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Catherine JACQUARD1
1
FONDASOL, Avignon, France
1. Introduction
2. Essais d’identification
Pour 67 dossiers post-sinistres nous avons mesuré d’une part la valeur au bleu (VBs) et
d’autre part réalisé une analyse granulométrique et sédimentométrique permettant
d’obtenir le passant à 2µm (C2).
A partir de ces deux essais, nous avons calculé plusieurs paramètres :
- L’ACB ou activité (Lautrin,1989) dont la classification est présentée dans le tableau 1,
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Sur les 67 essais d’identification sur ces dossiers présentant une pathologie liée au
comportement différentiel des fondations, on constate ainsi que :
- 87% donnent une classe de nocivité selon Lautrin (1989) de 7 à 5 (nocives à
actives), 13% donnent une activité normale ; aucun essai n’a donné de classe 1 à
3.
- 93% donnent un critère SB > 50 selon Bedin (1999), dont 70% un critère SB > 100
indiquant un risque de gonflement certain.
Sur la base de cette analyse, on peut donc considérer que d’après ces
classifications l’aléa lié au phénomène de retrait- gonflement est avéré dès lors que :
VBs x C2 > 50, ou 100 VBs/C2 > 8.
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Cet essai peut être utilisé pour déterminer les tassements potentiels dus au retrait, pour
une épaisseur H de sol, sujet à la dessiccation. Pour cela on utilise les formules
suivantes:
∆H
= Rl.( wmax − wre )
H pour l’estimation du tassement potentiel maximal
∆H
= Rl.( w0 − wre )
H pour l’estimation du tassement à partir de l’instant t (w=w0).
Nous avons estimé le tassement d’un sol homogène sous une fondation, à partir de
l’essai de retrait en considérant le modèle à deux pentes présenté sur la figure 3.
Nous avons considéré que la fondation se situait à -0.50m/TN avec un profil hydrique
« hiver » à wmax jusqu’à 1m de profondeur, puis diminuant de façon plus ou moins rapide
jusqu’à 15,2% à 3m de profondeur. Nous avons considéré que ce profil pouvait s’abaisser
jusqu’à un profil « été » tel qu’on est à wre = 10 % jusqu’à 1m de profondeur, puis qu’on
augmente plus ou moins rapidement jusqu’à une teneur de 15,2% à 3m de profondeur.
10
8
Pente unique: RL= 0,72 entre
7
wmax= 20,3 et wre = 10,8 %
6
DH/DH0 (%)
0
0 5 10 w (%) 15 20 25
Figure n°2 : Echantillon prélevé sur la région Marseillaise - Interprétation une pente
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10
7
Pente 2: RL= 0,59 entre
6 w1 =19,2 et wre =10%
DH/DH0 (%)
5
2
Pente 1: RL= 1,61 entre
1
wmax =20,3 et w1 =19,2 %
0
0 5 10 w (%) 15 20 25
Figure n°3 : Echantillon prélevé sur la région Marseillaise - Interprétation deux pentes
Le premier calcul présenté sur la figure N°4, juxtaposé aux profils hydriques, donne un
tassement potentiel de 9,1 cm. Avec ce profil de teneur en eau, en utilisant les données
de la figure N°2 (une seule pente), le tassement aurait été de 10,1 cm.
Le second calcul est réalisé en partant d’une teneur en eau w0= 15,2%, homogène
jusqu’à 3m de profondeur, à mi-chemin entre les profils « été » et « hiver » ; le tassement
potentiel correspondant est alors de 4,2 cm. Avec ce profil de teneur en eau, en utilisant
les données de la figure N°2 (une seule pente), le tassement aurait été de 5,1 cm.
Pour limiter le tassement potentiel de retrait à 2 cm, il faudrait dans le 1er cas,
approfondir le niveau d’assise de fondation à 1,7m, et dans le 2nd cas à 1,3m seulement.
On pourrait également prévoir des trottoirs périmétriques protégeant les sols des
variations hydriques, pour éviter d’approfondir trop le niveau d’assise des fondations.
Dans le projet ARGIC, nous avions établi à partir d’une base de données d’essais sur
des maisons ayant subi les effets de la sécheresse, un graphe représentant la plage
maximale de rétractance possible (wmax-wre) en fonction du coefficient de retrait linéaire
∆H ∆H
RL, ainsi que les courbes correspondant aux tassements = 2cm / m et = 4cm / m .
H H
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Nous avons complété ce graphe (figure N°5) avec les données des derniers essais de
retrait réalisés et collectés dans le cadre d’ARGIC2, soit 140 dossiers au total.
On remarque que:
∆H
86% des essais se situent au dessus de la courbe = 2cm / m ,
H
∆H
54% se situent même au dessus de la courbe = 4cm / m ,
H
66% des essais présentent un coefficient de retrait RL > 0.4, et 86% un RL > 0.3.
Ainsi, sur la base de l’exploitation de notre base de données, on peut considérer qu’un
sol est potentiellement sensible au retrait lorsque Rl . (wmax-wre) > 2.
On note aussi qu’au moment du prélèvement, une grande proportion de ces sols
présentait une teneur en eau inférieure à la teneur en eau maximale c'est-à-dire qu’ils
avaient déjà subi des effets de la dessiccation. Nous avons défini le potentiel de retrait
résiduel PRR =(w0-wre)/(wmax-wre), qui traduit le potentiel de variation de teneur en eau
encore possible entre l’état hydrique maximal wmax, et la limite de retrait effective wre.
Lorsque PRR = 1, le potentiel de retrait résiduel est maximal
Lorsque PRR = 0, le potentiel de retrait résiduel est très faible ou nul.
On note que sur les 134 dossiers analysés, 70% présentent un potentiel de retrait
résiduel élevé (PRR ≥ 0.7), et 35% un potentiel de retrait résiduel très élevé (PRR ≥ 0.9).
La perte de quelques points de teneur en eau après la construction est donc possible,
et peut être à l’origine d’un sinistre. Le risque est d’autant plus important que le coefficient
RL est élevé, que le sol présente une plage de rétractance potentielle wmax – wre
importante, et que la teneur en eau w0 au moment de la construction est proche de la
teneur en eau maximale.
Nous avons mis en correspondance le coefficient RL avec les autres paramètres mesurés
en laboratoire pour les échantillons présentant des RL > 0,7.
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σ'g(kPa)
σ'g(kPa)
σ'g(kPa)
γδ(KN/m3)
wre(%)
Sr (%)
w0(%)
wl(%)
Ville Département
lp(%)
ACB
Cg
Rl
Gargas 84 15.3 98 19.0 13 1.000 43 21
villars 84 20 0.930 62 34
paradou 13 20.5 96 17.8 10.8 0.720 43 52 28 9
paradou 13 13.3 89 19.0 13.2 0.760 16 30 10 8
heslin l'abbe 62 28 100 15.5 20.9 1.010 129 170 63 33
Daux 31 17.9 85 17.2 16.4 0.855 0.047 110
Bellegarde
31 22 98 16.8 16 0.701 0.044 40
sainte Marie
Lacapelle
46 25.3 100 16.2 16.6 0.888 0.078 60
Marival
Il n’existe pas de corrélation précise entre ces différents paramètres mais on constate à
travers ces huit dossiers, que systématiquement :
- la valeur du coefficient de gonflement Cg, mesurée à l’essai oedomètre est élevée
(supérieure à 0.04) - trois mesures;
- l’activité ACB mesurée à travers la valeur au bleu traduit une argile plutôt active
(supérieure ou égale à 8)- 2 mesures ;
- les limites d’Atterberg se situent au-dessus de la droite de Casagrande - 5
mesures.
4. Essais de gonflement
Nous nous sommes aussi intéressés aux différents types d’essais permettant de mesurer
le potentiel de gonflement d’un sol argileux. Pour cela, nous avons réalisé sur trois sites,
des essais de gonflement selon différents modes opératoires:
- essai de gonflement œdométrique en plusieurs points selon le protocole de la
norme XP P94-091 : on mesure les amplitudes de déformation sous différentes
contraintes d’échantillons intacts mis en présence d’eau, et on en déduit une
pression de gonflement;
- essai œdométrique réalisé selon le protocole de la norme NFP94-090-1 : on imbibe
l’échantillon, on l’empêche de gonfler et on mesure la pression nécessaire pour
empêcher le gonflement : essai de gonflement tenu;
- mesure de la pression de gonflement libre: on laisse l’échantillon gonfler librement
en présence d’eau, et on mesure la pression nécessaire pour recomprimer
l’échantillon à son volume initial.
Les principaux résultats présentés dans le tableau 3 indiquent :
- pour des teneurs en eau initiales voisines, les valeurs de pressions de gonflement
mesurées par les méthodes du gonflement tenu et du gonflement libre sont assez
proches.
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Le potentiel de gonflement d’un sol doit donc être étudié au cas par cas en fonction,
d’une part, des conditions initiales en utilisant des échantillons non remaniés et, d’autre
part, des conditions prévisionnelles finales, notamment des contraintes mécaniques
extérieures qui seront transmises au sol.
Les essais de gonflement libre et de gonflement tenu ne permettent pas de
caractériser convenablement l’effet du chemin de contraintes; par conséquent, la valeur
de pression de gonflement mesurée selon le protocole de la norme XP P 94-091 est celle
qui caractérise le mieux la pression au-delà de laquelle aucun gonflement ne peut être
observé pour un état hydrique initial donné.
Toutefois ce mode opératoire ne représente pas exactement ce qui va se produire
sous une fondation, car dans cet essai, le sol est bloqué latéralement et ne peut que se
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déformer verticalement, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. C’est pourquoi nous
pouvons avoir sur des dossiers post-sinistres, des pressions de gonflement supérieures
aux contraintes apportées par la structure au niveau des fondations et n’avoir pas
constaté de désordre dû au gonflement.
5. Paramètres d’état
La mesure de la masse volumique du sol sec γd (NF P 94-054) qui permet de connaître
l’état de compacité d’un sol et est fonction de l’état de contrainte dans le sol au moment
du prélèvement, doit être réalisée sur échantillon intact. La mesure de la teneur d’un sol w
(NF P 94-050) caractérise l’état hydrique à la profondeur et au moment du prélèvement.
Des travaux ont été réalisés sur ces deux paramètres (Jacquard, 2007). A partir de la
base de données ARGIC1/ARGIC2 (271 dossiers) nous avons repris les résultats de ces
mesures et reporté ces points sur le diagramme w-γd (figure N°6), en distinguant les
points en fonction du coefficient de retrait RL (5 catégories : RL<0.3, 0.3<RL<0.4,
0.4<RL<0.5, RL>0.5 et RL non déterminé).
On remarque que les points sont dans leur grande majorité encadrés par deux
droites d’équations γd = -0.12 w +17 et γd= -0.26 w +23.
On peut définir une droite intermédiaire γd = -0.17 w +19 au-dessus de laquelle le
risque de rétractance des sols est très important : cela correspond à des échantillons
présentant généralement des coefficients RL > 0.3.
20
Masse volumique du sol sec - γd (kN/m3)
18 gd=- 0.12w+17
gd=- 0.26w+23
Rl non déterminé
Rl<0.3
16
0.3<Rl<0.4
0.4<Rl<0.5
Rl>0.5
14 gd=- 0.17w+19
12
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Teneur en eau - wnat (%)
A partir des conclusions d’ARGIC1 et du travail effectué sur ARGIC2, nous proposons
donc une démarche nouvelle et pragmatique de caractérisation des sols vis-à-vis du
risque retrait-gonflement. La démarche traditionnelle rend obligatoire le prélèvement
d’échantillons intacts, et donc la réalisation de carottages pour prélèvement d’échantillons
intacts. Mais les analyses et les corrélations ci-dessus nous ont permis d’élaborer une
caractérisation préliminaire, qui constitue la première partie de la démarche.
La première partie de la démarche est basée sur l’identification des sols, ce qui impose
des prélèvements d’échantillons complets en sac plastique étanche, pour être
représentatifs de la granulométrie d’une part et de l’état hydrique au moment du
prélèvement d’autre part. Elle permet une approche préliminaire pragmatique du niveau
de sensibilité des sols aux variations hydriques, en utilisant les résultats d’essais de
laboratoire que tous les bureaux d’étude géotechniques sont en mesure de réaliser.
Lorsque cette première partie conduit à identifier des sols a priori sensibles, il est alors
recommandé :
- soit de prendre des dispositions constructives pour s’affranchir complètement de
ce risque ;
ème
- soit de réaliser des essais mécaniques (2 phase de la démarche) pour quantifier
l’amplitude des phénomènes, et en tenir compte dans l’adaptation du projet de
construction, pour que ces effets ne génèrent pas de désordre.
7. Conclusions
8. Références bibliographiques
Bigot G., Zerhouni M. (2000) Retrait, gonflement et tassement des sols fins. Bulletin des
laboratoires des Ponts et Chaussées n°229
Jacquard C. (2007) Pathologie des fondations superficielles sur les sols argileux retour
d’expérience en Midi-Pyrénées. Revue française de géotechnique n°120-121.
Jacquard C., Zerhouni M. (2008) Proposition d’une méthodologie d’étude pathologique
des constructions. Symposium international Sécheresse et constructions Vol 1.
Lautrin D. (1987) Une procédure rapide d’identification des argiles. Bulletin de liaison des
laboratoires des ponts et chaussées n°152.
Magnan J.P., Youssefian G. (1989) Essai au bleu de méthylène et classification
géotechnique des sols. Bulletin de liaison des laboratoires des ponts et chaussées n°159.
Philipponnat G (1978) Désordres dus à la présence de sols gonflants dans la région
parisienne. Annales de l’ITBTP n°364.
Philipponnat G. (1991) Retrait-Gonflement des argiles, proposition de méthodologie.
Revue française de géotechnique n°57.
Philipponnat G., Hubert B. (2000) Fondations et ouvrages en terre. Eyrolles.
Rapport Fondasol – Projet ARGIC – Avril 2009.