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Vulgairement ditte
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L A
THE OLO G \ E.
· R E E L L E
- · Vulgairement dite, , • ^ .
LA THE oLoGIE
| G E RM AN IQU E. " , , t , º,
C H A P 1 T R E I. v,
- - • . • - •. ! 4
- Y !
#fait & qui n'eſt qu'en partie »
42 S - - -
# S-42, s'abolit . -
I. On demandeAſur -cela
- ,
»- ce c'eſt
º#
(a) 1 Cor, 13. Io
2 La Theologie
c'eſt que le Parfait, & ce qui n'eſt qu'en
partie ? -
c H A P 1 r R E III.
4 Mais
Germanique Chap. IV. 9
, 4. Mais helas, comme je ne veux
pas le laiſſer agir, ni ſouffrir ſon œuvre
dans moi; & qu'au contraire je veux
avoir une activité propre , un moi &
un mien ; c'eſt cela qui empéche Dieu
de travailler purement & ſans obſtac\e
dans moi : & par ainſi, ma chûte &.
mon detour de Dieu demeurentirre
parés.
Tout cela ne vient que de la malheu
reuſe appropriation par laquelle je
veux m'arroger quelquechoſe.
|C H A P 1 T R E [ V. º
,º
I Dieu condamne toute appropriation. *
2 L'appropriation fait deux maux, le de
tour de Dieu , & l'oppoſition à Dieu &
à ſon honneur. - |
I, Ieu a dit : (a) #e ne donnerai point
· *-^ ma gloire à un autre : qui eſt tout
autant que s'il diſoit , que l'honneur
& la gloire n'appartiennent qu'à lui
ſeul. -
(a) Iſa. 42 : 3.
IiO La Theologie
partienne , ou qu'elle me ſoit deiie ,
& choſes ſemblables , il eſt viſible
que de la ſorte je m'attribüe quelque
honneur & quelque louange : en quoi
je fais deux maux.
2. Le premier eſt, la chûte & le dé
tour, dont on vient de parler.
L'autre eſt, que je m'en prends à
l'honneur de Dieu , & que je lui de-,
robe ce qui appartient § Cat"
tout ce qui peut porter le nom de bon
ou de bien , n'appartient qu'au ſeul
bien veritable & eternel, qui eſt Dieu ;
& quiconque ſe l'attribüe , commet
iniquité, & s'oppoſe à Dieu.
C H A P I T R E V.
1. Explication d'une parole dont les faux-li
bres pourroient abuſer , ſur la deſappro
priation de touteſcience, volonté » amour,
• deſtr & c.
2, Moins on s'approprie une choſe, plus eſt-elle
excellente & divine.
3. Toute appropriation vient d'ignorance.
4. Il vaut mieux attribuer tout à Dieu,.
quoi qu'encore ſans lumiere & en chancel
lant , que d'oublier Dieu en tout. - º
, Germanique Chap. V. I1
:
C H A P I T R E V I.
A 7 . 2, Gon
I4 · La Theologie
2. Comment juger quelle eſt la choſe la
meilleure , ou la moins bonne.
3. Comment ce principe doit ſervir de regle
pour la conduite exterieure :
4. Et auſſi pour l'interieure, º º - ºº
- • ' » (I
Germanique Chap.VI. 15
4 les autres ; on tiendra pour la meil
leure celle où le bien éternel reluit le
f plus, & dans laquelle il eſtle plusviſi
ble, le plus operant , le plus connu ,
& le plus cherché & goûté : mais ou
il l'eſt le moins , cela nous ſera auſſile
moindre.
3. Le principe de cette difference
des choſes créées étant ainſi poſé &
connu , quiconque eſt obligé d'agir &
de traiter avec elles, doit aimer le plus
celle qui ſera la meilleureſelon ce mé
me principe: il s'en approchera le plus,
& s'unira le plus à elle, mais ſur tout à
celles qui ſont du nombre des choſes
que l'on rapporte particuliérement à
Dieu , & méme qu'on lui approprie
comme étant des choſes divines , ainſi
que ſont le bien, la verité, la paix , la
charité, la juſtice, & ſemblables. C'eſt
ſelon ces choſes que l'homme exterieur
devroit ſe regler, mépriſant & évitant
ce qui y eſt contraire.
- 4. Pour ce qui eſt de l'homme inte
rieur, ſi , paſſant par-deſſus toutes cho
ſes, il vouloit s'élancer dans le Bien par
fait , il trouveroit & pourroit goûter
que le Bien parfait eſt ſi infiniment
plus nobie & meilleur que tout bien
imparfait &particulier;que l'éternel eſt
ſi au-deſſus de tout le paſſager,la ſour
ce & la fontaine ſiau-deſſus de tous les
ruiſſeaux
161 La Theologie
ruiſſeaux qui en coulent; que de-là !
l'imparfait nous deviendroit tout fade
& dégoûtant, & que méme il diſpa
roitroit de devant nous.
Ces verités ſont dignes de remar
que; & l'on eſt obligé de les pratiquer
ſi jamais l'on veut parvenir à aimer le,
plus ce qui veritablement eſt le plus
excellent.
c H A P 1 r R e v II.
I. La deſappropriation n'étant pas ſans
• charité & amour , ( comme on vient de
le dire) elle n'eſt pas auſſi ſans lumiere
ni ſans yeux : puiſque l'ame en a deux »
, qui méme ſont en feſus Chriſt,
2. Les deux yeux de l'ame pouvoient faire
également leurs fonctions enſemble avant
la chûte , ainſi qu'il a paru en feſus :
Chriſt. -
C H A P 1 T R E V III.
I. Contemplation fonciere & vûe de l'E
ternité durant cette vie, impoſſible en cer
tain ſens.
2. Qu'elle eſt neanmoins poſſible.
3. Que le moindre de ces regards eſt plus
agréable à Dieu que tout le créé.
1. 1 ſ 'on demande ici, s'il eſt bien poſſible
à l'ame, ſi longtemps qu'elle eſt unie
au corps , de venir juſqu'à entrevoir l'é
ternité , & de recevoir dans cette viie-là
un avant-goût du ſalut & de la vie éter
nelle #
On répond ordinairement que non:
& cela eſt vrai en certain ſens : car ſi
longtemps que l'ame regarde au corps
& a ce qui concerne le corps » au
temps , & en un mot aux créatures ;
& que ſon eſprit eſt rempli & mélé de
leurs images, cette vûe de l'éternité
ne ſauroit ſe faire alors. • * , 7
- ·r
C H A P. I T R E IX.. .
· 1.Principe notable touchant la neceſſité ſa
· lutaire des connoiſſances. · · · ,
2. La connoiſſance de ſoi-méme, & de Dieu
: dans ſoi , eſt la meilleure de toutes.
3. En quoi conſiſte le ſalut. . -
| | C H A P 1 T R E X.
I. La vraie lumiere découvrant que tout ce
i que la créature peut, n'eſt rien, met la
- main à la racine des affections & des
• deſirs , & n'en laiſſe que deux aux vrais
- éclairés , s'aprocher de Dieu, & que les
autres s'en aprochent auſſi. >
2. Encore me ſeles approprient-ils pas , & ſont
: ainſ vraiement libres & pauvres. | ,
3, La pauvreté d'eſprit eſt la choſe la plus
excellente , quoi-que ſouvent ſans goût ,
c3 méme bien-amére.
º l - • -
C H A P I T R E XI.
I. Amertume de la pauvreté d'Eſprit : vüe »
ſentiment & vraie penitence du péché.
- Enfer Spirituel. - , "
- - .. .. Il
Germanique Chap. XI. 31
g Il eſt bon de remarquer, que quand
on eſt dans cet Enfer, on ne ſçauroit
recevoir de conſolation de quoi que ce
ſoit , & qu'on ne peut ſe perſuader
qu'on ſera jamais ni conſolé ni deli
vré : comme au-contraire , quand on
eſt dans ce Paradis on ne ſçauroit étre
atteint ni de trouble, ni de triſteſſè, ni
croire que l'on en ſera jamais plus ac
cueilli. Cependant aprés cet Enfer
vient la conſolation & la delivrance ;
& aprés ce Paradis, il revient encore
des troubles & des deſolations,
Cet Enfer & ce Paradis ſurviennent
à l'homme ſans qu'il ſache d'où : & il
ne ſauroit de ſoi ni faire ni laiſſer quoi
que ſoit par où il puiſſe ſe procurer
la venüe ou l'iſſüe de l'un ni de l'autre :
Il ne peut ni ſe donner ni s'ôter , ni
faire ni defaire l'un non-plus que l'au
tre : mais il en va ſelon la parole de
l'Ecriture : (a} le vent ſouffle où il veut,
& vous en entendez bien le bruit, (c'eſt à
dire vous vous apercevez bien de ſa
preſence ; ) mais vcus ne ſavez ni d'où
il vient , ni où il va. . - - ' ,
C H A P I T R E X I I.
1. De la fauſſe Paix & de la veritable.
: 2. Il ne faut s'appeller ni ſe precipiter dans
: les voyes ſpirituelles.
-3. Trois voyes ſpirituelles.
. I • B# des gens ſe plaignent , de
n'avoir ni Paix ni repos ; &
· qu'ils n'ont au-contraire qu'adverſi
tés , oppoſitions, ſouffrances & op
preſſions. •• • • • .' •!
t Jean, 14,
g- - va
* , .# $
34. dâ * té# Theologie
2 Temlére enſeigne (a) quelque
part, qu'il y a des perſonnes qui don
nent trop-toſt congé aux (b) images,
avant que la verité méne les en déli
vre : Et que parce qu'ils s'en delivrent
eux mémes,ils ne v1ennent qu'à grand'
peine , ou méme ne viennent jamais
à la verité-méme.
C'eſt pourquoi on doit toûjours
prendre bien garde à l'œuvre & à la
conduite de Dieu ſur nous, à ſa voca
tion , à ſon attrait & à ſon appel; &
non pas à l'appel & au mouvement de
l'homme.
3. On doit ſavoir , que perſonne ne
peut étre illuminé ſi avant cela il n'eſt
purifié, & évacué : & auſſi que nul ne
peut s'unir à Dieu , qu'il ne ſoit pre
miérement illuminé. | | | | | |
Et ainſi il y a trois voies Spirituel
les , la premiére , celle de la purifica
tion ; la ſeconde, celle de l'illumination ;
& la troiiiéme , celle de l'union.
-
- " ? - - 1 !
C H A P 1 r R E XIII.
1. L'obéiſſance s'oublie ſoi-méme , & ne
penſe qu'à Dieu.
;
2. La
(a)Voyez ſon Inſtitution , Chap. 35.
(b) c. a dire , aux penſées, méditations , exerci
tés , pratrqttes particuliéres c3 d'activité.
Germanique Chap. XIII. 35
2. La desobeïtlance au-contraire.
3. 7eſus Chriſt a été pleinement dans la par
faite obeiſſance.
1.TOut ce qui eſt peri & qui eſt
· mort en Adam , eſt reſuſcité &
· a repris vie en Jeſus Chriſt : & au-con
traire, ce qui eſt ſuſcité & qui a repris
vie en Adam , eſt peri & mort en Jeſus
Chriſt.
Mais qu'eſt-ce que cela ?
Je réponds, que c'eſt l'Obeiſſance , &
la Desobeiſſance.
Et qu'eſt-ce que l'obeiſſance ?
C'eſt quand on eſt & qu'on demeure
ſans ſoi-méme, ſans le ſoi & ſans le moi ;
quand en toutes choſes on ſe cherche
auſſi peu & qu'on penſe auſſi peu à ſoi
& à ſon propre , que ſi l'on n'étoit
point du tout; quand on ſe ſent auſſi
peu, & qu'on s'eſtime auſſi peu & ſoi,
& ce qui eſt du ſien , & toutes les crea
tures, que ſi effectivement tout n'étoit
f1CI1 •
C H A P I T R E XI V.
C H A P I T R E X V.
|c H A P 1 T R e XV I.
cela s'efface. , -
# , .
*
On quand le parfait & total eſt con 1 -
nu , & là où il eſt connu , il y eſt auſſi || »
alors aimé infailliblement : & partant,
(a) l'amour, par lequel l'homme s'ai |
me ſoi-méme & aime les autres choſes,
y eſt auſſi entierement détruit.
, 2. C'eſt par cette eſpece de connoiſ
ſance , qu'on connoit ce qui eſt le plus
|
excellent & le plus noble en toutes
choſes, & qu'on l'aime dans (b) le vrai
Dieu & ſeulement pour l'amour du
vrai bien.
Et où cette ſorte de connoiſſance ſe
* . * • ' !" trOuVe
- - , - • • • -
C H A P I T R E , XVI I.
C H A p I T R E XV I I I.
C H A P I T R E , XIX. -
C 3 C H A º
54 La Theologie
C H A P I T R E X X.
· •
rieuſe & continuclle à l'execution de la | -
1
choſe. Quand ce point-ci vient à ,• 1!
º
-
, ,,
manquer, tout manque.
La ſeconde, d'avoir quelque matié • e
re ou quelque ſujet ſur quoi l'on puiſſe , •
faire aprentiſſage : - -
| -
| | º *
• • •
qu'on le croye , qu'on lui obéïſſe, & |
qu'on l'imite. || | º
Et la quatriéme, qu'on mette auſſi 4 *
la main à l'œuvre & quel'on s'y exer ſ . -
-
, '
:) ce. Si quelqu'un de ces points vient à ' s . "
manquer, jamais on ne pourra ni ap t ' !
prendre ni poſſeder la ſcience ou l'art 1 #
de queſtion.
Il en eſt juſtement de méme de la
||!
·
| .
· ·
|
j ! -
*
•
" . .
deſir ſerieux & aſſidu de parvenir au • • •
-
, '
chercher & conſequemment de trou j »
-
· •
ver toutes les autres choſes requiſes, -
|t
1 !
C H A P I T R E XXI.
C H A P I T R E XXII.
I. Comment à eſt Dieu, là eſt feſus Chriſt.
2. Comment Dieu ſouffre dans l'homme.
3. Les ſouffr.aces purement humaines diſpa
· · roiſſent tievaut les divines.
4 Dieu devient le ſujet de tout bien dans la
perſºnne où il habite.
I. Où Dieu & l'homme ſe trouvent
unis d'une telle maniére , que
- - ' l'on
(a) vºye& chap. 56. n. 2, -
Germanique Chap. XXII. 6I
l'on puiſſe dire avec verité , & que la
choſe méme le déclare ainſi, que ceſu
# jet-là ne ſoit qu'un tout où ſont le vrai
& parfait Dieu & le vrai & parfait
homme , l'homme cependant étant
# comme tout diſparu devant Dieu , afin
(! que Dieu ſeul tienne la place de l'hom
me, & qu'il y ſoit & l'homme méme
# . & le vrai Dieu, operant-là ſans ceſſe,
y faiſant & y omettant tout, ſans l'in
tervention d'aucun moi, d'aucun mien
ni d'aucuneappropriation ; là ſe trouve
le vrai J. C H R 1 s T , & nulle part
ailleurs.
2. Or comme un tel ſujet comprend
en ſoi l'homme véritable & parfait , il
a auſſi dans ſoi un veritable & parfait
ſentiment du bien & du penible » de
ce qui eſt agréable & de ce qui eſt dou
loureux 2 en un mot , de tout ce qui
ſe peut ſentir & éprouver de la part
du dehors ou du dedans.
Et puis que Dieu étant tout dans un
tel ſujet , y eſt auſſi l'homme , c'eſt
donc Dieu qui y eſt ſusceptible des
ſentimens & agréables & pénibles, &
d'autres ſemblables paſſibilités.
Car comme un homme qui n'eſt pas
ainſi (a) Dieu , éprouve & reſſent tout
C 7 Ce
(a) c'eſt à dire, qui n'eſt pas uni avec Bieu par
cette étroite union qui fait que Dieu eſt tout dans
l'homme, & qu'il eſt un avec lui,
6z La Theologie
ce qui fait bien & tout ce qui fait mal à
l'homme, & par.iculiérement ce qui
lui eſt contraire ; il en eſt tout de mé
me dans le ſujet où Dieu & l'homme
ſont un & où Dieu méme eſt l'hom
me : là ſe trouve auſſi le ſentiment de
tout ce qui eſt contraire a Dieu & à
l'homme.
4. Mais comme dans ce ſujet-là tout
ce qui eſt de l'homme y eſt anéanti &
diſparu, & que Dieu ſeul y eſt tout ;
il en va auſſi de méme de ce quicon
cerne leur paſſibilité : celle qui ne re
garde que l'homme ſeul , ſes ſouffran
ces & ſes adverſités , diſparoit & paſſe
pour rien devant l'autre.
Et cela doit ſubſiſter & durer ainſi
par la vertu de Dieu & devant lui auſſi
long-temps que durera la vie corporel
le de l'homme. .
4. On doit auſſi remarquer, que ce
ſujet , dans lequel Dieu & l'homme
ſont ainſi unis, étant libre de toutes
choſes, de ſoi & du reſte, ce ſujet dis
je doit s'entendre de Dieu , & non pas
de l'homme ou de la créature : Car
c'eſt le prope de Dieu d'étre libre & dé
gagé de tout , d'étre ſans le ſoi & ſans le
moi & ſans tout ce qui ſympathiſe avec
Ke propre : au-lieu que c'eſt le propre
de la créature & de la nature de ſe cher
cher & de ſe vouloir ſoi, le ſien, ceci
&
Germanique Chap. XXIII. 63
& cela , ici & là , & dans tout ce
qu'elle fait & ce qu'elle laiſſe.
Mais quand la créature ſe perd , &
qu'elle quitte ſon propre & ſon ſoi ,
Dieu vient s'y ſubſtituer incontinent
avec ſa divine propriété, c'eſt à dire ,
(a) avec ſoi-méme.
C H A P 1 T R E XXI I I.
C H A P 1 T R E XX I V.
Le
C H A P 1 T R E XX V.
I. Comment il faut quitter tout , méme
toute action , ſcience, pouvoir.
2. En quoi conſiſte l'union divine.
3 2ue rien de créé ne nous y peut - aider
par ſoi.
Jf • I# faut encore bien remarquer le
ſens de cette parole, qui eſtauſſi
celle de Jeſus Chriſt , aſſavoir ; (a)
qu'on
85,
doit quitter & méme perdretoutes che
, Cela ne veut pas dire qu'on doive ne
s'occuper de rien; & qu'il faille quit
tertout emploispuisqu'en effet ſi long
temps qu'on vit en ce monde il faut y
ayoir quelque occupation & quelque
choſe à faire. Mais le vrai ſens de cet
# Parole eſt, que tout le pouvoir de
l'homme , tout ſon faire , tout ſon
laiſſer » tout ſon ſavoir, & celui de
toutes les creatures , doit être tenu
† rien à l'égard de l'union divine,
aquelle ne ſe fait & ne conſiſte en rien
de cela. - -
D 2 2., En
(a) Luc. 14 : 33.
76 La Theologie
2. En quoi donc conſiſte cette uni
on-là ? -
C H A P I T R E XXV I.
1, Dans l'union l'homme interieur eſt im
mobile, & l'exterieur agit & change,
mais avec indifference.
2. L'exterieur & l'interieur n'ont d'intention
•
que de contenter la volonté de Dieu dans les
choſes de devoir & de neceſſité.
3. Cela exclud l'orgueilſpirituel, l'indolen
ce, & la fauſſe liberté.
4. La ſeule volonté de l'homme empêche l'u
Il1OIl, -
· C H A P 1 T R E XXVI I.
1 Principe outré des impaffibles , mal
· fondé ſur l'Ecriture · · · ,
2. Vraye explication de ces paffages. · · :
3. La vie de feſus Chriſt convainc de faux
· cette pretendüe impaffiéilité. -- :
" . D 5 C II A P
82 La Theologie
C H A P I T R E XXV I I I.
·C H A P I T R E XX I X.
paroles. -
C H A P I T R E XXX.
#
1. | [L ſuit de-là, que l'amour qui eſt
7 dans un homme déifié, n'eſt qu'a
# mour tout pur & ſans mélange [de rien
de propre, ] & qu'il eſt porté de bon
ne volonté envers tous les hommes &
envers toutes choſes. -
· C H A P 1 T R E XXXII.
I. Quoi-qu'un homme divin procure à cha
cun ce qui eſt de meilleur , il ne ſçauroit
pourtant contribuer à l'accompliſſement de
. leur volonté. -
2. En
CHA P
(a) Matth. 16 : 24. (b) Matth, 1o: 39.
Jean. 12: 25,
Germanique Chap. XXXIII. 99
C H A P I T R E X X X III.
C H A P I T R E XXX V.
C H A P I T R E XXXVI.
C H A P 1 T R E XXXVII.
C H A p I T R E XXXVIII.
C H A P 1 T R E XXXIX.
I. Ce qu'eſt un homme deïfié ou diviniſé.
2. La connoiſſance n'eſt rien ſans l'Amour.
3.4.5. 6. Cela ſe prouve par les exemples
ds la vertu , de la fuſtice, de la verité,
c3 du Demvn méme.
7. On doit en dire le méme de ce qui doit paſſer
pour divin » ou déifié.
I. ON pourroit juſtement deman
der ici , ce que c'eſt qu'un homme
dºfié » ou rendu divin , dequoi l'on a
parié ſi ſouvent ?
Reponſe : un homme deifié, eſt une
perſonne qui eſt éclairée & pénetrée
par la iumiére éternelle & divine , &
qui eſt embraſeé de l'amour éternel &
divin.
2 On vient de dire pluſieurs choſes
- par
Germanique Chap. XXXIX. 129
particulieres de cette lumiere là : Mais
il eſt neceſſaire de ſavoir en generai ,
que la connoiſſance ou la lumiére n'eſt
rien & ne ſert de rien ſans l'Amour.
Et cela eſt facile à comprendre.
# 3. Poſé qu'un homme, par exemple,
connoiſie fort bien ce que c'eſt que la
# vertu & le vice : ſi cependant il n'aime
#! . pas la vertu, il n'eſt & ne deviendra
pas vertueux; mais il ſuivra le vice &
abandonnera la vertu. Au contraire,
s'il eſtime & cherit la vertu , il la ſui
vra ; & l'amour de la vertu le rendra
# tellement ennemi du vice , qu'il ne
pourra le commettre, mais le haïra en
quiconque il ſe trouve. -
C H A P I T R E X L.
C H A P I T R E X L I.
I. Comment le vrai Amour éclairé de la
vraye lumiére aime purement le bien
tout-pur.
2. Dans la vraye lumiere & le vrai Amour
on eſt content de tout ſinon du péché.
3. Le peché eſt, vouloir autrement que
Dieu & ſans lui.
4. Les
I4o La Theologie
4 Les plaintes & douleurs pour le peché
commis, ſont indicibles & durables juſ
qu'à la mort dans un homme déifié.
5. Tout ce qui regarde Dieu & le bien » la
juſtice, la vertu » l'honéteté , les regle
mens & c. y eſt aimé.
6. La vie & l'amour d'un homme déifié
ſont excellens, genereus, forts , & néan
moins ſimples, au-delà de toute expreſſion
& de toute conception :
7. Au contraire de la duplicité , des detºurs
é des fraudes de la vie & de l'eſprit de la
nature, qui ſont infinis.
8. Le Diable, la fauſſe lumiere , le faux a
mour, la fauſſe vie de la nature » revien
72672 # ſZ Z472. -
I4-4 La Theologie
ne s'en plaindroit pas tant ni n'en ſouf
friroit pas tant que du ſeul peché.
Et cette diſpoſition lui doit durer
véritablement juſqu'au dernier mo
ment de ſa vie mortelle : mais où elle
n'eſt pas , indubitablement il n'y a
point d'homme deifié.
5. Comme dans cette lumiére &
dans cet Amour tout bien y eſt aimé
dans un ſeul bien & comme un ſeul
bien ; & que le ſeul bien y eſt aimé
ar-tout & dans tous comme étant &
n & Tout , il s'enſuit, que toutes
les choſes qui poſſédent avec vérité le
nom & la qualité de bonnes , y ſont
auſſi aimées, telles que ſont la vertu ,
les bons réglemens , l'honéteté , l'é
quité, la juſtice, la vérité, & ſem
blables. En un mot , on y aime & on
y eſtime tout ce qui eſt de Dieu & qui
concerne le vrai bien; & on y fait des
plaintes , on y patit & on y ſouffre
beaucoup de tout ce qui y eſt oppoſé &
qui en eſt éloigné, puis que ceci eſt
péché, ainſi qu'ill'eſt en effet.
6 La vie auſſi que l'on meine dans
la vraye lumiére & dans le vrai Amour,
eſt la plus noble, la plus excellente &
la plus digne vie qui ait jamais été ou
qui puiſſe jamais étre : ſi bien qu'elle
merite d'étre aimée & préconiſée par
deſſus toute autre vie.
Et
Germanique Chap. XLI. 145
Et cette vie-là a été & eſt dans J.
Chriſt en pleine perfeétion , ſans quoi
il n'auroit pas été le vrai Chriſt.
Pareillement l'amour veritable, par
lequel certe excellente vie & le vrai
bien ſont aimés, cet amour , diſ-je ,
fait que l'on ſouffe volontairement &
de bon cœur tout ce qui ſe préſente à
faire & à ſouffrir, & tout ce qui eſt de
neceſſité & de devoir , pour peſant
qu'il ſoit & qu'il puiſſe étre à la nature :
& c'eſt pourquoi Jeſus Chriſt dit : (aj
Mon joug eſt doux , & ma charge legére.
Cela vient de l'Amour qui aime tant
cette noble vie : Et on le peut remar
quer dans les Apôtres & dans les Mar
tyrs , qui enduroient volontairement
& de trés - bon coeur tout ce qu'ils
avoient à ſouffrir , ſans prier Dieu de
leur abréger ou de leur temperer ou a
moindrir leurs pcines, ne demandant
que fermeté & que perſeverance.
En verité tout ce qui concerne le di
vin Amour qui eſt dans un homme
deifié eſt ſi naif, ſi droit, & ſi ſimple,
qu'on ne ſauroit proprement & diſ
tinétement bien dire ni bien décrire
ce que c'eſt, & que méme on ne peut le
connoître ſans le poſſeder. Et qui
conque n'en eſt pas •# # 2 bien # e
(a) Matth. 1 1.
146 La Theologie
de le connoître auparavant, ne ſçau
roit ſeulement le croire.
7. Tout au contraire, la vie de la
nature (ſur tout dans un ſujet d'une na
ture ſubtile , fine & active) eſt une
choſe ſi multiple & ſi impliquée, elle .
ſçait chercher & trouver tant de cachet
tes & tant de replis, tant de faux tours
& tant de ſupercheries en ſa propre fa
veur, que cela eſt pareillement au de
là de toutes paroles & de toutes deſcrip
tions.
Or comme toute fauſſeté eſt dans
l'illuſion , & que toute tromperie ſe
trompe premiérement ſoi-méme , la
méme choſe arrive à cette fauſſe lumié
re & à cette fauſſe vie : car qui trom
pe, eſt trompé, comme onl'a fait voir
ailleurs plus amplement.
8. Tout ce qui eſt le propre du Dia
ble & qui lui appartient ou le concerne, c
ſe trouve tellement dans cette fauſſe
vie , dans cette fauſſe lumiére , & dans ce
faux amour, qu'il n'y a point de diffe
rence entre eux & le Demon méme :
car en effet , la fauſſe lumiére eſt le
Diable méme ; & celui-ci eſt la fauſſe
lumiére.
Et voici à quoi on le peut remar
quer : Comme le Diable s'imagine d'é
tre Dieu , ou qu'il voudroit bien l'étre
& qu'on le tint pour Dieu ; & que ce
pendant
Germanique Chap. XLI. 147
# pendant il eſt dans l'illuſion, & méme
d'une maniére ſi extréme, qu'il s'ima
gine de n'y étre pas; il en eſt de méme
: de cette fauſſe lumiére , de ce faux
amour, & de cette fauſſe vie.
: Et comme le Diable voudroit bien
:
tromper tous les hommes , les attirer
tous à ſoi & à ſon parti , & les rendre
tous tels qu'il eſt , à quoi il ſçait mettre
en uſage grand nombre d'artifices & de
ſupercheries; il en eſt auſſi de méme
# de cette fauſſelumiére. -
C H A P 1 T R E XLII.
r1ter ou acquer1r
A •
# · lent
152 : | La Theologie
lent de la part de Dieu. C'eſt faire
des-honneur à Dieu , pour quiconque
comprendroit bien la choſe ainſi qu'el
le eſt. -
--"
| C H A P 1 T R , X L II I.
· I. Principes ººtºéleº » tirés de la vie de #.
Chri 2 & oppoſés *$aux-juſtes & aus
faux-libres touchant la "raye connoiſſance
de 7. Chriſt :
2. La vraye croyance.
3 La Pºſſiſſion
vraye habitation
4 ºº de Dieu &interie siend" j'. Chriſt.
duºure -
5. Celle
Germanique Chap XLIII. 153
5. Celle de l'obeiſſance , du nouvel homme,
de la vraye lumiere , du vrai amour & c.
6. L'uſage de toutes les choſes de Religion :
7. Et ſpecialement des Sacremens & ſaintes
Ceremonies.
CHA
Germanique Chap. XLlV. 155
|
C H A P I T R E XL IV.
2. ment
Principe touchant
de ſoi à Dieu. le vrai abandonne
c
:
|#-
3. Principe touchant la ſouffrance Chre
tienne.
4. Principe touchant levrai Amour.
1• N dit communément, que celuy
qui ſe contente de Dieu & à qui Dieu
ſuffit, a-t'aſſés. Cette parole eſt veri
table, auſſi bien que celle-ci : quicon
que ſe plait ou ſe contente de quelqu'une des
choſes particulieres , Dieu me lui ſuffit pas.
Et par effet, celui à qui Dieu ſuffit,
rien ne peut lui ſuffire ni lui plaire que
ſeulement le Bien unique, qui n'eſt ni
ceci ni cela de particulicr, & qui ce
pendant eſt Tout. #
Dieu eſt une ſeule choſe, & ne peut
étre qu'un. Il eſt auſſi Tout, & il ne ſe
peut qu'il ne ſoit Tout. -
G 7 Auſſi
158 La Theologie
Auſſi lors que la vraye lumiére & le
vrai amour ſont dans quelqu'un, rien
n'y eſt aimé que Dieu ſeul.
Car il y eſt tenu & aimé comme le
vrai bien & pour l'amour du vrai bien :
& tous les biens y ſont aimés comme
étant Un , & Un comme étant tout :
uis que dans la vérité tout eſt Un, &
n eſt tout en Dieu.
C H A P 1 T R E XL V.
C H A P I T R E XL V I.
I. 9ue pour parvenir au ſalut, & méme à
la vraye connoiſſance , il faut que la
croyance precede la ſcience ; & cela
mon ſeulement à l'égard des articles indiſpu
tables de la foy Chrétienne ;
2. Mais auſſi à l'égard de certaines choſes di
vines qu'on ne ſauroit connoitre ni experi
menter avant les croire.
· C H A P 1 T R E XL V I I.
1. La propre volonté a fait l'Enfer , le
Diable, & la chûte d'Adam dans le Pa
radis. -
C H A P I T R E XL VI l I.
C HA
163 . . , La Theologie
C H A P 1 T R E XL IX
1. La volonté créée, qui eſt dans l'honº
| me, eſt de Dieu, lui appartient » c3 Dieu
2. doit
celavouloir par elle.
ſe faiſant , les a#es dº la volonté
ſºnt auſſi à Dieu , & nºn à l'bomme en
propre.
3. c5Eüe deſeroit néanmointſuſceptible de plaiſir
douleur , qui ſeroient encºre à
Dieu.
4. ceci peut s'appliquer aux autres facultés
de l'ame.
5. Quand la volonté # abandonnée à
" Dieu , tout le reſte y eſt abandonné.
1. I L eſt bon de faire ſur ce ſujet »
- & particuliérement touchant la
volonté, les reflexions ſuivantes
La volonté éternelle, qui eſt en
Dieu par maniére d'origine & d'eſſen
ce, ſansoperation & ſans œuvres, cet
tte méme volonté ſe trouve dans la
créature & dansl'homme d'une manié
re active & opérative : car le propre
de la volonté eſt de vouloir actuelle
ment : ſans cela, que feroit-elle : el
le ſeroit en vain ſi elle n'avoit point
d'exercice ou d'œuvre actuel. -
C H A P 1 T R E L I.
C H A P I T R E L II.
C H A P I T R E L I l I.
C H A P 1 T R E L I V.
C H A P I T R E L V.
· ·· · · :: • I • Et
Germanique Chap. LVI. 191
I• E! par effet , ſi ce qu'il y a de
meilleur eſt auſſi le plus aimé,
u'on y adhére,& qu'on le ſuive; il fau
§ néceſſairement qu'on aime par
deſſus toutes choſes & uniquement le
Bien éternel & unique , que l'on ad
hére & ſetienne à lui ſeul, & qu'on
s'y uniſſe autant qu'il eſt poſſible.
Que ſi l'on eſt obligé d'attribuer &
de raporter tout bien à ce Bien unique
& éternel comme en effet , cela ſe
doit ſelon la juſtice & la verité, l'on
ne ſe pourra diſpenſer ſelon la juſtice
& la verité de lui raporter & attri
buer l'entrepriſe ou le commence
ment, le progrés , & la fin ou l'ac
compliſſement de tout : & on les lui
rendra méme ſi pleinement & ſi uni
verſellement, qu'il ne reſtera plus nul
bien pour l'attribuer à l'homme & à la
créature.
Et c'eſt abſolument ainſi qu'il faut
que les choſes aillent dans la verité,
diſe & chante autrement qui vou
dra.
Voilà encore comment l'on par
viendroit à une vie vraiement inti
DI]6:,
•• • •. • - "
Concluſion.
• - » •
T RA IT
T R A I T T É
| : . :D U : ii ..
R.. 'ETABLIssEMENT
\ « ' i.iºº : i ) , , ,
: D Es - ·
L' H O M M E
| Par la PUIssANCE, la JUsTICE, &
la MISERICoRDE de DIEU.
-
- - + T #
- º - º-;. --
• -
| -- . -- * 197
· | T R A I T, T È -
| | D U
· RETABLISSEMENT
"! )! _) ,
:i " ti cii ) | | | | | e- .
2 .2.C. H A P2 E T R E : I. 2i
• • , '1- | : | " . # | | | | ! "
- 1.. Dieu creant l'homme par ſa Puiſſance le
, fit bon, droit , lumineux , & heureuſement
| vivant. , • --
- 2. La Puiſſance l'ayantſoumis à la Juſtice,
- il devient tranſgreſſeur & digne de mort.
3. La Parole de la Puiſſanceſe livre à la mort
pour par ſa Miſericorderetablir l'homme
en ſa premiere place. · · -
I 4 La
2OO Du Retabliſſement
La Juſtice ayant ainſi frapé de mort
la Parole aux yeux de la Puiſſance, la
Puiſſance demeura véritable,& la Juſti
ce juſte; & alors fut retabli l'homme
en ſa premiére place, laquelle il avoit
lors qu'il fut créé & avant qu'il eût pe
ché ; & cela , par la grace de la Miſeri
corde, ſon Créateur, qui dût ſubir la
mort pour lui en cas qu'il deuſt redeve
nir libre : puis que la Juſtice, comme
on vient de le dire , devoit demeurer
juſte.
4 Or maintenant, c'eſt à chacun à
ne ſe pas méprendre en s'imaginant,
que la Parole ou le Verbe de Dieu ait
reſtitué l'homme ſi avant, que de l'a
voir aproché juſqu'au devant de l'arbre
de vie avant quel'homme méme ait de
ſa part combattu & remporté la victoi
re. Non certes, mes amis : & j'en
fais bien l'épreuve chaque jour dans les
combats que j'ai à ſoûtenir. Mais voi
· ci ce qui en eſt dans la verité.
La Parole ou le Verbe de Dieu a
bien pris à ſoi & ſur ſon compte nos
tranſgreſſions; mais non pas nos com
bats & nos victoires. Il nous remet
proprement[de la Captivité d'Egypte]
dans le deſert, dans le parvis du Tem
ple, dans la voye étroite, dans le pre
mier pas & degré pour al'ervers l'arbre
de vie & pour tendre au repos & vers
- le
de l'Homme Chap. I I. 20 I
le lieu Trés-ſaint : mais c'eſt alors que
ſe commencent tout de bon les cqm
.bats capitaux entre la ſemence de la
femme & celle du ſerpent , comme
auſſi entre le ſerpent & la femme. .
Li. 5. Car voici la nature de la deli
vrance que la Miſericorde nous a pro
curée; c'eſt qu'elle nous a racheté; &
iremise libres devant & ſous la Juſtice,
lafin que deſormais nous ne la rejettions
- plus,que nous ne ſuivions plus les con
ſeils & les ſuggeſtions du ſerpent , &
rque nous ne nous rendions plus I'ranſ
greſſeurs : autrement , la Juſtice nous
lferoit mourir tout de nouveau , com
•me il ſera declaré dans la ſuite. : | |
- - C H A P 1 T R E I I. .
C H A P 1 T R E II I.
I. L'homme remis dans le commencement de
la voye de la fuſtice, & venant à tranſ
greſſer parignorance , a pour propicia
toire la Miſericorde.
I 7 2. Lºs
2o6 · Du Retabliſſement
2 Les tranſgreſſeurs par connoiſſance re
, tombent ſous le reſſort de la Juſtice.
3. La Miſericorde quºi qu'elle ait apaiſé la
Juſtice pour les tranſgreſſions paſſées , ne
l'a pas detruite eu egard aus tranſgreſſions
ſuivantes & de connoiſſance.
4. Pourquoi le Diable & les hommes veu
· lent bien entendre parler de la Miſericor
de; mais pas de la Juſtice.
5. Connoitre la Juſtice eſt unegrace du Tout
puiſſant.
I. Cºmme les limites que Dieu a
- préſcrires aus hommes pour ne
les pas outrepaſſer, ne ſont pas ſi bien
connues au ſerviteur ainſi qu'au Mai
tre dans ce deſert où nous ſommes; il a
plû à Dieu que le ſerviteur venant à les
outrepaſſer par ignorance, & à ſe mé
prendre par erreur, nous ayons pour re
méde & refuge un Propitiatoire & un
Throne de grace, lequel eſt celui de la
Miſericorde.
2. Mais que chacun ſe donne bien
de garde de devenir tranſgreſſeur par
connoiſſance & avec deſſein : Car
nous ſommes remis & rétablis ſous la
Juſtice : & Juſtice doit neceſſairement
faire juſtice , ſans acception de per
ſonne.
Car comme la Juſtice fit ſon devoir
& ſon office en envoyant la Miſericor
de
de l'Homme Chap. III. 2o7
de à la mort , de méme la Miſericor
de s'eſt acquité de ſon office en nous re
· mettant dans la vie & dans ſa vraye
, connoiſſance Et aprés cette fonction
· de ſon office , elle ſe retire à l'écart,
| laiſſe revenir la Juſtice , & lui permet
de reprendre ſa juſte fonétion. Cette
: verité eſt bien remarcable. . .. , , , ,
: ' 3, La Juſtice doit donc demeurer &
• ſubſiſter. Car encore que la Miſeri
corde ait obtenu la viétoire, elle n'a
pas pourtant par là retranché la Juſtice.
- H ne faut pas non plus s'imaginer, que
· parce que la Juſtice a frapé de mort la
-Miſericorde par ſa juſte maniére d'a
·gir, la Miſericorde ait pour cela de
truit la Juſtice par ſa victoire. A Dieu
- ne plaiſe ! · · ,
· Car la Juſtice pour demeurer juſte,
-comme auſſi pour que la Puiſſance de
meuraſt véritable , devoit bien fraper
· : de mort le Verbe divin ; mais ſi la Mi
ſericorde euſt deu ôter & faire ceſſer
· les fonctions de la Juſtice , il auroit
fallu qu'avant cela toute injuſtice euſt
pris fin. | " , :
C H A P I T R E I V.
3. Avant
2 1O Du Retabliſſement
3. Avant que d'entrer dans le ſiecie futur
de paix, de fuſtice & de joie, il nous faut
combattre l'injuſtice dans ce ſiécle de trou
bles c3 d'iniquité.
4. Trois ſortes de ſiecles ou de mondes. Le
troiſieme ſe conſtruit dés à preſent , & ſe
manifeſtera en ſuite en toute plenitude de
Dieu 3 ſans plus paſſer.
5. Etant venus de la Puiſſance ſous la Juſ
tice à la Miiericorde; il nous faut re
venir de la Miſericorde par la Juftice à
· la Puiſſance, nôtre Source & origine.
I, O Mon divin Pere , enſeignez -
nous à bien connoître vôtre juſ
tice, de peur que nous ne tombions
plus dans ſon Jugement ! Car la Juſtice
doit mettre ſousſes pieds la Miſéricor
de auſſi bien que tout ce qui eſt injuſte,
& cela avec Juſtice, puis qu'en effet
cela eſt juſte.
Quand cela eſt fait, la Juſtice a ac
compli ſa fonction : & alors elle livre
entre les mains de la Miſericorde tout
pouvoir & tout empire, puis que tout
a été ſauvé par Elle.
Alors tout ce qui ſe trouve droit &
juſte par devant la Juſtice, la Juſtice
l'abandonne volontairement & le laiſ
ſe en propre à la Miſericorde : & la
Miſericorde en devient Roy de Juſtice,
Roi regnant ſur tous les juſtes & ſur
tOuS
de l'Homme Chap. IV. 211
# tous ceux qui ont vaincu l'iniquité.s
# , 2. Mais ce divin Roi-là ne ſçauroit
# regner que premierement la Juſtice
n'ait arraché & exterminé toute injuſ
tice , & n'ait fait juſtice a l'injuſtice
méme en la condamnant & l'envoyant
à la mort : car (a) le loyer du peché, eſt la
· mort, de méme que (b) ſon pouvoir eſt le
commandement ; avec lequel comman
e dement la Juſtice vient ſe declarer con
tre l'injuſtice, de méme qu'elle fait voir
-par lui que les autresſe ſont comportés
-juſtement. . · · · · · , | |
(a) Apoc. 21 : 4. » -
de l'Homme Chap. IV. 213
ra avec force & puiſſance, & ſubſiſte
ra ſans paſſer.
Ce ſera alors que la Miſéricorde ſera
Roi ſur les juſtes en toute ſa force [&
ſon étendue ] comme on vient de le di
re. Alors tout ſera remis en ſa droitu
re; & la Miſericorde livrera le tout à
la Puiſſance, puis que c'eſt la Puiſſan
ce qui a fait toutes choſes. Enfin Dieu
ſera alors tout en tous ; & à lui ſoit
l'Empire & la loüange d'éternité en é
ternité. Amen. . º . "
|
-- *-**
CG H, · A3 P · 1 · T · R· E· · · V.
· · ·· ·
-
(a) Apoc. 7.
,
ſy
K L ET
LETTR E
Sur la
REGENERATION.
2,2 t
L E T T R E
D'une fille à une femme mariée
(Iſabelle de Wardenbourg)
Sur la
R E G E N E R A T I O N.
SO M M A I R E.
1, 2 , 3. Dans la méconnoiſſance où
l'on eſt de ſes propres miſéres , de ſon état ,
cé du Liberateur , le meilleur eſt de ſe ren
dre entierement entre les mains de Dieu :
4. qui nous prend à ſoi , & nous touche
de ſes lumiéres & deſon amour ſenſi
bles; 5 , 6. & puis les retire; 7 , 8.
& nous découvre nôtre fonds tenebreux
& ſouillé: 9 , 1o , 1 I. pour nous en
delivrer par l'entremiſe de ſes ſouffrances,
de ſon amour , & de ſa grace : 12. mo
iennant adherer fidelement à lui & à ſon
amour » qui eſtfidele, infini , cº incom
prehenſible ; 13 , 14, 15 , 16 , 17.
Qui voulant venir demeurer dans
l'homme , veut auſſi le purifier &% le
delivrer du peché par la foi en lui & l'hu
milité : 19, 2o, 21. y renouvellant un
Amour tout-pur &Kdeſintereſſé,
3
qui
fait
2 22 Lettre ſur
fait mourir la corruption de la nature :
22 , 23. Choſe que Dieu execute par ſon
grand & puiſſant Amour : 24 , 25.
Lequel enſuite derive ſans ceſſe dans l'ame
- ſes effets de charité, comme auſſi d'hu
milité & de ſouffrances : 26. A quoi la
garde de ſoi-méme nous ſert mieux
d'introduction, que l'étude des connoiſſan
ces les plus hautes & les plus recherchées.
la Regeneration. 233
a témoigné à une créature auſſi indigne
que moi Que ſi le Seigneur a daigné
de faire un ſi grand bien à une créature
telle que je ſuis (& Dieu ſçait pourquoi
je parle de la ſorte,) que ne doivent
pas trouver auprés de lui ceux qui lui
ſont fidéles ?
12. Et partant remettez lui toutes
vos affaires, afin qu'il les conduiſe &
leur donne iſſue ſelon ſon bon-plaiſir.
Il ſera vôtre Conducteur dans toutes les
voyes par leſquelles il vous meine; &
quoique les eaux de la triſteſſe & de
l'affliction où vous vous verrez plon
gée atteignent vôtre ame juſqu'aux lé
vres , celui qui aime vôtre méme ame
l'aidera à en ſortir : car , comme je
viens de le dire, il eſt l'amour méme :
& cet Amour, qui eſt Dieu , eſt ſi puiſ
ſant , ſi jalous, ſi ardent, ſi enflam
mé , ſi penetrant , que je ne ſçai quel
nom lui donner. Je ne ſuis qu'impuiſ
ſance pour exprimer ſa force & ſon ef
ficace. C'eſt un Ocean qui ne peut
s'épuiſer. Ce ſont des charbons ſi ar
dens, c'eſt une telle flamme de Dieu ,
que les fleuves & les tempétes des croix
& des afflictions bien loin d'éteindre
cet amour , contribuent plûtot à lui
faire enflammer de plus en plus nôtre
ame, juſques là, que quelques fois el
le ſe ſent toute fondre par les arde#
e
-
23 Lettre ſur
de ce ſacré feu d'amour, ſurtout dans
les momens où le Seigneur lui donne à
connoitre d'une maniére ſenſible qu'il
aimeroit mieux endurer encore la
mort douloureuſe & amére qu'il a
ſoufferte pour elle, que de l'abandon
116I'.
MARIE HEN R IC S,
R E
--
REGLES ET MAXIMES
S P IR IT U E L L E S
Tirées de celles
REGLES ET MAXIMES.
| SPIRITUELLES.
, - -
-
C H A P I T R E I.
De l'Humilité.
C H A P I T R E I I.
C H A P I T R E I I I.
CHA
Ch. IV. Péché, 259
C H A P I T R E I V.
Du péché.
I. Oute ame bien touchée de
Dieu au profond d'elle mé
me, ſent & croid en verité qu'elle eſt
plus grande P E C H E R E s s E que tous
les hommes enſemble.
2. La bonne intention en toutes
choſes ne ſuffit pas ſinos procedures ne
ſont parfaites de tout point entre Dieu
& nous, entre nous & les créatures.
3. Dieu ne ſauroit endurer le péché
dans ſes élûs ſans le châtier & le détrui
re par les effets de ſa préſente juſtice.
4 L'ame doucement agie du S. Eſ
prit l'a pour témoin de toutes ſes a
ctions : & quand elle juge avoir ou
n'avoir pas péché, cela doit étre vrai :
car Dieu eſt dans elle Amour & lumié
re; & comme il la ſantifie, ill'illumi
ne auſſi ſurtoutes choſes.
5. On ne doit pastoûjours regarder
, les péchez ſelon leur matiére; mais ſe
lon lagrace & la lumiére d'un chacun.
6. Depuis qu'on a pris à tâche de
courir à toute roideur & de toutes ſes
forces à la perfection, tout le temps
qu'on employe ſciemment & de pro
pos
26o Maximes ſpirituelles.
pos deliberé à choſe contraire , eſt
péché.
7. Dans nos chûtes & deſordres ,
nous devons premiérement réflechir
en Dieu qu'en nous-mémes , ſur pei
ne de péché.
C H A P I T R E V.
C H A P I T R E VI.
C H A P I T R E V I I.
M 2 CHA
268 Maximes ſpirittuelles. ,
-------- , • - —---
- -
-
cnA , 1 r R E v III.
Du Silence & de la pauvreté.
- - 1 1\ ' - -- i
-
1 " A vertu du s I L E N c E eſt
| *- fort dificile à acquerir à celui
qui eſt vuide de l'Eſprit de Dieu , &
qui n'eſt nullement recolligé en ſoi.
2. Leſilence intérieureſt plus excellent
que l'autre. C'eſt lui qui reprime &
aréte par l'efort de la raiſon & de la vo
lonté le cours & les mouvemens de
toutes les paſſions éfrénées ; & il le faut
acquerir dans la pratique du ſilence exte
rieur. - - - - -
M 3 CHA
27o Maximes ſpirituelles. .
C H A P I T R E IX.
Des recherches & malicieus inſtinčts de la
" . .. , · Nature.
C H A p I T R E X.
De la mortification de la nature. •
I. f E meilleur moien de M o R
"T 1 F I E R la nature dans ſes
propriétés, c'eft de les lui ôrer avant
qu'elle les poſſéde : parce qu'on ne
déſire pas tant ce que l'on poſſéde
que ce que l'on n'a pas.
2. ll faut tâcher de tromper fana
M 6 tul f€
276 Maximes ſpirituelles.
ture en toutes ſes commodités , tâ
chant neanmoins par diſcrétion de lui
trouver ſon juſte milieu.
3. Il eſt en quelque façon plus
dangereux de manquer à la mortifica
tion des petites fautes que des médio
cres : car les petites fautes & imper
fections voilent les yeux, & les gran
des les dévoilent.
4. Tout ce qu'on deſire ſans par
faite indifférence, & ce qu'on entre
prend de ſa propre volonté, eſt pro
pre recherche & amour de ſoi-mé
II]C,
, 5. La récréation des ſens eſt une
mort aus perſones ſimples & abſtrai
tes ; & elles n'y ſortent jamais pour
ſe recréer , mais ſeulement par con
trainte & neceſſité , pour le bien &
édification du prochain.
6. Les loix ne nous ſont données
de Dieu & des hommes que pour al
ler à ſens contraire de nous mémes,
& pour détruire en nous l'homme
animal & charnel.
- 7. Comme l'auſtérité du corps é
tant ſeule, eſt toute propre pour en
gendrer l'orgueil; auſſi quand elle eſt
jointe à l'amour intérieur, elle eſt
propre & abſolument néceſſaire pour
guérir l'enflure & la vanité.
.8 Celui qui n'a pas ſes paſſions
par
Chap. Xſ. Amour de Dieu. 277
5, parfaitement mortes , n'eſt pas ſuffiſa
# ment diſpoſé a recevoir le don d'intel
ligence , ſans l'infuſion & habitude
duquel il eſt impoſſible d'étre paſſé &
changé en eſprit.
9. Les vrais enfans de l'eſprit pre
nent avec tenacité & pour jamais le
parti de Dieu contre eux-mémes ,
ſans remiſſion ni indulgence quel
conque.
#
1o Le vrai ſerviteur de Dieu s'a
nime continuellement à ſe combattre
ſoi-méme généreuſement, fortement ,
& ſaintement » ſans avoir égard à la
recompenſe ; mais ſeulement à l'a
mour & au bon plaiſir de Dieu.
C H A P 1 T R E XI.]
De l'Amour de Dieu.
C H A P I T R E X I I.
De l'Amour du prochain.
I• Tºu# perſonne doit plus fai
re de cas de ſa perfection ſe
lon Dieu, que de celle des autres au
domage de la fienne.
2. Ceux qui ſont ſans force & ſans
fidélité pour généreuſement mourir en
nudité d'eſprit aus influences ſenſibles
de Dieu , s'imaginent quelques fois
que Dieu ſe veut ſervir d'eux & qu'il
leur inſpire d'aller reformer les autres.
Ce n'eſt que folie, vanité, propre re
cherche & complaiſance de nature ,
qui laſſée de nudité, chercheles moiens
de vivre & non pas de mourir.
· 3. Le devoir du vrai parfait eſt d'a
doucir la croix de ſon frére , & non
pas de l'augmenter, compatiſſant au
tant qu'il lui eſt poſſible aus douleurs
du pauvre crucifié.
4. Il faut étre ſaint non ſeulement
en ſoi-méme; mais auſſi en ſes œu
vres » pour l'exemple du prochain ,
qui ne voyans point nôtre fond, n'en
Peut juger que par les œuvres.
5. La
Ch. XIII. Oraiſon, vie intérieure. 283
5. La vraye & forte charité ne cher
che ni commandement ni obligation
pour aſſiſter le prochain; mais ſeule
•" ment l'occaſion de le faire.
-=-T- - --E
C H A P I T R E XIII.
· · · · | 17. La
286 Maximes Spirituelles.
· 17. La diſcrétion & la vraye pru
dence ſont les marques du vrai profit
d'une ame dans la vie intérieure.
18. Helas, que c'eſt grande miſére
aus hommes de n'étre point pleins de
Dieu , & inceſſamment dorninés de
ſon Eſprit !
19. Nous ſommes capables de l'a
mitié de Dieu aus frais infinis de Dieu
méme : & il eſt grandement marri de
ce qu'il ne peut faire aushommes tout
le bien qu'il voudroit par la commu
nication abondante de ſon divin Eſ
it , & de voir ſon infiaie largeſſe
bornée de ſi prés de la part des hom
IDCS,
2o. Pluſieurs perſonnes addonnées
à l'oraiſon ne ſavourent jamais Dieu ;
parce que hors de l'Oraiſon elles ne
s'appliquent pas à lui.
2r. Celui qui s'occupe dans la cir
conference des créatures, s'éloigne de
ſon centre, qui eſt Dieu. C'eſt pour
quoi il faut étre eſſentiel, reſſerré &
concis dans ſon occupation d'eſprit.
· 22. C'eſt bien la raiſon que ceux
qui ont pris plaiſir à tirer à eux les
eſpécesdelectables des chofes extérieu
res » en ſoient travaillés au temps de
l'oraiſon par un juſte châtiment de
Dieu stelles repreſentations étant leurs
boureaus qui leur ferment l'entrée à
:: ! - la
Ch. XlV. De la Foi. 287
la douce communication de Dieu en
' eux-mémes.
23. Le fonds de nôtre ame eſt le
lieu de nôtre inéfable felicité. Ce
que Dieu nous manifeſte là de ſoi eſt
ſi merveilleux, que rien n'en tombe
ſous le ſens pour étre exprimé. C'eſt s
là que nous ſommes perdus en Dieu,
où nous demeurons ſtables & immo
biles dans la plénitude des ſaints. Là
nos racines ſont infiniment profon
des, & nôtre jouïſſance inéfablement
ſavoureuſe par deſſus le goût éternel
de l'amour en ſoi » & en éminence de
repos.
C H A P I T R E X IV.
De la Foi.
- º C H A p f r R E X V. »ſº
- º tº : 2º , 21 # : # | j,og
De la fºce, patience, cºnſtance & geners
· · º · fité d'eſprit, '' • !
#!
# * : 1o. La P A T I E N c E qui ſe laiſſe
# vaincre par la durée, montre que le
;# fonds d'où elle procede eſt encore im
parfait. -- - - - "
c H a P 1 r R e xv I.
De l'amoureuſe Reſignation & Renonciation de
mous mémes dans la croix & la tribulation.
" .
N 5 21.Les
298 Maximes Spirituelles.
2 I. Les miſéres auſquelles le peché
nous a aſſervis ſont l'uſure que nous
payons pour le plaiſir que nous y avons
ris: mais la miſere des miſéres eſt d'ig
norer cette verité, & ne s'eſtimer pas
miſérables parmy tant de miſéres.
22. La tribulation eſt le ſort le plus
defiré des juſtes: c'eſt leur riche poſ
ſeſſion & leur héritage en ce:te vie :
|
elle leur ſert a conſerver & à augmen
ter la grace de Dieu en eux 2 la te
nant ſaine & pure : & tout ainſi que
le feu épure les metaux , de méme la
tribulation épure l'ame des juſtes.
23. La tribulation eſt le plus grand
tréſor dont Dieu puiſſe honorer ſes
amis en cette vie. Ainſi les mauvais
hommes ſont trés-utiles pour le bien
des bons; & méme les Diables, quoi
qu'avides de nôtre ruine , nous font
le plus grand bien qu'on ſauroit pen
fer en nous afligeant. . '
24 La tribulation ſeule, méme dans
les hommes communs, les peut par
elle rendre ſaints, & méme de grands
ſaints , quoi qu'ils n'aient jamais été
à Dieu par voye d'eſprit ni par la con
templation : car, à le bien prendre »
la tribulation eſt la cime de toute la
vie active; & il y a pluſieurs grands
ſaints au Ciel qui n'ont jamais été
grands contemplatifs,
· · · | | , * •
qui ſont ſaints
pour
Ch. XVI. Reſignation é Renone. º299
pour n'avoir fait toute leur vie qu'en
durer ſaintement avec quelque dévo
·ite élévation d'eſprit & bde coeur à
· Dieu. : e g } iiº 2 ... • i • , ,
· s 25, La tribulation amoureuſe eſt la
médecine des eſprits malades & le preſ
ſoir des bons, d'où s'exprime le vin
délicieux duquel nôtre Seigneur mé
me daigne bien boire à plaiſir.it ,
#, 26. Quand Dieu crucifie l'ame au
plus profond d'elle méme, la créat .
rºne la peut conſoler : au contraire,
#lle ne lui ſert que pour l'affiger par
ſes conſolations ies plus intimes. #
27 Ceux qui ſont dans les croix &
les mortelles angoiſfes des ſouſtra .
ctions divines, étantalors indigens &
Pour eux & pour autrui, on ne doit
pas les faire ſortir à des paroies de lon
gue haleine : car autant de paroles
qu'on les contraint demettre en avant,
leur ſont autant de coups perçans &
, mortels : · · : · u ' ! ºo - 12
tº28. Quiconque ne ſoufre point ,
méme extrémement,: eſt bien éloigné
de ſe pouvoir connoitre : & tandis
qu'il en ſera ainſi , il aura trés-juſte
& trés-profond ſujet de ſe défier de
ſoi , & de s'humilier profondément en
ſon néant devant la Majeſté de Dieu.
, 29. La pure & profonde ſoufrance
furpaſſe
- i,
autanttoute
N 6
action, queplitude
i'am
A
#
o3©e •^ so« Màximes Spirituelles. - ·ti, -
C H A P 1 T R E X l X.
De la sagºſſe divine
*, ſ , -
· c H A • 1 r R e xx.
De l'Abſtraction, de la Simplicité, &
de la Liberté des Enfans de Dieu.
-" , I• IL y a pluſieurs genres D'A B
-,. * s T R A c r 1 o N s. Les uns ſont
(I) abſtraits en nature & dans la force
.beſtiale de leur imagination. Ceux
qui ſont (2) moraus , ſont abſtraits au
plus haut de la raiſon. (3) Les vrai
ment ſpirituels le ſont ſurnaturelle
ment » au pius haut de l'eſprit. Et les
autres (4) le ſont encore plus nuement
& ſimplement , étant tout-eſſentiels.
2 Celui qui ne s'empéche de rien
au dehors ſinon prudemment & en
,
choſes qui le touchent d'ofice, eſt par
fait. Ces eſprits-là ſont rares en un
corps. Ils font gloire de beaucoupé
couter & peu parler, de vaquer à ſoi
méme en profonde attention , & en
abſtraction du dehors » dont ils n'ont
que le ſens frapé.
3. Celui qui n'eſt point abſtrait du
viſible
ſI) Les artiſans inventifs , les géométres , les
critiques de goût fin.
(*) Les Philoſophes de morale & de metaphy
Jique. Les ſpirituels de ſpeculation.
(3) Les ames ſaintes &- contemplatives.
(4) Les ames transformées & déifiées.
Ch.XX. Abſtraction, Simplicité. 337
viſible & ſenſible, demeurera toûjours
ataché à ſoi-méme , & ne jouira ja
mais de la vraye liberté de cœur &
d eſprit : d'autant que les frequens
deſordres de la part des créatures s'o
poſeront inceſſamment à ſes deſſeins,
ou plûtôt à Dieu dans lui.
4. Quiconque n'eſt pas veritable
ment abſtrait en totale perte de ſoi
méme , n'eſt nullement capable des
lumiéres & vérités de l'eſprit.
5. Il y a trois états de s I M P L I
c I T E'. Le premier eſt d'étre mort à
force de s'écouler en Dieu par l'action
& l'élevation de Dieu dans ſes puiſ
ſances. Le deuſiéme eſt, de ne vou
loir point refléchir ſur les objets les
plus ſimples de l'eſprit pour y raiſon
ner de propos delibéré ſi la choſe ne
nous touche d'ofice. Le troiſiéme ,
qui répond du tout à l'eſprit, fait non
ſeulement ce que deſſus, mais encore
il tient ſon ſujet mort par deſſus tou
te aprehenſion & connoiſſance : [il
le tient] ſtable & arété à tout endu
rcr d'une trés-haute & trés-forte ma
niére , ſans ſortir jamais de là pour
quoi que ce ſoit.
6. La ſimplicité eſt une lumiére in
fuſe de Dieu dans l'ame , qui croiſ
ſant peu à peu , la rend ſimple ; &
dont l'ame étant aléchée , elle quitte
' P volcn
338 Maximes Spirituelles.
volontiers tous les plaiſirs & ſentimens
beſtiaus de la vie préſente , qui en
comparaiſon de cette douce lumiére
ne ſont que menſonge & fauſſeté.
- 7. La fineſſe , la duplicité, la ſi
mulation , l'artifice & l'eſprit de poli
ce, ſont l'enfer des ames ſimples.
- 8. L'Eſprit ſimple, vraiment mona
cal & clauſtral , eſt aujourdhui chan
gé en un Eſprit tout politique. Et au
jourdhui en nous tous , ô douleur !
nôtre principale fin & nôtre formel,
eſt la police , qui nous emporte &
nous entraine aprés elle.
- 9. ll eſt impoſſible que par les fre
quents attouchemens de Dieu l'ame ne
devienne ſimple ſi elle eſt fidelle.
- 1o. La ſimplicité abhorre comme la
mort l'extroverſion , les images & les
figures, & toute recreation des ſens.
Que ſi l'ame ſainte accepte quelques
fois quelque ſainte recreation , ce n'eſt
que par dehors & à regret ; parce que
tout ſon plaiſir eſt au dedans, où eſt
ſon Roi, avec lequel elle prend ſon
repos & tout ſon contentement.
- I I. Il eſt impoſſible que les natu
res aucunement reformées , & qui
néanmoins ſont demeurées trop acti
ves » Puiſſent jamais arriver au point
de la parfaite ſimplicité : d'autant qu'ils
rodent toûjours au dehors par les ima
ges
Ch.XX. Abſtraction , Simplicité. 339
ges & figures qui vivent trop en eux
| 12. La ſouveraine L I B E R T E" de
l'homme eſt en Dieu : & cela a fort
grande gradation avant [le terme del
ſa conſommation : mais quand tout
l'homme eſt conſommé en état paſſif
#! & fruïtif, alors ſa liberté eſt divine
en quelque façon , & ſemblable à cel
le des bien-heureux. - ,,,.
| 13. Les hommes profondément ſpi
rituels font & diſent ce qu'ils veulent,
& comme ils le veulent , en leur a
mour, en leur lumiére, en leur état
trés-déïforme, en l'éminence de l'Eſ
prit de Dieu , dans lequel ils reſident
ſuréminemment ; & ſont ſouveraine
ment libres en leurs operations , ſans
º}
ſe ſoucier plus que de raiſon du juge
ment des hommes : parcequ'ils ne vi
vent ni pour les hommes ni pour eux
mémes; mais en Dieu & de Dieu.
I4. Plus on eſt parfait , plus eſt-il
loiſible de faire & dire pluſieurs cho
ſes : mais il ne faut jamais agir ni par
ler hors de l'expédicnt.
15. La liberté divine tient ſon ſujet
toujours également, hau ement, pro
fondément & immobilement élevé &
uni à Dieu , en trés-haute ſimilitude
de lui-méme, mourant inceſſamment
à tout le créé, & vivant par ce mo
yen tranquilement &
-
pacifiquement
P 2 élevè
\
L E'T