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LA LITTERATURE POSSIBLE

par Cristina CANTONI et Michela POGGI - Italie

L’exploitation pédagogique du texte littéraire dans un contexte de Français


Langue Etrangère se situe au centre de plusieurs débats : pourquoi et comment la
littérature peut-elle être une ressource pédagogique en classe de langue ?

Potentiel du texte littéraire


Les finalités de la littérature sont linguistiques et culturelles mais aussi
anthropologiques: elle offre des expériences morales, émotionnelles, existentielles…elle
devient, comme le dit Todorov, « un instrument pour répondre à notre vocation d’êtres
humains ».
Le travail sur le texte permet à un lecteur actif de développer plusieurs
compétences: savoir (connaître), savoir-faire (agir sur le texte) et savoir-apprendre
(approcher d’autres textes). Mais c’est à travers l’enrichissement des registres émotifs-
affectifs et l’éducation à la citoyenneté, à la diversité et à l’imagination que l’on arrive à cet
humanisme dont parle Todorov: c’est là le savoir-être.
Aujourd’hui les enseignants de FLE ne peuvent plus considérer la littérature comme
secondaire, ni comme l’expression d’un registre soutenu et donc réservée à un public
d’élus. La perspective actionnelle de Christian Puren nous a aussi montré de nouvelles
possibilités de travailler sur le texte ou bien par le texte. En outre, Martine Fiévet affirme
que le texte littéraire « est une base privilégiée pour mettre en œuvre les compétences
répertoriées dans le CECRL », donc un instrument pour pratiquer la langue. D’autant plus
que, n’étant pas fabriqué dans un but métalinguistique, il est à considérer comme un texte
authentique à part entière.
Introduisons donc le texte littéraire en classe de FLE comme élément de réussite
pédagogique, selon les différents contextes d’apprentissage !

Quel genre?
La poésie, jugée difficile par les élèves, représente le genre idéal, car elle permet
de développer toute sorte de compétences: linguistiques, de lecture, de communication,
de compréhension, de décodage des images poétiques, de comparaison culturelle….
Pour éviter un échec – surtout au niveau A1/A2 - le choix tombera sur un poème bref,
moderne, avec des mots simples, pour travailler sur un champ lexical spécifique.
Le texte romanesque, plus rassurant pour les élèves, offre d’énormes possibilités
d’enrichissement lexical, et ouvre également la voie à des activités de production écrite
(résumés, ateliers d’écriture/réécriture) ou orale. Au lieu des classiques, on peut choisir
des auteurs mineurs ou des textes d’avant-garde (lexicalement intéressants) et préférer
les contes ou les fables.
Le texte théâtral se prête bien sûr à la lecture et à la pratique de la prosodie ou de
la phonétique. Mais c’est à travers les représentations qu’il permet d’accomplir des tâches
actionnelles : les élèves deviennent des acteurs et peuvent intérioriser la sonorité de la
langue et utiliser des canaux de communication non verbaux (gestes, expressions,
mouvements, intensité de la voix, pauses…).

Stratégies de l’enseignant
L’étude d’œuvres complètes étant souvent impossible, le professeur devra
proposer un passage pas très long et adapté au niveau de la classe. En tout cas, il
faudrait éviter le texte simplifié: on choisira plutôt un conte ou une nouvelle, ou on fera une
lecture rapide (des extraits intégrés à des résumés).
Après avoir négocié avec ses élèves le choix des contenus, l’enseignant évitera
donc de transmettre mécaniquement son savoir personnel, en préférant une pédagogie de
la découverte. Quand il le faut, il pourra utiliser la langue maternelle: ce qui compte dans
ces classes, c’est la motivation, la participation et la jouissance du texte. La démarche à
suivre est de type inductif-déductif :
-étape d’éveil (motivation)
-lecture globale (caractéristiques formelles, thème général)
-lecture analytique (structure, cohésion, indicateurs personnels et spatio-
temporels,analyse lexico-sémantique/rhétorique/phonique)
-synthèse (conclusions, appréciations personnelles).
Selon le temps disponible, on pourra se limiter à considérer un seul type de lecture,
ou au contraire choisir d’analyser cotexte et contexte.
Les didacticiens suggèrent de proposer aux apprenants une activité d’écriture
individuelle ou collective, qui pourrait faire l’objet d’une tâche authentique, quand le milieu
scolaire et social le permet (ex.: publication dans le blog de l’école ). Si l’action sociale est
impossible, on pourra tout de même réaliser un projet avec des activités simulées mais
réalistes et vraisemblables.

Quelques pistes d’exploitation pédagogique


- Une piste sociale et interculturelle : quelques passages tirés de Montesquieu (Lettres
Persanes) ou de Tahar Ben Jalloun (Le racisme expliqué à ma fille) permettront de
travailler sur le thème de la vision et de l’interprétation de l’Autre, des préjugés, du
racisme. Nos classes multiculturelles sont un terrain bien fertile pour ce genre de réflexion!
- Une passerelle vers la civilisation française : a) lire des passages du Horla de
Maupassant, riches en lexique descriptif du paysage, pour présenter la Normandie; b)
proposer ce poème tiré des Calligrammes d’Apollinaire comme étape d’éveil pour un
module sur Paris :

Le travail sur ce texte (et sur son contexte) peut aboutir naturellement à une séance sur
les monuments-symboles de Paris ou bien devenir une contribution originale à un projet
interdisciplinaire sur la Première Guerre Mondiale. Un tel poème pourrait également être le
point de départ d’un atelier d’écriture, où les apprenants seraient invités à produire leurs
calligrammes, en associant un thème à un objet (activité pratique intéressante pour les
élèves à besoins éducatifs particuliers). L’accomplissement de cette tâche pourra donner
vie à une exposition dans l’établissement scolaire ou dans un espace public: voilà un
produit authentique à valeur sociale.
- Une piste musicale: suivant les indications du Ministère de l’Éducation nationale de 2012
on peut travailler sur les relations entre poésie et musique, en mettant en chanson des
textes poétiques. Et voilà une autre tâche à laquelle les élèves à BEP pourront participer
activement. On pense tout de suite à l’ « Art poétique » de Verlaine, poème riche en
rythme et musicalité, dont on pourra également écouter (et visionner) la version chantée
par Léo Ferré.
- Un choix ambitieux : « Les droits imprescriptibles du lecteur » dont Pennac fait la liste
dans Comme un roman:

1 - Le droit de ne pas lire 6 - Le droit au bovarysme


2 - Le droit de sauter des pages 7 - Le droit de lire n'importe où
3 - Le droit de ne pas finir un livre 8 - Le droit de grappiller
4 - Le droit de relire 9 - Le droit de lire à haute voix
5 - Le droit de lire n'importe quoi 10 - Le droit de se taire

On peut donc faire réfléchir nos élèves sur leurs lectures personnelles et, grâce à
l’évocation de l’œuvre flaubertienne - suggérée par le terme “bovarysme” - ce parcours
sera l’occasion d’une découverte personnelle, culturelle et intertextuelle.
Dans nos classes de FLE, faisons donc de la place à la littérature possible !
La littérature possible – Bibliographie

- DEL COL, Elsa, 2005, « Il testo letterario : passi verso una competenza interpretativa ». In : STAGI SCARPA,
Mariella (dir.), Insegnare letteratura in lingua straniera, Roma, Carocci Faber

- FIEVET, Martine, 2013, Littérature en classe de FLE, Paris, CLE International

- JAMET, Marie-Christine, 1999, Réussir l’analyse de texte, Torino, Petrini

- KAHNAMOUIPOUR, Jaleh, 2004, « L’enseignement de la poésie, l’espace d’un échange interculturel »,


Dialogues et cultures n° 49

- La poésie du XIXe au XXe siècle : du romantisme au surréalisme. Pistes de travail, 2012, Ministère de
l’Education Nationale

- PUREN, Christian, « Explication de textes et perspective actionnelle : la littérature entre le dire scolaire et
le faire social ». En ligne : www.christianpuren.com/mes-travaux, 2006e

- RIQUOIS, Estelle, 2010, Exploitation pédagogique du texte littéraire et lecture littéraire en FLE: un
équilibre fragile, 11e Rencontre des chercheurs en didactique des littératures, Genève

- STAGI SCARPA, Mariella, 2005, « La didattica della letteratura in lingua straniera, oggi ». In: STAGI
SCARPA, Mariella (dir.), Insegnare letteratura in lingua straniera, Roma, Carocci Faber.

- TODOROV, Tzvetan, 2007, La littérature en péril, Flammarion

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