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2. Les jalons principaux
– Les trois pans majeurs : autoguérison, travail avec les esprits,
divination
- Cérémonies et rituels
- Rites de passages
3. L’éthique
4. Petit aperçu de pratique appliquée
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© Éditions Véga, 2013
ISBN : 978-2-8132-1076-0
www.editions-tredaniel.com
info@guytredaniel.fr
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À mon mentor
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Jamais la pluie n’est tombée sur nous.
J’aime me rappeler les rencontres avec les animaux
lors des exercices de métamorphose.
Se retrouver au milieu d’une compagnie de sangliers
ou laisser le chevreuil venir à soi jusqu’à pouvoir
toucher son flan.
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À ma femme
janvier 2012
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Si le chamanisme se pratique toujours aux quatre coins de notre
monde, c’est grâce à sa faculté d’évolution, d’adaptation. Car le
chamanisme est une pratique des hommes ; les hommes évoluent, la
pratique chamanique évolue avec eux. Ce petit traité de chamanisme
celtique a été écrit en 2012, il contient les concepts d’une pratique
chamanique celtique de ce moment-là. Or, l’évolution étant
changement perpétuel, les vérités d’aujourd’hui ne seront pas les
vérités de demain. Certaines notions expliquées dans ces pages
peuvent et doivent se transformer pour poursuivre sur cette lancée
dont les origines sont si lointaines. Et cette même évolution, par
essence, nous emmène tout droit vers un inconnu passionnant.
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I
La transmission que j’ai reçue
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Les années d’apprentissage
Tout a commencé dans les années 1990. À l’époque, j’habitais dans un petit
village du Sundgau, dans le sud de l’Alsace, à la frontière suisse, près de
l’Allemagne. J’ai rencontré la dame qui allait me faire découvrir son savoir
et qui vivait dans mon village, par l’intermédiaire de son petit-fils, que je
connaissais bien. Il m’arrivait d’aborder avec lui des sujets moins
conventionnels et c’est lors de l’une de ces discussions qu’il m’a dit que sa
grand-mère était une personne hors du commun et il m’a proposé de la
rencontrer, car, selon lui, nous nous entendrions bien. Il n’était pas très
courant à l’époque, surtout dans un petit village, de parler de spiritualité ou
de choses ne relevant pas directement du quotidien. J’ai accepté. Je me suis
donc rendu chez la grand-mère de mon ami, un dimanche, en début d’après-
midi. Quand je suis parti de chez elle, il était vingt heures passées et je
n’avais prononcé que quelques mots à peine. Elle avait parlé tout le temps,
me racontant ce côté de sa vie dont elle n’avait fait part à personne. Ce
soir-là, comme j’étais sur le point de m’en aller, elle a ajouté : « à la
semaine prochaine, donc », comme si nous étions de vieux amis habitués à
nous voir régulièrement.
Ce jour-là fut le premier de notre amitié très spéciale que vint
interrompre, un peu plus de six années plus tard, la mort de celle qui
pendant tout ce temps m’a enseigné et transmis le savoir chamanique dont
elle était la dépositaire.
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ne connaissent pas. Elle tenait à garder l’anonymat, même après son départ.
C’est pour cela que je ne la nommerai pas dans ces pages. Je choisis de
parler d’elle comme de mon mentor.
Soir après soir, voyage après voyage, les messages devenaient de plus en
plus longs et clairs. J’ai appris à me familiariser avec de nombreux esprits
comme mes propres animaux de pouvoir, certains esprits d’ancêtres de la
tradition de nos terres, et des guides et des maîtres spirituels. Je pratiquais
quotidiennement. J’ai appris ainsi à bien les connaître. Et ce sont plus
particulièrement les esprits d’ancêtres, qui, les uns après les autres, ont
commencé à proposer de me retransmettre un certain savoir et certaines
connaissances de leur pratique chamanique : c’est-à-dire comment ils
pratiquaient, ce qu’ils faisaient, dans quel but, à quel moment, etc.
Parallèlement, tous les soirs après mon travail, je retournais chez mon
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mentor qui continuait à me prodiguer son enseignement. Et lorsque je
rentrais chez moi, tard, je faisais ma propre pratique, mes propres voyages,
pour aller retrouver mes esprits et guides. Plusieurs mois puis années se
sont écoulés ainsi ; en début de soirée, je recevais l’enseignement de mon
mentor et ensuite, je recevais l’enseignement de mes esprits lors de ma
propre pratique. Je notais scrupuleusement tout ce que je recevais de mes
esprits mais je ne le partageais avec personne, pas même avec mon mentor.
En effet, elle me répétait assez souvent que la pratique personnelle ne
regarde que celui qui s’y astreint et, au début de mon apprentissage, elle
m’avait signifié très clairement qu’elle ne souhaitait pas savoir ce que je
vivais au cours de ma propre pratique. Elle la considérait comme un
véritable jardin secret, dont l’intimité doit à tout prix être respectée pour
être préservée de toute atteinte extérieure, même faite en toute bonne foi ou
avec bonne conscience. Elle-même, avec toute son expérience, ne voulait
surtout pas prendre le risque d’interpréter quoi que ce soit venant de mes
propres voyages avec mes esprits et guides. Au bout de six années
d’assiduité, d’apprentissage régulier, l’esprit d’un ancêtre qui se faisait le
porte-parole de tous les autres, est venu me voir lors d’un voyage
chamanique pour m’inviter à réfléchir sérieusement dorénavant à
retransmettre ces savoirs, ces outils, ces connaissances à ceux qui
voudraient les réutiliser pour travailler sur eux-mêmes, c’est-à-dire mieux
se connaître et se prendre en main personnellement. Car les outils et les
façons de faire que me montraient les esprits étaient simples et destinés, à
l’époque, à servir chaque membre d’une communauté : chacun pouvait les
apprendre pour ensuite les utiliser sur lui. Il ne s’agissait donc pas de la
pratique ou des outils plus approfondis qui visent alors à travailler sur
autrui et qui nécessitent un apprentissage tout différent, bien plus long et
plus poussé, et qu’il n’est pas concevable de mettre en place dans un cadre
de stages de deux jours ou d’une formation longue de plusieurs années axée
sur quelques semaines de réunions annuelles d’un groupe de travail. Ce
genre d’apprentissage ne peut être qu’individuel, il doit être nourri d’une
pratique quotidienne de plusieurs heures pendant des années, en compagnie
et sous la guidance du maître d’apprentissage. Ce qui est aujourd’hui
quasiment impossible à réaliser, dans nos rythmes ordinaires de vie.
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effet, mon mentor m’a formé quotidiennement, pendant plusieurs années,
j’aurais donc dû, pour retransmettre une pratique « spécialisée », procéder
à mon tour de la même manière.
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L’invitation à enseigner
Devant la portée de la demande de cet esprit, j’ai eu la désagréable et vive
sensation d’avoir été pris au piège. Ma première réaction émotionnelle fut
une grande colère immédiatement suivie d’un rejet catégorique de cette
invitation à enseigner. À l’époque, je me sentais très mal à l’aise lorsque je
devais prendre la parole dans un groupe, je devenais cramoisi, je n’arrivais
pas à articuler correctement, et je devais toujours lutter pour refouler les
larmes qui me montaient aux yeux. Je me suis fâché et j’ai répondu à cet
esprit qu’il s’était trompé de personne et que je n’avais pas la fibre d’un
enseignant. Le lendemain soir, je suis retourné comme chaque jour chez mon
mentor, et avant de commencer, elle a déclaré : « D’abord, ce soir, je dois
te dire une chose importante. » Et elle a poursuivi : « Tu sais, ce que les
esprits t’ont transmis, parallèlement à moi durant ces six années, et dont je
t’ai demandé de ne pas me parler, je te fais maintenant la même invitation
que l’esprit d’hier soir ; à mon tour, je te demande de penser sérieusement à
redonner ces outils simples et accessibles à tous, pour ceux qui voudraient
les réutiliser pour eux-mêmes. » En entendant ces mots, j’étais ahuri. Et je
me suis dit que je devais prendre au sérieux cette invitation à enseigner. Car
la façon dont elle m’avait été faite est conforme à la manière dont elle se
fait dans la plupart des traditions chamaniques de par le monde. De tout
temps, tout le village, toute la communauté, enfants, femmes, hommes,
jeunes, vieux, pratiquent le chamanisme, à titre personnel et quotidien. Et
très régulièrement, ils se rassemblent pour des pratiques communes,
collectives, sous forme de rituels, de cérémonies. C’est à ces occasions-là
que, souvent, une partie de l’assemblée présente remarque la fluidité
particulière d’un individu à communiquer avec les esprits. Ensuite, les
doyens et doyennes de la communauté, considérés comme des sages,
reçoivent la visite de leurs propres esprits qui leur font remarquer que cet
individu présente un potentiel et pourrait succéder au chaman, au guérisseur,
au devin, à l’astrologue, etc., déjà en place. Les sages vont alors se réunir et
discuter de ce choix avant de le valider. Lors de la cérémonie collective
suivante, les anciens formulent l’invitation à la personne concernée. Et elle
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a le choix d’accepter ou de refuser. Si elle refuse, tout continue comme
avant. Si elle accepte, cela signifie souvent que dans les jours à venir, elle
va déménager et aller vivre sous le même toit que le chaman. Celui-ci va
commencer à lui transmettre son savoir, ce qui prend de longues années.
L’élément fondamental qui valide cette invitation est qu’elle vient du monde
des esprits d’abord et ensuite seulement du monde ordinaire, des humains.
Si cette invitation ne se produit pas dans cet ordre, ou si elle ne vient que
d’un des deux mondes, elle n’est pas valide. Car il y a interférence, souvent
due à l’ego ou à un désir profond. Mon mentor me répétait d’ailleurs très
souvent la même mise en garde : « Si tu rencontres des personnes qui se
présentent au premier abord comme chamans ou guérisseurs, fais demi-tour
et éloigne-toi. » Il est important de savoir qu’aucun individu ne choisit de
devenir chaman ou guérisseur ou autre. L’invitation vient toujours du monde
des esprits d’abord et ensuite du monde ordinaire. Il n’est donc ni cohérent
ni vraisemblable de se proclamer chaman après quelques stages, et encore
moins de venir faire un stage pour devenir chaman. C’est contraire à la
pratique. Car qui dit pratique, dit assiduité, longue durée, connaissance de
soi, connaissance approfondie de ses esprits. Le tout dans la simplicité et
l’humilité. C’est le premier précepte de notre tradition qui en compte trois.
Les deux autres sont « ne rien attendre, se détacher de tout résultat » et
« travailler son ego et voir quelle place il prend ». Pour compléter, ajoutons
que dans la plupart des traditions chamaniques, ainsi que dans la nôtre,
personne ne se targue d’être chaman ou guérisseur, car dans ce cas, on ne
serait déjà plus dans la simplicité ni l’humilité. J’ai rencontré à ce jour
plusieurs chamans de traditions diverses dans le monde, aucun d’eux ne se
dit d’emblée chaman ou guérisseur. Ils s’estiment simplement au service de
leur village, des membres de leur communauté et ce sont ceux-ci qui leur
attribuent ce qualificatif distinctif.
J’ai donc réfléchi pendant plusieurs jours à cette invitation que je venais de
recevoir, car sur le coup, j’étais troublé. Ensuite, j’ai informé mon mentor
de mon intention de me préparer et de faire une première tentative. Et si
celle-ci s’avérait concluante, je poursuivrais. Sinon, je me détournerais tout
simplement de l’enseignement pour continuer ma pratique, mais seul avec
moi-même, comme avant. Je m’y suis mis : j’ai construit un premier atelier,
pour transmettre les bases de cette pratique celtique, selon les
enseignements que j’avais reçus pendant toutes ces années. Cela m’a
demandé des efforts considérables. Et le premier jour de l’atelier, j’étais
stressé, pris par la peur de mal m’y prendre, de ne pas arriver à
communiquer correctement, de ne pas trouver les mots justes. À l’issue du
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deuxième jour, les participants avaient notamment appris à faire des
voyages chamaniques au son du tambour selon notre tradition celtique, à la
rencontre de leurs animaux de pouvoir et de leurs guides et maîtres
spirituels. Les réactions positives des participants m’ont encouragé à
recommencer l’expérience, puis petit à petit, comme les personnes
intéressées souhaitaient approfondir leurs relations avec leurs animaux de
pouvoir et leurs esprits, mais aussi avec la nature qui nous entoure, j’ai
développé des ateliers ou des stages avancés sur des thèmes bien précis,
toujours constitués d’exercices, de rituels, de cérémonies que m’avaient
enseignés et m’enseignaient encore mon mentor et mes propres esprits.
Aujourd’hui encore, je continue ma pratique et je reçois des enseignements
de mes esprits.
Presque une année après mon premier atelier, mon mentor m’a dit qu’elle
arrivait au bout de ce qu’elle pouvait me retransmettre mais que je devais
toujours continuer ma pratique et rester attentif à mes esprits. Trois
semaines plus tard, je l’ai revue, c’était un dimanche après-midi. Cette nuit-
là, elle nous a quittés. J’étais la dernière personne à l’avoir vue vivante.
Elle n’était pas malade, elle n’avait aucun problème de santé. Tout
simplement, elle avait senti que l’heure était venue pour elle.
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II
L’enseignement que je propose
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Le chamanisme de nos terres
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dragon, une licorne dans les prés. Ces animaux, toutes les traditions les ont
dessinés ou décrits dans leurs récits oraux depuis le début des temps. On les
retrouve sur toute la planète, même dans des cultures qui n’ont pas
forcément eu de contacts entre elles. Et aujourd’hui, on peut se demander :
« Tiens, si toutes ces traditions, ces cultures, partout sur la planète, en ont
parlé, n’existeraient-ils pas quelque part ? Sur un autre plan ? »
Qui sont les ancêtres de nos terres ? Comme toutes les régions habitées du
monde, nos terres ont connu des mouvements de population ; invasions,
déplacements en masse pour des causes diverses. Il ne s’agit pas ici d’en
donner un aperçu élaboré et nous nous contenterons de comprendre que les
ancêtres de nos terres ne présentent pas une seule et unique souche ou
origine. Si leurs pratiques du sacré différaient en fonction des régions ou
des ethnies, elles reposaient sur les mêmes fondements. Pour n’en citer
qu’un : leur amour et leur respect des esprits de la nature avec lesquels ils
entretenaient des liens particuliers. Le chamanisme de nos terres est donc
issu de ces anciennes pratiques du sacré. N’oublions pas que de tous temps,
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les mots utilisés pour décrire le chamanisme ont évolué. À l’époque des
Celtes, le terme « chamanisme » n’existait pas. Pour rappel, il provient de
l’appellation « saman », et serait apparu pour la première fois en 16721.
C’est un terme emprunté à la langue toungouse. Plusieurs étymologies sont
avancées pour sa signification : « celui qui voit », « celui qui saute, qui
bondit ».
Nous savons que les Gaulois ont été envahis par les Romains, que cette
invasion a duré plusieurs siècles, et que, au cours de ces siècles, les
Romains se sont de plus en plus christianisés. Au IVe siècle après Jésus-
Christ, le christianisme devient la religion officielle en Gaule, alors que
jusque-là ses adeptes étaient persécutés par les Romains. On sait aussi
aujourd’hui que certaines fêtes païennes ont été incorporées au calendrier
chrétien et que les rites et symboles cultuels de nos ancêtres ont souvent été
diabolisés par la nouvelle religion officielle qui en a détourné les
significations profondes. Le cas du corbeau est révélateur. Si saint Benoît
avait un corbeau comme compagnon familier, aujourd’hui, nous sommes
bien loin de lui attribuer une aura positive. Il est surtout associé à la mort ;
il porte malheur, il est de mauvais augure. Jadis, il était effectivement lié à
la mort, mais il avait un rôle bénéfique. Lors de rites funéraires, lorsque les
officiants et les participants apercevaient ou entendaient des corbeaux,
c’était un excellent présage : l’essence de la Source qui venait de quitter le
défunt était prise en charge par les corbeaux qui la conduisaient à la Source.
Cet animal était pour nos ancêtres un animal psychopompe, c’est-à-dire un
passeur. Il était donc tenu en très haute estime. Autre assimilation
intéressante : Halloween. À la simple évocation de ce nom, aujourd’hui, on
voit surgir une citrouille au sourire ricanant et au regard vide et effrayant. À
l’origine, les Celtes célébraient la fête de Samain, le 31 octobre. Ce jour-là
était le dernier jour de l’été et le premier jour de leur année nouvelle. C’est
aussi ce jour-là que le voile séparant le monde des vivants de celui des
défunts est le plus ténu. La citrouille était utilisée lors d’un rituel de passage
pour les défunts. La citrouille était évidée et on y creusait un visage
souriant, accueillant. Le dessus restait ouvert. À l’intérieur, on y déposait
une bougie, allumée avec une intention précise. Une veillée était organisée
dès la tombée de la nuit ; les citrouilles étaient placées sur les rebords des
fenêtres, le visage tourné vers l’extérieur. Elles rayonnaient comme des
phares, guidant les défunts. Pendant cette veillée, des prières étaient
récitées à l’intention des défunts, pour les appeler et les exhorter à quitter le
monde des vivants. C’est aussi à ce moment de l’année que le houx
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apparaissait au-dessus des portes et des fenêtres des maisons. Le houx était
une plante qui repoussait les mauvais esprits. Les habitants l’utilisaient pour
se protéger pendant ce moment crucial. Le gui était très présent lui aussi,
au-dessus des portes et des fenêtres, mais on ne s’embrassait pas dessous ;
il empêchait la maladie d’entrer dans la maison et préservait la bonne santé
de la maisonnée.
L’Histoire montre que la coupure avec ces racines qui étaient les nôtres n’a
donc pas été radicale ni immédiate. Ce processus progressif d’aliénation
culturelle s’est étendu sur plusieurs siècles. Et cette tradition spirituelle de
nos terres, qui se fondait entièrement sur l’oralité, s’est éteinte ; ses
détenteurs ne pouvaient plus la transmettre sous peine ou par peur d’être
victimes, entre autres, d’accusations de sorcellerie, qui conduisaient
souvent tout droit à une mort certaine. Rares sont donc, aujourd’hui dans nos
régions, les récipiendaires de cette tradition orale, tandis que, dans d’autres
régions du globe, des anciens détiennent encore un savoir ancestral, issu
d’une transmission continue, qu’ils perpétuent tout naturellement à leur tour.
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continent et, finalement, sur toute la planète. Vivre en harmonie avec tous
les êtres vivants. Et quand on parle d’êtres vivants, attention, il ne s’agit pas
que des êtres humains. Dans le chamanisme, plusieurs règnes sont dotés de
la vie : l’homme, le règne animal (que l’on soit partisan de les associer ou
non car, pour citer le paléoanthropologue Pascal Picq, l’homme n’est pas le
seul animal qui pense, mais il est le seul qui pense qu’il n’est pas un
animal), le règne végétal et le règne minéral. Ce règne minéral aussi est
vivant même si l’on a plus de mal à le concevoir. Une pierre est tout aussi
vivante qu’un animal, qu’une plante, ou que nous-mêmes. Elle a une durée
de vie plus longue et un rythme de vie beaucoup plus lent, c’est pour cela
qu’on ne le perçoit pas au premier abord. Dans un état non ordinaire de
conscience, il est possible de le ressentir, d’en faire soi-même l’expérience.
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prenons de plus en plus conscience. Il est important de revenir à des notions
plus saines. Ce qui ne veut pas dire régresser. Mais bien s’adapter et se
rééquilibrer. C’est tout simplement l’une des bases même du chamanisme.
La préservation de cet équilibre, de cette harmonie dans leur environnement
de vie a toujours été l’un des premiers soucis des hommes. Les cueilleurs,
les chasseurs, les pêcheurs veillaient à maintenir l’équilibre des ressources
naturelles, seul garant de leur propre survie.
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Le chamanisme de nos terres : la Source, origine et
aboutissement de tout
– Une Source unique
Le but de tout individu, dans notre tradition chamanique, est d’atteindre
l’éveil de la conscience pure, par la pratique. Cet éveil de la conscience
passe par la Source. La Source est pour nous l’ultime référence. D’autres
l’appellent Dieu, Allah, Bouddha, Krishna, lumière, Amour, Conscience,
Grand Esprit, etc. Pour nous, tout est issu d’une seule Source, tout est relié
et il n’y a pas de séparation. Chaque élément de l’univers fait partie d’un
tout et le tout fait partie de chaque élément. Nous faisons donc partie d’un
tout et le tout se retrouve en nous. Nous avons coutume d’utiliser trois
termes pour décrire la Source ; pure lumière, pur amour et pure conscience.
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tellement dense, compacte, compressée, qu’elle en devient solide, donc
matière. Nous sommes donc de la lumière-matière, bien concrète. Et cela
vaut pour n’importe quelle forme, substance, vivante ou pas. Il n’y a pas de
niveau « inférieur » à celui-ci : En effet, la lumière dans sa vibration la plus
basse est matière. Cela signifie donc que nous ne pouvons que nous
« élever », progresser. Mais ce stade où la lumière est matière –
l’incarnation – est capital, car dans ce stade-là aussi, la lumière de la
Source doit faire ses expériences. L’incarnation, ou la concrétisation de la
lumière de la Source, est un moment privilégié pour nous d’aller de l’avant.
Avoir conscience de cet ordre des choses nous permet de concevoir notre
existence avec un regard complètement neuf. Une évidence s’impose alors :
« Tout ce qui m’entoure, tout ce que je vois autour de moi, c’est de la
lumière, et moi aussi je suis lumière. Donc, oui, je fais partie du tout et le
tout est en moi. En réalité, il n’y a pas de dissociation. »
À partir de là, nous comprenons sans effort notre participation, notre
responsabilité dans ce grand tout au sein duquel nous vivons.
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à main nue. Toute anesthésie ou opération conventionnelle n’est plus
nécessaire puisqu’il s’agit d’un rapport de lumière à lumière et pas de
matière à matière. C’est aussi le cas, en Amérique du Nord, pendant la
conquête de l’Ouest, des nombreux Indiens qui s’étaient évadés de leur
cachot. Leurs gardiens avaient vu un animal s’enfuir, sans toutefois détecter
la moindre marque d’effraction. Il s’agit là de maîtres de métamorphose. Ils
traversaient la matière, les murs de leur prison, et prenaient la forme d’un
animal pour couvrir leur fuite. Il existe de nombreux récits semblables.
Plus près de nous, nos ancêtres celtiques étaient de grands spécialistes en
la matière : Merlin l’Enchanteur, probablement le plus connu, était un maître
de métamorphose. La mythologie celtique relate de nombreux cas de
métamorphoses ; nous n’en citerons que deux : les métamorphoses
successives qu’enchaînent Cerridwen et Gwion Bach lors de leur
légendaire course-poursuite et Gwyddion qui, en plein combat, a
métamorphosé une troupe de Bretons en arbres et en plantes pour les sauver
d’une mort certaine.
Notre essence pure ne peut donc être malade, elle nous anime, elle est vie
en nous. Et le jour où elle se sépare de notre corps physique, elle ne nous
anime plus, c’est le jour de notre mort, le jour du départ de notre essence
vers un ailleurs de lumière. Des termes comme recouvrement d’âme ou
guérisseurs d’âme désignent donc pour nous une réalité impossible.
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Recouvrer son âme ou une partie de son âme, ou bien la guérir, relève tout
simplement de l’aberration. En revanche, bien entendu, nous avons des
disharmonies, des troubles énergétiques, des fuites énergétiques, des nœuds
énergétiques, etc. dans les différents corps énergétiques qui nous
composent, mais pas dans notre âme ni dans notre esprit, ces différents
corps qui nous composent n’étant pas notre âme, ni notre esprit.
Cette essence pure de la Source qui nous anime revient autant de fois qu’il
le faut, jusqu’à atteindre son but ultime. Notre tradition considère que tout
est cyclique dans l’univers, qu’il y a donc constamment naissance, vie et
mort. Nous croyons en la réincarnation. Nous croyons qu’après notre mort,
ce n’est pas fini. Au contraire, c’est un nouveau départ. Nous passons à une
étape suivante, pour nous rapprocher toujours plus de notre but. Les cycles
qui régissent la vie sont nombreux, il y a une multitude de cycles divers
dans notre corps, à notre échelle d’être humain, comme la reproduction et la
mort de nos cellules mais aussi la respiration, le sommeil, la digestion, la
jeunesse et la vieillesse, etc. Les cycles de la nature liés à ceux de la Terre,
comme les saisons, le jour et la nuit, les marées, les années qui sont autant
de révolutions de la Terre autour du soleil. Le grand cycle que représente
notre système solaire. Les cycles lunaires, etc. Tout est cycle, tout est
transformation, rien ne disparaît jamais, tout évolue.
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La pratique du chamanisme de nos terres
Le canevas
Notre pratique chamanique se fonde sur une éthique que nous aborderons
par la suite. Cependant, il me semble judicieux d’évoquer ici ses préceptes
majeurs : rester simple et humble, travailler son ego, voir où est sa place
dans l’instant présent, ne rien attendre, se détacher du résultat.
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– Le chaman, le praticien chamanique : une différence
fondamentale
De tous temps, dans tous les peuples naturels, chaque membre de la
communauté est apte à pratiquer le chamanisme. Nous l’avons vu, ce n’est
pas un individu qui s’autoproclame chaman, la communauté et les esprits le
choisissent en fonction de ses aptitudes. Ses activités spirituelles consistent
notamment en la guérison, la divination et les conseils, dans le respect
constant de l’harmonie sacrée de l’univers. Les esprits procurent au chaman
des connaissances, de l’aide, des conseils, des aptitudes, selon l’intention
avec laquelle celui-ci va les trouver. Ils lui transmettent également d’autres
ressources pour aider d’autres personnes, sa communauté, la planète ainsi
que pour avancer sur son propre chemin spirituel. Cependant, il faut bien
remettre chaque chose à sa place : il s’agit là de chamans qui ont grandi et
mûri dans une réelle pratique chamanique quotidienne. Il ne s’agit pas de
transposer cela à notre réalité occidentale et de croire que l’on peut devenir
chaman ou guérisseur à l’issue de quelques jours de stages ou après avoir
suivi une formation longue comme celles qui prolifèrent aujourd’hui en
Occident pour tous genres confondus de disciplines spirituelles.
C’est pour cela que dans notre tradition, nous parlons de praticiens
chamaniques, d’individus qui pratiquent le chamanisme pour eux-mêmes, en
utilisant des outils simples et efficaces à la portée de tous et qui ne
nécessitent pas un apprentissage assidu de longue haleine tel que celui que
connaît le chaman qui se fait former pour le bien de sa communauté et pour
travailler notamment pour autrui. Ce qui n’est pas la même optique. Dans
notre monde occidental, le chamanisme a beaucoup de mal à être crédible et
sérieux, parce qu’il n’y a plus toutes ces bases léguées par les aïeux. Et l’on
voit même certaines personnes se proclamer chaman après avoir lu
quelques livres ou après avoir fait un ou deux stages, suivis de quelques
voyages chamaniques qui passent pour suffisamment édifiants pour les
lancer dans cette voie.
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différent, unique. Le bon sens le plus élémentaire veut donc que chaque
individu nécessite une approche unique, qu’il est impossible d’apprendre
dans un stage. Même dans un stage de longue durée, ou au cours d’une
formation comportant plusieurs stages. Le seul moyen d’apprendre cela est
une pratique quotidienne, assidue, avec la personne qui forme, souvent
pendant plusieurs années. Le praticien authentique ne propose pas
d’apprendre dans un stage à travailler sur autrui. Un chaman non plus
n’enseignera pas en deux jours des techniques de guérison sur autrui. Il sait
que dans le cadre d’un apprentissage à court terme, c’est une aberration.
– La préparation
La pratique du chamanisme de nos terres se fait dans le cadre du chemin
personnel de chacun. Et avant toute pratique chamanique, il est important de
se préparer à entrer en relation avec le monde des esprits. Cette préparation
s’effectue en quatre phases : l’enracinement, une prière pour soi, une
protection et l’appel aux esprits.
L’enracinement sert à être bien présent, bien centré. Il nous pose. Plus
l’enracinement est bon, plus la communication avec les esprits sera claire.
Il ne s’agit donc surtout pas de planer, d’avoir la tête dans les nuages… Au
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contraire, l’enracinement est là pour bien nous ancrer, les deux pieds sur
terre. Il nous ouvre à la lucidité et à notre présence. L’enracinement se fait
en position verticale. Debout, assis sur une chaise ou assis par terre. Il ne
peut se faire couché. Le but de l’enracinement est de se sentir, s’imaginer
devenir un arbre – le ressentir – qui plonge d’abord toujours ses racines
dans la terre, pour la stabilité, et ensuite seulement se relie à la Source, par
ses branches. Nous pouvons pratiquer un enracinement différent tous les
jours, mais l’arbre est essentiel. De même que le fait de s’enraciner d’abord
dans la Terre, et de se relier ensuite à la Source. L’enracinement ne doit pas
nécessairement durer longtemps. Il est conseillé, au début, de prendre son
temps, pour le faire consciencieusement et bien l’inscrire dans son corps.
Par la suite, avec la pratique et l’assiduité, l’enracinement peut être très
rapide. Le mieux est de ressentir son propre besoin du moment.
Dans la prière pour soi, nous prenons un moment pour nous concentrer sur
nous-même, nous parler à nous-même pour bien prendre conscience du
travail que nous sommes sur le point d’entreprendre. Dans notre pratique,
prier signifie parler avec son cœur, dans l’instant présent, en toute sincérité.
Notre prière peut donc être sans cesse différente puisque nous la faisons
dans l’inspiration du moment. Cette prière particulière contient les
préceptes de notre pratique chamanique celtique : je reste simple et humble,
dans la pratique chamanique ainsi que dans la vie, je n’attends rien, je me
détache de tout résultat, je prends le temps de travailler mon ego, de
prendre conscience de la place qu’il occupe dans l’instant présent. Le fait
de se répéter ces préceptes quotidiennement, dans une prière, va nous aider
à les installer, à les laisser mûrir en nous progressivement, jour après jour,
prière après prière. Dans cette même prière, il est bon de se dire et de se
demander : « Pour quoi suis-je là ? Que suis-je en train de faire ? » Je suis
là car je consacre du temps à ma pratique chamanique et je suis sur le point
de faire un voyage chamanique. Je le fais pour moi, pour mon chemin, ma
quête spirituelle, pour mes guérisons. On peut aussi ajouter que l’on se
réjouit de retrouver ses esprits, ses animaux de pouvoir, ses guides. Et
enfin, que l’on fait entièrement confiance à l’essence de la Source qui nous
anime, car elle sait parfaitement ce qui est bon pour nous.
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qui nous anime, dont on peut se représenter le siège dans notre cœur. Elle
peut être alors perçue comme une lumière qui brille de plus en plus fort,
émanant de notre for intérieur et rayonnant à l’extérieur, tel un soleil
éclatant. Cette lumière repousse alors en dehors de nous et en dehors de
notre champ d’énergie tout ce dont nous n’avons plus besoin et tout ce qui
ne nous appartient pas. Cette même lumière crée alors un véritable cylindre
de lumière dans lequel nous restons enracinés, centrés et reliés. Il est
important de ne pas s’enfermer dans une bulle ou une sphère de lumière.
Une fois encore, c’est logique : la bulle ou la sphère sont des espaces clos,
elles nous isolent donc entièrement du monde extérieur, elles coupent nos
racines sous nos pieds et font barrage à notre reliance à la Source.
L’appel des esprits est une véritable prière dédiée aux esprits. Ici aussi, il
s’agit de parler avec son cœur, dans l’inspiration du moment. Dans l’appel
aux esprits, comme son nom l’indique, nous appelons les esprits à venir
nous aider, nous conseiller, nous soutenir, nous enseigner dans notre travail
chamanique. En tout premier, nous appelons l’esprit du lieu dans lequel se
fait la pratique chamanique. Il est très important d’honorer l’esprit du lieu.
Si la pratique se fait dans une salle, une chambre, un salon ou une forêt,
chacun de ces espaces a un esprit auquel il est tout naturel de se présenter,
puis de l’honorer, de le remercier et de lui expliquer ce que nous avons
l’intention de faire. De cette manière, cet esprit est respecté et impliqué, il
apportera sa contribution positive à notre travail. Après tout, nous ne
rentrons pas non plus chez des inconnus sans dire bonjour et en allant tout
droit nous installer au salon comme si nous étions chez nous. De plus, un tel
esprit a son caractère, sa personnalité. Inutile de le froisser en jouant les
intrus. Car alors, il pourrait brouiller notre pratique par un simple réflexe
de protection. Il pourrait faire barrage aux esprits qui viennent dans nos
voyages chamaniques. Pour donner une image : on pourrait comparer ce
« brouillage » à celui d’une conversation téléphonique mobile hachée à
cause d’un mauvais réseau.
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Lors de l’appel aux esprits, il faut aussi, bien évidemment, appeler les
esprits que nous connaissons déjà, les animaux de pouvoir et les guides que
nous avons déjà rencontrés, et tout spécialement ceux que nous voulons
aller voir, si nous savons qui ils sont.
Enfin, il est également bon d’appeler les esprits des directions. Notre
tradition chamanique connaît sept directions, dans cet ordre : l’est, le sud,
l’ouest, le nord, le bas, le haut et notre propre centre, là où siège l’essence
pure de la Source qui nous anime. Quand nous parlons du bas, il ne s’agit
pas de la Terre, mais de ce qui se trouve en-dessous de nous. Effectivement,
si nous traversons la Terre, nous ressortons dans l’espace. La direction du
bas est infinie, ainsi que les six autres directions. La direction du haut est
donc elle aussi infinie, il ne s’agit pas juste du ciel, ni de la Source, mais
bien de l’espace qui s’étend là.
Il est possible que des sons ou des chants de pouvoir se manifestent
durant cet appel aux esprits. Mais si cela survient, c’est d’une manière
spontanée, non réfléchie. Ces chants de pouvoir sont des sons, des
murmures, des fredonnements, des harmoniques, des mélopées, et bien sûr
des cris d’animaux. Les cris d’animaux viennent spontanément, soit parce
que nous sentons la présence d’un animal de pouvoir, et pousser son cri est
alors une manière de l’accueillir, de l’honorer et de le remercier ; soit,
lorsque nous avons une relation familière avec un animal de pouvoir, son
cri monte en nous de lui-même pour l’appeler. Dans notre tradition
chamanique, lorsque nous pratiquons en groupe, les cris tonitruants, les
hurlements à glacer le sang, les borborygmes qui effrayent, les imitations
effrénées de comportements animaliers n’ont pas leur place. En effet, ce
genre de manifestations ne relèvent plus d’une prière respectueuse dans le
cadre d’une pratique chamanique, mais d’un étalage de l’ego, qu’un de nos
préceptes, rappelons-le, a justement pour but d’éviter.
– Le voyage chamanique
Le tambour
Depuis des millénaires, les différents peuples naturels ont développé des
méthodes variées pour faciliter le passage dans l’état de conscience
chamanique. Une large majorité compte sur le son de toutes sortes
d’instruments, selon les traditions et les cultures, comme les percussions,
mais aussi sur la voix humaine : sons de gorge, chants diphoniques. Certains
peuples, dont la plupart se trouvent à proximité de l’équateur, là où le
climat est tropical, ont recours à des substances psychotropes. Dans tous les
cas, c’est le contact avec l’esprit du tambour ou de la plante sacrée qui est
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la clé de l’expérience chamanique. D’autres encore ont recours à la transe,
c’est-à-dire le mouvement répétitif, qu’il s’agisse d’une danse ou d’une
gestuelle particulière. Sans oublier la méditation pratiquée dans
l’immobilité totale du corps physique, la plupart du temps dans le silence.
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Le tambour chamanique est le passeur qui guide vers le monde non
ordinaire. Il est le métronome qui rythme le voyage chamanique. Il est ce
que l’on appelle un objet de pouvoir, car au fil du temps et de la pratique,
son esprit devient de plus en plus puissant et efficace. Il est un compagnon
sacré : il est unique et a son propre esprit. Chaque praticien entretient avec
lui une relation unique et exclusive. Tout d’abord, on cherche le cœur de
son tambour : l’endroit précis où le son et les vibrations produits par
l’instrument entrent en résonance particulière avec nous. Ensuite, on
contacte l’esprit de son tambour pour faire connaissance et demander
conseil pour nourrir notre relation. Cette relation s’approfondit et
s’intensifie au fur et à mesure de la pratique. Chaque fois que le praticien
utilise son tambour, il le charge. C’est-à-dire qu’il nourrit l’esprit du
tambour avec sa propre énergie. Guidé par l’esprit du tambour, il peut
également le charger avec des dessins, des petits objets de pouvoir
(sachets-médecine, plumes, osselets, pierres, rubans, fragments de métal,
morceaux de bois, plantes…) qui ont une signification pour lui. Charger son
propre tambour, c’est entretenir un sanctuaire en harmonie avec soi-même,
pour le sentir vivre entre ses mains.
Nous portons tous en nous cette faculté de faire des voyages chamaniques.
C’est avéré. Tout le monde y arrive. En revanche, là où c’est un peu plus
subtil, c’est que tout le monde ne s’aperçoit pas qu’il y arrive. Il y a des
gens dans des stages qui disent : « Je n’ai rien vu, je n’ai rien entendu, il ne
s’est rien passé. » Et pourtant si, cela a bel et bien eu lieu, mais à un niveau
inconscient. Force est de constater que nous sommes parasités par des
attentes – quelle que soit leur nature – et au début, c’était également mon
cas. Les personnes se font une idée précise de ce qui va leur arriver, après
avoir notamment lu des relations d’expériences. Et ces personnes sont
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tellement persuadées qu’elles vont vivre la même chose qu’elles ne se
mettent pas dans les bonnes dispositions d’ouverture, de réceptivité
nécessaire pour accueillir leur propre expérience. Personnellement, au
début, j’étais focalisé sur le fait que j’allais voir des images : tout le monde
veut voir des images. Alors que pour plus de la moitié d’entre nous, il n’y a
pas d’images, cela se passe autrement. J’étais bien braqué, je voulais
tellement voir des images que je suis passé à côté de ce que je recevais. Le
voyage était tellement ténu, tellement subtil que je ne m’en suis même pas
rendu compte. Je n’ai donc rien perçu alors qu’il s’était bel et bien passé
quelque chose. Ce n’est que par la suite, avec du recul, que je me suis rendu
compte que dès le départ, je voyageais. Si je n’avais pas eu d’attentes, si je
m’étais détaché de tout résultat, je ne serais pas passé à côté de ces
premiers résultats véritables. Il faut donc apprendre à lâcher prise et laisser
le champ libre à toutes nos perceptions, pas uniquement à celles qui nous
sont si familières. Le voyage chamanique est une expérience spirituelle
profonde et puissante, sans cesse nouvelle. Chacun le vit et le perçoit avec
tous ses sens. On peut voir des images, entendre des sons, avoir des
sensations tactiles diverses, connaître des émotions comme la joie ou la
tristesse, recevoir des informations par le goût, l’odorat ou par des
« images ressenties » que nous ne pouvons décrire avec nos mots, mais qui
sont pourtant bien présentes. Chacun peut également se mettre à voler, se
mouvoir dans les profondeurs sous-marines ou changer de forme au cours
d’un voyage chamanique.
Un voyage chamanique n’est pas une sortie hors du corps, ni ce que certains
appellent un voyage astral. Dans un voyage chamanique, le praticien reste
bien présent, même s’il peut se voir ailleurs. Même s’il vole, comme on l’a
dit, et même s’il se voit ou se perçoit transformé en animal par exemple.
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On le voit bien, la pratique du voyage chamanique nous permet d’accéder à
d’autres mondes. Pour être en phase avec cette réalité non ordinaire, comme
on l’appelle souvent, il faut donc nous départir de nos repères quotidiens et
nous ouvrir à un mode de fonctionnement différent de notre mode habituel. Il
faut être prêt à découvrir et à apprendre une nouvelle façon d’appréhender
ce que l’on va « voir » ou « ressentir » ou « vivre » dans les voyages
chamaniques. Mais aussi être prêt à apprendre un nouveau langage, une
nouvelle façon de communiquer avec nos animaux de pouvoir et guides
spirituels. Il faut en quelque sorte apprendre à parler une nouvelle langue,
celle des esprits. Or, cette langue est unique pour chacun d’entre nous. La
relation que chacun entretient avec ses animaux de pouvoir et guides
spirituels est spéciale. Pour reprendre une expression que j’aime
beaucoup : cette relation est taillée sur mesure pour chacun d’entre nous.
Chacun doit donc la découvrir par et pour lui-même.
Cette nouvelle langue est souvent, dans un premier temps, énigmatique et
symbolique. On parle d’un premier degré d’informations, qui semblent
souvent, pour ceux qui commencent leur pratique, cryptées et totalement
incompréhensibles. Tout le contraire d’une réponse ou d’un enseignement
clair et précis. Il ne faut pas oublier que les esprits ont une vision des
choses sans limites, beaucoup plus large que la nôtre. Nous sommes
formatés par notre éducation, par les normes qui régissent notre société et
restreignent notre vision des choses. Les symboles et énigmes que les
esprits emploient pour nous parler s’éclairent avec le temps, lorsque nous
les laissons se poser en nous pendant un, deux, trois ou quatre jours. Et
lorsque nous relisons ce premier degré d’informations obtenu, il apparaît
alors comme une évidence et la réponse peut être très claire, car nous
venons d’accéder à un second degré de compréhension. Cela ne peut se
faire que par un autre chemin que cérébral. En effet, une interprétation
intellectuelle ne représente que le reflet de notre intellect. Or, ici, il s’agit
de laisser monter la réponse du plus profond de notre être, de la laisser
émerger à la surface. Sans qu’elle soit forgée ni influencée par la tête, par
le mental. Et c’est ce qui constitue l’un des plus grands obstacles pour
nombre d’entre nous. Car il nous est très difficile d’admettre qu’il faut
lâcher prise intellectuellement. Une analyse rationnelle précipitée d’un
premier degré d’informations nous induit en erreur, car il s’agit d’un
dialogue de notre mental avec nos désirs profonds. Ce que le voyage
chamanique nous permet justement de dépasser, si on met les bonnes
conditions en place.
Lorsque les informations reçues au cours d’un voyage chamanique ou
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d’un autre exercice chamanique sont énigmatiques, symboliques, cryptées,
incompréhensibles, elles ne viennent pas de notre mental. Et au début, cela
peut nous troubler. Car le déroulement du voyage chamanique peut nous
sembler n’avoir ni queue ni tête, n’avoir aucun rapport avec l’intention
posée par exemple et nous dérouter complètement. Et pourtant, la
succession d’informations, aussi dépouillées ou riches qu’elles soient, sont
bel et bien autant d’éléments de réponse à l’intention posée au départ. Et
souvent, et c’est bien dommage, les personnes veulent alors à tout prix
interpréter ou expliquer rationnellement ce qui vient de se produire et qui
les met mal à l’aise, puisque notre intellect n’aime pas ce genre de
confusion. Et en faisant cela, elles s’éloignent du vrai sens du message reçu.
Celui-ci fera surface un peu plus tard, il nous viendra à l’esprit comme une
évidence. Souvent à un moment où nous n’y pensons plus, où nous avons
justement relâché notre emprise sur lui. Il se produira alors comme un
déclic, un rideau qui tombe. Et l’évidence nous apparaît, sans l’emprise de
notre mental.
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jour, après un exercice de méditation, une dame était énervée d’avoir été
submergée par ses pensées. Elle lui a alors demandé s’il ne connaissait pas
une bonne méthode pour faire le vide, pour ne plus avoir de pensées. Le
Dalaï-Lama a ri et lui a répondu qu’il était impossible de faire le vide, de
supprimer ses pensées. Et il a souligné que c’était une erreur de parler de la
méditation en termes de vide : tout le travail de la méditation, justement,
consistait à apprendre à calmer, à apaiser nos pensées pour
automatiquement permettre à notre conscience de s’ouvrir davantage. Et il
nous a dit de nous imaginer sur une plage, face à l’immensité du ciel et de
l’océan. Cet océan et ce ciel, qui s’étendent à perte de vue, sont nos
pensées. Ils ne disparaîtront jamais. Au départ, cet océan et ce ciel peuvent
être déchaînés, assaillis par une tempête. Au fur et à mesure de la pratique,
tout se calme, le ciel se dégage, les vagues se font plus petites. Un jour, le
ciel est tout bleu et la mer est d’huile. À ce moment-là – mais à ce moment-
là seulement – on peut constater deux phénomènes. Tout d’abord, l’eau lisse
et transparente révèle nettement notre propre reflet. Autrement dit, nous
pouvons voir qui nous sommes vraiment. Ensuite, nous voyons jusqu’au
fond de l’eau. C’est-à-dire au fond de nous-même. Cette partie de nous que
nous ne connaissons pas.
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présent dans le voyage, bref, d’interagir. Mais ce n’est pas le mental qui
prend le dessus. On interagit alors dans la réalité subtile du voyage
chamanique.
Bien sûr, notre tête est notre décodeur rationnel principal. Elle nous permet
d’avoir une certaine conscience des choses. Mais elle n’est pas pour autant
la cause de tout notre vécu. Une fois que nous sommes bien avancés dans
notre pratique chamanique, nous comprenons que notre tête ne fait que
constater, prendre acte de choses extérieures à elle. Et au début, cela
précisément constitue aussi un gros écueil pour beaucoup d’entre nous qui
ne peuvent pas concevoir, voire admettre, que des informations puissent
venir d’ailleurs que de notre tête, que nous puissions interagir dans la
réalité subtile du voyage chamanique avec cette lucidité d’esprit, qui est
toute différente de notre intellect à l’œuvre dans notre vie quotidienne. Il
s’agit encore d’admettre que le rôle de notre intellect se limite alors juste à
nous permettre d’avoir une certaine conscience de cette réalité subtile qui
lui échappe. Quand on fait un voyage chamanique et que les animaux de
pouvoir ou nos esprits aidants nous transmettent un message ou un
enseignement, cela ne vient pas de notre tête. Elle est le récepteur qui nous
permet de recevoir l’information. Mais ce n’est pas elle qui forge cette
information. Elle nous aide simplement à en avoir une certaine conscience.
Cette question nourrit un éternel débat entre les défenseurs de la rationalité
pure et les autres. Toutefois, il est bon de souligner que chacun d’entre nous
porte en lui ces deux aspects. La pratique assidue permet de s’en rendre
compte et de les dépasser pour ouvrir pleinement notre être à tous ses
niveaux de conscience.
L’intention
La pratique du voyage chamanique est essentiellement une question
d’intention, de confiance et de lâcher prise. D’intention claire et sans attente
de résultat et de confiance dans les esprits et dans l’aide qu’ils apportent.
Tout voyage débute par une intention. Il faut toujours avoir une intention
claire avant d’entreprendre un voyage chamanique. L’intention du tout
premier voyage dans un stage de base est : « Je voyage dans le monde d’en
bas pour rencontrer un de mes animaux de pouvoir. » L’intention doit
impérativement comporter deux éléments : où je vais et dans quel but. Ma
destination est donc : je voyage dans le monde d’en bas et mon but :
rencontrer l’un de mes animaux de pouvoir. Plus l’intention est courte,
claire et précise, mieux c’est. Plus elle est longue et diffuse, moins le
voyage sera précis. Ensuite, une fois l’intention formulée, il faut se rappeler
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l’un de nos préceptes : ne rien attendre, se détacher du résultat. Car ce n’est
pas nous qui décidons de ce que nous allons recevoir. Il est inutile de faire
un voyage chamanique dans le seul but de donner libre cours à notre ego ou
nous complaire dans des désirs superficiels. La plupart des personnes, au
début, qui ne sont pas encore familiarisées avec le voyage chamanique,
tombent systématiquement dans le piège de vouloir absolument un résultat.
Cette attitude leur impose un stress, une pression qui les empêche de lâcher
prise. Malheureusement, notre société nous a habitués et formatés pour cette
exigence de résultat. Au début, je devais aussi faire des efforts pour ne rien
attendre. Et un jour, un esprit m’a expliqué que « vouloir c’est le pouvoir, et
le pouvoir c’est se faire avoir ». Nous nous piégeons nous-même lorsque
nous voulons absolument un résultat.
Il est donc essentiel que notre intention soit claire et dénuée de toute attente.
Commençons par le monde du milieu, car il est notre réalité. Nos ancêtres
le définissaient comme étant « sur terre », tout ce qui fait partie de notre
réalité ordinaire. Le monde du milieu c’est notre quotidien, le monde dans
lequel nous vivons, le monde des vivants, le monde de la matière. C’est
dans ce monde que nous passons toute notre existence, notre vie. Attention,
« sur terre » ne veut pas dire bien entendu que l’on se limite à la croûte
terrestre. Le soleil, la lune, les étoiles, les autres astres qui font partie de
notre réalité, même s’ils sont séparés de nous par des distances que nous ne
pouvons pas concevoir, font aussi partie de notre monde du milieu. Le
monde du milieu est donc le plan là où la lumière est la plus compacte, là
où elle est matière. Nous pourrions penser spontanément que le soleil et la
lune seraient dans le monde d’en haut, mais ce n’est pas le cas. Ils sont bien
concrets, ils sont matière, ils font donc partie du monde du milieu. Et c’est
dans ce monde que nous pouvons par exemple, à travers le voyage
chamanique, interroger une plante pour connaître ses vertus, puisque la
plante est bien là, avec nous, sur notre plan. C’est aussi dans le monde du
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milieu qu’on va aller rencontrer un arbre pour parler avec lui ou lui poser
une question. Dans ce monde, on peut donc travailler avec les esprits de la
nature, les esprits des différents règnes vivants, les esprits des éléments, la
terre, l’eau, l’air, le feu, et l’esprit de toute chose qui nous entoure. On peut
donc dans le monde du milieu, aller à la rencontre de différents esprits pour
pratiquer la divination, acquérir des savoirs, des connaissances, demander
conseil…
Le monde du milieu est le monde de la vibration la plus basse de cette
lumière, là où cette lumière devient matière. Autrement dit, nous ne pouvons
aller plus bas. Nous ne pouvons que nous élever. Ce monde du milieu est
une étape cruciale dans le cheminement de l’essence de la Source qui nous
anime, car en devenant matière, la lumière peut faire son expérience et
permettre à nos consciences d’évoluer. Une fois que l’on a compris ce
principe fondamental, on entrevoit toute l’importance de la réincarnation
dans notre tradition.
Le monde d’en bas et le monde d’en haut sont comme des miroirs. Ce sont
des domaines spirituels beaucoup plus élevés que le monde du milieu. Le
monde d’en bas et le monde d’en haut sont les plans subtils où la lumière
n’est pas matière. Ces plans sont pure lumière. Ils sont donc plus difficiles à
concevoir pour nos intellects rationnels.
Ici aussi, il faut se défaire des clichés que l’on pourrait avoir : le monde
d’en bas n’est pas un quelconque enfer ou lieu de ténèbres négatives. Il est
un domaine de lumière, tout aussi lumineux que celui d’en haut. Et le monde
d’en haut n’est pas non plus un paradis par exemple. Il est tout simplement
un monde de pure lumière. Identique à celui d’en bas. Ces deux mondes sont
sans limites. Ils partent de la Source et la rejoignent, formant ainsi une
boucle.
Pourquoi alors deux mondes, puisque l’aboutissement est le même ? Pour
comprendre ces mondes d’en bas et d’en haut, il faut remonter aux premiers
temps de l’humanité. Quand les tout premiers hommes ont commencé à faire
du chamanisme, ils ont reçu des esprits de la Source, cette structure qui
fondait leurs premières relations avec ces êtres de lumière. Notre tradition
parle du monde d’en bas l’appelant la mère-terre, le ventre de la mère, la
matrice. Cela veut aussi dire à l’intérieur de soi-même. Cet inconscient au
fond de nous, notre monde d’en bas, nos profondeurs à nous, celles qui ont
besoin d’être explorées, pour apprendre à mieux nous connaître, à connaître
nos entraves, nos blocages, nos peurs, nos désirs profonds, pour guérir,
pour aller de l’avant. C’est dans ce monde d’en bas que nous allons à la
rencontre de nos animaux de pouvoir. Mais aussi des esprits de nos
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ancêtres, des empreintes énergétiques qu’ils ont laissées là avant nous.
Nous allons dans le monde d’en bas quand il s’agit de travailler sur nous-
même. Donc, la plupart de notre pratique chamanique se fait dans le monde
d’en bas : pour se libérer d’une entrave, pour se guérir d’un problème,
d’une colère, d’une peur, d’une tristesse… quand on veut en savoir plus sur
soi-même. C’est en soi qu’il faut descendre pour y voir plus clair.
Le monde d’en haut est donc un plan spirituel identique au monde d’en bas.
Dans ce monde, nous allons à la rencontre d’autres êtres de lumière : les
guides, les maîtres spirituels, des êtres de lumière qui peuvent se montrer
sous des formes ou des apparences différentes. Il faut ici aussi se départir
du cliché qui veut que le monde d’en haut est tout lumineux et qu’il se
déploie dans le ciel au-delà des nuages, ou qu’il est d’une qualité
spirituelle supérieure… non, il est la réplique du monde d’en bas, mais
nous allons simplement y rencontrer d’autres aides spirituelles pour
travailler d’autres choses : on peut leur poser des questions, leur demander
des conseils, des enseignements dans des domaines précis de notre vie.
C’est donc plus dans un esprit de connaissance, d’apprentissage, pas
forcément sur soi-même.
Selon le travail que nous voulons entreprendre dans notre pratique, il faut
donc que notre intention – claire et dénuée de toute attente – contienne notre
destination et notre objectif.
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que soit son étendue, a un esprit propre. Bien sûr, chaque élément du lieu a
aussi son esprit propre. Une forêt a donc son esprit propre, et chaque arbre,
rocher, rivière, etc., qui la composent ont eux aussi leur esprit propre. De
même, chaque maison, appartement, salle a son esprit propre.
Voici une autre notion d’esprit : l’esprit d’un ancêtre. L’esprit d’un ancêtre
est l’empreinte énergétique qu’une personne laisse après sa mort. Cette
empreinte est alors accessible, pour toujours, elle contient tous les savoirs,
toutes les connaissances que la personne a accumulés au cours de cette vie
qui vient de se terminer. Attention, il ne s’agit donc pas de l’essence pure
de la Source qui animait cette personne durant sa vie, non. Cette essence, à
la mort, est repartie vers la Source et elle poursuit ses réincarnations, son
évolution. Il s’agit donc bien d’une trace, d’une sauvegarde de cette vie-là.
Et cette empreinte, nous pouvons aller la consulter, notamment pour
apprendre des choses. Nous pouvons le faire dans un voyage chamanique, et
il est fréquent alors de rencontrer l’empreinte de cette personne sous les
traits qu’elle avait au cours de cette vie. On retrouvera aussi son
comportement et son caractère par exemple. Et bien sûr, la rencontre peut
être un échange, donc interactive. Les esprits des ancêtres constituent une
véritable bibliothèque universelle où nous pouvons aller puiser des
connaissances.
Une précision s’impose ici : l’esprit d’un ancêtre n’est donc pas ce que
le vocabulaire moderne désigne par une « âme en peine », une entité qui
serait restée coincée sur notre plan et qui peut être en détresse, car elle
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n’arrive pas à rejoindre la lumière de la Source.
Enfin, il m’est difficile de clore ce passage sur les esprits sans parler de ce
que le langage courant aime qualifier de « mauvais esprits ». Dans la
pratique chamanique aussi, bien sûr, on reconnaît l’existence de la lumière
et de l’ombre. L’une et l’autre permettent l’évolution, la progression. Sans
l’une, l’autre n’existe pas. Mais dans notre pratique, nous ne versons pas
dans le sensationnel : l’ombre ne vient pas perturber quelqu’un aussi
aisément que cela car nous avons tous nos propres protections naturelles.
Une personne saine de corps et d’esprit, bien ancrée, n’a aucun souci à se
faire. Et il est vrai aussi que nos défenses naturelles s’estompent lorsque
nous souffrons de dépendance à la drogue, par exemple, ou de dépression
profonde, et que nous sommes donc fragilisés de diverses manières, car
beaucoup plus vulnérables.
Ces protections naturelles dont nous sommes tous dotés barrent aussi la
route aux projections d’autrui. Cela signifie par exemple que personne ne
peut entrer dans votre intimité sans y être autorisé, et que si quelqu’un vous
déclare avoir vu des choses pour vous – favorables ou moins favorables –
il s’agit très probablement de projections de sa part. Ces projections n’ont
d’autre réalité que celle que lui donne la personne qui les génère et ne
devraient vous affecter en rien.
Dans notre pratique chamanique, l’intention est essentielle, ainsi qu’un bon
ancrage. Nous travaillons avec la lumière de la Source. Dans le cas
contraire, il ne s’agit plus du chamanisme celtique de nos terres.
« Esprit » est une notion qui désigne donc, dans le chamanisme, plusieurs
réalités subtiles très différentes, dont les principales sont peut-être bien nos
esprits aidants, c’est-à-dire nos animaux de pouvoir, nos guides et maîtres
spirituels, dont nous allons parler à présent.
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chose ou sur quelqu’un. Pouvoir désigne ici la force, l’efficacité que les
animaux apportent à celui ou celle qui travaille avec eux. Ils sont des êtres
de lumière, ils viennent directement de la Source. Leur particularité est de
se montrer sous la forme d’animaux. Ils sont propres à nous, taillés sur
mesure pour chaque personne. Ils sont donc affiliés à chaque individu pour
toute sa vie. Ils sont distincts de l’essence pure de la Source qui nous
anime. Ils sont des aides, des soutiens, de réels auxiliaires au service de
l’essence de la Source qui nous anime. Traditionnellement, nous allons à
leur rencontre dans le monde d’en bas. Mais s’ils veulent venir à nous dans
le monde du milieu ou dans le monde d’en haut, aucune barrière ne les en
empêche puisqu’ils sont des êtres de lumière. Leur seul but est de nous
aider au mieux à vivre, à accomplir ce que notre propre essence a choisi de
vivre et d’expérimenter dans cette vie présente. Ils sont donc en parfaite
relation, en parfaite adéquation avec notre essence. Ils sont toujours à nos
côtés : ils nous sont affiliés et ne nous quittent jamais. Ils repartiront le jour
de notre mort, quand nous expirerons notre dernier souffle, quand notre
essence retournera à la Source. Ils ont choisi d’être présents dès notre
premier instant jusqu’au dernier. Chaque être humain est donc accompagné
d’aides spirituelles diverses, quelles que soient ses croyances et quelle que
soit sa disposition à accueillir leur aide bénéfique. Chaque être humain est
également animé de l’essence de la Source. Ces animaux sont tous des
spécialistes, dans des domaines différents. L’un nous aide à travailler la
confiance en nous, dans le domaine familial, professionnel, spirituel, etc.
Avec un autre, nous installerons la force dans notre vie. Avec un troisième,
la joie de vivre. Un autre encore nous aidera à nous libérer de colères ou de
peurs, précises ou non. Chacun de nos animaux de pouvoir est taillé sur
mesure pour chacun d’entre nous, selon nos besoins. Nul ne peut donc dire à
l’avance ce que sera tel ou tel animal pour lui avant d’avoir travaillé avec
lui. Car chaque animal peut avoir une ou plusieurs spécialités. De plus,
nous ne saurons probablement jamais combien d’animaux de pouvoir nous
avons, leur nombre est indéfini et il varie d’une personne à l’autre. Sans
doute ne les connaîtrons-nous donc jamais tous. Il se peut très bien qu’une
personne en connaisse deux ou trois et qu’une autre personne en connaisse
vingt ou trente, mais cela n’a aucune incidence sur la qualité du travail que
toutes deux peuvent faire avec leurs animaux respectifs. Cela veut dire que
pour la personne qui n’en connaît que deux, ces deux animaux font le même
travail que les trente de celle qui en connaît trente. Mais celle qui en
connaît trente n’est pas plus avancée ou plus évoluée ou mieux lotie que
celle qui n’en connaît que deux. Le nombre n’a aucune importance. Ils sont
en parfaite adéquation avec nous. Quels que soient les animaux de pouvoir
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qui se présentent à nous, ce sont toujours les plus appropriés dans l’instant.
Pour savoir ce que signifient nos animaux, ce qu’ils nous amènent, c’est à
chacun d’entre nous d’effectuer le travail. Personne ne peut le faire à notre
place. Il faut entreprendre nous-même un voyage chamanique pour poser
directement la question à notre animal de pouvoir ; c’est la seule et unique
manière de savoir ce que notre animal nous amène. Vous ne trouverez pas ce
que veut dire votre animal de pouvoir dans un livre ni dans un jeu de cartes.
Un jeu de cartes sur les animaux donne leurs vertus universelles et non
personnelles. Certains de ces jeux de cartes donnent l’essence universelle
qu’attribuent des traditions chamaniques à des animaux. Dans ce cas, il
s’agit aussi de généralités et non de renseignements ciblés pour vous-même.
Ces renseignements, si vous vous y fiez, risquent bien de vous faire passer à
côté de la véritable fonction de vos propres animaux de pouvoir, celle qui
est taillée à votre mesure. C’est pour cela que le seul moyen de travailler à
notre tour en parfaite adéquation avec chacun de nos animaux de pouvoir est
de faire des voyages chamaniques pour aller les rencontrer, encore et
encore, et apprendre à les connaître de mieux en mieux.
Si lors d’un stage, dans un groupe, chacun voyait un animal qui se montre
sous la même apparence – l’ours, par exemple – il est évident que chacun
d’entre nous verrait un ours différent. Et que tous ces ours auraient une
fonction différente pour chacun, particulière, taillée sur mesure, selon notre
bagage, notre vécu, notre présent, etc.
Nous pouvons bien sûr avoir des premières pistes sur ce que nous
apporte un animal de pouvoir en sachant qui il est, tout simplement. Par
exemple, un ours n’est pas un écureuil, tous deux ont des particularités
différentes. En s’interrogeant sur les qualités d’un animal de pouvoir qu’on
vient de rencontrer, il arrive qu’on se rende compte que ce sont justement
ces qualités-là qui nous font défaut, qui nous seraient très utiles… Mais la
ou les qualités précises que nos animaux de pouvoir nous apportent, ainsi
que la manière dont ils procèdent, demeurent propres à nous-même. C’est là
que la pratique prend tout son sens : elle permet à chacun de profiter des
bénéfices particuliers, personnels, que ces animaux de pouvoir nous
apportent.
Lorsqu’un animal de pouvoir s’est montré à nous sous une certaine forme,
il reste fidèle à cette forme tout le reste de notre vie. Si aujourd’hui il a pris
la forme d’un ours, demain il ne se changera pas en un autre animal. Il
restera toujours un ours. En revanche, cet animal qui gardera toujours les
mêmes traits, par exemple ceux de l’ours, dans vos voyages, peut rajeunir,
peut vieillir, peut être malade, peut être en pleine forme, peut même avoir
des couleurs improbables dans notre réalité quotidienne, ou avoir une taille
49
disproportionnée, être aussi grand qu’une montagne ou aussi petit qu’une
fourmi, c’est possible. Mais il sera toujours un ours.
Pourquoi prend-il alors différentes apparences, alors que nos animaux de
pouvoir ne sont jamais malades ? Ils peuvent mettre en scène une attitude
malade ou agressive, mais il ne faut jamais oublier que c’est juste une forme
de communication. Que c’est le meilleur moyen pour nous de saisir ce
qu’ils veulent nous faire comprendre. Par exemple, un animal agressif peut
tout à fait nous montrer ainsi une de nos propres colères. Lorsqu’ils
modifient leur taille ou leur âge par exemple, c’est toujours dans le but de
communiquer avec nous, c’est pour nous dire, nous montrer, nous expliquer
quelque chose. Et bien sûr, c’est toujours de nous-mêmes qu’il s’agit. De
qui nous sommes, de ce que nous avons à travailler.
Nous ne choisissons pas l’apparence de nos animaux de pouvoir, ce sont
eux qui viennent d’eux-mêmes. Il ne s’agit donc pas de souhaiter très fort
rencontrer tel ou tel animal, mais bien d’être réceptif et accueillant envers
celui qui va se présenter, car nous ne savons pas quel animal est le plus
approprié à travailler avec nous dans l’instant, même si nous avons des
désirs très profonds qui influencent alors notre mental, qui risque à son tour
de s’imposer dans le déroulement du voyage chamanique. Il faut vraiment
rester ouvert à toute possibilité et écarter ses repères positifs et négatifs
familiers. Pour preuve : certaines personnes qui ont des phobies peuvent se
retrouver dans un voyage avec l’animal qui leur fait peur. S’il a choisi de se
montrer sous cette apparence, c’est qu’il a une excellente raison, qui n’est
pas d’effrayer la personne. Il est fréquent que des personnes rencontrent
justement l’animal dont elles ont la phobie. Non seulement cet animal les
aide à guérir leur phobie mais il leur apporte aussi tout son
accompagnement bénéfique. Un jour, une personne qui avait la phobie des
serpents en a rencontré un lors de son premier voyage dans un stage de
base. Elle a essayé de le chasser pendant tout le voyage et lui a fait savoir
qu’elle ne voulait pas de lui, puisqu’elle en avait très peur. Le serpent s’est
de son côté montré le plus doux et le plus affectueux possible en lui répétant
sans cesse qu’il était bien l’un de ses animaux de pouvoir et qu’il avait
beaucoup à lui apprendre. Durant tout le stage de base, ce serpent n’a cessé
de revenir dans les différents voyages chamaniques. Au fur et à mesure des
voyages et des rencontres avec ce serpent, la personne a peu à peu changé
d’avis sur cet animal. Elle s’est rendu compte qu’il n’était pas du tout
malveillant, et qu’au contraire, il lui communiquait des choses qu’elle
sentait très justes et bonnes pour elle. À la fin du stage, très touchée, la
personne a fait savoir que cet animal était pour elle une aide très puissante
qui lui inspirait désormais toute confiance et une grande affection. Et elle a
50
ajouté qu’elle se sentait guérie de sa phobie. Le lendemain, elle est allée
dans une animalerie et a demandé à un soigneur de lui mettre un serpent
dans les mains pour avoir un contact physique avec cet animal. Elle a
constaté qu’elle n’avait plus aucune peur et que toutes les idées qu’elle
avait nourries à son sujet étaient fausses, comme par exemple qu’un serpent
n’est pas du tout froid et visqueux mais qu’il est doux et chaud…
Beaucoup d’animaux dont aujourd’hui nombre d’entre nous ont peur
occupent souvent des places importantes, bénéfiques et respectées dans
différentes traditions chamaniques. Le serpent est le grand symbole de la
médecine. L’araignée est le merveilleux symbole qui représente la Source
dans notre tradition. La plupart des araignées tissent une toile. Elles
commencent par relier à un point central plusieurs autres points dans un
périmètre choisi, créant ainsi des rayons. Ensuite, à partir de ce point
central, elles tissent une spirale, reliant les rayons. Le centre de la toile
symbolise la Source dont tout est issu. Et à laquelle tout est relié. L’araignée
nous montre qu’il n’existe aucune séparation entre tout ce qui est. Et
pourtant, notre vocabulaire moderne a forgé le terme d’arachnophobie…
Nous avons déjà évoqué le corbeau et tout ce que notre tradition lui
reconnaît de bénéfique. La chauve-souris, qui a donné lieu à tout
l’imaginaire entourant les vampires, est dans notre tradition l’animal qui
représente notre capacité à sortir de nos ténèbres les plus obscures. Grâce à
l’écholocalisation, principe du sonar, elle peut éviter les obstacles et grâce
à sa boussole, la magnétite, elle peut s’orienter.
Donc, le seul moyen de savoir ce que nous apporte un animal de pouvoir
est de le lui demander en direct. Nous sommes tous uniques. Et pourtant, à
ce jour, nous venons de passer le cap des sept milliards d’êtres humains sur
la Terre.
51
nous. Ils vont donc y aller petit à petit, en fonction de chaque personne. La
relation à nos animaux de pouvoir est comparable à celle avec d’autres
personnes : c’est au fil du temps et des rencontres que la connaissance de
l’autre – et de soi-même en la présence de l’autre – s’approfondit.
Deux de nos animaux de pouvoir ont des fonctions bien précises. Et chacun
de nous a ces deux animaux de pouvoir : il s’agit de l’animal gardien et de
l’animal guide. L’animal gardien veille sur nous, comme le dit son nom, il
nous protège. Notre animal guide nous accompagne dans un domaine bien
précis : notre parcours spirituel, peu importe notre discipline spirituelle. Il
nous encourage à toujours aller de l’avant. Nous traversons tous des hauts et
des bas dans notre vie, et quand nous sommes au creux de la vague, il est
toujours là pour nous galvaniser, nous encourager, il va nous conseiller,
nous aider, à condition bien sûr que nous voulions travailler avec lui.
Donc, tous nos animaux de pouvoir sont taillés sur mesure pour nous, selon
nos besoins du moment. Mais ils sont plus que cela ; nos animaux de
pouvoir sont aussi les gardiens de nos mémoires, de nos savoirs, de nos
connaissances, de tout ce que nous avons accumulé dans nos vies passées ;
ils sont de vraies sauvegardes. Et si cela peut nous rendre service
maintenant, dans cette vie, alors pourquoi pas, ils peuvent faire monter dans
un voyage chamanique certains de ces savoirs, alors que nous ne les avons
peut-être même jamais acquis ou étudiés dans cette vie-ci. Cela peut
surprendre mais cela a toujours un sens. Voici deux exemples. Un jour,
après un stage de base, une participante qui a continué sa pratique
individuelle à la maison, rencontre un nouvel animal de pouvoir dans un
voyage chamanique. Le lendemain matin, elle se réveille avec la vague
impression que quelque chose a changé en elle. Sans savoir quoi. Elle part
travailler, elle avait un poste dans une grande entreprise et c’est au cours de
la journée qu’elle a compris ce qui avait changé : elle savait désormais
parler, écrire et lire le japonais, une langue étrangère qu’elle n’avait jamais
apprise ni étudiée à l’école ni ailleurs. Elle ne l’a dit à personne, ne sachant
quel genre de réactions cela susciterait. Cet animal était sans aucun doute
gardien d’une mémoire, et cette personne, dans une ou plusieurs vies
précédentes, avait dû vivre au Japon ou dans un lieu où le japonais était
d’usage. L’animal a fait monter en elle ces connaissances. Les animaux de
pouvoir ne font rien sans but précis : à peine un mois après, cette personne a
été convoquée par la direction de son entreprise qui lui a annoncé la
décision de créer une filiale au Japon, pour huit mois, et qui lui en proposait
52
la responsabilité, sans même savoir qu’elle maîtrisait désormais la langue.
Elle a accepté. On comprend aisément que son séjour en a été grandement
facilité, et sur le plan professionnel et sur le plan privé : une fois là-bas,
pendant ses congés, elle a pu rencontrer des personnes dans le domaine
spirituel avec lesquelles elle a pu s’entretenir directement. Les bénéfices
qu’elle a retirés de ces rencontres n’auraient pas été les mêmes s’il y avait
eu un interprète, un intermédiaire pour traduire. Cela lui a donc ouvert des
portes et permis des rencontres qui n’auraient pas pu se faire autrement.
Elle a pu vivre une expérience spirituelle enrichissante grâce à sa
connaissance de la langue. Elle était donc doublement gagnante.
Spirituellement et professionnellement. Cet exemple montre bien que nos
animaux de pouvoir nous connaissent parfaitement, qu’ils nous
accompagnent à chaque instant, et qu’ils agissent toujours selon nos besoins.
Nos animaux de pouvoir nous préservent, avant tout. Si cette personne
n’avait pas été prête à recevoir cela, ils ne l’auraient pas fait. Car leur but
n’est pas de nous destabiliser, mais de nous aider. De même, si cela ne nous
est d’aucune utilité, ils ne font pas monter en nous une mémoire de savoir.
C’est donc très rassurant : si l’on reçoit un tel enseignement, c’est que l’on
est prêt, dans les dispositions parfaites pour l’accueillir. Voici un autre
exemple : un jour, une autre personne, après un voyage chamanique qu’elle
venait de faire chez elle, s’est rendu compte qu’elle connaissait les noms et
les vertus des plantes qu’elle avait autour d’elle dans la pièce. Elle a
compris ensuite que son savoir ne se limitait pas aux seules plantes de sa
maison… Par la suite, elle a quitté son emploi pour travailler dans une
entreprise spécialisée qui élabore des produits sains à base de plantes.
Avant cela, cette personne citadine ne connaissait absolument rien aux
plantes et ne s’y intéressait pas vraiment.
53
qui nous a toujours mis mal à l’aise par exemple, un jour, tout malaise a
disparu et nous avons la parole juste, l’acte juste, la réaction juste, qui est
bénéfique pour nous, mais aussi pour ceux qui nous entourent.
Ces alliés si proches de nous se sont donc montrés aux premiers hommes
sous la forme d’animaux parce que c’étaient leurs repères.
Ces quelques lignes ne donnent qu’un aperçu très bref des animaux de
pouvoir et de ce qu’ils peuvent donner à chacun de nous. C’est la pratique
individuelle et régulière qui permet d’affiner les perceptions que nous
54
avons d’eux, d’avoir une idée de l’ampleur des bénéfices qu’ils ont à nous
apporter et d’approfondir notre travail ensemble.
La deuxième distinction par rapport à nos animaux de pouvoir est que les
guides, les maîtres spirituels peuvent se montrer à nous sous n’importe
quelle forme. Sauf une : celle d’un animal.
Ils peuvent se montrer à nous sous la forme d’un personnage, d’un objet,
d’un arbre, d’une fleur, d’une montagne, d’un cristal, d’un parfum, d’une
couleur, d’une forme géométrique, d’une présence invisible, d’une voix qui
nous parle…
55
participe au message qu’ils veulent nous confier, ou au travail qu’il
convient de faire avec eux dans l’instant présent. Tout comme le décor dans
lequel le voyage chamanique va se dérouler. Dans tout voyage chamanique,
tout est élément d’information, tout est important et tout contribue au
message que le guide, le maître spirituel ou l’animal de pouvoir veut nous
faire passer. C’est pour cela qu’il est essentiel d’entreprendre chacun de
nos voyages chamaniques dans l’ouverture d’esprit la plus totale possible,
sinon, nos attentes, la pression de notre mental ou nos projections interfèrent
et empêchent le véritable message de nous parvenir dans son intégrité et
dans son intégralité. C’est pourquoi, je le répète, il faut bien se départir de
tout cliché familier qui forgerait, dans notre imaginaire personnel, un
hypothétique monde d’en haut. Le monde chamanique d’en haut peut se
présenter comme un décor semblable à celui du monde chamanique d’en
bas. La nature, une forêt, un océan, les profondeurs d’une grotte ou d’une
caverne, les airs, ou tout ce qui ne s’exprime pas par notre vocabulaire
conventionnel mais qui se perçoit par notre ressenti. En effet, beaucoup
d’entre nous vivent les voyages chamaniques par le biais du ressenti. Et
nous avons peu de mots pour décrire ce genre de perceptions, très
différentes des images visuelles. Pourtant, les voyages chamaniques vécus
par des « images ressenties » sont évidemment tout aussi pertinents que
ceux qui comportent des images visuelles. Simplement, ces « images
ressenties », comme elles nous sont moins familières dans nos expériences
quotidiennes, demandent peut-être un peu plus de temps pour que nous nous
y accoutumions. Mais elles sont tout aussi pertinentes qu’un autre mode de
perception plus habituel. Il s’agit tout simplement d’une information qui est
parvenue à notre cerveau, notre décodeur, qui nous la retransmet sous forme
d’image.
On voit donc bien tout l’intérêt de rester ouvert et accueillant dans sa
pratique, afin de ne pas passer à côté d’éléments d’information essentiels
qui pourraient bien nous parvenir sous une forme nouvelle, insolite même.
56
Parfois, nos guides ou maîtres spirituels, s’ils ont changé de forme, portent
un signe, toujours le même. Un jour, dans un voyage chamanique, j’ai vu un
personnage avec une pâquerette fichée dans ses vêtements. Dans un autre
voyage chamanique, il avait la forme d’un arbre, la pâquerette était plantée
dans son écorce. C’est un signe, un clin d’œil. Et une troisième fois, j’ai vu
ce guide sous la forme d’un vase et sur ce vase, un bouquet de fleurs était
peint avec la pâquerette en plein milieu. Par ce signe, il voulait me dire
clairement que c’était bien lui. Mais, je parle ici d’un signe visuel, or, de
nouveau, nous pouvons aussi bien sûr recevoir des « signes ressentis », de
l’ordre de l’odorat, de l’ouïe, etc.
57
donc progresser sur ce nouveau chemin qui est le leur. Il arrive même que
nous ne puissions jamais faire un ou plusieurs deuils. Ce qui signifie alors
que ce lien ou ces liens, qui sont en réalité des entraves, ne sont déliés que
lorsque nous mourons à notre tour. Bien accomplir tout deuil est donc
bénéfique : une fois le lien coupé, la personne qui reste ne souffre plus de
l’absence et la personne décédée peut poursuivre son chemin pour se
préparer à revenir.
Tant que penser à une personne qui est partie provoque encore en nous de
la tristesse, de la douleur ou d’autres émotions fortes et négatives, notre
deuil n’est pas accompli.
Bien sûr, nous pouvons toujours prier pour nos défunts, pour qu’ils
cheminent bien, que cette étape suivante leur soit la plus favorable possible.
Il ne s’agit plus alors de les retenir, au contraire : par la prière, nous les
aidons, nous les encourageons à rejoindre la Source. Prier, dans notre
tradition du chamanisme de nos terres, c’est parler avec son cœur, dans
l’instant présent. Il ne faut donc pas se lamenter dans la prière, ni adresser
des reproches au défunt. Car ce ne serait plus une prière mais une libération
d’émotions. Il est parfois nécessaire, c’est vrai, de faire ce travail, lorsque
le deuil est encore trop pénible, douloureux ou éprouvant. La prière, elle, se
fait lorsque nous avons déjà trouvé un certain apaisement, une certaine
sérénité qui nous permet de voir que le défunt – aussi cher nous soit-il – et
nous-même sommes deux personnes distinctes avec deux chemins distincts à
parcourir.
Ces veillées, qui dans notre tradition ne duraient jamais moins de trois ou
quatre jours, permettaient aux vivants de venir dire un adieu individuel au
défunt et de couper tous liens avec lui. Ensuite venait le temps du rite
funéraire, au cours duquel le responsable spirituel de la communauté du
défunt confiait celui-ci à la Source, dans un adieu collectif au nom de toute
la communauté. La fin de ce rite funéraire clôturait le deuil. Venait alors un
moment de fête où tous mangeaient et buvaient en l’honneur du défunt. Cette
58
célébration était accompagnée de musique, de chants et de danses à travers
lesquels la communauté se réjouissait de ce nouveau cycle entamé par le
défunt.
Mais, comme il a été dit, toute personne de notre entourage qui nous quitte
ne devient pas nécessairement un de nos guides ou maîtres spirituels. Ce
n’est pas très fréquent. Simplement, je mentionne ce cas, car il est possible.
Et s’il se produit, cette personne n’est alors que brièvement notre guide.
Après son départ, le défunt passe différents caps pour rejoindre la Source.
Tant qu’il est dans les premiers paliers, il peut encore venir à nous. Mais
une fois qu’il a passé un certain cap, il ne le peut plus. Il est alors dans une
autre étape et se prépare à revenir, s’il doit le faire. Mais je le répète, ce
cas n’est pas le plus fréquent dans la pratique chamanique, loin de là. Rares
sont ceux qui sont là pour nous pendant des années ou pour tout le reste de
notre vie, car cela signifie alors qu’ils ont choisi délibérément de ne pas
franchir certains paliers et donc de ne pas avancer sur leur propre chemin
durant ce temps-là.
59
mêmes, c’est lui aussi qui utilise ces figurants, nos étiquettes. Lorsque nous
voyons l’image d’une personne connue dans un voyage chamanique, il ne
faut pas croire que la personne en question est venue de son propre chef. La
plupart des voyages chamaniques parlent de nous-mêmes. Il faut donc bien
garder les pieds sur terre lorsque ce genre de choses arrive. Il serait
vraiment dommage de croire à un phénomène extraordinaire et de contacter
la personne en question, en lui disant qu’elle vient par exemple de nous
délivrer un message essentiel ou que nous avons reçu un message essentiel à
son intention. Ou que nous avons reçu un soin à lui faire ou inversement.
Attention, il faut à tout prix éviter de l’impliquer dans quelque chose qui ne
la concerne pas : les voyages chamaniques parlent de nous-mêmes.
L’apparence de la personne connue doit nous aider à comprendre quelque
chose à propos de nous-même. Il ne s’agit pas de croire que la personne
réelle est venue : lui dire cela pourrait même lui donner un ascendant
négatif, une emprise sur nous, qu’elle soit suscitée par une demande de
notre part ou un désir de la sienne. Tout voyage chamanique est intime et
personnel. En le racontant, forcément, on prend déjà une certaine distance.
Et dans ce cas précis, on risque bien de le « déformer », sous la pression –
consciente ou non – de notre désir profond.
60
et ne pas croire que c’est exceptionnel ou incroyable. Si cela nous arrive,
c’est qu’ils ont estimé que le moment était propice, tout simplement. Il ne
faut pas s’estimer privilégiés, ils sont venus pour nous tous. Bien sûr, cela
ne doit pas nous empêcher d’être reconnaissants, d’éprouver de la gratitude,
comme nous le faisons envers tous nos autres guides et animaux de pouvoir.
Sur notre chemin sur cette Terre, nous sommes donc accompagnés, guidés et
soutenus par de nombreux esprits aidants qu’il ne tient qu’à nous de
rencontrer, de connaître, puis de consulter, de solliciter pour profiter de
leurs conseils et enseignements bénéfiques.
Et nous pouvons le faire par une pratique individuelle, régulière et
assidue. C’est pourquoi, lors du stage de base, nous découvrons des moyens
d’accéder au monde d’en bas et au monde d’en haut, nous apprenons
également à travailler avec des éléments composant le monde du milieu.
Nous allons aussi notamment à la rencontre de nos animaux de pouvoir, de
nos guides et maîtres spirituels pour ensuite pouvoir nous familiariser et
entamer un travail en profondeur avec eux. Enfin, nous apprenons un
exercice, un outil à utiliser dans le cadre de la pratique de l’autoguérison
(qui fait l’objet du chapitre suivant).
61
donc d’un travail sur soi. Et ce travail touche à tous les aspects de la
guérison : problèmes physiques – maladies, douleurs, anciennes
blessures… – problèmes psychologiques – état dépressif, peurs, colères,
tristesses… Certaines situations dans notre vie nous affectent
particulièrement, nous font perdre nos moyens, notre confiance, notre
assurance, elles peuvent déclencher un réflexe de peur, de fuite ou de
colère. Nos réactions ont une source, une origine que nous ne connaissons
pas toujours. Elles sont souvent dues à des événements antérieurs marquants
dans notre vie qu’il n’est d’ailleurs pas nécessaire de retracer pour guérir,
libérer et transformer. Nous pouvons également travailler à d’autres
niveaux, comme les troubles énergétiques – dus par exemple à une énergie
perturbatrice extérieure à la nôtre restant dans nos corps énergétiques – qui
peuvent eux aussi causer diverses maladies ou problèmes psychologiques.
62
fatiguée, en difficulté, fragmentée, divisée, elle échappe à toutes ces
contingences terrestres, puisqu’elle est un fragment de la Source. Elle ne
peut pas non plus quitter notre corps physique pendant notre vie, car le jour
où elle le quitte, nous mourons. Il ne faut pas la confondre avec notre esprit
– la conscience de la Source qui nous anime – qui, lui, peut voyager, se
déployer sans limites et se percevoir comme hors du corps, mais sans en
être détaché. Certains témoignages de praticiens chamaniques, après des
voyages, rejoignent ceux des personnes ayant traversé des expériences de
mort imminente : ces témoignages parlent d’un cordon souvent doré qui lie
le corps physique de ces personnes à leur conscience qui les voit d’en haut.
Comme nous l’avons dit plus haut, les notions de recouvrement d’âme et de
guérisseur d’âme sont donc étrangères à la tradition du chamanisme de nos
terres. Elles sont en fait une aberration. Peut-être viennent-elles d’une
confusion, d’un choix malencontreux de mots pour traduire un certain travail
chamanique observé par des anthropologues, des ethnologues et des
explorateurs parmi des peuples naturels. Ces observateurs ont assisté à des
séances de travail chamanique, individuelles ou collectives, et ont constaté
que les personnes traitées lors de ces rites ou cérémonies se portaient mieux
par la suite, voire guérissaient. L’étape suivante logique pour ces
observateurs extérieurs était d’essayer d’expliquer ces phénomènes de
l’impalpable. Or, la seule référence, le seul repère dans l’immatériel dont
ils disposaient se trouvait souvent être ce que l’on nomme « âme », avec les
différentes significations qu’on lui a attribuées au cours des siècles. Et
aujourd’hui, cette confusion dans les interprétations des différents récits
donne lieu à des notions erronées.
Ce plan subtil dont il est question et dans lequel nous travaillons pour
favoriser notre autoguérison est l’ensemble des différents corps subtils qui
composent l’être humain (et non notre âme et notre esprit, cette essence pure
de la Source qui nous anime.)
63
depuis parfois longtemps déjà. Elle signifie pourtant également que nous
pouvons traiter, travailler des dysfonctionnements avant qu’ils n’arrivent
dans le corps physique ou psychique. Une pratique régulière, assidue, nous
permet littéralement de faire le ménage en nous, de procéder à un entretien
préventif régulier et salutaire. C’est d’une véritable hygiène de vie qu’il
s’agit ici, au sens plein du terme : il s’agit de tendre à préserver, à
améliorer sa santé. Et dans notre tradition, il s’agit bien sûr de la santé de
tous les corps qui nous composent, de l’intégralité de notre être. Car plus
nous préservons notre santé, plus nous assurons notre propre harmonie et
par voie directe de conséquence, l’harmonie du Tout dans lequel nous
vivons et dont nous sommes une composante.
Pour que nos efforts de guérison, nos soins soient efficaces, il faut cibler les
racines de nos dysfonctionnements. Car les racines, si nous les laissons,
qu’elles soient subtiles ou physiques, immatérielles ou bien concrètes,
repoussent, à plus ou moins long terme en fonction du terrain. Il est peut-être
difficile de concevoir cela, puisque sur les quatre plans – physique, mental,
émotionnel, spirituel – qui sont affectés et que nous devons travailler, seul
l’un d’entre eux est du domaine du concret, du visible, c’est le corps
physique. Pourtant, ne pas traiter les racines favorise bel et bien le risque
de rechute.
Dans le premier cas, lorsque nous constatons une maladie, une douleur dans
notre corps physique, nous allons consulter notre médecin, généraliste ou
spécialiste. Le médecin établit un diagnostic et un traitement pour soigner ce
dysfonctionnement physique. Dans ce cas, seul un plan de notre être est
traité et le mental, l’émotionnel et le spirituel ne sont pas pris en compte.
64
mental et sur le plan émotionnel, puisque ce sont ces domaines-là qui sont
surtout concernés. Le corps physique est alors moins pris en compte, ainsi
que le côté spirituel qui ne l’est parfois pas du tout. Dans ce cas, comme
dans le précédent, nous voyons que nous n’avons pas traité l’intégralité des
plans qui nous composent.
Ces trois cas, comme ils n’englobent pas la totalité de notre être, ne
présentent pas une efficacité optimale. Celle-ci s’obtient en travaillant
simultanément sur les quatre plans de notre être. Comment faire ? En traitant
à la fois le plan spirituel et le plan physique. Car en faisant cela, le plan
mental et le plan émotionnel, pris entre les deux, sont automatiquement
impliqués. On le constate très bien dans les stages, ou dans la pratique
individuelle : lors d’un voyage chamanique, des émotions inattendues
peuvent se manifester, et on peut se mettre soudain à rire ou à pleurer, ou
ressentir une grande joie ou une grande tristesse que chacun exprimera à sa
manière. Un voyage chamanique est un travail profond sur soi, qui touche à
des choses dont nous n’avons souvent pas conscience et dont il n’est pas
toujours nécessaire d’avoir conscience pour les travailler, les libérer, les
guérir. Ce qui peut se traduire, surtout à l’issue d’une journée de stage
pendant laquelle nous faisons un gros travail soutenu, par des maux de tête
ou une grande fatigue. C’est la façon qu’a le corps physique de s’ajuster aux
changements vécus sur nos autres plans.
De nos jours, dans plusieurs états du Canada ainsi que dans plusieurs États
d’Amérique du Nord, certains hôpitaux accueillent de temps en temps ou
quotidiennement des hommes ou femmes-médecine pour que les patients qui
le souhaitent puissent bénéficier d’un soin dans le domaine énergétique et
65
spirituel, complémentaire aux soins médicaux pourvus sur place. En
Sibérie, certains hôpitaux font aussi appel de manière permanente à des
chamans locaux. Dans quelques établissements parfois, le chaman est
présent dans le bloc opératoire et il fait son travail pendant que le
chirurgien intervient avec son équipe. Des statistiques montrent que lorsque
les patients combinent les deux modes de traitement : physique, médical et
énergétique, spirituel, les rechutes sont beaucoup moins fréquentes que dans
le cas des patients qui ne s’occupent que du plan physique. La
convalescence, la cicatrisation… sont également plus rapides.
66
quantités, les proportions. Tout cela est très vaste. Et bien sûr, toujours
adapté à la personne qui en a besoin, puisque chacun de nous est unique et
chacun de nous nécessite une approche et un traitement uniques. C’est
l’esprit de la plante qui va nous indiquer tout cela. Voilà donc l’un des
domaines dans lequel nous pouvons travailler avec le monde des esprits
pour recevoir leurs enseignements.
De même, nous pouvons communiquer avec l’esprit d’un lieu. Ce lieu peut
être une maison ou une forêt ou une terre par exemple. L’esprit du lieu peut
alors nous révéler l’histoire de ce lieu depuis ses origines.
Nos ancêtres consultaient aussi régulièrement les esprits des éléments,
pour ensuite s’adapter aux enseignements qu’ils recevaient. C’est ainsi par
exemple qu’ils savaient qu’ils devraient se préparer à un hiver rude ou au
contraire clément.
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qui doivent impérativement concerner la personne qui les pose. Les
procédés sont multiples et très simples, ils sont accessibles à tous : dans la
pratique, on en apprend un dès le stage de base, mais chacun ne peut les
mettre en œuvre que pour soi. Il faut une grande expérience de sa propre
pratique, de sa propre communication avec ses esprits pour commencer à
discerner la différence entre ses propres attentes et les messages des
esprits. Dans notre pratique, nous ne travaillons pas pour ou sur quelqu’un
d’autre, justement pour éviter ce risque de se laisser influencer par son
désir profond, conscient ou non, de bien faire, d’apporter de bonnes
nouvelles ou des nouvelles que nous croyons bonnes, etc., à l’autre. De
plus, ce qui est bon pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Et comme
chacun de nous le pressent très bien, plus les personnes sur lesquelles on
travaille sont proches, plus notre propre désir de bien faire, d’être de bon
augure, est présent et influence la réalité (les chamans que nous avons
rencontrés lors de nos voyages sont unanimes : aucun ne travaille sur ses
proches. Tous font appel à un autre chaman pour cela).
68
susceptible de se mettre en place, et si nous disons oui, telle autre situation
pourra alors émerger. Et nous, nous sommes alors libres et maîtres de nous-
même, libres de choisir ce que nous pensons être le mieux pour nous. Les
esprits n’essayeront jamais de nous pousser dans telle ou telle direction. De
même, les esprits ne donnent jamais de date précise par exemple. C’est tout
simplement impossible, une fois encore, c’est logique. En effet, les esprits
ont une vision non limitée par nos perspectives spatiales et temporelles. Ils
voient les possibles. Et surtout, ils s’adressent à nous dans l’instant présent
où nous avons sollicité leurs conseils, c’est-à-dire par rapport à notre état
d’esprit du moment, à notre évolution sur notre chemin, etc. Bien sûr, les
possibles qu’ils peuvent nous faire entrevoir dans leurs réponses ne
pourront se réaliser que si nous nous prenons en main, que si par nous-
même, nous agissons. Il ne faut pas attendre que les esprits fassent tout le
travail à notre place, car ils ne le feront pas. Eux nous donnent des
informations. À nous d’assumer ensuite notre part. Ils peuvent bien sûr nous
soutenir, nous aider, nous conseiller chaque fois que nous en ressentons le
besoin. Par exemple, quelqu’un souhaite déménager et cherche un nouveau
logement. Les esprits peuvent lui donner des pistes pour ses recherches, ou
des conseils. Mais si cette personne n’assume pas sa part, c’est-à-dire si
elle n’effectue pas toutes les recherches à sa portée, si elle ne fait pas
passer le message qu’elle cherche un logement, si elle ne consulte pas les
annonces, etc., les esprits ne vont pas lui présenter sa nouvelle adresse sur
un plateau. La personne doit assumer sa part active dans son monde
ordinaire, dans sa réalité. La divination peut beaucoup nous rassurer, nous
tranquilliser et nous aider face à des choix difficiles.
Et si, par la suite, nous considérons que la décision que nous avons prise
a été une erreur ? Dans ce cas, les esprits ne nous jugeront pas lorsque nous
retournerons leur demander conseil. Car dans le monde des esprits, le
jugement n’existe pas, contrairement à notre réalité, où le jugement est un
lot quotidien. Ils vont donc continuer tout simplement avec nous le travail
entrepris, en nous prenant là où nous en sommes dans notre vie.
69
divination nous aide à faire monter cette assurance sereine plus aisément,
plus rapidement. Nous avons déjà tous vécu cela naturellement aussi dans la
vie de tous les jours sans même avoir pratiqué la divination. Cette
assurance calme est en fait un phénomène naturel, qui vient des profondeurs
et que l’on peut clairement ressentir quand on est à l’écoute de soi-même.
La divination nous permet d’y accéder plus vite.
– Cérémonies et rituels
Les peuples naturels ont toujours vécu et vivent encore dans le respect de
leur milieu ambiant et en harmonie avec lui, en pleine conscience. Des
rituels et des rites nous permettent de renouer avec cet état de conscience.
Un rituel sert à rendre visible ce que l’on fait dans l’invisible. Rendre
concret ce qui se fait dans le plan subtil. Tout notre être participe au rituel et
notre mental, notre intellect, nos émotions ne peuvent que prendre acte du
travail accompli par notre corps : poser une offrande, prier, délimiter un
endroit sacré, se préparer à un travail de guérison, formuler une intention
claire et précise… Un petit rituel tout simple permet de bien illustrer ce
70
processus d’intégration par tout notre être : pour purifier un lieu, on utilise
les vertus énergétiques de la sauge. Il s’agit d’un nettoyage subtil. Ce n’est
pas la fumée qui purifie, ni la quantité de sauge utilisée. Il ne sert donc à
rien d’enfumer le lieu. C’est l’esprit de la plante qui purifie. Or, l’esprit de
la plante se déploie et se répand, sans limites. Et puisque c’est l’esprit de la
plante qui purifie, il n’est pas nécessaire de faire brûler la plante. Un plant
de sauge ou de la sauge séchée cueillie depuis longtemps a le même effet,
car l’esprit de la plante ne s’altère pas, il reste le même. Cependant, le
rituel consiste à faire brûler des feuilles de sauge. Pourquoi ? Parce que, en
le faisant, nous inscrivons l’acte dans notre plan physique, et ensuite,
l’odeur et la fumée qui se dégagent sont des preuves tangibles et rassurantes
pour notre mental. Ces signes concrets nous permettent en effet de dépasser
nos résistances rationnelles naturelles qui nous empêchent souvent
d’admettre l’existence d’un processus à l’œuvre dans le plan subtil. Les
rituels sont donc très importants dans tout le travail chamanique car ils
permettent à tout notre être d’accepter les bienfaits de ce travail. Sans cette
acceptation, le travail chamanique ne peut faire pleinement son œuvre.
71
où s’alignaient des menhirs, où se dressaient des dolmens que des
peuplades néolithiques avaient érigés bien avant eux.
Les cérémonies et rituels majeurs qui nous viennent de loin et que nous
revivons aujourd’hui sont nombreux : huttes de sudation, mandalas, roues-
médecine, bâtons de parole, bâtons de prière, célébrations des solstices et
des équinoxes, fête du printemps, passage des morts…
72
hutte favorise une régénération à tous les niveaux. Il n’est pas nécessaire
que la hutte soit brûlante pour être efficace. Elle nous permet de nous
connecter avec les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu. Elle
symbolise le ventre de la Terre Mère dans lequel la vapeur produite par
l’eau versée sur les pierres chaudes nous unit à tous ces éléments. Le rituel
de la hutte génère un véritable procédé de transformation, individuel et
collectif.
Nous les chargeons avec des plantes sacrées qui diffusent leurs vertus
durant tout le travail. Le terme « roue-médecine » renvoie à la notion de
cercle, de cycle, de faire le tour d’un problème par exemple. Elles induisent
à la réflexion, la méditation sur le sens de la vie, de l’être. Elles sont alors
73
des supports de travail pour notre croissance spirituelle. Elles peuvent nous
donner des conseils que nous pouvons appliquer dans notre vie. Elles
peuvent nous enseigner et nous révéler les capacités profondes que nous
avons tous d’accéder à la paix intérieure.
Les roues-médecine aident donc aussi à guérir ou à libérer. Elles agissent
sur le plan physique, psychique, mental, émotionnel ou énergétique :
douleurs ou problèmes physiologiques, mais aussi peur, colère, tristesse…
Ce faisant, elles nous permettent de travailler, de développer et d’installer
les vertus qui nous sont bénéfiques : la confiance, la force, le courage…
Dans la pratique du chamanisme de nos terres, la plupart de ces roues
sont à usage unique. Elles sont donc mises en place le moment venu et
démantelées lorsque le travail est fini. Le but étant toujours de respecter la
nature et de ne pas lui imposer notre empreinte.
Le mandala peut aussi être une offrande pour remercier ou encore pour
invoquer du soutien ou de l’aide.
74
jours.
Nos ancêtres celtes et européens faisaient leurs mandalas en pleine
nature, souvent dans la forêt. Ils les confectionnaient avec ce que la nature
leur offrait, uniquement avec des choses inertes qui jonchaient le sol : bois
et branches mortes, pommes de pin, feuilles mortes, pierres, terre, glands,
marrons et tous genres de fruits, de coques ou autres cupules. Pour respecter
la vie, rien de vivant ne devait être arraché ou sacrifié pour créer un
mandala.
La plupart de nos mandalas ne sont pas détruits lorsqu’ils sont achevés. Ils
sont au contraire souvent chargés avec des plantes-médecine et activés par
un rituel, pour diffuser leur médecine dans la terre ou aux hommes, là où ils
ont été créés. Leur finalité est d’attirer les énergies bienfaisantes, soit
cosmiques, soit telluriques, selon leur conception. Une fois un mandala créé
et activé, il est alors offert et confié à la terre et à la nature. Il n’est plus
retouché ni entretenu, mais celui ou ceux qui l’ont créé peuvent revenir se
recueillir ou prier auprès de lui, pour ainsi continuer à le nourrir de bonnes
énergies lui permettant d’agir plus longtemps.
C’est la vie, la nature, les intempéries et les animaux sauvages qui par
leurs actions font disparaître le mandala. Il s’éteint de lui-même, le moment
venu, quand la nature l’a pleinement absorbé.
75
partager leur expérience spirituelle avec la communauté. Si l’on parle de
« bâton de parole », cette cérémonie n’inclut pas nécessairement un bâton.
D’autres objets sacrés sont souvent utilisés.
Outre ces cérémonies, des rituels réguliers jalonnent notre pratique, comme
les célébrations des solstices et des équinoxes qui rythment l’année, le
passage du temps, en marquant les saisons. Ces rituels sont autant
d’occasions d’honorer, de solliciter et de remercier les esprits ou les
éléments de la nature qui dominent à ce moment. Ces rituels sont ponctués
de prières, d’offrandes pour que la saison qui commence soit bénéfique et
fructueuse.
L’un des rituels annuels antiques majeurs, nous l’avons déjà abordé, était le
passage des morts. Il avait lieu chaque année vers le début du mois de
novembre et, selon les époques et les lieux, il a porté différents noms :
Samain, Halloween, fête des morts… Il a lieu au moment de l’année où les
énergies sont les plus favorables au passage dans l’au-delà. On parle dans
notre tradition de « passage des morts », car c’est l’occasion, pour ceux qui
sont morts au cours de l’année écoulée et qui n’ont pu rejoindre directement
la Source, de le faire. Des veillées de prière étaient organisées pour
appeler les morts et les encourager à partir vers la Source. Nos ancêtres
utilisaient des citrouilles qu’ils évidaient et dans lesquelles ils sculptaient
des visages très souriants, très accueillants (tout l’inverse de ce qui se fait
aujourd’hui). Ils les posaient ensuite sur les rebords de fenêtres, sans le
couvercle. Une flamme brûlait dans la citrouille, et se voyait de loin dans la
nuit. Elle appelait et attirait les défunts pour les encourager à venir et partir
de l’autre côté. Ce rituel était collectif, il se faisait selon des règles très
76
précises qui avaient notamment pour but de protéger les personnes qui y
prenaient part. L’une des mesures préventives consistait à accrocher du
houx au-dessus de chaque porte, pour empêcher toute énergie perturbatrice
de s’installer dans la maison.
Cette cérémonie était menée par une ou plusieurs personnes qui en
avaient tout spécialement la charge, car formées pour bien la canaliser. Elle
ne s’improvisait pas à la légère et ne se faisait pas dans toutes les maisons.
Elle était organisée dans une seule habitation, même si elle concernait, bien
sûr, l’ensemble de la communauté.
– Rites de passage
Les rites de passage ont une tout autre dimension que les cérémonies et les
rituels. Un rite de passage amène une transformation profonde de la
personne qui l’accomplit. Celle-ci n’est plus la même après le rite de
passage. Les changements sont majeurs et s’opèrent en profondeur : une
conscience plus ouverte, une sérénité plus grande, une vision plus large, un
recul bénéfique, des guérisons, un sentiment plus aigu de responsabilité
dans chaque acte posé… Certains changements sont immédiats, d’autres se
mettent progressivement en place après le rite. En effet, accomplir un rite de
passage, c’est déclencher un processus qui se déroule à très long terme et
qui porte ses fruits et nous amène ses bienfaits pendant parfois de longues
années. Certains rites de passage ne se font qu’une fois dans une vie,
d’autres s’accomplissement régulièrement : une fois par an ou une fois par
cycle bien défini.
L’exemple le plus connu d’un grand rite de passage qui ne se faisait qu’une
fois est la Quête de Vision des jeunes adolescents, qui marquait leur
passage de l’enfance à l’âge adulte. Mais les quêtes de vision se font aussi
dans d’autres circonstances. Elles peuvent donc se faire plusieurs fois,
régulièrement même. On les trouve un peu partout dans différentes traditions
de par le monde, sous des formes diverses. Elles ont toutes en commun
l’isolement de la personne pendant une période variable, le plus souvent
trois ou quatre jours. Certaines durent une semaine ou plus.
77
Une quête de vision est le moment idéal pour achever ou entamer une
étape de notre vie (mariage, venue d’un enfant, déménagement, changement
de carrière, départ à la retraite, divorce, perte d’un être cher, remise en
question personnelle spirituelle ou autre…). Ces transitions sont autant
d’expériences de croissance et de maturation. La quête de vision nous
permet de les vivre et de les intégrer comme telles.
Une quête de vision est un rite de passage qui se déroule dans la nature
sauvage et qui, comme la plupart des rites initiatiques, est basé sur la mort
et la renaissance symboliques.
Lors d’une quête de vision, nous prenons le temps de nous retirer et nous
faisons le point, seuls, face à nous-même. Chacun choisit son lieu, s’y retire
et jeûne trois jours et trois nuits, seul, avec pour unique intention de se
retrouver avec et face à lui-même. Ces trois jours se passent sans bouger de
sa place, sans aucune distraction, et les nuits sont à la belle étoile. Dans
cette solitude et ce dénuement, chacun peut ainsi prendre conscience de sa
propre confiance intérieure. Et prendre la pleine mesure de la nature qui
l’entoure. La quête de vision est une expérience intérieure qui nous permet
d’accomplir une transformation intime et personnelle. Elle nous permet
entre autres de contacter notre part d’ombre et de libérer ainsi des émotions
anciennes ou récentes, qui nous empêchent d’avancer. Ou de voir notre vie
et nos projets de vie dans une lumière nouvelle. Et de mieux nous connaître
nous-même. La quête de vision requiert dès lors un engagement réfléchi et
mûri de la part de chacun. La préparation se fait pendant plusieurs jours et
le retour est lui aussi nourri par un travail chamanique adapté.
Le Rite de la Mue par la Voie des Huttes de sudation est un rite de passage
celtique spécifique. Lui aussi est un travail fondamental et fondateur. Cette
longue cérémonie des profondeurs était pratiquée par les ancêtres de nos
terres pour se libérer d’entraves intérieures qu’ils confiaient au feu de la
Terre Mère pour mieux s’ouvrir à eux-mêmes. Aujourd’hui comme jadis,
nous pratiquons ce rite pendant sept jours au cours desquels se succèdent
les neuf huttes de sudation qui symbolisent les neuf mois de maturation d’un
être humain pendant la grossesse.
La mue est une peau, une enveloppe, une carapace qui s’enlève lorsque
l’être qui se développe à l’intérieur grandit, est trop à l’étroit et a besoin de
plus d’espace pour continuer sa croissance. Ce phénomène est très fréquent
dans le monde animal : serpents, lézards, araignées, crabes, nombreux
insectes… Nous aussi nous avons besoin régulièrement d’un nouvel espace
78
pour grandir. La mue intérieure que ce rite nous permet d’accomplir est
donc une véritable transformation de notre être profond. Au fur et à mesure
des huttes, dans la sécurité et la chaleur de la Terre Mère, nous sommes
invités à descendre toujours plus loin en nous et à nous dépouiller de tout ce
qui nous pèse, nous fait souffrir, nous empêche d’évoluer.
Pendant ce rite, chacun crée et aménage sa propre loge en lien étroit avec la
Terre, avec la nature. Chaque loge est isolée et accueille son occupant dans
sa paix et sa sérénité pour lui permettre de mener à bien ce rite de passage.
Celui-ci dure sept jours et est jalonné de huttes de sudation collectives, de
cérémonies collectives et de rituels individuels qui préparent chacun à
éclore à un devenir meilleur. Ensuite, point culminant de ce rite, chacun se
retire dans l’intimité de sa loge pendant une journée et demie pour y vivre
cette éclosion ritualisée.
79
démembrement-remembrement en chamanisme est un travail majeur qui
consiste, avec l’aide des esprits, à se démembrer symboliquement, jusqu’à
ce qu’il ne reste aucune trace de nous. Seule notre essence subsiste à travers
notre conscience. Ensuite, vient la phase de remembrement au cours de
laquelle, toujours avec l’aide des esprits, nous sommes remembrés, c’est-à-
dire reconstitués. Le but du procédé est de se libérer des peurs, des
maladies, de tristesse, de colères, d’états de mal-être, d’entraves… et donc,
d’être reconstruits mieux qu’avant. Nous commençons ce rite par une hutte
de sudation au cours de laquelle nous amorçons le démembrement. Le
lendemain, nous effectuons un grand rituel du démembrement. Et les jours
suivants, huttes et rituels se succèdent, en alternance, pour vivre le
démembrement, nous faire prendre conscience que nous faisons partie du
tout avant de vivre le remembrement : la reconstitution de nous-même,
libéré de nos entraves.
L’éthique
Depuis toujours, la pratique du chamanisme celtique est naturelle et à la
portée de tous. Elle est un chemin personnel qui s’effectue pendant des
années, pendant toute une vie. Le chaman est choisi et nommé à ce titre par
les esprits et ensuite par la communauté, jamais par lui-même.
80
La pratique chamanique de nos terres se nourrit d’intentions saines. Elle
s’exerce dans une réceptivité totale, dénuée d’orgueil et d’attente. Dans le
respect du chemin de chacun, il ne s’agit en aucune mesure d’interférer,
d’interpréter, d’imposer ou de convaincre, afin que chacun reste maître de
lui-même. Chacun s’écoute et décide d’appliquer ce qui lui convient. C’est
une pratique utilisée par tous, elle n’est pas réservée à une élite. Tout le
monde est sur un pied d’égalité, c’est pour cela que nos cérémonies et
rituels collectifs se font en cercle. Afin que chacun voie chacun et que
personne n’occupe de place privilégiée. Car cette pratique n’est pas basée
sur une hiérarchie.
Elle est une voie axée sur le cœur et l’esprit. Sur la sincérité par rapport à
soi.
Elle nous apprend à vivre avec la conscience de l’unité de la Vie et donc,
tout logiquement, dans le respect de la nature, vital pour nous.
C’est une voie qui a pour but de nous aider à rester libres et maîtres de
nous-même. Humbles et simples.
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ne se déclarent pas comme telles. Parmi les nombreux exemples
disponibles, citons la récente trilogie à la Croisée des mondes de Philip
Pullman (dont le premier volet a été porté à l’écran). Dans cette histoire, les
personnages ont un animal lié à eux pour la vie par un lien subtil, invisible.
Cet animal ne peut quitter la personne à laquelle il est lié, c’est un
compagnon de vie, une aide, un soutien, un confident, un protecteur. Ils sont
donc dotés des attributs identiques à ceux des animaux de pouvoir que nous
avons expliqués plus haut. De plus, certains personnages sont capables
d’ouvrir des portes donnant sur d’autres mondes. Parmi les grands
classiques, il y a aussi le célèbre Narnia de C. S. Lewis (également porté à
l’écran) qui nous donne l’illustration parfaite de voyages dans le monde
d’en bas. Au tout début de cette saga, le premier passage dans le monde
d’en bas est une armoire où les enfants se cachent et dont ils découvrent,
derrière les vêtements, l’absence de fond. L’armoire débouche sur une forêt.
Dans ce monde différent, les animaux parlent et les enfants vont vivre avec
eux toute une série d’aventures. Ensuite, dans la même veine, il y a bien sûr
Le Magicien d’Oz, Alice au pays des merveilles. Et le conte Jack et le
haricot magique qui est un exemple d’un voyage dans le monde d’en haut.
Une lecture attentive des contes populaires traditionnels révèle en effet
qu’ils sont empreints d’éléments qui semblent familiers au chamanisme.
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la seule branchette de saule qui pendait dans la chute. Et que les trois
escargots que j’avais trouvés avant de tomber étaient toujours dans le sachet
plastique accroché à mon poignet. Ce n’est que plus tard, une fois ma
pratique chamanique entamée, que j’ai compris que l’escargot était l’un de
mes animaux de pouvoir.
Tout ce que nous vivons dans la pratique chamanique peut nous parvenir par
différents canaux : des émotions, des odeurs, des sons, des images, des
perceptions difficiles à décrire avec notre vocabulaire ordinaire. Chacun
doit se familiariser avec son propre mode de fonctionnement, sans se
focaliser sur l’envie de voir des images par exemple. Si beaucoup d’entre
nous voient des images lors de leurs voyages chamaniques, ce n’est de loin
pas le cas de tout le monde. Il faut être ouvert à son propre mode de
fonctionnement, et seule la pratique permet de le découvrir. Il faut être
ouvert et détaché de toute attente. Le mieux, quand on commence, est d’être
libre de tout témoignage extérieur par exemple. Cela permet de ne pas
s’attendre à voir défiler des images et de vivre un voyage comme un film,
même si d’autres le vivent ainsi. Un voyage chamanique peut être très
subtil, parfois presque imperceptible. De nombreuses personnes n’ont pas
d’emblée réalisé avoir vécu un voyage chamanique, tant il était ténu. Il n’y a
pas de voyages chamaniques plus riches que d’autres. Ils sont juste tous
différents, et adaptés à celui qui les fait, à l’intention posée. Or, nombre
d’entre nous qui ne vivent pas leurs voyages chamaniques avec autant
d’images ou d’événements ressemblant à ce qu’ils ont pu lire ou entendre
sur le sujet tombent dans le piège de la comparaison. Ce qui peut provoquer
une certaine frustration ou une certaine colère, certains vont même jusqu’à
se dire que la pratique chamanique n’est pas pour eux. C’est faux. Il faut
juste se faire confiance et trouver son propre mode de fonctionnement.
Personnellement, je ne vis pas mes voyages chamaniques comme des
films en trois dimensions… Au début de ma pratique, je pensais qu’il ne se
passait rien du tout dans mes voyages chamaniques et j’étais convaincu que
cela ne marchait pas. Par la suite, au fil des mois, je me suis rendu compte
de ces petits détails ténus auxquels je n’avais, de prime abord, prêté aucune
attention. J’ai commencé à m’ouvrir à ces petites informations subtiles. Et
petit à petit, j’ai découvert ma manière de faire les voyages chamaniques.
Mais dans les premiers temps, j’étais frustré, énervé et souvent en colère.
Plusieurs fois, j’ai failli tout laisser tomber, persuadé que j’étais inapte à
cette pratique. Puis, dans un voyage chamanique, j’ai rencontré un guide qui
m’a expliqué que tant que je me comparerais, je souffrirais. Le jour où
j’arrêterai de me comparer, ma vie changera. J’ai été bouleversé de
83
m’entendre dire qu’aucun être vivant ne peut se comparer à un autre. Même
si cela peut sembler une évidence. Chacun d’entre nous est unique. À partir
de là, j’ai accepté pleinement la façon dont je voyageais et ce que cela
m’apportait.
Je connais beaucoup de gens maintenant qui disent ne rien vivre dans
leurs voyages chamaniques et qui pourtant continuent à pratiquer avec
assiduité, car ils constatent des améliorations à différents niveaux dans leur
vie ordinaire. Ils savent que ces bénéfices viennent de leurs voyages et
pratiques chamaniques, puisque c’est la seule pratique à laquelle ils
s’adonnent. Ils sont donc chaque fois désireux d’accueillir ces bénéfices,
même s’ils n’en ont pas une conscience bien définie ou s’ils sont incapables
de les décrire.
Il est intéressant de voir qu’à un moment donné, ces personnes se mettent
soudain à partager et racontent en détail un voyage chamanique. Le
déclenchement se fait lorsqu’elles s’y attendent le moins ; leur surprise est
d’autant plus positive qu’elles avaient appris à lâcher prise, à ne pas
attendre de résultat, mais simplement à accueillir ce qui venait, aussi flou
ou incompréhensible ou opaque que ce soit.
Il n’est donc pas essentiel d’avoir une conscience nette de ce qui s’est
passé dans un voyage chamanique. Ce n’est pas du tout un gage de qualité. Il
faut apprendre à se faire confiance et à admettre que les choses se passent à
un niveau dont nous n’avons pas toujours nécessairement conscience. Et
quand, suite à cela, on constate que des améliorations se mettent en place
dans notre vie ordinaire, il s’agit effectivement d’une confirmation
rassurante que le travail subtil se fait bel et bien. De plus, la pratique
chamanique ne se limite pas aux seuls voyages chamaniques. Ceux-ci ne
sont qu’un outil parmi d’autres. Mais ce piège de la comparaison vaut pour
tous les outils, tous les aspects de la pratique chamanique.
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« Cela ne me suffit pas, il m’en faut plus. » Il ne nous dit pas : « Cela n’a
pas de sens, c’est absurde, je ne sais plus où j’en suis. » Il nous pousse au
contraire à approfondir car nous ne sommes pas loin, il suffit juste d’un ou
deux pas de plus. Dans le cadre de la pratique chamanique par exemple,
cela peut vouloir signifier qu’un ou plusieurs voyages chamaniques
supplémentaires sont nécessaires. Combien ? Cela dépend de chacun
d’entre nous, du travail en cours. Car on le sent lorsque le doute fait place à
la sérénité. Chacun d’entre nous en a déjà fait l’expérience : la paix monte
alors de nos profondeurs. Elle ne vient pas de la tête. Beaucoup décrivent
cette sensation comme venant du fond du ventre, de l’être. Dans ce cas, le
but est atteint.
Il n’y a donc pas d’échec dans les voyages chamaniques, tout est
apprentissage. Puisque tout le monde sans exception voyage, même si tout le
monde ne s’en rend pas compte. Nos réactions, pendant ou après un voyage
chamanique qui nous semble raté, sont très instructives. Les émotions
négatives nous montrent bien que nous avions des attentes avant le voyage et
qu’elles ne sont pas satisfaites. Il ne faut donc surtout pas attendre de
résultat, pour éviter toute pression. La pression nous empêche de lâcher
prise.
De plus, il ne faut pas oublier non plus qu’il n’y a pas de hasard. Les esprits
savent très bien ce qu’ils font : puisqu’ils ont une vision des choses
beaucoup plus large et profonde que la nôtre.
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Tout est mouvement. Le changement est permanent. Et il est bon de se
rappeler que les vérités d’aujourd’hui ne sont pas les vérités de demain.
Tout est régulièrement remis en question. C’est le seul moyen de continuer à
évoluer. Il nous faut donc être ouverts au doute qui nous pousse à ces
remises en question, car elles sont salutaires et peuvent nous sortir d’un
immobilisme dans lequel nous étions peut-être figés. Même si bien souvent,
cela nous demande de surmonter une peur ; la peur du changement qui nous
fait craindre de quitter un état bien connu, que nous avons fini par trouver
confortable, rassurant puisque familier, en vue d’un nouvel état, inconnu et
qui peut faire peur. Or, évoluer, aller de l’avant, c’est justement quitter,
lâcher le connu en faveur, forcément, de l’inconnu.
Chacun vit une évolution qui lui est propre. De même, chacun détient sa
propre vérité et la pratique du chamanisme celtique permet de s’en
approcher, puisqu’elle est une démarche individuelle, que l’on entreprend
pour soi. C’est un exercice personnel, qui permet de mieux se connaître.
L’idéal est qu’il soit assidu. Or certains caps sont difficiles, longs à passer
seul. Une dynamique collective favorise ces processus, ces prises de
conscience nécessaires mais pourtant éprouvantes. La pratique collective,
comme dans le cas des rites de passage ou des cérémonies de groupe,
renforce le travail individuel. Elle est un véritable catalyseur.
Un jour, une jeune femme terrorisée à l’idée de devoir aller chez le dentiste
est venue faire le stage de base. Elle avait tellement peur qu’elle laissait
dégénérer ses problèmes dentaires plutôt que de les soigner. Dans sa
pratique chamanique, elle est allée à la rencontre de son animal de pouvoir
spécialiste pour l’aider à travailler et à surmonter cette peur intense. Cet
animal s’est présenté à elle, il lui a donné des conseils et a commencé un
travail avec elle. Elle a alors pris un rendez-vous chez le dentiste et a pu se
faire soigner. Depuis, les visites régulières chez le dentiste ne lui posent
plus aucun problème. Des anecdotes de ce genre sont très fréquentes, je
n’en cite ici que quelques-unes.
Les petits enfants souffrent eux aussi de peurs plus ou moins fortes : la peur
du noir, la peur de dormir seul, la peur d’avoir la porte de la chambre
fermée. Certains petits ont peur de monstres, d’animaux ou de personnages
terrifiants qui viennent les empêcher de dormir. Dans ce cas, lorsque les
parents m’appelaient, je demandais à l’enfant d’aller lui-même chercher son
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animal gardien. Une fois que l’enfant l’avait trouvé, je lui expliquais qu’il
devait appeler son animal gardien tous les soirs pour qu’il se couche au
pied de son lit : car l’animal gardien veille sur lui, le protège pendant la
nuit. Et l’enfant peut dormir tranquille. Ce n’est plus lui qui doit rester en
alerte. Il peut se reposer en toute confiance. Comme ils sont réellement
rassurés, les petits enfants apprennent alors à appeler leur animal gardien
aussi pendant la journée, dans des situations difficiles. Quand ils ont besoin
de sécurité. Et la relation qui naît et se développe entre l’enfant et son
animal gardien est une relation très personnelle, très intime que l’enfant
garde d’instinct pour lui, dans son jardin secret. Il n’en parle pas aux
copains, car il ne veut pas diminuer son pouvoir. Chez les enfants, cet
instinct de protection est beaucoup plus fort que chez les adultes.
Une jeune adolescente, lors de son stage de base, était très renfermée, très
timide. Elle ne partageait jamais. Elle se faisait la plus discrète possible.
Au fil de sa pratique, et des stages avancés, cette jeune fille s’est
transformée, épanouie. Elle s’est mise à partager ses voyages chamaniques.
Et plus d’un an après, toute sa famille est venue faire le stage de base. Au
moment du tour de cercle des présentations, sa mère a dit qu’ils étaient tous
venus parce qu’ils avaient vu leur fille s’ouvrir comme une fleur au fil des
derniers mois et qu’ils étaient curieux et désireux de découvrir cette
expérience si positive.
Le père d’une petite fille faisait son stage de base. Le dimanche, le matin de
la deuxième journée du stage, tous deux étaient attablés pour le petit
déjeuner. La fillette a alors proposé à son papa de lui faire un dessin, avant
qu’il ne parte. Son papa ne lui avait pas expliqué ce qu’il faisait ce week-
end là. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit que sa fille venait de
dessiner leur maison, lui et elle assis à la table de la cuisine, et devant eux,
un trou dans le sol, avec une échelle qui descendait. Au pied de l’échelle
s’étendait un autre monde avec de l’herbe, des fleurs, des arbres, un soleil
et des animaux… La veille, le samedi, nous avions fait les premiers
voyages chamaniques dans le monde d’en bas à la rencontre de nos animaux
de pouvoir.
Un autre père avait reçu d’un de ses enfants un dessin plusieurs mois avant
qu’il ne fasse le stage de base. Ce dessin représentait un animal et l’enfant
lui avait dit, en lui offrant son dessin : « Cet animal est le tien, il est là pour
toi. » Ce n’est qu’au stage, suite à ses premiers voyages chamaniques, que
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cet homme s’est souvenu de ce dessin car il venait de rencontrer l’animal en
question. Entretemps, il avait complètement oublié le dessin et la petite
phrase de son enfant.
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dit de cesser le traitement lourd mais, par mesure de précaution, de suivre
le traitement complet de base, pendant trois mois. Passé ce délai, j’ai fait
une nouvelle prise de sang. Les résultats étaient toujours négatifs. J’ai cessé
le traitement médical mais j’ai refait une prise de sang trois mois plus tard.
Les résultats étaient négatifs, là aussi. Ce n’est qu’à ce stade que le médecin
a conclu que le problème était réglé. Depuis, j’ai dû faire des prises de
sang régulières et chaque fois, je demande de vérifier le cholestérol. À ce
jour, je n’en ai toujours pas. Et je n’ai pas changé de façon de m’alimenter.
En même temps, j’ai travaillé un deuxième problème : une conjonctivite
m’avait affligé de graves séquelles depuis plusieurs années. Avant, j’avais
une vue parfaite. La conjonctivite m’avait laissé 2/10 à l’œil droit et 5/10 à
l’œil gauche. À l’époque, le médecin spécialiste qui m’a examiné m’avait
dit que ces séquelles étaient incurables : avant, mes yeux étaient comme des
vitres parfaites et après, ces vitres étaient toutes griffées de centaines de
micro cicatrices. Ces cicatrices étaient indélébiles. Aucun traitement
médical ni aucune paire de lunettes ne pouvaient m’aider. J’ai dû apprendre
à vivre avec. Ce que j’ai fait pendant de longues années. Jusqu’au jour où
j’ai décidé de travailler cela grâce à ma pratique chamanique. Je suis donc
d’abord retourné chez le même médecin, pour démarrer un éventuel
traitement médical. Le médecin m’a répété qu’il ne pouvait rien faire. Mais
cette démarche était importante dans le processus de guérison. Il fallait la
faire. Ensuite, j’ai de nouveau appliqué la méthode que l’on apprend au
stage de base. Et parallèlement, un autre travail chamanique. Cette fois, il
s’agissait d’un travail de métamorphose avec l’un de mes animaux de
pouvoir dont le sens le plus développé est la vue. J’ai fait ce travail
pendant cinq mois, à l’issue desquels j’avais recouvré une vue parfaite. Je
suis retourné chez le médecin spécialiste, et après examen, il s’est avéré
que ma vue était de 10/10. Mais les cicatrices étaient toujours présentes. Et
pour le médecin, c’était incohérent, inexplicable. Quinze ans plus tard, j’ai
dû aller consulter un ophtalmologue pour un souci d’un tout autre ordre. Je
lui ai demandé si les cicatrices étaient toujours là. Elles avaient disparu.
Alors que pendant toutes ces années, je ne travaillais plus sur ce problème
précis. Un processus avait bel et bien été enclenché.
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que l’on dégage ordinairement. Le but de la métamorphose est de ne faire
qu’un avec l’animal de pouvoir dans le voyage chamanique, pour vivre
pleinement tous ses sens, toutes ses qualités, toutes ses caractéristiques et
essentiellement, celles qui nous sont bénéfiques ou nécessaires pour les
ramener et les installer dans notre vie quotidienne.
Dans l’un des stages avancés, nous confectionnons un attrape-rêves tel que
le faisaient nos ancêtres celtiques avec des coquilles d’escargots, dont la
mise en place est particulière. La fonction de cet attrape-rêves est de
conserver nos rêves pour que nous nous en souvenions à notre réveil.
Pendant le stage, chacun fabrique son attrape-rêves et nous l’activons
ensuite dans un rituel. Quelques jours après un de ces stages, une
participante qui avait expliqué qu’elle ne s’était jamais rappelée aucun de
ses rêves, m’a téléphoné tôt le matin pour me dire que pour la première fois
de sa vie, elle se rappelait d’un rêve. C’était pour elle une grande guérison,
un grand soulagement.
Le lendemain d’une hutte de sudation, une personne qui portait des lunettes
depuis sa petite enfance, et qui ne pouvait vivre sans, a remarqué qu’elle ne
les avait pas mises et que pourtant, elle voyait comme si elle les portait.
Elle a essayé de les remettre, mais elle voyait trouble. En rentrant chez elle,
elle est allée voir son spécialiste qui a constaté qu’elle n’en avait plus
besoin. Elle a encore porté quelque temps une paire de lunettes de faible
correction avant de ne plus en porter du tout. De même, il arrive très
souvent que, suite à des huttes de sudation, des personnes arrêtent de fumer
ou cessent d’être claustrophobes ou d’avoir peur du noir. Les huttes de
sudation sont des rituels très puissants. Et on assiste souvent à des
phénomènes qui nous interpellent. Nous faisions un jour une hutte de
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sudation dans un pré, en lisière de forêt. Il y avait un cheval dans ce pré.
Lorsque nous sommes tous entrés dans la hutte, ce cheval est venu et s’est
couché contre les couvertures de la hutte. Deux, trois personnes à l’intérieur
sentaient très nettement le contact du cheval. Il est resté tout le temps qu’a
duré la hutte, il ne s’est levé que lorsque nous sommes sortis. Quelques
mois plus tard, le même phénomène s’est reproduit avec un Saint-Bernard.
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La nature nous donne souvent des signes. Pendant un stage avancé, dans un
endroit devenu familier aujourd’hui, je suis allé comme d’habitude saluer
les esprits de la nature et l’esprit du lieu. J’étais à l’emplacement précis où
nous faisons le feu pour la hutte de sudation. C’était en pleine journée, et
une fois mes salutations terminées, un chevreuil est arrivé tout droit sur moi,
en empruntant exactement le tracé de l’axe de nos huttes de sudation. Cet
axe d’à peine six ou sept mètres de long est la ligne qui relie le trou dans la
hutte qui accueille les pierres, la porte, le tertre et le feu. Le chevreuil s’est
avancé jusqu’au niveau imaginaire du tertre, face à moi – nous étions à
moins de deux mètres l’un de l’autre – avant de bifurquer et de partir dans
la forêt. Les animaux, avec leur sensibilité particulière, captent des
éléments subtils : aucune trace n’indiquait de ligne concrète à cet endroit, à
ce moment, mais le tracé énergétique, si souvent activé, demeurait bel et
bien sensible pour ce chevreuil par exemple. Ainsi, la nature répondait-elle
à mes salutations. En réalité, la nature répond toujours. Parfois, par des
voies très subtiles, presqu’imperceptibles, et souvent nous passons à côté
de ces signes. Mais parfois, ceux-ci sont tellement flagrants qu’ils ne
peuvent que nous bouleverser.
Un chevreuil est aussi venu nous rendre visite pendant un autre stage où
nous étions tous assis en forêt. Je jouais du tambour et chacun avait les yeux
fermés, prêt à entamer un voyage chamanique.
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caractéristiques. Puis nous nous sommes préparés à faire un travail
chamanique pour lequel chacun devait creuser un trou dans la terre devant
lui. Et là, l’une des personnes a trouvé au fond de son trou une salamandre
bien vivante.
Lors d’un bâton de parole, un écureuil qui tournait autour de notre groupe
est venu s’installer entre deux personnes où il est resté un long moment,
assis sur ses petites pattes arrière, comme chacun de nous.
Chacun de nous reçoit des signes, chacun de nous est accompagné d’esprits
qui nous soutiennent à chaque instant. Chaque chemin est unique : chacun de
nous vit sa pratique chamanique à sa manière. Chacun de nous peut
contribuer à favoriser sa propre évolution et par là-même, l’évolution du
Tout dont nous faisons partie.
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Table des Matières
Sommaire 2
I. La transmission que j’ai reçue 11
I.1. Les années d’apprentissage 12
I.2. L’invitation à enseigner 16
II. L’enseignement que je propose 19
II.1. Le chamanisme de nos terres 20
1. Le chamanisme de nos terres : racines et oralité 20
2. Le chamanisme de nos terres : l’harmonie pour essence 23
– Une pratique pour vivre en harmonie avec tous les êtres
23
vivants qui nous entourent
– Une pratique pour vivre en harmonie avec le lieu où l’on
24
vit
– Une pratique pour vivre en harmonie avec soi-même 25
3. Le chamanisme de nos terres :la source, origine et
26
aboutissement de tout
– Une Source unique 26
– L’essence de la Source qui nous anime 28
II.2. La pratique du chamanisme de nos terres 30
1. Le canevas 30
– Le chaman, le praticien chamanique : une différence
31
fondamentale
- La préparation 32
- Le voyage chamanique 35
- Le tambour 35
- L’intention 42
- Les trois mondes chamaniques 43
– Les notions d’esprit dans le chamanisme celtique 45
- Les animaux de pouvoir 47
- Les guides et maîtres spirituels 55
2. Les jalons principaux 61
– Les trois pans majeurs : autoguérison, travail avec les
61
esprits, divination
95
- Cérémonies et rituels 70
- Rites de passages 77
3. L’éthique 80
4. Petit aperçu de pratique appliquée 81
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