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Annales de pathologie (2012) 32S, S63—S66

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

SYMPOSIUM

Polypes et dysplasie festonnés : des lésions encore


mal connues夽
Serrated polyps and dysplasia: Still poorly recognized lesions

Jean-François Fléjou

Service d’anatomie pathologique, faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie, hôpital


Saint-Antoine, groupe hospitalier Est Parisien, 184, rue du Faubourg-Saint-Antoine,
75012 Paris, France

Accepté pour publication le 30 août 2012


Disponible sur Internet le 12 octobre 2012

Traiter des lésions festonnées dans le tube digestif dans le cadre des « nouvelles dysplasies »
pourrait paraître abusif en 2012 pour deux raisons :
• ces lésions ne sont pas toujours dysplasiques au sens morphologique du terme, mais elles
sont indiscutablement néoplasiques, même pour les plus bénignes d’entre elles au plan
évolutif, les polypes hyperplasiques (PH). Elles illustrent donc parfaitement l’ambiguïté
terminologique qui fait de la néoplasie intra-épithéliale un cadre large, incluant des
lésions qui comportent, ou non, des modifications morphologiques détectables en micro-
scopie, définissant la dysplasie [1] ;
• ces lésions ne sont pas (plus) si nouvelles, puisque l’adjectif serrated, traduit le plus
souvent dans la littérature francophone par le terme festonné (ou parfois par les adjec-
tifs dentelé ou crénelé) a été employé pour la première fois en 1990 par Longacre et
Fenoglio-Preiser pour décrire un type particulier d’adénomes colorectaux [2]. Mais c’est
surtout à partir de la publication par Torlakovic et Snover en 1996 d’une série de six poly-
poses festonnées dont quatre associées à des adénocarcinomes [3], que le terme s’est
imposé dans la littérature, et qu’il a été à l’origine d’une évolution majeure dans les
concepts de la cancérogenèse colorectale, au plan morphologique et maintenant au plan
moléculaire. Il est frappant de voir que dans la troisième édition de la classification de
l’OMS, datant de 2000, le terme serrated ne figure dans aucune classification. Une lec-
ture attentive montre cependant que, dans le chapitre sur le cancer du côlon, le PH est
bien considéré comme une lésion néoplasique, et surtout que dans le court chapitre sur
la polypose hyperplasique, quelques lignes décrivent parfaitement l’adénome festonné,
et citent ces principales anomalies moléculaires [4]. Bien entendu, un long chapitre,
parfois un peu complexe, est consacré aux lésions festonnées dans la quatrième édition
de la classification de l’OMS, publiée en 2010 [5]. Ce chapitre constitue d’ailleurs une
des principales nouveautés de cette réédition. La classification histologique des lésions

夽 Symposium présenté le mardi 20 novembre 2012 de 14 h 30 à 16 h 30, dans le Grand Amphithéâtre.


Adresse e-mail : jean-francois.flejou@sat.aphp.fr

0242-6498/$ — see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2012.08.008
S64 J.-F. Fléjou

du cancer. La méthylation du gène MLH1 est responsable du


Tableau 1 Classification de l’OMS des polypes feston-
développement des cancers microsatellites instables (MSI)
nés du côlon et du rectum [5].
sporadiques, dans lesquels s’accumulent de nombreuses
Polype hyperplasique autres mutations dans des gènes cibles de l’instabilité,
Microvésiculaire de la même façon que les mutations apparaissent dans
Riche en cellules caliciformes les adénomes conventionnels et les adénocarcinomes MSI
Pauvre en mucines des patients atteints de syndrome de Lynch [16]. Dans les
Adénome/polype sessile festonné (SSA/P) lésions qui précèdent les cancers CIMP+ MSI sporadiques,
Sans dysplasie la dysplasie apparaît dès l’inactivation de hMLH1 et la pro-
Avec dysplasie lifération se transforme rapidement en carcinome invasif.
Les évènements moléculaires qui mènent aux adénocar-
Adénome festonné traditionnel cinomes CIMP+ microsatellites stables (MSS) sont moins
bien connus, peut-être à cause de l’absence de consen-
sus sur les critères diagnostiques du phénotype CIMP+. Ces
festonnées proposée par l’OMS fait maintenant référence évènements comportent très probablement la méthylation
et c’est elle qui sera utilisée dans cet article (Tableau 1). d’autres gènes que MLH1, dont MGMT, P16 INK4A, IGFBP7,
Elle sera peut-être un peu modifiée dans le futur, mais MCC [9].
elle semble relativement solide, assez simple, et colle
bien aux progrès actuels faits dans la compréhension des
anomalies moléculaires responsables de cette voie de la Terminologie et critères diagnostiques
cancérogenèse colorectale. De nombreux articles, dont
des revues générales en anglais et en français, ont été Polype hyperplasique
publiés sur le sujet [6—10], mais il persiste des difficultés
dans la reconnaissance et l’interprétation de ces lésions Même si cette dénomination peut être critiquée pour une
par les pathologistes, illustrées par leur mauvaise repro- lésion clairement néoplasique, et pas vraiment hyperpla-
ductibilité diagnostique [11,12], et justifiant d’aborder sique, elle a été conservée pour la forme la plus bénigne des
ce thème dans les nouvelles formes de dysplasie du tube lésions festonnées. Leur principale caractéristique est que,
digestif. malgré un « festonnement » parfois très net mais qui prédo-
mine dans la partie superficielle de la lésion, l’architecture
reste globalement normale, la zone de prolifération res-
tant limitée à la partie profonde des cryptes. Les PH ne
La voie moléculaire festonnée de la présentent jamais de dysplasie. Leur classification mor-
cancérogenèse colorectale ou the phologique en trois sous-types (Tableau 1), même si elle
serrated pathway n’a pas d’intérêt thérapeutique, est intéressante au plan
conceptuel. C’est en effet le sous-type microvésiculaire
Il était jusqu’à relativement récemment classiquement qui présente des mutations de BRAF et qui constitue sans
considéré que la cancérogenèse colorectale était globale- doute la lésion la plus précoce de la voie festonnée de
ment univoque, selon le modèle dit de « Fearon-Vogelstein » la cancérogenèse colorectale, précurseur des SSAP. L’autre
[13], faisant jouer un rôle important à des gènes suppres- sous-type fréquent, riche en cellules caliciformes, présente
seurs de tumeur, la mutation du gène APC étant l’initiatrice. des mutations du gène KRAS, mais n’est pas impliqué dans
Il est ensuite apparu que ce modèle ne rendait compte que le développement de cancers.
d’environ 60 % des cancers colorectaux. L’essentiel des 40 %
restants se développe selon la voie festonnée, répondant, Adénome/polype sessile festonné ou sessile
au plan moléculaire, aux cancers dits CpG island methyla- serrated adenoma/polyp
ted phenotype (CIMP+), un petit groupe (3 à 5 %) résultant
du pathway « mutateur » observé au cours du syndrome de La première difficulté, toujours pas parfaitement résolue,
Lynch [14]. Les connaissances et théories actuelles sur les est celle de la terminologie qui doit être employée pour
voies moléculaires de la cancérogenèse colorectale ont été désigner cette lésion. Si les adjectifs sessile et festonné ne
très bien présentées dans une revue générale du regretté posent pas de problème, pour une lésion festonnée sur toute
Jass qui, bien que publiée maintenant il y a cinq ans, reste sa hauteur, et presque toujours sessile ou à peine surélevée
parfaitement d’actualité [15]. Cela illustre bien la grande en endoscopie, le terme de polype, employé par certains
clairvoyance de ce remarquable chercheur pathologiste, mais critiqué par d’autres car trop vague, et d’adénome, cri-
dont les travaux sont en grande partie à l’origine du renou- tiqué quant à lui car impliquant classiquement une dysplasie
veau des connaissances et des idées dans ce domaine si en microscopie, ce qui n’est pas toujours le cas dans cette
important de la cancérologie. lésion, ont été proposés. L’OMS a choisi d’associer les deux
Le mécanisme principal initiant la cancérogenèse feston- termes, considérant, dans ce cas, qu’ils étaient équivalents.
née est une mutation activatrice du gène BRAF, inhibant La principale caractéristique morphologique des SSAP est
l’apoptose normale des cellules épithéliales coliques. Les l’apparition d’anomalies architecturales, avec des cryptes
lésions festonnées mutées BRAF sont principalement les dilatées, horizontalisées en profondeur, conséquence d’une
PH microvésiculaires et les adénomes — polypes sessiles ascension dans la crypte de la zone de prolifération épi-
festonnés ou sessile serrated adenoma/polyp (SSA/P) des théliale, qu’on peut objectiver avec un marquage du Ki67.
auteurs anglo-saxons. Dans ces lésions, se produisent ensuite Cela explique le terme de polype festonné avec proliféra-
des phénomènes de méthylation de régions riches en îlots tion anormale qui a parfois été employé pour désigner cette
CpG des promoteurs de certains gènes, aboutissant à la lésion, souvent localisée dans le côlon droit.
perte d’expression épigénétique des protéines correspon- L’autre point de discussion sur la terminologie est
dantes. Les gènes inactivés vont déterminer le phénotype celui de l’appellation qui doit être utilisée lorsque des
Polypes et dysplasie festonnés : des lésions encore mal connues S65

Tableau 2 Proposition de classification semi-moléculaire des polypes du côlon et du rectum.


Terminologie traditionnelle (avant 2003) Terminologie récente (après 2003) Proposition de classification
semi-moléculaire
Adénome Adénome conventionnel Polypes néoplasiques liés à APC
Adénome tubuleux Adénome tubuleux Polypes néoplasiques non festonnés
non villeux
Adénome tubulo-villeux Adénome tubulo-villeux Polypes néoplasiques non festonnés
avec composante villeuse
Adénome villeux Adénome villeux
Adénome festonné Adénomes festonnés Adénomes CIMP, type BRAF
SSA/P sans dysplasie SSA/P sans dysplasie
SSA/P avec dysplasie SSA/P avec dysplasie
Adénomes CIMP, type KRAS
TSA sans dysplasie TSA sans dysplasie
TSA avec dysplasie TSA avec dysplasie
Polype hyperplasique Polypes hyperplasiques Polype hyperplasique, type BRAF
Microvésiculaire Microvésiculaire
Polype hyperplasique, type KRAS
Riche en en cellules caliciformes Riche en en cellules caliciformes
Polype hyperplasique, autre
Pauvre en mucines Pauvre en mucines
D’après Snover [9].
SSA/P : adénome/polype sessile festonné ; TSA : adénome festonné traditionnel.

secteurs dysplasiques sont présents. La dysplasie est Au total, la description de la voie morphologique et
alors le plus souvent similaire à celle observée dans les moléculaire festonnée dans la cancérogenèse colorectale
adénomes « conventionnels », tubuleux, villeux ou tubulo- est à l’origine de progrès considérables des connaissances
villeux, mais dans certains, cas il peut s’agir d’une dysplasie dans ce domaine. Elle constitue une étape importante dans
« festonnée », plus fréquente dans les adénomes festonnés la mise au point de classifications histo-moléculaires du
traditionnels. Le terme de polype mixte a initialement été cancer colorectal, qui existent maintenant dans le cancer
employé dans cette situation (d’abord mixte PH — adénome du sein et de nombreux autres cancers. Une classification
conventionnel, puis mixte SSAP — adénome convention- « semi-moléculaire » des polypes colorectaux a d’ailleurs
nel), mais il est maintenant recommandé d’appeler ces été proposée récemment (Tableau 2) [2]. Les critères diag-
lésions SSAP avec dysplasie. C’est très probablement cette nostiques de ces lésions sont maintenant mieux définis, et
lésion qui précède les cancers de phénotype CIMP+, qu’ils les pathologistes doivent se les approprier pour faire un
soient MSI ou MSS. Il n’est pas clairement établi de savoir diagnostic fiable et reproductible. Au plan thérapeutique,
si la dysplasie doit être gradée dans ces polypes comme des recommandations sont maintenant disponibles pour ces
dans les lésions dysplasiques habituelles du côlon. La ten- lésions [17], dont il a été montré qu’elles expliquaient sans
dance actuelle est plutôt de considérer qu’en l’absence de doute une part importante des cancers d’intervalle chez
connaissance précise sur l’histoire naturelle, il est préfé- les sujets participant à des programmes de dépistage. Cela
rable de simplement indiquer qu’une dysplasie est présente, implique très probablement non seulement un traitement
sans la grader. mais aussi une surveillance adaptée chez ces patients.

Adénome festonné traditionnel


Déclaration d’intérêts
C’est le type de polype festonné le plus rare. Il correspond
à la lésion décrite dans la première publication de Lon- L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-
gacre et Fenoglio-Preiser en 1990 [2]. Cette lésion est en tion avec cet article.
général pédiculée, faite de cellules d’aspect particulier, au
noyau assez clair et au cytoplasme éosinophile, présentant
des lésions dysplasiques différentes de la dysplasie épithé- Références
liale intestinale « classique ». Le critère diagnostique le plus
important est architectural, fait de cryptes « ectopiques », [1] Odze RD, Riddell RH, Bosman FT, Carneiro F, Fléjou JF, Geboes
bourgeonnant à partir de la crypte principale. S’il est bien K, et al. Premalignant lesions of the digestive system. In:
établi que les adénomes festonnés traditionnels peuvent Bosman FT, Carneiro F, Hruban RH, Theise ND, editors. WHO
classification of tumours of digestive system. Lyon: IARC; 2010,
se transformer en adénocarcinomes, l’amplitude du risque,
p. 10—2.
et surtout les mécanismes moléculaires impliqués restent [2] Longacre TA, Fenoglio-Preiser CM. Mixed hyperplastic ade-
mal connus. Il a été suggéré que les cancers pourraient nomatous polyps/serrated adenomas. A distinct form of
être « MSI-L », c’est-à-dire avec faible degré d’instabilité colorectal neoplasia. Am J Surg Pathol 1990;14:524—37.
de microsatellites, et peut-être présenter une méthylation [3] Torlakovic E, Snover DC. Serrated adenomatous polyposis in
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S66 J.-F. Fléjou

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