NOTE

D’INFORMATION
CHAUSSEES
DEPENDANCES 96

Auteur : Observatoire des

LES ENROBES A MODULE ELEVE
Techniques de Chaussées

Editeur : Avril 1997

La présente note, écrite dans le cadre de l'Observatoire des Techniques de Chaussées,

situe les enrobés à modulé elevé par rapport aux autres techniques d'assise, puis dresse
le bilan de comportement (fissuration, orniérage) des enrobés à module élevé utilisés
depuis une quinzaine d'années sur le réseau routier.

PRESENTATION DES "EME" fonction des conditions d'usage. Pour le réseau

national, le guide d'application des normes
Les enrobés à chaud pour couche d'assise appar- indique les cas et les niveaux de spécification à
tiennent soit à la famille des graves bitume (GB), soit utiliser.
à la famille des enrobés à module élevé (EME).
- Les EME présentent des caractéristiques méca-
Depuis 1991, ces deux familles font respective- niques en laboratoire (orniérage, fatigue, module)
ment l'objet de la norme NF P 98-138 et de la norme supérieures à celles des graves bitume.
NF P 98-140.
- Les GB classe 1 ne doivent pas être utilisées sur
La norme « grave bitume » distingue 3 classes le réseau national non concédé (cf. guide d'appli-
de grave bitume : GB classe 1, GB classe 2 et GB cation des normes).
classe 3.
- Les enrobés à module élevé de classe 2 ont un
La norme « enrobé à module élevé » distingue dosage en bitume plus élevé que celui des graves
2 classes d'enrobé à module élevé : les EME clas- bitume : cela conduit à un pourcentage de vides
se 1 et les EME classe 2. faible et à une bonne résistance en fatigue. La rigidi-
té du bitume apporte un module élevé, et une bonne
Le classement d'un enrobé d'assise dans l'une de résistance à l'orniérage. Compte tenu de leurs per-
ces 5 catégories se fait sur la base de la teneur en formances en laboratoire (dont certaines sont utili-
liant et sur la base des caractéristiques mécaniques sées dans le calcul de dimensionnement), les enro-
(orniérage, tenue à la fatigue, module) obtenues en bés à module élevé de classe 2 peuvent conduire à
laboratoire. des réductions des épaisseurs de couche.

Le tableau ci-après (page 2) décrit les 5 types - Les enrobés à module élevé doivent être obligatoi-
d'enrobés d'assise : rement recouverts d'une couche de roulement en
enrobés (enduit possible si couche de roulement
Commentaires concernant le tableau (page 2) provisoire).

- Les essais et performances concernant la résis- - Les EME de classe 1 ont une tenue en fatigue infé-
tance à l'orniérage, la détermination du module, la rieure à celle des EME de classe 2. Ils sont
résistance en fatigue doivent être spécifiés en souvent utilisés pour leur résistance à l'orniérage.

1
 GB classe 1 GB classe 2 GB classe 3 EME classe 1 EME classe 2

Domaine d'emploi Réalisation d'assises dans le cadre de travaux neufs ou de renforcement

Epaisseur moyenne GB 0/14 : 8 à 12 cm EME 0/10 : 6 à 10 cm

d’utilisation GB 0/20 : 10 à 15 cm EME 0/14 : 7 à 12 cm
EME 0/20 : 10 à 15 cm

Epaisseur minimale GB 0/14 : 7 cm EME 0/10 : 5 cm

d’utilisation GB 0/20 : 9 cm EME 0/14 : 6 cm
EME 0/20 : 8 cm

Courbe granulométrique GB 0/14 : EME 0/14 :

type passant à 10 mm : 78 passant à 10 mm : 78
passant à 6,3 mm : 58 passant à 6,3 mm : 58
passant à 2 mm : 34 passant à 2 mm : 34
passant à 0,08 mm : 8 passant à 0,08 mm : 8

Teneur en liant pour GB 0/14 GB 0/14 GB 0/14 EME 0/14 EME 0/14
ρr = 2,65 g/cm3 (masse 3,8 % 4,2 % 4,7 % 4,2 % 5,7 %
volumique des granulats)

Bitume spécial généralement

Nature du liant Généralement du bitume pur 35/50
de grade dur

Performances en
laboratoire ≤ 10 % ≤ 10 % ≤ 10 % ≤8% ≤8%
• essai d'orniérage (60 °C) (10 000 cycles) (10 000 cycles) (10 000 cycles) (30 000 cycles) (30 000 cycles)

• essai de module — ≥ 9 000 ≥ 9 000 ≥ 14 000 ≥ 14 000

complexe (MPa)

• essai de détermination
du module et de la perte — ≥ 9 000 ≥ 9 000 ≥ 16 000 ≥ 16 000
de linéarité (MPa)

• essai de fatigue
ε 6 à 106 cycles en micro — ≥ 80 ≥ 90 ≥ 100 ≥ 130
déformation (10 -6)

• pourcentage de vides
à obtenir sur planche de ≤ 14 % ≤ 11 % ≤ 10 % ≤ 10 % ≤6%
vérification ou de référence

2
 La suite de la note d'information est consacrée aux enrobés à module élevé de classe 1 et de classe 2.

QUANTITES - DÉVELOPPEMENT • année 1994 1 100 000 tonnes

• année 1995 1 110 000 tonnes
Les enrobés à module élevé de classe 2 sont
développés depuis 1980. Les enrobés à module élevé Il n'a pas été possible de distinguer les quantités
de classe 1 sont apparus en 1992. réalisées en EME de classe 1 et les quantités en EME
de classe 2.
Après enquête auprès des entreprises et des
sociétés pétrolières, on peut estimer que les quantités Cependant, il semblerait que les chantiers réali-
mises en œuvre entre 1989 et 1993 sont les sés en EME de classe 1 représentent une proportion
suivantes : très faible.

• année 1989 500 000 tonnes DESIGNATION DES PRODUITS

• année 1990 1 100 000 tonnes
• année 1991 1 million de tonnes Le tableau ci-après donne pour une classe d'enro-
• année 1992 entre 1,5 et 1,9 millions de tonnes bé à module élevé donnée, la dénomination commer-
• année 1993 900 000 tonnes ciale et le nom de l'entreprise.

Liste alphabétique des produits, compte tenu des réponses des Entreprises
Famille Entreprise
Dénomination (Classe) ou Société
BBTHM EME classe 2 EJL
CMR STRUCTUR EME classe 2 CMR
COLBASE N EME classe 1 COLAS
COLBASE S EME classe 2 COLAS
COLBASE X EME classe 1
COMPOMODULE H* EME classe 2 SCREG
COMPOMODULE H* EME classe 1 SCREG
COMPOMODULE G* EME classe 1 SCREG
COMPOMODULE G* EME classe 2 SCREG
COMPOMODULE P* EME classe 1 SCREG
COMPOMODULE P* EME classe 2 SCREG
Enrobés au liant BP Structur 15/25 ** EME classe 2 SOCIETE BP
Enrobés au liant ELF FZN 10/20 EME classe 2 CBC
E.D.H.R. EME classe 2 CBC
GBTHP classe 2 EME classe 2 LE FOLL
G PERFORMA EME classe 2 Entreprise MALET
G STRUCTUR EME classe 2 GERLAND
G STRUCTUR EME classe 2 STPV
GBHC 16 EME classe 1 SACER
GBHC 16 EME classe 2 SACER
GBHC 30 EME classe 1 SACER
GBHC 30 EME classe 2 SACER
GBHPR EME classe 2 SCR
GBTHM EME classe 1 EJL
MODULCHAPE EME classe 2 BEUGNET
RENFOVIA EME classe 2 VIAFRANCE
ROUGEOT STRUCTUR EME EME classe 2 SA H. ROUGEOT
EME STRUCT RM EME classe 2 ROUTIERE MORIN
STRUCTOGER EME classe 2 GERLAND
* Compomodule H est la nouvelle dénomination du Compasphalt depuis 1995. Les produits soulignés font l'objet d'un avis technique
* Compomodule G est la nouvelle dénomination du Compo G depuis 1995. ** L'avis technique a été délivré pour les entreprises applicatrices suivantes :
* Compomodule P est la nouvelle dénomination du Compotène depuis 1995. Routière Morin et Rougeot.

3
 BILAN DE COMPORTEMENT
1 - Méthode d'observation
Le tonnage total d'enrobés à module élevé mis en
œuvre depuis le début des années 1980 étant estimé
à plus de 10 millions de tonnes, il n'est pas possible
d'assurer un suivi de l'ensemble des sites.
3 - Bilan de comportement des enrobés à module
élevé de type 2
Domaine d'observation
L'observation a porté sur 47 chantiers (sections
homogènes) aux caractéristiques suivantes ( cf.
tableaux ci-dessous).

Une sélection de chantiers a donc été réalisée. Domaine d'observation des enrobés
Seuls les chantiers pour lesquels des renseignements à module élevé de type 2
sont disponibles auprès du réseau technique, des en fonction de l'âge et du niveau de trafic
entreprises, des maîtrises d'œuvre ont été retenus et
intégrés dans un fichier qui comprend les rubriques Trafic Nombre de chantiers Recul
suivantes :
Ts 7 3 à 8 ans
• localisation T0 14 3 à 14 ans
• nom du produit
• date de réalisation T1 15 2 à 9 ans
• trafic T2 11 3 à 13 ans
• type de support
• type de couche de roulement 47
• dégradations visuelles observées (par le réseau
technique ou les observateurs eux-mêmes).
La répartition géographique des sites observés
L'état global des chantiers a été caractérisé visuel- est inégale. La majorité des chantiers suffisamment
lement et un classement en niveaux a été établi selon renseignés est située dans la moitié Est de la France.
l'échelle suivante :
La répartition par type de travaux, de réseaux et
• niveau 0 : pas de dégradation par taille de chantiers est la suivante :

• niveau 1 : fissures sans gravité et peu nombreuses Type de travaux Nombre de chantiers
(joint axial faiblement dégradé, fissures dues à la
présence de réseaux ou d'un support en graves Travaux neufs 13
hydrauliques)
Rechargement 10
• niveau 2 : présence de faïençages plus importants
Réfection 12
et fissures plus nombreuses et plus dégradées
Renforcement 12
• niveau 3 : chantier nécessitant une réfection com-
plète.
Type de réseau Nombre de chantiers
Les chantiers présentant des fissures transversales
rectilignes d'un pas quasi constant, sans que le sup- Autoroute 8
port de l'enrobé à module élevé soit traité avec un
liant hydraulique, ont été repérés par FT. Réseau National 28
Réseau Départemental 6
Les chantiers de moins de 2 ans d'âge, n'ayant pas
de dégradations observables, ne sont pas pris en Voie Rapide Urbaine 5
compte pour établir le bilan de comportement.

Taille Nombre de chantiers

2 - Bilan de comportement des enrobés à module
élevé de type 1 < 1 km 21

Sur 19 chantiers répertoriés, seuls 3 ont fait pour 1 à 5 km 19

l'instant l'objet d'un suivi. Ces données sont insuffi-
> 5 km 7
santes pour établir un bilan.

4
 Le type de couche de roulement rencontré est Le tableau permet de dégager les tendances sui-
résumé dans le tableau ci-après : vantes :

Type de couche Nombre • entre 2 et 6 ans d'âge, la majorité des enrobés

de roulement de chantiers observés ne présente pas de dégradation, ou bien
des dégradations mineures (fissures dues à la
Béton bitumineux très mince 14 présence probable de réseaux, joints longitudi-
naux ouverts) ;
Béton bitumineux mince 22
• entre 6 et 10 ans, on note une évolution du com-
Béton bitumineux drainant 5 portement vers l'apparition de faibles dégrada-
tions ;
Béton bitumineux semi grenu 1

Enduit superficiel 1 • pour les chantiers les plus anciens, et bien que la
population soit encore peu nombreuse, on obser-
Technique non connue 4 ve une proportion importante de chantiers de
niveau 2. Ces chantiers ont donc entre 10 et
15 ans et n'ont pas fait l'objet d'entretiens. Il n'est
Bilan de comportement peut-être pas anormal de constater ce type de
comportement sur des chaussées de cet âge.
L'état global des chantiers a été caractérisé Lors de l'apparition de cette technique, quelques
visuellement. Un niveau de dégradation a été attri- craintes se manifestaient à l'égard de la rigidité du
bué pour chaque chantier (niveaux 0, 1, 2, 3, FT - cf. matériau et des problèmes de fissuration. Or
définition page 4). 2 sites seulement présentent le critère « FT »
sans présence de matériaux traités aux liants
L'ordre de grandeur de la cohérence des épais- hydrauliques ;
seurs d'enrobé à module élevé sur les chantiers
observés avec le niveau de trafic et l’état du support • tous les chantiers observés ont montré un bon
avant travaux a été vérifié. Le bilan de comportement comportement vis-à-vis de l'orniérage.
est donc dressé uniquement en fonction de l'âge.

Nombre de chantiers

Age niveau 0 niveau 1 niveau 2 niveau 3 FT Total

2 à 6 ans 15 8 3 0 (1) 26

6 à 10 ans 5 5 4 0 0 14

≥ 10 ans 1 3 3 0 (1) 7

En conclusion, la technique des EME de

classe 2 date d'une quinzaine d'années, les
quantités annuelles se stabilisent autour
1,1 million de tonnes. Ils sont utilisés dans
tous types de travaux (travaux neufs,
rechargement, réfection, renforcement).

Le comportement à court terme des EME

classe 2 est bon. A plus long terme il reste
globalement dans des limites acceptables.
La fissuration d'origine thermique est, dans
les conditions actuelles, un phénomène
relativement marginal.

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