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PALLAS , 79, 2009, pp. 307-322
Olivier Roux
Dans le premier chapitre de son livre intitulé Le visage et le nom (1999), Bernard Vernier dresse
un tableau des différents systèmes de parenté présents dans la Grèce rurale contemporaine. Son
analyse consiste à intégrer à sa recherche sur des systèmes complexes tels que la transmission des
bien, du don des prénoms, des échanges affectifs, le principe de ressemblance physique. Si dans
nos usages occidentaux modernes, il est fréquent de flatter un proche en faisant remarquer que son
enfant lui ressemble ou au contraire, de le piquer gentiment en soulignant la ressemblance frappante
avec l'autre des deux parents, la reconnaissance collective de ces traits de convergence obéit souvent
à des règles complexes. Selon les aires culturelles, il existe des lois d'une bonne ressemblance qui tend
à renforcer ou à rééquilibrer les rapports inégalitaires entre filles et garçons ou entre aînés et cadets.
Certes, dans ces aires à forte domination masculine, l'enfant idéal demeure l'aîné des garçons et
mieux encore, s'il est l'aîné de tous les enfants. Une fois analysé et comparé deux systèmes, celui de
Karpathos (île égéenne) et celui du Magne (Péloponnèse), lesquels peuvent l'un comme l'autre être
retrouvés en d'autres lieux de la Grèce, l'on peut mettre en évidence deux logiques distinctes, sur
un fond malgré tout commun : il s'agit d'organiser, d'expliquer et de légitimer les échanges et les
liens de toute nature, qu'ils soient patrimoniaux, nominaux ou affectifs. A Karpathos, du moins
à l'époque où Bernard Vernier mena son enquête - car beaucoup de ces principes sont depuis
quelques années en transformation - la transmission du nom et des biens fonctionne de manière
non croisée. L'aîné des garçons prend le nom du grand-père paternel ainsi que l'essentiel des biens
du père acquis par voie patrilinéaire. La fille aînée prend le nom de la grand-mère maternelle et
reçoit l'essentiel des biens de la mère qu'elle-même reçut de sa propre mère. Le deuxième garçon
prend le nom du grand-père maternel et la deuxième fille celui de la grand-mère paternelle. Quant
aux troisièmes enfants de chaque sexe, ils restent liés respectivement comme les premiers nés au
grand-père paternel et à la grand-mère maternelle. Par contre, les ressemblances fonctionnent de
manière différente: l'aîné des garçons est censé ressembler à la mère alors que l'aînée des filles
ressemblera au père. Les seconds quant à eux ressemblent au parents du même sexe et à partir
des troisièmes, il n'y a pas plus de règles : ils ressemblent aux oncles, tantes, grand parents voire à
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 309
même zone culturelle et en la matière, l'on ne peut donc parler de modèle grec.
Aristote, qui est postérieur, ne critique jamais explicitement sur ce point Hippo
premier de ces modèles est - entre autres auteurs hippocratiques - particulièreme
par celui de l'ensemble De la génération-De la nature de l'enfant dans lequel l'on p
« La femme aussi éjacule à partir de (tout) le corps, tantôt dans la matrice - et la
devient humide - tantôt en dehors »7.
Principe
Affrontement du père
7 Génération , IV, 1 : MeÔíei ôè Kai fļ yuvfļ ánò xoû awfiaxoç òxè jièv éiç xàç ^irjxpaç, aí Ôè jxfixpai
ÍK(iaXéai yívovxai, óxè ôè Kai eÇco. Trad. Robert Joly, CUF, 1970
8 Théorie selon laquelle la semence provient de tout le corps.
9 Génération , VII, 1
10 Régime , I, 28-29.
1 1 L'auteur emploie aussi émKpáxrioiç. Cette idée de domination peut encore être exprimée, c'est le
cas par exemple de Démocrite, avec le terme èrciKpaxeia.
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 311
produit une semence ( Timée ). Par la suite, les auteurs post-aristotéliciens et les écoles q
écrit sur la question considèrent toujours l'existence de la double semence. Celaest vrai
la biologie stoïcienne19, les Épicuriens20 et les médecins célèbres de l'époque romaine c
Soranos d'Éphèse (début du IIe s. apr. J.-C.), Galien de Pergame21 (iie s. apr. J.-C.) ou e
le compilateur Oribase22 (milieu du IVe s.). De son côté, Pline, qui se fonde en grande
sur Aris to te pour son chapitre consacré à la reproduction, semble en effet privilégier l'o
de la semence unique mâle mais sans y insister ni même l'expliciter23. Plus particulièr
sur la ressemblance, les auteurs majoritaires en nombre qui supposent une semence fémi
considèrent que l'enfant ressemble - et souvent prend le sexe - du parent dont la sem
été dominante au cours d'une sorte d'affrontement.
19 Toutefois selon Censorinus, la semence féminine serait inutile pour les Stoïciens, D
(d'Apollonie?) et Hippon. Rappelons que Censorinus est d'abord un grammairien latin e
plus est d'époque tardive (llle s. apr. J.-C.).
20 Par les fragments du pseudo-Plutarque (ive s. apr. J.-C.) et d'Aétius (ve s. apr. J.-C.) a
chacun d'un très semblable Opinions des philosophes et surtout du De natura rerum {De la n
des choses) de Lucrèce (mort en 55 av. J.-C.).
21 Galien, De l'utilité des parties du corps , 14, 11 (= t. IV, p. 188 éd. Kühn): « Le sperme
femme outre qu'il contribue à la génération de l'animal est aussi utile à ces fins ». Trad. C
Daremberg.
22 Oribase, Collection médicale , XXII, 6, 15 (= t. IV, p. 68-69 éd. Daremberg-Bussemaker).
23 Pline, Histoire naturelle , VII, 66 : « germine maribus » = « la semence qui provient des mâles ».
24 p. 129. Voir aussi La sexualite et sa repression dans les sociétés primitives (1927), trad. fra. ed. rayot,
p. 19-20. Bernard Vernier (1999, p. 15-22 en part. p. 18-20, n. 2) reprend le dossier en y incluant
les références de quelques controverses au sujet de Malinowski et de sa prétendue « naïveté ».
Sur le lien entre théories biologiques et parenté, Claude Lévi-Strauss aborde dans ses Structures
élémentaires de la parenté (1947) certaines questions comme par exemple les appellations
élaborées par les Tibétains de « la parenté du même os » (paternelle) et « parenté du même sang »
(maternelle) notamment sur la prohibition de l'inceste (p. 429-430).
25 C'est le cas des Na, groupe ethnique de la Chine. Voir Huai Cai, 1997.
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 3 1 3
Claudine Leduc ont mis en lumière une évolution et plus précisément une modificati
assez rapide de la conception du mariage en Grèce entre les VIIe et Ve siècles, qu'il convi
de mettre en parallèle avec le passage à la vie de la cité et le recul des anciens princip
aristocratiques30. Tout d'abord, le phénomène qui exprimerait le mieux cette tendance se
le passage du système des ëÔva à celui de la rcpoiÇ. Qu'est-ce à dire ? Les deux sont des d
accomplis à l'occasion du mariage. Assimilant quelque peu le mariage à un achat de fem
les hédna de l'époque homérique, « héroïque » et archaïque étaient transmis par le fut
époux au père de la promise, somme d'argent, tête de bétail, service rendu en particuli
militaire ou exploit quelconque, en échange de quoi, la femme était accordée, accompag
de quelques dora (présents) pour aider le futur foyer. À la différence de ce système cer
bivalent mais qui valorise d'abord les hédna , celui de la proix - la dot à proprement par
que l'on peut observer dans la cité-Etat de l'Athènes démocratique aux VIe - IVe siècles av
J.-C. - implique que le don soit réalisé par le père de la mariée à sa fille mais géré par l'épo
Le premier cas correspond au contexte social des familles aristocratiques au sein desquelle
mariage est le cadre d'un échange exogamique de femmes à des fins d'alliances et d'échan
de puissances et de services31. Dans un tel mariage, l'enfant est certes d'abord attaché
maison du père mais l'apport maternel reste très important. Cette filiation dite bilatérale o
multilinéaire place l'enfant entre deux familles, au carrefour de deux lignages et filiatio
celui de son père et celui - si ce n'est de sa mère - du moins de son grand-père matern
Les exemples de telles unions apparaissent aussi bien chez les héros de la mythologie,
héros homériques ou les récits de la fin de l'époque archaïque, avec notamment les straté
familiales conçues par les tyrans dont Pisistrate pour Athènes et ce jusque dans la deuxiè
moitié du VIe siècle avant J.-C.32.
À ce système bilatéral qui reconnaît l'importance des deux filiations avec le couple pè
et mère (ou grand-père maternel) correspond bien le modèle biologique hippocratique
L'enfant est le fruit du mélange de deux semences. À l'issue d'un affrontement au sein
la matrice, sont déterminés à la fois le sexe et l'aspect extérieur du futur enfant c'est-à-di
sa ressemblance. La théorie hippocratique de la semence va même un peu plus loin da
la précision. Chaque individu homme ou femme possède en lui deux semences, une fo
(mâle) et une faible (femelle) ; il émet tantôt l'une et tantôt l'autre.
« L'homme possède à la fois la semence femelle et la semence mâle; la femme également
mâle est plus fort que la femelle: il faut donc quii provienne d'une semence plus forte [...].
la semence la plus forte vient des deux partenaires , (l'enfant) est mâle, si c'est la plus faible , i
femelle »33.
30 Gernet, 1937 ; 1954, p. 472-473 ; 1955 ; Vernant 1974 : l'auteur reprend une large part des études de
Gernet pour l'appliquer tout particulièrement au monde homérique. Leduc, 1982, 1987 et 1998
31 Vernant, 1974, p. 62-65 ; 70.
32 Gernet, 1955. Cependant, l'on trouve encore un certain nombre d'exemples au Ve siècle comme le
projet échoué d'Épicratès d'épouser la fille de Hiéron tyran de Syracuse s'il parvient à soumettre
les Grecs (Plutarque Thémistocle ) ou le projet de Pausanias de livrer la Grèce à Xerxès en échange
de l'une de ses filles à marier (Thucydide I, 128).
33 [Hippocrate] Génération , VI, 1-2.
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34 VIII, 1-2.
35 La forme verbale Víkío a donné le participe parfait substantive décliné selon les variables
dialectales en éoikcoç, elKtoç et oîkcoç,
36 Par ex. Artemidore, G Lef des songes, III, 18 (p. 165, ed. Arlea, 1998) : « Pour un homme sans enfant,
cela prédit la naissance d'un fils, pour une femme la naissance d'une fille; car chacun verra une image
pareille à lui-même ».
37 VIII, 2.
38 Aristote, GA, VI, 3, 767a 3-4 : xà |ièv appeva jxâÂAov xw rcaxpi, xà ôè 0r|Xea xrļ (irjxpí. Également
768a 24-25. Voir aussi en HA, VII, 6, 586a 4-5. Cette combinaison est également défendue p
Pline (VII, 51) qui reste très proche de la source aristotélicienne. Pour Aristote, ce sont justeme
ces ressemblances naturelles qui pourraient provoquer un certain désordre affectif et social dan
la société platonicienne car les gens auraient le réflexe de chercher des affinités physiques entr
eux {Politiques, III, 3, 8, 1262a 14-24) : la ressemblance n'a donc rien d'acquis par l'éducation et
n'est que très rarement contrariée par l'imagination de la future mère mais elle est bien inscri
dans l'action de l'unique semence virile.
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 3 1 5
qui, d'autres à personne des parents et enfin, certains n'ont pas même forme humaine3
se trouve ainsi dans le degré le plus avancé d'une monstruosité qui commence dès l
l'enfant ne ressemble pas aux parents et même avec le premier écart, certes utile, où le
mâle entravé dans son action n'a pu produire qu'une femelle. Cette marge progress
sépare le modèle idéal du monstre dont la correspondance sociale est le bâtard, fait
aux logiques de ressemblance en usage à Karpathos et ailleurs en Grèce contempo
propos de l'ordre des naissances40 : les lointains cadets, c'est-à-dire d'ordre de naissance
ne ressemblent plus à grand monde de la famille et sont assimilés à des bâtards. A
ne calque pas explicitement ce prisme sur celui de l'ordre des naissances mais ils s'a
très proches dans leur structure comme s'ils étaient l'un et l'autre les fruits d'une
idéologie sociale. Ce discours aristotélicien sur la ressemblance, la différenciation de
et la monstruosité peut être envisagé comme le produit d'une logique matrimoni
favorise la descendance mâle tout en soutenant un droit d'aînesse important.
Inversement, le discours hippocratique peut de son côté être considéré comme le
d'une conception bilatérale - ou du moins non exclusivement patrilinéaire - de la fil
de la parenté : l'on y reconnaît non seulement l'existence des liens père/fils, grand-père pa
petit-fils mais aussi ceux tels que grand-père maternel/petit-fils ainsi que mère/fille,
mère maternelle/petite-fille ou encore grand-père paternel/petite-fille sans compter les re
avunculaires41. La société à « parenté hippocratique » connaîtrait une tendance matri
plutôt exogame qui reconnaîtrait l'importance de l'alliance, avec de ce fait des liens pro
des deux parentés, le tout obéissant à une distribution très variable selon son type pré
n'est pas possible de restituer à partir de cette seule théorie de la procréation.
Par contre, avec le régime de la Cité et de la citoyenneté, surtout après les réfo
clisthéniennes d'Athènes à la fin du VIe siècle avant J.-C., le mariage n'apparaît plus
un échange de service entre deux groupes mais plutôt comme une nécessité de perp
maison, le foyer domestique et ses cultes particuliers. C'est Yoikos qui prend le pas4
un tel contexte, les stratégies matrimoniales changent du tout au tout et les ten
endogames se renforcent. Ainsi, au sens littéral, il s'agit - pour le mâle - de se rep
c'est-à-dire de perpétuer indéfiniment le même, au sein et au service de Yoikos , dans la
des générations. Les exemples historiques foisonnent: les filles de Thémistocle sont ma
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 3 1 7
de la représentation biologique fut lui-même modifié. Dans un tel contexte, une con
bilatérale des contributions physiologiques parentales ne bénéficie plus d'une place é
La filiation paternelle est la seule et unique puisque la femme est d'abord elle-même « f
citoyen » par son père comme sa mère l'était par son grand-père maternel. Ainsi, le
physiologique de la double semence peut-il en être affecté voire être explicitement c
C'est d'une certaine manière chose faite par Eschyle qui joue dans l'extrait que nous allon
- comme dans l'ensemble de son théâtre - un rôle de véritable diffuseur de discours of
Le texte est tiré du troisième volet de VOrestie, les Eumênides qui furent représentées e
en 458/457 av. J.-C., quelques années donc avant la loi de 451/450. L'on baigne néan
dans une ambiance idéologique très comparable. Le contexte de l'extrait est celui-ci
vient de venger son père Agamemnon en tuant ses assassins, sa mère Clytemnestre et
l'amant de celle-ci. Poursuivi par les Érinyes, il passe en jugement devant ce qui devint
le tribunal de l'Aréopage. Alors, pour minimiser l'ampleur du crime, son défenseur Ap
met à nier tout type de lien de sang entre un enfant et sa mère. Il déclare à l'assemblée
« Ce nest pas la mere qui engendre ce que l'on nomme l'enfant, mais elle est ce qui no
germe qui a été semé. Engendre celui qui saillit. Et comme une hôte, elle accueille en elle
pousse, si aucun dieu n'y porte atteinte »50.
C'est ensuite Athéna qui intervient et également pour défendre Oreste, elle argu
sur son propre cas : elle est née de Zeus sans aucun concours maternel. L'enjeu de ce
n'est pas celui d'un traité de biologie mais il constitue tout autant un discours mora
parenté. Le lien maternel n'est rien et l'enfant est d'abord le produit de son père. C
au modèle aristotélicien que nous pensons en lisant Eschyle et tout semble le sépar
que l'on pourrait appeler une « parenté hippocratique ». L'on y retrouve l'esprit de
agricole dans la reproduction avec la matrice/champ, la verge/soc et la semence/gra
univers symbolique également très répandu51 pourrait correspondre, à l'origine, à la
matrimoniale pratiquée au sein de la plèbe, l'exogamie étant peut-être plus le fait des f
aristocratiques :
plèbe: filiation patrilinéaire/endogamie avec l'image symbolique agricole
aristocratie: filiation bilatérale/exogamie due à une nécessité d'alliance
50 vv. 658-661. Trad, personnelle. Oùk egti jiiycrip rç Keicfomévoi) xéicvop / xoKeúç, xpo^òç Ôè
veocmópoD / xÍKxei Ô' ó 0p(ò(jK(jôv fļ ö' ärcep Çévw Çévn / ëacoaev ëpvoç oîai 'if' ßA.a'jni 0eóç.
51 Beaucoup d'auteurs du Ve siècle av. J.-C. et d'après, se servent de ce référent métaphorique qu
peut-être pas le plus « traditionnel » : il pourrait correspondre à une nécessité idéologique
et serait pour cela très souvent énoncé. Cependant, il est clair que la fécondité des femm
fertilité des terres « travaillées » les unes comme les autres par l'homme constituent des
complémentaires presque évidents. Pour les tragédiens qui emploient l'image agricole
mot âpoDpa (labours): Sophocle, Les Trachiniennes , vv. 31-33; Oedipe roi , v. 1256-1257 a
Antigone v. 569; Euripide Oreste v. 533; Médéew. 1281 ; Ion v. 1095. Allusion énoncée ég
par le poète élégiaque Théognis {Élégie, 580) ; Platon Lois VIII, 839 ; Ménandre (. Perikeir
v. 435-436 et fr. 720 Kock) nous a conservé une parole rituelle prononcée par le père de la
au futur époux: « Je te la donne en vue du labours d'enfants légitimes » (Tairaļv yvriaítov 7
èrcapÓTa) aoi ÔíÔconi), peut-on y voir un calque de contrat de fermage? Pour Athènes, Pl
{Préceptes de mariage 42, 144b) nous parle des divers labours sacrés et rajoute « Le plus sacré
est l'ensemencement et le labour conjugal » (ó yaiurj^ioç orcópoç Kai âpoxoç).
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 3 1 9
3. Premier bilan
Une chose toutefois reste à rappeler : sur ce point précis de la théorie aristotélicien
la génération, il n'y eut pas ou peu de postérité. En effet, pour la question de la se
les traditions savantes postérieurs loin de se fonder sur Aristote, se rapprochent bien
modèle hippocratique. Aussi, à ce stade de cette enquête, il est temps de rappeler q
idées et pistes proposées :
- La double semence hippocratique est une théorie biologique conçue dans une so
parenté bilatérale, du moins dans le milieu aristocratique.
- Même si elle demeure minoritaire, la tendance patrilinéaire endogame que co
Athènes, aussi bien dans la plèbe qu'en milieu aristocratique - peut-être s'agit-il d
généralisation des usages populaires sur les hautes classes foncières - induit un d
nouveau qu'énoncent entre autres sources Eschyle, Anaxagore puis Aristote lesquels
puisé dans diverses traditions qui étaient véhiculées et étaient ainsi à leur disposition
- Même si les pratiques endogames ont pu persister aux siècles suivants jusqu'à l
romaine, les théories médicales et physiologiques savantes écrites avaient pris suffis
d'autonomie épistémologique pour ne plus dépendre de manière aussi direc
comportements matrimoniaux59. Ainsi, malgré toutes ces différences, l'essentiel d
idéologie sociale demeure : la hiérarchisation positive du masculin par rapport au fé
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320 Olivier Roux
64 Pour être plus précis, il faudrait dire : le seul cadre possible de 1 union charnelle de deux êtres
dans le seul but de reproduction.
65 Voir les réflexions de Gaudemet, 1987, p. 65.
66 Les enjeux théologiques de l'embryologie sont nombreux y compris en terre d'Islam. Dans
l'Europe du xvmc siècle, le débat entre préformisme ( oviste ou animalculiste ) et épigénétisme
- dont celui d 'Harvey - est posé comme un débat théologique où le préformisme correspond
mieux au dogme officiel. Voir sur ce sujet Tort, 1980.
67 Poly, 2003. Ainsi que ceux de Magali Coumert. Il y a également 1 étude de D.O. Hughes, 1978
qui souligne la tendance bilatérale dans les pratiques germaniques et dans leur influence sur la
société du très Haut Moyen-Âge occidental méditerranéen. Le Morgengabe (« don du matin ») est
accompli par l'époux à l'épouse au lendemain des noces. La communauté de biens apparaît ici
plus évidente.
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Parenté hippocratique et parenté aristotélicienne 321
« superstitions vulgaires ». Ce vide peut en partie être comblé par l'étude des n
préjugés et idées reçues, à l'instar des théories des ressemblances étudiées par
Vernier et qui de nos jours encore traversent une large part de la société, exprim
manière une certaine conception des liens de parenté. Que peut-on dire à ce prop
théorie la plus répandue de nos jours ? La bio-médecine a depuis plusieurs décenn
les secrets de la reproduction, dépassant ainsi les limites épistémologiques qu'u
pouvait dressées face à cette recherche des origines. Les enseignements primaire et s
des sciences naturelles ont rendu très fameux les « spermatozoïdes », les « ovules »
« gamètes ». Le rôle de chacun des parents semble bien réparti et dans cette po
Y éducation sexuelle , flotte comme une idée d'égalité: dans une société qui tend a
- sans l'atteindre - à la parité, l'équitable rôle biologique des parents ferait réson
l'équité dans l'acquittement des tâches quotidiennes. Mais encore une fois, s
justifier une autre idéologie sociale, n'assisterions-nous pas, pour ne pas dire n'assi
pas déjà, à l'idéalisation de l'actif rôle d'un spermatozoïde personnalisé qui sait va
nombreux obstacles et qui à l'issue d'une rude concurrence sans pitié, impose sa v
sa descendance ; par la même occasion, n'assistons-nous pas à une déconsidération
d'un immense et amorphe ovule récipient, cellule passive dont le rôle se limitera
de réceptacle? Comme de bien entendu, l'idéologie sociale quelle qu'elle soit imp
certaine lecture des lois biologiques.
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