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Lean IT et création
de valeur pour les DSI
Ce cahier Best Practices Systèmes d’Information a été rédigé par Philippe Rosé.
Lean IT : où en sont les entreprises ? ou services) en supprimant toute opération sans véritable
valeur ajoutée. Les domaines d’investissement privilégiés sont
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à porter un notamment la gestion des services (88 % des sondés par CA),
intérêt marqué à la démarche Lean IT. Mieux, elles seraient en la sécurité (79 %) et l’administration des infrastructures et des
voie « d’adoption massive », si l’on en croit une étude mondiale opérations (76 %). Autrement dit, le « service management », la
intitulée « Se préparer au retour de la croissance avec la stratégie sécurité et l’administration des infrastructures et des opérations
‘Lean IT’ » et réalisée par l’éditeur de logiciels CA auprès de 562 apparaissent comme des domaines d’investissement prioritaires
managers de systèmes d’information dans quatorze pays. Cette pour les douze prochains mois.
étude montre que les investissements logiciels à l’horizon 2010
serviront à maximiser la création de valeur et à réduire les coûts, La majorité des sondés (57 %) prévoient de financer ces achats
des impératifs au cœur de la stratégie Lean IT. Rappelons que le de logiciels complémentaires sur leurs budgets opérationnels,
concept de Lean IT consiste à maximiser la création de valeur et à les autres sur leurs budgets d’investissement. Ainsi, 73 %
minimiser les coûts pour se focaliser sur l’analyse et l’optimisation des entreprises prévoient de réaliser des achats de logiciels
des « flux de valeur » (c’est-à-dire la séquence d’activités qui additionnels pour maximiser l’efficacité de leurs budgets
va de la conception et de la production à la livraison des biens opérationnels existants. Cette étude révèle également que les défis
majeurs auxquels les entreprises européennes sont confrontées
sont liés au contexte économique actuel et à la nécessité de faire
La rédaction de Best Practices Systèmes d’Information remercie plus avec moins de ressources, d’améliorer les niveaux de service
tout particulièrement Jean-Noël Gillot, directeur du conseil et de mieux aligner les systèmes d’information avec les processus
en management d’Anéo, Jean-Pierre Merland, consultant, métiers (chacun de ces points étant cité comme « important » ou
et Pascal Potié, directeur général de Talisker Consulting « très important » par 89 % des répondants). Les autres enjeux
pour leur aide. majeurs évoqués sont le besoin de réduire les coûts (83 %) et
l’orientation service des systèmes d’information (83 %).
« projets qualité » pour les modifications structurelles, parfois Six Sigma de tant d’autres actions en faveur de la qualité est
nécessaires. que cette méthode s’attache à fonder les décisions sur des faits
et des chiffres, et non sur des impressions. Moins formaliste
Véritable « art martial », la mise en œuvre de Six Sigma est que la démarche ISO, Six Sigma impose néanmoins rigueur et
confiée à des « experts internes », les Ceintures Noires (Black discipline.
Belts) et les Ceintures Vertes (Green Belts). Les premières, sans
autre mission, sont en charge du pilotage de Six Sigma dans Le Lean, une approche anti-gaspillage
toute l’entreprise et chapeautent les secondes, qui se chargent
d’une famille ou d’un seul processus tout en gardant un rôle « Le Lean consiste à améliorer le service au client en réduisant les
opérationnel. délais de livraison, à réduire les coûts en éliminant les gaspillages
et améliorer la qualité en augmentant la “qualité du premier coup”
Ainsi, Six Sigma est clairement une méthode « venue d’en haut » (right first time), explique-t-on sur le blog de la communauté
pour irriguer l’entreprise jusque dans ses racines (méthode de Lean & systèmes d’information, cofondée par Fujitsu, l’Institut
type « Top-Down »). Cependant, elle nécessite un engagement Lean France et Télécom ParisTech. Si l’on reprend ces objectifs
fort de chaque manager. Faute de réussir à l’obtenir, la direction et qu’on les applique au monde informatique, ils représentent
générale court le risque de voir toute la démarche échouer. une utopie que chaque acteur du monde informatique aimerait
voir devenir réalité : des clients contents, ni pannes, ni bugs, des
Pour améliorer chaque processus, Six Sigma emploie la « méthode projets livrés dans les délais demandés, plus de temps pour les
scientifique » traditionnelle en sept étapes : aspects techniques et moins pour l’administratif et les comités
de pilotage sans fin, etc. Le Lean offre ici une perspective très
• observer, séduisante ».
• classifier,
• mesurer,
• organiser,
• prédire, Six Sigma : dix raisons qui peuvent
• détecter les variations, entraîner l’échec
• synthétiser.
1/ Limiter Six Sigma à une méthode statistique.
Chaque variation dans un processus étant mesurée par rapport 2/ être obnubilé par les coûts, ce qui se traduit souvent
à l’optimum, la distribution des effectifs des variations suit une par une perte de temps pour les calculer en oubliant les
loi normale, graphiquement représentée par la célèbre courbe coûts cachés.
de Gauss (« en cloche »). Le client ne doit être mécontent que 3/ Ne pas intégrer l’amélioration constante des processus
des produits dont les caractéristiques s’écartent dans un sens dans les définitions de poste des managers, ce qui les incite
ou l’autre de plus de trois écarts types (ou « sigma ») de la à refuser d’y consacrer une part de leur temps.
qualité moyenne, évidemment optimale (soit une « largeur de 4/ Ignorer l’importance de la dynamique des équipes dans
satisfaction » de six sigma, d’où le nom de la méthode). De la réussite des projets.
tels concepts sont pour le moins encore peu fréquents dans 5/ Faire reposer toute la responsabilité du projet Six Sigma
les méthodes de management, dans la mesure où ce qui sépare sur les experts internes sans impliquer suffisamment les
managers.
6/ N’appliquer Six Sigma qu’au travers de « projets » au
Les six étapes essentielles de Six Sigma lieu de réserver ce mode de fonctionnement aux cas les
plus lourds d’amélioration des processus, soucis qui doit
1/ Définir les objectifs stratégiques par un consensus au être constant.
sein de l’ensemble du management. 7/ Ne pas distinguer si une variation de qualité a une cause
2/ Remplacer au sein de l’entreprise les notions de fonctions aléatoire ou une cause spécifique.
par celles de processus et de sous-processus. 8/ Ne pas prendre en compte dans l’amélioration des
3/ Affecter la responsabilité de chaque processus à un expert processus les clients internes de l’entreprise et se limiter
identifié. aux clients externes.
4/ Créer et valider les tableaux de bord pour mesurer 9 / Obtenir une participation insuffisante de
l’efficacité et l’efficience de chaque processus. l’encadrement.
5/ Recueillir les données pour remplir les tableaux de 10/ Ignorer la gestion du changement.
bord.
6/ Définir les critères de sélection et priorisation des projets Source : Objectif Six Sigma, Révolution dans la Qualité, par George Eckes,
d’amélioration des processus. Editions Village Mondial / Pearson Education.
Selon Freddy Ballé, de Excellence Systems Group, le Lean repose (identification d’un problème), la recherche et la sélection d’une
sur trois principes fondamentaux : d’abord, le « Genchi Genbutsu » solution, l’amélioration du mode opératoire et définition d’un
(recherche de la qualité). « La qualité ne s’obtient pas par des nouveau standard ». Enfin, le Lean est un système : « Ce n’est
réunions dans les bureaux, elle est obtenue en réunissant les pas une simple boîte à outils, il constitue un véritable système :
personnes capables de contribuer à la suppression d’un défaut. » il est toujours possible d’utiliser les outils indépendamment mais
Deuxième principe : l’amélioration continue. La dynamique de les gains seront limités et ils n’auront pas l’effet d’entraînement
l’amélioration continue suppose « l’existence d’un standard, qu’apporte la synergie entre outils », précise Freddy Ballé.
l’observation d’une non-conformité par rapport à ce standard « Le Lean vise à la création d’un flux tendu, à l’élimination
des tâches sans valeur ajoutée, des pertes, des gaspillages par partir de différents critères. Le pourcentage de produits pour
la simplification d’enchaînement de tâches et/ou d’activités lesquels les objectifs suivants avaient été atteints a constitué l’une
en augmentant la fluidité, la flexibilité, l’agilité et ce dans un de ces mesures : lancement dans les délais prévus, chiffre d’affaires,
objectif d’accroître la valeur pour le client (valeur perçue par le coût du produit, coût du développement et qualité. Cette étude
client) et ainsi contribuer à l’amélioration des performances de a permis d’identifier les programmes stratégiques et les défis
l’entreprise, résume Jean-Noël Gillot, directeur du conseil en propres à chacun de ces secteurs. A aussi été abordée la manière
management d’Aneo. Le Lean se focalise sur l’élimination du dont les industriels doivent mettre en œuvre des stratégies LPD
gaspillage de manière à ajouter à toutes les tâches ou étapes de pour rationaliser leurs processus afin de réduire les délais de
la valeur pour le client. » développement et les coûts.
Des origines dans le monde industriel « D’après notre étude, alors que les industriels connaissent le
concept de rationalisation Lean, celui-ci commence tout juste
Le Lean trouve son origine dans le monde industriel et est devenu à faire son chemin dans les structures de développement de
très répandu comme mode de production. Dans ce secteur, en produits dans la plupart des secteurs d’activité », explique
effet, une démarche « Lean Product Development » (développement Michelle Boucher, Research Analyst, Product Innovation and
de produits rationalisé) permet de lancer rapidement de nouveaux Engineering Practice chez Aberdeen Group. « En optimisant
produits sur le marché et de réduire les coûts. Le cabinet d’études leurs programmes LPD, les entreprises rationalisent leurs
Aberdeen Group a étudié les stratégies LPD de cinq secteurs processus de développement produits et améliorent leur
d’activité et examiné les problématiques clés pour chacun efficacité par une réduction des coûts. » Pour le secteur de
d’eux. L’étude « Lean Product Development Benchmark Report », l’aéronautique et de la défense (A&D), mettre sur le marché
publiée en janvier 2009, porte sur les cinq secteurs d’activité de nouveaux produits est une démarche nécessitant beaucoup
suivants : l’aéronautique et la défense, l’automobile, les biens
de consommation, les hautes technologies et l’électronique, et Diagnostic Lean rapide pour
les machines et équipements lourds (fabrication d’équipements les infrastructures informatiques
industriels). Aberdeen Group a étudié comment plus de 483
entreprises élaborent des programmes LPD. Les performances étapes Principales activités
des entreprises ayant participé à cette étude ont été évaluées à Préparation du • Identification des processus à
diagnostic analyser.
• Présentation des principes Lean et
Les cinq principes du Lean de leur rapport avec l’informatique.
• Analyse de la demande en services
1. Valoriser le point de vue du client final en définissant la informatiques (volumes, variation de
valeur avec le client (externe et/ou interne) et en exprimant durée, complexité…).
la valeur ajoutée selon trois critères : 1er atelier • Feuille de route des processus.
• activité qui transforme un produit ou améliore les (une journée) • Observations sur le terrain (iden-
indicateurs de performance d’un client ; tification des gaspillages, organisa-
• activité reconnue par le client (ou l’actionnaire) ; tion des ressources et allocation des
• activité toujours bien faite du premier coup. unités de travail, identifications des
2. Identifier le cycle de création de valeur en cartographiant « irritants » - lenteur des temps de
toutes les étapes à valeur ajoutée ou non pour chaque réponse, interface utilisateur mal
produit et/ou service jusqu’au client. conçue…-).
3. assurer le flux de la production par le mouvement Analyses • Analyses quantitatives (variabilité du
continu des produits, services et des informations de bout complémentaires processus informatique, productivité
en bout. des équipes…).
4. le client devient demandeur (la notion de « pull » • Calcul de l’efficacité opérationnelle.
signifiant : « le client tire le besoin ») : rien ne doit être effectué • évaluation des performances.
en amont du processus tant que le client ne montre pas ses
2e atelier • Quantification des gaspillages et
besoins en aval.
(demi-journée) évaluation du potentiel global.
5. poursuivre l’application des mêmes pratiques pour
• Vivier d’idées d’amélioration.
constamment améliorer le processus afin de tendre vers
• Classement par priorité des idées.
la perfection en éliminant chaque imperfection quand cela
est possible. Debriefing avec • Atelier de partage des résultats.
les managers • Définition des objectifs d’améliora-
Source : Aneo.
tion avec l’équipe et le management.
Source : McKinsey & Company.
de capitaux et de temps, soumise aux pressions budgétaires la production dans le processus de développement produits et
et aux exigences des clients. Ainsi, 43 % des entreprises A&D démontrer le bien-fondé de la réutilisation des conceptions.
déclarent mener des programmes lean depuis plus d’un an. Les Alors que la réduction des coûts et la rationalisation du
entreprises de ce secteur présentent un taux d’adoption d’outils développement produits ne sont pas de nouveaux besoins
spécialisés supérieur à celui de la moyenne. D’autre part, 65 % pour le secteur des CPG (Consumer Packaged Goods, biens de
des entreprises A&D utilisent des solutions tels que le PDM consommation packagés), la mise en œuvre d’un programme
(Product Data Management, gestion des données produits) pour Lean est encore perçue comme une nouveauté. Seuls 24 %
améliorer leur programmes Lean contre 48 % en moyenne tous des industriels de ce secteur indiquent avoir mis en place un
secteurs d’activité confondus. Pour développer leurs programmes programme LPD depuis plus d’un an. Dans le cadre de leurs
LPD, ces industriels doivent poursuivre la rationalisation du programmes Lean, 43 % des industriels les plus performants de
développement produits. La présence de décisionnaires formés ce secteur indiquent utiliser des solutions spécialisées. Le secteur
au Lean au sein de l’entreprise et le déploiement de technologies des hautes technologies et de l’électronique, quotidiennement
de planification et d’automatisation soutiendront également leur
démarche Lean.
Se focaliser sur les processus de bout en bout. Le danger est que chaque étape ne soit optimisée qu’au niveau local et
que le résultat final n’apporte pas de valeur au client.
Ne pas oublier que les opérations client sont Les interlocuteurs qui apportent de la valeur au client sont ceux qui traitent
génératrices de valeur ajoutée. concrètement sa demande et non ceux qui supervisent les processus.
Clarifier et mettre en perspective le rôle des missions Les collaborateurs ont besoin d’avoir une vision d’ensemble pour pouvoir
individuelles par rapport aux objectifs de l’entreprise. accepter les méthodes de travail Lean.
Soigner la cause et non le symptôme. Lorsque les processus sont instables, les collaborateurs passent leur
temps à régler des problèmes. Dans un environnement Lean, les
problèmes ne sont pas tolérés : toute perte doit être analysée jusqu’à ce
que sa cause soit corrigée.
Traiter les problèmes comme des opportunités. Dans une culture où les erreurs se paient chèrement, on a tendance à
dissimuler les problèmes, qui deviennent impossibles à détecter et à
résoudre dès qu’ils émergent. Les collaborateurs doivent avoir la volonté
de détecter les problèmes et d’aider à leur résolution.
confronté à des pressions liées à la concurrence internationale, service souhaité où et quand le client le désire et ce au meilleur
exige la mise sur le marché rapide de nouveaux produits, prix. » On peut identifier notamment sept sources principales
avec des budgets de développement limités. Ces entreprises de gaspillages :
ont plutôt tendance à adopter une démarche Lean pour les 1. Production excessives : produire trop, ou trop tôt.
processus de développement produits. Quelque 74 % de ces 2. Attentes : attendre des pièces ou une machine qui finit son
industriels indiquent utiliser une approche simultanée pour la cycle, etc.
conception des produits et le développement des processus de 3. Transports et manutentions inutiles : tout transport est
production. essentiellement un gaspillage et doit être minimisé.
4. Usinages inutiles : toute action à valeur ajoutée qui
Le mise sur le marché rapide de nouveaux produits constitue ne se fait pas simplement ou du premier coup.
le premier facteur d’adoption du LPD par les fabricants 5. Stocks : plus de matière et de composants que le minimum
d’équipements industriels. Il est suivi de près par les contraintes qu’il faut pour réaliser le travail.
de coûts. Ainsi, 35% de ces entreprises s’efforcent principalement 6. Mouvements inutiles : tout mouvement qui ne contribue pas
d’impliquer la production dans le développement produits.
L’étude montre que les entreprises de ce secteur adoptent de
façon relativement large les stratégies Lean.
Pour Paul Gette, consultant chez Fujitsu, « les gaspillages n’étant « Dans le domaine
pas le seul fait des industries, l’IT et les entreprises de services des technologies
peuvent à juste titre bénéficier des atouts du Lean. Pour cela, il de l’information,
est impératif de ne pas considérer cette approche comme une la flexibilité est un
mode passagère, mais comme une philosophie de travail qui enjeu de taille qui
s’inscrit dans une démarche à long terme au service du client. requiert une vision
L’optimisation de la production par l’élimination des tâches décloisonnée et
inutiles restitue à l’entreprise une capacité à se concentrer sur globale du métier. »
la création de valeur. Le Lean contribue ainsi à la délivrance du
Dans le cadre d’un • Identifier les indicateurs clés de performance, les indicateurs clés de risques (pilotage des
projet de pilotage de la risques opérationnels) ainsi que les indicateurs clés de qualité de service. Ces projets amènent des
performance technologies permettant de comprendre les causalités des dysfonctionnements.
Dans le cadre d’un projet • Formaliser les processus par l’utilisation d’un outil de modélisation (référentiel d’entreprise).
Lean Six Sigma • Déterminer, lors de l’analyse et de l’amélioration des processus, l’opportunité de supprimer
des activités/tâches, d’automatiser « au mieux » (comme pour un processus de numérisation) afin
d’accroître et de pérenniser les gains de productivité.
• Mettre en place une solution d’intégration des processus permettant de piloter les processus à
la condition expresse que le processus soit pris de bout en bout.
Source : Anéo.
simple dose de LSD (Lean Software Development, le Lean appliqué chez Talisker Consulting sur les problématiques d’organisation
au développement logiciel), je fais l’hypothèse que nos DSI et de gouvernance des systèmes d’information (voir pages 12 et
préféreront bientôt les cures de LIT (Lean IT, le Lean appliqué à 13).
toute la DSI). Nous constatons chez nos clients que les équipes
de développement voient leur productivité et la qualité de leurs Capitaliser sur une approche processus
livrables augmenter considérablement en suivant les pratiques du
Lean Software Development (et les pratiques cousines des méthodes Lean et Six Sigma s’intègrent, plus généralement, dans une
agiles). Le Lean appliqué à ces équipes de développement conduit approche processus. « Aujourd’hui, des entreprises françaises et
notamment à une réduction importante de leur temps de cycle internationales ont mis en œuvre ces méthodes et s’aperçoivent
(c’est-à-dire le temps entre l’expression d’un besoin par la MOA qu’elles ne traitent que des parties de processus et ne tiennent
et la livraison d’un logiciel fonctionnel et déployable par cette aucunement compte du système d’information, qui lui, devient au
équipe de développement). » fur et à mesure un élément clé où se focalise un véritable levier de
différenciation, souligne Jean-Noël Gillot, directeur du conseil en
« Les exemples de transition du LSD au LIT évoqués concernent management d’Anéo. De nombreuses expériences ont aujourd’hui
encore l’univers projet au sein de la DSI. Comme lorsque démontré les apports bénéfiques que ces méthodes ont pour la
Toyota étend le Lean de la chaîne de production vers ses autres démarche processus à condition que les outils apportés par ces
activités (R&D, marketing…), la DSI aura tout à gagner à suivre méthodes soient correctement utilisés ».
un mouvement comparable vers l’ensemble de ses activités
(supervision, exploitation, architecture…) afin d’augmenter son Pourquoi la combinaison Lean Six Sigma et BPM est-elle
ratio global valeur/effort », poursuit Ismael Héry, qui ajoute : intéressante ? Tout simplement parce que le BPM apporte
« De nouvelles traductions des principes Lean sont ainsi à mener une vision globale des processus, mais apporte également des
pour améliorer l’ensemble de la chaîne de valeur de la DSI. Dans outils et technologies qui vont permettre d’avoir un lien avec
cette démarche, la connaissance des différents terrains de la DSI le système d’information. La méthodologie LSS va apporter des
est indispensable. Au cœur de cette évolution, le processus outils et techniques permettant l’optimisation de processus et
d’amélioration continue, mis en place par les développeurs d’activités et une vision plus macro allant jusqu’aux procédures
à travers la répétabilité des itérations, les retrospectives, etc, et tâches. « L’objectif du Lean sera de créer un processus qui
devra trouver des instanciations possibles suivants les autres fournit exactement ce dont a besoin le client et au moment où il
métiers de la DSI. Par exemple, comment tire-t-on des leçons en a besoin », résume Jean-Noël Gillot. Mais conduire une telle
de schémas d’architecture passés ? Comment décider des voies démarche ne peut être effectué qu’avec la maîtrise de quatre axes
d’améliorations ? Comment suivre ces améliorations lors des bien différents, selon Jean-Noël Gillot : « Maîtriser la démarche
schémas suivants ? » BPM ainsi que des méthodologies d’amélioration d’activités
appliquées aux processus comme Lean Six Sigma ; maîtriser des
Une étude menée par le cabinet de conseil McKinsey a montré solutions technologiques de type BPMS, BAM ou autres ; connaître
que, dans le secteur bancaire, les établissements qui ont déjà de manière approfondie certains aspects métiers concernés et
appliqué le Lean dans leurs agences ont pu doubler le temps traiter en parallèle tous les impacts organisationnels et réaliser
que celles-ci consacraient à la vente pure et tripler le nombre de une conduite du changement renforcée. » •
contacts commerciaux établis par leurs agents opérationnels. De
même, les banques qui ont adopté les techniques Lean processus
par processus sont parvenues à réduire leurs coûts de 30 %, leurs Une communauté Lean : www.leansi.enst.fr
délais et erreurs d’exécution de 80 %.
La Communauté Lean et Systèmes d’information a pour
Alain Charpentier, consultant en Lean IT (et animateur du blog vocation de mettre en relation les différents acteurs qui
http://www.lean-techno.com), rappelle que le Lean mène à une cherchent à accroître l’efficacité opérationnelle de leurs
meilleure efficacité, mais que sa mise en œuvre ne doit pas être systèmes d’information « en appliquant une approche Lean
seulement motivée par les réductions de coûts et de personnel. issue du monde industriel, ainsi que ceux réfléchissent à la
« Les départements IT qui ont du succès avec le Lean IT ciblent manière dont les systèmes d’information peuvent soutenir les
des avantages durables tels que le changement de culture pour se démarches Lean engagées dans les entreprises industrielles et
concentrer sur les besoins des clients et des interactions axées sur de service. » Le site de la communauté (www.leansi.enst.fr)
la prévention plutôt que de lutte contre les incendies ainsi que propose une veille sur le domaine, rassemble les annonces
les changements de processus visant l’amélioration de la qualité d’événements associés à la communauté et met à disposition
du service et la réduction des soucis pour les clients. » les publications d’experts du Lean. Cette initiative fut lancée
en 2003 par Telecom ParisTech en liaison avec l’Institut
« Le Lean management doit plus être appréhendé comme une Lean France, le Lean Enterprise Institute (USA) et la Lean
philosophie et un ensemble de bonnes pratiques plutôt qu’un Enterprise Academy (UK).
système à part entière », confirme Laurent Mercey, consultant
« Efficace et même magique parfois ! » : c’est ce que me répondit un responsable de la sécurité des systèmes
d’information d’une grande banque française lorsque je le questionnais à propos de la méthode Lean Six
Sigma. « Cette méthode nous a permis de gagner 90 % de temps sur un processus, on croyait cela
impossible ! » précisa-t-il ensuite. Cela est bien la preuve que le Lean Six Sigma, de ses origines industrielles
(la méthode fut inventée par Toyota et Motorola) est passé dans l’industrie des services (General Electric,
AXA sont des précurseurs dans l’adoption de la méthode) et vient désormais bousculer la DSI.
La méthode Lean Six Sigma peut s’adapter à chaque situation. Pas de confusion : la mission est bien bornée et chacun à son
Son responsable, le chef de projet, est certifié, selon son rôle à jouer. Le management est ici essentiel. La « ceinture »,
niveau d’aptitude et son expérience. Cela est symbolisé par garante de la méthode et du succès du projet, devra conduire
une ceinture (comme au judo) : les fameuses Green Belt, une équipe ad’hoc vers les sommets… Participatif et transversal,
Black Belt et Master Black Belt qui sont les trois niveaux de le projet de Lean Six Sigma fait la part belle aux opérationnels,
certification reconnus mondialement. Chaque « problème » « ceux qui font ». N’oublions pas que cela découle directement
que rencontre l’organisation donne lieu à un ou plusieurs des cercles qualités mis en place chez Toyota. Focalisé sur les
projets suivant sa complexité. La résolution peut mener à des aspects concrets et pratiques, inspiré des pratiques japonaises
gains très rapides (une semaine) mais, d’une manière générale, et anglo-saxonnes, il incite à raisonner « out of the box » sur
un projet dure entre quatre et six mois et mobilise à plein temps un objectif, dans un esprit constructif en utilisant des codes
un chef de projet (formé en interne ou consultant externe), partagés (management visuel, mandat de projet).
et, à temps partiel, des compétences puisées dans le vivier
des collaborateurs de l’entreprise confrontés au problème à Il permet également de responsabiliser les intervenants à tous
résoudre ou pouvant aider à sa résolution. les niveaux de l’entreprise en replaçant les problèmes face
à ses vrais enjeux et par la diffusion de bonnes pratiques.
Le DMAAC ou DMAIC en anglais (pour Définir, Mesurer, C’est une forme efficace de culture du progrès qui s’instaure :
Analyser, Améliorer/Innovate, Contrôler) trace les étapes une nouvelle amélioration capitalisant sur une ancienne
incontournables que le projet va devoir suivre. Chacune est déjà réalisée. Le projet s’arrête, mais ses résultats inspirent à
sanctionnée par un jalon que valide le « sponsor » du projet. poursuivre dans la démarche ou tout au moins à maintenir le
niveau atteint.
Dans chaque étape, l’équipe projet réalise les opérations
nécessaires. Le Lean Six Sigma n’est pas trop déroutant car Pas de faux objectifs : le Lean Six Sigma est résolument orienté
on y retrouve des techniques et méthodes que connaissent business. « Le but d’une entreprise est de gagner de l’argent » :
les ingénieurs et les cadres pour mener à bien un ensemble c’est une évidence pour certains, mais savoir que l’on est
d’opérations comme l’analyse des processus, des calculs membre d’un projet dont la finalité est de faire gagner de
statistiques et financiers, de gestion des risques, de benchmark, l’argent à l’entreprise, d’augmenter la satisfaction des clients, la
de problem solving et d’innovation, de capitalisation des fiabilité et la qualité de service, ainsi que la production, est déjà
connaissances… Alors si je fais cela, je fais du Lean Six fédérateur. L’intérêt du client (la « voix du client ») guide la
Sigma ? C’est un début, car la grande force de cette méthode démarche dès le départ, et se décline suivant le besoin du projet
est d’organiser l’ensemble de manière très opérationnelle. et des parties prenantes externes et/ou internes à l’entreprise
À l’heure où la plupart des projets transverses sont repoussés faute de moyens pour les financer, il en est
un qui arrive souvent à rester en haut de la pile : le Lean. Concrètement, qu’est-ce-que c’est ? Comment
le mettre en œuvre ?
Stabilisation 5S
Kaisen
processus
Juste à
Jiddoka
temps
Un peu d’histoire
Après la Seconde Guerre mondiale, Taiichi Ohno et Shigeo
Shingeo créent pour Toyota les concepts de « minimisation
des phases de gaspillage » et de « zéro défaut » qui, ajoutés à
d’autres techniques de mise en flux, créent le Toyota Production Le Lean management aujourd’hui
System. Une première preuve de l’intérêt de ces méthodes
Obtenir un flux continu Utiliser des îlots de production autonomes au lieu de grand centre de production de masse.
Tirer la production Fabriquer juste à temps et en petites quantités pour répondre aux besoins immédiats du marché.
• Définir la valeur d’un produit du point de vue client. • Se centrer sur la valeur apportée à l’utilisateur et à l’entreprise.
• Réduire au maximum le nombre de stocks. • Délivrer rapidement des résultats.
• Produire en fonction de la demande et non en fonction • Chercher la satisfaction client plutôt que l’excellence
de la capacité de production. technologique.
• éliminer les vraies causes des problèmes dès qu’ils • éliminer les vraies causes des problèmes dès qu’ils surviennent.
surviennent. • Inciter les acteurs à améliorer le processus.
• Inciter les acteurs à améliorer le processus.
Quelques exemples
d’articles publiés dans la revue
Best Practices Systèmes d’Information
• Transformation de la DSI : du diagnostic au plan d’actions (n° 34 – novembre 2009)
• Sécurité : reconnaître l’ennemi dans la place (n° 34 – novembre 2009)
• Gestion en temps de crise : une remise en cause des pratiques managériales (n° 34 – novembre 2009)
• Migration des systèmes d’information : les établissements financiers en première ligne (n° 33 - novembre 2009)
• Comment bâtir un système d’information multientité (n° 33 – novembre 2009)
• Les dimensions du Green sourcing (n° 33 – novembre 2009)
• Productivité, mondialisation et technologies de l’information (n° 33 – novembre 2009)
• Modélisation de la DSI par la démarche ABC (n° 32 – octobre 2009).
• Quelles métriques pour les ressources humaines ? (n° 32 – octobre 2009)
• Capital immatériel : les fondamentaux (n° 30 – septembre 2009)
• MOA-MOE : nouvelles voies de collaboration (n° 29 – septembre 2009)
• Décisionnel : quelles métriques pour les métiers ? (n° 29 – septembre 2009)
• Qualité des développements : reculer les limites ? (n° 29 – septembre 2009)
• Sécuriser un ERP : les bonnes pratiques (n° 28 – juin 2009)
• Externalisation d’une fonction de production : définir les règles du jeu (n° 27 – juin 2009)
• élaborer un appel d’offres dans le secteur public (n° 27 – juin 2009)
• Comment actionner le levier des conditions contractuelles (n° 27 – juin 2009)
• Le contrôle interne du système d’information (n° 26 – mai 2009)
• Schéma directeur et alignement stratégique (n° 26 – mai 2009)
• Comment redresser des projets en difficulté (n° 25 – mai 2009)
• Les 10 ratios structurants de la DSI (n° 24 – avril 2009)
• Comment élaborer un plan de continuité (n° 23 – avril 2009)
• Gouvernance d’entreprise et gouvernance informatique (n° 23 – avril 2009)
• Vingt best practices pour passer la crise (n° 22 – mars 2009)
• Le benchmarking informatique : point de vue d’un praticien (n° 21 – mars 2009)
• Gestion d’un projet mobilité : les cinq points-clés (n° 20 – mars 2009)
• Comment promouvoir l’image de la DSI (n° 19 – février 2009)
• Les cinq étapes d’une politique d’eSourcing (n° 18 – février 2009)
• Alignement métier - système d’information : à quelles conditions ? (n° 17 – janvier 2009)
• Trois modèles de maturité du contrôle de gestion (n° 16 – janvier 2009)
• Les points-clés d’un contrat de maintenance (n° 13 – novembre 2008)
• Architecture d’entreprise : quels modèles opérationnels ? (n° 12 – novembre 2008)
• La démarche de refacturation (n° 11 – octobre 2008)
• Comment construire le tableau de bord de la DSI (n° 9 – septembre 2009)
• Comment définir des engagements de services (n° 8 – septembre 2008)
• Modernisation des systèmes d’information : quelles infrastructures du futur ? (n° 5 – juin 2008)
• Dix clés pour mieux gérer ses réseaux (n° 4 – mai 2008)
• Gestion de projets : peut-on gagner du temps ? (n° 3 – mai 2008)
• Fusions d’entreprises : comment intégrer les systèmes d’information (n° 2 avril 2008)
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