Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
universitaires
de la
Méditerranée
L’Église et les Noirs dans l’audience du Nouveau
Royaume de Grenade | Hélène Vignaux
Chapitre premier.
La justification de
l’esclavage et de la
traite
p. 33-83
Texte intégral
1 L’Église n’avait pas eu à se pencher, au cours de son histoire,
sur le problème éthique posé par l’esclavage, notamment des
Indiens ou des Noirs, puisque jusqu’alors cette pratique était
immémoriale et universelle. On allait assister, à partir de la
fin du XVe siècle, à la remise en question de cette institution
d’un point de vue moral.
Notes
1. Il faut en effet distinguer entre le magistère suprême, touchant le
dogme de la foi et des mœurs, partagé entre le pape et le concile en
union avec ce dernier, et le magistère ordinaire des souverains pontifes.
Toutes les décisions juridiques que nous allons citer, qu’il s’agisse de
brefs ou de bulles, émanent du magistère ordinaire papal. Il faut
entendre par là « le domaine dans lequel le pape entend imposer une
pratique pour résoudre une question. En ce sens, comme il y a bien des
degrés dans ce que le pape enseigne en vertu de son ministère
ordinaire, l’assistance de l’esprit saint n’est plus présumé totale comme
dans son magistère ex cathedra mais peut être incomplète, laissant la
place à une faiblesse humaine. Par suite, une opinion ou décision d’un
souverain pontife, émise ou prise dans le cadre du magistère ordinaire,
peut être révisée ». Marie-Joseph NICOLAS, Court Traité de théologie,
Paris, Desclée, 1990, p. 53. Cette distinction de la doctrine catholique
entre magistère suprême et magistère ordinaire explique les variations
d’opinions de papes successifs.
2. Cité par Daniel ROPS, L’Église de la Renaissance et de la Réforme.
Une ère de renouveau : la Réforme catholique, Paris, Fayard, 1955, p.
314.
3. Le Collège des Prieurs était un organe politique qui, depuis 1281,
exerçait le pouvoir exécutif à Florence, sous le contrôle théorique du
podestat. Il était entre les mains de la corporation des Arts mécaniques
et était favorable au parti Guelfe.
4. David BRION DAVIS, El problema de la esclavitud en la cultura
occidental, Bogotá, El Áncora ed, 1996, p. 97-98. Ces idées reliant
religion et territoire allaient être reprises par les princes allemands de la
Réforme et annexées dans le droit international de cette époque sous la
forme de l’axiome « cujus regio religio ».
5. Francisco Javier HERNAEZ, s.j., Colección de Bulas, Breves y otros
documentos relativos a la Iglesia de América y Filipinas dispuesta,
anotada e ilustrada, Bruxelles, Alfredo Vromant ed., 1879, t. 1, traité II,
5e section, p. 116.
6. La bulle Creator Omnium du 17 décembre 1434 avait précédemment
accordé au seul archevêque de Séville le pouvoir de relever de
l’excommunication les trafiquants d’esclaves. Alphonse QUENUM, Les
Églises chrétiennes..., op. cit., p. 69.
7. Ce pape avait conseillé aux Rois Catholiques, en 1479, de ne pas
réduire en esclavage les Guanches des Canaries. Cet avis, bien que
partagé par les Rois Catholiques, ne fut pas suivi d’effet puisque la
population guanche fut en fait exterminée, et remplacée par des Noirs
provenant d’Afrique.
8. Paulino CASTAÑEDA DELGADO, « Un capítulo de ética indiana española :
los trabajos forzados en las minas », Anuario de Estudios Americanos
vol. XXVII, 1970, p. 873.
9. Les représentants du Saint Siège évoquent toujours en premier lieu
les écrits de Paul III lorsqu’il s’agit de rappeler les Actes condamnant le
racisme, l’esclavage et la traite. C’est ce que fit par exemple Mgr L.
Conti, représentant du Saint Siège, dans une intervention lors du
colloque organisé à Haïti par l’Unesco en 1978. Mgr. L. CONTI, « L’église
catholique et la traite négrière », La traite négrière du XVe au XIXe
siècles. Histoire générale de l’Afrique, Paris, UNESCO, 1979, p. 273-
276.
10. Bulle Veritas Ipsa : « La Vérité elle-même, qui ne peut décevoir ni
être déçue, lorsqu’elle chargea les prêcheurs de la foi de prêcher, a dit,
comme on le sait, “Allez enseigner toutes les nations”. Elle a dit toutes
sans aucune discrimination, car toutes sont capables de recevoir
l’instruction de la foi. L’ennemi de l’humanité qui s’est opposé de tous
temps aux bonnes entreprises afin de les réduire à néant, conscient de
cet ordre et poussé par l’envie, inventa une méthode inconnue jusqu’à
ce jour, d’empêcher que la parole de Dieu soit prêchée aux nations afin
de les sauver. Car il a existé quelques-uns de ses satellites qui, âprement
désireux de satisfaire leur convoitise, ont pris sur eux d’affirmer que les
Indiens occidentaux et méridionaux et les autres nations qui nous sont
connues à ce jour, sous prétexte qu’ils sont dépourvus de foi catholique,
doivent nous être soumis en servitude ; et ils sont vraiment asservis et
traités avec un tel manque d’humanité que leurs maîtres osent à peine
manifester une telle cruauté à l’égard des animaux qui les servent ; à cet
effet, nous qui, bien qu’indignes, sommes le vicaire de notre Seigneur
sur terre et qui recherchons de tous nos efforts les brebis de son
troupeau qui nous a été confié, qui sont en dehors de son sillage, afin de
les ramener à son sillage, pensons que ces Indiens, comme de vrais
hommes, ne sont pas seulement aptes à la foi chrétienne mais
également, comme on nous l’a fait connaître, qu’ils peuvent embrasser
la foi avec la plus grande promptitude, et désirant leur fournir les
remèdes adéquats, décrétons et déclarons par l’Autorité Apostolique,
que les Indiens susmentionnés et toutes les autres nations qui peuvent à
l’avenir parvenir à la connaissance des chrétiens, bien qu’elles soient en
dehors de la foi du Christ, peuvent librement et légalement user,
posséder et jouir de leur liberté et de leur autorité dans ce domaine, et
qu’ils ne peuvent pas être réduits en esclavage, et que tout autre chose
qui ait été faite soit nulle et non avenue. De plus, que ces Indiens et
autres nations sont invités à participer à la foi suscitée du Christ par la
prédication de la parole de Dieu et par l’exemple d’une bonne vie ».
On retrouve dans la Bulle Sublimus Deus à peu près les mêmes termes :
« [...] les Indiens et tout autre peuple qui pourrait être découvert plus
tard par les catholiques, bien que n’étant pas chrétiens, ne peuvent en
aucune façon être privés de leur liberté et de leurs possessions. Au
contraire, ils peuvent et doivent être autorisés à jouir librement et
légalement de leur liberté et de leurs possessions. Ils ne peuvent en
aucune manière être asservis ; et s’ils sont ainsi asservis, leur esclavage
doit être considéré comme nul et non avenu ».
Pour le point de vue d’A. Quenum sur la position de Paul III face à
l’esclavage, on se reportera à Alphonse QUENUM, Les Églises
chrétiennes..., op. cit., p. 97-101.
11. Ibid., p. 101.
12. Francisco Javier HERNAEZ, s.j., Colección de Bulas, Breves y otros
documentos..., op. cit., t. 1, p. 99.
13. Ibid., p. 101.
14. J. A. Saco voit dans cette Bulle une condamnation radicale de la
traite ; G. Scelle en revanche affirme que le pape ne dénonçait que
l’impureté des revenus tirés par la Couronne de la vente des esclaves.
José Antonio SACO, Historia de la esclavitud, réédition, Buenos Aires, p.
193 ; Georges SCELLE, La traite négrière aux Indes de Castille, Paris,
Librairie de la Société du Recueil et du Journal du Palais, 1906, t. 1, p.
725.
15. Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes..., op. cit., p. 119.
16. On pressent le souci de certains papes de se dégager de ces
encombrantes tutelles lorsqu’on relève l’envoi par le Saint-Siège,
passant outre le Padroado, d’une ambassade directe près du roi du
Kongo, Alvaro, ou lorsque Léon X (1513-1521) ménage des audiences
aux ambassadeurs de royaumes africains christianisés.
17. Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes..., op. cit., p. 101, 121.
18. Par exemple, les Jésuites, qui avaient fondé plusieurs Collèges en
Afrique, étaient très impliqués dans la traite, et il leur était reproché de
soutenir la Couronne portugaise dans toutes ses actions.
19. Ibid., p. 123.
20. Les Capucins d’Angola, bien que conscients de la difficulté de faire
appliquer les consignes du Cardinal Cybo, obtinrent la promesse du roi
du Kongo et du comte de Sogno de ne vendre aucun esclave aux
hérétiques, et que si par nécessité, les gens du peuple devaient se
vendre, qu’ils préfèrent les Hollandais qui s’étaient engagés à
transporter un nombre limité en Espagne, les Anglais ne tardèrent pas à
signer le même type de contrat. Ildefonso GUTIERREZ AZOPARDO, « La
Iglesia y los negros », Historia de la Iglesia en Hispanoamérica y
Filipinas, Madrid, BAC, 1992, vol. I, chap. 17, p. 323.
21. Pour une plus ample connaissance de la correspondance échangée
entre la Congrégation de Propaganda Fide et les missionnaires (en
particulier capucins et jésuites), on pourra consulter la thèse de Pierre
Mukunda Mutanda Wa Mukende (La méthode missionnaire des P.
Capucins de la « missio antiqua » dans les royaumes du Congo, de
l’Angola et de Matamba (1645-1835), soutenue à Rome, citée par
Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes et la traite..., op. cit., p. 123.
22. Alphonse QUENUM, ibid., op. cit., p. 121-126.
23. Fernando CAMPO DEL POZO, Los Agustinos en la evangelización de
Venezuela, Caracas, Universidad Católica Andrés Bello, 1979, p. 208-
213.
24. Solórzano Pereyra présente, dans sa Política Indiana, l’art de bien
gouverner les Indes avec tous les problèmes que cela peut susciter, en
s’appuyant sur les théologiens (Augustin, Thomas d’Aquin, Molina,
Soto, Báñez), les Pères de l’Église (Ambroise, Jérôme, Clément,
Augustin), les humanistes (Luis Vives, Erasme, Thomas More, Alciato,
Lorenzo Valla, Marsilio Ficino), les classiques latins (Horace, Ovide,
Virgile, Sénèque, Marcial), les philosophes grecs (Platon, Aristote), les
« politiques » (Machiavel, Bodin, Botero, Bobadilla), les chroniqueurs
des Indes (Oviedo, Bernal Díaz del Castillo, López de Gómara) et les
indianistes les plus divers (le père Acosta, Matienzo, Torquemada,
Antonio de León Pinelo, Fernando Pizarro, Las Casas, Antonio de
Herrera par exemple). Juan SOLORZANO PEREYRA, Política indiana, op. cit.
25. Ibid., t. 1, livre II, chap. 17, p. 401.
26. Nous examinerons plus avant les positions de ces deux théologiens
face au système de la traite.
27. Catherine COQUERY, La découverte de l’Afrique, Paris, Julliard, 1965,
p. 13.
28. Genèse 10, 6. Fils de Cham : Koush, Miçraïm, Pouth et Canaan.
29. Genèse 9, 25-27.
30. De nombreux auteurs ont étudié l’utilisation qui fut faite de ce
mythe dans les débats servant à justifier la servitude des peuples noirs.
On pourra consulter notamment Alphonse QUENUM, Les Églises
chrétiennes et la traite..., op. cit., p. 25-35 ; Marie-Cécile BENASSY
BERLING, « Alonso de Sandoval, les jésuites et la descendance de
Cham », Études sur l’impact culturel du Nouveau Monde, séminaire
interuniversitaire sur l’Amérique espagnole coloniale, I, Paris,
L’Harmattan, 1981, p. 56-57 ; Ibrahima Baba KAKE, « De l’interprétation
abusive des textes sacrés à propos du thème de la malédiction de
Cham », Revue Présence Africaine n° 94, (Travaux préparatoires au
Colloque du 2e Festival Mondial des Arts Négro-Africains :
« Civilisation noire et éducation », dossier II), Paris, 1975, p. 241-249.
31. Ce préjugé dura fort longtemps. Le père Laurent de Luques,
commentant les rituels qui accompagnaient les semailles, écrivait dans
ses Relations sur le Congo datées de 1607 : « On croirait que le diable et
tout l’enfer se sont mis en mouvement tant à cause de la grossièreté et
de la couleur obscure de cette foule qu’à cause de la confusion des voix,
des instruments, des mouvements exécutés ». Cité par Jean-Baptiste de
ROCOLES, Description générale de l’Afrique et de l’Amérique, Paris,
Denis Bechet, 1660, p. 87.
32. D’après Rocoles, il y avait en Afrique des catholiques romains dans
les terres qui étaient sous domination espagnole (au moment de l’union
des Couronnes espagnole et portugaise), des schismatiques dans
« l’Empire du Nugus et le Royaume des Nègres », et d’autres « espars
par l’Afrique, comme les Arméniens, Maronites, Guorgiens, Grecs &
Chrestiens de Sainct Thomas, dont les premiers recognoissent presque
tous pour leur chef le Patriarche d’Alexandrie, les autres leurs Pontifes
& Prélats particuliers, & les Grecs, le Patriarche de Constantinople ».
Ibid., p. 40.
33. L’ouvrage de Jean-Baptiste de Rocoles (Description générale de
l’Afrique et de l’Amérique), fut édité en 1660. Son auteur y rapporte les
observations de nombreux auteurs de l’Antiquité, comme Hérodote,
Ptolémée ou Pline, ou de ceux qui l’ont immédiatement précédé, tels
Léon l’Africain, ou Pigafetta.
34. Ibid., p. 37-38.
35. Ibid., p. 20-21.
36. J. H. Borja aborde la question de la création d’un imaginaire autour
de la notion Noir = démon dans deux études : Jaime Humberto BORJA
GOMEZ, « Barbarización y redes de indoctrinamiento en los negros.
Cosmovisiones en Cartagena, siglos XVII y XVIII », Contribución africana
a la cultura de las Américas, Bogotá, Instituto Colombiano de
Antropología Colcultura — Proyecto biopacífico Inderena, 1993, p. 241-
254 et Rostros y rastros del demonio en la Nueva Granada. Indios,
negros, judíos, mujeres y otras huestes de Satanás, Bogotá, Ariel
Historia, 1998, p. 114-123. On consultera aussi son étude sur l’évolution
de la notion de démon à travers les siècles. Ibid., p. 335-376.
37. Elikia M’BOKOLO, « La rencontre des deux mondes et ses
répercussions : la part de l’Afrique (1492-1992) », L’Afrique entre
l’Europe et l’Amérique..., op. cit., p. 20.
38. Ibid., p. 21. Sur les réseaux d’échange en Afrique, on pourra
consulter Hélène VIGNAUX, Esclavage, traite et évangélisation des Noirs
dans le Nouveau Royaume de Grenade au XVIIe siècle. Thèse de
doctorat sous la direction de Níkíta Harwich et Thomas Gomez,
Université Paris X, 2003.
39. Le culte des ancêtres était une dominante commune à bien des
sociétés africaines. Sorte de médiateurs entre les dieux et les vivants, les
morts maintenaient la cohésion de la famille, en veillant à ce que leurs
descendants vivent en bonne intelligence les uns avec les autres ; ils
pouvaient intervenir à n’importe quel moment pour punir ceux qui
s’écartaient de ce principe ou pour rappeler à leurs descendants leur
devoir de donner des offrandes (aliments, vin, or) ou d’offrir des
sacrifices à leur mémoire afin de bénéficier de leur aide dans la vie
quotidienne et de gagner leur place dans l’au-delà. Par ce culte, l’ordre
dans les sociétés était assuré. L’Église essaya de substituer à ce culte
celui des saints.
40. Georges BALANDIER, La vie quotidienne au Royaume de Kongo du
e e
XVI au XVIII siècles, Paris, Hachette, 1965, p. 258.
41. Paul, Épître aux Galates 3.28. De même, épître aux Colossiens 3.11.
42. Diverses mentions de l’esclavage se trouvent essaimées dans le
Nouveau Testament :
Évangiles : Mathieu 18.23-35 ; Mathieu 24.45-51 ; Mathieu 25.14-30 ;
Luc 12.35-47 ; Luc 17.7-10 ; Luc 19.12-28 ; Marc 10.45 ; Marc 13.33-37 ;
Jean 8.31-42).
Épîtres : de Paul aux Corinthiens (1re) 7.21.24 ; aux Galates 3.28 ; aux
Éphésiens 6.5-9 ; aux Colossiens, 3.22-25, 4.1 ; à Timothée (1re) 6.1-2 ; à
Tite 2.9-10 ; à Philémon 8-21 ; de Pierre (1re) 2.18-25 ; de Pierre (2e)
2.18-20.
43. Ben Sira, auteur du livre du Siracide, autrement appelé de
l’Ecclésiastique (IIe siècle avant J.-C.), affirme, dans un passage de son
livre consacré aux esclaves (Siracide 33, 25), que le véritable être libre
est celui qui respecte la volonté divine et craint le Seigneur puisque la
valeur de l’homme ne dépend pas de son état social mais de sa vie
intérieure. Il n’hésite pas toutefois à conseiller l’usage de la violence
pour réduire les serviteurs par trop rebelles, mais il préconise de traiter
l’esclave comme soi-même afin d’obtenir de lui un meilleur rendement.
Pour plus de détails, on se reportera à Jean-Pierre TARDIEU, L’Église et
les Noirs au Pérou, op. cit., p. 22-24.
44. Ainsi, une règle de conduite était dictée pour que chacun pût tenir
son rôle dans la société comme bon chrétien :
Épouses, soyez soumises à vos maris, comme il se doit dans le Seigneur.
Maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles.
Enfants, obéissez en tout à vos parents, voilà ce que le Seigneur attend
de vous. Parents n’exaspérez pas vos enfants de peur qu’ils ne se
découragent.
Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d’ici-bas. Servez-les, non parce
qu’on vous surveille, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes,
mais avec la simplicité de cœur de ceux qui craignent le Seigneur. Quel
que soit votre travail, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et
non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage
en récompense. Le Maître, c’est le Christ, vous êtes à son service. Qui se
montre injuste sera payé de son injustice, et il n’y a d’exceptions pour
personne.
Maîtres, traitez vos esclaves avec justice et équité, sachant que vous
aussi, vous avez un Maître dans le ciel ».
Épître aux Colossiens 3.18-25, 4.1. On trouve un message semblable
dans l’Épître aux Éphésiens 5.33, 6.1-9.
45. « La cause principale de l’esclavage, par lequel un homme est
soumis en servitude à un autre, est le péché et un tel esclavage ne
s’opère pas sans l’assentiment de Dieu, qu’on ne peut trouver injuste et
qui sait proportionner les châtiments différents suivant les mérites de
l’offenseur. Et lorsque quelques hommes sont soumis à d’autres dans
une communauté pacifique, la subordination bénéficie aux esclaves tout
comme la souveraineté nuit aux propriétaires. Ainsi, par nature — la
nature dans laquelle Dieu a d’abord créé l’homme — personne n’est
esclave ni d’autres hommes ni du péché. La vérité est que le châtiment
de l’esclavage est imposé par la loi qui ordonne la préservation de
l’ordre naturel et interdit de le troubler ; si rien n’est fait pour
enfreindre cette loi, il n’y aura rien à châtier par l’asservissement
pénal ». Cité par Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes..., op. cit.,
p. 41-42.
46. Dans le cadre d’une situation fondée sur la loi naturelle et le droit
des gens, l’Église répétait aux maîtres et aux esclaves les devoirs qui
leur incombaient, et rappelait à chacun qu’ils étaient tous les enfants
d’un même Père.
47. La philosophie d’Aristote fut massivement introduite dans les
universités de l’Europe Occidentale au XIIIe siècle, par l’intermédiaire
des traducteurs et exégètes arabes et juifs, et son point de vue sur
l’esclavage eut une grande influence sur les penseurs chrétiens du
Moyen Âge et même après. Pour plus de renseignements sur la
philosophie d’Aristote au sujet de la légitimité de l’esclavage, on se
reportera à Henri WALLON, Histoire de l’esclavage dans l’Antiquité,
Paris, Robert Laffon, 1988 [1re éd. 1847], p. 294-321.
48. Thomas d’AQUIN, Somme théologique Ia IIae, question 60.
49. Pour plus de précisions sur la doctrine de saint Thomas d’Aquin, on
se reportera à Jean-Pierre TARDIEU, L’Église et les Noirs..., op. cit., p. 28-
33.
50. Se fondant sur l’Évangile et sur des Pères de l’Église — en
particulier saint Paul et saint Augustin —, il énonçait les trois choses
nécessaires pour que la guerre fût juste :
1° L’autorité du prince d’après l’ordre duquel la guerre doit être
entreprise car « il n’appartient pas à un particulier de faire la guerre
parce qu’il peut avoir recours pour obtenir justice au système de son
supérieur... mais, puisque le soin de l’état est confié aux princes, c’est à
eux qu’il appartient de défendre la cité, le royaume ou la province qui se
trouve sous leur autorité. De même qu’il leur est permis de le défendre
par le glaive matériel contre ceux qui les troublent à l’intérieur en
punissant les malfaiteurs, suivant une parole de l’apôtre ». Ce n’est pas
sans motif que le prince porte le glaive car il est le ministre de Dieu
pour exécuter sa vengeance contre celui qui fait le mal (ad. Rom. XIII-
4).
2° Il faut une juste cause c’est-à-dire qu’il faut que ceux que l’on attaque
aient, par une faute, « mérité une attaque ». C’est ce qui fait dire à Saint
Augustin dans le livre VI des questions sur Josué, question 16 : « on a
continué d’appeler juste les guerres qui ont pour but de venger des
injures quand il s’agit de châtier une nation ou une ville qui n’a pas
voulu punir une mauvaise action commise par les siens ou rendre ce qui
a été pris injustement ».
3° Il est nécessaire que l’intention de ceux qui combattent soit droite,
c’est-à-dire qu’ils se proposent de faire le bien ou d’éviter le mal. C’est
ce qui fait dire à saint Augustin dans le livre de Verbis domini : « chez
les véritables serviteurs de Dieu les guerres elles-mêmes sont
pacifiques, n’étant pas entreprises par cupidité, ni par cruauté mais par
amour de la paix dans le but de réprimer les méchants et de secourir les
bons ».
Thomas d’AQUIN, Somme théologique, Secunda secundae quaestio XL,
De Bello, 4o argument, cité par Albert BRIMO, Pascal et le Droit, Paris,
Librairie du Recueil Sirey, 1942, p. 72-73.
51. Pour plus de précisions sur cette question, voir Jesús María GARCÍA
AÑOVEROS, El pensamiento y los argumentos sobre la esclavitud en
Europa su el siglo XVI y su aplicación a los ìndios americanos y a los
negros africanos, Madrid, CSIC, 2000, p. 107-121 ; Paulino CASTAÑEDA
DELGADO, « Un capítulo de ética indiana española... », op. cit., p. 815-
916.
52. On trouvera une analyse de l’oeuvre de chacun des auteurs dans
Jean-Pierre TARDIEU. L’Église et les Noirs..., op. cit., p. 59-92 ; et
Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes..., op. cit., p. 105-111.
53. À la fois juriste et théologien, Francisco de Vitoria est considéré
comme un des fondateurs du droit international. On distingue parmi
ses oeuvres, De indis, dans laquelle il condamnait l’aspect belliqueux de
la conquête d’Amérique, et De iure belli, dans laquelle il analysait la
notion de « guerre juste ». Les idées essentielles de Vitoria sont
contenues dans ses Relectiones. La Chaire de Théologie occupée par
Vitoria à Salamanque en vint à constituer un véritable tribunal où l’on
examinait les problèmes qui passionnaient l’opinion.
54. A. Milhou explique la raison de la présence de dominicains au
premier rang de la critique de l’esclavage : « car leur formation thomiste
et la grande tradition des théologiens-juristes de Salamanque les
prédisposait à la confrontation de la théologie morale et de la réalité des
cas ». Alain MILHOU, « La péninsule ibérique, l’Afrique et l’Amérique »,
op. cit., p. 688.
55. Domingo de SOTO, De iustitia et iure, Salamanca, 1562.
56. Paulino CASTAÑEDA DELGADO, « Un capítulo de ética indiana... », op.
cit., p. 872-873.
57. Tomás SÁNCHEZ, Consilia seu opuscula moralia, Lyon, 1624.
58. Luis de MOLINA, De iustitia et iure, Cuenca, 1593. Les thèses
qu’exposa Molina dans son ouvrage Concordia (1588) déclanchèrent de
violentes réactions des Dominicains. Pascal critiqua le molinisme dans
les Provinciales (1656).
59. Nous verrons que Sandoval reprend et défend ces quelques
principes dans son oeuvre De Instauranda Aethiopum salute (1627).
60. Paulino CASTAÑEDA DELGADO, « Un capítulo de ética indiana... », op.
cit., p. 873-877.
61. Fernando REBELLO, Opus de obligationibus iustitiae, religionis et
caritatis, Lyon, 1608. Cf. Jean-Pierre TARDIEU, L’Église et les Noirs...,
op. cit., p. 76-77.
62. Fray Tomás de MERCADO, Suma de tratos y contratos, Salamanca,
Matías Gast, 1569.
63. « [...] Los portugueses que tratan en Cabo Verde, y traen negros de
Sant Thomé de Biafera, çape y Ioloffe, y los mesmos Ethiopes que los
venden, están infamados como todos sabemos, que muchas vezes los
han mal y por mal cabo. A cuya causa es menester, los de acá, si no
quieren comunicar en el pecado, se sobresean y aparten del contrato y
venta. Y tanto más en este género de contratación, quanto la ropa que
se vende es capaz de injuria y violencia, y se les haze gravísima e
irrecuperable, pues pierden para siempre su libertad que no tiene valor
ni precio [...] ». Cité par Sylvia VILAR, « Los predestinados de Guinea.
Quelques raisonnements sur la traite des Noirs entre 1662 et 1780 »,
Mélanges de la Casa de Velázquez 7, 1971, p. 303.
On trouvera une étude de la théorie de Tomás de Mercado à propos de
la traite des Noirs dans Lázaro SASTRE VARAS, « Teoría esclavista de
Tomás de Mercado », dans Actas del II Congreso Internacional sobre
los Dominicos y el Nuevo Mundo, Salamanca, 28 de marzo-1 de abril
de 1989, (ed. José Barrado, O. P.), Salamanca, Ed. San Esteban, 1990,
p. 287-300.
64. Ainsi, après avoir posé qu’aucun Indien, qu’il fût des Indes
Occidentales ou Orientales, ne devait être soumis à l’esclavage car les
lois de Castille l’interdisaient, il justifiait celui des Noirs de la manière
suivante : « [...] A lo cual no contradice la práctica que vemos tan
asentada e introducida de los esclavos negros que se traen de Guinea,
Cabo Verde y otras provincias y ríos, y pasan por tales sin escrúpulo en
España y en las Indias. Porque en éstos vemos con buena fe de que ellos
se venden por su voluntad o tienen justas guerras entre sí en que se
cautivan unos a otros, y a estos cautivos los venden después a los
portugueses que nos los traen, que ellos llaman “pombeiros” o
“tangomangos”, como lo dicen Navarro, Molina, Revelo, Mercado y
otros autores, concluyendo finalmente que todavía tienen por harto
peligrosa, escrupulosa y cenagosa esta contratación por los fraudes que
en ella de ordinario se suelen cometer y cometen, pero que éstas no les
toca a los particulares averiguarlas ». Juan SOLORZANO PEREYRA, Política
indiana, op. cit., t. 1, livre II, chap. 1, p. 181.
65. Jesús María GARCÍA AÑOVEROS, El pensamiento y los argumentos
sobre la esclavitud..., op. cit., p. 178.
66. Sylvia VILAR, « Los predestinados de Guinea... », op. cit., p. 300.
67. « [...] parece que la Divina Providencia la ha vinculado [la
conservación de los reinos de las Indias] a la educación de los
predestinados de Guinea, disponiendo que aquel inmenso bien que
reciben con el alumbramiento y participación de nuestra santa fe
católica le agradezca a sus educadores y dueños, con la asistencia
continua al beneficio de sus haciendas, que con tantas medras se logra
por su mano, y alentando juntamente con este interés el piadoso celo de
nuestro gran Monarca y sus españoles al copioso rescate de los negros
en que tantas almas salen de los errores y sombras del gentilismo. Por
estos motivos divinamente ordenados para la recíproca utilidad de los
negros y de los que se emplean en su rescate, se ha procurado siempre
frecuentar su tráfico e introducción en las Indias que nada reciben más
gustosos porque en nada tienen más beneficio ». Pour plus de détails
sur ce point, on consultera Sylvia VILAR, ibid., p. 297-303.
68. Son ouvrage fut d’abord publié en 1627, sous le titre Naturaleza,
policía sagrada i profana, costumbres i ritos, disciplina y catecismo
evangélico de todos los etíopes, por el padre Alonso de Sandoval,
natural de Toledo, de la Compañía de Jesús, rector del Colegio de
Cartagena de Indias, mais il est plus connu sous celui de De
Instauranda Aethiopum salute. Une autre version revue, corrigée, et
augmentée, fut publiée en 1647.
69. Enriqueta VILA VILAR, Introduction de Alonso de SANDOVAL, De
instauranda Aethiopum salute, Madrid, Alianza Editorial, 1987, [1re éd.
1627], p. 38.
70. Selon les critères de l’époque, une œuvre était digne de foi
lorsqu’elle reposait sur une des trois conditions suivantes : la
connaissance par la lecture, ou le témoignage d’autrui, ou l’expérience
personnelle.
71. Sandoval dit à leur sujet : « hombres de tanta calidad que más no se
puede dessear para dar a ésta, o a otra cualquier historia, la fe que se le
debe, por aver estado muchos años en aquellas partes [de Africa], ser
como testigos de vista de lo que allá passava ». Alonso de SANDOVAL, De
instauranda Aethiopum salute, op. cit., p. 58.
72. Sur l’influence de la tradition littéraire dans l’oeuvre de Sandoval,
on consultera Mercedes RIVAS, « La presencia africana en el discurso
colonial : Alonso de Sandoval y De Instauranda Aethiopium Salute
(1627) », Europa e Iberoamérica : cinco siglos de intercambios, vol.
III, Sevilla, 1992, p. 101-115.
73. « La condición y estado baxo del hombre no le es impedimento para
que no sea estimado, ni la grandeza del linage le haze digno de loa, sino
la Fe, porque el esclavo y el libre son una mesma cosa en Christo, y cada
uno recibirá el premio del bien o del mal que huviere hecho, ni la
servidumbre nos quita, ni la libertad nos da ; porque la una y la otra se
pesan con el mesmo peso delante del Señor ; no ay diferencia en los
merecimientos del esclavo que bien sirve, ni del libre que goza de su
libertad, porque la mayor dignidad de todas es servir a Cristo ». Alonso
de SANDOVAL, De instauranda Aethiopum salute, op. cit., p. 151.
74. Ibid., p. 243-245.
75. « [...] Aristóteles dixo que avía hombres, que naturalmente parece
que nacieron para siervos y sugetos de otros. Mas dexando aparte estos
males, no por menores sino por sabidos y comunes a todos, trataremos
de los que les ocasiona su fortuna, que tan escaza se mostró con ellos,
haziéndolos, o por mejor dezir, permitiendo que fuesen esclavos de
hombres, que con ellos son más fieras que hombres [...] ». Ibid., p. 235.
76. Ibid., p. 415.
77. Ibid., p. 428. Le père Margat disait au sujet des Noirs qui
débarquaient à Saint Domingue au début du XVIIIe siècle : « il semble
que la Providence ne les ait tirés de leur pays que pour leur faire trouver
ici une véritable terre de promission, et qu’il ait voulu récompenser la
servitude temporelle, à laquelle le malheur de leur condition les
assujettit, par la véritable liberté des enfans de Dieu, où nous les
mettons avec un succès qui ne peut s’attribuer qu’à la grâce et aux
bénédictions du Seigneur ». Lettres édifiantes et curieuses écrites des
missions étrangères, Toulouse, SENS, 1810, t. VII, lettre du père
Margat, missionnaire de la Compagnie de Jésus, Saint Domingue, 17-
02-1725, p. 84.
78. On consultera sur la démonisation des Africains, Jean-Pierre
TARDIEU, « Du bon usage de la monstruosité : la vision de l’Afrique chez
Alonso de Sandoval (1627) », Bulletin Hispanique t. LXXXVI nos 1-2,
Bordeaux, janv-juin 1984, p. 164-178.
79. Tous s’appuyaient sur Saint Agustin et Isidore de Séville qui
reprenaient à leur tour les auteurs de l’antiquité gréco-latine.
80. Alonso de SANDOVAL, De instauranda Aethiopum salute, op. cit, p.
117, 128.
81. Ibid., p. 74.
82. Ibid., p. 303
83. Ibid., p. 328.
84. Ibid., p. 608. Le père Margat disait pour sa part au sujet des Noirs
qui débarquaient à Saint Domingue au début du XVIIIe siècle : « Leur
simplicité naturelle les dispose en quelque sorte à mieux recevoir les
vérités chrétiennes ». Lettres édifiantes et curieuses, op. cit., lettre du
père Margat, missionnaire de la Compagnie de Jésus, Saint Domingue,
17-02-1725, p. 85.
85. Nous reviendrons sur ce point plus avant.
86. « [...] Y a mi ver y al de los que del natural de estas naciones tienen
noticia, la causa de aver faltado algunas dellas, en las cosas de la fe, y
otras, mesclándolas con errores allá en sus reinos, más es por falta de
sacerdotes, que por su natural mala inclinación ». Alonso de SANDOVAL,
De instauranda Aethiopum salute, op. cit, p. 316.
87. Ibid., p. 580.
88. Ibid., p. 109.
89. Ibid., p. 65.
90. « Aunque es verdad que la gran controversia que entre los Dotores
ay cerca de la justificación deste tan arduo y dificultoso negocio me tuvo
mucho tiempo perplexo, si lo passaría en silencio ; con todo me he
determinado a tratarlo, dexando la determinación de su justificación a
los Dotores, que tan doctamente han escrito cerca deste punto,
principalmente a nuestro Dotor Molina en el tomo I de Iustitia & iure
[...] adonde con modestia y gravedad dize su parecer ». Ibid., p. 142.
91. Alonso de SANDOVAL, De instauranda Aethiopum salute, op. cit., p.
143-144.
92. Nous sommes en désaccord sur ce point avec J. Palacios Preciado
lorsqu’il affirme « en relación con las dudas que asaltaban al Padre
Sandoval sobre ciertos sistemas de “rescate” de negros en las costas
africanas, se atuvo a las pautas señaladas por el Padre Luis Brandan » ;
comme avec D. Brion Davis lorsqu’il écrit à son tour « esta carta [la de
Luis Brandão] fue aceptada como prueba concluyente por la Orden
Jesuítica ». Jorge PALACIOS PRECIADO, La esclavitud de los africanos y la
trata de negros : entre la téoría y la práctica, Tunja, Publicacions del
Magister en Historia, 1988, p. 10 ; David BRION DAVIS, El problema de la
esclavitud..., op. cit., p. 186.
93. Il l’avait d’ailleurs précisé : « la sujeción con que viven los nuestros
en estos puertos [de Africa] es grandíssima ». Alonso de SANDOVAL, De
instauranda Aethiopum salute, op. cit., p. 109.
94. Sandoval écrivait à ce sujet dans le préambule de son ouvrage :
« Tratado de cómo se a de restaurar la salvación de los negros ; porque
el primario, y principal fin della, no es mover a que vamos a sus tierras
a convertillos (aunque no dexa de ser esse el secundario, y aun el
principal, en cuanto si assí fuera, escusado sería la mitad de este
nuestro trabajo) sino que en las partes donde traen sus armazones, y
ellos desembarcan, con nombre y título de Christianos, sin serlo (como
en ella se verá), examinemos sus bautismos, con lo cual reparemos y
restauremos la salud que en ellos, por la razón dicha, estava perdida, y
como impossibilitada ». Ibid., p. 55.
95. Ibid., p. 145.
96. Georges BALANDIER, La vie quotidienne au Royaume de Kongo..., op.
cit., p. 131.
97. Alonso de SANDOVAL, De instauranda Aethiopum salute, op. cit., p.
145.
98. Ibid., p. 149.
99. Bien que E. Vila Vilar défende Sandoval dans ses prises de position,
elle affirme que ce jésuite a accepté l’institution de la traite de manière
tacite ; nous pensons au contraire qu’il l’a condamnée et qu’il n’a fait
que tolérer celle de l’esclavage, comme la majorité des penseurs de son
temps sur lesquels d’ailleurs il s’appuie tout au long de son œuvre.
Enriqueta VILA VILAR, « En torno al Padre Sandoval, autor de un tratado
sobre la esclavitud », Église et politique en Amérique, Bordeaux, 1984,
p. 68.
100. On trouvera le texte complet en annexe. Bartolomé de ALBORNOZ,
« De la esclavitud », Obras escogidas de filósofos, Madrid, B.A.E. 65,
1873, (1re éd. Valencia, 1573), p. 232-233. Il fut professeur à l’Université
de México et plus tard de celle de Talavera.
101. Archivo Histórico Nacional de Madrid (dorénavant cité A.H.N.M.),
sección Inquisición, legajo 1620, n° 2, fol. 3-9.
102. Toutefois, ce jésuite, qui avait précédemment consacré son
ministère à mener une admirable campagne en faveur de la liberté des
Indiens du Brésil, prêchait la résignation aux esclaves noirs maltraités,
se conformant aux intérêts luso-brésiliens ; ses quelques observations
visaient à dénoncer les abus commis dans le système de l’esclavage et
non à supprimer l’esclavage en soi. Sur la position de ce religieux, on
consultera Antonio José SARAIVA, « Le père Antonio Vieira s.j. et la
question de l’esclavage des Noirs au XVIIe siècle », Annales économies,
sociétés, civilisations II, 1967, p. 1289-1309.
103. Diego de AVENDAÑO, Thesaurus Indicus, 1a ed. Anvers, 1668 ; Angel
LOSADA, « Diego de Avendaño, S.I., moralista y jurista, defensor de la
dignidad humana de indios y negros en América », Missionalia
Hispánica, separata del vol. XXXIX, Madrid, 1982, n° 115, p. 1-18,
Instituto Enrique Flórez, CSIC. Voir aussi Jean-Pierre TARDIEU, L’Église
et les Noirs..., op. cit., p. 88-92 ; Mercedes RIVAS, « La presencia
africana en el discurso colonial... », op. cit., p. 104-105.
104. Fray Francisco José de JACA, Resolución sobre la libertad de los
negros y sus originarios en el estado de paganos y después ya
cristianos ; Fray Epifanio de MOIRANS, Servi liberi seu naturalis
mancipiorum libertatis justa defensio. Archivo General de Indìas
(dorénavant cité A.G.I.), Audiencia de Santo Domingo, legajo 527.
105. Ces écrits ont été redécouverts aux archives des Indes à Séville par
José Tomás López García, auteur du livre Dos defensores de los
esclavos negros en el siglo XVII : Francisco José de Jaca OFM y
Epifanio de Moirans OFM,, Caracas, Universidad católica Andrés Bello,
1982, dans laquelle l’auteur analyse les écrits des deux religieux. Une
analyse serrée de ces documents a aussi été faite par Ildefonso
GUTIÉRREZ AZOPARDO, « Los franciscanos y los negros en el siglo XVII »,
Actas del III congreso internacional sobre los franciscanos en el Nuevo
Mundo (siglo XVII), Madrid, Ed Deimos, 1991, p. 609-617.
106. Cette consultation est reproduite in extenso en annexe.
107. Voir à ce sujet Alphonse QUENUM, Les Églises chrétiennes..., op.
cit., p. 181- 242.
108. Dès le 31 mars 1536, Philippe II dictait des ordonnances qui
spécifiaient que les maîtres devaient bien traiter leurs esclaves « [...]
dándoles de comer e vestir conforme a razón, y no castigalles con
crueldad, ni ponelles las manos, sin evidente razón, y que no puedan
cortalles miembros, ni lisiallos, pues por ley divina e humana es
prohybido, a pena que pierdan el tal esclavo para S. M. y veinte pesos
para el denunciador ». Recopilación de Leyes de los Reynos de las
Indìas, Madrid, ed. Cultura Hispánica, 1973, (1re ed. Madrid, 1791), ley
6, tít 5, lib. 7.
109. Le 2 décembre 1672, la régente Marie-Anne d’Autriche, interdisait
aux Noirs, de Carthagène des Indes et d’ailleurs, de se promener nus, et
elle rappelait qu’il était du devoir de chaque maître de vêtir son esclave ;
les autorités civiles et religieuses devaient veiller au respect de la loi :
« [...] se ha entendido que en Cartagena de las Indias y otras provincias
y lugares de ellas andan desnudos los negros y negras, siendo esto tan
ajeno de la honestidad cristiana y materia muy escrupulosa. Y
habiéndose considerado lo mucho que conviene poner remedio en
abuso tan perjudicial para evitar las ocasiones de pecados, y atendiendo
a que lo es la total desnudez (especialmente de las mujeres), y muy en
contra la pudicia y honestidad cristiana, se acordó dar la presente, por
la cual mando a los Virreyes, Presidentes y Gobernadores de todas las
Indias Occidentales, Islas y Tierra Firme del mar Occéano, que cada
uno en su jurisdicción cuide muy particularmente de que los negros y
negras anden vestidos o por lo menos cubiertos, de forma que puedan
parecer con decencia y sin peligro en quien los mire, estando advertidos
que la culpa u omisión que en esto tuvieren será capítulo de residencia y
se castigará con pena grave. Y para que en la ejecución y cumplimiento
de esta disposición haya puntualidad que es justo, mando asimismo a
los dichos Virreyes, Presidentes y Gobernadores que cada uno en su
distrito haga pregonar que los negros y negras comparezcan entre ellos
cubiertos con aquel género de vestidura que conduce a la decencia y
honestidad natural y a los que fueren libres, si no comparecieren
vestidos en la forma referida y después no anduvieren con esta
decencia, les impongan pena de multa por la primera vez, en la segunda
de cárcel y en la tercera de azotes u otra correspondiente a reiterada
reincidencia, y por los que fueren esclavos e incurran en la misma
culpa, se sacará la multa a sus dueños por la primera vez, aplicando su
procedido al hospital del lugar o provincia donde esto sucediere, y les
obligarán a que los vistan luego, y por la segunda, cárcel al dueño,
constando que tiene la culpa de no haberlo vestido, y si la tuviere el
esclavo, le castiguen según su arbitrio correspondiente a ella, y por la
tercera vez (si la tuviere el dueño por no haberle vestido) que pierda el
esclavo y se aplique o se venda para los hospitales. Y ruego y encargo a
los Arzobispos y Obispos de las iglesias metropolitanas y catedrales de
las dichas Indias, Islas y Tierra Firme del mar occéano y a los
provinciales de las religiones de ellas que por lo que tocare a los
esclavos de los eclesiásticos obren cada uno en su jurisdicción en la
misma conformidad, [...] fío que atenderán tanto al remedio de este
abuso, que no solamente ayudarán por su parte a la ejecución de obra
tan santa, pero que serán celadores para que los Virreyes y
Gobernadores no falten a lo que por ésta mi cédula les mando ; y si no
la observaren con la precisión que conviniere, me darán cuenta de ello
para que se proceda al castigo y enmienda de la transgresión de esta
orden, por lo que conviene no permitir contravención ni omisión alguna
en la puntual observancia de cosa tan justa y tan del servicio de Dios
nuestro Señor y del Rey mi hijo ». Disposiciones complementarias de
las Leyes de Indias, vol. I, Madrid, Ministerio de Trabajo y Previsión,
1930, p. 261.
110. Nous avons montré dans un précédent travail que les obligations
auxquelles étaient tenus les maîtres d’esclaves étaient souvent passées
outre, ce qui entraînait des réactions diverses de la part des Noirs.
Hélène VIGNAUX, Esclavage et rébellion, op. cit., 2007.
111. A.G.I., Indiferente General, 430, L. 42, fol. 297 v-298. On trouve
aussi cette loi dans Disposiciones complementarias..., ibid., p. 263.
112. Archivo General de la Nación (dorénavant cité A.G.N.), Miscelánea
2, (1652), fol. 771 et siq.
113. « Se encarga, manda y ordena que todos los señores de negros
tengan cuidado de hacer buen tratamiento a sus esclavos, teniendo
consideración que son próximos e cristianos [...] ». Loi antérieure à
1680 de la Colección de Documentos inéditos relativos al
descubrimiento, conquista y colonización de las antiguas posesiones
españolas de América y Oceanía sacados del Real Archivo de Indias
citée par Agustín ALCALA Y HENKE, La esclavitud de los negros en
América española, Madrid, Imprenta Juan Pueyo, 1919, p. 70.
114. Alonso de SANDOVAL, De instauranda Aethiopum salute, op. cit., p.
235.
Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant.
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de
confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.