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SYMPOSIUM
Jean-François Fléjou
Traiter des lésions festonnées dans le tube digestif dans le cadre des « nouvelles dysplasies »
pourrait paraître abusif en 2012 pour deux raisons :
• ces lésions ne sont pas toujours dysplasiques au sens morphologique du terme, mais elles
sont indiscutablement néoplasiques, même pour les plus bénignes d’entre elles au plan
évolutif, les polypes hyperplasiques (PH). Elles illustrent donc parfaitement l’ambiguïté
terminologique qui fait de la néoplasie intra-épithéliale un cadre large, incluant des
lésions qui comportent, ou non, des modifications morphologiques détectables en micro-
scopie, définissant la dysplasie [1] ;
• ces lésions ne sont pas (plus) si nouvelles, puisque l’adjectif serrated, traduit le plus
souvent dans la littérature francophone par le terme festonné (ou parfois par les adjec-
tifs dentelé ou crénelé) a été employé pour la première fois en 1990 par Longacre et
Fenoglio-Preiser pour décrire un type particulier d’adénomes colorectaux [2]. Mais c’est
surtout à partir de la publication par Torlakovic et Snover en 1996 d’une série de six poly-
poses festonnées dont quatre associées à des adénocarcinomes [3], que le terme s’est
imposé dans la littérature, et qu’il a été à l’origine d’une évolution majeure dans les
concepts de la cancérogenèse colorectale, au plan morphologique et maintenant au plan
moléculaire. Il est frappant de voir que dans la troisième édition de la classification de
l’OMS, datant de 2000, le terme serrated ne figure dans aucune classification. Une lec-
ture attentive montre cependant que, dans le chapitre sur le cancer du côlon, le PH est
bien considéré comme une lésion néoplasique, et surtout que dans le court chapitre sur
la polypose hyperplasique, quelques lignes décrivent parfaitement l’adénome festonné,
et citent ces principales anomalies moléculaires [4]. Bien entendu, un long chapitre,
parfois un peu complexe, est consacré aux lésions festonnées dans la quatrième édition
de la classification de l’OMS, publiée en 2010 [5]. Ce chapitre constitue d’ailleurs une
des principales nouveautés de cette réédition. La classification histologique des lésions
0242-6498/$ — see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2012.08.008
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secteurs dysplasiques sont présents. La dysplasie est Au total, la description de la voie morphologique et
alors le plus souvent similaire à celle observée dans les moléculaire festonnée dans la cancérogenèse colorectale
adénomes « conventionnels », tubuleux, villeux ou tubulo- est à l’origine de progrès considérables des connaissances
villeux, mais dans certains, cas il peut s’agir d’une dysplasie dans ce domaine. Elle constitue une étape importante dans
« festonnée », plus fréquente dans les adénomes festonnés la mise au point de classifications histo-moléculaires du
traditionnels. Le terme de polype mixte a initialement été cancer colorectal, qui existent maintenant dans le cancer
employé dans cette situation (d’abord mixte PH — adénome du sein et de nombreux autres cancers. Une classification
conventionnel, puis mixte SSAP — adénome convention- « semi-moléculaire » des polypes colorectaux a d’ailleurs
nel), mais il est maintenant recommandé d’appeler ces été proposée récemment (Tableau 2) [2]. Les critères diag-
lésions SSAP avec dysplasie. C’est très probablement cette nostiques de ces lésions sont maintenant mieux définis, et
lésion qui précède les cancers de phénotype CIMP+, qu’ils les pathologistes doivent se les approprier pour faire un
soient MSI ou MSS. Il n’est pas clairement établi de savoir diagnostic fiable et reproductible. Au plan thérapeutique,
si la dysplasie doit être gradée dans ces polypes comme des recommandations sont maintenant disponibles pour ces
dans les lésions dysplasiques habituelles du côlon. La ten- lésions [17], dont il a été montré qu’elles expliquaient sans
dance actuelle est plutôt de considérer qu’en l’absence de doute une part importante des cancers d’intervalle chez
connaissance précise sur l’histoire naturelle, il est préfé- les sujets participant à des programmes de dépistage. Cela
rable de simplement indiquer qu’une dysplasie est présente, implique très probablement non seulement un traitement
sans la grader. mais aussi une surveillance adaptée chez ces patients.
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