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V. – De l'évidence métaphysique.

Obstacles qui nous empêchent d'en avoir une parfaite


dans la science de nos facultés

Ce critère, cette lumière de l'évidence que nous cherchons, ne peut nous venir entièrement du
dehors, nous ne le trouverons point uniquement dans les rapports de nos signes à nos idées, ni
dans une identité conventionnelle et bien souvent illusoire. La source de l'évidence doit être plus
réelle et plus près de nous ; il y en a une métaphysique comme il y en a une mathématique, toutes
deux également fondées sur le fait primitif d'existence.
Notion objective du terme de l'effort et toutes les idées qui dérivent de la même origine sans
aucun autre alliage : évidence mathématique.
Conception réflective du sujet moi de l'effort et tous les actes de nature identique à celui qui
fonda le premier sentiment individuel d'existence : évidence métaphysique, inséparable de la
première.
Le mathématicien placé à la source conçoit et se représente ; il a des signes permanents
inséparables des idées comme de l'objet qui sert en même temps de modèle et d'appui aux unes et
aux autres. Ici seulement l'évidence réelle et logique se confondent ou sont indivisiblement unies.
Le métaphysicien placé à la même source conçoit et réfléchit il s'arrête aux limites du monde
extérieur ; le terme objectif de l'effort n'est pas pour lui la base fixe sur laquelle reposent ses
idées, mais un point d'appui d'où part la [148] pensée pour se réfléchir sur elle-même ; ses signes
sont les actes mêmes qui lui révèlent sa puissance constitutive, ses vouloirs, son existence ; mais
de tels signes sont transitoires dans l'ordre successif, et n'ont point dans leur nature cet attribut
essentiel de permanence qui n'appartient qu'à l'ordre des coexistants.
Les conceptions du métaphysicien échappant aux signes extérieurs, l'évidence ne peut y être
qu'immédiate pour le sujet même et incommunicable par des moyens artificiels. Au contraire
l'évidence mathématique empruntée du dehors y revient et n'existe qu'en se communiquant par
des signes clairs et durables.
Mais en avançant et s'éloignant de la source, la science mathématique pure peut admettre
plusieurs éléments hétérogènes ; en s'associant à la science des qualités physiques passagères ou
variables de l'objet extérieur, elle perd une partie de la certitude qu'elle communique ; à mesure
que son objet se complique, ses représentations deviennent plus incertaines et ses signes souvent
trompeurs par le caractère même de simplicité et de fixité absolue qui fait leur essence.
Le véritable objet métaphysique s'enveloppe aussi en se combinant ; tous les caractères de
l'évidence intérieure s'effacent à mesure qu'il admet une multitude d'éléments hétérogènes qui,
émanés d'une autre source, l'altèrent par leur mélange ; ainsi il peut perdre toujours pour
s'éclairer lui-même la portion de lumière qu'il leur communique. Alors les sages, fidèles au
précepte de l'oracle1, ne trouvent plus qu'obscurité en eux-mêmes ; tout conduit à aller au dehors
rallumer un flambeau éteint ; frappés de l'éclat d'une lumière empruntée, c'est à elle que leurs
yeux s'attachent, c'est elle seule qu'ils reconnaissent comme propre et naturelle ; c'est dans les
objets sensibles de leur conception, en s'élevant jusqu'aux cieux ou descendant dans les abîmes,
qu'ils contemplent la pensée : c'est ensuite dans les signes ou les résultats de leurs propres
conventions, qu'ils saisissent ses formes extérieures. Embrassant alors une nouvelle sorte
d'évidence logique, ils s'y tiennent comme à la seule qu'il soit donné à l'homme de connaître, et
qu'il lui soit permis de rechercher. L'évidence métaphysique ne peut plus subsister pour nous
dans sa pureté. La raison n'en est pas seulement dans le défaut des signes, qui tient lui-même au
caractère des faits, souvent incommunicables par le langage, lors même qu'ils sont
immédiatement déterminés pour la réflexion mais c'est surtout que l'observation de ces faits plus
incomplète, sujette à des difficultés extrêmes, trouve des bornes naturelles dans l'hétérogénéité
même du sujet à qui elle tend à s'appliquer.
[149] En faisant abstraction de cette vue même toute extérieure qui nous emporte si loin de
nous, et nous cache ces formes intimes qu'elle confond avec l'objet, ou dont elle l'habille, nous
supposant réduits à ce qui peut faire le sujet et la matière d'une observation intérieure, à la
1
Nosce te ipsum.
réflexion de nos actes et au sentiment immédiat de nos propres impressions ; nous trouvons là,
encore, deux sortes d'éléments en opposition et presque toujours en lutte ; et pourtant c'est de
leur combinaison que résulte l'homme tout entier ; ce n'est que dans l'exercice simultané de deux
forces et dans l'application de l'une à l'autre et à elle-même, que l'être intelligent et sentant peut
s'étudier et se connaître dans l'humanité complète (duplex in humanitate).
L'aperception ou le principe de la connaissance n'est point dans les affections d'une vie toute
intérieure, et nous avons vu pourquoi ou comment, quand ces affections dominent, elles
absorbent tout ce qui n'est pas elles. Cependant, l'homme ne peut se connaître sous le rapport
moral en particulier2, sans tenir registre, pour ainsi dire, de ses affections et de leurs
produitsimmédiats, ce qui suppose la possibilité de leur appliquer une sorte de tactintérieur, dont
les hommes, distraits par tant d'impressions vides du dehors,sont peu disposés à faire usage ;
mais de plus, cette sorte de tact affectif setrouve liée à une certaine disposition du tempérament
organique, la même quiavivant les impressions ou en multipliant les causes, les rend aussi
souventtumultueuses et confuses dans le sujet et y annule toute capacité d'observation ;il suffit
encore de vouloir appliquer à ces produits d'une sensibilité spontanée, bien indépendante dans
son principe, un autre sens plus réfléchi qui ne leur est point directement approprié, pour qu'elles
fuient et se dénaturent : c'estEurydice dont le souffle de vie s'évanouit par un simple regard.Ainsi
donc, l'analyse de ce premier ordre de facultés
affectives
considéréesdans leur rapport avec la pensée sur qui elles exercent un ascendant si puissant,si
continuel et si inaperçu, trouve des bornes nécessaires et des obstaclesinsurmontables dans la
nature même de l'organisation, puisqu'elle exigerait uneréunion de circonstances presque
incompatibles : assez de mobilité dans lesimpressions pour que l'individu puisse les comparer ou
se comparer à lui-même (sous ce rapport) dans divers états ; assez de force et de persistance pour
pouvoir les distinguer, s'en rendre compte, et puis une sensation telle que lesaffaires ou les
choses du monde extérieur eussent peu de prise sur nous 3, et puis encore les signes qui
manquent, les termes et les classifications du langage, inapplicables à tels objets, etc. C’est ici
que la science physiologique,

2
La morale philosophique peut être considérée comme la science de nos facultés affectives et intellectuelles prises
dans leur influence nécessaire et réciproque. Elle se fonde surtout sur les deux sortes d'observations intérieures dont
nous parlons, et qui sont si sujettes à s'obscurcir ou à s'effacer l'une par l'autre. La théorie des sentiments moraux
serait à celle des facultés intellectuelles pures (si nous pouvions considérer ainsi ces dernières), ce qu'est la science
des mathématiques pures à une étude physico-mathématique.
3
Quid tyridatem terreal unice securus.

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