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Conjecture (punk) sur le (bit) coin.

Cryptage, Bitcoin, Blockchain.

Nous allons présenter une conjecture, une hypothèse à développer, à propos de « l’affaire
bitcoin », une conjecture à propos de la transformation d’une « monnaie anarchiste » (ou,
plutôt, « libertarienne ») en un instrument spéculatif classique.
Précisément, l’hypothèse conjecturale serait la réponse à la question suivante :
Pourquoi « la révolution cyberpunk » constitue-t-elle le nouveau propergol des « incubateurs
de jeunes pousses », incubateurs à la mode Niel et vénérés par Macron, le célèbre agitateur de
« la start up France » ?
Formulons l’hypothèse à déployer :
Le mouvement dit de « la révolution cyberpunk » se place dans le même espace de
déploiement et d’évolution que celui de l’économie, et, plus rapidement dit, avance dans
l’espace même de l’ordre économique.

Cette conjecture n’étant qu’une actualisation d’une thèse plus générale sur la cybernétique :
La cybernétique n’est que le prolongement de théories économiques (néoclassiques
spécifiquement) sur la programmation, la planification et l’utilisation du « marché » comme
machine (programmable) de traitement de l’information.
Nous poserons Von Neumann comme le nom illustrant cette hypothèse.

Pour ceux qui associent plutôt Wiener à la cybernétique, nous pouvons dire :
Le partage de la cybernétique entre une droite (Von Neumann) et une gauche (Wiener),
combien même ce partage ne serait pas fallacieux1, ce partage est le témoignage d’une
ambiguïté ou d’une ambivalence de la cybernétique et de la si fameuse « révolution
numérique ».
Cette ambivalence s’étant manifestée lors des Printemps Arabes, comme en Égypte, par
l’applaudissement à l’usage des réseaux sociaux (la « démocratie numérique ») jusqu’à ce que
l’on retrouve des start up informatiques, françaises en l’occurrence, spécialisées dans
l’espionnage du « cyberespace » et la traque des utilisateurs activistes (ou hacktivistes)2.

Pour abuser de cette ambivalence, nous distinguerons deux classes d’hacktivistes :


– Les hacktivistes « négatifs » ou politiques dont l’objectif est la critique, la transparence :
casser les codes, pénétrer les secrets et les dévoiler, etc.
Ces hacktivistes négatifs sont souvent présentés comme des « lanceurs d’alerte », des
réfractaires révoltés, des pirates ou des « traîtres » (Snowden).
– Les hacktivistes « positifs » ou « entrepreneuriaux », jeunes et vieilles pousses, dont
l’objectif est, à l’envers de celui des négatifs, le cryptage incassable, la défense du secret, la
défense de « la vie privée » et des secrets des entreprises.
Comme toute ambiguïté, cette ambivalence fracture ou clive chaque hacktiviste ou toute
association de promotion numérique.
Ainsi, si parmi les très nombreux « manifestes pour l’indépendance du cyberespace », nous
lisons le Manifeste des Cyberpunks, de Christian Kirtchev, 1997, nous trouvons :
« Le cryptage de l’information est notre arme.
Ainsi les mots de la révolution peuvent se propager sans interruption en laissant les
gouvernements seulement deviner. »
Le cyberespace est un espace de guerre.

1
Et si le cryptage est une arme de la révolution, c’est aussi l’arme des services secrets ;
cryptage et décryptage, casser les codes de l’ennemi, telle est l’origine militaire si connue
(Turing).
Si le cryptage est une arme, c’est une arme qui est en train de devenir l’arme fatale pour
protéger « les secrets des affaires » et autres secrets gouvernementaux.
Arme de destruction qui permet de retourner un projet libertarien (le bitcoin) en une affaire
rentable.
Avec la menace paradoxale (pour du cryptage) de la surveillance totale des agents encryptés,
le fameux gouvernement dématérialisé dont rêve Google ; et qui excite tant Macron.
Selon certains, ou selon certaines légendes urbaines, Satoshi Nakamoto, le supposé créateur
du bitcoin, serait un nom de code pour une opération secrète de la NSA, cherchant un mode
de financement échappant aux contrôles « légaux » pour des activités « illégales » ; NSA qui
aurait fait travailler comme contractors « partagés » Samsung Toshiba (Satoshi) Nakamichi
Motorola (Nakamoto).
Mais chacun sait que le net est l’espace de toutes les paranoïas !
« Une cryptographie renforcée permet un cryptage incassable, une signature infalsifiable, une
messagerie électronique intraçable et des identités pseudonymiques indécodables.
Cette méthode assure que toutes les transactions et les communications soient fondées sur une
véritable volonté de l’utilisateur. Les forces extérieures, le droit, toute forme de régulation
n’ont aucun pouvoir et ne peuvent s’appliquer en ces lieux. C’est l’anarchie, au sens de refus
des dirigeants extérieurs ou de lois. Des arrangements volontaires, encadrés par des
institutions nées de mêmes arrangements volontaires, dits services de sécurisation, seront les
seules règles applicables. » (Christian Kirtchev).
On ne pourrait rêver de meilleur programme libertarien : l’ultra libéralisme des contrats
« volontaires » et l’État veilleur de nuit !
On ne pourrait rêver meilleur programme pour la promotion des services informatiques aux
entreprises (et le bitcoin est un tel service).
Mais les entreprises devraient être uniquement des petites entreprises « égales », comme les
start up humaines et conviviales, des espaces ludiques pour de grands geeks perdus dans leurs
algorithmes. Que des David, pas de Goliath !

L’ambivalence négatif / positif pourrait s’interpréter en termes éculés :


La technique serait « neutre » et son usage indéterminé serait le moment du conflit, par
exemple de la cybernétique de gauche contre la cybernétique de droite (Wiener contre Von
Neumann).
Mais cette proposition sympathique, qui a été démontée depuis plus de 50 années au moins
(par exemple par l’opéraïsme italien), doit être refusée.
Non seulement la technique n’est pas « neutre », ou n’est pas « universelle », mais elle est un
élément central de la puissance économique.
La technique est toujours déterminée par son usage de puissance au service du gouvernement
économique3.
Ainsi une généalogie de l’informatique, qui nous ferait remonter aux comptabilités et aux
statistiques, disons au 19ème siècle, lorsque se développe « la société », « the corporation »,
l’entreprise intégrée, généalogie qui nous ferait revenir à des régimes de surveillance et de
contrôle anticipateurs, une telle généalogie montre que la programmation, la planification (le
nerf de l’entreprise), la cybernétique, l’enregistrement et l’analyse des données, se sont bel et
bien développés comme des armes de guerre, d’une guerre intérieure pour le contrôle de
populations de plus en plus immenses4.
L’informatique est essentiellement une machine d’écrasement (numéricisation et traitement)
et, parfois, lors de failles, laisse place à la résistance.

2
Imaginer retourner un outil si disciplinaire semble absurde. Tel est pourtant le rêve des
constructeurs de « la révolution blockchain ».
Il y a une dissymétrie essentielle entre l’aspect positif (système de contrôle) et l’aspect négatif
(possibilité d’émancipation). C’est cette dissymétrie qui explique qu’un montage anarchiste,
mais anarcho-capitaliste ou capitaliste à la néoclassique, néolibéral, se retourne en frénésie
économique, la spéculation en l’occurrence5.
Le mouvement de la révolution cyberpunk a été absorbé par l’ordre économique6.
Et les anarcho start upers deviennent des apprentis milliardaires ; à l’image des maos repentis
devenus idéologues du capitalisme.
L’idéologie économique s’est imposée à ses supposés ennemis ; ainsi la théorie économique
des contrats (théorie « sudiste ») est devenue le patron des idéologies du bitcoin (relire la note
5 sur Proudhon).
La religion économique, les comportements, les rites, les tics et les TOC, cette religion du
travail (et de la compétence) définit complétement le cadre du cyber hacktivisme ou du cyber
anarchisme7.
Les hacktivistes sont des activistes et, donc, de bons futurs entrepreneurs (gonflés
idéologiquement) ; leurs innovations permanentes, mais uniquement techniques et fermées sur
elles-mêmes, unidirectionnelles, sont de TOC ; les geeks, très recherchés, sont des accros
obsessionnels au boulot ; travail qui, pour eux, n’est qu’un jeu, mais un jeu lucratif (et
dangereux).

Poursuivons de manière plus abstraite.


Les éléments précédents ayant pour objet de préparer la forme plus générale de l’hypothèse
conjecturale, que nous allons maintenant énoncer.
Quelle est la partie de l’idéologie économique qui a le plus façonné la manière d’être
obsessionnelle et entrepreneuriale des cyber anarchistes (positifs) ?
La téléologie technologique ou téléo-techno-logie qui affirme que « le progrès technique »
sauvera le monde.
L’informatisation numéricisation du monde, nouvelle étape de la domination économique (de
la valeur), étant posée comme « progrès », l’informatique et ses obsessionnels start upers
devient le lieu privilégié de « l’émancipation ».
On met dans le même sac Wikileaks, l’hacktivisme négatif, et PayPal, YouTube, Ulule et,
pourquoi pas, Uber, le prototype de l’hacktivisme positif.
P2P, plateformes et la révolution blockchain !
L’informatique distribuée ! La smart économie ! Et le porno pour tous !
Contrats intelligents (smart), État intelligent à la Macron (plus que smart), institutions
allégées !
Smart State et même Wiki State participatif ou collaboratif !
Invitation à l’aventure, économique et hautement profitable, pour de « nouveaux
entrepreneurs » conviviaux et pour de « nouveaux consommateurs » branchés !
Le mirage de « la nouvelle économie » (légère et fluide) en train de se reformer, 20 ans après
la crise – la nouvelle bulle bitcoin !
L’affirmation cyberpunk que le développement technologique, informatique en particulier, est
la clé de « l’émancipation », affirmation qui est le symptôme d’une technophilie
technopathique forte, cette affirmation est une illusion, érigée en croyance, et qui inscrit
l’idéologie cyber punk technophile, comme téléo-techno-logie, dans le vaste système de la
religion économique.
Le mouvement cyberpunk positif, qui est le lieu de cristallisation de cette idéologie
technophile, est ainsi absorbé par le programme néolibéral, tel que repensé par Google8.

3
Nous pouvons alors finir par trois thèses, complétant notre hypothèse conjecturale.
(1) Les institutions sont des machines algorithmiques « naïves », avec règles et langages ; « le
marché » est le modèle dominant d’une telle machine algorithmique.
Il n’y a donc pas d’opposition entre institutions et algorithmes ; ce qui lève un certain voile
sur le programme Google de la smart administration.
Les institutions sont les formes préalables nécessaires au développement de la pensée
algorithmique.
La mécanisation humaine qu’imposent les institutions, l’intégration forcée à la machinerie,
cela est le socle nécessaire au développement de l’informatique et de la numéricisation et de
tous les protocoles « d’abstraction ».
Si nous voulions conserver une grande histoire téléologique, nous devrions dire que
l’informatique se place dans une histoire « dévalante » du despotisme (économique), plutôt
que dans une histoire « progressiste » de l’émancipation.
(2) Les grandes machineries politiques, qui sont des combinaisons d’institutions et donc de
machines locales, qui sont des systèmes « distribués », ces mégamachines d’emprise sont le
prototype des IA ou des machines algorithmiques complexes à éléments « décentralisés ».
À ce sujet, l’étude de la pensée complexe (et très autoritaire) de Von Neumann est essentielle.
(3) Les institutions et les machines politiques sont des machines archimédiennes.
« Il faut du résultat ! »
C’est cette propriété qui a permis le développement de l’économie (de la comptabilité), puis
des pratiques des ingénieurs (les calculs finis) et enfin de l’informatique.
Ces machines politiques ouvrent l’espace restreint des « mathématiques appliquées »,
« concrètes » ou « discrètes ».
Espace pratique qui élimine tout « infini », et, donc, élimine ce qui fait la spécificité des
mathématiques, à savoir « la recherche de l’infini » !9
Du reste on pourrait dire, en suivant Michel Serre ou Jacques Derrida, que ces mathématiques
(disons euclidiennes) sont des « formalisations interactives » ou « performatives » des
systèmes politiques autoritaires de despotisme, centralisés mais avec distribution,
« décentralisation ».

Penser alors que la révolution numérique, nouvelle économie, révolution blockchain, e-


monnaies, smart systèmes, nous ferait sortir de l’économie, du régime despotique de
l’économie, nous « libérerait » pour sautiller vers l’émancipation cybernétique (et virtuelle),
toute cette mythologie est une absurdité sans réflexivité.
Qui dénote, d’abord, une absence abyssale de réflexivité historique.

Pourquoi cette « révolution informatique » serait-elle tellement adorée par les cadres
économistes ou les larbins des oligarques ?

1
Ici, il faudrait parler d’Oskar Lange, 1936, le prophète du socialisme de marché néoclassique
et de l’utilisation massive des ordinateurs pour faire fonctionner l’économie, économie
numérisée qui est toujours une économie planifiée de marché.
2
Nous renvoyons à Evgeny Morozov, The Net Delusion, How Not to Liberate the World,
Penguin, 2011, et Le mirage numérique, Pour une politique du Big Data, Les Prairies
Ordinaires, 2015.

4
3
Ce gouvernement économique se présente-t-il comme libertarien, partisan de la common law
ou même radicalement anti-étatique et anarchiste !
Tout ceci renvoyant à une tendance très américaine de montée en puissance du juridique, mais
du juridique privatisé (des énormes cabinets d’avocats d’affaires), juridique devenu l’outil de
l’économie. Comme en témoigne l’influence de l’école de Richard Posner ou de l’école du
Public Choice : sur quoi se fonde le droit ? Sur l’efficacité économique !
Seuls les outils de l’analyse économique permettent de développer des constructions
juridiques, comme les contrats si nécessaires à la vie des entreprises. Sur quoi se fondent les
institutions ? Sur des calculs économiques !
Le renvoi (des cyberpunks libertariens) à « des arrangements volontaires, encadrés par des
institutions nées de mêmes arrangements volontaires » nous propulse immédiatement dans le
monde enchanté du juridique des affaires !
4
Pour plus de détails nous renvoyons à la magnifique revue allemande DISRUPT,
Widerstand gegen den Technologischen Angriff, accessible en ligne, capulcu.blackblogs.org.
5 L’anarchie économiste renvoie toujours, même sans le savoir, à Proudhon et au projet de

réorganisation de la société au moyen d’un nouveau système monétaire, projet qu’il proposa à
Louis Napoléon Bonaparte, avec une banque du peuple, simple chambre d’enregistrement,
centralisant des opérations laissées aux agents économiques « décentralisés », agents en
concurrence sur des marchés libres, agents supposés égaux ; ce qui est le fameux modèle
néoclassique du secrétaire de marché développé par Walras, Pareto puis Lange, modèle de
l’économie comme système centralisé planifié de marchés libres.
Il est stupéfiant de voir que le schéma bitcoin n’est que la reprise inconsciente (ou, plutôt,
irréflexive) de ce vieux schéma économiste anarchiste néoclassique.
Une simple réflexivité historique aurait permis aux thuriféraires du bitcoin d’être moins
enthousiastes et, ainsi, moins récupérables.
La clé du système économique anarchiste à la Proudhon était la petite entreprise, voire
l’autoentreprise, l’artisan qui veut être « autonome », veut être « son propre patron » ; et c’est
sous cette forme microscopique (plutôt poujadiste que révolutionnaire) que l’entreprise
apparaît dans la théorie néoclassique ! Ce noyau militant de l’économie concurrentielle
« décentralisée » se retrouve sous la forme de la start up des copains du jeu informatique
obsessionnel – plus la possibilité aléatoire de gagner le gros lot au casino de la poule aux œufs
d’or numériques.
6
Rappelons, encore et encore, que le centre idéologique de cet ordre, « le marché » est une
machine algorithmique de traitement de l’information. Dont on possède le programme (« la
loi du marché ») et qui peut donc être construite (les néo marchés artificiels) et programmée,
planifiée. « Le marché », mécanique ou machine de traitement de l’information, permet la
planification : voilà le résultat auquel arrivent les descendants de Proudhon et de Walras,
Pareto et Lange, entre 1900 et 1940. Il suffit de rajouter que ce marché est autorégulateur
(homéostatique) pour trouver les bases économiques de la cybernétique. Et de toutes « les
révolutions numériques ».
7
L’origine de « la pensée négriste » se trouvant dans l’ouvrage Cyber-Marx, Cycles and
Circuits of Struggle in High Technology Capitalism, de Nick Dyer-Witheford, University of
Illinois Press, 1999, nous recommandons la lecture rétrospective de cet ouvrage essentiel.
8
Sur l’hacktivisme cyber anarchiste positif, nous renvoyons aux classiques :
Crypto Anarchy, Tim May, 1992 ;
A Cipherpunk Manifesto, Eric Hugues, 1993 ;
Manifeste des Cyberpunks, Christian Kirtchev, 1997, ouvrage que nous avons cité.
9
Nous devons dire : les mathématiques appliquées ne sont pas du mathématique.
De même que la technoscience n’est pas de la science !
Pensons aux laboratoires pharmaceutiques et autres « négationnistes » de la science.
5

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