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Insuffisance respiratoire
chronique et personne âgée
z L’insuffisance respiratoire chronique est une entité complexe, d’étiologie et de mécanismes DANIEL COBARZAN
physiopatologiques variés z Elle se caractérise principalement par la difficulté du système ventilatoire
à assurer une hématose correcte au repos, avec comme conséquence initiale la baisse de la
pression artérielle en oxygène z La prise en charge est adaptée à chaque étiologie et a pour objectif
de compenser la défaillance ventilatoire et d’assurer l’oxygénation de l’organisme.
Chronic respiratory failure and the elderly patient. Chronic respiratory failure is a complex entity
of varied etiology and physio-pathological mechanisms. It is mainly characterised by the respiratory
system’s difficulty in ensuring correct aeration at rest, resulting initially in insufficient oxygenation of
arterial blood. Treatment is adapted to each etiology and aims to compensate for respiratory failure
and to ensure the oxygenation of the organism.
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z Une atteinte des effecteurs diaphragma- prolongée, on peut observer une cyanose faciale
tiques et musculaires respiratoires peut être et des muqueuses, et un aspect en “cuillère” des
responsable d’une IRC dans certains cas : les tétra- ongles,également appelé hippocratisme digital
plégies par section de la moelle cervicale, la sclé- (figure 1).
rose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie z L’expiration prolongée avec les lèvres pincées
de Charcot, la maladie de Parkinson, la myasthé- traduit l’obstruction bronchique. L’utilisation
nie, les dystrophies musculaires, la myasthénie et de la musculature respiratoire accessoire qui com-
la polyradiculonévrite aiguë de Guillain-Barré. prend les muscles scalène, sterno-cléïdo-mastoïdien
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z L’IRC peut être due à des anomalies de la et le diaphragme, avec creusement sus-claviculaire
paroi thoracique avec des perturbations de la et intercostal, montre la fatigue musculaire thora-
mécanique ventilatoire. Les étiologies les plus cique. La respiration au repos est souvent rapide,
fréquentes sont alors le syndrome obésité – hypo- on parle de polypnée. Les phrases sont raccour-
ventilation (indice de masse corporelle > 30 kg/m² cies du fait de la dyspnée. Les patients insuffisants
et pCO2 > 45 mmHg) ; la cyphoscoliose ; le fibro- respiratoires chroniques sont pour la plupart
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concernent l’état du parenchyme pulmonaire des débits, mais leur maniement est rendu délicat
(figure 2). par leurs effets indésirables (tachycardie, cépha-
POUR EN SAVOIR PLUS
z L’électrocardiogramme (ECG) met en évidence lées, agitation). • Camus P. Pneumo clinique.
Paris: Margaux Orange; 1999.
des signes du retentissement sur le ventricule z L’utilisation des corticoïdes par voie géné-
459 p.
droit de l’hypoxémie avec HTAP consécutive. On rale est limitée aux exacerbations spastiques de • Chrétien J, Marsac J.
retrouve un bloc de branche droit et une hyper- la BPCO, et à une durée de dix jours. Pneumologie. Paris: Masson;
trophie ventriculaire et auriculaire droite. z L’oxygénothérapie au long cours, 24h/24, et 1990. 539 p.
• Huchon G, Roche N.
L’échographie cardiaque peut dépister une à faible débit (le plus souvent < 3 L/min afin d’évi- Bronchopneumopathies
HTAP (pression artérielle pulmonaire ou PAP ter l’hypercapnie) est recommandée si la PaO2 en chroniques obstructives. Paris:
moyenne > 25 mmHg) avec dilatation des cavités air ambiant est < 55 mmHg. Les autres indications Margaux Orange; 2003. 800 p.
droites et parfois ouverture du foramen ovale. de l’oxygénothérapie au long cours sont l’hypoxé-
z Les explorations fonctionnelles respira- mie entre 55-60 mmHg accompagnée par une
toires (EFR) identifient dans les insuffisances res- désaturation nocturne, une polyglobulie ou des
piratoires obstructives une baisse des débits signes de cœur pulmonaire chronique. Pour que
(volume expiratoire maximum seconde-VEMS et l’oxygénothérapie au long cours soit efficace, il
rapport VEMS/capacité vitale-CV)(VEMS < 80 % faut l’utiliser au moins 16 heures sur 24 heures.
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et rapport VEMS/CV < 70 % ) avec distension si z La ventilation non invasive (VNI) est recom-
BPCO (augmentation de la capacité pulmonaire mandée dans les BPCO avancées avec existence
totale et du volume résiduel). Dans le trouble d’une hypercapnie majeure (PaCO2 > 50 mmHg), Figure 2. Coupe de scanner
restrictif, les volumes diminuent (capacité vitale, mal tolérée, malgré un traitement optimal, sur- thoracique, identification
de nombreuses bulles
capacité pulmonaire totale), le rapport VEMS/ tout s’il y a un syndrome d’apnées du sommeil d’emphysème.
CV est normal et la diffusion de l’oxyde de car- associé. La ventilation se fait la nuit, si possible,
bone (DLCO) baisse. La mesure des gaz du sang avec deux niveaux de pression (Bilevel Positive
permet la quantification de l’hypoxémie, puis de Airway Pressure, BiPAP).
l’hypercapnie et du degré de compensation méta- z Le traitement antibiotique durant les exacerba-
bolique de l’hypercapnie (réserve alcaline et pH) tions de BPCO sur surinfection bronchique (si au
aux stades avancés de l’IRC. moins deux des quatre critères d’Anthonisen de
surinfection bronchique sont présents : la fièvre,
PRINCIPES DU TRAITEMENT une expectoration plus abondante et/ou plus
sale, une majoration de la dyspnée ) est d’une
z Le sevrage tabagique est le meilleur médica- durée de sept à dix jours et fait appel en première
ment en cas de BPCO post-tabagique. Il permet intention à l’Augmentin® ou à la Pyostacine®.
de ralentir la baisse annuelle du VEMS. z Les patients doivent bénéficier d’une vacci-
z Le traitement broncho-dilatateur est recom- nation antigrippale et contre le pneumocoque.
mandé comme traitement de première intention z Des programmes de réhabilitation pulmo-
dans les insuffisances respiratoires obstructives naire d’une durée de six à huit semaines, incluant
avec un trouble obstructif léger ou modéré, c’est- des séances de kinésithérapie, de soutien psycho-
à-dire avec un VEMS > 50 %. On privilégie, soit les logique, d’entraînement à l’effort et de conseil
bêta-2 adrénergiques de longue durée d’action diététique permettent d’améliorer la perfor-
(formoterol, salmeterol) en deux administrations mance à l’exercice des patients atteints de BPCO.
quotidiennes, soit les anticholinergiques (ipratro-
pium, oxitropium) qui semblent en plus agir sur CONCLUSION Déclaration d’intérêts :
la distension thoracique. Les deux sont délivrés l’auteur déclare ne pas
sous forme inhalée. Les moyens thérapeutiques spécifiques liés à la avoir de conflit d’intérêts
z Les corticoïdes inhalés sont à prescrire en cas prise en charge de l’IRC sont assez limités mais en relation avec cet article.
de trouble obstructif sévère (VEMS < 50 %). On peuvent améliorer le confort respiratoire. L’ob-
dispose aujourd’hui d’associations fixes bêta-2 jectif est de limiter le nombre de décompensa- L’AUTEUR
adrénergiques + corticoïdes inhalés (Sérétide®, tions respiratoires aiguës et de ralentir la Daniel Cobarzan,
Symbicort®) recommandées en cas d’obstruction dégradation respiratoire fonctionnelle. La pro- médecin,
sévère. Elles limitent le nombre des exacerbations phylaxie des épisodes infectieux, par arrêt du service de pneumologie,
CHU Ambroise-Paré,
de BPCO et la baisse annuelle du VEMS. tabagisme, vaccination, et le traitement anti-
AP-HP,
z Les bases xanthiques (théophylline), par voie biotique des épisodes de surinfection bronchique Boulogne-Billancourt
orale ou intraveineuse, ont un effet bronchodila- jouent un rôle important. n (92100)
tateur et permettent l’amélioration de la dyspnée et daniel.cobarzan@apr.aphp.fr
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