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Pratiques parentales et comportements déviants à l’adolescence

par Michel CLAES et Éric LACOURSE

| Presses Universitaires de France | Enfance

2001/4 - Volume 53
ISSN 0013-7345 | ISBN 2130518974 | pages 379 à 399

Pour citer cet article :


— Claes M. et Lacourse N.Pratiques parentales et comportements déviants à l’adolescence, Enfance 2001/4, Volume
53, p. 379-399.

Distribution électronique Cairn pour Presses Universitaires de France .


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Pratiques parentales
et comportements déviants à l’adolescence

PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS...

MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE


Michel Claes1 et Éric Lacourse

RÉSU M É

Cette étude a été réalisée auprès d’un échantillon de 303 adolescents, 170 filles et
133 garçons âgés, en moyenne, de 17 ans 2 mois. Les sujets ont été recrutés dans
quatre lycées situés dans la région parisienne. Cette étude s’est donnée comme princi-
pal objectif d’examiner les liens entre les relations entretenues avec les parents et la
présence de comportements déviants et développer un modèle qui puisse rendre compte
de ces liens au moyen d’une analyse par équations structurales. Les indices
d’ajustement des modèles de mesure a conduit à entreprendre des analyses séparées
pour les garçons et pour les filles. Le modèle structural s’ajuste adéquatement aux
données pour les deux sexes et confirme un parcours qui associe l’attachement paren-
tal et les variables de supervision et de conflits, elles-mêmes associées aux comporte-
ments déviants et à la consommation d’alcool et de drogues. Pour les deux sexes, les
faiblesses de l’attachement parental entraînent des conflits alors que la qualité de
l’attachement garantit la présence de supervision ; la présence de conflits avec la mère
contribue à l’engagement dans des comportements déviants alors que la supervision
parentale entraîne une réduction de ces comportements. Globalement, le sexe discri-
mine les variables examinées. Attachement et pratiques parentales sont plus claire-
ment associés dans le cas des filles. Ces différences sont discutées à la lumière des
pratiques de socialisation particulières aux filles.
Mots clés : Adolescence, Relations parentales, Comportements déviants, Socia-
lisation.

SUM M ARY
The influence of parental practices on adolescent deviant behaviors

The present study examines the influence of attachment and parental practices on
adolescent deviant behaviors. The sample comprised of 170 girls and 133 boys (mean
age : 17,2 years) from four high schools in the area of Paris. The interrelationships of

1. Université de Montréal, Département de psychologie, CP 6128, Succ. Centre Ville,


Montréal (Q) H3C357 Canada.
ENFANCE, n o 4/2001, p. 379 à 399
380 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

attachment and parental practices with deviant behaviors using a structural equation
model were explored. The lack of fit of the measurement model favored the use of a
multiple group structural equation modeling based on gender. The structural model
linking attachment and parental practices to deviant behaviors and alcohol-drug use fit
the data well for boys and girls. For both sexes, a lack of attachment predicts con-
flicts whereas a quality of attachement seems to ensure the presence of parental moni-
toring. The presence of conflicts with the mother contributes to deviant behaviors whe-
reas parental monitoring reduces them. Overall, gender descriminates most variables.
Results suggest a stronger relation between attachement and parental practices for
girls. Gender differences are discussed in light of the socialisation patterns for girls.
Key-words : Adolescence, Family relationships, Deviant behaviors.

L’étude des relations que les adolescents entretiennent avec leurs


parents a connu un développement important au cours des dernières
années. Deux questions principales sous-tendent la réflexion en la matière.
La première cherche à savoir comment se structurent ces relations et com-
ment elles évoluent durant l’adolescence. La seconde question examine les
liens entre la qualité des relations parentales, la présence de difficultés per-
sonnelles ou l’engagement dans des comportements déviants. Ces derniers
travaux cherchent à saisir les facteurs de risque et de protection liés à la
qualité des liens que les adolescents entretiennent avec leurs parents.
L’adolescence constitue un moment privilégié pour expérimenter des
réalités nouvelles en dehors du contrôle parental et de nombreuses études
indiquent un accroissement significatif des conduites déviantes tout au
cours de l’adolescence et une réduction de ces conduites au début de l’âge
adulte (Moffit, 1993 ; Rutter, Giller et Hagel, 1998). Beaucoup de garçons
et de filles vont expérimenter pour la première fois durant l’adolescence
des conduites comme la consommation d’alcool et de drogues ou
vont s’engager dans des actes délictueux tels le vandalisme ou le vol.
Certains adolescents vont s’engager dans une constellation de conduites
déviantes (Jessor, Donovan et Costa, 1991). Ce groupe présente des ris-
ques sérieux de connaître des problèmes qui menacent la croissance et
hypothèquent le développement ultérieur : échec et abandon scolaire,
consommation abusive d’alcool et de drogues ou perpétuation des
conduites délinquantes.
Les chercheurs qui examinent les causes de l’engagement dans des com-
portements déviants à l’adolescence considèrent que ce phénomène est
déterminé par le jeu de facteurs multiples tels que des facteurs génétiques et
des dimensions issues du contexte social (Rutter, Giller et Hagel, 1998). Ces
chercheurs considèrent toutefois que les problèmes reliés à une éducation
familiale inadéquate augmentent les risques de voir des difficultés surgir au
cours du développement. Trois principaux facteurs familiaux contribuent
à l’éclosion et au maintien de ces problèmes : la piètre qualité de
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 381

l’attachement parental, la présence de conflits sévères entre adolescents et


parents et l’exercice inadéquat du contrôle parental (Brook et al., 1997 ;
Barrera et Li, 1996).
De nombreuses études indiquent que l’attachement, le support et la
proximité avec les parents durant l’enfance et l’adolescence ont des effets
bénéfiques sur le développement, tout en offrant une protection importante
contre la détresse psychologique et l’engagement dans des comportements
déviants (Brook et al., 1997 ; Noller, 1994 ; Loeber, 1990). Ces liens se révè-
lent très consistants à travers les cultures et les différents groupes sociaux
(Barber, 1992 ; Brook et al., 1997, Barrera, Li, Biglan, Ary et Duncan,
1998). Un nombre croissant de données montrent en revanche que le déta-
chement ou la pauvreté du support parental sont associés à un certain
nombre de difficultés dans le développement (Barrera et Li, 1996). Les rela-
tions entre parents et adolescents connaissent un réaménagement majeur
durant l’adolescence mais cette évolution ne s’accompagne nullement d’une
rupture des liens d’attachement (Noller, 1994 ; Steinberg, 1990). L’accès à
l’autonomie et la construction de l’identité à l’adolescence se réalisent adé-
quatement dans un cadre de support et d’acceptation parentale (Groote-
vant et Cooper, 1986). Le détachement à l’égard des parents ne constitue
une réalité développementale ni habituelle ni souhaitable et s’accompagne
fréquemment de problèmes tels que difficultés psychologiques et problèmes
de comportement (Steinberg, 1990).
De nombreuses études indiquent par ailleurs que des relations parenta-
les caractérisées par la coercition, l’hostilité ou la présence de conflits sont
des signes de dysfonctionnement familial qui s’accompagnent de difficultés
personnelles chez les adolescents (Patterson, 1982). Les adolescents qui
vivent dans de tels contextes familiaux présentent des risques accrus de
développer des comportements déviants (Loeber et Stouhammer-Loeber,
1986). La présence de conflits entre parents et adolescents a pu être reliée à
des comportements tels qu’agression, vandalisme, vol et consommation
d’alcool et de drogues (Brooks et al., 1997 ; Duncan et al., 1998).
Une série de travaux se sont attachés à examiner la supervision paren-
tale ou ce que les Anglo-Saxons nomment le « monitoring ». Ce terme fait
appel aux diverses pratiques mises en place par les parents en vue de pro-
mouvoir chez leurs adolescents des conduites conformes aux impératifs
scolaires et sociaux : convenir des règles, imposer des limites et être
informé de ce qui se passe dans la vie des adolescents, en dehors de la
sphère familiale, à l’école ou avec les amis (Bornstein, 1995). La présence
de telles formes de supervision parentale durant l’adolescence est en lien
direct avec la réussite scolaire et la persistance dans les projets scolaires et
professionnels (Patterson, Reid et Dishion, 1992). Des études menées res-
pectivement par Herman et al. (1997) ainsi que Barber et Olsen (1997)
indiquent que la supervision parentale constitue un puissant facteur de
protection contre la déviance telles que délinquance et consommation
d’alcool et de drogues.
382 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

Comme le souligne l’ouvrage édité par Braconnier et al. (1995), le sexe


constitue un important facteur différentiel lorsque l’on examine les divers
indicateurs de troubles durant l’adolescence. Les statistiques officielles de
délinquance, comme les enquêtes demandant aux adolescents de révéler
s’ils ont commis des actes socialement répréhensibles, indiquent un désé-
quilibre très significatif en faveur des garçons. Des différences apparaissent
également lorsqu’on examine le type de délit ; les filles commettent plus de
vols, notamment des vols domestiques alors que les garçons s’engagent
plus souvent dans des offenses plus sévères : violence, atteinte à la pro-
priété privée et vente de drogues (Rutter, Giller et Hagel, 1998). Ces
observations incitent plusieurs auteurs à aborder séparément ces questions
auprès des filles et des garçons (Barrera, 1998 ; Tildesley, Hops, Ary et
Andrews, 1995).

Objectifs de l’étude

Cette étude s’est donnée trois objectifs :


1 / examiner la perception des pratiques parentales auprès d’un échantillon
d’adolescents parisiens, en tenant compte de quatre sources de variation :
le sexe, l’école, l’origine ethnique et la structure de la famille ;
2 / examiner la présence de comportements déviants autorapportés dans cet
échantillon, en tenant compte des mêmes sources de variation ;
3 / examiner les liens entre les pratiques parentales et la présence de com-
portements déviants et développer un modèle qui puisse rendre compte
de ces liens.
Le modèle retenu examine les liens entre l’attachement, le contrôle, la
présence de conflits et l’engagement dans des comportements déviants, en
considérant que le contrôle parental et la présence de conflits entre parents
et adolescents agissent comme variables proximales sur la déviance, alors
que l’attachement agirait comme variable distale. Ce modèle s’inspire des
réflexions théoriques formulées par Van Yzendoorn (1997). Celui-ci consi-
dère que les problèmes précoces d’attachement sont au cœur et à l’origine
des problèmes de déviance à l’adolescence. Les liens d’attachement se cons-
truisent très tôt, dès les premiers jours de l’existence humaine et vont struc-
turer ultérieurement les rapports entre parents et enfants. Les déficits pré-
coces de l’attachement vont entacher les relations parents/enfants et
entraîner des difficultés d’obéissance et de conformité aux consignes paren-
tales. L’hostilité qui sous-tend les rapports suscite des conflits et perturbe
l’exercice du contrôle parental, ce qui se traduit par le retrait de l’affection,
l’absence de supervision ou par l’usage de formes de contrôles contrai-
gnantes, punitives ou coercitives.
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 383

MÉTHODE

Sujets

L’échantillon est composé de 303 adolescents, 170 filles et 133 garçons,


situés tous en première année de lycée et âgés, en moyenne, de 17 ans
2 mois. Ces sujets ont été recrutés dans quatre lycées ; deux de ces lycées
sont situés dans Paris intra-muros et les deux autres sont situés dans la
vaste région parisienne.
La classification socioprofessionnelle des parents, établie selon une
échelle proposée par Blishen et al. (1987), situe 41,7 % des pères parmi le
groupe des ouvriers non spécialisés ou qualifiés ; 43,3 % des pères exercent
des professions intermédiaires (techniciens, employés, commerçants) alors
que 15,1 % sont cadres ou exercent des professions libérales. Parmi les mères,
19 % sont au foyer, 38,6 sont ouvrières, 29,8 % occupent des fonctions inter-
médiaires et 12,8 % sont cadres ou exercent des professions libérales.
Quant à la situation familiale, 71,1 % des sujets proviennent de familles
dont les parents sont mariés ou vivent ensemble, 22,4 % ont des parents qui
sont séparés ou divorcés, 3,1 % ont un parent décédé et 3,4 % vivent dans
d’autres situations (famille d’accueil, tuteur, etc.).
64 % des sujets sont de nationalité française. Dans ce groupe, 14 % pro-
viennent de famille dont un des parents est français alors que l’autre parent
est né à l’étranger, 36 % des sujets ont leurs deux parents d’origine étran-
gère. Dans la majorité des cas (68 %), les parents d’origine étrangère pro-
viennent du Maghreb alors que la plupart des autres proviennent du bassin
méditerranéen (Portugal, Espagne, Italie).
Ces différents indicateurs sociodémographiques laissent entendre que
cet échantillon est différent de l’échantillon des adolescents français exa-
miné lors de l’étude épidémiologique nationale réalisée par Choquet et
Ledoux (1994). Le statut socioprofessionnel des parents est plus faible, le
taux de séparation et divorce plus élevé et le taux d’adolescents vivant dans
des familles étrangères est sensiblement plus important que ceux de
l’échantillon parisien de Choquet et Ledoux (1994).

Instruments de mesure

Les données ont été recueillies au moyen d’un questionnaire autodes-


criptif évaluant deux dimensions : 1 / les pratiques parentales telles que per-
çues par l’adolescent ; 2 / la présence de comportements déviants tels que
rapportés par l’adolescent.
1. Attachement envers la mère et le père. Il s’agit d’un questionnaire qui
s’inspire largement de l’échelle caring du Parental Bonding Instrument de
384 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

Parker et al. (1979). L’échelle est composée de 17 items et l’analyse facto-


rielle confirmatoire indique la présence de 3 facteurs : affection (ex. : ma
mère me parle avec une voix chaleureuse et amicale) ; empathie (ex. : mon
père paraît comprendre mes problèmes et mes inquiétudes) et rejet (ex. : ma
mère me fait sentir que je suis de trop). La structure factorielle est compa-
rable pour la mère et le père. Les indices alpha de consistance interne sont
respectivement les suivants : affection mère, alpha = .86 ; affection père,
alpha = .90 ; empathie mère, alpha = .84 ; empathie père, alpha = .86 ; rejet
mère, alpha = .82 ; rejet père, alpha = .80. Un score élevé aux facteurs
affection et empathie indique la présence accrue de ces facteurs, alors qu’un
score faible au facteur rejet indique la présence de rejet parental.
2. Conflits avec la mère et avec le père. Cette mesure est composée d’une
série de 7 conflits provenant de l’Issue Checklist de Printz et al. (1979). Le
sujet doit indiquer si une question particulière (résultats scolaires, tâches
domestiques, vêtements, etc.) fait l’objet de conflits selon une échelle de fré-
quence en 4 points. L’analyse factorielle indique la présence d’un seul fac-
teur (alpha mère = .72 ; alpha père = .76). Un score élevé indique la pré-
sence accrue de conflits.
3. Supervision parentale. Cette échelle est composée de 6 items et a été
construite à partir des travaux de Brown et al. (1993). L’échelle fait appel
au fait que les parents sont informés des comportements de l’adolescent en
dehors de la maison (quand je sors le soir, mes parents savent avec qui je
suis ; ils savent à quelle heure je vais rentrer). Cette échelle est constituée
d’un seul facteur (alpha = .74). Un score élevé indique la présence accrue de
supervision.
4. Tolérance parentale. Il s’agit d’une mesure originale qui s’appuie sur
les travaux de Patterson (1982) et qui examine selon une échelle en
5 points la tolérance des parents à l’égard d’un certain nombre de com-
portements qui concernent la fréquentation des amis en dehors de la mai-
son. L’analyse factorielle indique la présence d’un seul facteur qui
concerne la tolérance des parents face aux comportements à l’extérieur de
la maison (ex. : j’ai le droit de rencontrer mes amis après l’école durant les
jours de semaine). Alpha = .82. Un score élevé indique une plus grande
tolérance parentale.
5. Délinquance autorévélée. Il s’agit de 12 énoncés du questionnaire
construit par Fréchette et Leblanc (1979) demandant à l’adolescent s’il a
commis des actes déviants dans quatre domaines : 1 / le vandalisme (ex. :
as-tu endommagé ou détruit exprès des objets qui ne t’appartenaient
pas ?) ; 2 / le vol (ex. : as-tu pris quelque chose d’une grande valeur – 400 F
ou plus – qui ne t’appartenait pas ?) ; 3 / la violence (ex. : t’es-tu battu(e) à
coups de poing avec d’autres personnes ?) ; 4 / la consommation d’alcool et
de drogues douces (ex. : as-tu pris de la marijuana ou du haschich ?).
Chaque fois les réponses sont échelonnées sur une échelle en 4 points :
jamais, une ou deux fois, parfois, souvent. Les indices alpha de consistance
des diverses échelles sont les suivants : violence = .69, vandalisme = .70,
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 385

vols = .75, alcool et drogues douces = .63. Un score élevé indique la pré-
sence accrue d’actes délinquants.
L’ensemble du questionnaire a été appliqué dans les classes au cours
d’une période normale de cours. La libre participation des élèves a été solli-
citée et il n’y a pas eu de refus. Quelques questionnaires ont été rejetés en
cas de doute du sérieux des réponses. La passation était totalement ano-
nyme, les sujets n’avaient pas à écrire leur nom ou une quelconque infor-
mation susceptible de pouvoir les identifier, comme leur date de naissance
par exemple. L’expérimentateur était seul dans la classe en l’absence d’un
professeur ou d’un surveillant ; il a fait appel à la sincérité des réponses, en
se portant garant qu’aucune information individuelle ne serait commu-
niquée ni à l’école ni aux familles.

Mode d’analyse

Cet article se propose en premier lieu d’entreprendre une description des


résultats en tenant compte de diverses sources de variation, en faisant appel
aux analyses de variance multivariées ainsi que l’analyse de chi-carré. Un
niveau de probabilité de .05 a été retenu pour tester la présence de différen-
ces significatives. Une analyse par équations structurales a permis de tester le
modèle reliant les variables. Cette dernière procédure sera décrite plus loin.

RÉSULTATS

Les pratiques parentales

Quatre sources de variation ont été prises en compte dans l’analyse des
résultats obtenus aux échelles qui examinaient les pratiques parentales :
l’école fréquentée, le sexe, l’origine ethnique et la structure familiale. Pour
chacune de ces sources de variation, une analyse multivariée a été effectuée
pour l’ensemble des variables parentales ; lorsque celle-ci a donné lieu à des
différences significatives, une analyse univariée a été menée auprès de cha-
cune des variables.
L’analyse multivariée (MANOVA) indique que l’école fréquentée ne discri-
mine pas les réponses aux diverses échelles mesurant les pratiques parenta-
les (F(10,302) = 1,58, n.s.). En revanche, le sexe discrimine ces réponses
(F(10,302) = 6,40 ; p < .001). Comme il apparaît au tableau 1, les analyses
univariées indiquent des différences significatives pour les échelles rejet
maternel (F(1,302) = 11,64, p < .001), empathie paternelle (F(1,302) = 5,52 ;
p < .01) et tolérance parentale (F(1,302) = 8,46 ; p < .01). Les filles perçoi-
vent plus le rejet maternel, moins l’empathie paternelle et se voient plus
souvent l’objet de restrictions parentales par rapport aux garçons.
386 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

TABLEAU 1. — Moyenne et écarts types des pratiques parentales


selon le sexe, la nationalité et la structure familiale

Structure
Sexe Nationalité familiale

Gar- Fran- Immi- Bi- Divorce-


çons Filles çais grants parent. sép.

Affection M. 11,60 11,51 11,85 10,99 11,36 12,33


mère d.s. 3,12 3,49 3,13 3,64 3,39 3,03
Empathie M. 17,39 16,70 17,34 16,45 16,80 17,98
mère d.s. 4,08 4,77 4,36 4,64 4,49 4,17
Rejet M. 25,06 23,46** 24,51 23,56 24,20 24,32
mère d.s. 3,10 4,69 3,86 4,61 4,23 3,67
Conflits M. 15,09 15,40 14,83 15,90 15,40 14,57
mère d.s. 4,27 4,36 4,20 4,35 4,32 4,25
Affection M. 9,44 9,99 9,73 9,76 9,44 10,57
père d.s. 3,31 3,64 3,39 3,80 3,60 3,45
Empathie M. 14,74 13,50** 14,06 13,93 13,83 14,47
père d.s. 4,41 4,88 4,60 5,01 4,76 5,03
Rejet M. 22,96 21,97 22,76 21,74 22,50 22,02
père d.s. 4,06 4,77 4,28 4,85 4,66 4,32
Conflits M. 13,68 13,73 13,24 14,52** 13,95 12,88
père d.s. 4,48 4,55 3,98 5,32 4,86 3,68
Supervision M. 16,44 17,01 17,07 16,33 16,63 17,05
parentale d.s. 4,20 4,17 3,95 5,58 4,22 4,37
Tolérance M. 12,60 11,23** 13,23** 9,27 11,27 13,29**
parentale d.s. 4,03 4,07 3,56 3,73 4,04 3,66

** = p < .01.

L’immigration différencie également les réponses aux variables parenta-


les (F(10,295) = 9,39 ; p < .001). Les résultats vont tous dans le même sens :
les adolescents ayant des parents d’origine étrangère perçoivent moins
d’affection et d’empathie de la part de leurs deux parents ; ces différences
ne sont toutefois pas significatives. Deux échelles donnent lieu à des diffé-
rences significatives : les adolescents dont les parents sont d’origine étran-
gère perçoivent moins de tolérance de la part de leurs parents
(F(1,295) = 80,99, p < .001) et plus de conflits dans leurs relations avec le
père (F(1,295) = 5,53 ; p < .01).
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 387

Le statut marital des parents discrimine également les réponses aux


échelles évaluant les pratiques parentales. L’analyse multivariée a opposé le
groupe des sujets vivants avec leurs deux parents et le groupe des adoles-
cents ayant vécu le divorce ou la séparation des parents et a identifié
des différences significatives entre ces deux groupes (F(10,281) = 2,67 ;
p < .003). Une tendance inattendue ressort des résultats : le groupe des ado-
lescents ayant vécu la séparation parentale perçoivent plus l’affection et
l’empathie maternelle et paternelle et vivent moins de conflits avec chacun
des parents ; ces différences ne sont toutefois pas significatives. Une seule
échelle donne lieu à des différences significatives aux analyses univariées :
les adolescents ayant vécu le divorce ou la séparation parentale estiment
que leurs parents sont plus tolérants et imposent moins de limites
(F(1,281) = 13,52 ; p < .001).

Les comportements déviants

Les quatre mêmes sources de variation ont été prises en compte dans
l’analyse des résultats obtenus à l’échelle qui examinait la présence de
comportements déviants : l’école fréquentée, le sexe, l’origine ethnique et
la structure familiale. Les analyses multivariées indiquent que ni l’école
fréquentée, ni l’origine ethnique, ni la structure familiale ne différencient
les réponses. Seul le sexe discrimine les réponses (F(4,302) = 10,18 ;
p < .001). Les analyses univariées indiquent des différences significatives à
l’échelle vandalisme (F(1,302) = 23,38 ; p < .001) et à l’échelle violence
(F(1,302) = 44,44 ; p < .001). Dans ces deux cas, les garçons rapportent
un taux nettement supérieur de comportements déviants par rapport aux
filles. Les échelles vol et drogue ne donnent pas lieu à des différences entre
les sexes.
Le tableau 2 indique certains actes déviants tels que rapportés par les
garçons et les filles. Certains comportements déviants apparaissent nette-
ment masculins : c’est le cas du vandalisme, des comportements violents et
des vols importants. La consommation de drogues douces et d’alcool est
le fait des filles et des garçons. Plus de 50 % des filles et des garçons
reconnaissent s’être déjà saoulés avec de l’alcool ; 44 % des garçons
et 36 % des filles reconnaissant avoir déjà consommé de la marijuana ; de
ce groupe 17 % des garçons et 8 % des filles se déclarent consommateurs
réguliers.

Procédures de l’analyse par équations structurales

L’analyse par équations structurales a été exécutée au moyen du


logiciel Amos, utilitaire du logiciel général SPSS 7,5. La méthode
d’estimation retenue est celle de la vraisemblance maximale (maximum
388 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

TABLEAU 2. — Fréquences de certains actes déviants


selon le sexe (en pourcentages)

Une fois Plusieurs


Actes déviants Jamais ou deux fois Souvent CHI2 (1)

Vandalisme
Détruire des objets
Garçons 52,7 30,2 8,5 8,5 15,1**
Filles 70,4 22,5 5,9 1,2
Total 62,8 25,8 7,0 4,4

Vol
Vol grande valeur (400 F et +)
Garçons 71,0 22,9 3,8 2,3 31,8**
Filles 94,1 3,5 0,6 1,8
Total 84,1 12,0 2,0 2,0

Violence
Se battre
Garçons 30,5 32,1 30,5 6,9 37,9**
Filles 61,8 26,5 8,2 3,5
Total 48,2 28,9 17,9 5,0
Porter une arme
Garçons 54,5 24,2 10,6 10,6 25,5**
Filles 81,8 13,5 2,4 2,4
Total 69,9 18,2 6,0 6,0

Alcool et drogues
Alcool (s’être saoulé)
Garçons 48,1 19,8 12,2 19,8 8,7 n.s.
Filles 48,8 23,8 18,5 8,9
Total 48,5 22,1 15,7 13,7
Marijuana ou haschich
Garçons 56,1 16,7 10,6 16,7 8,0 n.s.
Filles 64,1 11,8 15,9 8,2
Total 60,6 13,9 13,6 11,9
Hallucinogènes (LSD)
Garçons 85,8 6,3 5,5 2,4 4,86 n.s.
Filles 91,1 5,9 1,2 1,8
Total 88,9 6,1 3,0 2,0
1
( ) Les valeurs de CHI2 indiquent la présence de différences entre la fréquence des com-
portements déviants chez les garçons et les filles.
** = p < .01 ; n.s = valeurs de CHI2 non significatives.
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 389

likelihood). Cette méthode s’avère robuste pour traiter des données distri-
buées normalement et anormalement (Windle, Barnes et Welte, 1989 ;
Reifman et Windle, 1995). Trois indices permettent de tester l’adéquation
du modèle. L’indice GFI (goodness-of-fit index) estime la quantité
d’information contenue dans la matrice variance/covariance que le modèle
permet d’expliquer. Cet indice doit être supérieur à .90 pour pouvoir
considérer le modèle hypothétique comme bien ajusté (Mueller, 1996).
L’indice CFI (comparative fit index) compare le modèle hypothétique avec
un modèle indépendant qui stipule l’absence de corrélations entre les
variables mesurées ; ici aussi un résultat supérieur à .90 indique un bon
ajustement du modèle. L’indice RMSEA (root mean square error of approxi-
mation) rend compte du degré d’erreur d’approximation dans la popula-
tion. Une valeur de RMSEA inférieur à .05 indique un bon ajustement du
modèle.
Plusieurs étapes ont conduit à l’élaboration du modèle final. En premier
lieu, un modèle de mesure a été mis en place, pour les garçons et les filles,
afin de vérifier l’adéquation des construits hypothétiques latents. Par la
suite, un modèle structural de médiation fut testé pour les deux groupes.
Enfin, l’invariance des modèles structuraux fut testée à l’aide d’analyses de
groupes multiples (Galaif, Chou, Sussman et Dent, 1998).

Modèles de mesure

Le modèle préconise la présence de trois construits hiérarchiques


latents : attachement à la mère (trois mesures : affection, empathie, rejet),
attachement au père (trois mesures : affection, empathie, rejet) ainsi qu’un
construit latent de déviance générale (quatre mesures : vandalisme, vol, vio-
lence et alcool et drogues). Dans ce modèle, les covariances entre les erreurs
résiduelles des mesures d’attachement à la mère et au père sont modélisées,
puisqu’il s’agit de mesures identiques. De plus, des pseudo-variables laten-
tes sont modélisées à partir des mesures uniques de conflits, de supervision
et de tolérance. La fidélité de ces mesures fut considérée en fixant les
erreurs de mesure. L’annexe A présente les corrélations entre les variables
mesurées pour les filles et les garçons.
Il est apparu qu’un construit général de déviance regroupant les quatre
dimensions initiales ne s’ajustait pas adéquatement aux données dans le cas
des filles (Chi 2 = 118,50, dl = 53 ; GFI = .91 ; CFI = .94 ; RMSEA = .09). Des
résultats similaires furent constatés par Tildesly, Hops, Ary et Andrews
(1995). Il a donc été décidé de considérer deux facteurs pour le modèle
structural : un facteur général de déviance (vandalisme, vol et violence) et
un facteur associé à la consommation d’alcool et de drogues douces (mari-
juana, hachich, LSD ). Le facteur déviance générale a été considéré comme
une cause possible de consommation d’alcool et de drogues douces tel que
proposé par Rutter, Giller et Hagel (1998).
390 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

Modèles structuraux : analyse des parcours


entre les facteurs familiaux et les comportements déviants

Fig. 1. — Modèle hypothétique des liens entre l’attachement parental,


les pratiques parentales, les comportements déviants
et la consommation d’alcool et de drogues

Le modèle structural tel que présenté à la figure 1 implique une média-


tion complète entre les construits d’attachement et les construits de
déviance générale et de consommation d’alcool et de drogues douces par les
variables de contrôle parental et la présence de conflits. Le modèle fait
appel à quatre variables médiatrices : la supervision parentale, la tolérance
parentale, la présence de conflits avec la mère, et la présence de conflits
avec le père. Comme il apparaît dans les analyses séparées pour les garçons
et pour les filles au tableau 3, une telle approche s’ajuste adéquatement aux
données pour les garçons et pour les filles.
Suite à cette étape, les analyses multigroupes furent adoptées pour
explorer l’invariance des paramètres du modèle dans les deux groupes.
Comme il apparaît dans la section analyses multigroupes du tableau 3, plus
il y a de paramètres contraints à être équivalents dans les deux groupes,
moins le modèle s’ajuste aux données. La différence significative de chi-
carré pour chaque modèle confirme cette réalité.
L’analyse d’invariance non concluante nécessite l’exploration des diffé-
rents paramètres relatifs aux coefficients de saturation et de parcours pour
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 391

TABLEAU 3. — Sommaire des indices d’ajustement des modèles

X2
2 2/df
X df X diff. GFI CFI RMSEA

MODÈLES DE MESURE

Analyses séparées des


échantillons
Garçons 76,32 53 1,44 .93 .97 .06
Fillesa 83,98 52 1,62 .95 .97 .06

MODÈLES STRUCTURAUX

Analyses séparées des


échantillons

Garçons 95,55 62 1,54 .91 .95 .06


Fillesa 97,63 61 1,60 .93 .97 .06

Analyses multigroupes
Modèles de base a 193,20 123 1,57 .92 .96 .04
Poids factoriels
invariantsa 210,92 129 1,64 17,47** .91 .95 .05
Parcours invariants a 234,44 144 1,63 23,52 .91 .95 .05

a. La covariance entre les mesures résiduelles des mesures consommation de drogue et


d’alcool est modélisée pour le groupe des filles.
** = p < .01.

le groupe des filles et des garçons. Le tableau 4 présente les différents coef-
ficients de saturation estimés pour les deux groupes.
Il apparaît que la variable rejet maternel a un coefficient de saturation
sur le construit d’attachement maternel significativement plus faible dans le
cas des garçons que dans celui des filles. Pour les deux autres variables
latentes, attachement paternel et comportements déviants, les structures
factorielles sont comparables pour les deux sexes.
L’analyse des coefficients de parcours indique que les déficits de
l’attachement au père et à la mère entraînent la présence de conflits avec
chacun des parents et ceci pour les deux sexes. Ce lien est particulièrement
marqué dans le cas de la mère. La qualité de l’attachement maternel et
paternel a une influence significative sur la présence de supervision paren-
tale chez les deux sexes ; ce lien est toutefois plus marqué dans le cas des fil-
les, expliquant jusqu’à 52 % de la variance. Enfin, un lien apparaît entre
392 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

T ABLEAU 4. — Coefficients de saturation entre les variables mesurées


et les variables latentes

Coefficients de saturation ( 1)

Variables latentes de Garçons Filles Ratio


l’analyse multigroupe (n = 130) (n = 170) critique (2 )

Attachement mère
1. Affection 1,00** (.85) 1,00** (.85) 0,00
2. Empathie 1,21** (.79) 1,44** (.89) – 1,47
3. Rejet 0,78** (.68) 1,29** (.83) – 3,91**
Attachement père
1. Affection 1,00** (.81) 1,00** (.90) 0,00
2. Empathie 1,36** (.84) 1,24** (.83) – 0,68
3. Rejet 1,07** (.71) 1,20** (.81) – 0,86

Comportements déviants
1. Vandalisme 1,00** (073) 1,00** (.74) 0,00
2. Violence 1,16** (.64) 1,51** (.70) – 1,18
3. Vols 1,70** (.79) 1,70** (.52) 0,00

(1 ) Le premier coefficient est non standardisé alors que le second coefficient, entre paren-
thèses, est le coefficient standardisé.
(2 ) Une valeur de ratio critique significative indique un poids de saturation de la variable
mesurée sur la variable latente différent dans le cas des garçons et des filles.
** = p < .01.

attachement maternel et paternel et tolérance parentale mais seulement


dans le cas des filles. Le tableau 5 indique les différents coefficients de par-
cours estimés pour le groupe des garçons et des filles.
Pour les deux sexes, la présence de conflits avec la mère a un impact
significatif et une contribution indépendante sur les comportements
déviants, mais cela est plus marqué dans le cas des garçons. La supervision
parentale entraîne une réduction des comportements déviants dans le cas
des garçons seulement. La variance expliquée du construit de déviance par
les pratiques parentales est respectivement de 40 % dans le cas des garçons
et 32 % dans le cas des filles.
Pour les garçons et les filles, la tolérance parentale constitue le principal
prédicteur de la consommation d’alcool et de drogues. La supervision
parentale réduit cette consommation dans le cas des filles, alors que cet
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 393

T ABLEAU 5. — Coefficients de parcours entre les variables


pour le groupe des garçons et des filles

Garçons Filles Ratio


(n = 130) (n = 170) critique (2)

Attachement mère → tolérance parentale .22 (.17) (1 ) .38* (.31) – 0.75


Attachement père → tolérance parentale .20 (.15) .25* (.23) – 2.19*
Attachement mère → supervision parentale .31* (.23) .72** (.60) – 1.97*
Attachement père → supervision parentale .34* (.25) .35** (.32) – 0.07
Attachement mère → conflits mère – .68** (– .52) – .59** (– .48) – 0.59
Attachement père → conflits père – .40** (– .28) – .38** (– .31) – 0.15
Tolérance parentale → comport. déviants .07* (.22) .04 (.23) 0.74
Supervision parentale → comport. déviants – .07* (– .22) – .06 (– .24) – 0.57
Conflits mère → comport. déviants .22** (.69) .07* (.39) 2.05*
Conflits père → comport. déviants .07 (– .26) .02 (.10) – 1.53
Tolérance parentale → alcool et drogues .30** (.54) .30** (.82) – 0.78
Supervision parentale → alcool et drogues – .16 (– .29) – .14* (– .38) 0.49
Conflits mère → alcool et drogues .23 (.40) .14 (.39) – 1.02
Conflits père → alcool et drogues .08 (.17) .03 (.08) 0.17

(1) Le premier nombre indique la valeur du coefficient (bêta) non standardisé alors que le
nombre entre parenthèses indique la valeur du coefficient (bêta) standardisé.
(2) La présence d’un indice critique significatif indique une différence de parcours dans le cas des
garçons et des filles.
* = p < .05 ; ** = p < .01.

effet n’apparaît pas chez les garçons. La présence de conflits avec le père ne
contribue pas à la consommation de drogues douces et d’alcool ni chez les
filles ni chez les garçons, alors que la présence de conflits avec la mère y
contribue, mais seulement dans le cas des filles. Les pratiques parentales et
le construit général de déviance expliquent 69 % de la variance de consom-
mation de drogues douces et d’alcool chez les garçons et 85 % de la
variance chez les filles.

DISCUSSION

Limites de l’étude

Il faut d’emblée souligner les limites de l’étude et les réserves qu’elle


appelle. L’échantillon provient de quatre lycées qui ont accepté de partici-
per à l’étude, il s’agit donc d’un échantillon de convenance qui n’est pas
nécessairement représentatif de l’ensemble des adolescents parisiens.
394 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

L’étude repose sur des informations rapportées par les adolescents. Il


s’agit sans doute d’une limite encore que divers travaux (Noller, 1994 ;
Claes, Lacourse et Bouchard, 1998) indiquent que les adolescents sont des
informateurs fidèles lorsqu’il s’agit d’évaluer les pratiques parentales. Il
faut souligner les qualités métrologiques des instruments utilisés dans cette
étude. Quant aux analyses structurales, elles s’appuient sur un modèle
théorique qui pose l’attachement comme variable distale et les pratiques
parentales comme variables médiatrices sur les comportements déviants
mais d’autres modèles équivalents peuvent se concevoir. Les relations
entre parents et adolescents sont bidirectionnelles : les actions des parents
ont un impact sur les conduites des adolescents mais le comportement des
adolescents modifie également les attitudes des parents à leur égard. Il est
légitime de penser, comme le soulignent Barrera et Li (1996), que la
présence de comportements déviants entraîne des conflits et que la persis-
tance de ces conflits entraîne, à son tour, un retrait de l’affection
parentale.

L’effet du sexe, de l’école, de l’ethnie


et de la structure familiale

Il apparaît que le sexe constitue une source de discrimination impor-


tante lorsque les adolescents portent un regard sur les relations qu’ils
entretiennent avec leurs parents : les filles perçoivent avec plus d’acuité le
rejet maternel, elles identifient plus souvent un manque d’empathie pater-
nelle et perçoivent moins de tolérance chez leurs parents. Globalement ces
observations rejoignent d’autres constats de recherche. Si les filles se mon-
trent plus sévères, c’est qu’elles recherchent plus que les garçons les liens
de proximité avec les parents : elles se révèlent plus sensibles aux signes de
rejet de la mère (Noller et Callan, 1990) et dénoncent plus souvent
l’absence de sensibilité paternelle (Youniss et Smollar, 1985). Les filles
revendiquent plus d’autonomie car le contrôle parental s’exerce de façon
plus serrée auprès d’elles (Steinberg, 1990). Les garçons de l’échantillon
rapportent un taux nettement supérieur de comportements déviants par
rapport aux filles, particulièrement aux échelles vandalisme et conduites
violentes et cela est également conforme aux données internationales (Rut-
ter, Giller et Hagel, 1998).
Il faut souligner que l’école d’appartenance ne discrimine ni les
variables parentales ni les variables de délinquance. Ces résultats peuvent
surprendre quand on considère les importantes disparités des lycées sur
le plan socio-économique. Les deux écoles situées dans Paris intra-
muros sont situées dans des quartiers populaires et comportent une impor-
tante proportion d’adolescents d’origine maghrébine, un des deux lycées
situés en dehors de Paris regroupe une population socialement privilégiée
alors que l’autre école, un lycée technique, regroupe une proportion
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 395

importante d’enfants d’ouvriers. Il est permis de penser que les dimensions


examinées dans cette étude sont peu reliées au contexte socioéconomique.
Lors de leur enquête nationale, Choquet et Ledoux (1994) relevaient éga-
lement une faible association entre situation sociale et problèmes de la
conduite.
Plus du tiers des sujets ont des parents qui sont d’origine étrangère, le
plus souvent maghrébine. Le taux de déviance autorapporté est compa-
rable à celui des adolescents français mais ces adolescents portent un
regard plus négatif sur les pratiques parentales, dénonçant plus
l’intolérance parentale et une présence supérieure de conflits avec le père.
Ces dernières observations rejoignent celles de Wallet (1994) qui constate
chez les parents algériens, particulièrement parmi ceux qui ont une scola-
rité basse, l’adoption d’un style éducatif rigide et coercitif. Pour Wallet, ce
style parental traduit une réaction défensive face à un environnement
social considéré comme menaçant.
La dernière observation concerne une tendance inattendue qui ressort
des données lorsqu’on examine le statut marital des parents. La plupart des
travaux menés aux États-Unis identifient chez les adolescents vivant dans
une famille marquée par le divorce à la fois une réduction de l’attachement
parental (R. Forehand, L. Armistead et K. Klein, 1995) et un niveau plus
élevé de comportements déviants (Wells et Ranking, 1991). Ces observa-
tions ne sont nullement corroborées dans l’étude actuelle. Les adolescents
ayant vécu le divorce ou la séparation parentale estiment par ailleurs que
leurs parents sont plus tolérants en ce qui concerne les limites imposées et
cette observation est conforme à d’autres constats de recherche (Hethering-
ton et al., 1987).

L’analyse des parcours entre pratiques parentales


et comportements déviants

Cette étude avait comme objectif central de mettre à l’épreuve un


modèle reliant pratiques parentales et comportements déviants chez les ado-
lescents au moyen d’une analyse par équations structurales. Ce modèle
s’appuie sur une réflexion théorique développée par Van Yzendoorn (1997)
qui stipule que les pratiques parentales à l’adolescence agissent comme
variables médiatrices entre l’attachement parental et l’engagement dans des
conduites déviantes. Cette étude a retenu trois aspects des pratiques paren-
tales : la supervision, la tolérance face à la fréquentation des amis et la fré-
quence des conflits.
Le test d’ajustement du modèle a contraint de considérer deux
variables de déviance : un indice général et un indice consommation
d’alcool et de drogues douces. Les différences observées entre les filles et
les garçons aux variables examinant les relations parentales et les
comportements déviants et le test d’ajustement du modèle auprès de
396 MICHEL CLAES ET ÉRIC LACOURSE

l’ensemble des sujets ont conduit à considérer des analyses séparées pour
les deux sexes.
Les analyses par équations structurales indiquent que le modèle
s’ajuste adéquatement aux données pour les garçons et pour les filles et
confirment un parcours qui associe l’attachement parental et les variables
de supervision et de conflits, elles-mêmes associées aux comportements
déviants et à la consommation d’alcool et de drogues. Pour les deux sexes,
les faiblesses de l’attachement parental caractérisées par l’absence
d’affection, l’absence de sensibilité et le rejet, entraînent des conflits, alors
que la qualité de l’attachement parental garantit la présence de supervi-
sion. Pour les deux sexes, la présence de conflits avec la mère contribue à
l’engagement dans des comportements déviants alors que la supervision
parentale entraîne une réduction de ces comportements. La supervision et
la tolérance ont des effets opposés sur l’engagement dans les comporte-
ments déviants et la consommation d’alcool et de drogues : la supervision
réduit cet engagement, alors que la tolérance parentale favorise un tel
engagement.
Si le modèle général s’ajuste aux données pour les deux sexes, il faut
signaler qu’il « fonctionne » mieux dans le cas des filles. Ainsi, pour les fil-
les, le sentiment du rejet maternel a un poids beaucoup plus élevé sur la
variable latente d’attachement que dans le cas des garçons. Le parcours qui
associe l’attachement à chacun des deux parents, la supervision, la tolé-
rance et la consommation de drogues douces et d’alcool est clairement des-
siné dans le cas des filles, alors que ces variables sont moins fortement asso-
ciées dans le cas des garçons. Il faut également souligner le puissant lien qui
associe l’attachement à la mère et la supervision dans le cas des filles et
relever le fait que l’attachement et la tolérance parentale ne soient liés
que dans le cas des filles. Il faut sans doute y voir le rôle prépondérant
des dimensions affectives dans la régulation du comportement des filles
(Gilligan, 1989).
Il faut également souligner la force des liens entre la présence de conflits
avec la mère et l’engagement dans des comportements déviants tels que vol
et violence dans le cas des garçons ; ce lien est présent dans le cas des filles
mais il est beaucoup plus ténu. Ceci laisse entendre que la présence de
conflits avec la mère détournerait le garçon du milieu familial pour
l’engager dans les comportements déviants, alors que les filles adopteraient
moins cette trajectoire.
Chose surprenante, la présence de conflits avec le père n’est aucunement
associée à la présence de comportements déviants ou à la consommation
d’alcool et de drogues ni pour les filles ni pour les garçons. Ceci peut être
interprété à la lumière des observations de Montemayor et Hanson (1986)
qui observent une fréquence plus élevée de conflits avec la mère qu’avec le
père à l’adolescence, expliquant ce fait par une présence plus faible des
pères dans les tâches de supervision quotidienne ; étant moins présents, les
sources de conflits sont moins nombreuses. Ceci renvoie à une observation
PRATIQUES PARENTALES ET COMPORTEMENTS DÉVIANTS... 397

soulevée plus haut ; on peut voir dans ces liens entre conflits et comporte-
ments déviants un effet bidirectionnel : la présence de comportements
déviants exacerbent les conflits et entraînent progressivement un retrait de
l’affection parentale. Seules des études longitudinales peuvent apporter des
réponses à ces questions et c’est dans cette voie que les auteurs ont
l’intention d’engager leurs travaux futurs.

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ANNEXE A. — Matrice des coefficients de corrélation des variables à l’étude

Variables 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

1. Affection
mère .75 – .74 – .35 .20 .07 – .15 – .10 .45 .26 – .11 – .14 – .23 – .04
2. Empathie
mère .66 – .72 – .40 .13 .16 – .15 – .12 .54 .28 – .10 – .15 – .15 – .11
3. Rejet mère – .61 – .53 .39 – .11 – .03 .25 .07 – .43 – .21 .07 .16 .10 .14
4. Conflits mère – .36 – .38 – .29 – .08 – .07 .11 .49 – .41 – .25 .35 .33 .23 .27
5. Affection
père .51 .41 – .28 – .21 .74 – .73 – .23 .32 .24 .11 – .10 .04 .00
6. Empathie
père .41 .56 – .29 – .22 .69 – .67 – .25 .29 .18 .11 – .13 – .02 .00
7. Rejet père – .37 – .47 – .52 .25 – .54 – .60 .23 – .29 – .17 – .04 .14 .02 .01
8. Conflits père – .19 – .17 .15 .58 – .27 – .16 .27 – .36 – .22 .30 .22 .18 .12
9. Supervision
parentale .21 .32 – .28 – .19 .23 .29 – .24 – .19 .17 – .29 – .28 – .27 – .29
10. Tolérance
parentale .14 .07 .10 – .22 .07 – .10 .02 – .21 – .17 – .01 .14 – .05 .43
11. Vandalisme – .30 – .22 .26 .29 – .22 – .22 .16 .18 – .20 .08 .33 .55 .23
12. Vol – .33 – .25 .32 .35 – .13 – .23 .36 .24 – .27 .04 .58 .37 .58
13. Violence – .18 – .10 .24 .23 – .10 – .15 .15 .12 – .24 .19 .48 .51 .22
14. Alcool et
drogues – .20 – .24 .30 .13 – .13 – .27 .31 .08 – .31 .38 .44 .45 .38

Les coefficients en dessous de la diagonale sont ceux du groupe des garçons (n = 133) alors que les coefficients au-dessus de la diagonale pro-
viennent du groupe des filles (n = 170). Les coefficients plus élevés que .13 pour le groupe des filles et .14 pour le groupe des garçons sont significa-
tifs au seuil de .05.

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