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1 I e - ISSN 2458-5890
2. Enseignant chercheur à L'école Supérieure des 2. Teacher-researcher at High School of Technical Sciences and
Sciences Techniques et de Management, Tanger - Maroc Management, Tangier - Morocco
Docteur en Sciences de Gestion de l’Université Paul Valéry PhD in Sciences of Management from
Montpellier III. the University of Paul Valéry Montpellier III.
UFR « Sciences économiques, Mathématiques et sociales» - France UFR “Economic, Mathematical and social Sciences,” - France
Membre fondateur du CERLED Founding member of SRECELD
Résumé:
Le respect des exigences des marchés, la conformité aux réglementations légales,
l’amélioration de la compétitivité, et surtout l’optimisation de la performance, sont autant
d’objectifs qui font que les entreprises tendent de plus en plus à adopter des systèmes de
management et à s'adhérer à la responsabilité sociale des entreprises (RSE), malgré les
charges imposantes qui s’en suivent.
Abstract:
The respect of market requirements, compliance with legal rules, improving competitiveness,
and especially the optimization of performance, are all goals that make companies tending
increasingly to adopt management systems and to adhere to corporate social responsibility
(CSR) despite the large fees that ensue.
This work try principally to establish a causal link between the integrated management
systems (IMS) and the requirements of CSR. The central issue aims to answer the question :
how companies can take advantage of their strengths in the integrated management practices
to be consistent with the requirements of CSR?
To do this, companies of the Tangier-Tetouan region (northern Morocco) which have at least
two certifications in management systems, were questioned to identify and dissect the
relationship, if any exist, between CSR / SMI and their global performance.
Introduction:
Contrainte par la tripartite « concurrence, exigences des clients, et réduction des coûts », la
tendance des entreprises à se faire certifier dans les systèmes de management devient de plus
en plus importante. Il est actuellement constatable que dans quelques domaines, certaines
certifications ne représentent plus un facteur « différenciant », mais « nécessaire ». Cette
tendance a donné donc naissance à une nouvelle notion qui est le système de management
intégré (SMI), un terme qui définit la consolidation des exigences des différents systèmes de
management en un seul système cohérent.
Il est vrai que la responsabilité sociale des entreprises (RSE) reste un concept récent, mais
nous pouvons également le considérer comme une tendance futuriste. Les entreprises sont de
plus en plus conscientes de leur rôle d’acteurs majeurs dans la croissance économique et
sociale de leurs pays, et de la nécessité de préserver les ressources et assurer leur durabilité.
Mis à part le fait qu’elle prône le respect des réglementations et encense leur image, l'impact
de la RSE sur les performances globales (PG) des entreprises reste toujours un sujet de débat,
vu les charges imposantes qui s’y rapportent.
Avec plus de 2,5 millions d'habitants, la région de Tanger-Tétouan a connu, depuis le début
des années 2000, de grands avancements avec des projets majeurs, citons le port de Tanger
Med, la Tanger Free Zone, Tétouan Offshore, et le projet de TGV qui va mettre la capitale
économique à 180 minutes de Tanger, la plus grande de la région. Cette liste serait
incomplète si l’on omet de mentionner Tanger-Métropole, le nouveau programme visant à
faire de Tanger un pôle économique et touristique d'excellence.
Notons que ce travail constitue, à notre connaissance, la première étude tentant d’établir un
lien de causalité entre les SMI et les exigences de la RSE dans la scène scientifique
Marocaine.
1. Mise en contexte
et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations
(AFNOR, 2008).
Nous avons choisi la définition énoncée par l'ISO 26000, car elle est plus globale et s'appuie
plus sur une organisation qu'une entreprise. Nonobstant, nous ne pouvons parler de la RSE
que si elle dépasse des exigences légales minimales et des obligations imposées par les
conventions collectives (Jounot, 2010). De plus, la RSE intègre les facteurs sociaux et
environnementaux dans les activités à caractère économique mais aussi à leurs relations avec
leurs parties prenantes. Finalement, la RSE est conçue comme une « soft law », c'est-à-dire
que les règles de droit qui en résultent ne sont pas obligatoires (Bouyoud, 2010).
(QSE) et donc à associer le DD puisque les deux notions sont complémentaires et cela pour
créer de la valeur, gérer les risques, améliorer la performance et donner confiance aux parties
intéressées grâce à l’engagement de tous les membres de l’entreprisei
1.3. Cadrage de la problématique
Malgré la difficulté de l'évaluation de la performance globale et l'appréciation de ses sources,
son lien avec la RSE semble intéresser les chercheurs de plus en plus. Essayer d'expliquer ce
lien n'est pas d'actualité, la nouveauté de cette approche est basée sur les systèmes de
management comme facteur facilitateur à la RSE et la performance globale.
Dans le même ordre d'idées, et dans leur quête à parfaire leur performance globale, les
entreprises Marocaines opérant des marchés - notamment- internationaux, s'efforcent de
s'investir dans la mise en place des différents systèmes de management (ISO 9001, ISO
14001…). De ce fait, comment peuvent-elles profiter de leurs atouts en pratiques du
Management intégré, pour être en adéquation avec les exigences de la RSE?
1.3.1. Questions de recherche
Nous tentons de répondre des questions suivantes :
Le SMQ est-il un élément déclencheur pour l’adoption de la RSE ?
Le SMI est-il un levier pour le respect des exigences de la RSE ?
Est-ce que l’adoption de la RSE par les entreprises de la région Tanger-Tétouan constitue
un levier pour leur performance globale ?
Est-ce que la taille d'une entreprise et la destination de sa production (taille et type des
marchés) sont les raisons qui la poussent à adopter un SMI ?
Est-ce que le SMI contribue dans la bonne gestion ?
Quelles sont les certifications les plus adoptées dans la région de Tanger-Tétouan ?
Exigences
Economiques
& Financières
RSE
SMI
Exigences
Exigences Environnem.
sociales &
sociétales
Perf. éco.
RSE
Perf. Perf.
soc. env.
Performance Globale
Exigences
SMI Economiques &
Financières
RSE Perf.
éco.
SMQ déclenche
Perf. Perf.
Exigences
Exigences Environnem.
soc. env.
sociales &
sociétales
Performance
Globale
2. Méthodologie de l’étude
Dans le but de confirmer ou infirmer nos hypothèses, nous avons eu recours à un
questionnaire. Nous présenterons successivement les objectifs de ce questionnaire (2.1),
l’approche de son analyse (2.2) et finalement notre plan d'échantillonnage (2.3).
2.1. Définition des objectifs du questionnaire
La collecte de données à l’aide d’un questionnaire peut être utilisée dans plusieurs cas. Cela
dit, dans notre cas, où il est utilisé en contexte de vérification d’hypothèse(s), les questions
sont généralement fermes et les réponses chiffrées de manière à obtenir des mesures
(Mongeau, 2008).
Nous avons décomposé notre questionnaire sur 4 sections :
Fiche signalétique : Le but de cette section est d'avoir une vue générale sur les organismes
enquêtées et leurs tailles ;
RSE et SMQ : Cette section vise à déterminer le nombre de certifications et labels que
possèdent les organismes questionnés et de préciser les plus réputées. Cette section va
également nous permettre de désolidariser notre échantillon sur le critère d'engagement en
RSE;
SMQ et/ou SMI comme levier vers la RSE : Cette partie concerne les entreprises qui
adoptent une politique RSE. L'ambition est de connaitre les motifs de cette adoption ainsi
que son impact sur leurs performances ;
Le dilemme de la RSE : Cette partie concerne les entreprises qui ont déclaré, leur
désengagement en RSE. Nous avons désiré de percevoir leur vision, leurs motifs et
empêchements envers l'adoption d'une politique RSE.
2.2. Analyse du contenu du questionnaire
Le tableau suivant explicite les motifs de choix de l'ensemble des questions de notre
questionnaire:
Fiche signalétique
Question But
RSE et qualité
Question But
Question But
Depuis combien de temps vous avez Les réponses vont nous permettre de déterminer la
adopté une politique RSE ? maturité des entreprises en matière de la RSE.
Le dilemme de la RSE
Question But
Les personnes de contact : Vu la nature des questions, notre priorité était les responsables
Qualité Sécurité et Environnement (QSH). Cependant, en l'absence d'annuaires
actualisées et d'associations des responsables QSE, les DRH étaient largement plus
accessibles ;
L'étendue spatiale et temporelle : La collecte des réponses a été effectuée entre Janvier et
Mai 2014. Bien que nous avions été astreints par des contraintes logistiques et
temporelles, nous avions tout de même réussi à étendre notre population pour qu'elle
englobe une région toute entière, en l’occurrence, tout le nord du Maroc (Les villes
Tanger-Tétouan)
Combinées les trois variables, notre population a résulté vingt entreprises (N=20).
2.3.2. Les méthodes d’échantillonnage
Selon la facilité d'accès aux personnes de contacts, les réponses ont été essentiellement
collectées par les courriers électroniques (e-mails) et les déplacements aux entreprises
concernées (interviews).
2.3.3. La taille de l’échantillon
Vu la taille de la population cible, nous avons contacté l'ensemble de cette dernière. Nous
avons finalement fini par avoir la réponse de quinze entreprises (n=15). Comparé à la
population cible (N=20), le taux de réponses est de 75% ; Résultat très satisfaisant pour
couronner à des conclusions probantes sur le phénomène étudié.
3. Résultats de l’étude
Nous présentons les résultats de notre enquête, selon la disposition susmentionnée du
questionnaire d’étude, pour chaque variable étudiée, un commentaire et une conclusion.
3.1. Etude de la structure des entreprises enquêtées :
N° Variables Commentaires Conclusions
01 Quel est le 40% de notre échantillon sont des Les entreprises automobiles sont celles qui
domaine entreprises automobiles, 20% du adoptent le plus un SMI. Ceci est
d'activité de secteur énergétique, 13,3% des généralement dû à leurs tailles mais aussi
votre entreprises agroalimentaires et les au marché qui devient de plus en plus
entreprise ? autres sont dispersées entre le textile, exigeant.
la fabrication du ciment, la
céramique et sanitaire et le
transbordement des conteneurs.
02 Quel est le 42% des entreprises ont un taux Seule une entreprise ayant eu un taux
taux des d'encadrement supérieur à 12% (sans d’encadrement qui dépasse (29%), ceci est
cadres dans tenir compte des non-réponses) avec dû à son domaine d'activité. Nous pouvons
votre une moyenne de 10,92% pour donc clairement constater la contribution
entreprise ? l'ensemble des entreprises. L'écart- d'un SMI dans la bonne gestion et la
type étant de 7,63, ce qui signifie une structuration des ressources humaines.
minime dispersion entre l'ensemble
des taux.
03 Quel est 71,43% des entreprises ont moins de Bien que 71% des entreprises ont moins de
l'effectif total 1000 salariés. Quatre sociétés, soit 1000 salariés, La moyenne des effectifs
de votre 28,57% de l'ensemble, sont des totaux est de 1334,46. Nous pouvons alors
entreprise ? PME. dire qu'à l'exclusion des entreprises
automobiles, l'adoption du SMI n'est pas
forcément liée à la taille des entreprises.
04 Quelle est la Presque trois quarts des entreprises La majorité des entreprises adoptant un
destination de produisent principalement pour le SMI exportent leurs produits. Ceci est
la production marché international généralement dû aux exigences élevées
de votre (majoritairement le marché des marchés internationaux.
entreprise ? Européen).
05 Combien de 2 entreprises sur 3 sont triple-certifiées, Quoi que nous ayons mis comme
certifications 26.67% disposent de 4 certifications alors condition minimale l'existence de
possède votre qu'une seule entreprise dispose de 6. 2 certifications relatives aux
entreprise ? systèmes de management, toutes
les entreprises questionnées ont
au moins 3 certifications.
06 Quelles sont les : Il s'avère que la totalité des entreprises Il s'avère que les entreprises
certifications/labels enquêtées sont certifiées selon les normes certifiées ISO 9001 préfèrent
que possède votre ISO 9001 et ISO 14001 et que la nette généralement avoir ISO 14001
entreprise ? majorité (73,3%) sont certifiées OHSAS comme deuxième certification
18001. A noter, que seule une entreprise est que l'OHSAS 18001. Ceci dit,
labélisée RSE par la Confédération bien que plusieurs entreprises
générale des entreprises du Maroc prétendent avoir une politique
(CGEM). Cependant, pour les entreprises RSE, seule une entreprise a opté
disposant d'autres certifications et labels il pour le label CGEM qui certifie
s'agit notamment de : cette dernière, nombre minime
• Food Safety System Certification 22000 ;• par rapport à plusieurs régions au
ISO 22000 - Management de la sécurité des Maroc.
denrées alimentaires ; •ISO28000 -
Spécifications relatives aux systèmes de
management de la sûreté de la chaîne
d'approvisionnement; •PAS220 -
Management de la sécurité des denrées
alimentaires ; • VDA (Union de l'industrie
automobile).
Conclusion : Il s'avère que les entreprises certifiées ISO 9001 préfèrent généralement avoir
ISO 14001 comme deuxième certification que l'OHSAS 18001. Ceci étant dit, bien que
plusieurs entreprises prétendent avoir une politique RSE, seule une seule a opté pour le label
CGEM qui certifie cette dernière, nombre minime par rapport à plusieurs régions au Maroc.
07 Depuis combien de 73% de l'échantillon adoptent une Entre une entreprise ayant adopté
temps vous avez politique RSE depuis au moins 2 une politique RSE depuis 12 ans
adopté une ans. et une autre depuis 1 ans, nous
politique RSE ? pouvons généralement dire que la
RSE reste un concept assez
récent dans la région.
08 Est-ce que 9 entreprises sur 11, soit 82%, A travers notre questionnaire le
l'adoption de la considèrent la RSE comme une taux d’adoption de la RSE est
RSE au départ était conviction. majoritairement par conviction ;
une obligation ou Néanmoins, peu d’entreprises
une conviction ? l’avouent, dans de nombreux cas,
l'adoption de la RSE est plutôt
exigée par des clients ou par
l'entreprise mère, plutôt par la
valeur et les bénéfices qu’elle
confèrerait à l’organisme
concerné. Du coup, son adoption
n'est toujours pas un choix,
proprement dit.
Tableau 7 : Tableau des variables « SMQ et/ou SMI comme levier vers la RSE »
commentées
Conclusion : La RSE est un concept récent dans la région de Tanger-Tétouan, son adoption
n'est, de son côté, pas toujours un choix. Les entreprises ambitionnent que les impacts réels
soient plus importants sur les performances sociales et environnementales que sur
l'économique.
3.4. Le degré de conscience de la RSE chez les entreprises non engagées :
N° Variables Commentaires Conclusions
Tableau 8 : Tableau des variables « Le degré de conscience de la RSE chez les entreprises
non engagées » commentées
ISO 14001 : La quasi-totalité des exigences ont été conçues dans l'unique
Environnement
volonté d'assurer un respect éternel de l'environnement.
Arrivés là, nous nous permettons de dire que la philosophie des normes ISO liées aux
systèmes de management, sensibilisent énormément l'entreprise à respecter tout son
environnement que cela soit de manière directe ou indirecte. Dans ce sens, nous estimons que
cette tendance à être certifiés sensibilisera assurément les entreprises Marocaines à la
l’adoption de la RSE.
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