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Revue des Études Grecques

19. Schuhl. (Pierre-Maxime). Le dominateur et les possibles, Paris,


P. U. F., 1960
Jean Trouillard

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Trouillard Jean. 19. Schuhl. (Pierre-Maxime). Le dominateur et les possibles, Paris, P. U. F., 1960. In: Revue des Études
Grecques, tome 74, fascicule 349-350, Janvier-juin 1961. pp. 317-319;

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COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 317
Cette étude préalable des textes relatifs à Anaximandre est intéressante en
elle-même ; mais dans la perspective de ce livre elle est surtout un moyen pour
atteindre le propos principal de l'A., qui est de retrouver dans sa pureté et
son intégrité la pensée d'Anaximandre. Dans cette partie exégétique de son
travail, M. Kahn traite d'abord certains traits particuliers du système qui sont
plus accessibles que les théories générales du Milésien, pour les raisons indiquées
à la p. 76, pour retracer ensuite, en partie à l'aide des résultats acquis par
l'explication des détails, les grandes lignes de la physique d'Anaximandre.
L'univers d'Anaximandre lui apparaît, après l'élimination de l'interprétation
des άπειροι κόσμοι dans le sens d'un espace infini peuplé d'une pluralité de
mondes coexistants, comme un cosmos unique se renouvelant indéfiniment
par des cycles de transformation et de restitution fonctionnant avec une précision
telle qu'à chacun des οντά qui jalonnent ces cycles, c'est-à-dire à chaque
transformation d'un « élément » dans un autre, correspond un ov réciproque, à savoir
la transformation inverse, de façon que ces phénomènes « se paient
réciproquement rançon et réparation de leur injustice ». L'introduction de cette idée d'un
processus cosmique gouverné par une « loi » inflexible est pour l'A. l'un des deux
mérites historiques d'Anaximandre, l'autre consistant à avoir conçu la structure
du monde d'après des principes géométriques. M. Kahn a raison de percevoir
une correspondance entre les symétries spatiales des systèmes d'anneaux d'une
part et les symétries temporelles dans la réciprocité des οντά. Cette
correspondance n'est cependant rigoureuse que si les οντά du fragment se situent deux
à deux exactement de part et d'autre d'un centre commun, c'est-à-dire s'ils
appartiennent à des cycles de restitution à longue échéance comprenant une
résorption des éléments dans Γάπειρον et une renaissance des éléments du sein
de Γάπειρον. Ceci est parfaitement compatible avec le fait, souligné très
justement par l'A., que le fragment ne parle pas de Γάπειρον.
En situant Anaximandre dans l'ensemble de la pensée grecque, M. Kahn est
amené à traiter de la plupart des autres philosophes grecs, des présocratiques
à la Stoa. Il complète, en plus, son enquête par des études, présentées sous
forme d'appendices, sur plusieurs questions de cosmologie et de physique, entre
autres, en rapport avec la forme cylindrique prêtée à la terre par Anaximandre,
sur l'histoire de la thèse de la sphéricité terrestre, p. 115, sur le sens du terme
κόσμος chez les premiers penseurs grecs, p. 219, etc.
Par cette étendue de la documentation, l'acribie philologique de l'A., et par
la fermeté du raisonnement, le livre de M. Kahn est destiné à donner une
impulsion nouvelle aux recherches sur l'aurore de la pensée grecque.

Ch. Mugler.

19. ScHuiii. (Pierre-Maxime). Le dominateur et les possibles, Paris, P. U. F.,


1960. In-8°, 99 p. Prix, 8 NF.
Au seuil de cet ouvrage, nous entendons Plutarque lui-même nous dire que
le sujet a peu de rapports avec Dionysos et qu'il est disgracieux d'en user pour
éblouir ses compagnons de table. C'est en effet une rigoureuse méditation sur
la nécessité et la temporalité que nous offre M. Schuhl. Mais la conclusion est
un art de vivre tout attentif au présent. Elle suggère la formule,
grammaticalement téméraire, en laquelle Valéry résumait sa Morale : « Fais ce que tu veux,
si tu pourras le supporter indéfiniment ». Il faut bien que tu portes ton passé,
puisqu'agir consiste à transformer l'avenir possible en passé nécessaire.
318 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
« Efforçons-nous de le faire tel que puisse le revendiquer le « moi » que nous
voudrions être », écrit M. Schuhl (p. 82). Plotin objecterait sans doute que le
souvenir des meilleures choses n'est pas la meilleure des choses : « L'âme bonne
est oublieuse » (Enn. IV. 3. 32). Mais cette solution est elle-même difïîcile.
Le « dominateur » (ό κυριεύων λόγος) est un sophisme célèbre de l'Antiquité,
qui doit son nom au fait qu'il semble mettre l'activité humaine sous la
domination de la nécessité. Son inventeur serait Diodore Cronos, de l'école de
Mégare. D'après les Entretiens d'Épictète, l'argument pourrait se formuler
ainsi : Ce qui vient d'arriver aujourd'hui et me semblait hier seulement possible
était en réalité nécessaire, puisque son contradictoire est désormais impossible.
Autrement il faudrait croire que l'impossible a résulté du possible. Dès lors le
possible est limité à ce qui sera. Pour exprimer cette manière de voir, M. Schuhl
prendrait volontiers la même liberté que Valéry : « II est possible que l'enfant
devienne grammairien s'il doit le devenir » — il faudrait pouvoir dire « s'il le
deviendra » (p. 12). Possible et réel se confondent avec le nécessaire.
L'argument ainsi restitué fait songer à Aristote et à son combat naval qui
aura lieu ou n'aura pas lieu demain. M. Schuhl estime que la solution proposée
par Aristote est un épisode de sa discussion avec les Mégariques, et que « le
dominateur » a pu être formulé par ceux-ci pour attaquer la notion fondamentale
de puissance. D'après Aristote, le principe de contradiction ne s'applique pas
aux événements encore en puissance, parce qu'ils ne sont pas assez déterminés
pour fonder un jugement de vérité. Hors des vérités éternelles, la vérité devient.
Et tant qu'on ne peut affirmer qu'un des opposés exclut l'autre de façon
catégorique, il n'y a encore en eux ni impossible ni nécessaire.
A cette conception d'une réalité ambiguë que le cours du temps et notre libre
arbitre achèvent de déterminer, les Mégariques opposaient non seulement
la discontinuité du temps, qui rend inutile l'argumentation d'Aristote, mais aussi
la solitude de chaque être identique à lui-même dans la possession exclusive
de ses attributs essentiels. « La suprême vertu, disait Hamelin dans un cours
inédit sur cette école, c'est pour chacun de contempler la nécessité de son
essence et par suite de s'y complaire ».
Tandis que les Mégariques cherchaient la liberté dans la simplicité logique
de l'individu, les Stoïciens croyaient la trouver dans une théorie de la singularité
inclusive. Ils intégraient en chacun ses relations avec le Tout jusqu'à conférer
à l'individu l'inflexible autonomie de l'univers. Et nous savons que ces positions
n'épuisent pas les ressources de l'invention métaphysique soucieuse de concerter
nécessité et liberté. Chez Plotin, Spinoza, Leibniz, Kant et quelques autres,
la nécessité exclut si peu la liberté, que la rigueur de celle-là se fonde sur la
spontanéité de celle-ci.
Mais avant de nous orienter dans ce sens, M. Schuhl nous invite à examiner
les faiblesses du « dominateur ». Zeller mettait en lumière l'imprécision du mot
άκολουθεϊν. On ne doit pas dire que l'impossible résulte du possible. Il ne fait
que le suivre ou l'accompagner. Les Mégariques jouaient de ces trois sens réunis
sous le même mot. Mais il faut aussi distinguer l'impossibilité essentielle et celle
du passé en tant que tel. La victoire des Perses à Salamine était possible. Si
elle ne l'est plus, c'est en un autre sens, parce que la partie est jouée, que les
circonstances ont poussé un autre possible et que tous les possibles ne sont pas
compossibles. La défaite des Perses n'est pas devenue pour autant vérité
éternelle, et son opposé n'est pas aujourd'hui même intrinsèquement
impossible.
Le prestige du sophisme tient, selon M. Schuhl, à l'attitude assez commune
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 319
chez les Anciens, qui consiste à conférer d'avance à l'avenir la nécessité du passé
en prenant le déroulement entier comme un pur spectacle. Le développement
du néoplatonisme manifeste cependant que tel n'est pas le dernier mot de la
Sagesse antique. Et c'est une raison de plus de conclure avec l'auteur que
l'esprit se délivre de la « domination » de la nécessité dans la mesure où il
comprend que la démarche purement spéculative n'est pas son acte fondamental.
Jean Trouillard.

20. B.munowitz (W. Gerson). Aristotle's Protrepticus and the sources of its
reconstruction, I (University of California Publications in Classical Philology,
vol. 16, n° 1, p. 1-96). Berkeley and Los Angeles, University of California
Press, 1957.
Il est à la fois un peu tard et trop tôt pour rendre compte de ce livre. Paru
en 1957, c'est la première partie d'une étude très minutieuse, qu'on ne pourra
vraiment apprécier que dans son ensemble. Mais en attendant le second volume
il faut présenter celui-ci, vu l'importance du sujet et les intentions de l'auteur :
l'ouvrage ne tend en effet à rien moins qu'à contester la plupart des éléments
avec lesquels on reconstruit généralement le Protrepliqiie d'Aristote.
On sait que la résurrection de ce Protreptique a véritablement commencé
en 1867, lorsque Ingram Bywater soutint que le travail d'Aristote a inspiré
pour une large part l'ouvrage homonyme de Jamblique. Depuis lors, une sorte
d'émulation dans cette recherche de « l'Aristote perdu » a multiplié les fragments
attribués aux « exotériques » d'Aristote et au Protreptique en particulier. Dans
son premier chapitre, M. R. fait l'historique de ces restitutions, pour conclure
de façon fort sceptique : « II est clair que l'on dispose de peu de témoignages
positifs en vue d'une reconstruction rigoureuse, si l'on entend par témoignage
positif des citations où soient mentionnés à la fois le titre du Protreptique et le
nom d'Aristote ». Cela est sans doute évident, mais l'évidence méritait d'être
soulignée : trop de discussions savantes partent de textes pris pour des citations,
alors qu'ils se réduisent à des transpositions ou même, qui sait, alors qu'ils
n'ont en fait aucun rapport direct avec le travail d'Aristote. Les désaccords
entre érudits modernes qu'allègue M. R. sont, il est vrai, moins inquiétants
qu'il ne le dit ; s'il fallait attendre que l'accord fût réalisé sur un auteur ou un
ouvrage antique pour le juger ou l'exploiter, l'histoire des idées et celle de la
littérature n'auraient plus longtemps à vivre. Mieux vaut prouver, si nécessaire,
le mouvement en marchant. Mais l'A. a raison de vouloir qu'on marche sur un
terrain aussi solide que possible. Il contribue pour sa part à le consolider ou
plutôt à le déblayer en examinant, au chapitre II, les témoignages anciens relatifs
au Protrepliqiie et les cinq premiers fragments Walzer. C'est cette partie critique
qui est la plus importante (le chapitre est d'ailleurs le plus long), mais aussi
la plus difficile à juger actuellement. Elle aurait, si on l'acceptait, des
conséquences considérables : c'est une pulvérisation des idées reçues ; là où
M. R. a passé, il veut qu'il ne reste rien, ou presque rien.
Il examine d'abord les témoignages de Trébellius Pollion et de Nonius
Marcellus, d'où l'on a conclu que Vllortensius de Cicéron devait beaucoup au
Protrepliqiie. Il montre que l'expression « ad exemplum protreptici » ne contient
pas forcément une allusion au Prolrepiique d'Aristote et à celui-là seul. Ces
textes prouvent tout au plus, dit-il, que Yllorlensius était une exhortation où
Aristote était présenté, à l'occasion, comme un auteur difficile ; ils ne permettent

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