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3 La concurrence imparfaite 15
3.1 Le monopole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.1.1 L’équilibre du monopole avec unicité du prix . . . . . . . 16
3.1.2 Le monopole et la discrimination . . . . . . . . . . . . . 19
3.2 Les oligopoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.2.1 L’oligopole de Cournot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.2.2 L’oligopole "de Bertrand". . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.3 Le modèle meneur-suiveur . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.4 La solution de l’entente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 2
O(p)
p*
D(p)
Q
Q*
O(p)
p’
p*
D(p)
D’ O’ Q
Q*
prix p0 est supérieur au prix d’équilibre ; alors la quantité offerte est supérieure à
la quantité demandée. Dans ces conditions les offreurs ("côté long") ne seront pas
tous à même d’écouler ce qu’ils voudraient écouler, alors que les acheteurs ("côté
court") pourront tous acheter ce qu’ils souhaitent.
Du côté des vendeurs il y a donc un rationnement provoqué par un prix trop
élevé ; ce rationnement peut évidemment prendre des formes très diverses : on
peut imaginer que les premiers arrivés vendent tout leur stock (ils ne sont pas
rationnés) alors que ceux qui arrivent plus tard sur le marché ne vendent rien ; on
peut aussi imaginer un mécanisme de répartition du rationnement, assurant que
tous les offreurs sont rationnés d’une même quantité, ou d’un même pourcentage
(il faut une autorité administrative pour réaliser une telle répartition).
L’examen du graphique 2 permet de constater que si le prix est supérieur au
prix d’équilibre, la forme des courbes d’offre et de demande implique qu’il y a
toujours un excès d’offre ; et avec un prix inférieur au prix d’équilibre c’est la
demande qui sera supérieure à l’offre, et qui donc sera rationnée.
Mais ces situations de déséquilibres ne sont pas nécessairement durables ; au
contraire, on considère généralement qu’il existe des mécanismes automatiques
de retour à l’équilibre.
réel pouvoir en matière de prix aurait la capacité d’ augmenter le prix ; mais di-
minuer le prix, pour un offreur, ne prouve pas un réel pouvoir d’influence, chacun
étant toujours libre de diminuer ses propres prétentions. Le mécanisme de retour
à l’équilibre illustré ici n’implique que cette possibilité d’être moins exigeant, et
ne contredit donc que très faiblement l’hypothèse d’agents preneurs de prix.
Dans le cas d’un prix de marché qui serait plus faible que le prix d’équilibre, le
raisonnement permettant de comprendre le retour à l’équilibre est de même type,
en partant d’une demande excédentaire plutôt que d’une offre excédentaire. On
laisse au lecteur le soin de reconstituer le mécanisme.
Le modèle de la toile d’araignée Dans ce modèle dont on expose ici une des
variantes les plus élémentaires, il y a une offre et une demande constituées de ma-
nière normale, mais des délais dans la production rendent impossible l’ajustement
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 10
O(p)
p0
p*
p1 D(p)
Q0 Q* Q1 Q
p1 O(p)
p0
D(p)
Q’ Q" Q
Sur le graphique 3, on part d’un niveau d’offre Q0 ; cette offre est soldée au
prix p0 ; les producteurs produiront alors la quantité qui correspond à ce prix sur
leur courbe d’offre, c’est-à-dire Q1 ; mais cette nouvelle offre, quand elle arrivera
sur le marché, fera chuter le prix à p1 .
Il en résultera une nouvelle modification de l’offre, cette fois à la baisse, etc.
Le mouvement des prix et des quantités est illustré par la ligne rouge qui rappelle
une toile d’araignée. On voit que dans ce premier exemple, le prix et les quantités
se rapprochent peu à peu de leur valeur d’équilibre.
Il y a donc ici deux sortes d’équilibre ; celui qui s’établit à chaque période
est un équilibre temporaire. Il y a bien équilibre du marché à chaque fois, mais
cet équilibre n’est pas le même que la fois d’avant ; l’autre équilibre est celui
constitué par les valeurs Q∗, p∗ ; c’est celui vers lequel tendent tous les équilibres
temporaires, c’est l’équilibre permanent.
Sur le graphique 4, on part comme précédemment de l’offre Q0 , et le proces-
sus de modification des prix et des quantités est le même. Mais le résultat est très
différent puisqu’on revient toujours aux mêmes valeurs Q0 , p0 et Q1 , p1 : il n’y a
pas de convergence vers un équilibre permanent , il y a un cycle régulier d’oscil-
lations de prix hauts et bas : et cela ressemble effectivement au cycle observé de
la viande de porc.
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 12
où Φ(.) est la fonction composée f ◦ O(.). Cette expression montre qu’on peut traiter
ce problème sous forme d’une suite mathématique à partir d’un prix quelconque p0 (ou
d’une quantité Q0 ).
Supposons pour fixer les idées que les deux fonctions O(.) et D(.) sont affines, avec :
Cette dernière expression dépend évidemment des valeurs prises per les paramètres α et
β. Trois cas se présentent :
1
on sait que la réciproque d’une fonction continue existe si cette fonction est strictement mo-
notone, ce qui est le cas de D(p)
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 13
α = −1 , c’est-à-dire que les pentes des deux courbes d’offre et de demande sont égales
en valeur absolue. Alors αt ne prend que les valeurs 1 et -1, et 1+α+α2 +· · ·+αt−1
prend (en même temps) les valeurs 0 ou 1. Il en résulte que le prix de marché ne
prend que deux valeurs en alternance, pt = p0 quand t est pair, et pt = β − p0
quand t est impair. On retrouve le comportement cyclique.
|α| < 1 On voit alors qu’au bout d’une période suffisamment longue, le premier terme
de l’expression αt p0 + β(1 + α + α2 + · · · + αt−1 ) tend vers 0, et le second vers
1
β ; la valeur limite du prix pour un très grand nombre de périodes est donc
1−α
β a−c
, est-à-dire d’après la définition de α et β, vers , qui est précisément le
1−α d−b
prix d’équilibre permanent.
|α| > 1 Le comportement du prix est alors explosif, puisque les deux termes de la for-
mule tendent vers l’infini avec alternance de signe ; aucun fonctionnement écono-
mique n’est possible, parce que le prix prendrait rapidement des valeurs absurdes
(prix négatif).
O(p)
p*
D(p)
p’
D’(p)
Q’ Q
Q*
F IG . 5 – Modification de la demande
Mais cette définition est très abstraite, et ne repose pas sur les concepts rencon-
trés dans l’étude des marchés. Il est heureusement possible de montrer comment
elle s’applique aux marchés concurrentiels, grâce à deux résultats :
1. Si tous les marchés d’une économie sont concurrentiels, l’équilibre de ces
marchés, caractérisé par la condition prix = coût marginal, constitue un op-
timum de Pareto. Ce résultat important est connu sous le nom de "premier
théorème de l’économie du bien-être".
2. On peut aussi approcher l’efficacité à l’aide de la notion de surplus.
Le surplus d’un consommateur (concept dû au Français Jules Dupuit au mi-
lieu du XIXème siècle) est la différence entre la somme maximale qu’il est
prêt à dépenser pour acheter un bien ou un ensemble de biens d’une part,
et la somme qu’il débourse effectivement pour l’acquérir. Il s’agit bien sûr
d’un concept psychologique, mais qu’on peut néanmoins mesurer à l’aide
de la courbe de demande. En effet, on démontre que la somme des sur-
plus des consommateurs individuels ou surplus des consommateurs d’un
marché donné est égale à la surface située entre la fonction de demande
et la ligne horizontale correspondant au prix ( c’est la surface colorée du
graphique 6).
Le surplus des producteurs d’un autre côté est la somme des profits.
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 15
Surplus
D(p)
3 La concurrence imparfaite
Comme on l’a déjà dit, la concurrence parfaite qui a été exposée à la section
précédente est un cas particulier et très rare. Les activités agricoles, industrielles,
ou de service, se déroulent le plus généralement dans des conditions assez diffé-
rentes, parce que les produits ne sont pas homogènes : marché de l’habillement,
de l’automobile, etc., etc., ... ; parce que les firmes sont nécessairement de grande
taille : taille minimale d’une aciérie ou d’une raffinerie de pétrole, etc., etc., .. ;
parce que l’entrée n’est pas totalement libre à cause de réglementations, brevets,
etc., etc., ...
IV FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS 16
3.1 Le monopole
Un monopole est une firme qui est le seul vendeur sur un marché déterminé.
Cette situation peut être dûe à :
– Une capacité ou des ressources que le monopoliste est seul à posséder, par
exemple un brevet de fabrication ;
– Une structure des coûts de production qui impose une très grande taille à la
firme et rend impossible la concurrence (monopole naturel) ;
– Une exclusivité accordée par contrat ou par une réglementation publique
(privilège).
Le monopole, face à une multitude d’acheteurs 2 , a évidemment la responsabilité
de déterminer le prix de vente : il est faiseur de prix. Mais il peut exercer ce
pouvoir de deux manières différentes :
– En fixant un prix unique, identique pour tous les acheteurs ;
– En instituant des prix différenciés, chaque consommateur ou chaque achat
étant soumis à des conditions tarifaires particulières : c’est la discrimana-
tion.
Soient :
– Qm , la quantité produite par le monopole à l’équilibre
– pm , le prix de vente du monopole
– p(Q), la demande réciproque
– C(Q), la fonction de coût total
– π(Qm ) le profit de la firme
Le monopole maximise son profit qui est :
La condition de premier ordre de la maximisation est donnée par l’égalité entre recette
marginale et coût marginal :
dπ dp dC
= p(Q) + Q − =0
dQ dQ dQ
ou encore :
dC dp
p(Q) = −Q
dQ dQ
Le dernier terme de l’expression de droite étant négatif (la courbe de demande
est décroissante), les faits suivants apparaissent :
– Le prix de vente du monopole est supérieur à son coût marginal : il vend
plus cher que ne le ferait une firme concurrentielle,
– Les consommateurs auront à leur disposition une quantité moindre, com-
paré à ce qui se passerait en cas de vente au coût marginal.
La production du monopole est "insuffisante" dans la mesure où l’on sait que
si ce secteur était composé d’un grand nombre d’entreprises concurrentes, la pro-
duction serait plus large, et le prix ou les prix plus bas. L’expression précédente
peut être précisée par la formule de L ERNER, qu’on obtient en divisant par le prix :
dC
p(Q) −
dQ 1 Qdp
= où =
p(Q) || dQp
p
Profit
Cm
CM
p
m
E D(p)
Rm(p)
Qm
Q
Cet équilibre n’assure pas le bien-être maximum, mais n’en n’est pas aussi
éloigné que le monopole proprement dit ; il se trouve dans une position intermé-
diaire, et d’autant plus près de la concurrence pure et parfaite que le nombre de
firmes est élevé.
construit, à moins qu’un des armateurs ne soit assez grand pour que la construc-
tion du phare lui soit profitable même s’il doit le financer en totalité. Hormis cette
hypothèse, la production de biens collectifs par l’initiative privée est généralement
insuffisante ; les bénéficiaires d’un bien collectif peuvent évidemment s’allier pour
le produire de manière associative mais le problème du passager clandestin rend
ce genre de technique peu viable.
On considère donc souvent que la production du bien collectif doit être assu-
rée par les pouvoirs publics, qui ont la capacité d’obliger tous les bénéficiaires à
assurer son financement par les mécanismes de l’impôt. On pourrait même définir
des conditions de production optimale de biens collectifs, qui ressembleraient aux
conditions de production des biens privés (coût marginal = utilité marginale), cha-
cun payant par l’impôt en fonction de la valeur qu’il attribue réellement aux biens
considérés, comme dans le cadre de la fourniture de biens privés par les marchés.
Mais un des grands problèmes qui se posent aux gouvernements est de savoir
quels biens publics ils doivent fournir, et en quelle quantité. Seuls les consomma-
teurs des services des phares peuvent dire quels sont les besoins en phares. Si les
services gouvernementaux visitent les bénéficiaires potentiels de la production de
phares en vue de connaître la quantité à produire, les armateurs ne voudront pas
dire qu’ils en ont besoin, de peur d’avoir à payer les phares par l’impôt. C’est le
problème de la révélation des préférences : comment inciter les consommateurs
potentiels de biens publics à dire quelle utilité ces biens présentent pour eux, si
on les interroge pour déterminer le montant de leurs leur impôt ? La solution du
financement par l’impôt ne résoud donc pas la question de la quantité des biens
collectifs à produire.
La production des biens collectifs dans la pratique bute donc sur ce grave pro-
blème et l’État utilise d’autres techniques pour déterminer la nature et la quantité
des biens à produire sous l’appellation de biens publics, des techniques qui au
regard de la théorie économique apparaissent souvent comme arbitraires ; ce sont
les techniques du débat démacratique. Quant au financement, il est indifférencié,
puisque tous les contribuables financent tous les biens collectifs sans que leur part
soit en relation avec la valeur économique qu’ils attribuent aux biens en question.
Comme on le voit, si le marché est incapable de fournir efficacement les biens
publics, l’État ne le fait quant à lui que d’une manière aveugle – au regard de
l’efficacité économique.
par celui qui entreprend cette action : ce dernier n’assume que le coût privé de son
action, ce qu’il doit débourser. L’externalité est caractérisée par une divergence
entre coût social et coût privé – ce dernier étant plus faible en cas d’externalité
négative.
La pollution de l’air ou d’une rivière par une entreprise est un exemple clas-
sique d’externalité : l’entreprise subit les coûts normaux de production, constitués
de l’achat des ressources qu’elle achète ; ces coûts privés font partie du coût so-
cial, puisque des ressources sont détruites. Mais la destruction de l’environnement
ne figure pas parmi ces coûts privés, alors qu’elle fait partie du coût social. Cette
divergence fausse le calcul économique du producteur, puisqu’il produit sans tenir
compte de tous ses coûts.
Dans le cas d’une externalité positive, le bénéfice privé d’une action est in-
férieur à son bénéfice public : par exemple un pianiste de génie qui répète dans
sa maison ignore que ses voisins l’écoutent et en tirent une grande satisfaction ;
il s’arrête de jouer dès que son propre programme de répétition est rempli alors
que le bénéfice social pourraît être accru, parce qu’il ne tient pas compte de la
satisfaction éprouvée par ses voisins.
Comme on le voit, les externalités s’opposent à la pleine efficacité écono-
mique.
La solution classique au problème des externalités a été proposée par Pigou
au début du XXème siècle, à travers une intervention de la politique économique
qui serait destinée à diminuer les émissions d’externalités négatives et à encou-
rager les émissions d’externalités positives. Dans le premier cas on taxerait les
émissions d’ externalités et dans le second on les subventionnerait. Cette mesure,
si elle est bien calculée, permettra aux agents d’opérer leur calcul économique
en tenant compte de l’externalité. La divergence entre coût social et coût privé
disparaîtrait ainsi : on parle alors d’internalisation des externalités.
Dans les années 1960-70, une remise en cause de cette approche a été proposée
par Ronald Coase.
Coase considère que cette opposition entre coût social et coût privé n’a de sens
qu’à certaines conditions ; dans le cas d’une pollution par exemple, la divergence
coût social - coût privé ne se présente que si il existe un vide juridique à propos
de la propreté du bien pollué.
Prenons l’exemple d’une rivière qui est polluée par une usine déversant des
rejets toxiques qui tuent le poisson et rendent impossible la baignade. Le voisin
en aval de l’usine ne peut donc plus ni pêcher ni se baigner, encore moins boire
l’eau de cette rivière : il subit une externalité négative. Pour Coase, il faut se
demander si le droit du lieu où se déroule cette triste histoire protège le voisin,
ou s’il autorise l’usine à polluer à son gré, ou encore s’il est muet, ignorant le
problème.
Si l’un des protagonistes dispose d’un droit sur la rivière (droit de la polluer
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