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Olivier Dekens

Le structuralisme
© Armand Colin, 2015
Armand Colin est une marque de
Dunod Édi­teur, 5 rue Laromiguière, 75005 Paris
ISBN : 978‑­2-200‑60085‑3
Sommaire

Préambule : qu’­est-ce que le structuralisme ?  ..........................     5


1. Définition  ..............................................................     5
2. Histoire....................................................................    11
3. Mouvement..............................................................    16
4. Projet.......................................................................    21

1. Archéologie. Sources et modèles  ...........................................    27


1. L’inspiration transcendantale  ..................................    27
Rationalisme  .......................................................................    27
Critique  ..............................................................................    29
Théorie  ...............................................................................    34
2. Une pensée du soupçon  .........................................    38
Marx  ..................................................................................    38
Freud  ..................................................................................    44
Nietzsche  ............................................................................    46
3. Le paradigme linguistique  ......................................    49
Le modèle saussurien  ..........................................................    49
Extension du domaine de la langue  .....................................    53
4. Le passage des frontières  ........................................    54

2. Critique. Ennemis et idoles  ...................................................    61


1. La conscience  .........................................................    61
2. Le Moi  ....................................................................    67
3. L’Auteur  .................................................................    73
4. L’Homme  ...............................................................    77

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Sommaire

3. Topique. Lois et concepts  ......................................................    87


1. La structure  ............................................................    87
L’équivoque ontologique  ......................................................    87
Le réel, le Réel  ....................................................................    94
2. Le signe  ...................................................................    99
L’aventure sémiologique  ......................................................    99
Éloge du signifiant  ..............................................................   101
Le Symbolique  ....................................................................   102
3. Le Texte  .................................................................  104
De la littérature  ..................................................................   104
Mythologies  ........................................................................   106
4. L’espace  ..................................................................  108

4. Éthique. Effets et visées  ........................................................  113


1. La pensée  ...............................................................  113
2. Le sujet  ..................................................................  116
3. Le monde  ...............................................................  117

Bibliographie  ................................................................................  119


Préambule : qu’­est-ce que
le structuralisme ?
1. Définition
Le structuralisme aura été l’un des courants majeurs de la vie intellec-
tuelle du xxe siècle
La conjugaison française dispose dans le futur antérieur d’un temps
bien singulier. S’il signale habituellement qu’un événement est placé,
dans le futur, avant un autre événement lui aussi avenir, il peut aussi bien
marquer, séparément ou ensemble, le caractère d’une supposition concer-
nant un fait passé ou l’idée d’un regard rétrospectif, en forme de bilan.
Dans notre cas, ces deux connotations annexes s’appliquent. On sait
que le structuralisme a compté, mais, au vu de ce qui semble en rester
en ce début de xxie siècle, on n’est pas certain de l’importance qu’il aura
eue effectivement ; mais dans le même geste, on s’accordera à penser
qu’indépendamment de la question, essentielle, de son effet réel sur la
pensée contemporaine, son histoire est achevée, et qu’on est donc légi-
timé à en dresser l’inventaire final.
Il faudrait tout de même ajouter que le structuralisme, parce qu’il
a indéniablement marqué l’histoire, reste ­peut-être, secrètement, à
l’œuvre en nous, et même porteur de conséquences non explicites
pour le moment. Au point qu’on pourrait, avec Derrida et dans la belle
formule qui ouvre sa Grammatologie, dire à propos du structuralisme :
« Pour ce monde à venir et pour ce qui en lui aura fait trembler les valeurs
de signe, de parole et d’écriture, pour ce qui conduit ici notre futur antérieur,
il n’est pas encore d’exergue ».1

1.  Jacques Derrida, De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967, p. 14. 1967, donc,
date importante, qui marque tout à la fois la gloire du structuralisme et le début
de son déclin.

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Préambule : qu’­e st-ce que le structuralisme ?

Les choses se compliquent encore si l’on considère l’image que


notre présent se fait du structuralisme. Par un curieux paradoxe dont
nous dirons la fécondité, le terme évoque tout à la fois l’effervescence
conceptuelle accompagnant Mai 68 – et à cet égard on voit en lui un
mouvement aussi bien politique que théorique –, et une forme parti-
culièrement abstraite de pensée, dont l’impact social semble limité,
voire nul. Le mot se prête bien à une telle tension : le –isme le fait
pencher du côté des tous ces mouvements (marxisme, maoïsme, anar-
chisme, situationnisme, et tant d’autres) qui ont agité les esprits à la fin
des années 60 ; le terme de structure souligne au contraire la dimen-
sion exclusivement scientifique de l’opération et laisse supposer une
certaine austérité confinant à l’ascétisme.
Ces quelques observations liminaires justifient le présent ouvrage.
Elles marquent aussi bien sûr la difficulté d’une définition satisfaisante,
et son absolue nécessité si l’on veut pouvoir situer dans le temps et
dans l’espace des concepts ce qu’aura été le structuralisme. Mais il faut
encore malheureusement insister : la chose ne se laisse pas saisir, du
fait qu’en dehors de deux ou trois noms propres, la plupart de ceux
qu’on a dit structuralistes ne veulent pas de l’étiquette, et que tous
refusent de se laisser réduire à un slogan, à un sigle, à un drapeau, en
affirmant, avec plus ou moins d’honnêteté, n’avoir rien de commun
entre eux. On en conviendra donc avec Deleuze :
« Il vaut mieux demander : à quoi ­reconnaît-on ceux qu’on appelle struc-
turalistes ? Et qu’­est-ce qu’ils reconnaissent ­eux-mêmes ? Tant il est vrai
qu’on ne reconnaît les gens, d’une manière visible, qu’aux choses invisibles et
insensibles qu’ils reconnaissent à leur manière ».1
Allons donc rapidement à l’essentiel, et disons pour faire simple que
ce mouvement, dont la période de productivité couvre approximative-
ment une bonne vingtaine d’années, entre le milieu des années 50 et
celui des années 70, se caractérise par une thèse et une conviction. La
thèse : le langage est un système dont le fonctionnement est basé sur
des relations identifiables et stabilisées entre des éléments de base en

1. Gilles Deleuze, « À quoi ­ reconnaît-on le structuralisme ? », in François


Châtelet, éd., Histoire de la philosophie VIII. Le xxe siècle, Hachette, 1973 ; repris
dans Gilles Deleuze, L’île déserte, Paris, Minuit, 2002, p. 239.

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Préambule : qu’­e st-ce que le structuralisme ?

nombre fini, l’ensemble formant un ordre structural permettant l’arti-


culation, par un jeu de différences et d’analogies, entre des signifiants et
des signifiés, des signes acoustiques et des concepts. Une conviction :
cette découverte de la linguistique peut être étendue à la totalité des
produits de la culture, et même ­au-delà, à la totalité des phénomènes
humains. Cela signifie qu’il y a structuralisme à partir du moment
où trois positions conceptuelles sont posées ensemble : la langue est
système ; tout en l’homme fonctionne comme une langue ; en consé-
quence : l’ordre linguistique constitue le paradigme d’analyse devant
être utilisé, à l’exclusion de tout autre, par les sciences humaines.
On n’insistera jamais assez sur la vigueur de cette affirmation, et sur
son caractère totalisant. Le structuralisme est, sur le marché des idées,
une thèse forte, qui ne tolère par une d ­ emi-adhésion encore moins la
critique, puisque précisément le mouvement ne vaut que si ses préten-
tions sont toutes ensemble assumées.
Ces trois éléments, qui constituent autant de critères d’identifica-
tion, nous permettent d’esquisser déjà le tableau des représentants du
structuralisme et une partie de son histoire. De fait, il ne peut débu-
ter qu’avec l’élaboration complète, dans la science du langage, de la
compréhension de la langue comme système. C ­ elle-ci provient direc-
tement de Ferdinand de Saussure et de son Cours de linguistique
générale, rédigé en 1916, mais qui n’est connu et diffusé qu’à partir
des années 50, sous l’impulsion notamment des linguistes Roman
Jakobson et Émile Benveniste. On peut bien sûr parler d’un certain struc-
turalisme antérieur à ces ­années-là, mais pas au sens strict que nous
retiendrons ici. Une fois admise cette compréhension de la langue, il
faut qu’un même fonctionnement soit perçu dans d’autres domaines
scientifiques, comme celui des structures de parenté, des règles de
composition littéraire ou des rapports entre les instances psychiques.
Cette extension du modèle linguistique se fait, dans les années 50,
à travers les travaux, entre autres, de ­Lévi-Strauss en anthropolo-
gie, de Barthes en études littéraires et de Lacan en psychanalyse, tous
ayant été précédés, dans cette démarche, par l’ethnologie américaine
de Boas et R ­ adcliffe-Brown. Enfin, le structuralisme s’affirme comme
tel au moment où le modèle devient paradigme, et quand est ferme-
ment posée la dimension scientifique de l’explication qui en use,

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Préambule : qu’­e st-ce que le structuralisme ?

théorisation finale et radicalisation qui culminent dans les années 60.


Cette dernière période permet de comprendre la suite de l’histoire : à
partir du moment où l’un des éléments du trièdre ici indiqué vient à
fléchir sur ses bases, le structuralisme est en difficulté : remise en cause
du caractère exclusivement systématique et synchronique du langage
– la grammaire générative de Chomsky ; contestation du monopole de
la linguistique – la critique du logocentrisme par Derrida ; critique du
positivisme naïf des travaux structuralistes – l’archéologie et la généa-
logie de Foucault.
La prévalence de la linguistique est on le voit l’élément déterminant.
Cela signifie que cette discipline est incontestablement à la source
du structuralisme, et aussi, bien entendu, qu’il existe une linguis-
tique structurale particulièrement riche. Au point qu’il n’est pas illé-
gitime de concevoir le structuralisme comme le système des sciences
du signe, à partir du moment où l’on considère, à l’instar de François
Wahl dans sa préface générale au collectif Qu’­est-ce que le structura-
lisme ?, que « les faits anthropologiques les plus divers peuvent y entrer,
mais seulement pour autant qu’ils passent par les faits de langue – qu’ils sont
pris dans l’institution d’un système du type signifiant/signifié et de prêtent
au réseau d’une communication – et qu’ils reçoivent de là leur structure »1.
Claude ­Lévi-Strauss, dans un texte écrit en 1945, mais qui n’est véri-
tablement lu qu’à partir du moment où il est repris, en 1958, dans le
premier volume de l’Anthropologie structurale, ne dit pas autre chose : il
y a structuralisme – ici dans le cas spécifique d’une anthropologie des
structures familiales – quand, une fois constatée la réussite scientifique
de la linguistique, on considère que « dans un autre ordre de réalité, les
phénomènes de parenté sont des phénomènes du même type que les phéno-
mènes linguistiques »2.
Cette double position – succès de la linguistique comme unique
science humaine fiable et compréhension de tous les faits humains
comme faits analogues à des faits de langage – repose à son tour sur

1.  François Wahl, « Préface », in Oswald Ducrot, Le structuralisme en linguistique,


Paris, ­Points-Seuil, 1968, p. 12.
2.  Claude ­Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, ­
Agora-Pocket, 1958,
p. 47.

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Préambule : qu’­e st-ce que le structuralisme ?

un privilège accordé aux relations sur les objets. Jakobson se plaît à


citer les mots du peintre Georges Braque : « Je ne crois pas aux choses,
mais aux relations entre les choses »1. On comprend bien ce que cela
signifie en linguistique : le sens d’un signifiant ne repose par sur le fait
qu’il représenterait unilatéralement un signifié mais sur le rapport qu’il
entretient avec l’ensemble du système des signifiants. Pour les sciences
humaines en général, cela veut dire qu’un fait quelconque – un mythe
ou un phénomène psychique – n’a de signification pour le chercheur
que s’il peut identifier la structure différentielle qui situe ce fait sur un
plan plus englobant, qu’on qualifiera suivant les auteurs de tableau
périodique, d’empire des signes ou d’instance symbolique.
Dans un entretien de 1967, Michel Foucault, tout en réfutant l’affir-
mation de son interlocuteur le qualifiant de prêtre du structuralisme,
reconnaît en être tout au plus l’enfant de chœur, et donne aussitôt
une définition du mouvement qui confirme l’idée de Jakobson. Le
structuralisme serait ainsi « une analyse non pas tellement des choses, des
conduites et de leur genèse, mais des rapports qui régissent un ensemble
d’éléments ou un ensemble de conduites »2, à la condition encore une
fois que cet ensemble soit conçu comme analogue au système linguis-
tique, analogie qui confère à tout objet le statut de signe, et qui permet
donc au fond de concevoir l’étude structurale comme une sémiolo-
gie. Barthes, en 1965, le dit fort bien, et fort simplement, en s’oppo-
sant à une forme de dissémination du mot très dommageable à sa saisie
réelle :
« Pour moi, le mot structuralisme a un sens beaucoup plus restreint :
il désigne à mes yeux toute recherche systématique soumise à la pertinence
sémantique et inspirée du modèle linguistique »3
Le trièdre est à nouveau en place, en ordre inverse : la prétention
scientifique du système ; la position paradigmatique de la sémantique ;
la reconnaissance d’une inspiration, la linguistique. Cet ensemble ne
forme pas école, mais il désigne bien une activité, qui se définit certes

1. Cf. sur ce point la préface de Nicolas Ruwet à Roman Jakobson, Essais de


linguistique générale, Paris, Minuit, 1963, p. 8.
2.  Michel Foucault, Dits et écrits I, Paris, ­Quarto-Gallimard, 2001, p. 609.
3.  Roland Barthes, « Réponse à une enquête sur le structuralisme », in Œuvres
complètes II, Paris, Seuil, 2002, p. 715.

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Préambule : qu’­e st-ce que le structuralisme ?

par un corpus de méthodes, mais surtout par un but : rendre explicable


l’homme ­lui-même en produisant un monde structural qui copie en un
sens le monde réel, en le faisant parler. Entre la position d’une struc-
ture qui rend visible ce qu’on ne voyait pas – le premier temps de l’ac-
tivité –, et la recomposition d’un ordre structural – le second temps,
quelque chose de nouveau a été institué, « et ce nouveau n’est rien moins
que l’intelligible général »1.
Précisons. Barthes ne dit pas ici que le structuraliste invente des
structures, qui dédoubleraient fidèlement le réel en le rendant scienti-
fiquement compréhensible. Il affirme que le réel est structuré comme
un langage, et que l’activité première du chercheur est de dégager ce
système gisant dans les faits, pour ensuite le développer en toutes
ses implications. Le structuralisme est p ­ eut-être « essentiellement une
activité d’imitation »2, mais en un sens radicalement a­ nti-platonicien.
En effet, alors que Platon considère que notre monde sensible imite
un monde intelligible qu’il faut atteindre pour l­ui-même et qui seul
importe à la connaissance, le structuraliste considère qu’il n’y a qu’un
monde, celui que nous avons sous les yeux, et que l’intelligibilité ne se
situe pas ailleurs que dans une conversion du regard sur cette unique
réalité, nous permettant de voir la grammaire interne qui lui confère
pour nous signification. Sous la plume de Derrida :
« Si elle se retirait un jour, abandonnant ses œuvres et ses signes sur
les plages de notre civilisation, l’invasion structuraliste deviendrait une
question pour l’historien des idées. P ­ eut-être même un objet. Mais l’histo-
rien se tromperait s’il en venait là : par le geste même où il la considérerait
comme un objet, il en oublierait le sens, et qu’il s’agit d’abord d’une aven-
ture du regard, d’une conversion dans la manière de questionner devant tout
objet ».3
Dans l’essai final de son Périple structural, Milner propose une ana-
lyse d’ensemble du structuralisme qui complète utilement le tableau
que nous venons de brosser bien rapidement. Sa lecture, très origi-
nale, s’appuie, plus explicitement que ne le fait Barthes, sur la célèbre

1.  Roland Barthes, « L’activité structuraliste », in id., p. 467.


2.  Ibid., p. 468.
3.  Jacques Derrida, L’écriture et la différence, Paris, P
­ oints-Seuil, 1967, p. 9.

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