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EMC-Radiologie 2 (2005) 494–526

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Pathologie de l’œsophage chez l’enfant


Oesophagus diseases in children
L. Leflot (Chef de clinique des Universités - Assistant des Hôpitaux),
P. Pietrera (Praticien hospitalier), M. Brun (Praticien hospitalier),
J.-F. Chateil (Professeur des Universités, praticien hospitalier,
Chef de service) *
Service de radiologie A, hôpital Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex

MOTS CLÉS Résumé La pathologie de l’œsophage chez l’enfant peut être divisée en deux grands
Œsophage ; groupes : d’une part les anomalies malformatives, d’autre part les affections acquises.
Anomalies Les principales malformations sont représentées par l’atrésie de l’œsophage, la fistule
malformatives ; œsotrachéale et la sténose congénitale. Les duplications œsophagiennes et le retentis-
Atrésie ;
sement des anomalies des arcs vasculaires sont également étudiés dans ce chapitre. Le
Fistule œsotrachéale ;
Sténose congénitale ; reflux gastro-œsophagien et les anomalies de la jonction œsogastrique constituent la
Reflux pathologie acquise la plus fréquemment rencontrée chez le petit enfant. Les lésions
gastro-œsophagien œsophagiennes d’origine infectieuse ou inflammatoire sont beaucoup plus rares, de
même que le méga-œsophage et les tumeurs, exceptionnelles. Les lésions en rapport
avec l’ingestion de corps étranger ou de caustique méritent également d’être connues.
L’imagerie, au premier plan ou complément des autres techniques, repose encore en
grande partie sur la radiologie conventionnelle alors que l’imagerie de coupe apporte des
informations utiles dans des pathologies plus spécifiques.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Abstract Diseases of the oesophagus in children can be distributed into 2 groups:
Malformative malformative abnormalities and acquired disorders. The principal deformations are the
abnormalities; oesophageal atresia, the tracheo-oesophageal fistula and the congenital stenosis. Oeso-
Atresia; phageal duplications and compressions due to abnormal vascular ring are also reviewed in
Tracheoesophageal this chapter. Gastroesophageal reflux and abnormalities of the œsogastric junction are
fistula; the acquired pathology the most frequently encountered among children. Infectious or
Congenital stenosis; inflammatory lesions are much rarer, idiopathic achalasia and tumours are exceptional.
Gastroesophageal
Lesions in relation with the ingestion of a foreign body or a caustic substance are also to
reflux
be known. Imaging, as primary or complementary technique, still consists in conventional
radiology while sonography, CT or MRI provide useful information in more specific
diseases.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean-francois.chateil@chu-bordeaux.fr (J.-F. Chateil).

1762-4185/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcrad.2005.07.004
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 495

Introduction Lorsque l’embryon atteint 4 semaines, le diver-


ticule respiratoire naît sur la paroi ventrale de
La pathologie de l’œsophage est très variée chez l’intestin antérieur et se sépare progressivement
l’enfant, mais reste dominée en fréquence par les avec création d’une cloison, le septum œsophago-
atrésies et les fistules œsotrachéales d’une part, le trachéal. Ceci donne une partie antérieure, l’ébau-
reflux gastro-œsophagien d’autre part. L’imagerie, che respiratoire et une partie postérieure, l’œso-
au premier plan ou complément des autres techni- phage.
ques (endoscopie, pH-métrie...) repose encore en L’atrésie de l’œsophage et les fistules œsotra-
grande partie sur la radiologie conventionnelle chéales sont dues soit à un déplacement spontané
alors que l’imagerie de coupe apporte des informa- du septum œsophagotrachéal vers l’arrière, soit à
tions utiles dans des pathologies plus spécifiques. un déplacement vers l’avant de la paroi dorsale de
Après un bref rappel embryologique, les princi- l’intestin antérieur (Fig. 2).
pales anomalies malformatives seront tout d’abord
exposées : atrésie, fistule et sténose congénitales,
Atrésie de l’œsophage
complétées par les duplications œsophagiennes et
le retentissement des anomalies des arcs vasculai-
res. La pathologie acquise, détaillée dans la se- Épidémiologie et formes anatomiques
conde partie, concerne essentiellement les anoma- L’atrésie de l’œsophage est la malformation œso-
lies de la jonction œsogastrique associées au phagienne la plus fréquente, se rencontrant dans
reflux. Les lésions œsophagiennes d’origine infec- environ 1 naissance sur 3000. Elle est liée à une
tieuse ou inflammatoire, traumatique complètent anomalie de la séparation de la trachée et de
ce chapitre. l’œsophage durant l’embryogenèse, du 19e au
26e jour de gestation. Elle peut être associée à une
fistule œsotrachéale.1
Pathologie congénitale (Fig. 1) Compte tenu de cette association, et en fonction
du siège et de la longueur du segment œsophagien
Embryologie atrétique, la classification suivante est actuelle-
ment utilisée : elle se divise en cinq types (Fig. 3) :
L’intestin primitif se développe en quatre parties : • le type A correspond à une atrésie de l’œso-
pharyngien, antérieur, moyen, postérieur. L’intes- phage isolée, sans fistule œsotrachéale ;
tin primitif aux extrémités céphalique et caudale • le type B est l’association d’une atrésie de
de l’embryon, forme deux tubes borgnes, intestin l’œsophage avec une fistule œsotrachéale sur le
pharyngien et antérieur, intestin postérieur, tandis cul-de-sac proximal ;
que l’intestin moyen reste temporairement en • le type C est l’équivalent du type B mais avec
communication avec la vésicule ombilicale par le une fistule œsotrachéale sur le cul-de-sac dis-
canal omphalomésentérique. tal ;

Figure 1 Pathologie congénitale.


496 L. Leflot et al.

correspond à l’atteinte d’un appareil :


• le V représente les atteintes vertébrales (vertè-
bres en « aile de papillon », hémivertèbres,
puzzle vertébral) ;
• le A traduit une malformation anorectale (en
particulier l’imperforation anale) ;
• le C représente les cardiopathies (tétralogie de
Fallot, anomalie des gros vaisseaux...) ;
• le T et le E correspondent respectivement aux
anomalies de l’axe trachéo-œsophagien ;
• le R est lié à l’atteinte des reins et voies urinai-
res (ectopie rénale, reflux vésico-urétéral, sys-
tème double, etc.) ;
• et le L marque les malformations des membres
(L pour limb en anglais).
Ces différentes malformations sont associées de
façon variable, mais leur connaissance est essen-
tielle pour pouvoir les rechercher aussi bien en
anténatal qu’après la naissance.

Diagnostic anténatal
L’atrésie de l’œsophage, à l’inverse de beaucoup
d’autres anomalies congénitales, n’est pas détec-
tée systématiquement en échographie obstétri-
cale : elle est visualisée dans environ un tiers des
cas. L’intérêt du diagnostic anténatal est d’orien-
Figure 3 Classification des différentes formes anatomiques ter la mère, en cas de suspicion d’atrésie de l’œso-
d’atrésie de l’œsophage. phage, vers un centre spécialisé afin que l’enfant
• le type D correspond à une atrésie de l’œso- soit pris en charge dès la naissance par une équipe
phage associée à deux fistules œsotrachéales, chirurgicale pédiatrique. Le diagnostic repose sur
une sur chaque cul-de-sac ; les signes suivants : présence d’un hydramnios,
• enfin, le type E est représenté par une fistule d’un estomac de petite taille, voire absent, mise en
œsotrachéale isolée ; le segment œsophagien évidence d’une structure liquidienne visible en si-
où s’abouche la fistule peut toutefois être le tuation cervicale ou médiastinale (« pouch
siège d’une sténose congénitale. Les circonstan- sign »).3–5 Le diagnostic peut également être fait en
ces du diagnostic peuvent être dans ce cas un imagerie par résonance magnétique (IRM) fœtale,
peu différentes car la continuité de l’œsophage notamment lorsque l’œsophage n’est pas vu en
est respectée. Cette dernière forme sera étu- totalité (Fig. 4). La sensibilité varie selon les étu-
diée à part. des.4,6 Les explorations échographiques et/ou en
Le type C est le plus fréquent (de 53 à 80 %) suivi IRM en anténatal recherchent également les éven-
des types A et E (10 %). Les types B et D sont tuelles malformations associées (tube digestif, ra-
beaucoup plus rares (respectivement 0,9 et 2,1 %).2 chis, reins, cœur, membres, etc.).
Le pronostic est différent selon ces formes anato-
miques : dans les types A et B, le segment atrétique Diagnostic postnatal
est long, et il n’est pas possible, le plus souvent, de
rétablir la continuité en un seul temps chirurgical. Diagnostic clinique
En salle de travail, le passage d’une sonde digestive
Étiopathogénie souple fait partie des gestes systématiquement réa-
Les causes précises de l’atrésie de l’œsophage ne lisés chez le nouveau-né pour vérifier la perméabi-
sont pas connues. L’atteinte serait liée à celle de la lité œsophagienne. L’injection d’air par la sonde
notochorde lors de la vie embryonnaire ; il se avec auscultation de la région épigastrique permet
produit un échec de la séparation entre œsophage de s’assurer de sa bonne position. L’atrésie de
et trachée. Selon le moment et l’intensité du pro- l’œsophage est suspectée lorsque la sonde ne pro-
cessus, les formes cliniques varient et il peut y avoir gresse pas. De même, la perméabilité du canal anal
des malformations associées constituant le syn- doit être contrôlée. Si le diagnostic n’est pas sus-
drome VACTERL : chaque lettre de cet acronyme pecté dès les premières minutes suivant la nais-
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 497

Figure 5 Diagnostic anténatal d’hydramnios. Radiographie tho-


racoabdominale de face : boucle de la sonde digestive dans le
cul-de-sac proximal sans aération de l’intestin en aval : atrésie
de l’œsophage type A.

biais de la sonde lors de la prise du cliché, de façon


à distendre le cul-de-sac supérieur et donner un
contraste négatif. Il est impératif pour le cliché de
face d’inclure l’abdomen pour évaluer l’aération
digestive.
Sur la radiographie du thorax, on peut identifier
une poche borgne remplie d’air, située dans le
médiastin supérieur, en arrière de la trachée et
correspondant au cul-de-sac proximal.2 La sonde
digestive s’enroule dans ce cul-de-sac, générale-
Figure 4 IRM fœtale réalisée après mise en évidence d’un hy-
ment entre la 2e et la 4e vertèbre dorsale, ce qui
dramnios en coupes pondérées T2 coronale (A) et sagittale (B) :
visibilité du cul-de-sac supérieur d’une atrésie de l’œsophage. constitue un argument diagnostique important.1
Dans ce cas, il faut analyser l’aération des structu-
sance, le nouveau-né va rapidement présenter des res digestives sous-diaphragmatiques :
troubles de la déglutition, un hypersialorrhée, voire • s’il n’y a pas d’aération digestive, il s’agit soit
des troubles respiratoires en rapport avec une d’une atrésie de l’œsophage pure (type A)
pneumopathie d’inhalation. (Fig. 5), soit d’une atrésie de l’œsophage avec
Si la fistule œsotrachéale est isolée, le diagnos- fistule œsotrachéale sur le cul-de-sac proximal
tic est plus souvent retardé avec des épisodes de (type B) ;
toux lors de l’alimentation ou secondairement des • s’il existe de l’air en quantité importante dans
pneumopathies récidivantes. l’estomac et dans l’intestin grêle, l’atrésie de
l’œsophage s’associe à une fistule œsotrachéale
Imagerie s’abouchant dans le cul-de-sac distal (type C ou
Radiographies simples. Même si le diagnostic clini- D) (Fig. 6).
que semble évident, il doit être confirmé au moins Lorsque l’air stagne dans l’estomac et le distend,
par une radiographie de thorax de face et de profil, il faut évoquer une atrésie duodénale associée, ce
au mieux avec une sonde œsophagienne en place, qui nécessite de réaliser une échographie abdomi-
et dans ce cas après avoir injecté un peu d’air par le nale pour apprécier la morphologie du duodénum.
498 L. Leflot et al.

Figure 6 Nouveau-né à terme avec hypersialorrhée. La sonde œsophagienne bute à 10 cm. Radiographie thoracoabdominale de face
(A) et de profil (B) : la sonde est bloquée dans le cul-de-sac proximal qui est distendu par de l’air et l’aération du tube digestif est en
faveur d’une fistule œsotrachéale distale : atrésie de l’œsophage type C.

Le diagnostic différentiel avec une perforation hydrosoluble est utilisé, le danger de provoquer des
œsophagienne iatrogène doit être évoqué lorsque lésions bronchiques. La recherche précise du siège
la position de la sonde digestive est inhabituelle : de la fistule associée se fait lors de l’intervention
situation trop haute ou trop basse par rapport à chirurgicale.
T2–T4, trop postérieure, difficulté à visualiser le L’échographie médiastinale est proposée pour
cul-de-sac supérieur après injection d’air, voire apprécier la position du cul-de-sac proximal.
pneumomédiastin ou pneumothorax.7 L’abord est sus- ou latérosternal. Il est utile d’ins-
Il peut également exister une imperforation tiller un peu de sérum physiologique dans la sonde
anale dont l’évaluation est faite sur les clichés œsophagienne pour mieux mettre en évidence le
simples : clichés en procubitus ou « fesses en l’air » cul-de-sac supérieur et ses rapports avec la crosse
de façon à distendre le rectum par l’air digestif. Si aortique en position normale, gauche, ou inversée.8
ce cliché est précoce, l’air peut ne pas avoir pro- Avant l’avènement des scanners multibarrettes,
gressé jusqu’à ce niveau. L’échographie du pelvis il avait été proposé de rechercher une atrésie de
et par voie périnéale complète le bilan. l’œsophage par une acquisition sagittale directe,
Sur la radiographie de thorax de face, la position celle-ci étant toutefois de réalisation difficile. Ac-
de la crosse de l’aorte doit, si possible, être préci- tuellement, les machines de dernière génération
sée. En effet, la voie d’abord chirurgicale est habi- permettent d’apporter les éléments diagnostiques
tuellement droite et pourrait être rendue difficile complémentaires, en particulier avec les recons-
en cas d’arc aortique anormal ; une échographie tructions en endoscopie virtuelle.9,10 Ceci n’est
cardiaque et médiastinale complémentaire permet actuellement pas de pratique courante et la place
également de préciser la morphologie et la situa- de cet examen reste à préciser. L’IRM n’a aucune
tion de l’aorte thoracique, de même que la mise en indication dans ce bilan initial, des explorations
place éventuelle d’un cathéter artériel ombilical. moins lourdes donnant des réponses satisfaisantes,
Autres explorations. L’opacification digestive, fiables et rapides.
dès l’instant où il existe une suspicion d’atrésie de Compte tenu de la possibilité d’un syndrome
l’œsophage, est dangereuse et le plus souvent inu- VACTERL dans le bilan d’une atrésie de l’œso-
tile. En effet, il existe un risque accru d’inhalation phage, il faut, secondairement et en complément
avec, en particulier si un produit de contraste d’un examen clinique complet, faire une échogra-
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 499

phie cardiaque, une échographie des voies urinai- Prise en charge et évaluation postopératoire
res, des radiographies complémentaires du rachis de l’atrésie de l’œsophage
(celui-ci doit déjà être analysé attentivement sur le Formes de type C ou D. Les enfants sont opérés
cliché thoracoabdominal initial) et des radiogra- rapidement avec rétablissement de la continuité ou
phies de membres s’il existe des anomalies clini- niveau de l’œsophage et fermeture de la fistule
ques (Fig. 7). œsotrachéale. Une opacification digestive systé-

Figure 7 Garçon, hydramnios, régurgitations, épisodes de fausse route, encombrement bronchique. Radiographie pulmonaire de face
(A) et de profil (B) : atrésie de l’œsophage de type C avec sonde digestive bouclant dans le cul-de-sac supérieur. Radiographie
d’abdomen de face (C) : hémivertèbre en L3-L4. Cystographie rétrograde réalisée secondairement (D) : reflux vésico-urétéral droit :
syndrome VACTERL.
500 L. Leflot et al.

matique est faite chez le nourrisson opéré d’une


atrésie de l’œsophage avant la réalimentation (j6 à
j8 postopératoire). Il est recommandé de réaliser
cet examen à l’aide d’un produit hydrosoluble (en
raison du risque de fistule médiastinale), mais cer-
taines équipes, en l’absence de tout syndrome in-
fectieux, utilisent une suspension barytée. Celle-ci
recherche une fistule œsotrachéale persistante, un
lâchage de suture (Fig. 8), une sténose anastomoti-
que (celle-ci étant cependant rarement précoce) :
la présence d’une disparité de calibre en regard de
la zone anastomotique doit être appréciée en fonc-

Figure 10 Atrésie de l’œsophage opérée à la naissance. Blocage


alimentaire complet d’apparition brutale avec douleurs thoraci-
ques et hypersialorrhée. Transit œso-gastro-duodénal (A, B) :
corps étranger alimentaire bloqué au-dessus d’une sténose anas-
tomotique.

tion du retentissement clinique et de l’existence


d’une rétrodilatation d’amont (Fig. 9 et 10) et ne
correspond pas nécessairement à une sténose
Figure 8 Contrôle à j6 après anastomose terminoterminale
d’une atrésie de l’œsophage : fuite du produit de contraste vraie. Une sténose œsophagienne congénitale sous-
hydrosoluble dans le médiastin : lâchage de suture. jacente peut également être associée à l’atrésie de

Figure 9 Atrésie de l’œsophage opérée dans la période néonatale. Persistance de régurgitations à 3 mois. Transit œso-gastro-
duodénal : disparité de calibre de l’anastomose, cet aspect est habituel, sans véritable sténose significative (A, B) ; présence d’un
reflux gastro-œsophagien associé (C).
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 501

Figure 12 Contrôle secondaire d’une œsophagoplastie dans le


cadre d’une atrésie de type A : celle-ci a été réalisée avec un
Figure 11 Atrésie de l’œsophage de type A ; opacification par
segment colique, avec aspect en « cascade » du produit de
gastrostomie : le produit de contraste remonte jusqu’en T8, la
contraste au niveau des haustrations.
sonde œsophagienne dans le cul-de-sac proximal est en T3, ce
qui correspond à un diastasis de 5 vertèbres rendant l’anasto-
mose en un temps impossible.
Points forts
l’œsophage et peut passer inaperçue cliniquement
dans les premiers mois de vie (cf. infra).11 Atrésie de l’œsophage
L’atrésie de l’œsophage s’accompagne souvent Diagnostic anténatal inconstant (hydram-
d’une trachéomalacie ou d’un reflux gastro- nios, « pouch sign »)
œsophagien, favorisé par la traction opérée sur le Diagnostic néonatal : défaut de progression
segment inférieur de l’œsophage lors de l’interven- de la sonde digestive
tion et qui sont recherchés en fonction de signes Radiographies sans préparation (face et pro-
cliniques (stridor, régurgitations). fil) :
Formes de type A ou B. Le rétablissement de la • position de la sonde en T2-T4
continuité n’est pas possible d’emblée. Une gas- • aération digestive +++ pour distinguer les
types anatomiques
trostomie est mise en place pour permettre l’ali-
Malformations associées : syndrome VACTERL.
mentation. Une opacification prudente du cul-de-
sac supérieur peut être discutée pour rechercher thies à répétition ou des épisodes de toux lors de
une fistule dans le cas d’une forme de type B. l’alimentation.
Secondairement, une opacification par la gastros-
tomie permet de juger de la situation du cul-de-sac Imagerie
inférieur (Fig. 11) ; ceci permet d’apprécier les
possibilités d’intervention, avec discussion d’une Clichés simples
plastie à l’aide d’un autre segment digestif, le plus En cas de fistule œsotrachéale isolée, il n’existe
souvent le côlon (Fig. 12). pas de signe direct sur la radiographie du thorax.
Des anomalies parenchymateuses peuvent être
Fistule œsotrachéale isolée liées aux inhalations répétées (épaississement des
parois bronchiques, atélectasies, distension thora-
Signes cliniques cique). L’existence d’une pneumopathie d’inhala-
Une fistule œsotrachéale peut être diagnostiquée tion du lobe supérieur droit est classique. De plus, il
de façon retardée par rapport à la naissance. Elle existe souvent une hyperaération digestive sous-
est suspectée cliniquement devant des pneumopa- diaphragmatique (Fig. 13A).
502 L. Leflot et al.

peu d’air dans la seringue, avec un contrôle en


incidence de profil (Fig. 13 B). La recherche de
fistule peut être sensibilisée par une position en
procubitus.
Le trajet fistuleux est recherché entre la trachée
et l’œsophage, la connexion ayant un trajet ascen-
dant de l’œsophage vers la trachée évoquant plus
une fistule en « N » qu’en « H ». Il est recommandé
d’inclure la partie haute de l’œsophage et l’épi-
glotte dans le champ de vue pour ne pas confondre,
en cas de pression trop forte, une opacification de
l’arbre trachéobronchique liée à une fistule avec
celle en rapport avec une inhalation.1 Des inciden-
ces obliques peuvent permettre de mieux mettre
en évidence la fistule.
Dans certains cas, la fistule œsotrachéale, mal-
gré une suspicion clinique forte, n’est pas identi-
fiée en raison d’impactions de mucus ou de débris
alimentaires à son niveau. On peut être amené, en
cas de persistance de la symptomatologie, et en
fonction des données endoscopiques, à refaire
l’examen. L’échographie médiastinale a également
été proposée pour aider la recherche de cette
fistule, en montrant la présence de bulles d’air
mobiles allant de l’œsophage à la trachée.8

Diagnostic différentiel : le diastème (ou fissure)


laryngo-œsophagien
Il s’agit d’une pathologie exceptionnelle se rappro-
chant sur le plan embryologique de l’atrésie de
l’œsophage. C’est une large communication entre
l’œsophage supérieur et le larynx qui peut s’éten-
dre sur une plus grande distance vers la trachée.
L’épiglotte fonctionne normalement mais la fissure
crée une communication permanente entre les
structures digestive et respiratoire, ce qui provo-
que, lors de la déglutition, une inhalation systéma-
tique.
Il faut suspecter cette pathologie devant une
symptomatologie d’inhalation chez un nouveau-né,
en l’absence de cause neurologique évidente. Le
defect est souvent difficile à identifier sur le transit
Figure 13 Garçon âgé de 15 jours ayant des épisodes de toux lors œsophagien car il est difficile de faire la différence
des tétées.
avec une inhalation liée à une fermeture incom-
A. Radiographie thoracoabdominale de face : pneumopathie
d’inhalation, hyperaération du tube digestif (enfant intubé). plète de l’épiglotte. Le diagnostic est fait lors de
B. Transit œsophagien baryté, incidence de profil : fistule l’endoscopie laryngée avec distension de l’œso-
œsotrachéale en « N ». phage.
Opacification digestive
L’opacification est importante pour confirmer le Sténose congénitale de l’œsophage
diagnostic de fistule œsotrachéale isolée et préci-
ser le niveau de la fistule. Formes anatomiques
Le produit de contraste utilisé peut être de la Il existe trois types de sténose œsophagienne
baryte à faible dose, préférable aux hydrosolubles. congénitale.
Après la pose d’une sonde digestive placée en re- Il peut s’agir d’un rétrécissement segmentaire
gard des clavicules, l’injection de baryte doit se avec perte de l’élasticité œsophagienne due à une
faire sous pression, éventuellement en rajoutant un hypertrophie de la musculeuse et de la sous-
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 503

tomatologie. Celle-ci commence donc générale-


Points forts ment entre 6 mois et 1 an avec des vomissements
répétés, une dysphagie.13 L’enfant peut également
Fistule œsotrachéale avoir des signes respiratoires en rapport avec des
Isolée ou associée à une atrésie de l’œso- inhalations répétées. Un retard de croissance est
phage parfois présent. Le diagnostic peut également être
Diagnostic néonatal : toux à l’alimentation, posé à l’occasion d’épisodes de blocage alimentaire
pneumopathie d’inhalation au niveau de la sténose, associés à des douleurs
Opacification de l’œsophage : rétrosternales et à une hypersialorrhée.
• sonde au niveau des clavicules
• incidence de profil Diagnostic radiologique
• trajet ascendant de l’œsophage à la trachée
Diagnostic différentiel : diastème laryngé Radiographie de thorax face et profil
Elle peut révéler la présence d’une distension aéri-
muqueuse. La sténose congénitale peut également que de l’œsophage proximal (Fig. 14A). Elle peut
être liée à la présence de résidus trachéobronchi- également mettre en évidence des anomalies liées
ques dans la paroi œsophagienne. Enfin, un aux épisodes récidivants d’inhalation (syndrome
diaphragme membraneux avec un petit orifice cen- bronchique, pneumopathie, dilatation des bron-
tral peut s’étendre à partir de la paroi de l’œso- ches, etc.). Ailleurs, elle est strictement normale.
phage et obturer sa lumière.1
La sténose congénitale de l’œsophage a une Transit œso-gastro-duodénal
fréquence estimée entre 1/25 000 et 1/50 000 L’opacification œsophagienne demeure l’examen
naissances.12 Elle peut être isolée ou associée à clé du diagnostic de sténose congénitale de l’œso-
d’autres malformations (atrésie de l’œsophage, phage. L’ingestion d’une substance barytée se fait
atrésie de l’intestin grêle ou du côlon, cardiopathie avec un biberon ou au verre, le recours à une sonde
congénitale, malformation anorectale, anomalie œsophagienne pouvant être indispensable en cas
chromosomique). de refus de l’enfant ou de trouble de la déglutition.
La sténose congénitale se présente généralement
Signes cliniques comme un rétrécissement « en pente douce », cir-
Il existe souvent un retard dans le diagnostic de conférenciel, parfois long, situé à la jonction tiers
sténose congénitale. En effet, avant l’introduction moyen-tiers distal ou au niveau du tiers distal de
des aliments solides, il peut n’y avoir aucune symp- l’œsophage (Fig. 14 B). Certains auteurs décrivent

Figure 14 Fille de 12 jours, née à terme, hypotrophe. Difficultés respiratoires avec une sonde gastrique qui franchit difficilement
l’œsophage. Radiographie de thorax de face (A) : distension aérique de l’œsophage proximal. Transit œso-gastro-duodénal (B) :
rétrécissement à l’union 1/3 moyen-1/3 inférieur de l’œsophage : sténose congénitale de l’œsophage.
504 L. Leflot et al.

des caractéristiques propres aux différentes sténo- conservateur par dilatation œsophagienne. En re-
ses congénitales, notamment en ce qui concerne vanche, en cas de diaphragme mais surtout de rési-
celles dues aux résidus embryonnaires trachéobron- dus trachéobronchiques, la dilatation est moins effi-
chiques.14 Ceux-ci sont responsables d’une sténose cace, voire dangereuse puisqu’il existe des risques
segmentaire du tiers distal de l’œsophage avec de complications et notamment de perforation.
parfois une dilatation sus-sténotique. L’échoendoscopie a été proposée pour évaluer les
Les sténoses congénitales de l’œsophage peu- différentes couches de la paroi œsophagienne à la
vent être associées à une atrésie de l’œsophage et recherche de calcifications en rapport avec des rési-
doivent être impérativement recherchées lors de dus trachéobronchiques ou d’un épaississement
l’opacification de contrôle après le traitement chi- musculaire, pouvant orienter la prise en charge thé-
rurgical de l’atrésie (Fig. 15).11 rapeutique.16

Autres explorations Duplications œsophagiennes


Scanner et IRM. Il n’y a pas d’indication au scanner
et à l’IRM pour faire le diagnostic d’une sténose Définitions et formes anatomiques
congénitale de l’œsophage. En revanche, un scan- Les duplications digestives correspondent à une
ner thoracique peut être nécessaire pour évaluer gamme de kystes sphériques ou tubulaires, commu-
l’état du parenchyme pulmonaire lorsqu’il existe nicants ou non, qui ont en commun :
une symptomatologie respiratoire liée à une pneu- • un contact avec n’importe quel segment du tube
mopathie d’inhalation.15 digestif ;
Endoscopie et échoendoscopie. La fibroscopie • une paroi musculaire avec deux couches de fi-
œsophagienne permet également de faire le dia- bres musculaires lisses ;
gnostic de sténose congénitale, et surtout d’élimi- • une muqueuse bordée d’un épithélium digestif.
ner les causes de sténose secondaire. Nous avons vu Les localisations œsophagiennes correspondent à
qu’une sténose congénitale de l’œsophage peut la deuxième topographie par ordre de fréquence
être de trois types. Il semble important d’essayer de (15 à 20 % des duplications). Leur origine reste
caractériser la cause des sténoses avant d’envisager difficile à affirmer, avec plusieurs théories propo-
un traitement. Celles dues à la présence de tissu sées (vacuoles formant la lumière œsophagienne se
fibromusculaire répondent bien au traitement retrouvant en position ectopique et créant une
structure kystique, accident vasculaire ischémique
anténatal...). Il existe différentes formes de dupli-
cations œsophagiennes :
• duplication de l’œsophage cervical ou duplica-
tion thoracique tubulaire avec un prolongement
cervical, le plus souvent communicante ;
• duplications œsophagiennes intramurales, se
manifestant par des signes d’obstruction œso-
phagienne partielle, pouvant être communican-
tes ou non ;
• kystes entériques : ce sont des masses kystiques
localisées dans le médiastin postérieur, le plus
souvent à droite. Ils sont au contact de l’œso-
phage mais ne partagent pas toujours la même
paroi. Les kystes bronchogéniques, bien que de
même origine et de présentation proche, s’en
différencient par la présence d’une muqueuse
ciliée, de type respiratoire, et par la présence
éventuelle de tissu cartilagineux ;
• kystes neuroentériques : ils représentent une
forme particulière de duplication associée à des
anomalies vertébrales (hémivertèbre, anomalie
de segmentation, fusion partielle, fente corpo-
Figure 15 Atrésie de l’œsophage type C opérée en néonatal. réale) et avec des rapports persistants avec le
Contrôle postopératoire avec un transit œsophagien aux hydro-
solubles : rétrécissement œsophagien au niveau de l’anasto-
canal médullaire et les méninges. Ils sont le plus
mose (tête de flèche) ; sténose congénitale sous-jacente asso- souvent dorsaux et prévertébraux, mais sont
ciée (flèche). parfois intraspinaux. Il faut suspecter un kyste
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 505

neuroentérique devant l’association d’une stridor, d’une compression bronchique avec une
masse médiastinale postérieure et d’anomalies gêne respiratoire.17 L’œsophage lui-même peut
vertébrales. Le « split notochord syndrome », être comprimé avec apparition de nausées et de
exceptionnel, correspond à un kyste neuroenté- vomissements. Exceptionnellement, il peut se pro-
rique avec une communication entre le tube duire une hémorragie digestive lorsque la duplica-
digestif et la peau. tion est communicante, ou encore une perforation
Une duplication œsophagienne correspond le plus dans le médiastin.
souvent à une structure kystique, en situation
latéro-œsophagienne droite. Cette lésion a une pa- Diagnostic en imagerie
roi fine de muscles lisses et elle est bordée par un
Imagerie anténatale : rarement identifiée, la dupli-
épithélium de type alimentaire, œsophagien ou gas-
cation œsophagienne apparaît sous la forme d’une
trique, ce dernier pouvant être à l’origine d’ulcéra-
structure ronde anéchogène en situation intrathora-
tions.2 La duplication complète est extrêmement
cique en échographie.18 En IRM, elle a également un
rare et elle est alors souvent associée à une dupli-
signal liquidien (hyposignal T1 et hypersignal T2).19
cation gastrique. La communication avec la lumière
œsophagienne est également peu fréquente. Radiographie thoracique : une radiographie de
face et de profil permet de mettre en évidence une
Diagnostic clinique opacité ronde, de tonalité hydrique, médiastinale
La duplication digestive peut être de découverte moyenne ou postérieure. Il faut rechercher des si-
fortuite sur une radiographie de thorax. Les signes gnes de compression directe sur la trachée ou sur
cliniques apparaissent généralement dans l’en- une bronche souche. Il peut également exister des
fance et sont avant tout dus à la compression des signes indirects de la compression (emphysème obs-
structures avoisinantes par cette masse kystique. Il tructif, atélectasie). Il est nécessaire de rechercher
peut s’agir d’une compression trachéale avec un des anomalies vertébrales associées (Fig. 16A).

Figure 16 Fille 8 mois ; antécédents de malformation anorectale opérée. Cliché thoracique (A) : malformations costales et
vertébrales multiples, masse latérovertébrale gauche allant de D8 à D10 ; IRM en coupes axiales pondérées T1 et T2 (B) : confirmation
d’une masse kystique juxtaœsophagienne : kyste entérique.
506 L. Leflot et al.

Transit baryté œso-gastro-duodénal (TOGD) : intraveineuse de produit de contraste. Il permet de


l’opacification œsophagienne est faite avec une confirmer le diagnostic en identifiant une masse
suspension barytée. Le transit œsophagien peut ronde, située au contact de l’œsophage dans le
être normal ou montrer une compression extrinsè- médiastin moyen ou postérieur, de densité liqui-
que dont l’importance dépend du volume de la dienne, ne se rehaussant pas après injection à
duplication et de son degré de contact avec l’œso- l’exception de sa paroi.20 Le scanner est également
phage. L’œsophage peut être déplacé par la masse utile pour évaluer d’éventuelles lésions parenchy-
ou celle-ci peut être visible sous la forme d’une mateuses pulmonaires associées.
lésion intramurale et extramuqueuse, avec un élar- IRM : bien que de réalisation plus complexe que
gissement de la lumière de part et d’autre de la le scanner, l’IRM est intéressante dans les diagnos-
lésion (Fig. 17). tics de duplication œsophagienne en identifiant
Tomodensitométrie : le scanner thoracique est une masse médiastinale moyenne ou postérieure,
important dans l’évaluation d’une duplication di- en hypersignal en pondération T2, avec cependant
gestive. Il doit être réalisé sans, puis avec injection un signal en pondération T1 qui peut être variable,
en fonction du contenu du kyste (Fig. 16 B). Cet
examen permet également d’éliminer d’autres dia-
gnostics, notamment celui de tumeur neurogène en
excluant une extension foraminale de la lésion.21
Scintigraphie : la scintigraphie au pertechnate
de sodium marqué au technétium-99 peut être inté-
ressante avec la mise en évidence d’une hyperfixa-
tion du kyste, retrouvée si celui-ci a une muqueuse
de type gastrique.21

Kyste neuroentérique
Le kyste neuroentérique correspond à une variante
de la duplication œsophagienne. Il s’agit d’une
masse kystique médiastinale postérieure s’asso-
ciant à des anomalies vertébrales et éventuelle-
ment à une communication avec le canal rachidien.
Toute mise en évidence d’une anomalie vertébrale
nécessite la réalisation d’une IRM à la recherche
d’une communication avec les espaces méningés.

Diagnostic différentiel
Il doit être fait notamment avec le kyste broncho-
génique, comme indiqué précédemment. Il est
également important d’exclure les tumeurs neuro-
gènes du médiastin postérieur (notamment neuro-
blastome, ganglioneuroblastome et ganglioneu-
rome) dont le contenu est le plus souvent tissulaire,
et au sein duquel il existe parfois des calcifications,
ces aspects étant bien identifiés en scanner ou en
IRM ; la scintigraphie à la méta-iodo-benzylgua-
nidine (MIBG) peut également être utile. Ces lé-
sions peuvent également avoir une communication
par le biais d’un trou de conjugaison et une exten-
sion intracanalaire.

Anomalies des arcs aortiques et œsophage

Figure 17 2 ans, bronchite à répétition ; masse médiastinale Embryologie et aspects anatomiques


rétrocardiaque sur la radiographie pulmonaire. Transit œsopha- Les arcs aortiques anormaux sont issus des anoma-
gien (A) : confirmation d’une masse accolée à l’œsophage, avec
élargissement de la lumière. Tomodensitométrie (B) : confirma-
lies de régression des structures vasculaires primi-
tion d’une lésion kystique adjacente à l’œsophage : duplication tives lors de la vie embryonnaire. Initialement, il
intramurale. existe six paires d’arcs venant du sac aortique. Les
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 507

aortes dorsales fusionnent en un seul vaisseau. À la droit avec une artère sous-clavière gauche aber-
fin de la 5e semaine, il existe une régression des rante naissant d’un diverticule de Kommerell,
deux premières paires d’arcs. Les 3e et 4e arcs éventuellement associée à un ligament artériel
forment la crosse de l’aorte et les gros vaisseaux du gauche.
cou. Les 5e arcs involuent tandis que la 6e paire est
à l’origine de l’artère pulmonaire et du canal arté-
riel. Ceci s’accompagne d’une rotation axiale qui Diagnostic clinique
amène l’aorte ascendante à droite et l’aorte des- L’arc vasculaire anormal est parfois de découverte
cendante à gauche de la ligne médiane (Fig. 18). fortuite, notamment en cas d’arteria lusoria, mais
Les principales anomalies sont l’artère sous- peut surtout se manifester par des signes compres-
clavière droite rétro-œsophagienne (ou arteria lu- sifs (stridor, dyspnée, dysphagie) en rapport avec
soria) en rapport avec la persistance de l’aorte un processus encerclant vis-à-vis de la trachée et
dorsale droite, le double arc aortique avec persis- de l’œsophage (double arc, ligament artériel). Le
tance du 4e arc dorsal, l’existence d’un arc droit diagnostic peut être fait à l’occasion d’un bilan
avec une disposition en miroir, ou encore un arc « d’asthme du nourrisson », mais aussi de malaises.

Figure 18 Involution normale et pathologique des arcs aortiques, vue axiale : chaque double flèche sur le schéma central correspond
à la possibilité d’involution d’un segment, avec la disposition associée qui en résulte. Normalement il existe également une rotation
antihoraire des vaisseaux qui positionne l’aorte ascendante à droite de la ligne médiane et l’aorte descendante à gauche (AoA : aorte
ascendante ; AoD : aorte descendante ; AP : artère pulmonaire ; LA : ligament artériel, résidu du canal artériel ; CPD : artère carotide
primitive droite ; CPG : artère carotide primitive gauche ; SCD : artère sous-clavière droite : SCG : artère sous-clavière gauche ; T :
trachée ; œ : œsophage).
508 L. Leflot et al.

Éléments du diagnostic radiologique d’acquisition extrêmement réduit, diminuant les


artefacts respiratoires et cardiaques. Les coupes
Radiographie pulmonaire fines permettent également des reconstructions,
Les éléments essentiels à analyser sont la position soit multiplanaires, soit en 3D, de grande qualité,
de la trachée, la rectitude de ses bords de face et qui peuvent aider à la compréhension des anoma-
de profil, ou au contraire l’existence de signes de lies.20
compression, sa plicature droite lors de l’expira- L’intérêt de l’IRM est similaire à celui du scan-
tion, la situation du bouton aortique, la ligne para- ner. Les plans de coupe peuvent être adaptés à
aortique médiastinale postérieure. Le cliché thora- l’obliquité des vaisseaux (plan sagittal oblique sur
cique peut révéler une compression ou une l’arche aortique). L’injection de produit de
déviation de la trachée. Dans le cas d’un double arc contraste n’est pas systématique. Les séquences
aortique, il existe aussi un élargissement médiasti- axiales en contraste de phase sont utiles. Une sé-
nal. En cas d’arc droit, le bouton aortique n’est pas quence ciné (« sang blanc ») centrée sur la zone
en position normale mais peut être visible à droite. d’intérêt permet la recherche d’un vide de flux ou
Sur l’incidence de profil, il existe parfois une em- de turbulences. Une séquence en écho de gradient
preinte antérieure sur la trachée, notamment en 3D après injection de 0,2 mmol/kg de gadolinium
cas de double arc. (dose double) permet une étude de type angiogra-
phique, avec analyse des partitions et reconstruc-
Transit œsophagien tions volumiques.22 Il existe cependant plus d’arte-
Il constitue une étape importante du diagnostic : facts de mouvements et moins de possibilités de
l’opacification digestive est considérée par certains reconstructions multiplanaires. L’IRM a comme
comme la seule exploration suffisante pour identi- avantage d’être non irradiante, ce qui est un argu-
fier un arc aortique anormal. Elle est faite avec une ment non négligeable en imagerie pédiatrique.
suspension barytée, éventuellement par l’intermé- Il faut enfin souligner que ces deux techniques
diaire d’une sonde œsophagienne et en décubitus restent limitées pour la détection d’un ligament
afin de sensibiliser la détection des anomalies. La artériel.
seule image physiologique habituelle est représen-
tée, de face, par l’empreinte de la crosse aortique Principales anomalies rencontrées
sur le bord gauche de l’œsophage en regard de D4.
De profil, il n’y a aucune empreinte physiologique Artère sous-clavière droite rétro-œsophagienne
sur les bords de l’œsophage. (ou arteria lusoria)
Il s’agit de la naissance d’une artère sous-clavière
Endoscopie droite, après celle de l’artère sous-clavière gauche
La fibroscopie bronchique peut retrouver une sur la crosse de l’aorte, et qui va rejoindre le
masse extrinsèque battante, comprimant les voies membre supérieur droit en passant en arrière de
aériennes. Elle ne fait cependant pas le diagnostic l’œsophage. Cette variante anatomique n’est pas
anatomique direct de l’anomalie. symptomatique à l’âge pédiatrique.
En cas d’arteria lusoria, lors du transit œsopha-
Scanner et IRM gien, sur l’incidence de face, il existe une image en
En fonction du type de l’anomalie suspectée, ils ne demi-teinte oblique en haut et à droite, au-dessus
sont pas de réalisation systématique, et il n’y a d’une empreinte gauche normale en D4. Le profil
actuellement pas de consensus formel pour le choix met en évidence une encoche œsophagienne pos-
de l’un ou de l’autre. La tomodensitométrie ou térieure, triangulaire, profonde et étroite, à hau-
l’IRM sont pratiquées lorsqu’une éventuelle indica- teur de D4, liée au passage de l’artère sous-clavière
tion chirurgicale est discutée ou posée, pour dé- droite aberrante (Fig. 19).
tailler les anomalies anatomiques vasculaires, afin
d’aider le chirurgien à envisager son traitement. Double arc aortique
Une sédation ou une anesthésie est le plus souvent C’est un anneau vasculaire complet avec le plus
nécessaire entre 3 mois et 4 ans. Un abord veineux souvent un segment dominant (en général le droit).
de bonne qualité est indispensable s’il faut réaliser Le double arc peut être fonctionnel ou non, selon la
une injection de produit de contraste. perméabilité totale ou partielle des deux arches. Il
Le scanner thoracique avec injection intravei- s’agit d’un processus encerclant, responsable
neuse de produit de contraste permet de confirmer d’une compression trachéale et/ou œsophagienne.
le diagnostic, de décrire le type de malformation Sur le transit œsophagien, le double arc a un
avec précision. Les appareils multidétecteurs sont aspect typique de double empreinte sur l’incidence
particulièrement intéressants en raison d’un temps de face (celle de droite étant plus profonde et plus
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 509

cardiopathie congénitale, observée dans un quart


des cas (tétralogie de Fallot, communication inter-
auriculaire ou interventriculaire). Les signes clini-
ques surviennent lorsqu’il existe un processus en-
cerclant avec persistance d’un ligament artériel.
Si l’enfant est porteur d’un arc vasculaire anor-
mal droit, l’œsophage présente une empreinte
droite en D3 correspondant à la crosse en situation
inhabituelle et, s’il existe un ligament artériel, une
encoche plus aiguë, plus basse, située à gauche.
Parfois, on peut également reconnaître l’em-
preinte de l’artère sous-clavière gauche aberrante.
De profil, il peut y avoir soit une empreinte trian-
gulaire postérieure due à l’artère sous-clavière,
soit une encoche plus large en rapport avec un
diverticule de Kommerell, ectasie à l’origine de
l’artère sous-clavière gauche. L’association de ce
diverticule avec un ligament artériel constitue la
malformation de Neuhauser.

Artère pulmonaire gauche rétrotrachéale


Cette malformation est en rapport avec un défaut
de convergence entre les deux bourgeons vasculai-
res de l’artère pulmonaire (l’un issu du 6e arc,
l’autre de l’ébauche pulmonaire). L’artère pulmo-
naire gauche passe alors à droite de la trachée,
qu’elle contourne ensuite en arrière pour rejoindre
le hile pulmonaire gauche. Il peut exister une asy-
métrie de transparence des deux poumons, plus
clair à gauche, avec une carène ouverte en T in-
versé, ceci étant en rapport avec la compression de
l’axe aérique. Le transit œsophagien montre sur le
profil une empreinte entre la face postérieure de la
trachée et la face antérieure de l’œsophage.

Pathologie acquise de l’œsophage


Reflux gastro-œsophagien

Généralités – Anatomie
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) se définit
comme le passage rétrograde du contenu gastrique
Figure 19 Fille de 2 ans et demi. Transit œso-gastro-duodénal dans l’œsophage. C’est un phénomène très fré-
fait dans le cadre de malaises à répétition : image en demi- quent chez l’enfant et souvent considéré comme
teinte ascendante de gauche à droite sur l’incidence de face (A), physiologique jusqu’à l’âge de 2 mois. Il disparaît
empreinte à court rayon à la face postérieure sur le profil (B) : normalement à la fin de la première année, la
aspect typique d’artère sous-clavière droite aberrante rétro-
guérison se faisant le plus souvent avec l’acquisi-
œsophagienne. Pas de nécessité d’exploration complémentaire
de cette anomalie vasculaire. tion de l’orthostatisme.
Les mécanismes antireflux qui s’opposent au gra-
haute que celle de gauche). Sur l’incidence de dient entre la zone de pression intrathoracique
profil, l’encoche est postérieure, fixe, nette et à négative de l’œsophage et la zone de pression
grand rayon (Fig. 20). positive intra-abdominale de l’estomac sont de
deux ordres.
Aorte droite avec diverticule de Kommerell Anatomiques :
L’arc aortique droit peut être asymptomatique, le • l’hiatus diaphragmatique, formé par l’entre-
pronostic étant alors lié à son association avec une croisement des piliers du diaphragme ;
510 L. Leflot et al.

Figure 20 Garçon de 6 mois. Exploration d’un asthme du nourrisson. Transit œso-gastro-duodénal (A, B) : double empreinte
œsophagienne sur l’incidence de face et empreinte postérieure profonde sur le profil. TDM thoracique coupes axiales (C, D) : présence
d’un double arc aortique avec arche droite fonctionnelle, arche gauche interrompue après le départ de l’artère sous-clavière gauche,
diverticule borgne rétro-œsophagien. Reconstruction 3D, vue postérieure (E) : confirmation de l’interruption de l’arche gauche dans
son tiers postérieur.

• la portion intra-abdominale de l’œsophage ter- canismes peuvent être à l’origine de cette incom-
minal ; pétence :
• l’angle de His : raccordement à angle aigu de • relaxations transitoires inappropriées du SIO ;
l’œsophage terminal à la grosse tubérosité. • hypotonie permanente du SIO ;
Fonctionnels : • malposition cardiotubérositaire ;
• le sphincter inférieur de l’œsophage (SIO) ; il ne • troubles de la vidange gastrique.
s’agit pas en fait d’un sphincter anatomique Les malpositions cardiotubérositaires sont le plus
mais d’une zone de haute pression dans le bas souvent mineures (cardia mobile, béance cardiale,
œsophage, en rapport avec les fibres musculai- hernie intermittente). Les hernies hiatales fixées
res, disparaissant pendant quelques secondes sont rares chez l’enfant. De plus, il n’est pas établi
après la déglutition. de corrélation entre la présence d’une hernie hia-
tale et l’existence d’un RGO.
Origine du reflux
Chez l’enfant, le RGO est le plus souvent dû à une Signes cliniques
incompétence fonctionnelle du SIO. Plusieurs mé- L’expression clinique du RGO est très variée.
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 511

Signes digestifs piratoires sont plus rares. L’évolution est favorable


Les régurgitations surviennent sans effort, sont fa- le plus souvent. L’acquisition de l’orthostatisme et
vorisées par les changements de position et doivent de la marche est une étape essentielle dans la
être distinguées des régurgitations physiologiques maturation du système antireflux.
survenant au moment du rot postprandial. Les vo- Deuxième enfance. Les formes digestives et les
missements sont parfois secondaires aux régurgita- formes respiratoires sont en proportion sensible-
tions et peuvent être douloureux. Les conséquen- ment égales. Si l’association RGO-troubles respira-
ces nutritionnelles sont rares et s’expriment alors toires chroniques est fréquemment notée, il est
surtout sur le plan pondéral. L’hémorragie diges- difficile d’affirmer laquelle des deux pathologies
tive est secondaire à une œsophagite peptique. Elle est à l’origine de l’autre :
est d’abondance variable, de quelques filets de • rôle de la toux avec hyperpression abdominale
sang (le plus souvent) à une hématémèse. La dys- sur la genèse du RGO ;
phagie ne survient que rarement et après une évo- • inhalation bronchique de liquide acide et bron-
lution longue. Elle doit faire rechercher une sté- chospasme réflexe induit par l’irritation acide
nose peptique. de la muqueuse du bas œsophage.
Les arguments en faveur de l’incrimination du
Manifestations respiratoires RGO dans les manifestations respiratoires sont le
Elles correspondent à une toux chronique, essen- caractère nocturne, l’absence de caractère saison-
tiellement nocturne, des bronchites asthmatifor- nier, la localisation droite des pneumopathies, la
mes répétées. Des pneumopathies récidivantes, négativité de l’enquête étiologique (déficit en im-
surtout au niveau des lobes moyen et inférieur munoglobuline A, test de la sueur, enquête allergo-
droit, des infections ORL à répétition peuvent éga- logique).
lement être secondaires au RGO. L’évolution du RGO est mal connue. Elle peut se
compliquer de sténose peptique. L’endobrachyœ-
Malaises et accidents paroxystiques sophage est en revanche exceptionnel chez l’en-
cardiorespiratoires fant.
Des accès de pâleur ou de cyanose, des épisodes de
bradycardies, voire des apnées ou dyspnées laryn- Moyens de diagnostic
gées brutales, des accès d’hypotonie constituent
les principaux symptômes. pH-métrie

Présentation en fonction de l’âge C’est l’examen de référence, le plus sensible et le


Période néonatale. Le RGO est fréquent, voire plus spécifique. Il permet une analyse quantitative
physiologique, mais peut se présenter sous des du RGO et qualitative de la symptomatologie clini-
formes graves. Les formes digestives sont les plus que. L’appareil est muni d’un marqueur d’événe-
fréquentes. ments permettant de corréler un signe clinique et
Les formes hémorragiques se révèlent par des un éventuel reflux.
hématémèses très précoces. Elles sont liées à une Il s’agit d’une méthode d’enregistrement du pH
œso-gastro-duodénite dont l’étiologie n’est pas dans le bas œsophage, par l’intermédiaire d’une
connue. Le diagnostic repose sur l’endoscopie. sonde souple, dont l’extrémité comporte un cap-
Les malaises sont tout particulièrement notés teur mesurant la concentration en ions H+. L’extré-
dans cette tranche d’âge. En dehors des accidents mité de la sonde est placée environ 3 cm au-dessus
d’inhalation, le principal mécanisme invoqué est du cardia : le contrôle éventuel en scopie doit
une stimulation vagale induite par le reflux acide retrouver l’extrémité de la sonde à hauteur de D8.
dans l’œsophage et entraînant chez un nourrisson La durée d’enregistrement est de 3 ou 24 heures.
porteur d’une hyperréactivité vagale, une vaso- L’examen sur 24 heures revêt une importance ma-
constriction périphérique, une bradycardie et un jeure dans l’exploration des RGO à manifestation
laryngospasme. La relation de cause à effet RGO- respiratoire chronique ou à l’origine des malaises.
malaise doit être établie. Les arguments sont : la La principale limite de cet examen est la survenue
disparition des malaises sous traitement antireflux, de reflux alcalins, notamment dans les suites im-
une relation chronologique sur des enregistrements médiates de l’absorption d’un biberon lacté.
couplés pH-métriques et cardiorespiratoires. Les différents éléments mesurés sont :
Première enfance, jusqu’à l’âge de la marche. • le nombre d’épisodes de reflux ;
Les formes digestives sont les plus fréquentes • le pourcentage de temps passé à pH < 4 (nor-
(80 %), avec des régurgitations, des vomissements male < 5 % du temps d’enregistrement) ;
et des manifestations douloureuses. Les formes res- • la durée maximale du RGO.
512 L. Leflot et al.

Transit œso-gastro-duodénal Étude de la jonction œsogastrique. (OAD). Selon


Cet examen est maintenant largement supplanté la position du cardia et la morphologie de la jonc-
par la pH-métrie dans le diagnostic du RGO. Il garde tion œsogastrique, il est habituel de distinguer :
cependant un intérêt dans la recherche d’une ano- • les malpositions mineures, où les aspects obser-
malie anatomique, notamment au niveau de la vés sont intermittents et se modifient dans le
jonction œsogastrique.23 temps et aux changements de position :
Technique. Chez le nourrisson, l’examen doit C le cardia mobile : il existe une ouverture de
être réalisé après immobilisation parfaite, le plan l’angle de His et un cône d’attraction des plis
de la table étant incliné. La bouillie barytée est gastriques vers l’orifice hiatal ;
administrée au moyen d’un biberon dont la tétine C la béance du cardia : c’est une communication
doit être largement percée pour obtenir une bonne à plein canal, sans réduction de calibre de
colonne opaque œsophagienne. En cas de refus, on l’œsophage avec l’estomac, fréquente chez le
a alors recours à une sonde œsophagienne intro- petit nourrisson (Fig. 21) ;
duite par voie nasopharyngée jusqu’au tiers supé- C la hernie intermittente : petite poche gastri-
rieur de l’œsophage. Chez l’enfant au-delà de deux que sus-diaphragmatique faisant saillie au-
ans, l’examen s’effectue sans dispositif particulier. dessus de la coupole. Son plissement muqueux
La quantité de produit ingérée varie selon l’âge et permet de la distinguer d’une ampoule épi-
l’appétit de l’enfant, le volume habituel du biberon phrénique normale (Fig. 22) ;
servant de référence. • les malpositions majeures sont plus rares. Il en
Résultats. L’œsophage doit être étudié sur toute existe deux types :
sa hauteur, sur le plan morphologique et fonction- C la hernie par glissement non réductible. Le
nel. diagnostic est facile, avec une poche à air
Étude de l’œsophage. Le péristaltisme est ob- gastrique intrathoracique. L’œsophage sus-
servé en scopie télévisée. Des clichés prenant jacent est large et flexueux (Fig. 23) ;
l’œsophage en totalité sont réalisés de face, de C la grande hernie droite associe une ascension
profil et en oblique antérieur droit. modérée du cardia au-dessus du diaphragme à

Figure 22 10 mois, régurgitations. Transit œso-gastro-duodé-


Figure 21 Cardia béant, transit œso-gastro-duodénal en oblique nal : petite poche gastrique sus-diaphragmatique spontanément
postérieure droite. Absence de réduction de calibre entre œso- réductible avec reflux gastro-œsophagien : hernie hiatale inter-
phage thoracique et abdominal, association avec un reflux. mittente.
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 513

Figure 23 7 mois. Régurgitations depuis la naissance et bronchites chroniques. Transit œso-gastro-duodénal (face et profil) :
l’œsophage est large. Hernie hiatale par glissement, non réductible, associée à un reflux gastro-œsophagien.
un roulement important de la poche à air tus après la prise du biberon. La sonde sectorielle
gastrique à droite du cardia par l’hiatus œso- convexe est utilisée et placée au niveau du creux
phagien trop lâche. épigastrique. On réalise une coupe longitudinale de
Recherche de reflux gastro-œsophagien. Elle se l’œsophage abdominal (Fig. 25). L’échographie
fait sur un estomac plein et un œsophage vide. Les permet :
changements de position sont multipliés afin de • de détecter le reflux, d’apprécier sa durée et sa
sensibiliser l’examen. Chez le nourrisson, le phéno- fréquence (sur 10 ou 20 minutes).24,25 La sensi-
mène de succion et de déglutition avec une sucette bilité de l’échographie mode B est améliorée
peut déclencher un RGO. Chez le plus grand, par l’adjonction du doppler couleur.26 En revan-
l’épreuve de siphonage peut être utilisée (l’enfant che, l’échographie ne permet pas de quantifier
boit de l’eau à l’aide d’une paille). Il faut noter que la sévérité du reflux ;
cette méthode est pourvoyeuse de nombreux faux • de rapporter le dysfonctionnement à un désé-
positifs. quilibre anatomique : la longueur normale de
Il existe différents éléments pour apprécier la l’œsophage abdominal passe de 20 mm chez le
gravité du RGO : nouveau-né à 30–35 mm chez l’enfant plus
• ses conditions d’apparition : spontanée ou favo- grand. La longueur de l’œsophage est plus
risée par certaines positions ; courte chez les enfants présentant un RGO. En
• son importance : discret ou massif en fonction revanche, il n’existe pas de corrélation entre la
de la hauteur atteinte par la colonne barytée longueur de l’œsophage et la sévérité du
(sus- ou sous-carinaire) (Fig. 24) ; RGO ;27
• la rapidité de la vidange du reflux : la durée de • d’étudier la vidange gastrique (par la mesure du
stagnation est en partie responsable des lésions contenu gastrique) ;28
d’œsophagite. • d’apprécier la région antropylorique.

Échographie Endoscopie
Cette technique alternative a été proposée par Elle se fait avec un fibroscope souple. Elle permet
plusieurs équipes. L’examen est réalisé en décubi- d’apprécier la morphologie œsogastrique, celle du
514 L. Leflot et al.

Scintigraphie
L’examen est réalisé chez un enfant à jeun avec du
technétium 99 m mélangé au repas habituel. Une
gammacaméra est centrée sur le tiers inférieur de
l’œsophage. On enregistre les images de façon
continue et à intervalles réguliers. Le RGO est ainsi
mis en évidence et quantifié. Le reflux est considéré
comme important lorsque la radioactivité œsopha-
gienne est supérieure à 2 % de la radioactivité ingé-
rée. Elle permet la détection des reflux alcalins.
L’examen peut être complété d’images pulmo-
naires d’acquisition retardée, à la recherche d’in-
halation bronchique de liquide gastrique. Il peut
être suivi d’une mesure de la vidange gastrique.
C’est une technique sensible (70 à 80 %) pour la
détection des RGO. Sa limite réside dans son man-
que d’information anatomique.

Complications du RGO : œsophagite peptique


et sténose peptique
Elles correspondent à l’ensemble des lésions in-
flammatoires œsophagiennes aiguës ou chroniques
liées au RGO.29 L’œsophagite peptique est d’autant
plus à craindre que le reflux est massif, fréquent et
Figure 24 2 mois, régurgitations. Transit œso-gastro-duodénal : prolongé. Elle est favorisée par l’alitement, la pré-
reflux gastro-œsophagien massif, sus-carinaire, avec cardia mo- sence prolongée d’une sonde gastrique et les vo-
bile au niveau de l’orifice hiatal.
missements. Elle est actuellement rare, et l’image-
rie n’a pas sa place en première intention pour en
faire le diagnostic.
La survenue d’une hématémèse ou plus rarement
d’un méléna doit faire suspecter la présence d’une
œsophagite et faire pratiquer une fibroscopie. La
classification endoscopique la plus utilisée est celle
de Savary :
• type I : muqueuse congestive sans ulcération ;
• types II et III : ulcérations superficielles en fonc-
tion de leur profondeur, de leur confluence, de
leur caractère circonférenciel, de leur exten-
sion en hauteur ;
• type IV : complications : ulcère, sténose ou
endobrachyœsophage.

Imagerie
Figure 25 Échographie normale de l’œsophage abdominal :
coupe sagittale oblique en amont de la jonction œsogastrique ;
La radiologie peut apporter des éléments sur la
la muqueuse hyperéchogène est entourée par la musculeuse motilité et la souplesse pariétale mais permet sur-
hypoéchogène. tout de faire un bilan des complications :30 les
signes d’œsophagite de type I à III sont difficiles à
cardia, d’affirmer l’existence d’une œsophagite et apprécier et se voient mieux en couche mince, mais
de quantifier sa gravité en quatre types. La fibros- cette technique passe actuellement au second
copie est le seul examen fiable pour juger de l’im- plan. Les éléments suivants ont été décrits : ano-
portance des lésions muqueuses. La présence d’une malies de la motilité avec mauvaise visibilité des
œsophagite peptique macroscopique permet d’af- ondes primaires et secondaires et apparition d’on-
firmer la présence d’un RGO mais une fibroscopie des tertiaires donnant un aspect en « pile d’assiet-
normale n’élimine pas le diagnostic. Elle permet tes » au bord de l’œsophage ; épaississement du
également la pratique de biopsies multiples et éta- plissement, irrégularités de la muqueuse avec éro-
gées. sions et irrégularités des contours, exulcérations
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 515

multiples donnant un aspect granité. La présence


de plis transverses est évocatrice.
Les complications sont les suivantes :
• les ulcères profonds sont rares. Ils ne peuvent
être vus qu’au stade de cicatrice sous la forme
d’une perte de souplesse localisée, d’une asy-
métrie de l’œsophage distal (Fig. 26) ;
• la sténose peptique est le terme évolutif de la
fibrose sous-muqueuse succédant aux ulcéra-
tions chroniques. Elle apparaît centrée, irrégu-
lière, à raccordement progressif avec les seg-
ments sus- et sous-jacents (Fig. 27). Elle se situe
le plus souvent au niveau du tiers inférieur ;
• la forme annulaire est plus rare (anneau inex-
tensible au-dessus d’une petite hernie)
(Fig. 28). Les éléments qui permettent de la
différencier d’une sténose congénitale sont
essentiellement en rapport avec l’anamnèse
(antécédent de reflux connu et résistant au
traitement symptomatique) et les aspects en-
doscopiques, qui montrent l’atteinte de la mu-
queuse en cas de sténose peptique.

Conduite à tenir en pratique :


indication des examens Figure 27 3 ans, trisomie 21. Vomissements et difficultés alimen-
L’indication des examens complémentaires est dé- taires. Transit œsophagien : sténose peptique du bas œsophage,
pendante des différents tableaux cliniques : longue et centrée. Irrégularité des parois œsophagiennes.
• les tableaux digestifs typiques du nourrisson ne
nécessitent aucun examen complémentaire ;

Figure 26 2 ans, antécédent de reflux gastro-œsophagien né- Figure 28 6 mois, dysphagie et régurgitations depuis la nais-
gligé ; vomissements sanglants : sténose peptique longue, ex- sance. Apparition récente de vomissements. Transit œsopha-
centrée. Ulcérations asymétriques (flèche). gien : sténose peptique annulaire et cardia béant.
516 L. Leflot et al.

• dans les tableaux extradigestifs (malaises, ta-


bleaux respiratoires chroniques), le RGO doit
être affirmé et la relation de cause à effet doit
être établie. La pH-métrie des 24 heures est
alors la méthode de référence pour le diagnos-
tic. Le TOGD est utile pour rechercher une ano-
malie anatomique, une autre cause de malaise
(arc vasculaire anormal, trouble de déglutition).
La scintigraphie œsophagienne peut être effec-
tuée pour rechercher une contamination pulmo-
naire par le reflux ;
• devant des signes évocateurs d’œsophagite ou
de sténose peptique, l’endoscopie est le
meilleur examen ;
• l’endoscopie est également indiquée en cas
d’évolution défavorable sous traitement médi-
Figure 29 Aspect normal après intervention de Nissen : man-
cal ;
chon gastrique au niveau du bas œsophage, avec aspect angulé
• un TOGD sera réalisé en bilan préopératoire de la portion terminale de l’œsophage.
lorsqu’une intervention antireflux est néces-
saire.
Pathologie infectieuse
Traitement et aspects postopératoires
Une atteinte infectieuse au niveau de l’œsophage
Traitement médical peut être observée, mais la place de l’imagerie
Il doit toujours être mis en route en première dans ce cadre est très réduite.
intention en associant :31
• position : décubitus dorsal surélevé de 30 à 40° ; Œsophagite candidosique
• mesures hygiénodiététiques : fractionnement C’est de loin l’œsophagite infectieuse la plus fré-
des repas, épaississement des repas, suppres- quente.32 Le Candida albicans est un germe sapro-
sion des aliments dépresseurs du SIO ; phyte chez les sujets normaux. Il peut devenir
• médicaments : agents modificateurs de la pres- pathogène chez les enfants immunodéprimés et
sion du SIO, agents neutralisants de l’acidité. sous chimiothérapie pour une pathologie hématolo-
gique maligne ou néoplasique. L’obstruction œso-
Traitement chirurgical phagienne chronique (achalasie, sténose peptique)
Il est rarement indiqué. Il est envisagé en cas de entraîne une stase qui peut favoriser la multiplica-
volumineuse hernie hiatale, de l’échec du traite- tion des Candida.
ment médical avec complications graves (œsopha-
Les enfants souffrent le plus souvent de dyspha-
gite ulcérée, malaise grave du nourrisson, formes
gie et de douleurs rétrosternales. Inversement, cer-
respiratoires chroniques), d’encéphalopathie sé-
tains enfants peuvent être asymptomatiques et
vère, ou encore de RGO persistant après cure
l’existence d’un muguet buccal n’est pas systéma-
d’atrésie de l’œsophage. La technique chirurgicale
tique.
la plus utilisée est la fundoplicature de Nissen. Il
s’agit d’un manchonnage périœsophagien par la Les lésions étant essentiellement superficielles,
grosse tubérosité gastrique ramenée de part et le transit œsophagien en simple contraste peut
d’autre de l’œsophage ; ce manchonnage peut être apparaître normal. Typiquement, les lésions candi-
seulement unilatéral (hémi-Nissen). Cette techni- dosiques apparaissent sous la forme d’une nodula-
que donne de bons résultats dans 85 à 95 % des cas. tion régulière, longitudinale dans le sens des plis.
Des complications peuvent toutefois se rencontrer : Les lésions sont juxtaposées donnant un aspect
obstruction du bas œsophage si le manchon est trop pavé, en « cobblestone » avec des contours cré-
serré, ou persistance du reflux s’il est trop lâche, nelés. L’atteinte est circonférencielle et continue.
lâchage secondaire du montage. Le TOGD post- À l’endoscopie, on met en évidence des plaques
opératoire permet le bilan secondaire. L’aspect blanchâtres longitudinales prédominant sur l’œso-
normal de la fundoplicature se traduit par une phage moyen et inférieur. Des biopsies et brossages
lacune intragastrique au niveau fundique. Il peut sont réalisés pour culture. De plus, l’examen mi-
également exister une opacification du manchon croscopique doit révéler une invasion de la paroi
périœsophagien (Fig. 29, 30). œsophagienne.
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 517

Figure 30 Arbre décisionnel.


(CAT : conduite à tenir. TOGD : transit œso-gastro-duodénal).

Œsophagites virales Épidermolyse bulleuse dystrophique


Les virus les plus fréquemment en cause sont l’her- C’est une maladie congénitale autosomique réces-
pès virus et le cytomégalovirus (CMV). Les lésions sive qui affecte les épithéliums squameux.36 Au
œsophagiennes se rencontrent majoritairement niveau cutané, le moindre traumatisme entraîne
chez les patients immunodéprimés,33 bien qu’il ait une rupture entre l’épiderme et le derme, causant
été rapporté des cas d’infection à herpès virus chez la formation de bulles qui cicatrisent en se rétrac-
les sujets immunocompétents.34 La symptomatolo- tant.
gie clinique est variée et peu spécifique. Le dia- L’œsophage est également recouvert d’un épi-
gnostic se fait sur les biopsies et les cultures effec- thélium squameux et les mêmes lésions peuvent
tuées lors d’une endoscopie et sur les sérologies. survenir. La cicatrisation de ces lésions entraîne
des sténoses de taille variable, prenant l’aspect
Œsophagite tuberculeuse soit d’un diaphragme localisé soit, plus souvent,
L’atteinte œsophagienne de la tuberculose est ex- d’une sténose longue, à bords lisses. Elles siègent
ceptionnelle.35 La tomodensitométrie permet de essentiellement au niveau de l’œsophage proximal
mettre en évidence des adénopathies nécrosées, et peuvent être multiples (Fig. 31).
associées à un épaississement de la paroi œsopha-
gienne et éventuellement un trajet fistuleux. Elle Granulomatoses
permet également de faire le bilan des lésions L’œsophage est la plus rare des localisations viscé-
parenchymateuses pulmonaires éventuellement as- rales de la maladie de Crohn, mais celle-ci consti-
sociées. tue l’étiologie la plus fréquente de ce type d’at-
teinte chez l’enfant. Sa prévalence semble
Œsophagites inflammatoires cependant en hausse sur les dernières études en-
doscopiques (environ 8 %).37,38 Elle est responsable
Dans ce groupe de pathologies, l’opacification de de nodules, d’ulcérations aphtoïdes et de fistules.
l’œsophage est rarement indiquée ; elle met en La maladie de Behçet est rarissime chez l’en-
évidence des signes non spécifiques dans la plupart fant : les lésions œsophagiennes ne sont pas spéci-
des cas : ulcération, sténoses... Certains aspects fiques, à type d’ulcérations au niveau de l’œso-
peuvent être cependant plus évocateurs. phage moyen et inférieur.39 De même, de rares cas
518 L. Leflot et al.

de la motilité. Le traitement est la corticothéra-


pie.44

Pseudodiverticulose intramurale
Elle est liée à une atteinte inflammatoire de l’œso-
phage entraînant secondairement une dilatation
des glandes sous-muqueuses. Elle est responsable
d’une dysphagie progressive avec blocages alimen-
taires.45
En fibroscopie, l’orifice des diverticules n’est
pas toujours visualisé (environ 20 %). La présence
de Candida est fréquemment retrouvée, mais appa-
raît plutôt secondaire. Le diagnostic est posé sur le
transit œsophagien : il montre des images sacculai-
res, multiples (en « tête d’épingle »), reliées à la
lumière œsophagienne par un collet de 1 à 4 mm.
L’atteinte peut être segmentaire, prédominant au
tiers supérieur ou intéressant l’ensemble de l’œso-
phage (Fig. 32).

Greffe de moelle osseuse et réaction du greffon


contre l’hôte
L’œsophagite survient chez environ 30 % des pa-
tients atteints de façon chronique d’une réaction
immunitaire de rejet de greffe de moelle osseuse.
La lésion typique est une desquamation épithéliale
s’étendant à tout l’œsophage supérieur et moyen.

Figure 31 3 ans. Lésions œsophagiennes d’épidermolyse bul-


leuse ; sténose longue avec présence d’ulcérations étendues,
prédominant au niveau de l’œsophage supérieur et moyen.

de lésions œsophagiennes ont été décrits dans la


granulomatose septique de l’enfant.40

Œsophagite à éosinophiles
C’est une entité d’individualisation récente,
d’étiologie inconnue. Elle constitue un diagnostic
différentiel du reflux gastro-œsophagien,41 notam-
ment lorsqu’il est résistant aux traitements médi-
caux. Une infiltration éosinophilique de la mu-
queuse œsophagienne est fréquemment associée à
un reflux acide. Bien que la quantité de cellules
présentes soit directement liée à la durée et à la
sévérité du reflux, le nombre d’éosinophiles est
rarement supérieur à 3 cellules par champ à fort
grossissement.42 Dans l’œsophagite à éosinophiles,
cette infiltration est nettement supérieure.
Les critères diagnostiques sont cliniques (dys-
phagie en l’absence de reflux acide documenté),
terrain allergique et microscopique (infiltration éo-
sinophile > 20 cellules par champ à fort grossisse-
ment, infiltration de mastocytes, hyperéosinophilie Figure 32 13 ans. Dysphagie haute, d’installation progressive.
Blocages alimentaires. Transit opaque : aspect rigide, tubulé de
périphérique).43 Les lésions œsophagiennes prédo- l’œsophage. Images sacculaires, pseudodiverticulaires multiples
minent au niveau du tiers supérieur. Elles sont (de la taille d’une tête d’épingle), au niveau de l’œsophage
constituées d’ulcérations, de sténose et de troubles moyen en rapport avec une pseudodiverticulose intramurale.
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 519

Elle peut se compliquer de sténose. Un trouble représentés par les rétrécissements pharyngo-
moteur non spécifique peut également survenir et œsophagiens physiologiques :
causer une œsophagite par reflux. • région cricopharyngée (C6) ;
• orifice thoracique supérieur (T1) ;
Traumatismes et corps étrangers • au niveau de l’arche aortique (T4) ;
• région hiatale (T10-T11).
Corps étrangers (CE) S’il est visualisé à un autre niveau, il faut alors
L’ingestion de CE est un événement fréquent chez rechercher une pathologie sténosante sous-jacente
l’enfant. (Fig. 34). Les pièces de monnaie intraœsophagien-
Les objets ingérés sont variés. Dans 60 à 80 % des nes sont visibles en coronal sur la radiographie
pulmonaire de face (alors qu’elles sont dans le plan
cas, ils sont radio-opaques.
sagittal quand elles sont trachéales). Les CE du bas
• CE radio-opaques : pièces de monnaie le plus
œsophage peuvent passer spontanément la jonc-
souvent et épingles ;
tion cardiale dans les 24 premières heures. Un
• CE radiotransparents : objets en plastique, alu-
contrôle radiographique peut montrer le passage
minium, boutons. abdominal. Les CE de l’œsophage supérieur et
Typiquement, l’anamnèse, les signes cliniques moyen nécessitent en revanche une extraction.47
(tels que hypersalivation et dysphagie) et les radio- L’endoscopie au fibroscope souple est la mé-
graphies font le diagnostic. thode de référence d’extraction des CE intraœso-
Cependant, la découverte d’un CE peut être phagiens. Elle permet de plus d’évaluer les lésions
retardée si celui-ci est radiotransparent et si les muqueuses associées.
signes cliniques initiaux ont été modérés ou sont Certaines équipes pratiquent l’extraction de ces
passés inaperçus. CE, par sonde de Foley, sous contrôle scopique.
Cette méthode consiste à positionner un ballonnet
CE radio-opaques de sonde de Foley en aval du CE et à exercer des
Ils sont facilement identifiés sur des clichés radio- tractions douces, l’enfant étant alors placé en
graphiques standards : radiographie pulmonaire de Trendelenburg et en procubitus. Cette technique
face et du larynx de profil (Fig. 33).46 présente de bons résultats dans les équipes entraî-
Lorsque l’objet est à bord lisse (cas des pièces), nées, avec peu de complications si les contre-
il peut s’enclaver à différents étages œsophagiens, indications sont respectées : CE en place depuis
plus de 24 heures et présence d’un œdème pariétal
(mis en évidence sur le cliché de profil par un
élargissement de l’espace œsotrachéal).
Si l’objet est pointu ou tranchant, il peut péné-
trer dans la muqueuse œsophagienne et se retrou-
ver alors à tous les niveaux de l’œsophage. Les
complications immédiates sont essentiellement le
fait d’objets tranchants. Ils peuvent entraîner des
perforations œsophagiennes, des abcès, des mé-
diastinites. La radiographie pulmonaire pourra
mettre en évidence un élargissement du médiastin
ou un pneumomédiastin. La TDM apprécie au mieux
les lésions médiastinales.20
Dans ce cadre, il faut également évoquer la
possibilité d’une perforation traumatique d’origine
iatrogène, en rapport avec la pose d’une sonde
digestive (en particulier chez le prématuré), une
intubation trachéale inadéquate, la réalisation
d’une échographie cardiaque transœsophagienne
ou encore après dilatation endoscopique ou au bal-
lonnet d’une sténose œsophagienne.7,48 Le dia-
gnostic peut être posé devant la reconnaissance
exacte de la position des sondes, la mise en évi-
dence d’un pneumomédiastin ou d’un emphysème
Figure 33 3 ans. Ingestion d’une pièce de monnaie. Radiogra-
phie du larynx de profil : corps étranger radio-opaque enclavé au cervical rétropharyngé. Chez le nouveau-né, il faut
niveau de l’œsophage supérieur (C7-T1) ; pas d’élargissement rappeler le diagnostic différentiel avec une atrésie
de l’espace trachéo-œsophagien : absence d’œdème. de l’œsophage.
520 L. Leflot et al.

Figure 34 1 an, régurgitation depuis la naissance, ingestion d’une pièce de monnaie. Radiographie du thorax (A) corps étranger
enclavé au niveau du tiers inférieur de l’œsophage ; ablation endoscopique, mise en évidence d’une muqueuse ulcérée avec sténose ;
TO (B) : confirmation d’une sténose peptique annulaire.

Piles boutons complications secondaires. Les signes cliniques les


Les piles représentent moins de 2 % des corps plus fréquents sont alors des signes respiratoires :
étrangers ingérés chez l’enfant, mais leur fré- toux, stridor, sifflement, pneumopathie.51,52
quence est en augmentation régulière.49 Il s’agit Le terme de chronicité est utilisé lorsque le CE
d’un CE particulier car il présente des mécanismes est présent dans l’œsophage depuis plus d’une
lésionnels spécifiques au niveau de la muqueuse semaine. Il peut alors traverser la muqueuse œso-
œsophagienne :50 phagienne qui se réépithélialise. Le CE reste dans la
• une électrolyse par le courant produit par la pile ; paroi œsophagienne, ou peut migrer dans les tissus
• une libération de substances toxiques (sels mé- mous périœsophagiens. La TDM est alors un bon
talliques et substances caustiques) en cas de examen pour mettre en évidence une inflammation
fragmentation de la pile après son ingestion. de la paroi œsophagienne et des tissus mous mé-
Si la pile est active, elle peut ainsi provoquer des diastinaux.
lésions ulcéronécrosantes responsables de fistules
ou de perforation. Les piles de diamètre inférieur à
15 mm sont les plus fréquemment ingérées, mais ce Points forts
sont les piles les plus grosses (20 à 23 mm) qui
Traumatismes et corps étrangers
provoquent le plus de complications en raison de
Pathologie fréquente
leur fréquente localisation œsophagienne. Le dia-
60 à 80 % des cas : corps étranger radio-
gnostic se fait sur les clichés standards puisqu’elles
opaque
sont toujours radio-opaques. Le diagnostic diffé-
Diagnostic parfois retardé si corps étranger
rentiel avec une pièce de monnaie se fait sur l’as-
radiotransparent
pect typique en marche d’escalier des piles vues de
Zones d’enclavement physiologiques :
profil. La radiographie permet également de véri-
• région cricopharyngée
fier l’intégrité de la pile. L’ablation par endoscopie
• défilé thoracique supérieur
est une urgence.
• croisement de la crosse aortique
• cardia
CE radiotransparents
Enclavement atypique : éliminer une cause
Devant des signes cliniques de CE intraœsophagien,
préexistante
l’absence de visualisation sur un cliché standard
Risque de perforation avec objet pointu
doit conduire à une endoscopie. Le diagnostic peut
Pile bouton : risque de lésion chimique
être retardé si les signes initiaux sont modérés. La
Perforation par sonde chez le nouveau-né
chronicité d’un CE est un facteur favorisant de
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 521

Œsophagite caustique L’opacification digestive n’a aucune indication à


Chez l’enfant, l’ingestion de produit caustique est la phase initiale.
le plus souvent accidentelle. Elle survient chez le L’endoscopie est l’examen de référence. Elle est
jeune enfant, en moyenne vers 3 ans. réalisée entre 24 et 48 heures après l’ingestion. Elle
permet un diagnostic de gravité. Les lésions retrou-
Mécanisme des lésions vées sont classées en quatre stades :54
Il existe une grande variété d’agents caustiques • stade I : muqueuse congestive ou œdématiée ;
mais les plus fréquemment en cause sont les alca- • stade II : ulcérations recouvertes de fausses
lins (environ 80 %) loin devant les acides. Ce sont les membranes ;
alcalins qui produisent les lésions les plus graves au C IIa : érosions superficielles, fausses membra-
niveau de la muqueuse œsophagienne. Les acides nes localisées ou linéaires ;
produisent une nécrose de coagulation superficielle C IIb : ulcérations profondes et circonférenciel-
avec formation d’escarre alors que les alcalins pro- les ;
duisent une nécrose de liquéfaction favorisant la • stade III : ulcérations nécrotiques et hémorragi-
pénétration en profondeur et la perforation. ques avec sphacèles ;
La gravité des lésions dépend de plusieurs para- • stade IV : perforation.
mètres : La TDM est indiquée devant des signes de gra-
• la quantité de produit absorbée ; vité, à la recherche d’une complication immé-
• la concentration du produit ; diate : présence de bulles d’air en périœsophagien
• la nature solide ou liquide ; en cas de perforation, épanchement médiastinal en
• la durée de l’exposition de la muqueuse au cas de médiastinite. Elle recherche également des
produit caustique. lésions parenchymateuses pulmonaires associées.
Les produits caustiques sont le plus souvent liqui- À la phase secondaire. L’opacification permet
des. Les caustiques solides sont plus rares mais une bonne analyse des sténoses. Sa réalisation peut
leurs lésions sont alors maximales au niveau ORL et être difficile, l’enfant refusant toute déglutition.
de l’œsophage supérieur. Les liquides alcalins sont La mise en place d’une sonde est souvent néces-
plus visqueux et responsables de lésions étendues. saire. Elle précise le nombre, la localisation,
Les liquides acides passent rapidement dans l’esto- l’étendue et l’évolution des sténoses. Le plus sou-
mac et, l’œsophage étant relativement résistant vent, celle-ci est centrée, filiforme avec une dila-
aux acides, les lésions sont essentiellement gastri- tation sus-jacente, au niveau du tiers inférieur de
ques. Le temps de contact avec la muqueuse dé- l’œsophage (Fig. 35). Plus rarement, elle apparaît
pend de la motilité de l’œsophage et des zones de annulaire ou excentrée (Fig. 36).
ralentissement ou de rétrécissement physiologique Elle permet la mise en évidence d’anomalies de
(arche aortique, bronche souche gauche, région la motilité œsophagienne (hypopéristaltisme, rigi-
hiatale). dité, RGO), causes de dysphagie.55,56. L’opacifica-
Les lésions évoluent en trois phases : tion est également utile dans le suivi du traite-
• aiguë : les lésions sont de type ulcéré, nécrosées ment :57
et hémorragiques. Elles peuvent être profondes • arrêt de l’alimentation +/- corticothérapie et
jusqu’à la perforation. Les manifestations clini- dilatation endoscopique des sténoses pour les
ques ne sont pas prédictives de l’extension des stades I et II ;
lésions ; • traitement chirurgical (plastie œsophagienne)
• subaiguë : la cicatrisation débute dès la pre- pour les stades III et IV.58
mière semaine avec une activation des fibro-
blastes ; Œsophagite radique
• chronique : apparition d’une sclérose pouvant Des atteintes œsophagiennes peuvent apparaître
aboutir en 4 à 6 semaines à une sténose fi- au décours de l’irradiation de tumeurs médiastina-
breuse, annulaire ou longue. La sévérité de la les ou de lymphomes.59 Ces atteintes sont plus
lésion initiale est corrélée à l’apparition d’une fréquentes chez l’adulte car l’utilisation de hautes
sténose.53 doses (> 25 Gy) reste rare chez l’enfant. L’utilisa-
tion de doses plus faibles peut entraîner une in-
Examens paracliniques flammation superficielle mais rarement des effets
À la phase aiguë. La radiographie de thorax peut à long terme. Il existe en revanche des effets
mettre en évidence un œsophage dilaté, aéré. Elle synergiques de la chimiothérapie, surtout en cas
recherche principalement une complication (pneu- d’administration simultanée d’adriamycine.
momédiastin, épanchement médiastinal ou pleu- Les manifestations cliniques varient de la simple
ral...). brûlure rétrosternale à la dysphagie sévère. Les
522 L. Leflot et al.

Figure 35 Ingestion de caustique. TO réalisé à 1 mois : ulcéra-


tions étendues à l’œsophage moyen et inférieur, donnant un Figure 36 Ingestion accidentelle d’eau de Javel. TO 4 mois plus
aspect en « dent de timbre » aux parois œsophagiennes corres- tard : sténoses cicatricielles étagées : sténose serrée annulaire
pondant à des lésions étendues d’œsophagite caustique. en T1 et longue, régulière en T5.

lésions retrouvées à l’endoscopie vont de l’œdème néral, malaises avec bradycardie liés au réflexe
muqueux à la présence d’ulcérations. Ces ulcères vasovagal secondaire à la distension brusque du
peuvent entraîner une sténose cicatricielle tiers moyen de l’œsophage ;
(Fig. 37). Il existe également à distance des aspects • chez l’enfant plus grand : les signes digestifs
de sclérose avec un ralentissement du péristaltisme sont au premier plan. Il s’agit de vomissements,
et un aspect figé de l’œsophage. L’apparition de dysphagie quasi constante, rarement doulou-
d’une fistule œsotrachéale est possible, se tradui- reuse, d’un amaigrissement modéré.
sant par une médiastinite.
Examens complémentaires
Méga-œsophage idiopathique
Le méga-œsophage idiopathique résulte d’un dé- Radiographie pulmonaire
faut de relâchement du bas œsophage à l’arrivée Elle peut montrer une pneumopathie d’inhalation
du bol alimentaire. Cette entité est rare chez l’en- et des signes de mégaœsophage : débord de la ligne
fant puisqu’elle représente moins de 5 % de l’en- paraœsophagienne, syndrome de masse médiasti-
semble des mégaœsophages.46,60 nal, niveau hydroaérique intraœsophagien, ab-
Le mégaœsophage peut être totalement isolé sence de poche à air gastrique (Fig. 38).
mais il s’intègre souvent dans des pathologies com-
plexes telles que la dysautonomie familiale de Transit œsophagien
Riley-Day, la maladie de Chagas, le syndrome de Il peut montrer :
Sjögren, le syndrome alacrymation-insensibilité à • des anomalies morphologiques : sténose serrée,
l’ACTH, la trisomie 21. progressive, en « bec d’oiseau » du bas œso-
phage et dilatation de l’œsophage sus-jacent ;
Signes cliniques • des signes dynamiques : péristaltisme anarchi-
Ils varient en fonction de l’âge de découverte : que avec des contractions vigoureuses mais inef-
• chez le nourrisson : bronchopneumopathies traî- ficaces, défaut d’ouverture du cardia à l’arrivée
nantes ou à répétition, altération de l’état gé- du bol alimentaire (Fig. 39).
Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 523

Figure 38 12 ans. Vomissements, dysphagie et douleur rétros-


ternales évoluant depuis l’âge de 4 ans. Radiographie thoraci-
que : distension de l’œsophage avec niveau hydroaérique, ab-
sence de poche à air gastrique : mégaœsophage idiopathique.

Figure 37 Sténose radique serrée suspendue de l’œsophage


Varices œsophagiennes
moyen au niveau du champ d’irradiation d’un médulloblastome
avec localisations intracanalaires dorsales.
Origine
Manométrie Les varices œsophagiennes sont secondaires à une
La manométrie œsophagienne est l’examen de ré- hypertension portale (HTP). Celle-ci se révèle chez
férence dans l’évaluation des troubles moteurs de l’enfant par une splénomégalie, éventuellement
l’œsophage. Elle consiste en l’enregistrement des avec un hypersplénisme. Les varices œsophagien-
pressions intraluminales dans les différents seg- nes lorsqu’elles sont présentes, peuvent être res-
ments de l’œsophage. Cet enregistrement se fait à ponsables d’hématémèse.
l’aide d’une sonde constituée d’un faisceau de Les causes d’HTP sont de trois ordres :
cathéters, chacun étant relié à un capteur de pres- • suprahépatique : syndrome de Budd-Chiari, rare
sion. à l’âge pédiatrique ;
Les signes de méga-œsophage idiopathique • intrahépatique : cirrhose sur atrésie des voies
sont : biliaires, mucoviscidose, hépatite ou maladie
• une absence de péristaltisme dans le corps de métabolique comme la tyrosinémie et la glyco-
l’œsophage ; génose, fibrose hépatique congénitale ;
• une pression élevée au niveau du SIO ; • infrahépatique : thrombose de la veine porte
• une inhibition totale ou partielle du relâche- secondaire à un cathétérisme veineux ombilical
ment du SIO en réponse à la déglutition. néonatal, déshydratation, infection, coagulopa-
thie, etc.
Endoscopie
Elle montre une muqueuse saine sans signe d’œso- Examens complémentaires
phagite.
Échographie
Traitement Elle recherche des anomalies en faveur d’une HTP :
Les deux méthodes thérapeutiques principales sont splénomégalie, ascite, épaississement du petit épi-
chirurgicale (myotomie extramuqueuse de Heller) ploon, élargissement du calibre du tronc porte avec
et endoscopique (dilatation pneumatique par bal- anomalies du flux portal au doppler. Les varices
lonnet). œsophagiennes sont visibles dans le petit épiploon
524 L. Leflot et al.

mise en évidence d’un épaississement de la paroi


gastrique, avec un rehaussement est également
significative de l’HTP.61

IRM
L’IRM permet une analyse du système porte et de
ses branches grâce aux séquences d’angiographie
MR. La mise en évidence des veines de dérivation
peut se faire de façon non invasive, en particulier
au niveau des varices œsophagiennes.62

Tumeurs de l’œsophage chez l’enfant

Les tumeurs de l’œsophage sont exceptionnelles


chez l’enfant.

Tumeurs bénignes
Le léiomyome est la tumeur bénigne de l’œsophage
la plus fréquente chez l’adulte. Seuls 2,5 % des
léiomyomes sont rencontrés à l’âge pédiatrique.
L’âge moyen de découverte est entre 11 et 14 ans.
Il s’agit histologiquement d’une hyperplasie des
cellules de la couche musculaire interne. Ils peu-
vent être isolés mais apparaissent diffus dans 90 %
des cas. L’association au syndrome d’Alport (néph-
ropathie, cholélithiase, surdité et cataracte) est
classique. Lorsqu’il est isolé, le léiomyome est une
lésion de petite taille, infracentimétrique, locali-
Figure 39 12 ans. Apparition d’une dysphagie chez un enfant sée au niveau de l’œsophage moyen ou inférieur.63
présentant une adrénoleucodystrophie. TO : sténose du bas Chez un enfant présentant une dysphagie lente-
œsophage en « bec d’oiseau » avec stase d’amont, péristaltisme ment progressive, une léiomyomatose peut être
œsophagien anarchique : mégaœsophage syndromique.
évoquée sur un rétrécissement lisse et circonféren-
sous forme de structures vasculaires dilatées et ciel de l’œsophage distal au TOGD ou sur un épais-
tortueuses. La dilatation de la veine coronaire sto- sissement marqué de la paroi œsophagienne au
machique, supérieure à 5 mm de diamètre, serait scanner.20,64
un index significatif de risque d’hématémèse.
Tumeurs malignes
TOGD Elles sont exceptionnelles. Le plus souvent, il s’agit
Il n’a plus de place dans le diagnostic des varices d’un carcinome épidermoïde. Les facteurs favori-
œsophagiennes. Leur aspect doit cependant être sants sont la métaplasie épithéliale de Barrett, les
connu et être différencié des lésions d’œsophagite. brûlures caustiques, le méga-œsophage idiopathi-
Typiquement, elles apparaissent comme des dé- que. Les signes cliniques sont peu spécifiques :
fauts de remplissage du bas œsophage, tortueux et vomissements, altération de l’état général, héma-
moniliformes, variables au cours de l’examen. La témèse. La fibroscopie permet de visualiser la lé-
souplesse pariétale est alors conservée. sion, son extension et de réaliser des biopsies.

Tomodensitométrie
Elle permet également de faire le bilan des voies de
Références
dérivation veineuse. Sur le plan technique, il est 1. Bender TM, Ledesma-Medina J, Oh KS. Radiographic mani-
utile de remplir préalablement l’estomac en don- festations of anomalies of the gastrointestinal tract.
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de produit de contraste, l’opacification du système 2. Berrocal T, Torres I, Gutierrez J, Prieto C, del Hoyo ML,
porte est optimale environ 1 minute après le début Lamas M. Congenital anomalies of the upper gastrointesti-
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Pathologie de l’œsophage chez l’enfant 525

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