. La bonne humeur est au rendez-
vous. Gaëlle est partie, mais ce n’est pas pour autant que je me sens mieux. Je vais avoir le droit à un vrai
questionnaire quand je me retrouverai seule avec Vincent. C’est bien ma veine ! Je pensais pouvoir au
moins lui cacher cette partie de ma vie.

Je trouve l’occasion de discuter avec ma mère au moment de débarrasser la table. Mon père a
embarqué Vincent pour lui montrer la salle ou trône le billard qu’il a fabriqué lui-même. Je pose les
assiettes dans l’évier avant de me tourner vers ma génitrice.

– Pourquoi l’as-tu invitée ?


Elle comprend immédiatement.


– J’ai pensé qu’elle pourrait voir que tu vas bien.


– Ce n’était pas une raison. C’était humiliant devant Vincent. Je ne le fréquente que depuis peu et il
n’est pas au courant.
– Je suis désolée ma chérie, je ne voulais pas…

Je ne sais décidément pas ce que je veux. Moi qui désirais clouer le caquet de ma cousine… La
situation s’avère plus douloureuse que prévue. Je plante ma mère et retourne dehors. Je dois souffler un
peu avant que mon père et Vincent réapparaissent. Si seulement c’était simple de pouvoir avouer ce genre
de choses… J’ai envie de vivre d’autres aventures et ce n’est pas en ressassant que j’avancerai. Vincent
est un homme adorable, mais je ne le connais pas plus que ça. Je ne sais même pas ce qui m’a pris de
l’amener ici. Mon assurance et ma confiance en moi se sont tellement dégradées depuis le drame… Je
suis pardonnable. Si demain Vincent part pour ne pas revenir, je laisserai tomber la gent masculine pour
de bon !

J’enlève mes sandales et avance dans la pelouse. La sensation me détend et la petite brise qui vient
caresser mon visage me redonne un peu de souffle. Je me retrouve autour de la pâture où, gosse, je
montais à cheval. Ce temps est révolu. Le dernier étalon de mon père a rendu l’âme il y a quelques mois.
J’ai toujours voulu vivre à la campagne. J’espère qu’un jour, je pourrai m’acheter une maison. Celle que
j’ai héritée de mon grand-père est très belle, mais beaucoup trop grande pour moi. Et puis, les murs sont
témoins de tellement de moments partagés avec Jackson que moins j’y suis, mieux je me porte.

Un craquement attire mon attention. Un petit sourire aux lèvres, Vincent approche.

– Comment m’as-tu trouvée ?


– Ton père m’a prévenu que tu serais sûrement ici.

Ah papa, tu me connais par cœur. Je l’ignore pour m’asseoir sur le banc d’appoint fabriqué par mon
cadet. Je m’y installe et tapote la place libre. Vincent me rejoint ; j’entrelace nos doigts. Son pouce
caresse délicatement le dessus de ma main. Silencieuse, je pose ma tête sur son épaule. Il inspire mon
odeur lentement, ce qui rougit mes joues. Je ne sais pas s’il se rend compte qu’il me séduit chaque
seconde un peu plus.

La nature qui nous entoure est paisible. Nous ne parlons pas. C’est rassurant de savoir qu’il ne m’en
veut pas pour mon petit dérapage de ce midi. Bon, d’accord je ne vais pas échapper à ses questions, mais
il a le mérite de s’abstenir de tout commentaire pour le moment.

– Sarah ?
– Hum ?
– Tu as déjà fait l’amour dans un pré ?

J’éclate de rire et tourne la tête vers lui. Ses yeux sont rieurs. Je lui flanque un petit coup dans les
côtes.

Crétin.

Je me relève et me défais de ma robe. Je m’agenouille devant lui. Son regard devenu sombre est
équivoque. J’espère que mes parents ne vont pas venir nous chercher. J’aurais l’air fine !

Je passe mon index sur le renflement déjà bien voyant de son pantalon en lin. Il est vraiment sexy, les
bras croisés, à attendre l’air de rien. Son petit côté « je suis innocent » est craquant ! Quand je le prends
entre mes lèvres, les muscles de ses jambes se tendent. Ma paume caresse délicatement sa verge pendant
que ma langue s’occupe de son gland. Il respire fort. Sa main se loge dans mes cheveux pour tirer sur mon
chignon. Je redresse la tête.

– Viens t’asseoir sur moi, Sarah.

Vincent m’attire à lui pour m’embrasser sauvagement. Mon amant repousse mon string pour se lover
dans ma moiteur. Je me cramponne à lui pour pouvoir bouger. Ses doigts s’enfoncent dans la chair de mes
fesses. C’est tellement nouveau et bon à la fois… ! La peur d’être surpris décuple mon plaisir. Je me sens
transportée. Mes gémissements s’envolent avec le vent. Sans me retenir, je jouis en mordant dans l’épaule
de Vincent. Mon excitation laisse une trace chaude le long de mes cuisses. Lui aussi se libère.
***
Coup de klaxon. Nous voilà enfin repartis de chez mes parents. Nous sommes restés avec eux pour le
dîner. J’avoue être beaucoup plus détendue qu’à mon arrivée. J’ai encore appris des choses sur mon
partenaire, ce soir. Il ne s’est en aucun cas senti gêné quand ma mère lui a demandé de se présenter.

Je tourne la tête vers lui. Vincent est concentré sur la route. Pensif, même. Shawn Mendes, Treat You
Better, sort des enceintes. Comme je pousse la chansonnette, il augmente le son. Je me mets à danser sur
le siège en chantant. Me lâcher enfin me procure un bien fou.

– Tu es tellement belle…

J’arrête de respirer. Il connait vraiment les mots pour séduire une femme. Je le remercie d’une petite
voix avant de me figer, surprise. Il tourne dans une rue que je ne connais pas.

– Où m’emmènes-tu ?
– Chez moi.

Chez lui ? J’évite de montrer à quel point je suis excitée. Il se gare rapidement devant un immense
immeuble.

Nous prenons l’ascenseur en silence. Je crois qu’il est nerveux, lui aussi. Quand les portes s’ouvrent et
que nous nous retrouvons dans le couloir, il inspire nerveusement en glissant une main dans ses cheveux.

– Je n’ai jamais amené de femme ici, confesse-t-il avant de m’inviter à entrer.



La valeur du contrat

Debout dans la pièce principale, je regarde partout autour de moi. L’appartement est tout ce qu’il y a de
plus simple et masculin. Un petit côté luxueux est présent, sans être trop ostentatoire. C’est à l’image de
son propriétaire. Rien à voir avec Jackson qui sent le fric à plein nez !

Je suis un peu perturbée d’être ici. Je sens qu’il y a un malaise entre lui et moi. Si aucune femme n’a
jamais vu son espace personnel, c’est que je dois s’en doute être importante pour lui. Je sais très bien
qu’il est loin d’être un homme sage, mais j’évite d’y penser. Sinon, je m’enfuirais en courant en pensant
qu’il possède lui aussi une face cachée. J’ai envie d’y croire, d’espérer qu’il n’est pas comme les autres.

Une photo attire mon attention. Un portrait de famille. Je m’abstiens de faire deux pas en avant pour
l’observer de plus près. Vincent se racle la gorge ; je tourne la tête vers lui.
– Veux-tu quelque chose à boire ?
– Oui, merci

Il me laisse seule et prend la direction de ce qui me semble être la cuisine. J’attends qu’il revienne,
mais au bout de quelques minutes, je m’inquiète de ne pas le revoir venir. Je m’aventure à l’aveugle, mais
en passant devant un bureau, une photo sur l’écran de l’ordinateur attire mon attention. Je n’ose pas
rentrer, mais j’y discerne une blonde. Je fais demi-tour, perturbée par sa ressemblance avec moi. Je
retrouve Vincent, penché sur une table en verre. Il semble… perturbé ? Ça me chagrine de le voir comme
ça. Je m’avance vers lui. Il ne semble pas m’avoir entendue, trop perdu dans ses pensées. Je pose mes
doigts sur son avant-bras, mais son regard voilé me déstabilise. Non, je ne suis pas la première femme à
être rentrée ici. Je dirais plutôt que je suis la deuxième plus importante de sa vie. Je déglutis à m’en faire
mal tellement la boule dans ma gorge est grosse. Je recule d’un pas. Lui se redresse.

– Sarah …

Je secoue négativement la tête. Je ne veux pas qu’il m’approche.


– Laisse-moi au moins t’expliquer !


Aucun mot ne veut sortir de ma bouche. Je continue de secouer la tête et de reculer. Il m’a pris pour une
andouille ou quoi ? Je ne suis pas conne, je ressens ces choses ! Je ne suis pas à ma place, ou plutôt, je ne
veux pas prendre la place d’un fantôme qui hante encore les lieux !
– Je ne veux plus te voir, sors de ma vie !

Je fuis. Mes yeux me brûlent quand je franchis la porte d’entrée. Il ne me retient pas, ce qui confirme
ma théorie. Pour lui, je ne suis qu’un pion de plus. Humiliée, me sentant affreusement mal, je hèle un taxi.
Heureusement pour moi, il s’arrête. Je monte rapidement et lui indique l’adresse de Daisy. Pas envie de
rentrer chez moi.

Une fois que la course est payée, je rejoins avec désespoir la porte de mon amie. Je laisse longuement
mon index sur la sonnette. La lumière s’allume : ouf, elle est réveillée ! Daisy ouvre et me permet
d’entrer aussitôt, sans me poser de questions. Il faut que je reprenne mes esprits. Elle préfère s’asseoir
sur la table basse.

– Qu’est-ce qu’il t’a fait ?


Elle prend une voix douce pour ne pas me brusquer. Je crois que le contrecoup de mon mariage raté
s’ajoute à la déception de ce soir. Les hommes sont-ils tous des connards, ou c’est juste moi qui les
attire… ? Non, parce que là, je vais finir par croire que je suis maudite !

– C’était merveilleux, jusqu’à ce que je remarque dans ses yeux que j’étais sûrement la pâle copie de
son ex !
– Tu déconnes ?
– J’aimerais bien…
– Quel enfoiré !
***
Pendant ce temps, chez Vincent
Putain, je suis le roi des cons ! Pourquoi a-t-il fallu que je la ramène ici au lieu d’aller directement
chez elle ? Qu’est-ce que j’ai cru ? Bordel, ce petit bout de femme a su, en une fraction de seconde, lire
en moi au moment où je baissais ma garde.

Troisième coup de poing dans mon sac de frappe. En transe, je préfère démolir ce truc plutôt que de me
bousiller les phalanges dans un mur. J’enchaîne les mouvements avant d’attraper ma barre de traction. Je
croise les chevilles et tire sur mes bras, maltraitant mon corps. Je ne sens plus les muscles de mes biceps
quand je retombe sur mes pieds. Je n’aurais jamais dû accepter ce contrat à la con, la séduire et la jeter
était le deal ! Ce sont les femmes qui tombent sous mon charme et non l’inverse si je veux récolter le
pognon !

J’enchaîne les pompes. Mon esprit est brouillé par le souvenir de son corps offert au mien. Je suis
égoïste ! Ma rage est telle que je me relève pour aller chercher mon portable. Il faut que je téléphone à
l’enfoiré qui m’a contacté. Je m’en branle totalement qu’il soit plus de 23 h 00. J’appelle une première
fois, puis une seconde. Il décroche enfin.

– Allô ?
– C’est Vincent Mayer.
– Avez-vous vu l’heure ?
– Elle m’a échappé !
– Quoi ?

Je l’entends bouger, puis une porte se refermer. Sa voix n’a plus rien d’un chuchotement quand il
reprend la parole.

– Vous vous foutez de ma gueule ?


– J’aimerais bien …

Je ricane. Cette raclure m’engueule alors qu’il était sûrement au pieu avec une salope.

– Réparer votre merde comme c’était convenu.


Je serre mon portable avec force pour éviter de l’envoyer chier.


– Je pense que …
– Arrêtez de penser, vous n’êtes pas payé pour faire ça. Si jamais elle ne me revient pas, je ne vous
rémunère pas.

Quel connard ! Je coupe court à la conversation en raccrochant. Dans quel merdier me suis-je encore
fourré ? Elle va me jeter si je retourne la voir. Je vais laisser passer quelques jours pour réfléchir à un
plan.

Est-ce qu’elle vaut un million ? Je n’en sais foutrement rien.



Retour aux sources

Je squatte parmi les meubles de Daisy depuis deux jours, étant incapable de vivre seule. La visite chez
Vincent me reste en travers de la gorge. J’ai encore du mal à y croire. Je ne suis qu’un objet pour lui ! Il
avait pourtant l’air de vouloir être plus qu’un plan cul… !

J’ai les yeux gonflés et le nez rouge. Heureusement, ce sont les vacances. Je ne sais pas comment
j’aurais pu justifier mon état. Je tourne en rond comme une lionne en cage. J’ai envoyé ma meilleure amie
me chercher des affaires, mais elle n’est toujours pas revenue. J’ai tellement mal au cœur. Son regard me
hante. J’aurais dû me douter qu’un homme comme lui n’était pas sérieux ! Bon sang comment ai-je pu être
aveugle à ce point ? Ce n’est quand même pas difficile de dire : « Je suis en couple » ! Après Jackson et
cette déception, je ne suis pas prête pour de nouvelles aventures. Les mâles se prennent pour des dieux,
alors que ce sont des connards ! J’ai été aveuglée, comme une débutante, car j’y ai cru ! C’est plutôt moi,
la conne, dans l’histoire…

La porte s’ouvre brusquement. Daisy entre avec une valise aussi grosse qu’elle.

– Je ne savais pas ce que tu voulais alors, j’ai embarqué un peu de tout et de rien.

Je la remercie et fonce directement à la salle de bains. Il est temps que je me reprenne, et surtout, que
je passe sous la douche. Je ne sais pas combien de minutes je reste enfermée, mais quand j’en sors, je me
sens beaucoup mieux. La petite robe bleue que je porte et que j’avais oubliée dans mon dressing y est
sans doute pour quelque chose. J’enfile mes sandales compensées et rejoins mon amie, installée dans le
salon. Elle lâche le magazine qu’elle est en train de feuilleter pour adhérer à mon changement.

– Ça te dit de prendre un verre ?


J’approuve. Elle attrape ses clés : nous voilà en route pour décompresser.

Je détache ma queue-de-cheval quand nous arrivons sur les lieux où notre amitié a commencé. Jolie
solution pour me remonter le moral, Daisy ! Éloigner la ville et les soucis pour un retour aux sources !
Une heure et demie de route pour être écartée des problèmes, ça valait la peine.

Quand nous entrons dans le restaurant, la mère de Daisy en lâche son verre pour couvrir sa bouche de
sa main. Elle enlace rapidement sa fille. Je suis émue par leurs retrouvailles : il est vrai que Daisy n’a
plus le temps de venir la voir depuis qu’elle travaille en ville. Vient mon tour d’être câlinée.

– Qu’est-ce que vous m’avez manqué, les filles.


Elle recule pour mieux nous regarder.


– Et qu’est-ce que vous êtes belle ! s’exclame-t-elle. Venez vite vous asseoir, je vais préparer quelque
chose. Vous devez être mortes de faim !

Nous nous installons dans le fond de la salle 2.


– Merci de m’avoir amenée ici.


Mon amie attrape ma main pour la serrer dans la sienne. Son geste me fiche les larmes aux yeux.

– Purée, ce mec t’a complètement retourné le cerveau. J’ai l’impression qu’il t’a davantage blessée que
Jackson, souligne-t-elle avec un petit sourire triste.
– Je ne sais pas ce que je ressens vraiment, c’est flou pour moi.
– Tu es amoureuse, sans aucun doute !

Je me sens rougir, ce qui, évidemment, ne lui échappe pas. Elle a raison : je suis sous le charme et ce,
depuis le jour où je l’ai trouvé nu à mes côtés.
***
Dans le véhicule de Vincent, pendant ce temps-là

Pourquoi ai-je suivi cette voiture ? Je n’en sais foutrement rien. Quand elle est descendue du véhicule
de son amie et que je l’ai aperçue, mon sang n’a fait qu’un tour. J’avais envie d’aller la trouver pour la
foutre sur mon épaule et l’amener loin d’ici. Maintenant, j’ai l’air d’un con à attendre qu’elle sorte de ce
petit resto. J’ai eu beau chercher mes mots pendant ces deux derniers jours, je ne sais pas comment lui
expliquer ma conduite. Je ne vois qu’une seule solution : lui raconter la vérité. Mais pour cela, je dois
faire preuve de tact et de délicatesse. Premièrement, elle va me prendre pour un fou d’être venu ici. Je
sais que je devrais me barrer, mais je n’y arrive pas. J’inspire et cramponne mon volant avec force. Je
DOIS lui parler !

Je descends et marche lentement jusqu’à la porte de l’établissement. Lorsque j’entre enfin, seule une
clochette pendue au-dessus du seuil annonce ma visite. Une femme d’une cinquantaine d’années passe la
tête par l’ouverture de la cuisine. Je la salue et m’installe au bar. Merde, je ne la vois pas. Où est Sarah ?
***
Sarah
Au même moment

La mère de Daisy arrive toute guillerette à notre table, assiettes dans les mains. Mon amie la
questionne du regard : elle sourit encore plus.

– Vous auriez dû vous installer en salle 1, un homme charmant vient d’entrer. Je vous laisse, je vais
m’occuper de lui.

Nous éclatons de rire avant qu’elle parte.



– Ma mère et ce charmant Romuald… grimace Daisy
– Elle devrait passer à l’action. Depuis le temps… !
– Je me demande si elle lui apporte toujours des petits plats, le midi, au garage…

– Mangeons, on ira voir si elle a la tête dans les nuages quand il est là.

Une fois le repas fini, je me cale au fond de ma chaise. La mère de Daisy prépare toujours les
meilleurs burgers de la Terre, il n’y a pas de doute.

Nous nous levons pour rejoindre, telles deux espionnes, la première salle. Je me fige. Vincent, et non
Romuald, sirote une bière. Comme s’il possédait un radar, il pivote au même moment. Nos yeux ne
s’évitent pas : la collision est douloureuse. Je recule, mais il bondit pour venir se planter devant nous.
Daisy doit être aussi choquée que moi, car elle n’ouvre pas la bouche.

– Qu’est-ce que tu fiches ici ?


– Il fallait que je te voie, Sarah.

Je me tourne vers mon amie qui le fusille du regard. Elle comprend que je dois absolument avoir une
explication avec lui. Elle marmonne quelque chose qui ressemble à « cinq minutes ». Je la sais capable
de revenir armée, accompagnée par sa génitrice.

Je gagne la sortie, suivie de très près par Vincent. Une fois dehors, je m’installe en terrasse. Je ne vois
pas pourquoi je devrais m’éloigner plus. L’enfoiré prend place en face de moi. Je n’ose pas le regarder.
La douleur est encore plus forte maintenant qu’il est devant moi. Je n’ai heureusement pas le temps d’en
placer une. Déjà, il prend la parole.

– Je suis désolé.
– De quoi es-tu désolé ?
– De ma conduite de l’autre soir.
– Tu aurais dû me dire que tu partageais ta vie avec quelqu’un, ça m’aurait évité de souffrir !
– Qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai personne !
– Mais… et la photo ?
– La tienne ? Sur l’ordinateur ? C’est… compliqué.

L’information parvient jusqu’à mon cerveau, mais je n’arrive pas à y croire. C’est un mensonge. Les
hommes sont tous les mêmes.

– Je ne sais pas pour quelle raison tu as effectué tout ce chemin, mais ça ne servait à rien.
– Parce que tu hantes mes nuits…

Mon pouls accélère. Il est vraiment très fort. Reprends-toi Sarah, reste sur tes gardes !

– Écoute, je ne suis pas dupe. Les hommes dans ton genre, j’ai donné. Maintenant, laisse-moi
tranquille.
– C’est-à-dire ?
– Oublie ce qu’il y a eu entre nous. C’était sympa, mais c’est terminé !

Je recule ma chaise, mais il m’empêche de partir en posant sa main sur la mienne.


– Et toi Sarah ? Tu n’as pas quelque chose à m’avouer ?


– Cela te servirait à quoi, de connaître mon passé ?
– Je comprendrais mieux pourquoi tu détestes les hommes.

Il marque un point !

– Si je te raconte, tu me promets de partir et de me ficher la paix ?


Il approuve d’un signe de tête. Même si je ne lui dois rien, j’accède à sa demande.


Le choix

Vincent

Je n’aurais jamais osé imaginer ce qu’elle a vécu. Être humiliée le jour de son mariage, ce n’est pas
cool. C’est le moins qu’on puisse dire. L’enfoiré qui me paye pour la blesser est en réalité le premier à
lui avoir fait du mal… C’est juste dingue ! J’envisage un petit entretien avec lui : si je lui brise une côte
ou deux, je ne pense pas qu’il y verra d’inconvénients… Si ?

Je ne suis pas totalement pardonné de mon côté. Je vais d’abord régler mes problèmes avant de dire la
vérité à Sarah. Elle est spéciale pour moi. En général, je ne procure du tort qu’aux femmes qui le
méritent. Mais elle…

Je me gare devant le bar esprit « taverne » pour rejoindre ma taupe. Il est, comme à son habitude,
installé à la même table. Je m’assois. Il glisse une enveloppe vers moi : je la mets immédiatement dans
ma poche.

– Tout y est ?
– Oui.

Je lui laisse l’argent avant de partir. Une fois chez moi, je me sers un verre et découvre en détails
l’ancienne vie de Sarah et son ex.

Sarah

J’ai un peu de mal à me remettre de la visite surprise de Vincent. Je voudrais le croire, vraiment… Que
fiche-t-il pour qu’il ne puisse rien me divulguer ?

Je me pose un tas de questions. Impossible pour moi de fermer l’œil. Après être revenue, je suis
passée chercher mes affaires avant de rentrer chez moi. Je ne sais pas ce que j’attends à deux heures du
matin, mais le calme plat me laisse un goût amer. Je choppe mon téléphone : rien à l’horizon. Je repousse
les draps et attrape une veste au passage. Il faut que je le voie !

Je monte dans ma voiture et m’engage dans la ville. Pas facile de me remémorer la route. Si je ne me
trompe pas, après ce feu rouge, je n’aurai qu’à tourner à droite pour être devant chez lui.

Je reconnais l’immeuble dès l’instant où j’arrive devant. Le seul hic ? Je ne possède pas le code pour
rentrer. Je cherche « Mayer Vincent » sur l’interphone. Après un rapide coup d’œil, ne voyant pas d’autre
prénom que le sien, j’appuie.

– Oui ?
– C’est Sarah.

Le petit bouton rouge de la porte vire au vert. Je souffle de soulagement : il ne me laisse pas dehors.
J’emprunte le même trajet que la dernière fois. Lui m’attend devant l’ascenseur. Il ne porte qu’un pantalon
de pyjama noir et un tee-shirt.

Canon .

Ma respiration accélère. Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai qu’une envie : lui sauter au cou ! Je fourre
mes mains dans les poches de mon short. Ce n’était peut-être pas une bonne idée de venir.

– Désolée de débarquer à cette heure-ci.


Sa seule réponse est de m’attraper pour poser ses lèvres sur les miennes.

Vincent

Ses jambes enroulées autour de moi et son cul rebondi contre mes paumes me rendent dingue. Je la
plaque le long du mur du couloir et referme la porte à l’aide mon pied pour éviter que les voisins se
posent des questions. Nous nous embrassons comme des fous. Nos langues se mêlent et nos dents
s’entrechoquent. Il faut que je m’enfonce en elle, et vite. J’ai les sens en ébullition.

Rapidement, nous gagnons ma chambre. Sarah hoquette quand je nous fais basculer sur le lit. Je ne peux
m’empêcher de prendre un instant pour la regarder. Elle est tellement belle… Je ne vais pas rater
l’occasion de la posséder encore une fois.

Je la déshabille doucement. Cette nuit, je n’ai pas envie d’être celui qu’elle connaît. Je veux qu’elle me
découvre en gentleman. J’embrasse sa peau douce au fur et à mesure que j’enlève ses vêtements. Sarah
frissonne. Ses tétons se dressent : j’en prends un en bouche pour l’aspirer. Mon autre main parcoure
l’épiderme de son ventre pour s’infiltrer en dessous de l’élastique de sa petite culotte. Je caresse
lentement ce qui causera ma perte ce soir. Mes lèvres remontent le long de son cou avant de mordiller sa
mâchoire et de reprendre possession de sa langue. Je plonge mon index en elle sans qu’elle ne s’y
attende, ce qui me vaut bientôt un gémissement d’approbation de sa part. Je sens déjà son excitation
couler le long de ma main. J’enlève mes doigts pour les porter à ma bouche. Sans me quitter des yeux,
Sarah mord sa lèvre inférieure. Et ? Elle me surprend en repoussant mon épaule pour venir se mettre au-
dessus de moi. La caresse que me procure son corps contre le mien est enivrante. Elle se frotte
ouvertement contre moi. Aucune gêne ne se lit sur son visage : elle est femme et assume de prendre du
plaisir. Je place mes mains sur ses hanches pour l’arrêter un instant. En une fraction de seconde, nous
sommes nus.

– Laisse-moi te posséder…

Elle approuve d’un léger signe de tête avant d’empoigner ma queue. Elle s’assoit avec douceur, jusqu’à
être comblée. La sensation est divine lorsqu’elle se met à bouger et coulisser sur moi sans aucun effort.
Sa chatte est mon nirvana …
***
Enroulée dans mes draps, je la regarde dormir paisiblement. Cette nuit est magique. Hors de question
qu’elle se termine. Je crois que j’y ai pris beaucoup trop goût pour la laisser filer. Je ne dois pas tomber
amoureux de mes contrats, mais celui-ci tient mes bijoux de famille entre ses mains. Je m’incline. Je suis
pris à mon propre jeu. Maintenant, je dois la protéger.

J’attrape les documents que j’ai laissés en stand by sur mon bureau pour chercher à nouveau ce qui me
permettrait de piéger ce salopard. J’ai la tête ailleurs, mais si je veux me débarrasser de lui rapidement,
je n’ai pas le choix. Sarah pourra être vraiment tranquille quand je me serai occupé de lui.

J’apprends qu’il détourne de l’argent. Intéressant. Avec ça, je peux le coincer. Preuves à l’appui, il ne
pourra pas prétendre que je mens. Voilà pourquoi la mise à prix du contrat était autant alléchante… Il ne
se prive pas pour entuber ceux qui font des affaires avec lui. Japon, Canada, Australie : ce mec vole du
fric partout. Je me sens mal de le savoir. La femme qui dort dans mon lit allait se marier avec un escroc
coureur de jupons. Des photos de lui, femmes pendues à son bras, accompagnent le dossier. Je reconnais
aussitôt la blonde qui était là au barbecue. Je comprends mieux pourquoi ma Sarah n’allait pas bien…

Un courrier particulier attire mon attention. Une lettre d’avocat. Il lui réclame une partie des biens et
une Aston Martin flambant neuve. J’ai vraiment de quoi avoir la haine envers ce type. Je fourre tout dans
le tiroir et le ferme à clé. Je vais rejoindre ma belle et essayer de me reposer …

Sarah

Un sourire étire mes lèvres. Quand j’ouvre les yeux, je découvre Vincent tête sur ma poitrine, bras
autour de ma taille. Je le regarde dormir paisiblement, me remémorant notre « première fois ». J’évite de
glousser quand je me revois cacher ses fesses et perdre le contrôle. Tout a complètement changé et je ne
regrette absolument rien ! Jackson peut aller se rhabiller ! De toute façon, il m’a sortie de sa vie et c’est
mieux ainsi. Je vais signer le papier pour ce qu’il réclame. Je serai vraiment débarrassée de mon passé.

Est-ce que je pense à un avenir avec Vincent ? Oui. J’aimerais bien que ça dure entre nous, c’est
certain. Il me cache autre chose qu’une femme et j’espère bien découvrir ce que c’est…


La vérité

Aujourd’hui, je reprends le travail. L’entreprise ne m’a pas manqué, surtout après les vacances que j’ai
passées aux côtés de Vincent. Il a insisté pour que nous restions dans son appartement pendant une
quinzaine de jours. Je me suis sentie comblée. Avoir vu autre chose que mon immense maison vide m’a
reboostée !

Je salue le vigile et la standardiste avant de prendre l’ascenseur. Une fois à mon étage, je retrouve mon
amie cachée sous une pile de dossiers. Elle sourit en m’apercevant.

– Tu es enfin revenue !

Elle se lève pour me serrer dans ses bras. Son accueil me réchauffe le cœur.

– Oui, je suis prête à affronter le nouveau dossier.


– Si je ne me trompe pas, c’est un produit pour les vergetures…

Je lève les yeux au ciel. Super ! Ils ne peuvent pas, pour une fois, préparer un déodorant ? Ma claque
des crèmes !

Un petit signe de la main en guise d’au-revoir et je file retrouver mon bureau. Je suis à peine installée
lorsque j’aperçois ma supérieure m’observer à travers la vitre.

– Bonjour Lolita.
– Bonjour Sarah. Heureuse de te revoir parmi nous.

Je m’assois et allume mon ordi, inquiète qu’elle ne parte pas.


– Un souci ?

Elle se racle la gorge et place ses deux mains à plat devant moi.

– Que dirais-tu d’une nouvelle idée, un souffle d’air frais ?


– Je ne te suis pas… ?
– C’est simple : je voudrais que tu travailles avec moi sur un parfum. Quelque chose d’inédit qui
remonterait les fonds de l’entreprise. Cette crème pour les vergetures, je ne la sens pas.

Je fronce le nez. Elle prend place sur la chaise d’en face et commence à mettre ses idées en place. Je
prends note, proposant parfois les miennes. De la couleur à la senteur, tout y passe. Le projet, à la fin de
notre entretien, me paraît plutôt convaincant. Je pense que Lolita a choisi la bonne personne. Me confier
ce dossier prouve qu’elle a confiance en moi. Je me mets au boulot sans perdre de temps.
***
En fin d’après-midi, je ne peux pas m’empêcher de téléphoner à Vincent.

– Salut créature sublime.


– Salut idiot, gloussé-je.
– Que me vaut l’honneur de ton appel ?

Je lui raconte ma journée avec enthousiasme.


– Tu vas assurer princesse !



Je n’ai pas le temps de lui répondre : mon portable s’envole de mes mains. Jackson, comme surgi de
nulle part, se tient au-dessus de moi. Je peux sentir son souffle alcoolisé et son regard accusateur. Je
recule d’un pas, observant mon ex débraillé.

– Bonjour Sarah !

Sa voix pâteuse est acerbe. J’ai comme l’impression que je ne devrais pas être là et lui non plus.

– Qu’est-ce que tu fabriques ici ?


– Je suis venu récupérer ma femme.

Je trésaille.

– Tu es saoul ! Fiche-moi la paix ! Va retrouver Gaëlle !



Il attrape mon bras avec force. Je me retrouve projetée contre lui. Son odeur m’écœure. J’essaie de me
débattre, mais je suis impuissante. Il est beaucoup trop fort ! Sa bouche arrive près de mon oreille. Je
ferme les yeux.

– Ce mec que tu te tapes depuis toutes ces semaines, il bosse pour moi. Tu n’es qu’une pute de plus
pour lui.

De quoi me parle-t-il ? Vincent ne bosserait certainement pas pour lui, il est beaucoup trop protecteur
envers moi.

– Tu es cinglé ! Lâche-moi !

Il me bouscule et me tend une enveloppe avant de disparaître. Je replace la sangle de mon sac à main
sur mon épaule avant de récupérer mon téléphone. Super, il est bousillé ! Perturbée par la démonstration
de force et par ses paroles, je gagne mon véhicule d’un pas rapide.

Vincent

Je roule comme un cinglé jusqu’au domicile de Sarah. Elle ne répond à aucun de mes appels. Je suis
obsédé par l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose. Je veux savoir pourquoi elle m’a raccroché au
nez alors qu’elle semblait contente. J’ai d’abord été chez sa copine, mais il n’y avait pas de lumière. Je
suis soulagé de voir que chez elle, il y en a.

Je sonne au portail. Il s’ouvre sans même une parole échangée via l’interphone. Je sens l’orage tourner.
Je me gare dans l’allée. Sarah se trouve sur le seuil. Son visage est baigné de larmes. Je me précipite
vers elle, mais elle tend la main pour mettre une distance entre nous. Je ne comprends pas.

– Sarah ?
– Quand comptais-tu me dire que j’étais le contrat à un million ?

Choc. Comment a-t-elle su… ? Je recule d’un pas, contrarié.


– Je peux tout t’expliquer.


– Tu connais Jackson ! Depuis le début tu me roules dans la farine en me racontant des craques ! Tu ne
mérites pas que je t’écoute ! J’avais confiance en toi ! gémit-elle en secouant la tête, abattue.
– Laisse-moi entrer.

Elle me tourne le dos. Je vois ses épaules s’affaisser, comme si elle était résignée. Elle entre en
laissant la porte ouverte derrière elle. Je la suis jusqu’au salon. La bouteille de vin bien entamée
m’indique qu’elle a bu – et pas qu’un peu.

– Assieds-toi, Sarah.
– Ne me donne pas d’ordre !

Le ton employé ne me plaît pas du tout. Je passe une main dans mes cheveux et me plante devant elle.

– D’accord, tu as raison. Tu es un contrat, mais il ne tient plus.


Elle encaisse sans broncher. J’ai tellement envie de la toucher pour qu’elle ne m’échappe pas… Je
fourre mes mains dans les poches de mon jeans.

– Je ne savais pas la vérité quand j’ai accepté. Je te jure qu’au moment où j’ai compris, j’ai cherché à
le piéger par tous les moyens. Cet enfoiré a senti le coup fourré et a pris les devants…

Le trouble passe sur son visage d’ange.


– Alors, c’est vrai ? Je ne suis qu’un contrat ? Il t’a payé pour quoi, exactement ? Coucher avec moi et
me jeter après ? Jusqu’où ira cette humiliation ? marmonne-t-elle.
– … Non, j’essaie de me retourner contre lui, mais il a dû avoir des informations sur ce que je
préparais. Il veut juste que je t’amoche pour que tu retournes près de lui. Il manipule les gens, personne
ne se doute de rien. J’aimerais pouvoir en discuter avec toi calmement.
– Qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi as-tu changé d’avis ?
– Parce que je suis tombé amoureux de toi.

Je préfère l’avouer plutôt que la perdre.



Sarah

Je dois m’asseoir de toute urgence. Cette histoire est complètement dingue ! Et maintenant, Vincent
prétend m’aimer. Je ne sais plus quoi penser. Le doute prend place dans mon esprit. Il m’a menti depuis le
début, pourquoi est-ce qu’il me dirait soudainement la vérité ? Après tout, il serait sûrement prêt à
balancer n’importe quoi pour une somme d’argent pareille.

– Dis quelque chose.


Mon regard percute le sien. Ma douleur s’y reflète.


– J’aimerais tellement te croire…


Il se baisse pour être à ma hauteur. Son parfum flatte mon odorat.


– C’est sa parole contre la mienne, il va s’en mordre les doigts. Aie confiance.
– Je veux savoir…

Il ne perd pas une seconde pour me raconter les détournements de fonds de Jackson. Je n’en crois pas
mes oreilles : c’est un escroc doublé d’un fou furieux. Depuis le soir où je suis partie, Vincent prépare un
dossier sur mon ex. Sans perdre de temps, il me demande de l’accompagner chez lui pour me montrer les
preuves en sa possession. Lorsqu’il me tend la main, je la saisis sans hésitation. Il m’enlace et pose sa
bouche sur la mienne. Pourquoi ne l’ai-je pas cru plus tôt… ?


Jackpot

Assise sur le canapé de Vincent, j’essaie de remettre mes idées en place. Je n’aurais jamais imaginé
que Jackson soit mouillé dans un quelconque trafic. Surtout du détournement de fonds et de l’escroquerie,
ce, partout dans le monde. Je n’en reviens pas ! Il y a de quoi le faire enfermer pour le restant de ses
jours. Pourquoi personne n’a rien vu ? C’est insensé…

Je repose le dossier sur la table et me rapproche de Vincent. Lorsqu’il ouvre ses bras, je me blottis
contre lui.

– Qu’est-ce que tu comptes faire ?


– J’ai bien une idée, mais je ne suis pas sûr que ça te plaise.

Je relève la tête. Mon homme fronce les sourcils avant de déposer un baiser sur mon front.

– Je ne veux pas le coincer, je veux juste qu’il te laisse tranquille.


– Qu’est-ce que tu entends par là ?

Il inspire avant de se tourner vers moi. Ses yeux fixent les miens avec intensité. J’ai peur de
comprendre où il veut en venir.

– Qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? Tu es tellement difficile à décrypter…


Sa paume rentre en contact avec ma joue. Je penche la tête pour profiter de sa chaleur.

– Sarah…

Je l’implore silencieusement de m’avouer ce qu’il a sur le cœur. J’en ai besoin. Je dois savoir. Pour
que notre relation continue de s’épanouir, il me faut plus.

– Ce que je t’ai dit tout à l’heure…


J’acquiesce plutôt que d’ouvrir la bouche : je ne veux pas qu’il se braque.


– C’est la première fois que ce genre de choses m’arrive. C’est nouveau pour moi. Je me suis toujours
promis de respecter les règles du jeu, mais avec toi, c’est différent. Tu m’as ensorcelé. J’ai été contacté
par Jackson, car il connaissait quelqu’un qui avait déjà eu recours à mes services. Je l’ai rencontré dans
un lieu neutre pour qu’il me glisse ton dossier. Quand je suis rentré, j’ai feuilleté les documents durant
deux jours. Je sais tout de toi, de ta chanson préférée à ce que tu déjeunes le matin. Je t’ai suivie pendant
une semaine, après ça. Le soir où tu es sortie dans ce club, ce n’était pas par hasard si j’étais là.

J’ai un mouvement de recul. Le savoir et l’entendre de sa bouche est différent. C’est trop pour une
seule soirée.

– Laisse-moi t’expliquer et, si possible, me faire pardonner. Je veux que tu saches… S’il te plaît,
écoute-moi.

Les larmes me montent aux yeux. Prendre conscience qu’il s’est foutu de moi pendant tout ce temps est
très dur à encaisser. Il passe ses pouces sur mes joues pour les essuyer, puis il reprend :

– Mais dès que ton regard s’est posé sur moi, j’ai compris ta souffrance. Tu étais saoule et
complètement perdue. Je t’ai ramenée chez toi, nous avons discuté pendant des heures avant que tu
m’embrasses. Notre baiser s’est intensifié et tu m’as demandé de te faire l’amour pour effacer ton
chagrin. Je n’ai pas protesté et j’ai profité de toi alors que tu n’étais pas dans ton état normal. Je m’en
suis voulu, le lendemain, quand je suis reparti.
– Pourquoi est-ce que tu me racontes tout ça ?
– Après cette nuit, je n’avais que toi en tête. J’ai essayé de te laisser tranquille, mais je ne pouvais pas.
– À cause du contrat ?
– Tu vaux bien plus que ce million pour moi, Sarah. Non, c’est autre chose qui me rappelait à toi. Le
regard que tu as posé sur moi… C’est comme si j’étais devenu quelqu’un d’important, se confie-t-il en
hésitant.
– Tu l’es.
– Depuis que je te connais, je vis pour une autre personne. Tout est différent. Je respire, chaque fois
que tu es à mes côtés. Sarah, tu as percé mon cœur. J’ai envie d’être cet homme que tu aperçois derrière
ma noirceur.

Ses mots me touchent autant qu’ils le peuvent. Il est si différent de moi… Je le connais peu. Pourtant, il
a pris une place tellement importante dans ma vie que je ferai tout pour l’aider.

– Quel est le plan ?


– Il ne sait pas que j’ai tous ces éléments. Il pense sûrement, à l’heure qu’il est, que tu me détestes et
que tu vas accourir.
– Tu veux lui tendre un piège ?
– C’est le seul moyen pour qu’il te laisse tranquille. Ai-je ta confiance ?

Ma tête se met à tourner. Je vais devoir servir d’appât pour le coincer. Je ne sais pas ce que Vincent lui
réserve, et après réflexion, est-ce que je veux vraiment le savoir… ?

– D’accord.

Un sourire sexy soulève ses commissures. Je veux croire en nous. C’est le seul moyen que j’ai de voir
s’il tient autant à moi qu’il le prétend. Je souhaite pouvoir être avec lui sans avoir peur qu’il me mente
encore.

Le besoin de sentir sa peau sur la mienne prend le dessus. J’ai envie d’un remontant avant d’affronter
la réalité…

– Montre-moi que j’ai raison de te suivre…


Sans attendre, il se lève pour me tendre la main. Je l’attrape sans réfléchir. Vincent me plaque contre
son torse avant de relever mon menton de son index.

– Ne doute pas de moi, princesse…


Il effleure ma bouche de ses lèvres. Tout mon corps se détend. J’ai envie de lui. Plus rien ne compte à
part ses doigts qui cavalent sur mes bras pour faire descendre mon top. Il sème des baisers sur la peau de
mon cou, m’arrachant un frisson, avant de me retourner pour dégrafer mon soutien-gorge. Ma poitrine
mise à nu, il prend mes seins lourds de désir entre ses paumes. Mes tétons se dressent sous la caresse de
ses pouces. Je laisse aller ma tête en arrière ; lui me montre son érection en se collant contre moi. Que me
susurre-t-il ? Je suis la seule qui peut le mettre à genoux. Une de ses mains descend le long de mon
ventre. Je déglutis quand il fait sauter le bouton de mon jeans pour venir me titiller au-dessus de ma
dentelle. Il mord doucement mon épaule. Je gémis, basculant un peu plus la tête pour lui laisser libre
accès.

– Tu es mienne maintenant, aucun autre homme ne pourra plus poser ses mains sur toi. Tu es prise dans
mes filets. Je ne te laisserai jamais partir. Tu es le jackpot que j’attendais. Je prendrais soin de toi
jusqu’à la fin de mes jours…

Il conclut sa phrase en glissant deux doigts entre mes lèvres moites. J’inspire et me laisse transporter
par sa caresse. C’est lui, mon diamant brut…


Flush Royale

Deux jours plus tard

J’éclate de rire devant mon reflet avant de me tourner vers un Vincent allongé sur le lit. Il est lui aussi
hilare. Comment paraître crédible, fringuée comme ça ? Jackson ne va pas en croire ses yeux. Il ne me
reste plus qu’à enfiler les bottes et je serai en mode « séductrice ».
Une fois transformée en femme fatale, je me plante au pied du lit.

– Tu crois que ça va marcher ?


– Il n’y verra que du feu.
– Et pourquoi tout ce cuir ?
– Hum, parce que j’aime te voir habillée comme ça. Tu es désirable. Ma queue a du mal à rester en
place…

Il est complètement fêlé. Je m’assoie sur le bord du matelas. Tout ce que j’ai à faire, c’est appeler
Jackson et lui donner rendez-vous pour que Vincent puisse mettre son plan en action. Il faut qu’il vienne
seul : j’ai besoin de lui et il est le seul à pouvoir me consoler. J’ai la nausée rien que d’y penser. J’espère
réussir à jouer la comédie. Je déteste tellement mon ex-fiancé…

Je souffle de frustration.

– Tu ne seras pas loin, tu me le jures ? gémis-je, inquiète.


– Je ne le laisserai même pas te toucher, princesse. Il doit payer.
– Qu’as-tu prévu, exactement ?
– Rien de spécial. Le mettre au pied du mur et montrer les preuves que nous avons sur lui. Et peut-être
lui briser un os ou deux…

Je me retourne précipitamment : ce n’était pas prévu au programme ! Devant la mine sérieuse de


Vincent, je ne sais pas quoi penser.

– Tu es sérieux ?
– Cet enfoiré a osé s’en prendre à toi en premier, m’engageant ensuite… Je ne veux même pas imaginer
ce qui serait arrivé si… Donc je suis partant pour une petite correction.

Il m’attire à lui et glisse ses mains sur mes joues. Nos regards s’accrochent. Je peux lire toute la
détermination qui brille au fond du sien.

– Il m’a piégé. C’est comme ça que je fonctionne. Dans ce milieu, c’est toujours le baiseur qui se fait
baiser. Il pense avoir toutes les cartes en main, mais moi, j’ai une putain de quinte flush royale sur la
table. Je ne peux pas perdre, surtout si cela te concerne.

Un élan d’affection vrille mon cœur. Je bascule mon beau brun pour me retrouver au-dessus de lui.

– Alors, tu remporteras la partie…


– Je l’ai déjà gagnée.
***
Vincent

Cette jolie blonde aux yeux bleus est le plus pur des diamants qui existe sur cette Terre. C’est la
première fois que je me projette dans l’avenir avec une femme. Cette sensation nouvelle me grise. Je lui
décrocherais la lune.

Nous sommes en route pour coincer le sale rat qui a voulu m’entuber. Je ne laisserai pas passer
l’occasion de le réduire en miettes. J’espère juste qu’il tiendra sa parole en venant seul. Sarah, assise à
côté de moi, a l’air sereine. Elle regarde droit devant elle. Je pose ma main sur sa cuisse pour la rassurer
; elle sourit à mon contact. Ce qui veut sûrement signifier qu’elle m’accorde sa confiance la plus totale. Et
c’est ce que je veux : qu’elle ne doute pas. De toute façon, tout va bien se passer. Quand je repense à
l’autre débile qui essayait de la consoler comme il pouvait alors, qu’en réalité, je venais de la faire
jouir… C’était tordant à souhait. Derrière sa carapace fragile se cache une sacrée actrice.

Nous y sommes. L’endroit est désert : c’est parfait.


– Vas-y que je puisse me garer et te rejoindre à l’intérieur.


Elle hoche simplement la tête avant de déboucler sa ceinture et sortir de ma voiture. Je la regarde
s’éloigner la tête haute. C’est à moi de jouer !

Sarah

Cet endroit est flippant, mais c’est là que j’ai dû lui donner rendez-vous. En entrant dans l’entrepôt
désaffecté, je remarque immédiatement la silhouette de Jackson. Il se tourne vers moi en entendant mes
talons claquer sur le sol. Je me précipite vers lui pour me pendre à son cou.

– Je suis là maintenant, calme-toi…


Il me serre dans ses bras et caresse mes cheveux.


– C’est horrible ce qu’il m’a fait ! Je suis désolée d’avoir douté de toi. Je m’en veux tellement…
– Il ne te touchera plus, je te le promets. Pardonne-moi, Sarah.

Je recule pour le regarder dans les yeux. Jackson me sourit tendrement. Je déglutis et essaie de ne pas
le repousser quand sa bouche rentre en contact avec la mienne. Je mets dans ce baiser factice toute la
volonté dont je suis capable. Qu’il ne doute de rien. Je mordille sa lèvre inférieure pour rompre notre
échange, comme autrefois.

– Pourquoi m’as-tu trahie comme ça ?


– Je ne supporte pas d’être loin de toi. Je n’ai pas réfléchi, pardonne-moi.
– Ne recommence pas, car je ne reviendrai plus.
– Promis. Rentrons chez-nous, ma chérie.

Il entrelace nos doigts. Nous avançons en silence. Qu’est-ce que Vincent fabrique ?

Nous rejoignons sa voiture. Mon ex m’ouvre la portière. Pour gagner du temps, j’attrape son visage en
coupe.

– Embrasse-moi encore.

Sans perdre de temps, il obéit…



Vincent

Je me fais violence pour ne pas sortir de mon véhicule. Je sais qu’elle essaie de gagner du temps, mais
je ne peux pas la rejoindre. Mes plans ont changé : cette raclure n’est pas venu seul. Deux sbires attendent
dans une berline non loin d’eux. Sarah ne peut pas les voir, je vais donc devoir changer de stratégie.

Je la vois monter dans la Mustang. L’enfoiré referme la portière avant de vérifier si je ne me trouve pas
dans les parages. Signe de tête : ses complices ne tardent pas à déguerpir. Je vais devoir le suivre de loin
pour voir où il amène Sarah. Je suis fier qu’elle n’ait pas paniqué malgré l’anormalité de la situation.

Ne t’inquiète pas princesse, je vais vite te sortir de là !


Une fois que je suis sûr que rien ne viendra me barrer la route, je rallume mon moteur. Je vais leur
laisser cinq minutes d’avance.

Je retrouve vite leur trace. En même temps, se balader avec une voiture de luxe rouge ne passe pas
inaperçu…

Je zigzague sur l’autoroute en gardant une certaine distance. Si Jackson se rend compte que quelqu’un
le suit, il risquerait de paniquer et de s’en prendre à elle. Lorsqu’il emprunte une sortie, j’en profite pour
me rabattre derrière un poids-lourd. Il ne tarde pas à arriver devant chez Sarah. Je me gare un peu plus
loin : cette filature a assez duré !

Je les laisse entrer dans la propriété, préférant prendre Jackson par surprise. Je ne sais pas comment il
peut réagir, surtout s’il est armé.

J’inspecte les alentours : personne à l’horizon. Je vais devoir me bouger. Le temps est compté. Sarah
risque de paniquer et de perdre sa couverture. Je vérifie aussi dans mes rétros si la berline des sbires
n’est pas dans le coin. Une fois que je suis sûr qu’il n’y a personne, je descends. Le mur n’est pas très
haut, je devrais arriver à l’escalader.

Je saute et m’agrippe pour me hisser par-dessus. Je vois le salon, de là où je suis. Sarah, de dos, est
seule. Sans faire de bruit, je saute dans l’herbe avant de me planquer derrière l’arbre sur ma droite. Des
voix me parviennent, mais je ne comprends pas l’échange. Le bruit d’un bouchon de bouteille de
champagne se fait entendre. Je jette rapidement un œil à la pièce : ils sont en train de trinquer. Note pour
moi-même : cette femme est une vraie actrice.

Discrètement, je me dépêche de rejoindre le garage. Son escalier mène à l’intérieur. J’ouvre la porte :
ça y est, je suis dans la maison.

Je traverse la cuisine et plaque mon dos contre le mur. Je sors ma vieille amie de ma poche et la
déplie. J’avance lentement, main derrière le dos. Sarah me repère immédiatement. Je pose mon index sur
ma bouche, alors elle détourne les yeux. Je me souviens exactement de l’endroit où il faut frapper pour
qu’il tombe dans les pommes. Je brandis ma matraque et assène un coup à Jackson. Il s’écroule. Son
verre se brise avec fracas. Sarah, mortifiée par la situation, plaque la main sur son visage pour éviter de
pousser un cri. Je laisse tomber mon arme au sol. Rapidement, ma belle s’accroche à mon cou.

– Bon sang, où étais-tu ?


– Je suis là, maintenant. Tu n’as rien ?
– Non, il ne m’a pas touchée. J’ai cru que tu t’étais enfui !
– Je ne te laisserai jamais.

Je prends son visage en coupe et l’embrasse à en perdre haleine. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute
ma vie.


Le retour du bâton

Vincent vient de frapper Jackson à la tête et maintenant, mon ex est inconscient sur mon canapé. Je ne
sais pas comment réagir. La seule chose qui me prouve qu’il ne l’a pas tué est le mouvement régulier de
sa cage thoracique.

Je sursaute quand la porte d’entrée claque. Vincent entre dans le salon en lançant un regard méprisant à
Jackson. Il balance des clés sur la table et m’attrape pour me serrer contre lui. Je reste les bras le long du
corps. Ma réaction ne lui échappe pas : il me sonde pour essayer de lire dans mes pensées.

– Qu’est-ce qu’il se passe ?


– Pourquoi m’as-tu laissée seule avec lui ? J’ai eu la peur de ma vie.
– Je n’ai pas eu le choix. Il est venu accompagné. Je ne t’ai pas quitté des yeux une seconde, mais au
lieu de jouer le mec jaloux et les gros bras, j’ai réfléchi. Je me doutais qu’il baisserait sa garde et qu’il
ne se ferait pas suivre par ces deux gugusses. Je suis sûr qu’il avait juste dans l’idée de venir ici pour te
baiser.

Les mots qu’il emploie m’écœurent, mais un grognement attire mon attention. Jackson, réveillé, nous
observe. Il essaie de se relever, mais sa blessure l’en empêche. Il masse l’arrière de son crâne
douloureux. Vincent se précipite vers lui pour l’attraper par le col.

– Où crois-tu aller comme ça ?


Mon homme le redresse avec force et le bouscule pour qu’il s’asseye. J’essaie de ne pas intervenir,
mais mes pieds ne coopèrent pas. Je me retrouve juste à côté d’eux. Jackson tourne la tête vers moi et
ignore complètement Vincent.

– Tu n’aurais jamais dû faire cela, Sarah.

Hurlement de Vincent.

– Tu ne t’adresses pas à elle !


Jackson le fusille du regard. Comment vais-je gérer si une bagarre éclate ? Il faut que j’arrange la
situation. Je pose ma main sur le bras de Vincent. Il reste de marbre, trop occupé à toiser l’homme qui
partageait autrefois ma vie. Sur la pointe des pieds pour être à la hauteur de son oreille, je tente dans un
murmure :
– Montre-lui…

La mâchoire de Vincent est tellement serrée que je l’entends craquer. Il inspire et attrape l’enveloppe
qui est à l’intérieur de sa veste pour la jeter au visage de Jackson. Celui-ci la regarde pendant quelques
secondes avant de l’ouvrir. Dès la première page, son visage change d’expression. Oui, il se décompose
à vue d’œil. Des gouttes de sueur perlent sur son front. Il commence à comprendre que nous sommes au
courant de ses combines.

– Qui vous a donné ces infos ? Tu es flic, mec ?


– Crois-moi, j’ai essayé par tous les moyens de te coincer. Si je l’étais, tu ne te trouverais pas ici, mais
en taule. Tu as voulu de mes services, mais ce que tu n’as pas compris, c’est que je ne m’occupe pas des
filles comme Sarah qui n’y sont pour rien dans une relation foireuse. Je suis payé pour séduire des putes
qui trompent leurs maris, certainement pas pour bousiller des femmes respectables parce qu’un looser qui
se fait sucer la queue le jour de son mariage n’a pas les couilles de s’excuser. Quand j’ai su que tu
m’avais entubé et que tu voulais lui faire du mal pour qu’elle soit convaincue que tu n’es pas le nase que
tu es en réalité, j’ai cherché ce qui te tiendrait loin d’elle. Tu peux garder les documents, j’ai des copies.
Tu veux porter plainte ? Vas-y, mais je sortirai bien avant toi de prison. J’ai fait mon devoir de bon
citoyen en protégeant une jeune femme en danger. Je suis passé par hasard, je t’ai vu la maltraiter et je
t’ai mis une rouste : ma version est déjà toute tracée. Ah, et une dernière chose. Laisse tomber pour tes
affaires et ta voiture. Je crois que tu n’en as pas besoin. Si je te vois dans les parages où à moins de cinq
cents mètres de Sarah, je ne serai plus aussi tendre. Imprime-toi ça dans le crâne. Je deviendrai ton pire
cauchemar si tu l’approches de près ou de loin. Tu as perdu au change.
***
Deux semaines plus tard

Une fois certaine que Jackson ne cherchera pas à se venger, je retourne enfin travailler seule. Cet
épisode de ma vie est déjà loin derrière moi. Je suis libre, heureuse, et je sors avec un mec craquant. Le
beau brun ténébreux a sauvé la princesse en détresse des griffes du vilain dragon. Peut-être que les contes
de fées existent vraiment. Que notre prince charmant se trouve au plus près de nous sans que nous le
sachions. Je suis épanouie. Certes courbaturée, mais mon corps en redemande encore et toujours plus.
J’ai changé. J’ai confiance en moi et je m’assume complètement. Plus personne ne me fait peur. Vincent
m’a même appris quelques techniques de défense. Il est surprotecteur, mais j’adore ça. Je suis rassurée.
Chaque jour il me prouve un peu plus qu’il ferait tout pour moi.

Ce soir, nous dînons chez mes parents. Mon père va se poser des questions sur le soudain abandon des
poursuites pour le partage des biens, mais je vais le rassurer et lui dire que Jackson a enfin compris que
lui et moi, c’est terminé. J’ai récupéré une voiture de luxe en prime, que demander de mieux ?

J’attrape un dossier avant de rejoindre ma supérieure à l’étage. Les clients sont déjà là. La réunion peut
enfin commencer. Après trois heures de négociation, nous obtenons l’accord permettant de débuter
officiellement l’élaboration de notre nouveau parfum, Starry Night. Le coup du siècle. Une nouvelle vie,
un amant formidable, un contrat juteux… Espérons que je sois à la hauteur.

***
La fête est au rendez-vous. Ce soir, nous célébrons la bonne nouvelle. Les amis et la famille me
félicitent d’être à la tête d’un aussi beau projet. Le plus important pour moi ? Avoir à mon bras l’homme
le plus séduisant de la planète. Mon père et lui discutent pendant que ma mère et moi remplissons le verre
des invités. Je ne décolle pas de mon petit nuage, ce qui amuse mon meilleur ami. Je ne savais pas qu’il
serait là ce soir. Hugo est souvent en mission à l’étranger. Il œuvre dans l’humanitaire. Récemment, il est
parti dans un pays victime d’un tsunami.

Il me met gentiment un coup de coude dans les côtes avant de railler :


– Pourquoi tu souris comme une idiote ?

Je tourne la tête vers la raison de mon sourire juste avant de me faire entraîner pour danser un slow.

– Tu es rayonnante, ce soir. Je suis presque jaloux qu’il te fasse rougir. Moi, je n’y suis jamais arrivé.
– Il me rend heureuse.
– Si c’est ça, je ne peux pas le blâmer.

Je pose ma tête sur l’épaule de mon ami pour profiter du moment. Hugo a toujours voulu que je sorte
avec lui, mais le destin ne nous a jamais unis. Il a fini par le comprendre et l’accepter, avec le temps.

– Tu me racontes comment vous vous êtes connus ?


– Il avait de jolies fesses…

J’éclate de rire. C’est la première chose que j’ai réellement vue de lui.

– Tu déconnes ?
– Je te raconterai quand on sera vieux. C’est mieux de garder ce genre de détails. On s’ennuiera moins
à la maison de retraite.

Hugo m’embrasse sur le sommet du crâne avant de me lâcher précipitamment. Je ne comprends pas
pourquoi, jusqu’à ce que deux bras s’enroulent autour de ma taille. Heureuse, je me laisse aller contre
Vincent qui me berce tendrement. Je suis son jackpot et j’en suis fière.

Épilogue : Le diamant brut



Un an plus tard

Je suis dans un état de stress pas croyable. Ce soir, nous présentons notre parfum lors d’un gala. Les
mois de travail payent enfin. Daisy m’a déjà envoyé un message pour me prévenir qu’elle était prête.
Pour ma part, je cours encore dans l’appartement de Vincent, à la recherche de mes boucles d’oreilles. Je
suis seule, car il est sorti faire une course. S’il ne revient pas, je vais commencer à paniquer.

Je trouve ce que je cherche dans le placard de la salle de bains. Ma réaction est toujours la même
quand j’ouvre l’écrin de mes boucles. J’adore leur couleur rubis. Elle ira parfaitement avec la robe rouge
que je porte ce soir. Je replace une mèche de cheveux qui s’est échappée de mon chignon quand j’entends
la porte claquée. Je me dépêche de rejoindre mon homme dans le salon. Même s’il est de dos quand
j’entre dans la pièce, je devine que le smoking qu’il porte est à tomber !

– Dis princesse, tu m’aides à…


Il se tait en m’apercevant. J’approche ; il lève un sourcil et m’attrape pour me renverser en arrière.


– Bonsoir sublime créature…


– Imbécile…

Il me redresse pour poser la main sur sa poitrine, l’air offensé. Je glousse et l’attrape par sa cravate
pour l’attirer à moi. Je dépose un baiser chaste sur ses lèvres, mais ça ne lui suffit pas… vu qu’il
empoigne mes fesses pour l’approfondir. Lorsqu’il me relâche, je suis à bout de souffle.

– Je vais devoir prouver que tu es à moi ce soir, si je comprends bien.


– Je ne te quitte pas d’une semelle. J’ai bien trop peur qu’une vieille fille essaie de te ramener dans
son lit.

Il secoue la tête et me tend ses avant-bras pour que je puisse lui mettre ses boutons de manchette.
J’aime qu’il porte ces bijoux sur lesquels nos initiales s’entremêlent fièrement.

Nous sommes prêts. Vincent claque mes fesses.


– En route. Si la reine de la soirée arrive en retard, ils vont se poser des questions !
– Pourquoi ?

Il se penche à mon oreille tandis que nous pénétrons dans l’ascenseur.


– J’ai très envie d’être marqué par ton rouge à lèvres…


Il ponctue sa phrase en attirant ma main contre son entrejambe gonflé. Il est obsédé. Je ne vois pas
d’autre mot pour le qualifier. Mais je suis d’une humeur joueuse ce soir. Et puis, il faut que je me détende.
Je déboutonne son pantalon et le descend d’un coup sec. Ce sera du rapide, mais je m’en contenterai.

Vincent appuie sur le bouton d’arrêt. La petite secousse le fait rire, mais il change vite d’expression
lorsque ma langue rentre en contact avec son gland. Je le prends en bouche et le suce sur toute sa
longueur. Je griffe ses cuisses ; il balance la tête en arrière avant d’enfoncer ses doigts dans mes cheveux.
Son bassin bouge lentement tandis que je caresse sa verge de ma paume. Je me délecte de son nectar. Il
n’est plus très loin de l’orgasme. Ma petite culotte, quant à elle, se désintègre à chaque son rauque qui
sort de sa gorge. Il accélère le mouvement, me baisant la bouche. Lorsque son liquide chaud rentre en
contact avec ma langue, je le savoure. Je n’ai pas le temps de reprendre mon souffle qu’il me relève pour
venir me plaquer le long de la paroi.

–Tu ne perds rien pour attendre, petite allumeuse.


– Si ce n’est que ça, tu pourras peut-être me détendre là-bas !

Je lui adresse un clin d’œil avant de remettre en route l’ascenseur.


Nous prenons ma meilleure amie au passage. Meilleure amie qui est aussi stressée que moi ! Lorsque
nous arrivons au point de rendez-vous, j’angoisse comme jamais, n’étant plus très sûre de vouloir être
présente. Si le lancement foire, Lolita ne me loupera pas et je me retrouverai à la porte de l’entreprise.

Mon dragon de patronne repère immédiatement ma tenue. Lorsqu’elle se précipite vers moi, je me
cache presque derrière Vincent.

– Sarah, il faut que je te présente à nos partenaires, viens vite !



Elle me tire brusquement par le bras. Ma connexion avec Vincent est rompue jusqu’à ce qu’il me
rattrape. Il nous arrête, Lolita et moi, dans notre course folle.

– Permettez que j’accompagne Sarah. Je ne veux pas la laisser seule, c’est bien assez stressant pour
elle.

Ma supérieure lâche mon bras. Elle reprend contenance en replaçant une mèche de cheveux.

– Mais bien sûr, monsieur.

Je souffle et remercie d’un regard celui qui vient de m’éviter la crise cardiaque. Les battements de mon
cœur ralentissent quand il passe son bras autour de ma taille.

– Vas-y bébé, tu vas assurer.


***
Oh mon Dieu. Je suis en état de choc. Il n’était pas prévu au programme que je monte sur scène pour
présenter Starry night ! J’ai les jambes qui tremblent et j’en suis à mon deuxième verre de champagne en
deux minutes. Vincent se fout de moi, mais ce n’est vraiment pas le moment ! Il ferait mieux de
m’entraîner dans un coin pour me donner un orgasme de folie au lieu de rire de mon état !

Je le snobe, le laissant en plan pour prendre l’air. Une fois isolée, la pression redescend. Je craque en
me laissant glisser le long du mur. Cette soirée restera une des pires de toute ma vie. J’essuie mes joues
et lève les yeux au ciel. La sortie de secours ne tarde pas à s’ouvrir. Même ici, pas moyen d’être en paix
cinq minutes.

– Princesse ?

Je me relève en reconnaissant la voix de Vincent. Je plisse ma robe en reniflant.


– Qu’est-ce que tu fiches ici ?


– Ça va être le moment…
– Super ! Pas le temps de me remettre de mes émotions !
– Tu as grave assuré. Tu étais la plus belle et la mieux placée pour ce discours.

Il faut que je me détende ! Je redresse la tête et avance telle une prédatrice. Avant qu’il ne comprenne
mes intentions, je laisse glisser ma robe le long de mes épaules. Vincent recule afin de bloquer la porte.

– Qu’est-ce que tu fabriques ? Tu veux vraiment que quelqu’un te voit comme ça ?


– Il n’y a que toi et moi, ici.

Son regard se balade sur mes courbes. J’attrape ma poitrine à pleine main pour la pincer
sensuellement. Mon regard bifurque vers son sexe : je sais qu’il est tendu à l’extrême. Sa pomme d’Adam
monte et descend lentement.

– Très bien, Sarah. Tu as toute mon attention.


Il croise les bras sur son torse. Je mordille mes lèvres et défait sa ceinture. Lui reste immobile. J’ai
appris, avec le temps, qu’il pouvait parfaitement contrôler ses émotions.
– Sarah, écoute… Tu me rends fou…

Il m’attire à lui pour m’embrasser sauvagement avant de me soulever. Mon dos entre en contact avec la
porte fraîche. Gémissement. J’ai tellement envie de lui. Le souffle court, il plonge son regard dans le
mien. Plus rien n’existe autour de nous. La nuit est belle et chaude. Mon cœur se gonfle de bonheur en
découvrant tout l’amour qui brille dans ses yeux. J’ai tellement de chance de l’avoir rencontré. Je
voudrais tellement plus de sa part, qu’il soit pour de bon l’homme de ma vie…

– Dis-moi que tu m’aimes, Vincent.


– J’ai mieux à te proposer.

J’essaie de lire en lui. Impossible, il est impassible. Je plisse les yeux à la recherche d’un indice. Il
déglutit.

– Tu es la créature la plus sublime de cette Terre.


– Je le sais déjà, gloussé-je.
– Sarah, j’aimerais vraiment vivre avec toi.

Mon sourire s’efface pour laisser place à l’angoisse. Est-ce une demande sincère ? Il veut que
j’emménage avec lui ? Il est le plus sérieux du monde. Moi, je ne réagis pas. Vincent me repose sur mes
pieds avant de ramasser ma robe. Troublée, je me rhabille. Il en fait de même avant de m’attraper par la
main pour nous emmener près du balcon.

L’endroit est magnifique. La lune se reflète sur l’étendue d’eau en contrebas. Mon homme tourne ma
tête délicatement à l’aide de son index avant de déposer un baiser sur mes lèvres. Je reste tétanisée quand
il pose un genou à terre. Lorsqu’il sort un écrin de sa poche, nous ne pipons mot. Un regard suffit. Ma
vision se trouble quand j’aperçois le diamant qu’il me tend.

– Épouse-moi, murmure-t-il.

Je ne réfléchis pas. La réponse franchit immédiatement la barrière de mes lèvres.


– Oui…


Remerciements

Merci à Nisha Éditions de m’avoir donné une chance d’intégrer l’équipe. Merci à mon éditrice, Marie.
Merci à mes bêtas-lectrices qui m’épaulent et qui m’aident beaucoup. Merci à mes lectrices qui me
suivent sur le nouveau parcours que je prends. Merci aux nouvelles qui prendront le temps de me lire. Et
merci à ma famille et mes amis de me soutenir…

Extraits
No Control

Fanny Cooper

« L’amour vous tombe dessus et puis c’est tout. L’amour est fatal, parce qu’il vous choisit et point
barre. Comme un éclair : vous ne savez pas quand il va frapper, ni où. Voilà pourquoi certains parlent de
coup de foudre. C’est puissant, incontrôlable, dévastateur. L’amour vous tombe dessus et il est impossible
de l’éviter. »
Dès la seconde où Achille Gale, star internationale, aperçoit Summer Hamilton, il est certain que plus
jamais il ne réussira à poser les yeux sur une autre femme tant qu’il ne l’aura pas conquise. Mais ce
dernier, considéré comme un dieu de la musique, ne s’était pas attendu à ce que la jeune femme se révèle
être son pire cauchemar.

Par Fanny Cooper

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Extrait
Prologue
La jolie brune qui se prélasse dans le lit m’offre un panorama délicieux de son postérieur. Elle roule
dans les draps pour éteindre le radio-réveil qui s’est déclenché sur une station d’informations générales.
Quel genre de personne écoute les actualités au réveil ?

– Bonjour, me dit-elle.

Je termine ma bouchée de céréales et souris. Elle a un petit accent latino auquel je n’ai pas prêté
attention, dans le bar où je l’ai rencontrée. En même temps, elle avait un méchant décolleté qui
communiquait avec moi. Je ne pouvais pas jouer le malpoli avec lui.

– Salut. Bien dormi ?


Elle se redresse et m’offre un sourire coquin. Elle joue avec ses jambes sous le drap. De toute
évidence, elle sait se servir de son corps pour aguicher les hommes et il n’y a pas à en douter : hier soir,
j’ai été sa victime. Pauvre de moi.

– Disons que je n’ai pas vraiment dormi. Mais ma sieste était bonne.

Ah ! Quand j’entends ça, j’ai envie de frapper comme un singe sur mon torse. Mais je me retiens et
prends une nouvelle cuillère de céréales. C’est assez dégueulasse comme truc et je ne saurais dire quels
sont exactement les ingrédients, mais c’est tout ce que j’ai trouvé dans le placard.

– Désolé. J’avais faim alors je me suis servi. Tu es mannequin, un truc comme ça ?


Pendant qu’elle dormait, j’ai visité les lieux. Et cet appartement de dingue, avec vue sur Central Park,
est vide. Le frigidaire lui-même réclame à bouffer autre chose que ce fromage qui pue et cette bouteille
de vin rouge sûrement offerte par l’agent immobilier.

– J’essaye de percer dans le mannequinat, mais c’est un monde très fermé. Quand on n’est pas « fille de
», c’est assez difficile de se faire un nom.
– M’en parle même pas.
– Toi, tu es musicien, je me trompe ?

Elle enroule ses bras autour de ses jambes et mate mon torse nu, observe mon tatouage… Il va falloir
que je trouve une excuse pour me casser d’ici avant qu’elle ne veuille remettre le couvert.

Mes lèvres se retroussent et je parade fièrement autour du lit.


– Absolument, beauté ! Le meilleur que tu rencontreras dans ta vie ! Enregistre bien ce visage, lancé-je
en désignant ma silhouette, car la prochaine fois que tu le verras, ce sera à la télé et en une des magazines
!

Elle se moque de moi. Personne ne croit jamais en moi et je comprends. Il y a un million de chanteurs
pour une seule place en maison de disque. Et c’est encore plus difficile, quand on n’a pas de vagin, de se
faire une place dans ce monde si sélectif et exigeant.

– Chante-moi quelque chose !


Je m’arrête un instant pour réfléchir.


– Eh bien. Tu m’as offert le gîte, je te dois bien ça.


Ça ne me coûtera que quelques minutes et chanter pour une jolie fille est toujours un plaisir. Les retours
ne sont jamais décevants. J’attrape ma guitare dans son étui et me pose sur le pouf près du lit.

– Avant tout, il faut que tu me fasses une promesse, beauté, marmonné-je tout en mâchonnant mon
médiator.
– Laquelle ?

Je prends mon médiator entre mes doigts.


– Promets-moi de ne pas tomber amoureuse, une fois que tu m’auras entendu chanter.

Elle explose de rire. Je lui lance un regard averti et elle reprend son sérieux.

– Promis, je ne tomberai pas amoureuse de toi !


Elles disent toutes ça.


Je cale ma guitare sur mon genou et l’accorde. Elle m’observe faire. Deux secondes plus tard, je
débute ma musique : Use Somebody des Kings of Leon. Un vrai bijou musical, tant par l’instrumentalité
que par la difficulté des notes et la justesse apportée à chacune d’entre elles. Cependant, les filles
n’écoutent que les paroles romantiques et ne voient que ma belle gueule d’homme torturé. Ça les fait
toujours craquer, ce type de chanson. Pourquoi ? Parce que celles qui ne la connaissent pas ont
l’impression que je la chante pour la première fois, pour elles . Parce que ma voix rocailleuse est
toujours plus sensass en acoustique. Parce que je sais être parfait.

– Waouh ! s’exclame la jolie tête brune en face de moi lorsque je repose ma guitare.

Elle frissonne, les yeux ébahis et si brillants que je sais qu’elle n’a pas tenu sa promesse.

Et merde, une de plus.


– Tu es un dieu vivant.
– Je sais !
– Putain de merde ! s’écrie tout à coup une voix dans mon dos.

Nous sursautons tous les deux et pivotons pour voir un mec en costume entrer dans la chambre.

– Je suis Bastian Hamilton, et toi, mec, je vais te faire signer le contrat de ta vie.

Il me prend précipitamment la main et la serre. Bastian Hamilton ? Purée. LE Bastian Hamilton ? De la


maison de disque la plus rentable de l’histoire américaine ? Celui qu’on surnomme le prince de la
musique parce qu’il change les citrouilles en carrosses, les souillons en Cendrillon ?

– Vous vous foutez de ma gueule !


C’est forcément un canular. Pourtant, je reconnais bien sa petite tronche. On la voit partout dans les
journaux people. Il a été exposé aux médias dès son plus jeune âge parce que sa mère et son père
formaient un duo de chanteurs très célèbre dans le monde entier. Je me souviens que la première partition
que j’ai apprise, c’était une des compositions Hamilton.

Bastian recule d’un pas en sortant son portable, me prend en photo et rit en tapotant son clavier tactile.

– C’est quoi ton nom ?


– A… Achille. Achille Gale.

Je bégaye pour la première fois. Mon nom m’est complètement sorti de la tête, l’espace de quelques
secondes. Je ne sais même pas quoi dire. Après le lycée, je n’ai pas été accepté à l’université. Faute de
moyens et de résultats. L’envie n’y était pas non plus. J’ai dit à ma mère que je voulais vivre de ma
musique et elle ne m’en a pas empêché. J’ai toujours cru qu’un jour j’y arriverai, je n’ai jamais cessé de
croire en moi puisqu’il n’y avait pas vraiment beaucoup de monde pour le faire à ma place. J’ai enchaîné
les bars, le métro, le trottoir, avec ma guitare… En sept ans, j’ai dû me faire 15 000 dollars, pas plus. Et
aujourd’hui, je suis face à un monstre de l’industrie musicale qui me veut ! Impossible.

– Tu es sûr ? me demande-t-il. Une fois que la machine est lancée, tu ne pourras pas l’arrêter. Choisis
bien, choisis celui qui a un sens pour toi, une histoire, celle que tu raconteras au monde entier.

Je hausse les épaules et, sans le vouloir, lâche :


– Mon père était un enfoiré de timbré qui a pourri mon enfance et qui a choisi ce prénom.

Sans sa folie de merde, j’aurais été dentiste, caissier, maçon… En quelque sorte, je lui dois ma
musique.

– C’est à cause de lui que je ne sais pas parler mais que je sais chanter.

Bastian sautille sur ses pieds, joyeux et excité.


– Putain, mais toi, tu vas me faire des couilles en or ! Tu composes ?


– Non.
– On te trouvera un compositeur ! Des musiciens, des agents, une équipe du tonnerre. La meilleure qu’il
soit, parce que tu es le meilleur.
– Je ne vais pas vous contredire là-dessus !
– Je t’aime bien, toi ! Et à partir de maintenant, je ne vais plus te lâcher.

Il me presse l’épaule en souriant. Je me gratte la tête.


– D’accord, mais… Putain ! Je suis perdu. Comment avez-vous fait pour atterrir ici ?

Ma marraine la bonne fée, je vous jure…


– Ah ça, lâche-t-il en haussant les épaules à son tour. C’est qu’ici, c’est mon appartement. Ça, ajoute-t-
il tout en désignant le bol de lait et de corn flakes, ce sont les céréales préférées de ma petite sœur. Et
elle, poursuit-il tout en montrant la brune qui est toujours nue sous les draps, c’est ma copine.

Il grimace.

– Enfin, maintenant, mon ex-copine .



La Chute

Twiny B.

Prune Linan, vingt-sept ans, n’est pas une jeune femme au mode de vie conventionnel. Écorchée par un
drame familial, alcool, sexe, drogue et rock and roll rythment ses journées.
Qui pourrait la sauver si ce n’est le mystérieux Adam Reed, rencontré lors d’une soirée branchée ?
Prune découvre que le brun tatoué n’est nul autre que le leader du célèbre groupe The Rebels.
Le chanteur réussira-t-il à apprivoiser la jolie blonde ? Prune parviendra-t-elle enfin à ouvrir son
cœur ?

Par Twiny B.

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Extrait

1. Boat Party
Je m’appelle Prune Linan. J’ai vingt-sept ans. Je ne suis pas comme toutes ces nanas qui rêvent de
devenir mère ou épouse. Non... Rien que d’y penser, j’ai des remontées acides. Je suis érotiquement
chargée. Une très belle femme, maligne et j’adore baiser. Je ne prendrai pas de pincettes avec vous, car
le blabla à l’eau de rose ne fait pas partie de mes points forts. Par contre, les prouesses sexuelles ou
l’utilisation de mes charmes au travail, si.

J’ai eu une enfance assez traditionnelle dans une maison avec jardin fleuri, des parents aimants et une
grande sœur, Iris. Jusqu’au jour où ma mère s’est tirée avec son professeur de gym et que mon père, lui,
s’est tiré une balle dans la tête. Cette année-là, je me suis promis de ne jamais finir ainsi, morte de
chagrin. Crise cardiaque pour cause de cœur brisé ? Foutaise.

On l’a découvert en rentrant de l’école. J’avais six ans et Iris, dix. On est parti vivre avec le prof de
gym à Saint-Tropez, mais ma mère était trop occupée à chevaucher des mecs. C’est ma sœur qui a pris
soin de moi.

Elle est tout mon opposé, mariée depuis bientôt huit ans avec Dominique, un puissant avocat ;
obstétricienne, car elle adore les bébés. Vous savez, ces petites bêtes à quatre pattes qui ne font que
pleurer et remplissent leurs couches d’une horrible chose nauséabonde. Elle en a d’ailleurs eu deux, un
petit garçon de maintenant sept ans, Gabriel et une fillette de cinq ans, Ania. On ne s’entend pas vraiment,
mais on s’aime. Notre enfance chaotique nous a beaucoup rapprochées. Je vis dans la maison d’amis qui
se trouve sur leur terrain. Pourquoi irai-je m’embêter à payer un loyer, alors que l’on m’offre le logis ?

Je travaille activement, mais je sors aussi beaucoup. « Abus » est le mot qui me définit le mieux. Je me
délecte de tous les péchés possibles. Alcool, drogue, sexe, séduction... La vie est tellement fade sans tout
ça.

J’ai besoin de me sentir vivante.

J’ai une partenaire de soirée et de folie, Lilly, ma meilleure amie depuis nos douze ans. On a accompli
les quatre cents coups ensemble et on adore se rouler des pelles pour emmerder les gros lourds de la
night .

Côté professionnel, je ne ressemble pas au traditionnel agent immobilier de la Côte d’Azur. Je ne
connais pas les parfaits petits tailleurs pour coincés du cul. Je suis blonde, j’adore les tatouages et les
fringues sexy. La vie m’a donnée un corps à rendre vertes de jalousie les femmes et aguicher les hommes.
Mariée ou pas peu m’importe, si la personne me plaît, je fonce. Ce n’est que pour une nuit, alors qui le
saura ?

Mon patron, lui, est assez cool. À la base il ne voulait pas m’engager à cause de mon style, mais je lui
ai ramené trois gros clients qu’il convoitait depuis des lustres. Les preuves l’ont décidé. L’essentiel, c’est
d’augmenter le chiffre d’affaires. Il rêverait que j’écarte les cuisses pour lui. Il sait que je lui apprendrais
toutes sortes de choses, comme aucune femme auparavant. Il suffit de voir le genre de cageots avec qui il
sort : chignon parfait, bouche en cul de poule et j’en passe. Mais je préfère garder cette tension électrique
entre nous. Comme ça, les jours où j’arrive en retard ou les lendemains de grosse soirée, il me laisse
tranquille.

Je ne suis pas du genre pudique, ce qui horripile ma très chère sœurette. Son mari me lance quelques
œillades de temps en temps. Mais ce n’est pas un enfoiré, il l’aime et je le respecte pour ça.

Aujourd’hui, je suis en vacances pour plusieurs semaines. L’été bat son plein et les people débarquent
à Saint-Tropez. Méga soirées et grosses gueules de bois en perspective.

Je suis au bord de la piscine, en train de peaufiner mon bronzage. J’ai rendez-vous dans trois heures
sur le port avec ma poupée, Lilly. Ce soir, nous sommes invitées à une boat party . L’air de la mer et le
reste vont me purifier. En attendant, je fume un joint, branchée sur mon iPod.

Une ombre me cache le soleil ; je tourne la tête.

– Tu m’énerves Prune, je t’ai avertie que je ne voulais pas de cette merde chez moi !
– Iris, ne me gonfle pas, et puis je suis dehors… Pousse-toi, je dore !
– Tu te bousilles la santé ! Je ne veux pas retrouver ma petite sœur raide morte.
– Tu as décidé qu’on allait se prendre le chou ? C’est qu’un joint, bordel ! Tu devrais tester, ça
détendrait ta ficelle de string, ma belle.
– Tu ne pourras pas prétendre que je ne t’ai pas prévenue.
– Des années que tu me sors le même discours... Laisse-moi savourer mes vacances, putain !

J’entends ses talons claquer autour de la piscine. Je tire de plus grosses lattes, puis expire la fumée
doucement. Je ne suis pas sans cœur, je sais qu’elle s’inquiète pour moi. Il m’arrive de repenser à nous
enfant, mais c’est douloureux. Alors, autant arrêter de réfléchir et profiter. Le passé est le passé, pour
l’avenir, je ne suis pas médium ; il me reste le présent et j’en savoure chaque instant.

J’écrase le mégot dans le cendrier et me délecte du chant des cigales entre deux pistes. Grâce à cette
berceuse et mon état second, je plane. Dans mes oreilles, de la house . Je me lève du transat, danse au
bord de l’eau. Chaque cellule de mon corps bouge en rythme. Je ralentis et ferme les yeux. Petite, j’ai
suivi des cours de danse : j’ai gardé juste de quoi me déhancher sur la piste ou dans un lit. Ma souplesse
aussi, c’est pratique pour certaines positions.

J’attrape mon mobile et file prendre une douche. Les jets d’eau me fouettent le visage. Je me savonne,
toujours en transe. J’enroule une serviette autour de mes seins et essore ma tignasse humide. Je choisis
une tenue après plusieurs essayages. J’opte pour une robe moulante au décolleté à faire chavirer les
cœurs. Pour les chaussures, ma paire fétiche à talons hauts. Avant de m’habiller, je me maquille et me
coiffe. Je remonte mes cheveux en chignon, une mèche retombant sur mon front en guise de frange.
J’entoure mes yeux d’eye-liner et force sur le fard. Le noir contraste avec le bleu de mes iris : j’adore.
Du crayon à lèvres pour une bouche pulpeuse. Je m’admire dans la glace, apprécie mon reflet.

Il ne me reste plus qu’une heure, alors je me dépêche d’enfiler mes vêtements. J’attrape mes cigarettes,
mon iPhone et quelques doses dans ma planque, puis glisse le tout dans ma pochette. Je me sers un petit
verre de vodka, fume une cigarette et me « repoudre » un peu le nez. Taper un trait à domicile est plus
confortable qu’en soirée. Ici, j’ai mon miroir et ma paille. Lorsqu’on sort, je trace sur les chiottes ou à
même la main. Lilly, plus allumée, consomme du LSD. Je n’apprécie pas trop cette drogue à cause des
pertes de contrôle. Je préfère rester maîtresse de mes choix. C’est pour cela que je prends de la cocaïne
et, de temps en temps, de l’extasy.

Mon téléphone vibre : un SMS de ma grosse.

Lilly
[Ne te défonce pas sans moi... Je t’attends, alors remue-toi la frite.]

Je souris. Elle a toujours des expressions bien à elle. Ma meilleure amie déteint sur moi, tout comme
moi sur elle. Je suis un peu la grande sœur qu’elle n’a jamais eue. Plus d’une fois, je l’ai sauvée des
griffes d’un malade. Elle couche avec tout le monde ; je suis plus sélective. Quand on est habitué au
caviar, difficile de revenir aux œufs de lump.

Une fois dans la voiture, je monte le son de l’autoradio au maximum, cale mes lunettes sur le bout de
mon nez et c’est parti. Les regards se retournent dans ma direction pendant le trajet : j’aime ça. On peut
me reprocher de paraître trop sûre de moi, personnellement, je pense qu’il s’agit d’une qualité. Ça peut
effrayer les mecs, alors je ne leur laisse pas l’occasion de s’en rendre compte. Le sentimental reste une
perte de temps. Beaucoup ont essayé ; j’évite. Hors de question de m’enchaîner, même si je me suis fixée
quelques règles :

1-Ne jamais communiquer mon numéro.
2-Ne jamais les ramener à la maison.
3-Ne jamais donner mon nom de famille.
4-Ne jamais baiser deux fois avec le même, sauf s’il est dans le même délire que moi.
5-Ne jamais embrasser sur la bouche.

Mon répertoire est rempli de mecs avec qui j’ai l’habitude de coucher quand je ne trouve personne, ou
si une envie soudaine me prend. JE décide. Je n’aime pas que l’on me vole les rênes. J’ai un tempérament
de feu et déteste que l’on me marche sur les pieds.

Je m’engouffre dans un parking souterrain, proche du port. Des adolescents boutonneux me sifflent.
Désolé les mecs, je ne suis pas branchée baby-sitting. Au coin de la rue, j’aperçois enfin ma diablesse
aux cheveux de feu. Terriblement sexy, elle risque d’enflammer le dance floor ce soir.

– Putain, tu es à la bourre... Tu es trop moute ma chérie ! plaisante-t-elle.
– Merci. Toi aussi, tu es torride.
– Allez viens, on se bouge la patchole !

J’éclate de rire à l’utilisation de son vocabulaire fleuri. Une vraie nana du sud. Pour les incultes, une
moute est une nana tellement belle qu’au premier abord, tu as injustement envie de la traiter de connasse.
Lilly et moi, nous sommes des moutes Et la ! patchole… On la nomme de toutes les façons : chatte, minou,
moule, abricot, marguerite… Oui, c’est bien de votre sexe dont on parle, les filles. Habituez-vous, ma
dinde n’arrête pas de sortir des expressions de ce genre.

Nous rejoignons l’énorme yacht bourré à craquer et résonnant de bons sons. À peine à bord, Lilly
insiste déjà pour foncer aux toilettes. Elles sont encore propres : je verse la poudre sur le rabattant, sors
une paille de mon soutien-gorge. Lilly trace avec sa Visa. Nous voilà en train de nous repoudrer le nez
avec ferveur.

– Oh putain... Elle déboîte ! jure-t-elle.
– Vu le prix, Kevin avait intérêt de ne pas me prendre pour une touriste.
– Il t’a tout apporté hier ?
– Je n’étais pas pour planquer la came chez moi, mais obligée.

Nous regagnons le buffet, assoiffées. Pour ma part, mon habituelle vodka pure, avec des glaçons.
Rapide coup d’œil sur les proies potentielles de cette soirée. Merde, pas grand-chose à se mettre sous la
dent. Plusieurs mecs viennent me brancher, mais dans le genre lourd… Aidez-moi !

Le bateau quitte le port. Lilly se frotte sur la piste à un type plutôt pas mal, mais à mon avis trop facile.
J’aime que l’on me résiste, lorsque je dois user au maximum de mes charmes. Un gars attire soudain mon
attention. Terriblement beau, il est accoudé à la rambarde près du bar. Grand, brun, ses yeux sont d’un
bleu électrique. Une barbe naissante renforce sa virilité. J’ai droit à quelques œillades, mais pas à son
entière attention. Alors je rejoins ma grosse sur la piste. Le rythme me possède à l’image de la vodka qui
coule dans mes veines. Je gobe ma pilule du bonheur ; Lilly avale son troisième cacheton.

– Vas-y mollo, quand même !
– Je gère… me rassure-t-elle, les pupilles dilatées et la mâchoire tordue.

J’éclate de rire tant elle est perchée. On délire grave. Son mec du soir ne la lâche pas. Au contraire,
j’ai l’impression que s’ils pouvaient baiser sur place, ils le feraient.

Mon regard trouve enfin celui du fameux brun. Je l’ai ! J’accentue mon déhanché et essaye de l’attirer
dans ma toile. Tout juste ferrée, ma proie se détourne. Putain. Direction le comptoir, près duquel il se
trouve. Je l’effleure par mégarde et lui me scrute de la tête aux pieds. Pour lui offrir du spectacle, je me
penche sur le bar. Ma robe remonte sur le bas de mes fesses. Je m’en réjouis, amusée par la situation et
commande une nouvelle vodka. Je me hisse sur la pointe de mes escarpins. Lorsque nos regards se
croisent, je ne peux m’empêcher de me mordre la lèvre. Il me sourit et j’en profite.

– C’est la première fois que je te vois en soirée ? tenté-je.
– En général, on dit bonjour et on se présente avant d’engager la discussion.

Sérieusement ? Il ne pouvait pas se contenter de répondre ? Merde. Je le veux d’autant plus.

– Bonjour, moi c’est Prune. Et toi ? articulé-je avec exagération.
– Bonsoir Prune et oui, c’est la première fois que je viens dans ce style de soirée.
– Alors ? Tu aimes bien ?
– Non, il y a que des gens superficiels dans des états ridicules.
– Déconne pas. Regarde, moi !
– Je ne veux pas te vexer, mais...
– Tu plaisantes, là ? Qui es-tu pour te permettre de juger ?
– Je suis juste réaliste.
– Pauvre type… Tu ne vaux rien ! Reste au chaud chez toi avec tes petites Charentaises de papy !

Je tourne les talons et m’éloigne de ce connard. Pourquoi vient-il dans ce genre de fête s’il n’en
apprécie pas l’ambiance ?

Lilly me rejoint. Je suis défoncée, mais ne veux pas briser l’effet de la came à cause d’un crétin.
J’avale mon verre d’une traite et appelle le barman pour en commander un autre. Mon cerveau me joue
des tours ; l’acide commence à me posséder.

– Qu’est-ce qu’il t’arrive ? s’inquiète-t-elle.
– Qui organise cette soirée ?
– Le chanteur Adam Reed. Il rentre de tournée.
– Ouais, ben il a invité des connards !
– Y en a partout, ma chérie. Tant qu’ils sont beaux et baisent bien… Moi, ça m’va !

Je me marre. Elle a raison, ne gâchons pas la soirée pour un con. Après tout, ce n’est pas le premier
que je croise. Je ne comprends même pas mon énervement. Je m’en fous de ce type, et il va regretter
d’avoir loupé l’occasion. Sur la piste, je distingue Dylan, un de mes en-cas habituels. Je termine mon
verre et attrape Lilly par le bras pour nous déhancher. Il me rejoint sans tarder, ses grandes mains sur mes
hanches. Le bouffon du comptoir nous observe, alors je continue mon petit manège. Il va s’en mordre les
doigts, Dylan arrive à point nommé. Je frotte mon cul contre sa queue impatiente. Lui m’embrasse dans la
nuque.

– J’ai envie de te baiser, ma belle.

Je passe mon bras sous le sien, frôle le connard lorsque nous nous éloignons. Son regard s’assombrit :
j’ai gagné ! Il regrette déjà ! Nous dévalons les escaliers et j’ouvre la première porte. Une salle de bains
? Ç a fera l’affaire. J’attrape Dylan par la nuque et l’embrasse dans le cou.

La porte s’ouvre. Le bouffon, sombre, nous reluque dédaigneusement. Je m’amuse de la situation et lui
lance avec satisfaction :

– T’as raté ton tour, mon grand.
– Mec, on peut terminer, s’il te plaît ? grogne Dylan.

Je discerne dans son regard clair une lueur de jalousie. Je suis comblée et espère qu’il va regretter.
Son expression change : il rit jaune.

– Alors tu es comme ça ? Pire que ce que je croyais… Là-haut, les invités sont bien trop classes,
comparés à toi… Baise-la bien, mon pote !

La porte claque. Au summum de l’agacement, je repousse Dylan.
– Attends, je finis.
– Plus envie, dégage !

Je rabaisse ma robe et sort en trombe pour rattraper ce petit trou du cul insignifiant. Aussitôt, je le
retourne et le gifle. Tout le monde se fige et nous fixe comme si je m’en étais pris au président en
personne.

– Tu n’es qu’une merde, personne ne me traite de cette façon ! crié-je.

Il m’attrape par le poignet et nous éloigne de la foule. L’enfoiré me plaque avec force dans un recoin et
me dévisage à la fois avec haine et envie. Ma respiration s’accélère, mon cœur s’emballe... Qu’est-ce
qu’il m’arrive ? Il frôle mon bras du bout du doigt, j’en frissonne. Son souffle erratique caresse mes
lèvres. Il pose sa bouche chaude contre la mienne, mais se retient de la pénétrer de sa langue. Pour la
première fois de ma vie, je n’ai pas le contrôle de la situation. Faible.

– Tu vaux tellement mieux. Tu devrais partir… murmure-t-il.
– Hein ?

Je suis perdue. Il me branle quoi, là ? Surtout qu’il se casse aussitôt et me laisse dans cet état sans
savoir si la faute revient à la drogue ou l’alcool. Je reste plantée là, toute chamboulée par ce type. Il a
touché mes lèvres.

NON !

Je secoue la tête et fonce rejoindre ma Lilly. Elle se cache dans un coin sombre, en pleine séance de
tripotage. Quelle chaudasse – je me barre. Je la préviens que Elle au moins, va prendre son coup, que je
l’appelle demain. Je m’apprête à quitter le bateau à nouveau au port lorsqu’une nana m’interpelle.

– Attendez, quand est ce qu’on est revenu ?
– Tu as frappé Adam ?
– De quoi ? Qui ?
– Tu as bien giflé un type, tout à l’heure ?
– Ouais, pourquoi, tu veux tenter l’expérience ?
Elle m’agace, cette pouffe ! Qu’est-ce que ça peut lui foutre que j’aie cogné quelqu’un ou non ?
– Personne n’arrive à l’approcher… Il y a un truc, entre vous ?
– NON ! Casse-toi cuver ton vin !

Je quitte les lieux à toute vitesse. Il me faut partir loin d’ici. Pourtant, mes yeux ne peuvent s’empêcher
de se retourner une dernière fois : je l’aperçois en hauteur, en train de m’observer. Qui est ce type, bordel
?

Je ne veux plus le voir. Il est trop dangereux pour moi.

Collection « Nisha’s Secret »

Obsessions insoumises, Mael – Angel Arekin Obsessions insoumises, Rory & Max – Angel Arekin
Obsessions insoumises, Yano – Angel Arekin Jeu vespéral – Angel Arekin

À pleines mains, Elsa – Eva de Kerlan Dévorer du regard, Milia – Eva de Kerlan Irrésistible, Natalia
– Eva de Kerlan Se mettre au parfum, Josh – Eva de Kerlan Frissons de nuit – Cindy Lucas Joue avec
le feu – Cindy Lucas Pacte sensuel – Cindy Lucas
Un goût d’interdit – Cindy Lucas Déclencheur de plaisir – Twiny B.

L’artiste – Twiny B.

Orgasmes nocturnes – Twiny B.

Plaisirs masqués – Twiny B.

Pari à trois – Oly TL


Soumise Aïko – Oly TL

Soumission aquatique – Oly TL

Yoga & supplices – Oly TL

Zeus Dating – Eva de Kerlan

Songe d’une nuit torride – Joy Maguene Lilas – Oly TL



Collection « Diamant Noir »

La Chute , saisons 1 et 2 – Twiny B.


Black Sky – Twiny B.

Ne rougis pas , saisons 1 et 2 – Lanabellia Ne ferme pas ta porte – Lanabellia Play & Burn – Fanny
Cooper Alia, les voleurs de l’ombre – Sophie Auger Betrayed – Sophie Auger
Journal d’un gentleman , saisons 1 et 2 – Eva de Kerlan Love on Process – Rachel
Get High – Avril Sinner
Love Business – Angel Arekin Sur ton chemin – Mikky Sophie
Collection « Feel Good »

Hollywood en Irlande – Elisia Blade Séduire & Conquérir – Elisia Blade Le Goût du thé, celui du
vent – Eve Borelli Après l’obscurité – Eve Borelli L’Étreinte des vagues – Olivia Billington
Collection « Nisha’s Dream »
Olympe – Cindy Lucas

Auteure : Aurélie Coleen
Suivi éditorial : Marie Gallet
Nisha Editions
21, rue des tanneries
87000 Limoges

N° Siret 821 132 073 000 15

N° ISSN 2491-8660

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