HIGHLIGHTS 2003
Cytologie en mouvement
Lukas Bubendorf
Correspondance:
PD Dr. med. Lukas Bubendorf
Institut für Pathologie
Kantonsspital
Universitätskliniken
Schönbeinstrasse 40
CH-4003 Basel
lubendorf@uhbs.ch
Figure 1.
Cytologie de la vessie par lavage
dans un cas de cystoscopie sans
particularité. Cellules d’un carci-
nome in situ de la vessie avec
nettes atypies nucléaires (colo-
ration de Papanicolaou, 630).
Inset: trois cellules tumorales
avec augmentation de signaux
pour les chromosomes 3 (rouge),
7 (vert) et 17 (bleu). Nombre de
signaux normal ou perte de signal
pour le segment chromosomique
9p21 (or); hybridation par
fluorescence in situ (test HFIS
multi-assay).
Figure 2.
Epanchement pleural malin:
agglomération cellulaire d’un
cancer mammaire métastatique.
a) coloration de Papanicolaou,
b) amplification intense du gène
HER-2/new: forte augmentation,
en forme de nuage, des signaux
du gène HER-2/new (rouge) et
2–3 signaux référentiels
(chromosome 17) par noyau de
cellule tumorale (630).
Forum Med Suisse No 1/2 7 janvier 2004
Le scepticisme de nombreux histopathologistes
à l’égard de la signification des cellules consi-
dérées isolément, autrefois fréquemment ob-
servé, a cédé à la compréhension de la cyto-
logie comme partie intégrante de la pathologie
diagnostique. Ce changement de comporte-
ment est dû, entre autres, à l’intégration de
la cytologie dans le curriculum de spécialiste
en pathologie et à la création d’une formation
approfondie en cytologie. Un assistant en for-
mation a de la difficulté à se soustraire à la
fascination de cette dimension morphologique
et diagnostique complémentaire. Une des
forces de la cytologie réside dans sa simplicité
technique. En effet, les cellules se laissent
détacher (par frottis) de toutes les surfaces
corporelles, ponctionner à l’aiguille au niveau
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des sites altérés palpables ou non et peuvent
facilement être extraites des fluides corporels
par lavage ou ponction. Grâce à une technique
nécessitant peu de moyens et peu ou pas inva-
sive, la cytologie permet souvent de poser un
diagnostic définitif. Comme exemple classique,
on peut citer l’investigation initiale des nodules
mammaires ou thyroïdiens. Mais l’immuno-
cytochimie occupe aussi une place de choix
dans le cytodiagnostic et elle est appliquée
avec succès pour la typisation des cellules
tumorales entre autres. Aussi bien en cytologie
gynécologique qu’extragénitale, on a assisté à
d’importants développements au cours de ces
dernières années et ces progrès ont contribué
à modifier l’image traditionnelle de la cytologie.
Au cours des dernières décennies, la cytologie
gynécologique de dépistage a permis une ré-
duction massive de l’incidence des carcinomes
invasifs du col utérin et elle constitue ainsi,
dans l’histoire de la médecine, l’exemple d’un
succès inégalé pour une méthode de dépistage
précoce. La cytologie en phase liquide, qui au
contraire de la méthode conventionnelle de
frottis favorise une qualité continue des prépa-
rations, constitue une autre amélioration dans
le domaine de la cytologie. L’avantage diagnos-
tique de cette méthode par rapport à la mé-
thode conventionnelle des frottis fait encore
l’objet de controverses. Mais on peut prévoir
que la cytologie en phase fluide s’imposera pour
le dépistage gynécologique en raison d’avan-
tages évidents. En effet, le matériel en surplus
des préparations en phase liquide, qui sont
archivables, pourra être ultérieurement utilisé
à des fins d’analyses moléculaires (par ex. ana-
lyses HPV), en cas de résultat cytologique incer-
HIGHLIGHTS 2003
tain. La cytologie en phase liquide est aussi
une condition à l’automatisation efficace de
production des préparations et d’échantillon-
nage en cytologie gynécologique et les appareils
convenables sont aujourd’hui disponibles et
déjà en fonction. L’utilisation diagnostique de
l’hybridation par fluorescence in situ (HFIS) a
aussi permis de nouveaux progrès en cytologie.
L’HFIS permet de visualiser les chromosomes
et les gènes au sein des préparations cytolo-
giques usuelles. Etant donné que des tumeurs
malignes se caractérisent par des altérations
chromosomiques, cette méthode se prête avant
tout au diagnostic des tumeurs. Jusqu’ici,
l’HFIS a surtout fait ses preuves pour préciser
des résultats peu probants en cytologie urinaire
et pulmonaire, ainsi que dans le diagnostic
des lymphomes (figure 1). Pour le cancer mam-
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maire, l’HFIS est utilisé pour la mise en évi-
dence d’une amplification génique HER-2/new
(figure 2). La présence d’une telle amplification
est la condition d’une réponse au trastuzumab,
un médicament spécifiquement dirigé contre
le gène HER-2/new. On peut envisager que
l’HFIS gagnera en importance pour la prédic-
tion d’une réponse aux nouveaux médicaments
anti-tumoraux. La combinaison du cytodia-
gnostic morphologique conventionnel avec des
nouveautés technologiques et méthodologiques
en continuel développement a pour consé-
quence une meilleure détection précoce, un dia-
gnostic affiné et une planification ciblée des
traitements.
(Traduction Dr Bernard Croisier)