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N° 02 • Février 2015 • Numéro Gratuit • www.apanews.

net

PÔLES URBAINS
Entre confort et social

FATOU TAMBEDOU
Ministre délégué :
"…les pôles urbains
visent le réequilibrage
de l'armature urbaine…"
Edito
Rendez-vous en 2017 Outre Diamniadio, la localité du Lac Rose, située
dans la commune de Niague-Tivaouane Peulh
(département de Rufisque), devra accueillir le
Par Omar FAYE deuxième pôle du genre.

Dakar étouffe sous la pression de ses trois mil- L’Etat, à travers ces projets, entend toucher
lions d’habitants. Dakar et ses réserves fon- toutes les couches sociales de la population,
cières s’amenuisent de jour en jour, sous la forte en faisant le pari audacieux d’allier le social au
poussée des Sénégalais de plus en plus nom- confort dans les différents logements proposés.
breux à vouloir acquérir un toit dans la capitale Mais l’option du gouvernement laisse quelque
sénégalaise. peu dubitatifs certains analystes qui, évaluant
les prix auxquels ces logements seront cédés,
L’espoir est désormais permis depuis que de gi- sont fondés à croire qu’ils " seront tout, sauf so-
gantesques chantiers se sont ouverts à Diam- ciaux ". Ils tirent ainsi la sonnette sur le risque
niadio (34 km de Dakar), suite à la qu’il y aurait à créer sur un même
décision des pouvoirs publics de pôle deux villes à deux vitesses,
créer, dans un avenir proche, deux abandonnant à sa précarité l’an-
pôles urbains, à Diamniadio et au cienne agglomération.
Lac Rose, censés donner un souffle
nouveau à la capitale. Et, par rico- D’autres encore redoutent une
chet, désengorger Dakar qui a fini de simple reproduction, dans les deux
donner au Sénégal l’image d’un être nouveaux pôles urbains, des pro-
atteint d’hypertrophie céphalique blèmes d’encombrement, d’inonda-
tion et de promiscuité qui étouffent
Au surplus, les pôles urbains au- aujourd’hui certains quartiers de
ront le don de freiner la surenchère Dakar, ainsi que sa proche banlieue
sur la location qui étouffe les Dakarois. autrefois créés avec la même intention de désen-
En posant, le 24 Mai 2014, la première pierre du gorger le centre-ville de la capitale.
pôle urbain de Diamniadio, le Président Macky
Sall avait fait le pari de bâtir dans les deux sites Le Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture
identifiés des " villes nouvelles répondant à au ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat
toutes les exigences de modernité et de qualité et du Cadre de vie du Sénégal, aussi bien que le
de vie ". directeur général de la Banque de l’Habitat du
Sénégal (BHS) rassurent les Sénégalais et leur
A Diamniadio, le projet, qui s’étend sur une su- donnent rendez-vous dans trois ans, pour éva-
perficie de 1 946 hectares, comporte une zone luer  l’objet du pari.
résidentielle de 40 000 logements dont 15 000
seront réalisés dans les trois prochaines an- "On doit anticiper pour éviter les erreurs de
nées, sur la base d’un partenariat public-privé, construction des anciennes villes", affirme le
aux côtés de 10 grands hôtels dont un de cinq premier, Oumar Sow, tandis que le second, Ma-
étoiles, un pôle industriel et commercial et un madou Bocar Sy, apaise au sujet des conditions,
pôle Sport et Loisirs. irrémédiablement alléchantes, d’accès des Sé-
négalais à la location et à l’acquisition des loge-
ments prévus dans ces pôles urbains.
Sommaire
Pôle urbain de Diamniadio 7
A l'épreuve de la mixité "Confort - Social"

Diamniadio 11
Passage douloureux à un pôle urbain

Le C.I.C.A.D. 15
Prémisses de la première ville moderne du Programme "Pôles urbains"

Oumar Sow : Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture 19


"Eviter les erreurs de construction des anciennes villes"

Routes, chemin de fer, électricité… 23


Pas de pôles urbains sans infrastructures performantes

Pôle urbain de Diamniadio 27


Les laissés-pour-compte : Entre frustrations et mauvais augures

UNIDAK II 31
Dakar étrenne sa deuxième université en 2017

Mamadou Bocar Sy : Directeur Général de la BHS 35


"Un système attractif pour les projets des Pôles urbains"

" Cité de l’Emergence " et " Cité de l’Avenir " : 41


Dakar gratte le ciel

Pôle urbain du lac Rose : 45


Les autorités peu loquaces sur le contenu du projet

Reportage : 49
La ruée vers ‘’l’or blanc’’ du Lac rose

Diamniadio et Lac Rose : 51
Promesses de modernité et de qualité de vie

Fatou Tambedou, 55
"La création des pôles urbains vise à juguler la macrocéphalie de Dakar"
Cité des fonctionnaires de Diamniadio
En Couverture
PÔLE URBAIN DE DIAMNIADIO
A l'épreuve de la mixité "Confort - Social"
Par Aïssatou Konaté et Edouard Touré

Lorsque le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, est monté au créneau pour dénoncer la surenchère
dans le secteur de l’immobilier, notamment à Dakar, et a pris un décret, au début de l’année en
cours pour forcer les bailleurs à la baisse des tarifs de location, il s’attendait certainement à la
résistance des propriétaires. En effet, ces derniers n’ont pas manqué de reprocher à l’Etat l’ " incon-
gruité " de la décision de baisser les prix de location de logements qu’il n’a pas construits.

Comme pour répondre à la défiance des pro- Le Délégué général aux Pôles urbains, M. Sey-
priétaires d’immeubles, prêts à tout pour de- dou Sy Sall, avait été très clair sur le sujet  : "Il
meurer les maîtres du jeu de l’offre et de la de- s’agit de réaliser pas moins de 40  000 loge-
mande, et leur couper l’herbe sous les pieds, le ments dont  un programme prioritaire portant
chef de l’Etat sort le projet des "Pôles urbains" à sur 15 000 logements, avec en moyenne 4000
la périphérie de la capitale sénégalaise. à 5000 logements par an. Un important volet
logement social sera dans ce programme dont
Les villes de Diamniadio et du Lac Rose ont été les prix de cession ne dépasseront pas 20 mil-
choisies pour accueillir ces pôles essentielle- lions de FCFA. Tandis que le logement le moins
ment destinés à désengorger Dakar et, par ri- cher coûtera pas moins de 12 millions de FCFA
cochet, à maîtriser le coût des loyers dans ces et comportera deux chambres et un salon sur
zones où les travaux de construction de 40 000 une surface habitable de 65 à 70 m²", affirmait-il,
logements sociaux ont démarré depuis peu, lors de la présentation du Programme.
dans un cadre qui devra accueillir également
des structures administratives et sociales à côté Seydou Sy Sall justifiait la fourchette de prix par
d’une plateforme industrielle et économique. les facilités accordées aux entreprises par l’Etat
qui "offre gracieusement les terres, sous forme
On comprend mieux pourquoi le gouverne- de bail aux promoteurs" qui bénéficient égale-
ment a choisi de confier un important lot de ment d’un "régime foncier incitatif" pour leur
construction de ces logements sociaux à des permettre de "vendre les logements à des prix
entreprises étrangères. Ces dernières ont en ef- accessibles aux ménages sénégalais". 
fet cet avantage qu’il bénéfi-
cie du soutien des bailleurs Logement social : Il donne également des dé-
de fonds leur offrant un sta- tails sur le mode d’accès à
tut fiscal de nature à pouvoir un concept, ces logements, indiquant
entrainer une baisse des différentes acceptions qu’un client intéressé par ces
coûts de construction. logements "devra s’adresser
à un développeur ou un promoteur immobi-
Mais d’ores et déjà, le concept "logements so- lier qui va l’assister pour l’obtention d’un prêt".
ciaux", visé par le programme de logements
dans ces pôles urbains, fait débat. D’abord, la Mais ces détails ne suffisent pas pour convaincre
fourchette de prix dans laquelle ces logements Moustapha Mbodj, socio-économiste et expert
sont estimés laisse sceptiques certains spécia- consultant en politique sociale, pour qui l’Etat
listes du secteur qui trouvent qu’ils "seront tout, ne devrait pas employer le terme "logements
sauf sociaux". sociaux" pour désigner ces appartements."

7
En Couverture
Pour que ces appartements puissent vraiment
être des logements sociaux, il aurait fallu que
leurs prix varient entre 3 000 000 et 5 000 000
de francs CFA, et que la moitié de la somme soit
subventionnée par l’Etat. C’est dans une pa-
reille situation que le commun des Sénégalais
pourrait prétendre à un logement dans la nou-
velle ville ", explique-t-il.

En guise de subvention, l’expert, qui estime Babacar Souleymane Faye


que "faire des logements sociaux aurait été Président du Regroupement des promoteurs immobiliers privés du Sénégal
très facile pour l’Etat ", suggère d’ "exonérer les Au-delà du niveau de prix auquel seront propo-
matériaux qui doivent servir à la construction sés les appartements en construction au Pôle
et constituer la main d’œuvre, à moitié voire urbain de Diamniadio, s’instaure une véritable
plus, d’éléments du génie civil du corps mili- guéguerre sémantique autour de la possibilité
taire. "Cela aurait pu influer sur les prix des lo- pour ces logements de réunir à la fois les condi-
gements, et permettre au gouvernement de tions d’un produit social et le confort.
mieux asseoir sa politique de protection sociale
et lutter ainsi contre la pauvre- Certains soutiennent que l’une
té qui ne peut être combattue Quand le Social des conditions devrait absolu-
de manière efficace sans des se le dispute au ment sacrifier l’autre sur l’autel
logements pour mettre à l’abri du coût de l’opération. A l’image
les familles démunies", soutient Confort de Pierre Mendy, un habitant de
Moustapha Mbodj. Diamniadio, qui recommande
de choisir de réaliser dans cette ville, soit le
Autre son de cloche, celui du président du Re- confort soit le social et non les deux. M. Mendy
groupement des promoteurs immobiliers pri- se fonde sur les expériences acquises au niveau
vés du Sénégal  (RPPIS), Babacar Souleymane des nouvelles villes créées dans certains pays
Faye, qui définit le logement social comme "un dont le Mali avec "Hamdallaye ACI 2000" à Ba-
logement qui coûte entre zéro et 20 millions de mako et le Burkina Faso avec "Ouaga 2000" à
francs CFA" et estime qu’il faut "construire des Ouagadougou. " Dans l’une ou l’autre des op-
maisons qu’on peut acquérir en location-vente tions, on réussira. Mais on échouera en voulant
entre 60 000 et 75 000 francs CFA par mois". combiner les deux. Chaque option a un prix à
payer ", affirme-t-il.

8
En Couverture
" Le pôle urbain de Diamniadio, c’est une nou-
velle ville qui mettra à la disposition des Séné-
galais 40 000 logements sociaux et qui va assu-
rer les deux composantes d’une mixité urbaine
et d’une mixité sociale. La mixité urbaine veut
dire simplement que cette ville regorgera de
l’ensemble des infrastructures nécessaires pour
une ville de ce type. Il y aura des universités, des
hôpitaux, des ministères, des dispositifs admi-
nistratifs pour gérer la ville du point de vue de
la mixité urbaine ", précise Mountaga Sy.

Alpha Mamadou Ba, expert environnementa- Quant à la mixité sociale, elle offre l’opportuni-
liste, se veut plus explicite, en soulignant que té à toutes les catégories de la population séné-
le confort et le social ne sauraient aller de pair. galaise de se retrouver dans cette ville où il n’y
" Allier ces deux concepts signifierait qu’il y aura pas que des logements sociaux.
aurait un quartier exclusivement réservé aux
gens aisés, et un autre aux habitants de classe " C’est pour cela que le Président Macky Sall a
moyenne. décidé de la connectivité du pôle de Diamnia-
dio aux autres pôles du Lac Rose, Yenne et Daga
Mais, l’Agence pour la Promotion des Investis- Kholpa ", poursuit le Dg de l’APIX, qui prend à
sements et des Grands travaux (APIX) ne par- contre-pied la certitude de l’architecte Oussey-
tage pas ces analyses. Son directeur général, nou Faye selon laquelle aucune connectivité
Mountaga Sy, se veut rassurant sur la capacité n’est possible entre Diamniadio et le Lac Rose.
du pôle urbain de Diamniadio à offrir toutes les
commodités d’une mixité urbaine.

9
REPORTAGE
DIAMNIADIO
Passage douloureux à un pôle urbain
Par Aïssatou Konaté et Edouard Touré

Situé à une trentaine de kilomètres et à 25 minutes de Dakar,  la capitale sénégalaise, Diamniadio,


ville-carrefour située à la croisée des routes nationales 1 et 2 qui donnent accès à l’intérieur du
pays, vit une ère d’intenses mutations, depuis qu’elle a été désignée pour accueillir le premier pôle
urbain destiné à accueillir le trop-plein de la population dakaroise, ainsi que les prémices écono-
miques du " Programme Sénégal Emergent " (PSE).
Déjà, le pôle urbain, prévu sur 1 946 hectares, et venus. " C’est bien d’installer des entreprises, de
dont les travaux d’édification d’une bonne moi- construire des infrastructures, mais il est éga-
tié des 40 000 logements sociaux, est gagné lement un impératif de loger les populations.
par la fièvre de l’immobilier, témoignant d’un C’est une demande forte. Il ne faut pas qu’il y
réel besoin d’expansion de la population de la ait une ville de Diamniadio émergente et une
capitale vers d’autres agglomérations de la ré- autre laissée à elle-même, face aux problèmes
gion. Pour peu que les projets de l’Etat laissent d’assainissement, de logements et de voierie.
présager d’un minimum d’urbanisation. Pour l’éviter, il faut loger les populations de
Diamniadio  d’abord. C’est devenu une ques-
Promoteurs immobiliers, industriels, ou simples tion urgente, car la population s’accroit ", in-
citoyens en quête d’un logement s’y bous- dique Ibrahima Bèye.
culent, faisant ainsi renchérir le prix des par-
celles habitables, ainsi que ceux des loyers, à laFace à cette forte pression foncière, la munici-
surprise de la commission domaniale de la mai- palité de Diamniadio sollicite l’assistance des
rie de cette ville. services étatiques afin d’éviter de dénuer la ville
de tout espace vital. " Si l’Etat ne nous soutient
" Ici, le foncier attire davantage pas, si l’Etat ne nous accompagne
de gens. Le prix de la parcelle est Des jeunes pas, si les services déconcentrés
passé du simple au triple ", ren- n’assistent pas Diamniadio, notre
seigne Ibrahima Bèye, chargé des
désabusés ville aura des problèmes d’espace
habitats et lotissements, et vice-président de la vital pour sa population. Il faut faire bénéficier
Commission domaniale de la mairie de Diam- les populations de leur droit au logement. Il
niadio, pour qui la priorité, dans le programme faut un plaidoyer pour Diamniadio devenue
de la mairie, demeure la satisfaction de la de- la cible de tous les demandeurs de parcelles ",
mande des populations locales en parcelles poursuivit-il.
d’habitation, sans ignorer celle des nouveaux
Pour Alioune Sané, premier adjoint au maire de
la ville, sa localité est heureuse d’accueillir ce "
grand projet du chef de l’Etat " qui, à sa lecture,
" vise d’abord à développer la commune, à offrir
des opportunités d’emplois pour les jeunes et
changer l’image de Diamniadio ". Aussi, espère-
t-il que les réalisations qui y seront faites pro-
fiteront aux populations, notamment l’équi-
pement du village traditionnel en système
d’évacuation des eaux dont il ne dispose pas et
se trouve constamment " menacé pendant la
Ibrahima Bèye,
saison des pluies, à cause du sol argileux  ", et
Vice-président de la Commission domaniale de la mairie de Diamniadio

11
REPORTAGE
mistes pour le reste des chantiers, estiment que
" si la mairie n’a pas été capable de faire embau-
cher des jeunes de la localité pour la construc-
tion du centre, il ne pourra pas le faire pour les
autres chantiers ".

Personne ne s’en doute plus. Tout est mis en


œuvre pour faire de Diamniadio une nouvelle
ville. Rien qu’à observer les gigantesques grues
et autres bulldozers s’activer dans les périmètres
réservés pour accueillir les logements sociaux,
et le Centre international de conférence Abdou
Alioune Sané, Premier adjoint au maire de Diamniadio
Diouf (CICAD) inauguré le 23 octobre dernier,
de la situation géographique de la ville deve- le premier pôle urbain ne laisse pas les promo-
nue " le versant naturel des eaux provenant de teurs immobiliers indifférents, décidés à mettre
la ville voisine de Sébikotane. la main sur la moindre parcelle
Bonjour les enchères de terre. Soumettant ainsi la
Mais d’ores et déjà, l’espoir zone à une forte pression fon-
fondé sur l’emploi des jeunes et les litiges cière, qui ne manque pas, à son
de Diamniadio sur les chan- tour, de favoriser la surenchère.
tiers ouverts dans le pôle urbain s’effondre. En
tout cas pour ce qui est du chantier de construc- Le prix de vente des parcelles grimpe en flèche en
tion du Centre international de conférence Ab- un temps record, passant du simple au double,
dou Diouf (CICAD) qui a transformé bien d’es- voire au triple, dans cette zone où Ibrahima Dial-
poirs en illusion. El Hadj Malick Bâ, un jeune de lo, un habitant de la localité nous informe que
Diamniadio, qui compte parmi ceux qui n’ont "180 mètres carrés de terre, acquis autrefois à
pas réussi à décrocher un emploi sur les chan- un million de francs Cfa, se vendent aujourd’hui
tiers du centre de conférence se défausse sur à pas moins de quatre millions de francs ". Il ré-
les autorités pour n’avoir traduit les discours en vèle aussi qu’une parcelle de 100 mètres carrés
réalités. " J’y allais tous les jours, mais je ne dé- coûtait entre 400 et 600 mille francs, alors que "
crochais rien ", fulmine Malick Bâ qui jure pour- désormais, elle se négocie à 2,5 millions FCFA, et
tant avoir tout tenté pour mettre la chance de passe au double de ce prix lorsqu’elle se situe à
son côté. proximité de l’autoroute à péage ".

Pour sa part, Babacar Bèye, son cohabitant,


pointe du doigt plutôt les entreprises qui
opèrent en sous-traitance sur le chantier,
comme étant la cause de leurs déboires sur les
chantiers du centre de conférence. Etant pour
la plupart basée à Dakar, ces entreprises se dé-
placent avec leurs ouvriers, au détriment d’un
recrutement dans le voisinage du site. Une si-
tuation contraire aux espoirs suscités par les
discours officiels qui liaient la construction du
pôle urbain de Diamniadio à 40 000 opportuni-
tés d’emplois offertes aux jeunes.
L’avenir appartenant plutôt à ceux qui se lèvent
Mais avec la construction du centre de confé- tôt, bien des visionnaires se frottent aujourd’hui
rence, les jeunes demandeurs d’emplois de les mains, à l’instar d’Albert Ndécky, qui s’était
Diamniadio ont vite déchanté. Certains, pessi- procuré ses parcelles à une époque où Diam-

12
REPORTAGE
niadio ne connaissait pas de spéculation fon-
cière. " En 2011, j’avais acheté deux parcelles
de 200 mètres carrés à 600 mille francs Cfa cha-
cune. Aujourd’hui, le courtier qui m’avait vendu
ces terrains me propose sept millions de francs
CFA pour les reprendre ", confie Albert, appa-
remment pas prêt à céder à l’appât du courtier,
contrairement à bien d’autres " lève-tôt " de son
genre, qui ne se sont pas fait prier pour tirer un
prix fort des parcelles qu’ils avaient acquises à
moindre coût.
L’envol des coûts des parcelles est suivi de très
Cette flambée des prix ne se limite pas malheu- près par celui du loyer. A peine les Dakarois ont-
reusement à la commune de Diamniadio. Ses ils poussé un ouf de soulagement avec l’appli-
voisines, telles Sébycotane, Ponty et plus loin cation de la loi sur la baisse du prix de la loca-
Diass où se construit le nouvel aéroport du Sé- tion, que les habitants de Diamniadio prennent
négal, sont prises dans cette fièvre du foncier le relai des complaintes sur les coûts de plus en
qui, outre la spéculation, génère également des plus élevés du loyer. Dans la commune, la loca-
litiges. tion d’une chambre, auparavant à 10 mille francs
CFA, est passée à 15 ou 20 mille francs CFA, selon
Certes, cette région a toujours été secouée par Ahmet Sy. " C’est le prix à payer pour habiter la
des conflits liés à la terre, mais avec la construc- ville de Diamniadio promise à une urbanisation
tion du pôle, ces démêlés vont crescendo. C’est spectaculaire ", dit-il un tantinet ironique.
du moins l’avis du professeur Gorgui Ciss, maire
de Yenne, une commune située à 25 km plus Un appartement d’une chambre et un salon ri-
loin en bordure de mer. " Cela est évident, car la valise, en tarif, avec certains quartiers de Dakar.
zone est très convoitée. Mais on tente toujours Il se négocie autour de 65 000 francs CFA, alors
de les régler ", dit-il, sollicitant un plaidoyer en qu’à Rufisque (28 km de Dakar) une maison en-
faveur de la commune qui est la cible de tous tière peut être louée à la modique somme de
les demandeurs de parcelles. 55 mille FCFA. 

13
Zoom sur
Le Centre International de Conférence 
"Abdou Diouf " (C.I.C.A.D.)
Prémisses de la première ville moderne du Programme
" Pôles urbains "
Par Aïssatou Konaté et Edouard Touré

Présentée comme la " pierre maîtresse du pôle urbain de Diamniadio ", une ville nouvelle en voie
d’édification à la périphérie de Dakar, le " Centre international de conférences Abdou Diouf " (CI-
CAD), du nom du Secrétaire général sortant de l’Organisation international de la Francophonie
(OIF) ambitionne de placer le Sénégal dans ce qu’on appelle " l’industrie mondiale des conférences.

Désigné pour abriter, en mars 2008, la onzième C’est sans doute pour éviter pareilles déci-
session de l’Organisation de la Conférence Isla- sions exceptionnelles que le Président Macky
mique (OCI), le régime du Président Abdoulaye Sall, au pouvoir depuis avril 2012, a décidé de
Wade fut obligé de réquisitionner les jardins construire à 30 kilomètres de Dakar un Centre
de l’hôtel King FAHD de Dakar pour les besoins international de conférences qui répond aux
de l’organisation de cet évènement mondial. besoins des grandes rencontres internationales.
Un immense chapiteau avait été installé pour Profitant de la tenue du 15ème Sommet de l’OIF,
contenir la foule de participants venus ré- le Président Sall a réalisé ce rêve en inaugurant,
pondre à l’invitation des autorités du pays et le 23 octobre dernier, le Centre international
dont le nombre ne pouvait tenir dans l’amphi- de conférences de Dakar (CICD) à Diamniadio.
théâtre de cet hôtel haut de gamme. Présentée comme la " pierre maîtresse du pôle
urbain de Diamniadio  ", une ville nouvelle en
Pareil scénario a été aussi vécu en avril 2002, voie d’édification à la périphérie de la capitale
lorsque Dakar fut choisie pour accueillir le pre- sénégalaise, l’infrastructure a coûté 60 milliards
mier sommet sur le Nouveau partenariat pour le FCFA (derniers chiffres annoncés par le ministre
développement de l’Afrique (NEPAD). L’ancien de l’Économie et des Finances) dont près de
Président Abdoulaye Wade avait été obligé de 26 milliards FCFA fournis sur fonds propres par
réquisitionner, pour le rénover, le Centre Inter- l’Etat sénégalais et un prêt de 32 milliards FCFA
national pour le Commerce extérieur du Séné- accordé par la Turquie. Ainsi, le 15ème Sommet
gal (CICES), plus connu sous le nom de Foire de de la Francophonie que Dakar a accueilli pour la
Dakar, afin de tenir dans des conditions idéales deuxième fois, après celui de 1989, a pu se tenir
ce sommet. dans les nouveaux locaux du CICD.

15
Zoom sur

L’ouvrage a été réalisé en 11 mois et 19 jours (Lac de Dény Malick Guèye) que nous avons pu
par l’entreprise turque Summa Turizm Ya Ti- réaliser et créer cette harmonie architecturale ",
rimciligi A.S. filiale. Complexe futuriste, il est a expliqué le Président Sall à l’inauguration du
construit sur une surface de 58 hectares avec bijou. Il le rebaptisera à l’ouverture du 15ème
les aménagements nécessaires à sa fonctionna- Sommet de l’Organisation internationale de la
lité, à savoir la bretelle d’accès à partir de l’au- Francophonie, le samedi 29 novembre, " Centre
toroute, la connectivité, l’assainissement, l’eau international de conférences Abdou Diouf ", du
et l’électricité. Il est doté d’un amphithéâtre de nom du Secrétaire général sortant de l’OIF. " Ce
1 500 places, de plusieurs salles de réunion et centre de conférences n’a pas été conçu uni-
d’autres commodités, dont une unité d’alimen- quement pour la Francophonie. Il va au-delà ",
tation en énergie solaire, grâce à une centrale a indiqué, pour sa part, le Délégué général à la
solaire d’une puissance de 2 Mégawatts. Francophonie, Jacques Habib Sy, selon qui l’in-
frastructure place désormais le Sénégal dans ce
Baptisé par le Président Macky Sall de "  Mi- qu’on appelle " l’industrie mondiale des confé-
roir des Baobabs  ", le Centre international de rences ". " Le marché mondial des conférences
conférences de Dakar s’inspire, selon lui, de la draine des centaines et des milliers de milliards
" beauté de cet arbre majestueux, sa puissance, de dollars chaque année ; des pays comme le
ses mystères qui se dégagent à travers la beau- Maroc et l’Afrique du Sud en bénéficient ", se-
té de ces feuilles digitées ". " C’est au milieu du lon l’officiel sénégalais. Jacques Habib Sy justi-
Baobab et du dialogue entre ces cours d’eau fie l’opportunité de l’édification du CICAD par

16
Zoom sur
le fait que les réceptifs en place dans le pays ne
sont pas " performants " ou sont dans un état ne
répondant pas aux normes requises pour abri-
ter des rencontres internationales d’envergure.

Faisant remarquer que le Sénégal était devenu


absent de la compétition internationale pour la
tenue des conférences, les autorités ont alors
estimé qu’il valait mieux prendre les devants et
construire un Centre international apte à drai-
ner vers Dakar les conférences internationales.
Sa position géographique aidant, la capitale sé-
négalaise dispose avec la création du CICAD de
réels atouts pour se positionner dans ce créneau.

Certes, ce Centre de conférences, trônant en-


core au milieu des chantiers de réalisation de
la nouvelle ville de Diamniadio, a le mérite de
convaincre les plus sceptiques de la certitude
que la promesse de cette ville moderne devien-
dra réalité, avec ses ministères, son université,
son parc industriel, ses voies de communica-
tion, ainsi que le tout nouvel aéroport interna-
tional en phase d’achèvement.

Reste à s’interroger sur la rentabilité de ce


centre, eu égard notamment à son éloigne-
ment par rapport à la capitale, à l’inachèvement Au niveau de la délégation générale des pôles
des projets hôteliers prévus sur le site du pôle urbains (Dgpu), maître d’ouvrage du CICAD,
urbain et au nombre et rythme de rencontres le délégué général, Seydou Sy Sall, rassure  :
internationales que le pays va pouvoir abriter "  au-delà du sommet de la francophonie, le
les années à venir. Il est à craindre, en effet, que centre sera inséré dans un dispositif qui lui per-
ce centre ne puise pas assurer au Sénégal un mettra d’être rentabilisé une fois que les hôtels
retour sur investissement, si les infrastructures prévus sur le site seront fonctionnels ". Ainsi, ré-
d’accompagnement et une bonne campagne vèle-t-il, le CICAD sera donné en gérance à un
de marketing ne suivent pas. promoteur hôtelier pour qu’il en assure la gestion.

17
éclairage
Oumar Sow : Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture
"Eviter les erreurs de construction des anciennes villes"
Propos recueillis par Aïssatou Konaté

Avec le projet de création des nouveaux pôles urbains, beaucoup de Sénégalais se sont posés moult
questions, allant de l’urbanisation à la planification en passant par l’architecture, auxquelles il faut
tenir compte pour éviter les problèmes d’encombrement, d’inondation et de promiscuité qui étouf-
fent aujourd’hui certains quartiers de Dakar, la capitale sénégalaise, ainsi que sa proche banlieue.
Dans cet entretien accordé à APAMAG, Oumar Sow, Directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture
au ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie du Sénégal, rassure : " En ce qui
concerne les pôles urbains  (Diamniadio, Lac Rose) et ceux dont la création a été récemment an-
noncée (Yenne et Daga Kholpa) sont en train (ou seront) aménagés autrement que ce qui a été fait
jusqu’à présent ". " Il existe une bonne politique de contrôle autour des pôles pour qu’il n’y ait pas
d’occupations spontanées ", soutient-il.

APAMAG  :  En créant un pôle à  Diamniadio, plus ou moins bien structuré.  Cette anarchie
l’Etat vise à désengorger Dakar, la capitale. urbaine de Dakar est l’héritage du dévelop-
Toutefois, beaucoup craignent que l’on repro- pement urbain qu’on n’a pas encore corrigé.
duise ici les mêmes erreurs  d’urbanisation, Mais, une bonne partie de la région a été sou-
de planification,  etc.  commises dans les an- mise à la mal urbanisation. D’où la prolifération
ciennes villes du Sénégal, notamment dans la des quartiers et des bidonvilles. Comme vous
banlieue dakaroise. Quelles sont les mesures l’avez constaté, il y a un programme important
à prendre pour allier le social et le confort d’infrastructures et d’équipements qui est en
dans le nouveau pôle urbain ? train d’être mis en place, de Dakar jusqu’à l’in-
térieur du pays, notamment dans la zone-tam-
Oumar Sow : Il faut avoir une approche globale pon de  Diamniadio, de Mbour, et de Thiès (le
du pôle de Diamniadio. C’est une politique de " triangle Dakar-Mbour-Thiès ", ndlr). 
pôles urbains que le gouvernement est en train
de mettre en œuvre, et qui ne se limite pas seu- On est en train de partir de ces équipements
lement à la région de Dakar, ou bien au triangle structurants pour anticiper le devenir de cette
Dakar-Thiès-Mbour. C’est une zone prioritaire zone du pôle urbain de  Diamniadio. Et l’anti-
évidemment, mais c’est une politique qui va se ciper, c’est créer des zones économiques. Les
faire sur l’ensemble du territoire.  pôles urbains, ne sont pas des cités-dortoirs,
qui sont   des lieux d’habitation où des gens
Et cette politique urbaine est arrivée à son vont dormir, se lever le matin, aller à Dakar pour
heure, parce que l’Acte III de la Décentralisation travailler et revenir le soir. 
veut promouvoir le développement à partir
des territoires qui portent de réelles potentiali- Les pôles urbains seront plutôt des zones où il
tés de développement. C’est pour cela que l’on y aura une bonne fonctionnalité entre les acti-
parle de " pôles-territoires ".  vités, l’habitat, le cadre de vie, l’environnement
etc., pour que les gens ne puissent plus se dé-
Sous ce rapport, le projet de  Diamniadio  est placer dans un sens unique et générer tout ce
un projet pilote. Nous sommes en train d’amé- problème de congestion qui a un impact néga-
nager la ville autrement par rapport à ce qui a tif sur la croissance économique.
été fait jusqu’à présent. Le développement de
la ville de Dakar a été fait de façon très anar- Ces  aménagements  sont de nature à valo-
chique. En dehors de Dakar intra muros (quar- riser l’espace  foncier. Selon vous, comment
tier du Plateau appelé centre-ville, ndlr), qui est devrait-on s’y prendre pour faire des pôles

19
éclairage
urbains des villes conçues et non des agglo- double face avec une zone organisée et une
mérations spontanées ?  autre irrégulière qui se trouve à la périphérie.

Pour cela, il faut une stratégie d’anticipation. Un des buts assignés aux pôles  urbains  est
Cela consiste à ce que les gens n’occupent d’éviter les travers connus dans les anciennes
pas les terrains avant la mise  en place des ré- villes. Quelles innovations proposent-ils par
seaux. Parce que c’est d’abord cela le premier rapport aux maux qui gangrènent l’habitat,
problème. Avant que les gens n’occupent les surtout le cadre de vie avec la promiscuité, les
espaces, il faut d’abord les réseaux, les voiries, unités industrielles et les inondations ?   
le drainage, l’électricité, l’eau potable, le sys-
tème d’égout.  Si tout cela La solution consiste à faire
est effectif, les gens peuvent " La plupart des gens de sorte que les plans d’amé-
s’installer et on ne va pas ex- ne respecte pas nagements qui sont  conçus
poser la ville à des problèmes soient respectés.  Dans ces
d’inondations. Bien évidem- les autorisations de plans, tout est prévu. Il y a
ment, quand  il y a des amé- construire " des aménagements paysa-
nagements quelque  part, gistes, des emprises de voies
cela donne une importance au foncier, et cela suffisantes pour faciliter une bonne circulation,
donne de l’appétit aux gens qui viennent le règlement par rapport à ce qui est permis
squatter les alentours de la ville.  pour chaque zone pour la construction, les
hauteurs, les reculs à respecter… Si tout cela
Mais aujourd’hui, il y a une bonne politique de est fait, il ne doit pas y avoir de problèmes ma-
contrôle et de surveillance de l’occupation au- jeurs.
tour des pôles. Afin qu’il n’y ait pas des occupa-
tions spontanées qui  donnent  à cette ville une Il faut également travailler pour qu’il n’y ait
pas d’occupation d’espace public. Nous avons
certes des difficultés à Dakar, mais si les plans
qui avaient été préparés dans certaines zones
avaient  été respectés, on n’en serait pas là. 

Vous voyez aujourd’hui, les gens construisent


n’importe comment. Même les autorisations
de construire que nous accordons, la plupart
des gens ne les respectent pas. Cela nous crée
FORUM SÉNÉGALAIS SUR LE FINANCEMENT beaucoup de difficultés. 
DES PROJETS DE TYPE PARTENARIATS PUBLIC-PRIVÉ
Le pôle urbain de Diamniadio entreprend des
travaux d’aménagement urbain  à côté du vil-
lage traditionnel du même nom. Avez-vous
tenu compte de cette réalité ?

Diamniadio, c’est toute une histoire. Il y avait


un premier projet. Et aujourd’hui, l’histoire se
« Les Partenariats Public-Privé (PPP) : répète. Entre 2005 et 2007, il y avait le projet
colonne porteuse du Plan Sénégal Emergent » de la Plateforme du millénaire de Diamniadio. Il
devait être aménagé sur 2 500 hectares, et une
5-7 MAI 2015 - DAKAR - SENEGAL zone de sécurité qui devait amener le projet à 6
CENTRE INTERNATIONAL DE CONFERENCES ABDOU DIOUF A DIAMNIADIO 300 hectares. Cette zone de sécurité devrait fa-
ORGANISE PAR
ciliter en réalité la traversée de Diamniadio par
l’autoroute pour faire la connexion avec l’aéro-
RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL

MINISTÈRE DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS,


DES PARTENARIATS ET DU DÉVELOPPEMENT
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20
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éclairage
port de Diass qui devait permettre également la Au Sénégal, nous avons l’avantage d’avoir tout
relocalisation de certaines unités industrielles un arsenal juridique et administratif qui orga-
à Diamniadio. Cela, avec un cadre approprié.  nise le déplacement des populations. Cela ne
Il était prévu aussi l’aménagement du port mi- se fait pas à la légère. Et à chaque fois qu’il y a
néralier de Bargny, qui est toujours d’actualité. un projet d’intérêt général, il y a toujours, une
Entre autres, un port sec devait être réalisé pour déclaration d’utilité publique. Ce qui a été fait
que, à terme, les camions venant du Mali et de dans le cadre du projet de Diamniadio. 
l’intérieur du pays n’aient  plus besoin d’aller
jusqu’au port de Dakar pour effectuer les char- Suite à cette déclaration d’utilité publique, les
gements. gens, dont les activités sont frappées de servi-
tudes liées au passage de voies, aux infrastruc-
D’ailleurs ce port sec devait être le relais pour tures à mettre en place, aux équipements etc…
ces camionneurs. A côté de ce port, on avait feront l’objet d’expropriation pour cause d’in-
prévu une gare. C’était un projet cohérent qui térêt public. Aujourd’hui, l’Etat va plus loin en
devait régler une bonne partie des difficultés planifiant des zones de recasement pour que
de congestion de Dakar.  les gens, qui seront indemnisés, puissent  bé-
Mais, l’ancien régime n’en a pas voulu. Le pro- néficier d’autres assiettes pour s’installer dans
jet était tombé à l’eau, mais avec le nouveau un cadre beaucoup plus harmonisé. Il s’agit
régime du Président Macky Sall, nous avons re- d’éviter  de laisser les gens venir s’installer et
pris l’idée. Et nous n’avons fait que le déplacer puis après venir corriger. Parce que d’abord,
au Nord pour nous positionner sur l’axe de l’au- les coûts de restructuration là où les gens sont
toroute au Nord de Diamniadio. C’est un projet déjà installés, c’est quatre fois plus que si l’on
qui va permettre la réorganisation de la ville avait anticipé. Donc mieux vaut anticiper pour
de Diamniadio. éviter les erreurs du passé, tout en invitant les
gens à adopter  un comportement citoyen vis-
Let pôle urbain a du certainement empiéter à-vis de l’espace public : ne pas occuper les rues
sur des propriétés privées. Quel est le sort des n’importe comment, construire ce qui a été au-
déguerpis ? torisé, aller vers les services compétents pour
demander les autorisations, les conseils.

21
Péage de la station Technopole
Zoom sur
Routes, chemin de fer, électricité…
Pas de pôles urbains sans infrastructures performantes
Par Mariama Ly

L’érection des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose ne saurait se faire sans des infrastruc-
tures routières performantes et la fourniture suffisante de l'énergie électrique. Conscient de cette
nécessité, les pouvoirs publics ont initié d’importants projets devant faciliter une meilleure acces-
sibilité routière des deux nouvelles villes en gestation.

La déconcentration des activités au niveau de


la capitale sénégalaise, à laquelle participent
les projets de "  Pôles urbains de Diamniadio
et du Lac Rose ", ainsi que la construction d’un
nouvel aéroport international à Diass ne saurait
être fonctionnelle sans la mise en service d’un
réseau adéquat de transports et la fourniture
suffisante de l’énergie électrique.

Déjà, la capacité énergétique du Sénégal peine


à satisfaire les besoins des populations qui ne
manquent pas de manifester leurs mécontente-
ments au plus fort des périodes de délestages
qui ont encore de beaux jours devant eux. Les Réalisé à hauteur de 31,2 milliards de FCfa, l’au-
promesses répétitives des autorités du secteur toroute reliant Dakar à l’Aéroport International
n’y feront rien. Blaise Diagne (AIBD) en 30 minutes, venait dé-
livrer les usagers du pénible
Ailleurs, l’euphorie des pre- De l’exigence exercice que leur imposait
la route nationale, unique
mières heures de l’entrée d’une connectivité voie de sortie de la capitale,
en service du premier tron-
çon de l’autoroute à péage, interurbaine autant pour le transport des
qui devrait relier Dakar à la biens que des personnes
région touristique de Mbour, en passant par vers les autres agglomérations de la région de
le futur pôle urbain de Diamniadio et le nou- Dakar (Pikine, Thiaroye, Mbao, Rufisque, Bargny
vel aéroport international Blaise Diagne (AIBD), et Diamniadio).
semble s’être quelque peu refroidie, au regard
des tarifs affichés aux péages, apparemment Dominique Ndong, coordonnateur général de
les plus chers de la région ouest-africaine. l’Agence pour la promotion des Grands Travaux
(Apix), exprime à merveille l’épine que cette au-
toroute, à peine achevée, a dû enlever du pied
des usagers, lorsqu’il affirme qu’elle " permet à
la région de Dakar, abritant plus de 3 millions
de personnes sur un territoire de 100 km2, de
respirer ". Cependant, le coordonnateur général
de l’Apix n’est pas de l’avis des usagers, qui qua-
lifient d’arnaque le fait que l’utilisation de l’au-
toroute sur son tronçon Dakar-Diamniadio (40
kilmètres) soit soumise au tarif de 1 200 francs
CFA pour les véhicules légers. Ces derniers aver-

23
Zoom sur
 Pour le directeur général de l’Agence des tra-
vaux et de gestion des routes (Ageroute), Ou-
mar Sy, la construction de ces réseaux routiers
s’impose, en raison  du fait que Dakar, dont le
réseau est saturé, entraîne une perte de plus
de 100 millions de francs CFA par an, due uni-
quement aux embouteillages. "  Imaginez une
grande ville comme Dakar, qui n’a qu’une seule
porte d’entrée et de sortie ! C’est compte tenu
de ces difficultés que le gouvernement a voulu
prendre en compte cette contrainte et antici-
tissent d’ailleurs que les avantages promises per effectivement sur les nécessités d’améliorer
aux habitants des futurs pôles urbains risquent le trafic ", explique-t-il. Mais les autorités séné-
d’être anéantis par ces tarifs jugés " excessifs " galaises, conscientes des contraintes qu’im-
et qui ne manquent pas d’impacter le tarif du pose la construction de l’aéroport internatio-
transport. nal à plus de 40 kilomètres de la capitale, ont
jugé indispensable d’accroître et diversifier les
Le gouvernement, conscient des limites de moyens de communication, de sorte à maximi-
cette autoroute face aux besoins en infrastruc- ser la fluidité de la circulation sur cet axe. C’est
tures, n’a pas attendu la fin de ses travaux, pour ainsi que le projet d’un train express régional
entreprendre le prolongement devant relier Dakar à l’aéroport
de la Voie de Dégagement international Blaise Diagne,
Nord (VDN), une épine dorsale Energie, l’autre im- viendra compléter le réseau
du réseau routier de la capitale, pératif des pôles routier. Le montage technique
vers Tivaouane Peulh, une com- et financier du projet, promis
mune en pleine expansion, située à 17 km de fin octobre dernier, permettra de démarrer les
Dakar, non loin du Lac Rose dont la vocation travaux début 2015, pour une durée d’un an au
touristique semble avoir été définitivement an- bout duquel sera effective la desserte des sta-
nihilée, depuis que le Rallye Paris-Dakar, dont il tions à Colobane, Hann, Pikine, Thiaroye, Mbao,
servait de point de chute, est désormais abrité Rufisque, Bargny et Diamniadio.
par l’Argentine, en Amérique du Sud.

24
Zoom sur
Plus qu’un pôle d’habitation, Diam-
niadio se veut une plateforme in-
dustrielle intégrée à laquelle envi-
ron 30 hectares ont été dédiés, en
adéquation avec les besoins du vo-
let industriel du Programme Séné-
gal Emergent (PSE). Un projet aussi
ambitieux nécessite un capital éner-
gétique probant que les autorités
du pays entendent constituer, en
initiant la construction   d’une  cen-
trale solaire prévu pour être fonc-
tionnelle à partir de décembre
2015. Doté d’une capacité de 2 mé-
gawatts, cette centrale, qui devra
alimenter le Centre international
sur une superficie de 24 ha, et doté de plusieurs
des conférences de Diamniadio dont les be-
infrastructures modernes, dont des équipe-
soins sont évalués à 1,6 Mégawatt, sera conso-
ments de stockage de produits agricoles et de
lidée par un projet de 10 unités de production
l’élevage, ainsi qu’ un parking pour plus de 500
d’énergie solaires de 15 Mégawatts chacun.
véhicules gros porteurs.
Ce niveau de production énergétique devra
D’ores et déjà, la Centrale à charbon prévue
pouvoir contribuer à satisfaire les besoins des
pour être construite à  Bargny,  entièrement fi-
multiples structures prévues au sein du pôle
nancée à hauteur de 1,9 milliard de Francs CFA
urbain, parmi lesquelles les " Parcs administratif
par la Société nationale d’électricité (SENELEC),
et industriel ", la " Cité du savoir " qui va accueil-
apportera une solution non négligeable au dé-
lir la deuxième  université de Dakar, les minis-
ficit énergétique dont souffre le pays.
tères, le Marché d’Intérêt national à implanter

25
Echangeur de Diamniadio
Enquête
Pôle urbain de Diamniadio
Les laissés-pour-compte :
Entre frustrations et mauvais augures
Par Edouard Touré et Aissatou Konaté

Erreurs d’urbanisation, de planification et d’architecture … ce sont là quelques-uns des reproches


faits à l’endroit de la ville de Dakar trop peu disposée à supporter la pression démographique
qu’elle connaît, ainsi que les agglomérations de sa banlieue (Pikine, Parcelles assainies, Gué-
diawaye) conçues dans l’anarchie, donc dans la précarité, pour accueillir le trop-plein de Dakar.

Bientôt ce sera le tour de Diamniadio. C’est en


tout cas la conviction des Urbanistes et archi-
tectes, économistes et autres promoteurs immo-
biliers, qui clament haut et fort leurs frustrations
d’avoir été mis à l’écart des travaux de réalisation
des pôles urbains. Ils vouent aux gémonies les
résultats attendus de ces programmes qui, à leur
avis, risquent, le cas échéant, de reproduire les
erreurs précédemment commises.

Approchés par APAMAG, ils estiment que Diam- Ousseynou Faye, Président du syndicat des architectes du Sénégal
niadio s’offre en une "  véritable occasion pour manque de planification. " Ça ne marchera pas,
l’Etat de bien planifier ses villes, afin qu’elles ces pôles urbains. Ca va créer des dysfonctionne-
soient au diapason ", à l’image des deux Plans di- ments et un déséquilibre ", poursuit-il, révélant
recteurs d’urbanisme (PDU), de 2025 et de 2035, que le pôle de Diamniadio, dans son ensemble,
qu’évoque Ousseynou Faye, homme politique, est marqué par une absence d’étude, ses 2 500 ha
membre de la mouvance présidentielle et pré- n’ayant aucun lien avec l’actuel centre de la ville.
sident du syndicat des architectes du Sénégal, qui
estime que le nouveau plan ne devrait pas effacer De son coté, Marius Diagne, qui dirige l’Asso-
l’ancien, mais que les deux devrait se compléter. ciation des urbanistes du Sénégal, estime que
" On ne peut pas faire un Plan directeur d’urba- le gouvernement doit associer les urbanistes,
nisme sans inclure l’aspect climat. On ne peut pour éviter aux pôles urbains les difficultés que
pas dire non plus : je développe, en mettant en connait aujourd’hui Dakar. " L’ancien régime
avant l’habitat. Habitat  ! habitat  ! a employé des ingénieurs des
habitat ! Mais infrastructures zéro ! Les griefs routes en lieu et place des urba-
Il faut un plan d’urbanisme et de
développement qui s’étend aux des architectes nistes. Or, c’est l’urbaniste qui doit
dire comment on doit aménager
départements voisins  : Rufisque et des urbanistes la terre. Dans les pôles urbains,
Thiès et Mbour…Ce sont des dé- il y a un ensemble de services et
partements extrêmement riches. Donc il faut que d’infrastructures à mettre en place pour désen-
les pôles se connectent ", explique Ousseynou Faye. gorger la ville. Donc il faut un aménagement
concerté, une bonne urbanisation et sa bonne
Selon lui, il y a lieu de prendre en charge la ques- application. Mais il faut aussi des urbanistes
tion environnementale, au regard de la situation pour surveiller l’application  ", souligne l’urba-
que créent les maisons construites à côté de niste. "  Du reste, les pôles sont très bien,  c’est
l’autoroute à péage, une situation qu’Oussey- une bonne initiative. C’est une bonne réflexion ",
nou Faye estime " inacceptable ", évoquant un reconnait toutefois Marius Diagne.

27
Enquête
Se prononçant sur l’aspect économique, Ous- de l’Ordre des Architectes du Sénégal (ODAS),
seynou Faye souligne que lorsqu’on se réfère à estime que la recommandation des architectes
la macroéconomie, on voit que les pôles urbains pour la réussite des pôles urbains consiste à les
ne sont pas un bon exemple, faisant remar- impliquer dans tout le processus. " Ce qu’on re-
quer qu’il faut " d’abord des pôles économiques commande, c’est simplement qu’on nous fasse
avant les pôles urbains. Si nous voulons un pays jouer notre rôle. C’est nous qui connaissons
émergent, il faudra obligatoirement mettre en mieux notre pays, c’est nous qui y habitons ",
place des pôles économiques. Le pôle urbain est clame-t-il. Il suggère également d’entreprendre
un espace défini par ses ressources. Si on veut des enquêtes auprès des populations, pour sa-
l’aménager, il faut considérer tout ce qui est res- voir comment elles s’approprient ces pôles. "
source et développer les aspects économiques Cela permettra d’avoir un urbanisme durable à
pour ainsi faire travailler les futurs occupants  ". Diamniadio. Car, l’idéal des pôles est d’avoir une
"  La notion de pôles urbains, c’est une bonne ville durable à léguer aux futures générations
chose, mais je suis un peu ", note Fodé Diop. Le malaise
sceptique  ", poursuit-il. "  C’est Entreprises des architectes tient en fait à la
la charrue avant les bœufs. Il étrangères au pilori mise à contribution de certains
fallait d’abord développer les architectes au détriment de
aspects économiques avant de penser aux pôles la majorité, comme l’explique le président de
urbains ", estime-t-il, évoquant par ailleurs le l’Ordre des architectes du Sénégal qui appelle
manque de connectivité entre les pôles urbains ses confrères à la solidarité. " Ce n’est pas parce
de Diamniadio et du Lac Rose. qu’ils sont avec l’actuel régime qu’ils doivent
oublier que la roue ne va pas tourner. On les ap-
Marius Diagne va plus loin et explique  : " L’au- pelle à la transparence et à l’équité, pour que la
toroute à péage a été construite, mais il est tou- solidarité entre confrères soit réelle, et que notre
jours difficile d’entrer dans la capitale. C’est une Ordre soit fédérateur ", lance-t-il à l’endroit des
seule entrée fermée, parce qu’on arrive sur deux architectes sollicités pour la réalisation des pôles
voies, voire trois voies, mais à l’entrée de la ville, urbains. Une manière de conjurer ce manque de
on tombe sur une seule porte d’entrée. Tout cela solidarité entre architectes, plutôt accentué par
est dû à des aménagements qui manquent. Et les projets de pôles urbains.
cela, il faut l’éviter aux pôles urbains qui, à ce
stade, auront des problèmes de connectivité ". Assane Sarr, président de l’Union patronale des
architectes du Sénégal qualifie cette situation de
Mais, autant les récriminations des architectes " loi de la jungle ". " Il faut veiller à ce qu’on soit
que celles des urbanistes sénégalais, exprimant des confrères. Nous devons nous unir pour faire
leurs complaintes, souffrent de subjectivité due face à la concurrence des étrangers. Il faut appli-
à leur non-implication ou leur implication sélec- quer la loi instituant un appel d’offres pour tout
tive dans ces projets de l’Etat. Même si elles ne projet supérieur à 500 millions de francs CFA. Au-
manquent de fondement. Fodé Diop, président jourd’hui, on promeut la médiocrité. Ce qui ne
garantit pas la durabilité des bâtiments. Il n’y a
aucune justification scientifique, technique ou
autre pour nous écarter des projets structurants
de l’Etat ", prône M. Sarr.

Le président du Regroupement des promoteurs


immobiliers privés du Sénégal (RPPIS), Babacar
Souleymane Faye, quant à lui, pointe du doigt
les entreprises marocaines à l’origine de la mau-
vaise fortune des promoteurs immobiliers sé-
négalais, au regard des marchés juteux que re-
présente la construction des 40 000 logements
Fodé Diop, Président de l’Ordre des Architectes du Sénégal prévus à Diamniadio, même si, au finish, le Dé-

28
Enquête
légué général à la promotion des pôles urbains, place des entreprises sénégalaises dont les pro-
M. Seydou Sy Sall, " a été très sensible " à leurs grammes réalisés à Dakar et dans sa banlieue
inquiétudes et promis de "  les intégrer dans le avaient sacrifié bien des Sénégalais moyens sur
pôle urbain du Lac Rose et de Diamniadio ". l’autel de la spéculation et de la surenchère, for-
Dans une interview accordée à APAMAG, Baba- çant le vote d’une loi sur la baisse des loyers. Non
car Souleymane Faye, qui s’en prend à l’Etat sé- sans mal. D’ailleurs, Babacar Souleymane Faye 
négalais qu’un "  malentendu aurait contraint à reconnaît l’avantage à choisir des entreprises
confier 375 ha de terre aux Marocains  ", tandis étrangères, lorsqu’il indique que "  les facilités
que "  quelques entreprises sénégalaises  " seu- dont bénéficient ces dernières leur ouvrent les
lement se sont vu attribuer des marchés ", sou- opportunités de financements, parce qu’elles
tient qu’il "  n’est pas normal qu’on fasse appel disposent déjà de garantie, et en plus, on leur
à des entreprises étrangères ", arguant que son permet de rapatrier la totalité de leurs bénéfices ".
Regroupement " a acquis de l’expérience dans la
construction et démontré ses capacités ". Réfu- Toutes choses qui, sans nul doute, devra impac-
tant au passage l’intention de réclamer l’exclusi- ter positivement le coût de réalisation de ces lo-
vité des marchés, le président du Regroupement gements, alors que, selon le Regroupement des
des promoteurs immobiliers privés du Sénégal promoteurs immobiliers privés du Sénégal, " les
ne manque pas de dénier à ces " entreprises, qui entreprises nationales sont imposés à 30 pour
n’ont jamais réalisé des programmes immobi- cent sur le bénéfice et que sur un logement qui
liers au Sénégal ", l’expérience dans " ce métier coûte 20 millions de francs CFA,  l’Etat perçoit
particulier  " de la promotion immobilière qui presque 10 millions en taxes, en TVA, en droits
exige " la capacité, non seulement de concevoir, de douane sur les matériaux de construction, en
de réaliser, mais surtout de vendre ". droits de mutation ". Aussi réclame-t-il le même
traitement que les entreprises étrangères, voire
" Il s’agit ici de vendre 40 mille logements et ce "  la défiscalisation, la gestion du foncier et la
n’est pas une mince affaire. Nous, au Regrou- mise à disposition de financements pour le plus
pement des promoteurs immobiliers privés, on grand nombre ", tout en prévenant que " si l’Etat
sait réaliser des programmes immobiliers et on ne manifeste pas sa volonté politique de défis-
sait comment les vendre ", caliser, le logement so-
plastronne Babacar Sou- nous sommes en mesure cial, il sera toujours cher  ".
leymane Faye qui, contre "  Si le foncier et la fiscali-
mauvaise fortune bon de produire des maisons té sont réglés comme on
cœur, se dit "  ouvert à ces de 10 millions CFA le fait pour les étrangers,
entreprises sénégalaises nous sommes en mesure
qui ont l’ambition de faire de la promotion im- de produire des maisons de 10 millions CFA  ",
mobilière ". " Elles peuvent venir vers nous, nous promet Babacar Souleymane Faye. Non sans re-
leur ouvrons les bras, nous sommes décidés à les connaitre qu’en la matière, les entreprises étran-
accueillir  ", ajoute-t-il. "  Ce sont des Sénégalais gères conservent une bonne longueur d’avance
qui peuvent construire pour leurs compatriotes, sur ses homologues sénégalais.
nous savons comment les maisons sénégalaises
fonctionnent. Nous savons aussi que les Séné- "  Le Maroc a pu construire un million de loge-
galais n’ont pas les moyens de payer un prélè- ments en défiscalisant. Il a créé un fonds de
vement mensuel élevé pour accéder au loge- garantie alimenté par une taxe sur le prix du ci-
ment ", insiste Babacar Souleymane Faye. ment. Les plus riches construisant le plus et le
fonds est ainsi régulièrement alimenté. Ce qui
Le président du Regroupement des promoteurs permet de financer les apports personnels. Le
immobiliers privés du Sénégal ne croyait pas si Mali, qui est dans la même sphère économique
bien dire. Il a apporté, en effet, de l’eau au mou- que nous (Union économique et monétaire
lin du gouvernement sénégalais qui semble ouest-africaine - UEMOA), a défiscalisé son loge-
décidé à engager une autre approche, celle de ment social. Même en France, on a défiscalisé le
l’expérience des entreprises étrangères en lieu et logement social ", soutien le président du RPPIS.

29
L’Agence des Aéroports du Sénégal en sa qualité de gestionnaire , assure l’exploitation et l’entretien des
l’installations techniques et commerciales de l’ensemble des aéroports du Sénégal.

Son objectif est de maitriser les risques liées à la sécurité, la sûreté et l’environnement mais aussi d’optimiser le
processus de traitement du passager notamment en exploitant l’usage des nouvelles technologies (biométrie,
portiques millimétriques...)

AEROPORT INTERNATIONAL LEOPOLD SEDAR SENGHOR


BP:8412 Dakar . Tel: +221 33 869 50 50
Fax: +221 33 820 23 20
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SAINT-LOUIS: BP 245 Saint louis - Tel: 33961 10 63 / 33 961 11 29
TAMBACOUNDA: BP 57 Tambacounda - Tel: 33 981 14 06 / 33 981 11 85
Zoom sur
Dakar étrenne sa deuxième université en 2017
Par Omar Faye

Etape importante de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), la deuxième Université de
Dakar (UNIDAK II), entend contribuer à la résorption de la demande d’enseignement supérieur des
nouveaux bacheliers. .

Premier maillon de la « Cité du savoir »  du Pôle Elle aura une vocation professionnelle et de re-
urbain de Diamniadio (34 Km de Dakar), la deu- cherche se fondant sur une formation et une re-
xième Université de Dakar (UNIDAK II), va ouvrir cherche tournées vers le développement pour
ses portes dans 24 mois, répondre aux besoins des communautés.

Conçue pour accueillir ses 30 000 premiers étu- Etape importante de la mise en œuvre du Plan
diants à la rentrée 2016-2017, l’UNIDAK II va cou- Sénégal Emergent l’UNIDAK II est le premier ja-
ter 65 milliards de FCFA. lon d’un programme national d’infrastructures
universitaires qui matérialisent une des conclu-
Le président Macky Sall qui a posé la première sions majeures de la Concertation nationale sur
pierre de cette infrastructure universitaire le l’avenir de l’enseignement supérieur.
mercredi 21 janvier dernier 2015 a d’ailleurs in-
vité à cette cérémonie des élèves des classes de Le Sénégal qui comptait déjà 6 Universités dont
première du secondaire qui seront les pionniers une Virtuelle, élargit ainsi sa cartographie uni-
de cet établissement universitaire Outre les Ser- versitaire avec l’ouverture prochaine de la deu-
vices administratifs, l’UNIDAK II comprend trois xième université de Dakar. 
pôles  : notamment un pôle Sciences écono-
miques, sociales et de Gestion, un pôle Sciences Le démarrage des cours à l’UNIDAK II va aussi
de la santé et un pôle Sciences et Technologies. fortement alléger l’Université Cheikh Anta Diop
de Dakar (Ucad), vieille de 55 ans, et qui souffre
Cette nouvelle université devra contribuer, de de plusieurs maux dont entre autres,  un suref-
manière significative, à la résorption de la de- fectif des étudiants.
mande d’enseignement supérieur des nouveaux
bacheliers.

31
Présentation de Jàngandoo, Un bref résumé des résultats
baromètre de la qualité des du baromètre 2014
apprentissages au Sénégal Les principaux résultats de Jàngandoo 2014 sur l’ensemble des
enfants de 6 à 14 ans testés montrent que la qualité des apprentis-

J àngandoo est conçu comme une évaluation indépendante et


périodique des acquisitions fondamentales des enfants au Sénégal.
Pour réaliser ce baromètre citoyen, le Laboratoire de Recherche sur
sages est à améliorer et confirment les tendances de l’évaluation à
grande échelle menée en 2013 (voir figure 1) :

les Transformations Economiques et Sociales (LARTES) de l’Institut Figure 1 : Comparaison des taux de réussite de 2013 et de 2014
selon les différentes épreuves du test de niveau médian (en %)
Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) s’associe à une dizaine d’ONG 100

qui mettent en œuvre l’enquête dans les régions (l’évaluation des 90


81.9
86.7

performances des enfants de 6 à 14 ans). 80

70

En outre, quatre « Task force » constituées d’experts accompagnent 60

l’élaboration du modèle pédagogique et d’impulsion du changement 50

40
en vue d’asseoir la qualité de l’éducation. 30 27.7
22.2 22.2 18.6
20 16.1
Jàngandoo repose sur quatre innovations majeures : 10
12.2

0
Lecture Maths Culture Générale Test Global
2013 2014
Les évaluations sont menées à partir des ménages selon un
échantillon représentatif (5 000 ménages soit 15 277 enfants 1. Un taux de réussite qui reste faible pour les enfants en 2013
de 6 à 18 ans en 2013 ; 10 000 ménages soit 26 068 enfants de (12.2%)1 et en 2014 (18.6%) dans les deux langues de test que sont
6 à 14 ans en 2014) ; le français et l’arabe au choix de l’enfant.

Tous les enfants sont testés selon leur choix en français ou 2. Si l’on compare les résultats selon la langue de test, les enfants
en arabe sur des épreuves normées à partir d’un seuil médian testés en français sont plus performants en lecture (33.2 %) que
correspondant à la fin de la troisième année d’apprentissage ; ceux testés en arabe (11.4%). De même, en mathématiques, les
enfants testés en français sont plus performants (27.7%) que
Les résultats des tests sont immédiatement partagés avec ceux testés en arabe (5.6%). Le taux de réussite en culture
les parents puis restitués aux collectivités locales, aux ensei- générale reste légèrement plus élevé en français (88.8%) qu’en
gnants, aux autorités ministérielles et aux parlementaires, etc. arabe (80.7%) (voir figure 2).

Figure 2 : Taux de réussite au test global selon la langue (en %)


L’évaluation est faite selon des normes scientifiques éprouvées 100

visant à établir des évidences qui conduisent au chan- 90


88.8
80.7
gement en faveur de la qualité de l’éducation à 80

70

la fois dans le secteur formel, non formel et 60

informel. 50

40
33.2
30 27.7

20
11.4
10 5.6
0
Lecture Maths Culture Générale

Français Arabe

3. Un écart considérable entre les succès en culture générale (86.7%)


et ceux en lecture (27.7%) et en mathématiques (22.2%) (voir figure 3).

4. Des disparités significatives en terme de performance selon le


statut du lieu d’apprentissage, les caractéristiques du ménage, et
enfin les caractéristiques des lieux d’apprentissage.

Le constat majeur est que les réussites sont moindres dès que l’enfant
est en face de questions complexes. En effet, si l’on considère les
performances par épreuve, en lecture, on observe que plus le niveau
de difficulté est élevé, plus les taux de réussite baissent : lecture de

1
Ce taux de réussite concerne les enfants âgés de 6 à 14 ans testés en 2013. Ce taux atteint 19,1%
pour les enfants de 6 à 18 ans.
lettres et sons (74.5%), lecture de syllabes (62.6%), lecture de mots S’agissant des performances par épreuve selon la région, Dakar
(50.1%), lecture courante (36.7%) et lecture compréhension (29.4%) offre une meilleure qualité d’apprentissage avec 44.5% en lecture
(voir figure 4). et 36% en mathématiques. La capitale est suivie en lecture par
Diourbel (30.7%) et Ziguinchor (28.3%) tandis qu’en mathématiques
Or, ces lacunes en lecture-compréhension ont une incidence défavo- c’est Ziguinchor avec 25.5% et Kédougou 25.3%. En lecture, c’est
rable sur les mathématiques en raison de l’utilisation de langues Kolda qui ferme la marche (11.1%) alors qu’en mathématiques
étrangères comme médium d’enseignement-apprentissage : taux de Kaffrine avec 7.6% montre des faiblesses (voir figures 9 et 10).
réussite en comptage (70.3%), en addition (54.9%), en soustraction
(49.5%), en multiplication (43%), en géométrie (54.5%), en mesures En culture générale, toutes les régions tiennent haut le pavé : Dakar
(69.7%) et en résolution de problème (24.2%) (voir figure 5). 94.3%, Ziguinchor 93.1%, Diourbel 91.1% jusqu’à 74.2% à Kaffrine.
(voir figure 11). On constate alors que les apprenants réalisent de
Si l’on considère les performances des enfants par épreuve selon le meilleures performances lorsque les énoncés sont plus concrets.
statut de leur lieu d’apprentissage, les enfants qui fréquentent les
écoles privées en français réalisent de meilleurs résultats (57.5% en
lecture et 48.7% en mathématiques). Ils sont suivis par les enfants
issus des écoles publiques en français avec 31.2% en lecture et Des indicateurs de qualité : une
26.3% en mathématiques. Les enfants fréquentant les écoles
franco-arabes publiques enregistrent le score de 26,9% en lecture feuille de route pour les décideurs !
comparés aux enfants issus des écoles franco-arabes privées
(20,4%). En revanche, en mathématiques, les enfants fréquentant Selon ces différents niveaux de décision, les indicateurs de qualité
les écoles franco-arabes privées devancent légèrement avec 13,2% doivent mettre en évidence les finalités de l’éducation dans les
ceux issus des écoles franco-arabes publiques (11,6%). contenus, les méthodes et les supports. Etant entendu que la
finalité est d’éduquer un citoyen autonome, préparé à accéder à
Les écoles communautaires de base enregistrent 15.7% de réussite des niveaux de connaissances plus élevés et utiles pour le dévelop-
en lecture et seulement 3.2% en mathématiques tandis que les pement de sa société, la gouvernance du secteur de l’éducation est
daara peinent à atteindre des performances avec 6.7% en lecture et partie intégrante de la qualité des apprentissages.
seulement 2.6% en mathématiques.
Cette démarche a abouti à la formulation d’une feuille de route pour
C’est donc en mathématiques que les réussites sont les plus faibles. les décideurs qui veulent agir sur la qualité. Ces indicateurs mettent
Inversement, en culture générale, tous les lieux d’apprentissages le focus sur l’importance de la dimension des apprentissages dans la
offrent des taux de réussite satisfaisants passant de 94% dans les mesure de la qualité de l’éducation. Aussi, ils portent sur l’adaptation des
écoles privées en français à 51% dans les écoles communautaires méthodes et contenus d’enseignement au vécu culturel des enfants,
de base (voir figures 6,7 et 8). et sur l’amélioration de l’environnement des apprentissages.

Les principaux résultats du baromètre Jàngandoo 2014


Figure 3 : Taux de réussite au test global et aux différentes épreuves (en %) Figure 4 : Taux de réussite au test de lecture par item (en %) Figure 5 : Taux de réussite au test de maths par item (en %)
100 100 100
90 86.7 90 90
80 80 74.5 80
70 70 70 70.3 69.7
62.6
60 60 60 54.9 54.5
50 50 50.1 50 49.5
43.0
40 40 36.7 40
30 27.7 30 29.4 30
22.2 18.6 24.2
20 20 20
10 10 10
0 0 0
Lecture Maths Culture générale Test global Lecture des Lecture Lecture Lecture Lecture Comptage Addition Sous- Mutipli- Géométrie Mesures Résolution
lettres et sons de syllabes de mots courante comprehension traction cation de problème

Figure 6 : Taux de réussite en lecture selon le lieu d’apprentissage (en %) Figure 7 : Taux de réussite en maths selon le lieu d’apprentissage (en %) Figure 8 : Taux de réussite en culture générale selon le lieu d’apprentissage (en %)
100 100 100
90 90 90 89.0 93.9 88.6
80 80 80 87.8
77.9 75.0
70 70 70
60 57.5 60 60
50 50 48.7 50 51.3
40 40 40
30 31.2 26.9 30 30
20.4 26.3
20 15.9 20 13.2 20
10 6.7 6.2 10 11.6 10
15.9 2.6 4.0
0 0 0
Français Français Franco-arabe Franco-arabe Commu- Daara Autres Français Français Franco-arabe Franco-arabe Commu- Daara Autres Français Français Franco-arabe Franco-arabe Commu- Daara Autres
Public Privé Public Privé nautaires Public Privé Public Privé nautaires Public Privé Public Privé nautaires

Figure 9 : Taux de réussite en lecture selon la région (en %) Figure 10 : Taux de réussite en maths selon la région (en %) Figure 11 : Taux de réussite en culture générale selon la région (en %)
100 100 100 94.3 93.1
91.1
90 90 90 84.4 88.7 83.3 83.9 87.1 86.6 85.4 86.5
80 80 80 75.3 74.2 76.9
70 70 70
60 60 60
50 44.5 50 50
40 40 36.4 40
30.7 28.3
21.7 26.0 21.1 24.5 25.1
30 24.2 30 23.1 25.3 25.5 30
20 18.6 15.8 16.7 11.1 20.2 20 19.3 18.0 17.1 20.8 22.4 20
10 10
13.3
7.6 11.0 13.6 15.1 10
0 0 0
DAKAR

DIOURBEL

FATICK

KAFFRINE

KAOLACK

KEDOUGOU

KOLDA

LOUGA

MATAM

SAINT-LOUIS

SEDHIOU
TAMBA-
COUNDA
THIES

ZIGUINCHOR

DAKAR

DIOURBEL

FATICK

KAFFRINE

KAOLACK

KEDOUGOU

KOLDA

LOUGA

MATAM

SAINT-LOUIS

SEDHIOU
TAMBA-
COUNDA
THIES

ZIGUINCHOR

DAKAR

DIOURBEL

FATICK

KAFFRINE

KAOLACK

KEDOUGOU

KOLDA

LOUGA

MATAM

SAINT-LOUIS

SEDHIOU
TAMBA-
COUNDA
THIES

ZIGUINCHOR

LARTES - IFAN, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Tél. : (221) 33 825 96 14 / 33 825 92 32 - Site : www.lartes-ifan.gouv.sn
Entretien avec…
Mamadou Bocar Sy : Directeur Général de la BHS
"Un système attractif pour les projets des Pôles urbains"
Propos recueillis par Fernand Tona

Les banques de la place seront appelées à jouer un rôle décisif autant dans les procédures de fi-
nancement des logements en construction dans les Pôles urbains que dans les modalités d'accès
des populations à ces biens immobiliers. APAMAG s'est entretenu avec le directeur général de la
Banque de l'Habitat du Sénégal (BHS), M. Mamadou Bocar Sy, qui promet " un système attractif
pour les projets des Pôles urbains "

APAMAG : Quelle est votre appréciation de la ron 50 000 logements pour les cinq prochaines
décision de l’Etat de créer des pôles urbains à années. L’Etat a imposé aux promoteurs immo-
Diamniadio et au Lac Rose, en guise de solu- biliers un pourcentage de logements sociaux,
tion au déficit du logement social à Dakar ? pour que les Sénégalais, qui ont des revenus
modestes, puissent accéder à des logements
Mamadou Bocar Sy : C’est une mesure salutaire, dans ces sites. L’objectif n’est pas seulement de
mais je crois que la mesure définitive consistera construire des logements sociaux, parce qu’il
à permettre aux Sénégalais d'être propriétaires faut une certaine mixité sociale. Les banques, la
de leur logement. De ce point de vue, on est sur BHS notamment, ont mis en place un système
la bonne voie, parce que l’Etat a pris un certain qui consiste à réduire les taux d'intérêt et sup-
nombre de mesures qui devraient faciliter aux primer les apports initiaux pour ces logements
Sénégalais l’accès à leur propre propriété. sociaux, de manière à ce que les fonctionnaires
puissent avoir accès à ces logements.
APAMAG : La BHS est le principal partenaire
financier du projet " Le Diamniadio social " L’Etat ne s’est pas arrêté là : on est en train de
qui comporte 15 000 logements sociaux. Où voir avec le FONGIP comment garantir les cré-
en est ce partenariat avec l’Etat du Sénégal et dits qui seront accordés aux Sénégalais qui
les promoteurs immobiliers ? ont des revenus irréguliers et aux Sénégalais
de l’extérieur. Donc c’est tout un ensemble de
Mamadou Bocar Sy  : C’est la première fois, de- dispositifs qui sont mis en place pour faciliter
puis que ce pays est indépendant, qu’on décide l’accès au logement à des personnes à revenus
d’affecter autant d’assiettes foncières à des pro- modestes.
fessionnels pour la réalisation de projets immo-
biliers. Parce que, qui dit " accès au logement " Sur le site de Diamniadio, les promoteurs qui
dit d’abord "  disponibilité des assiettes fon- vont y opérer auront l’obligation de réaliser au
cières pour construire ensuite capacité des pro- moins un pourcentage de 30% de logements
moteurs immobiliers à construire et disposer sociaux sur les assiettes qui vont leur être at-
des financements pour construire également ". tribuées. La mise à disposition d’assiettes fon-
On a quelque 900 Ha à Diamniadio qui vont cières est donc contrôlée et encadrée par l’Etat
être destinés à des logements. L’aspect foncier ainsi que par l’ensemble des acteurs du secteur
a été complété par la prise de mesures desti- dont la Banque de l’Habitat du Sénégal
nées à favoriser la fiscalité dans la partie de ces
projets sociaux, comme Diamniadio, qui vont APAMAG  : Quels types de logements seront
vers le logement social. Les banques aussi vont proposés aux futurs acquéreurs ?
mettre en place un système assez attractif qui
donnera, pour la première fois un ensemble Mamadou Bocar Sy  : Vous savez, quand on
cohérent qui concoure à la production de loge- fait des logements, on s’adresse à plusieurs
ments sociaux à grande échelle. catégories socio-professionnelles, chacune en
fonction de la taille sa famille et de sa capacité
Le partenariat BHS-Etat concerne une première financière. Vous aurez des logements en toit de
tranche de 15 000 logements sur un total d'envi- chaume, des appartements, des logements so-

35
Entretien avec…
ciaux, des logements économiques, des loge- été réalisées grâce à l'implantation du Centre in-
ments de moyen standing et des logements de ternational de conférence Abdou Diouf. Il va donc
grand standing. L’essentiel est d’offrir à chaque falloir construire autour de la ville. *
catégorie de citoyens des logements en phase
avec la taille de sa famille et de ses revenus. On l’appelle " Pôle Diamniadio ", mais c’est une
véritable nouvelle ville qui se construit, et qui
L’obligation de réaliser au moins 30% de loge- va connaître son appogée avec l’aéroport in-
ments sociaux signifie qu’on va inciter le pro- ternational Blaise Diagne de Diass et avec le
moteur à exploiter certains types de logements transfert prévu de certains services de l’Etat. Il
pour subventionner les logements sociaux qui ne suffit pas seulement de construire des lo-
sont destinés aux clients économiquement gements, il faut également transférer un en-
faibles. semble d’activités économiques, pour ne pas
régler des problèmes de logement et créer des
APAMAG  : Quand est-il des étrangers qui problèmes de transport. C’est là l’aspect nova-
veulent investir dans l’immobilier au Sénégal ? teur du projet de Diamniadio et sur lequel on 
ne communique pas assez.
Mamadou Bocar Sy  : La Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et le Mi- C’est un projet intégrateur qui construit une
nistère sénégalais des Finances régissent les ville nouvelle, des habitations nouvelles, mais
conditions dans lesquelles un étranger peut in- qui construit aussi des activités nouvelles au-
vestir au Sénégal. Le cas de l’étranger qui réside tour de cette zone et qui décongestionne éga-
au Sénégal, qui y travaille, y gage ses revenus et lement Dakar, un vieux combat sur le point
est ressortissant de la Communauté de la zone d’être gagné.
Franc est différent de celui de l'étranger qui ne
réside pas au Sénégal, qui n'y travaille pas et APAMAG    : On craint une forte spéculation
qui n’appartient pas à la zone Franc. foncière dans la zone de Diamniadio. Cela ne
risque-t-il pas de dévoyer les objectifs du projet ?
Dans tous les cas, l'investissement d'un étran-
ger dans l'immobilier au Sénégal est soumis à Mamadou Bocar Sy  : Tel que c’est conçu, nor-
l'autorisation du ministère de l’Economie et des malement le pôle ne devrait pas être une zone
Finances, dans le but de contrôler les revenus de spéculation foncière, parce que qui dit " spé-
des uns et des autres. En tant qu'institutions fi- culation " dit " rareté " d’abord. Ici, ce sont  des
nancières, nous devons également connaître le réserves foncières qui sont gratuitement mises
client, ce qu’il fait, pourquoi il investit ici plutôt à la disposition des opérateurs, sous réserve d’y
qu’ailleurs ou dans son pays, etc. ériger des logements tels que prévus, au risque
de se voir retirer les assiettes foncières. 
Quant aux fonctionnaires internationaux, beau-
coup sont propriétaires à Dakar et beaucoup Si l’Etat maintient son système de contrôle,
bénéficient de crédits bancaires, parce qu’ils normalement les promoteurs devront être en-
peuvent justifier leurs activités et leurs reve- cadrés pour réaliser ce à quoi ils se sont enga-
nus. Le tout consiste pour la banque à jouer gés. Maintenant tout système est perfectible.
aussi le rôle de contrôle des trafics financiers. Il se pourrait que pendant que l’Etat cherche
à encadrer une bonne utilisation des terrains,
APAMAG   : Quand le premier lot de logements certaines personnes cherchent également à
sera-t-il livré ? mettre en place un dispositif contraire. Les
pôles urbains dépendent d’une autorité qui
Mamadou Bocar Sy    : Les travaux ont déjà dé- elle-même est rattachée à la présidence de
marré sur le site, et des promoteurs ont com- la République, avec l’ensemble des systèmes
mencé à construire. Je pense raisonnablement de contrôle de l’Etat. Et comme l’offre est im-
qu’au cours du premier trimestre ou du premier portante, les populations pourront acheter les
semestre de l’année 2015, les premiers logements logements directement avant que les spécula-
devraient être livrés. Il faut savoir que les travaux teurs ne s’en emparent.
préparatoires du site  pour accueillir les logements
sont bien avancés, puisqu’il y a l’autoroute qui Selon moi, si chacun joue son rôle et que l’Etat
passe devant, ainsi que des infrastructures qui ont maintient son rôle de veille et d’alerte on de-

36
Entretien avec…
vrait atteindre l’objectif correctement, à savoir Il y a ensuite un ensemble de dispositif fiscal.
aider chaque  Sénégalais à satisfaire ses besins Le projet du pôle urbain a été conçu avec une
en logement, en fonction de ses capacités fi- démarche collaborative avec les différents ac-
nancières. teurs. Avec le Délégué général, nous avons ren-
contré les différents services de l’Etat qui ont
APA MAG   : Quelles sont les conditions à rem- accepté de défiscaliser les projets qui seront
plir par les promoteurs pour acquérir gratui- dans cette zone. Nous avons également ren-
tement les terrains ? contré la Chambre des notaires qui a accepté,
pour le projet de Diamniadio, d’appliquer des
Mamadou Bocar Sy : Lorsqu'un promoteur en- conditions concessionnelles pour faire baisser
treprend de construire des maisons, il lui faut les honoraires et les frais de notaires. La banque
créer les routes, y amener de l’eau et l’électricité. a accepté également de baisser substantielle-
Mais dans le cadre des pôles urbains, il bénéfi- ment ses taux d’intérêt dans cette opération.
cie d'une zone déjà traversée par l’autoroute
et comprenant les infrastructures du centre de En revanche, les promoteurs, qui vont y réali-
conférence de Diamniadio. Donc il y a un début ser des logements, devront accepter de pra-
d’équipement, mais ce n’est pas suffisant. Il faut tiquer les prix les plus bas possibles pour les
un niveau d’équipement qui puisse convenir à logements sociaux. Cela signifie que chaque
des logements à usage d’habitation. Et c’est à ces acteur va essayer, à côté des tarifs qui étaient
frais que les promoteurs devront participer pour déjà bas, de les baisser davantage pour lancer
pouvoir disposer des terrains constructibles. ce pôle urbain de Diamniadio, en essayant, non

37
Entretien avec…
APAMAG  : Que répondez-vous aux clients
de la banque qui se plaignent souvent de la
cherté de ses prestations, mais aussi de la
lourdeur de ses procédures ?

Mamadou Bocar Sy  : Lorsque la banque prête


à son client de l’argent prêté pour l’achat ou la
construction d’un logement, elle doit veiller à
ce que cet argent soit bien utilisé pour ce lo-
gement et que ce logement soit réalisé selon
les prescriptions. Autant de choses qui ne dé-
pendent pas de la banque.

En revanche, lorsqu'un client prend un  crédit 


auprès de sa banque pour acheter un téléviseur
ou pour acheter une voiture, la procédure peut
pas de gagner beaucoup d’argent sur chaque
aller vite, mais construire un  logement peut
logement, mais de gagner sur le volume de lo-
prendre des mois. Cette lenteur est relative en
gements à réaliser et sur la durée.
fait, en raison du délai fixé pour vérifier s'il n’y a
pas un  détournement de l’objet du crédit, si le
Ce n’est pas une opération coup de poing qui
produit est bien réalisé selon les règles de l’art,
crée des milliardaires ou des millionnaires. On
parce qu’il y va de la sécurité de notre client, il
y va d’abord parce qu’on a une mission à rem-
y va également de la bonne utilisation des res-
plir et l’Etat accompagne, parce qu’il s’agit d’un
sources qui sont mises à disposition.
besoin fondamental, à savoir celui de se loger.
Vous entendez souvent parler de bâtiments
APAMAG : Quels sont les axes de coopération
mal construits ou d’immeubles qui s'effondrent,
que vous développez avec la Caisse des dé-
mais (je touche du bois) vous n’avez pas encore
pôts et Consignations dans le cadre de son
entendu dire qu'un projet de la BHS est victime
projet de 10 000 logements à Bambilor ?
de cela, parce que la BHS contrôle le travail à
effectuer. Ce n’est pas notre métier, mais nous
Mamadou Bocar Sy : La Caisse de dépôt et de
nous sommes dotés de polytechniciens qui
Consignation dans tous les pays du monde est
encadrent le client. Même si le client veut aller
un acteur-clé dans les logements sociaux, grâce
vite, en faisant des choses qui ne sont pas dans
à la disponibilité de ressources qui peuvent
les règles de l’art, la banque est là pour corriger.
être injectées dans le secteur pour financer le
Le client n’aime pas souvent être contrôlé. C’est
logement. Dans le cas précis de la caisse de dé-
cela qui amène parfois des crispations.
pôt et de consignation du Sénégal, Elle dispose
d’importantes réserves foncières à Bambilor et
Je reconnais qu’il y a un effort de communica-
dans d’autres endroits où elle va réaliser des
tion à faire pour expliquer au client pourquoi
programmes de logements sociaux. Dans ce
on fait ceci, parce que, en définitive, en sur-
programme de logements sociaux, nous avons
veillant les travaux, on s’assure que la solidité
signé une convention avec la caisse de dépôt
de l'oeuvre est garantie et le client s’assure
pour, d’une part, leur apporter une assistan-
que son logement est en sécurité. Je n’aime-
ce technique, mais  également pour l'aider à
rais pas prendre en garantie un logement qui
boucler le plan de financement de cette opéra-
s’effondre. De même, je n’aimerais pas loger
tion pour laquel elle débloque des ressources
mes clients dans des structures qui ne sont pas
que nous allons compléter.
solides. Ce qui peut amener les procédures à
s'étirer en longueur, mais on peut les réduire en
Donc, on en est à définir les axes de coopéra-
professionnalisant le secteur.
tion mais comme on est deux instruments de
l’Etat dans le cadre de la promotion de l’habitat
Malheureusement c’est le client qui choisit son
social, on est en synergie pour aider à la produc-
entrepreneur, alors que, parfois, il n’est pas ou-
tion de logements. Dans ce cas précis, la caisse
tillé pour effectuer ce choix. Parfois également
joue un rôle de promoteur qui va construire des
il se passe de l'intervention d'un architecte.
logements, et qui va les mettre sur le marché.

38
Entretien avec…
dans les différentes localités. Le deuxième défi,
c’est une communication directe avec la clien-
tèle. La banque a maintenant un site internet où
on montre les projets financés par la banque, la
procédure pour accéder au logement. Il reste
maintenant à amener nos compatriotes à ta-
per aux bonnes portes, pour être accompagnés
dans leurs projets immobiliers.

Parfois on reçoit des citoyens qui disent qu’ils


ont acheté des terrains dans des zones non-ti-
trées et viennent nous voir pour demander du
crédit pour y construire. Quand nous leur disons
que ce n’est pas possible, ils nous reprochent
de compliquer les procédures, alors que nous
C’est dans cet effort d’information et de sensi- nous soucions de leur sécurité.
bilisation de la clientèle qu’il va falloir s’investir,
dans le but d'améliorer les délais. Pour acheter un terrain, il faut le faire devant
un notaire qui est habilité à vérifier le carac-
APAMAG : En matière de financement du loge- tère légal et licite du terrain. C’est un effort de
ment quels sont aujourd’hui les plus grands communication qui doit être fait par la banque.
défis à relever ? Cette année encore, on va réunir les notaires et
les promoteurs immobiliers, ainsi que les coo-
DG BHS : Le premier défi à relever concerne la pératives d’habitat, pour discuter largement
proximité avec la clientèle. Ce défi est en passe des différentes obligations qu'exige le secteur
d’être gagné avec l’implantation de la banque de l’immobilier.

39
Zoom sur
" Cité de l’Emergence " et " Cité de l’Avenir " :
Dakar gratte le ciel
Par Omar Faye

A cause de la raréfaction des réserves foncières à Dakar, habiter en hauteur va bientôt devenir une
exigence pour les habitants de la capitale sénégalaise. Faisant fin des cris d’orfraie des architectes
sénégalais s’estimant délaissés, l’Etat a pris les devants en initiant au cœur de Dakar deux tours
futuristes composées de bureaux et de logements de différent standing.

De par sa position géographique et à cause de à la réduction de la pression démographique au


la spéculation foncière effrénée qui réduit son profit des régions, le directeur de l’Urbanisme,
assiette foncière, la ville de Dakar et ses envi- M. Oumar Sow, affirme : " nos limites en matière
rons immédiats étouffent. Aussi la décision, ré- de foncier nous commandent de construire en
cemment prise par l’Etat, de la désengorger à hauteur ", comme pour abonder dans le même
la faveur de la création des " pôles urbains de sens que le chef de l’Etat qui, lors de la pose
Diamniadio et du Lac Rose ", laissait-elle présa- de la première pierre, invitait les Sénégalais à
ger un déplacement massif de populations vers s’accommoder de la vie en appartement et
ces pôles qui comptent également à leur proxi- construire en hauteur.
mité le nouvel Aéroport International Blaise Dia-
gne (AIBD) prévu pour être fonctionnel en 2015. Et pour les besoins de la cause,  la légendaire
gare routière "  Pompiers  ", qui devait son
nom à sa proximité avec une caserne des Sa-
peurs-Pompiers, a été délocalisée  sur un nou-
veau site, celui des " Baux maraîchers ", à la sor-
tie de la capitale, dans la ville de Pikine. Evaluées
respectivement à 21,1 milliards de FCFA et 8,7
milliards de FCFA, la construction de la "  Cité
de l’Emergence  " composée de bureaux et de
logements de différents standing, et celle de la
" Cité de l’Avenir " ont été confiées au Groupe
marocain ADDOHA dont le Président directeur
Mais la capitale sénégalaise ne semble pas général, M Anas Sefrioui, exalte la " grande ex-
prête à laisser les pôles urbains lui ravir la ve- périence dans le domaine de la construction ",
dette. Dans moins de deux ans, 17 tours de 10 fondée sur la réalisation de " 30 000 logements
étages chacune vont s’élever vers le ciel, au par an dans plus de 15 pays africains ". " Cette
cœur de la ville qui accueille ce projet futu- expérience, nous comptons l'exporter au Séné-
riste de 648 appartements, dénommé " Cité de gal où notre stratégie est basée sur la coopéra-
l’Emergence ", tandis qu'aux abords du tronçon tion sud-sud ", explique Anas Sefrioui.
de l'autoroute menant à l'aéroport Léopold
Sédar Senghor, sera également érigé, dans le
quartier populaire de la " Patte d'Oie ", un autre
projet immobilier d'envergure composé de 12
tours de 10 étages chacune.

Justifiant ce regain de pression immobilière


dans la ville de Dakar, nonobstant la réalisation
d'autres pôles urbains en dehors de la capitale
participant à la déconcentration des activités et

41
Zoom sur

42
Zoom sur

Cependant le carnet de bord du Groupe maro- ments qui, selon les normes marocaines,  se si-
cain ne suffisait pas pour émousser les ardeurs tue autour de 2 mètres 30, exigeant forcément
du Conseil de l’Ordre des architectes sénégalais la climatisation des pièces, pour garantir un mi-
qui a rué dans les brancards au lendemain de la nimum de confort aux occupants.
pose de la première pierre de la " Cite de l’Emer-
gence ". Le Conseil dénonçait,  dans un commu-
niqué,  sa mise à l’écart  dans  plusieurs projets
d’envergure, "  en violation des textes qui ré-
gissent la profession d’architecte au Sénégal ",
précisant qu’il avait été informé des deux pro-
jets " à travers la télévision et les panneaux pu-
blicitaires ".

Le président de l’Ordre, M. Fodé Diop, soutient


par ailleurs que les normes de construction des
Marocains ne répondent pas à la réalité séné-
galaise, se fondant sur le fait que " ces appar-
tements, qui ressemblent à des appartements
placards   ne répondent pas à notre façon de
vivre ni à notre mode  d’occupation de l’espace,
encore moins à l’économie d’énergie ". Il cite en
exemple la hauteur du plafond des apparte-

43
REPORTAGE
Pôle urbain du lac Rose :
Les autorités peu loquaces sur le contenu du projet
Par Mamadou Sarr

A l’opposé de la ville de Diamniadio, le Lac Rose, deuxième localité concernée par le projet des pôles
urbains ne semble pas voir venir l’urbanisation moderne que lui promettent les discours officiels.
Dans ses nombreuses déclarations sur le projet des pôles urbains, le Délégué général aux Pôles
urbains, Seydou Sy Sall, demeure peu loquace sur les différentes composantes du projet attendu
au Lac rose. Même le prolongement de la Voie de dégagement Nord (VDN) dont on attendait une
portion du tracé entre le Lac et la mer, semble devoir finalement s’arrêter à Tivaouane-Peulh à
quelques kilomètres du Lac à la bordure duquel s’étirent une multitude d’hôtels et d’auberges que
la délocalisation du rallye Paris-Dakar a dû abandonner au triste sort de la dégradation des fré-
quentations.
Les habitants de la localité qui envisagent l’ac- Pôle urbain sera bien une réalité au Lac rose.
complissement de cette promesse comme un ‘’Les constructions au bord du lac, surtout
coup de fouet aux activités économiques de la celles situées vers les filaos, constituent une
zone, ne reposent leurs espoirs que sur des in- réelle menace pour le lac. Déjà que beaucoup
formations parcellaires qui promettaient au Lac construisent en hauteur, obstruant la vue, alors
Rose " un pôle urbain qui va s’étendre sur 7.000 que c’est une zone maritime. Mais à terme, les
hectares, avec une douzaine de kilomètres le bâtiments vont empêcher l’infiltration et les
long de la façade maritime et 5,5 kilomètres de eaux usées vont finalement polluer le lac’’, aver-
profondeur vers Diamniadio ". tit Moussa.
 
A défaut, c’est une lointaine sortie de l’ex-Pre- Le phénomène dénoncé par le jeune peintre
mier ministre, Mme Aminata Touré, au sujet de n’est que l’une des conséquences de l’urbani-
ce projet, qui continue d’entretenir la patience sation galopante  dont est victime la commune
des riverains du Lac  :  "  L’émergence d’un se- de Niague dans laquelle se trouve le Lac rose.
cond pôle urbain au niveau du
Lac Rose pourra aussi faire de Ruées et litiges Située à 37 kilomètres de Dakar,
la capitale une métropole plus font bon ménage cette localité qui était considérée
ouverte, pour devenir un hub jusqu’ici comme l’une des der-
de services numériques et technologiques ainsi nières réserves foncières proches de la capitale
qu’une plateforme financière ". sénégalaise est en train de perdre sa ‘’virginité’’.
 
Et pourtant, il y a quelques années, des projets La faute au trop-plein d’occupation de l’espace
de développement immobilier, distillés aussi à Dakar et qui a poussé les autorités à se tour-
bien par les promoteurs immobiliers que par ner vers Diamniadio et le Lac Rose, pour en faire
les courtiers, présageaient l’implantation, entre des pôles urbains devant accueillir   des loge-
le Lac et la mer, ainsi qu’en face du Lac, de quar- ments sociaux.
tiers aux noms tout aussi significatifs que " Al-
madies II ", " Riviera", etc. Ici comme à Diamniadio, les promoteurs ont
flairé l’opportunité, en prenant d’assaut,   avec
Tout comme Moussa Guèye, un jeune peintre ou sans la complicité des agents du service
dont l’atelier se situe au bord du Lac rose, beau- public, les terres vierges de la zone de Niague.
coup de riverains assistent, impuissants, à la Résultat : avant même que le projet de pôle ur-
ruée des promoteurs immobiliers, coopératives bain ne se concrétise, la zone est soumise à des
de l’Habitat et particuliers vers les terres aux installations anarchiques et aux litiges des plus
abords du point d’eau   et se demandent si le inextricables.

45
REPORTAGE
La situation fait l’affaire des intermédiaires qui Mais pour l’heure, cette promesse de moder-
pullulent dans les environs, interceptant de nisation tarde à se réaliser, quand bien même
futurs acquéreurs auxquels ils proposent des elle suscite un très grand espoir, en particulier
parcelles entre 600.000 F et 2.000.000 F, en auprès de la population du Lac rose, et en gé-
fonction de l’emplacement. Cette activité com- néral dans cette zone des Niayes située à moins
merciale n’est pas sans créer  des litiges fonciers d’une heure de la capitale.
qui atterrissent devant les tribunaux.
‘’C’est une très bonne chose. Nous sommes
’’ Les litiges fonciers font légion en raison d’une d’accord avec tout ce qui participe à la moder-
forte demande de terrains à usage d’habitation. nisation de notre localité, pourvu seulement
Les promoteurs immobiliers se bousculent ici. que les populations y trouvent leur compte’’, ac-
Ce qui fait que des courtiers véreux n’hésitent quiesce  Seynabou Diagne, marchande ambu-
pas à vendre la même  parcelle à plusieurs per- lante d’objets d’arts autour du Lac rose et dans
sonnes’’, affirme Ibrahima Mbaye, président des les campements voisins.
guides touristiques et habitant de la commune
de Niague. Ibrahima Samba, un habitant de Niague, âgé
de 65 ans, est d’un enthousiasme plus mesuré. ‘’
La commune de Niague n’est pas épargnée par On ne se reconnait pas dans ces projets immo-
cette ruée, depuis que le chef de l’Etat, Macky biliers. Parce que, nous n’avons pas  les moyens
Sall, a annoncé la création d’un Pôle urbain au d’acquérir les maisons aux prix auxquels elles
Lac rose, dans le cadre du nouvel aménage- seront vendues’’, souligne-t-il avant de relever
ment spatial Dakar-Mbour-Thiès, pour accueillir que, pour l’heure, on en est encore au stade
‘’ des citées satellites dotées de toutes les com- ‘’des promesses’’.
modités de villes  modernes, avec des activités
créatrices de richesses et d’emplois’’. D’après  Maguette Ndiour, président de la Com-
mission Planification et Suivi des projets de dé-
Une opportunité, selon le président de la Ré- veloppement à la mairie de Tivaouane-Peulh-
publique, pour ''trouver une réponse aux pro- Niague, ‘’si c’est pour créer des emplois, on est
blèmes de logement générés  par la ville de preneur’’. Le problème de l’emploi se pose avec
Dakar et ses villes-dortoirs, conséquences de acuité à Niague et au Lac Rose qui demeure le
plusieurs décennies de mauvaise planification principal recours des habitants dont 1500 per-
urbaine''. sonnes tirent leurs revenus’’.

46
REPORTAGE
Prudent, le président de la Commission Plani- Le  Lac rose, principale attraction touristique de
fication de la commune de Niague-Tivaouane- la localité, a du mal à renaître de la délocalisa-
Peulh ajoute  : ‘’Pour l’instant, on ne connait tion vers l’Argentine (Amérique du Sud), il y a 7
pas les tenants et les aboutissants   du projet ans, du rallye Paris-Dakar, la plus grande course
de Pôle urbain. Le jour où se fera le lancement auto-motos au monde à laquelle les abords du
des travaux, peut-être pourrions-nous être Lac servaient annuellement de point d’arrivée.
mieux édifiés  sur ce projet du gouvernement’’.
Depuis 2007,  le Lac ne trouve plus autant d’ad-
En effet, au Lac rose, les chantiers promis par mirateurs à ses eaux dont la couleur rose pro-
le Délégué général aux pôles urbains, l’ex-mi- vient des cristaux de sel qui tapissent son lit.
nistre Seydou Sy Sall, n’ont toujours pas en- Même les hôtels, installés le long du point d’eau,
core démarré, hormis quelques projets immo- peinent à faire le plein de touristes, payant au
biliers initiés par des promoteurs privés ou des prix fort cette délocalisation de la compétition.
coopératives d’habitat.
Nostalgique, Maguette Ndiour, président de la
Mais, déjà, aux yeux de certains, l’équation de Commission Planification et Suivi des projets
l’assiette foncière qui va accueillir ces milliers de développement, à la mairie de Tivaouane-
de logements et d’infrastructures sociaux de Peulh-Niague, affirme qu’à l’arrivée des pilotes
base se pose. du ‘’Dakar’’, les hôteliers  parvenaient, en deux
ou trois jours,  à faire entrer le montant des re-
‘’Pour l’heure, aucun site n’a été retenu. Les cettes d’une année’’.
terres disponibles commencent à se faire
rares. L’espace qui reste  se trouve dans la zone Les mêmes complaintes sont entendues chez
des filaos’’, relève Ibrahima Mbaye qui, tout Ibrahima Mbaye, président des guides. ‘’Depuis
comme le peintre Moussa Guèye, dénonce les que le Paris-Dakar a été délocalisé, le tourisme
autorisations accordées par le ministère des et les activités annexes vivent une période de
Mines pour l’extraction des coquillages sur les crise ressentie par tout le monde’’.
rives du Lac rose.
Seydou Diouk, un antiquaire établi au village
A bien saisir les propos de M. Seydou Sy Sall, artisanal de la localité ne dit pas le contraire  :
le gouvernement ambitionne d’ériger dans ‘’Avec le Paris-Dakar, on parvenait à gagner
la zone de Niague d’importants programmes quatre mois de recettes. Depuis on n’a plus
immobiliers qui vont s’ajouter à ceux qui cela. La fréquentation des touristes a baissé.
sont en cours de réalisation notamment à Ti- Nos affaires ne marchent que pendant la haute
vaouane-Peulh. Mais avant saison. Le reste de l’année,
toute chose, ‘’ il faudra orga- on se tourne se tourne les
niser cet ensemble d’activi- Sans Paris-Dakar, pouces’’.
tés de manière cohérente’’,
de sorte que le tourisme, tout est dépeuplé Comme s’ils s’étaient pas-
l’attraction du sol et le ma- sé le mot, habitants et
raîchage, qui sont les atouts responsables de la zone
de la zone des Niayes,  ne puissent pas souffrir de Niague plaident tous pour le ‘’retour rapide
de la modernisation immobilière annoncée du Paris-Dakar’’ dont ils gardent un bon souve-
par le président Macky Sall, dans le cadre du nir car, soulignent-il, la prospérité de leurs af-
Programme Sénégal émergent (PSE). Pour le faires en dépendait énormément, le tout nou-
moment les habitants du Lac rose prennent veau rallye " Africa race " n’ayant pas la même
leur mal en patience. envergure pour combler le vide laissé par son
prédécesseur.

47
REPORTAGE

48
REPORTAGE
La ruée vers ‘’l’or blanc’’ du Lac rose
En ce début d’après-midi,  le Lac rose, principale Pour l’heure, l’exploitation du sel reste artisa-
attraction de la zone de Niague, sert d’habituel nale. Elle demande peu de moyens que décrit
point de convergence des habitants de cette le président du Comité de gestion :   " Il faut une
localité située à 35 km de Dakar. Des barques barque,  une pelle, un long bâton prolongé par
sont amarrées devant le point d’eau et, tout au- du métal (" Daba " en wolof ) servant à briser la
tour, s’élèvent des monticules de sel de couleur plaque de sel cristallisé au fond de l’eau. Enfin,
blanche ici, et grise ailleurs. un tamis sera également nécessaire pour  laver
le sel avant de l’embarquer ".
Une barque vient d’accoster et en descend
Ousseynou Faye, la quarantaine révolue, au La commercialisation, quant à elle, est centrali-
physique de lutteur. Il extrait de son embarca- sée au niveau du Comité de gestion, pour éviter
tion un chargement de sel noirâtre et, aussitôt, toute désorganisation dans les activités.
comme si elles n’attendaient que ce moment,
deux femmes, dont l’une porte un bébé sur le "  Dans le passé, chacun cherchait ses propres
dos, se précipitent pour l’aider à décharger le sel. clients. Aujourd’hui, chaque fournisseur de sel
   a son propre client. En cas de litige entre le
Au bout de vingt minutes, la barque est dé- commerçant et le fournisseur, le Comité prend
barrassée de sa tonne de sel. Pendant que les l’affaire en main pour essayer de trouver une
femmes s’occupaient du déchargement, Ous- solution à l’amiable. En l’absence de consensus,
seynou s’activait à céder sa récolte à Samba il est recommandé au fournisseur de changer
Sène, un commerçant de Niague, à raison de de client’’, explique M. Ndiour.
350 francs CFA la bassine, tandis que les dames
percevront  50 francs par bassine transvasée. Une partie  du sel extrait du lac est consommée
au Sénégal, l’autre partie est exportée. La Côte
Ainsi se déroule quotidiennement l’activité d’Ivoire achète plus de 80% du sel produit, lais-
commerciale autour du Lac rose qui attire des sant le reste aux commerçants maliens, burki-
milliers de chercheurs d’or blanc, dont certains nabè, etc. Quant au sel fin, il est généralement
viennent de la sous-région, notamment de la cédé aux vanniers, aux producteurs de savon et
Guinée, du Mali et du Burkina-Faso. aux transformatrices de produits halieutiques.  

‘’Ils ne comprennent pas comment le sel s’ob- D’ores et déjà, certains redoutent un éventuel
tient sans procéder par le système d’évapora- tarissement du Lac, en raison de l’exploitation
tion‘’, souffle Maguette Ndiour, président du intensive de son sel. Cependant Maguette
Comité de gestion du Lac rose, parlant de ces Ndiour s’inscrit en faux contre cette affirmation
sauniers qui ne sont pas habitués à cette mé- qu’il qualifie de "  spéculations  sans preuves
thode de production de sel. scientifiques ".

Ledit comité, une structure mise en place de- Il avoue que le lac s’était rétréci durant la séche-
puis 1994 et qui contrôle  ‘’toutes les activités, resse des années 70, suivant un phénomène
depuis l’extraction jusqu’à la commercialisa- normal connu par beaucoup de cours d’eau en
tion, regroupe cinq villages (Déni Birame Ndao cette période, mais reconnait toutefois que l’en-
Nord et Sud, Niague, Bèye et Wayémbam, sablement reste le seul péril qui le menace, étant
chaque village étant représenté par des délé- situé à proximité de la mer.  Or, jubile Maguette
gués au prorata de la taille de la population Ndiour,  " le rideau de filaos le séparant de la mer
est de nature à stopper les bancs de sable ".

M. SARR

49
Zoom sur
Diamniadio et Lac Rose :
Promesses de modernité et de qualité de vie
Par Omar Faye

Dakar étouffe sous la pression de ses trois millions d’habitants et ses réserves foncières s’ame-
nuisent de jour en jour, installant de facto une surenchère dans le secteur du logement. Un lourd
dilemme pour les nouvelles autorités du pays qui ont forcé, en 2014, une sensible baisse sur les
loyers avant de procéder au désengorgement de la capitale au profit des pôles urbains en création.

Les localités de Diamniadio (34 km de Dakar)


et du Lac Rose dans la commune de Niague-Ti-
vaouane peulh (département de Rufisque) ont
été identifiés pour recueillir le trop-plein de la
population dakaroise qui vit agglutinée sur
une superficie de 0,3 pour cent du territoire
sénégalais.

En posant, le 24 Mai 2014, la première pierre du


pôle urbain de Diamniadio, le président Macky
Sall avait fait le pari de bâtir dans les deux sites
identifiés des " villes nouvelles répondant à
toutes les exigences de modernité et de qualité
de vie ".

Ces pôles urbains seront construits, selon leurs


initiateurs, sur le concept de "  villes vertes  ",
avec un accent particulier sur la mixité sociale
et fonctionnelle, le respect de l'environnement
et un cadre de vie attrayant. Seydou Sy Sall, délégué général aux pôles urbains
Pour l’heure, seul le Pôle urbain de Diamniadio
Une délégation générale à la promotion des fait l’objet d’importants aménagements, ce-
pôles urbains (Dgpu) de Diamniadio et du Lac lui du Lac Rose qui devrait s’étendre sur 7.000
Rose a été créée à cet effet, en janvier 2004, hectares, avec une douzaine de kilomètres, le
avec pour missions, entre autres, de "  déve- long de la façade maritime, est encore à l’état
lopper des activités créatrices d’emplois et de de projet.
richesses, désengorger Dakar, mais aussi faire
face au déficit en logements ". Le Centre international de conférences Abdou
Diouf (CICAD), baptisé du nom de l’ex-Secré-
Elle a aussi en charge l’élaboration des plans taire général de la Francophonie, lors du der-
d’aménagement des deux villes nouvelles en nier sommet tenu sur les lieux en fin novembre,
gestation, d’initier et de conduire toutes les constitue la première infrastructure édifiée
opérations d’aménagement. dans le pôle urbain de Diamniadio

L’Etat a également accordé à la DGPU les pré- Entre autres projets d’envergure prévus sur
rogatives d’attribuer des terrains aménagés et ce site d’une superficie de 1946 hectares, 10
équipés, de réaliser des travaux d’équipements grands hôtels dont un de cinq étoiles, un pôle
en infrastructures portant sur la voierie des dif- industriel et commercial et un pôle Sport et
férents réseaux : eau, électricité, etc. Loisirs.

51
Le CRES est une association créée en 2004 par un groupe d’enseignants-chercheurs de
diverses disciplines (Economie, Droit, Techniques quantitatives, Sociologie) de l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). L’initiative vise à répondre aux besoins du marché
africain en compétences de haut niveau sur les questions relatives aux politiques natio-
nales et aux grands programmes en cours d’élaboration. Ainsi, les chercheurs du CRES
sont impliqués non seulement dans l’élaboration des politiques de développement, dans le
suivi, l’évaluation de la mise en œuvre mais aussi dans la mesure de l’impact de celles-ci
au plan économique et social.

CAPACITES TECHNIQUES ET DE GESTION DU CRES


Le CRES dispose de ressources organisationnelles, humaines, institutionnelles, et un sys-
tème de gestion sur lesquels il s’appuie pour la mise en œuvre de son plan stratégique et
de ses activités.
• Les ressources organisationnelles : Conformément à sa vocation, la Recherche est le
cœur de métier du CRES ce qui justifie dans son organigramme la présence de cinq dépar-
tements de recherche couvrant les domaines d’investigation que sont :

• le département croissance, inégalité, genre et pauvreté ;


• le département économie de l’information et de l’innovation ;
• le département mondialisation, intégration régionale et développement local ;
• le département secteur rural ;
• le département économie des ressources humaines.

Pour l’administration de la recherche, le CRES dispose d’une direction exécutive coordon-


nant la recherche et l’administration de manière globale. Elle s’appuie sur une direction
administrative et financière, une direction de la communication et un service de suivi éva-
luation. La synergie de ces différentes composantes participe à la promotion et à l’essor
du CRES.
Zoom sur
Le pôle va également accueillir une zone rési-
dentielle de 40  000 logements économiques,
moyen et haut standing dont 15  000 seront
réalisés dans les trois prochaines années, sur la
base d’un partenariat public-privé.

Ces logements pourront être acquis moyen-


nant des mensualités étalées sur une durée de
15 à 20 ans, voire 25 ans, selon les catégories,
de l’avis des initiateurs du projet qui précisent
qu’aucun apport initial ne sera exigé pour ac-
Chantier autoroute à la hauteur de Diamniadio quérir les logements sociaux.
Quelques industries actives dans le domaine de
la pharmacie, de l’électronique et des matériels Le volet transport occupe également une place
de construction, des universités privées, des importante dans la mise en œuvre du pôle ur-
établissements de santé y seront aussi installés. bain de Diamniadio, puisqu’il prévoit un che-
De même, il sera érigé dans la nouvelle ville min de fer Dakar –Diamniadio –Aéroport Blaise
une cité administrative avec des sièges de mi- Diagne de Diass (en construction) pour com-
nistères, la cité du savoir comprenant notam- pléter le réseau routier dont la composante ma-
ment la deuxième université de Dakar, des ré- jeure reste l’autoroute qui relie Dakar au nouvel
sidences universitaires, ainsi que des structures aéroport international à Diass.
culturelles et touristiques.

53
Entretien avec…
FATOU TAMBEDOU, Ministre délégué auprès du Ministre
du renouveau urbain, de l'habitat et du cadre de vie, chargé de la
restructuration et de la requalification des banlieues.
"La création des pôles urbains vise à juguler la macrocéphalie de Dakar"
Propos recueillis par Amadou Diouf

Afin d’apporter des solutions durables au phénomène de l’urbanisation non contrôlée et de ses
conséquences, notamment les inondations, l’Etat du Sénégal a entrepris une restructuration et
une requalification des Banlieues à Dakar et dans le reste du pays. Dans le même temps, le Pré-
sident de la République, dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE) a lancé le projet des Pôles
urbains visant à juguler la macrocéphalie de Dakar le rééquilibrage de l’armature urbaine.

APAMAG : Parlez-nous un peu de votre minis- populations affectées par des sinistres dus
tère. Que veulent dire « Restructuration  et Re- aux catastrophes naturelles notamment par la
qualification » des banlieues ? construction de logements sociaux dans le res-
pect des normes de construction et d’architec-
Fatou Tambédou : Le Ministre délégué chargé ture prédéfinies, ainsi que la restructuration et
de la Restructuration et de la Requalification la requalification des banlieues.
des Banlieues que je suis, travaille auprès du
Ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et Parlant de la restructuration, il s’agit d’une opé-
du Cadre de Vie dont les attributions sont cen- ration d’aménagement consistant en une re-
trées sur la préparation et la mise en œuvre de configuration physique d’un quartier irrégulier,
la politique définie par le Chef de l’Etat dans les d’une ou de plusieurs de ses parties pour créer
domaines de l’urbanisme, de la restructuration les conditions de son développement et favori-
et de la rénovation urbaine, de l’habitat et de la ser son intégration dans le tissu urbain. L’objec-
construction. tif visé à terme étant d’améliorer sensiblement
les conditions de vie des populations du quar-
De façon spécifique, le Ministre délégué est tier considéré en le dotant des commodités re-
chargé d’exercer, sous l’autorité du Ministre quises, en termes de voirie, de réseaux divers et
du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre d’équipements. Il s’agit également de favoriser
de vie, Monsieur Diène Farba SARR en l’occur- l’accès des populations à la sécurité foncière.
rence, les compétences dévolues à celui-ci en
matière de restructuration et de requalification Les espaces libérés dans le cadre de la lutte
des banlieues. contre les inondations et des opérations de res-
tructuration au niveau d’un quartier ou parties
Parmi ces compétences, figurent notamment : de celui-ci peuvent faire l’objet d’une requalifi-
la restructuration urbaine, la lutte contre les cation qui elle consiste à leur donner une autre
bidonvilles et l’occupation des zones insalu- vocation pouvant être la vocation naturelle du
bres et inondables, la création d’espaces verts site libéré (voie d’eau ou espace planté etc.) ou
et d’agrément des centres urbains  ; l’aména- la création d’équipements sur les espaces libé-
gement des zones d’inondation et, en synergie rés en vue de combler le déficit en la matière.
avec le Ministre chargé de l’Hydraulique et de
l’Assainissement, de veiller à la réalisation de La création du ministère du Renouveau ur-
réseaux de drainage des eaux de pluie et de bain, de l’Habitat et du Cadre de Vie avec la
la réalisation des aménagements y afférents  ; nomination d’un Ministre délégué chargé de
l’aménagement des sites de recasement des la Restructuration et de la Requalification des

55
Entretien avec…
Banlieues, participent de la volonté du Chef de milliard, qui concerne toutes les villes du pays
l’Etat de relever le défi du renouveau urbain et s’articule autour de trois principales compo-
pour apporter des solutions durables au phé- sante : l’aménagement du territoire ; la restruc-
nomène de l’urbanisation non contrôlée et de turation urbaine et le relogement et la gestion
ses conséquences, et pour créer les conditions des eaux pluviales.
d’une meilleure gestion des inondations récur-
rentes dans les banlieues. APAMAG  : Le «  Plan décennal de Gestion des
Inondations » a connu une phase pilote. Quels
APAMAG  : La banlieue n’existe pas seulement sont les actes majeurs qui ont été posés pour
à Dakar. Qu’est-ce que l’Etat du Sénégal fait en- soulager les populations des zones sinistrées ?
vers les autres banlieues du pays ?
Fatou Tambédou : Il convient de noter que le
Fatou Tambédou : Comme vous l’avez si bien Plan décennal de Gestion des Inondations est
dit, les banlieues n’existent pas seulement à Da- articulé autour de trois phases conçues, suivant
kar, mais dans toutes les villes du pays. En effet, le niveau d’exposition aux inondations dans
chaque ville a sa banlieue, celle-ci étant la zone les différentes zones du pays  : une phase d’ur-
qui est adossée à la ville-centre. Malheureuse- gence (2012-2013) qui portait sur les mesures
ment, et nous le savons tous, c’est au niveau d’urgence pour faire face aux inondations dans
des banlieues que se manifestent les méfaits les zones les plus affectées comme Dakar, Tou-
du développement urbain non maîtrisé. Pour ba et Bambey ; une phase intermédiaire (2014-
notre pays, le développement urbain reste ca- 2016) pour la deuxième catégorie une phase
ractérisé par une croissance très rapide avec moyen et long terme (2017-2022) pour couvrir
un taux d’urbanisation qui est passé de 25 % le reste des villes du pays. Parmi les acquis is-
en 1960 à plus de 45 % en 2012 et qui pourrait sus de la mise en œuvre des deux premières
atteindre 56 % à l’horizon 2021. Ce phénomène phases du plan décennal, il y a : la construction
d’urbanisation exceptionnel et irréversible a de 2000 logements au niveau de la cité Tawfeex
entrainé la création au niveau de la périphérie Yaakaar à Dakar ; la mise en œuvre de canalisa-
de nos différentes villes-centres, d’aires d’ha- tion et de station de pompage à Dakar (Ouest
bitation spontanée dans des zones non loties foire ; Grand Yoff ; Zone de captage ;RN1…) ; la
et/ou impropres à l’habitat (dépressions, zones réalisation d’ouvrages de drainage et la réhabi-
inondables…) confrontées à divers problèmes litation et le renforcement de stations de pom-
parmi lesquels : le problème dans les trans- page à Touba et à Bambey ; la réalisation d’ou-
ports ; la résurgence des maladies liées à l’insa- vrages de drainage des eaux pluviales dans la
lubrité et la promiscuité ; le problème d’accès banlieue de Dakar particulièrement à Dalifort ;
aux services sociaux de base. Keur Massar, Aïnoumady, Darourahmane, Cité
Dakar Marine ; Keur Mbaye FALL ; Guinaw Rails
L’action du ministère du renouveau urbain, de et Benne Baraque ; Darourahmane/Rufisque.
l’Habitat et du Cadre de vie de façon plus gé-
nérale, notre action en particulier, s’inscrit dans APAMAG  : Où en est-on actuellement avec le
le cadre de la recherche de solutions à ces dif- Plan décennal de de Gestion des inondations ?
férents problèmes. Il convient de noter que la
planification et la programmation qui sous-
tendent les actions que nous menons dans
ce cadre sont faites sans discrimination, mais
plutôt au regard du niveau de prégnance des
difficultés auxquelles sont confrontées les po-
pulations dans les différentes villes du pays et
à l’acuité des solutions requises dans ce cadre.
C’est suivant cette approche qu’est conçu le
Plan décennal de Gestion des Inondations
2012-2022, d’un montant prévisionnel de 767

56
Entretien avec…
Fatou Tambédou : Le Plan décennal de Gestion APAMAG : Le déplacement des sinistrés entraîne
des Inondations a déjà connu l’achèvement de forcément une libération d’espaces. Qu’est-ce
sa phase d’urgence  et est actuellement dans sa que l’Etat envisage de faire dans ces zones ?
«  Phase intermédiaire  » avec plusieurs projets
au programme. En matière de gestion des eaux Fatou Tambédou : Comme annoncé plus haut,
pluviales, je citerai  : le Projet de drainage des les zones libérées à la suite du déplacement des
Eaux Pluviales à Médina Gounass/Guédiawaye, populations sinistrées ou affectés par les pro-
Projet de drainage des Eaux Pluviales à Keur jets de drainage des eaux de pluies feront l’ob-
Massar, le Projet de drainage des Eaux Pluviales jet d’une requalification qui, selon le contexte
à Diamaguenne Sicap Mbao et Projet de drai- pourra consister en la restauration des condi-
nage des Eaux Pluviales à Niaga/Tivaouane tions naturelles ou la réalisation d’équipements
Peulh  ; le Projet de réhabilitation de digues à et/ou d’infrastructures collectifs destinés à
Matam et Ouroussogui  ; le Projet de drainage l’amélioration du cadre et des conditions de vie
des Eaux Pluviales à Nginth, à Thies ; le Projet des populations.
d’aménagement des abords du fleuve Mama
Nguedj, à Joal et le Projet d’aménagement de APAMAG : Les « Pôles urbains » de Diamniadio
Diaminar à Saint-Louis. et du Lac Rose comportent un programme de
logements sociaux. Qu’est-ce que votre dé-
En matière de relogement des populations, il y partement compte faire pour anticiper sur les
a : la construction de 2000 logements au niveau fléaux qui frappent actuellement les villes du
de cité Tawfexx Yaakaar, à Dakar ; la construction Sénégal ?
de 700 logements pour des populations affec-
tées dans les villes de Thiès, de Saint-Louis, de Fatou Tambédou  : Il convient de noter que la
Joal, de Fatick et de Kaolack. En ce qui concerne gestion des pôles urbain, en particulier ceux de
la restructuration et de requalification : réalisa- Diamniadio et du Lac de Guiers relève des com-
tion de cinq projets prioritaires à Dakar, à Saint- pétences de la Délégation aux Pôles urbains qui
Louis, à Kaolack ; Etude pour l’élaboration d’un porte le même nom. Ce que je peux dire est que
programme national de restructuration et de la création de ces pôles urbains vise à juguler la
requalification pour les 26 communes du pays macrocéphalie de Dakar par le désengorgement
identifiées comme étant les plus exposées aux de la capitale et le rééquilibrage de l’armature
inondations. urbaine, mais ceci suivant des normes d’urba-
nisme adéquates. Leur réalisation est assujettie
APAMAG : Avec le programme de relogement aux mêmes règles qui régissent l’urbanisation
des sinistrés dénommé «  Tawfex Yaakaar  », le et la construction au Sénégal que l’Etat a retenu
gouvernement avait prévu de construire 2 000 de faire respecter scrupuleusement pour éviter
logements. L’objectif a-t-il été atteint ? que les difficultés que rencontrent aujourd’hui
les populations au niveau de nos banlieues se
Fatou Tambédou  : A la date d’aujourd’hui, sur reproduisent. En particulier, les pôles urbains
les 2000 logements définis comme objectif de sont conçus suivant notamment des schémas
la phase d’urgence 2012-2013, dont 1200 au ni- et plans d’aménagement et d’urbanisme qui
veau du site de Tivaouane Peulh et 800 à Niag- permettent d’anticiper sur l’occupation du sol
ga, 1793 sont déjà achevés, correspondant à un par l’élaboration de documents de planification
taux de réalisation d’environ 80 %. Les quelques urbaine et la création de trames d’accueil viabi-
20 % restants sont dus à la défaillance de trois lisées pour l’habitat. A cela s’ajoute la mise en
des 18 entreprises qui étaient impliquées dans la place de mesures incitatives devant faciliter aux
mise en œuvre des travaux. Des mesures correc- populations l’accès à la propriété foncière. De
tives sont en train d’être menées pour permettre telles dispositions peuvent concourir à préve-
l’achèvement desdits travaux au plus vite. nir les occupations irrégulières et jeter ainsi les
bases pour asseoir un cadre de vie adéquat.

57
¢ SENEGAL SA au capital de 50.000.000 FCFA RC 90B 583 DAKAR NINEA 00046054 2 G3

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25 NOUVELLES
CHAÎNES
BÉGUÉÉ
+ GRAND
Infos Pratiques
CONTRAT DE LOCATION
Contrat par lequel, le bailleur s’oblige à fournir au preneur pendant un certain temps la jouissance
d’une chose contre paiement d’un loyer.
Sauf dispositions contraires, un contrat de location peut être passé par écrit ou verbalement. Dans
le but d’ éviter toute contestation ultérieure, il est toutefois recommandé d’exiger un contrat écrit.
En droit immobilier, on distingue le contrat de location à m Loi n° 81-21 du 25 juin 1981 réprimant la hausse illicite
usage d’habitation du contrat de location à usage com- de loyer des locaux à usage d’habitation
mercial. Ces 2 types de contrat ne sont pas soumis au
même régime juridique  : les modalités de résiliation et m Décret n° 81- 1034 du 25 octobre 1981 portant appli-
de renouvellement de ces contrats sont distinctes. cation de la loi 81-21

DUREE LOCATION : GARANTIE OU CAUTION

m Soit le contrat est conclu pour une durée de 3 années Elle se présente généralement sous la forme d’un dépôt
renouvelables par tacite reconduction pour des périodes de numéraires consigné chez le bailleur par le locataire
triennales et visant à garantir en fin de bail le paiement des charges
susceptibles d’incomber à ce dernier. Il doit être limité à
m Soit il est conclu pour une durée indéterminée 2 mois de loyer sans les charges et est restituable en fin
Pour les locations à usage commercial, le renouvellement de bail
ne s’opère pas de façon tacite. Il obéit à des dispositions Seuls les frais éventuels de remise en état des lieux sus-
légales d’ordre public. En effet selon l’article 91 de l’acte ceptibles de vous incomber peuvent être déduits de
uniforme OHADA relatif au droit commercial général, le cette garantie.
droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou Vous avez intérêt à exiger la restitution de votre caution
indéterminée est acquis au locataire qui justifie avoir ex- à la date effective de votre départ des lieux. Vous pou-
ploité conformément aux stipulations du bail, l’activité vez inciter le propriétaire au respect de cette exigence
prévue à celui-ci, pendant une durée minimale de deux en stipulant dans votre contrat des pénalités de retard,
(02) ans. Le locataire commerçant doit en outre deman- mais dans ce cas vous devrez admettre qu’une pénalité
der le renouvellement de son contrat par acte d’huissier, du même ordre vous soit appliquée au cas où vous accu-
au plus tard trois (03) mois avant la date d’expiration du serez vous aussi du retard dans le paiement de vos loyers.
bail . Le bailleur qui n’a pas fait connaître sa réponse à la
demande de renouvellement au plus tard un (01) mois RUPTURE LOCATION
avant l’expiration du bail est réputé avoir accepté le prin-
cipe du renouvellement de ce bail. 2 cas de rupture sont envisageables :

LOYER : Rupture pour faute

Son montant doit être fixé par rapport à l’évaluation faite Lorsque l’une des parties au contrat ne s’acquitte pas
de la valeur des locaux loués. Dans la pratique, lorsque le de ses obligations, l’autre peut la mettre en demeure de
bailleur arrête le montant du loyer, vérifiez si celui ci est s’exécuter dans un délai déterminé par exploit d’huissier.
conforme aux loyers pratiqués dans la zone d’implanta- Faute de réaction de sa part dans le délai qui lui est im-
tion pour des locaux similaires ou de même envergure. parti, la partie lésée pourra demander au juge la résilia-
Le loyer peut être révisé à chaque période triennale dans tion du contrat.
les conditions fixées par les parties ou à défaut confor- Lorsqu’une clause prévoie les cas où le contrat peut
mément aux dispositions législatives ou réglementaires être résilié de plein droit (clause résolutoire), sa mise en
applicables en la matière.. Si la proposition de révision œuvre doit être suivie de la constatation de la résiliation
du loyer ne vous paraît pas raisonnable, suggérez alors à dudit contrat par le juge des référés.
votre bailleur que cette révision se fasse conformément
à la réglementation en vigueur. A ce propos, vous pouvez Rupture sans faute
consulter au niveau de la Chambre de Commerce de Da-
kar, les dispositions suivantes : * Le locataire : Il peut rompre à tout moment le contrat de
location à durée indéterminée par un préavis de congé
m Décret n° 776527 du 23 juin 1977 modifié par le dé- de deux ( 2 )mois donné au bailleur par acte d’huissier.
cret n° 81- 609 du 17 juin 1981 relatif au montant du loyer S’il a conclu un contrat à durée déterminée et qu’il ne
des locaux à usage d’habitation ; désire pas bénéficier de la tacite reconduction, il doit en
donner préavis au bailleur, par acte extra- judiciaire servi
m Décret n° 81-683 du 7 juillet 1981 fixant les éléments six (6) mois avant l’expiration de la période triennale en
de calcul du loyer des locaux à usage d’habitation et ses cours.
annexes publiés au JOS du 23 juin 1984

59
Infos Pratiques
* Le bailleur : l’obligation pour le bailleur de notifier au locataire, sous
Il peut refuser le renouvellement du contrat à durée dé- une forme explicite qu’il met fin à l’usage qui s’est ins-
terminée consenti au locataire en lui notifiant, à peine tauré de déroger aux clauses du bail, et de lui laisser un
de nullité, le préavis de rupture, six (6) mois avant l’ex- délai suffisant pour se mettre en conformité avec ladite
piration de la période triennale en cours. Cette faculté obligation
n’est ouverte au bailleur que dans les cas suivants : m Clause faisant obligation au locataire :
1/ De supporter à ses frais toutes modifications d’arri-
m Lorsqu’il décide de reprendre les lieux pour les habi- vée, de branchement, de remplacement de compteur
ter lui-même ou les faire habiter par son conjoint, ses ou d’installation intérieure pouvant être exigées par les
ascendants, ses descendants en ligne directe ou ceux compagnies distributrices d’eau et d’électricité
de son conjoint   2/ De faire poser, à ses frais, des compteurs d’eau
chaude et froide, les frais de Location, entretien et rele-
m Lorsqu’il décide de reprendre les lieux pour les dé- vé étant à la charge du locataire.
molir et les reconstruire Une telle clause est abusive en ce qu’elle transfère au
locataire des obligations qui, portant sur l’installation
S’il s’agit d’une location à durée indéterminée, le bail- d’élément d’équipement incombent normalement au
leur pourra y mettre fin pour les mêmes et seules rai- bailleur
sons prévues ci-dessus en donnant préavis de congé à m Clause prévoyant que les travaux et aménagements
six (6) mois au locataire effectués par le locataire " feront immédiatement acces-
Le préavis délivré par le bailleur dans le 1er cas (reprise sion à l’immeuble " et resteront acquis au bailleur à la
des lieux pour les habiter ou y loger ses parents), doit à fin du contrat qu’elle qu’en soit la cause, sans aucune
peine de nullité indiquer : indemnité ni remboursement de sa part ou de la part
1) l’identité complète de la personne au profit de la- des occupants survivants, le bailleur conservant la fa-
quelle le droit de reprise est exercé ; culté d’exiger, lors du départ du locataire, la remise des
2) son lien de parenté avec le bailleur locaux dans leur état d’origine
3) son adresse actuelle Cette clause est jugée abusive car elle laisse au seul
4) la reproduction intégrale de l’article 583 du Code bailleur le choix entre la remise en état des lieux loués
des Obligations Civiles et Commerciales et l’abandon des aménagements réalisés par le loca-
Quant au cas de reprise pour démolition et reconstruc- taire, d’où un déséquilibre significatif entre les droits et
tion des lieux, le préavis servi par le bailleur doit à peine obligations des parties au contrat
de nullité, indiquer : Il en est de même pour les clauses suivantes :
1) la nature et la description des travaux projetés m Clause fixant de manière irrévocable la durée d’un
2) la référence complète du permis de construire 3) le contrat sans prévoir la possibilité d’une résiliation anti-
nom, le cas échéant, de l’architecte et celui de l’entre- cipée pour motif légitime
prise suivant et exécutant les travaux ; 4) l’engagement m Clause fixant en cas de congé ou préavis des ho-
du bailleur de ne pas faire occuper les lieux, à quelque raires de visite du logement incompatibles avec les
titre que ce soit, sauf pour le gardiennage du chantier, contraintes de la vie courante des locataires
depuis le déguerpissement du locataire jusqu’à la ré- m Clause mettant à la charge exclusive du locataire les
ception de l’immeuble reconstruit ; frais liés à la conclusion du bail
5) la reproduction intégrale de l’article 583 du C.O.C.C. m Clause obligeant le locataire à négocier avec le pro-
priétaire le montant du loyer renouvelé faute de quoi
LES CLAUSES ABUSIVES les frais de procédure de renouvellement seraient à sa
charge
Il arrive souvent que l’on relève dans Les contrats de m Clause prévoyant la résiliation de plein droit du bail
location immobilier des clauses abusives parce que pour le manquement du locataire à ses obligations
compromettant de manière manifeste l’équilibre du autres qu’essentielles
contrat au détriment d’une partie ou parce que violant m Clause interdisant au locataire de faire occuper les
tout simplement l’ordre public économique édicté par lieux loués par les personnes de son choix
Le législateur m Clause déterminant le montant de l’indemnité du
Quelques exemples de clauses abusives, pour vous ai- par le locataire qui n’exécute pas ses obligations sans
der à les détecter et à les refuser : prévoir une indemnité du même ordre à la charge du
m Clause interdisant au locataire de rechercher la res- bailleur qui n’exécute pas les siennes
ponsabilité du bailleur dans des circonstances visées m Clause exigeant du locataire qu’il souscrive des assu-
par une liste limitative débutant par exemple par l’ad- rances autre que celles qu’il est d’usage de contracter
verbe " notamment " m Clause prévoyant une "  domiciliation  " du locataire
Une telle clause est abusive en ce qu’elle tend à inter- dans les lieux qu’il a libérés
dire toute réclamation du locataire. m Clause exigeant du locataire qui effectue des travaux
m Clause par laquelle le bailleur s’arroge la faculté de avec l’accord du propriétaire, d’en confier la réalisation
mettre fin à toute tolérance sans délai à l’architecte ou aux entreprises choisis par ce dernier
Cette clause est abusive en ce qu’elle ne prévoie pas

60
Infos Pratiques
ACHAT D’UN TERRAIN
Choisissez bien votre terrain
Le terrain est- il bien situé ? éventuelle d’une carrière, etc. A ce sujet, prenez contact
avec le Service Régional de l’Urbanisme ainsi que le Bu-
La localisation du terrain déterminera la vie quotidienne reau de Recherches Géologiques et Minières qui vous
de votre famille : est-elle adaptée à votre mode de vie, à renseigneront. Dans tous les cas, faites procéder à une
vos activités professionnelles, à la scolarité et aux études expertise du sol de votre terrain .
des enfants  ? Existe t-il des commerces de proximité  ?
Des établissements scolaires bien desservis ? Pensez au * Renseignez vous auprès d’un conseil ou expert immo-
temps de transports quotidiens et aux surcoûts entraî- bilier sur le prix du terrain proposé Le prix est -il juste ?
nés par l’éloignement (frais de transport, achat éventuels Correspond t-il au prix du marché ?
d’une voiture supplémentaire.
* Vérifier la situation juridique du terrain Le terrain est-il
Choisissez votre terrain en pensant que vous pourriez un grevé d’hypothèque, de servitudes, etc. ? Rapprochez vous
jour avoir à le revendre : une bonne localisation ainsi que du bureau de la conservation foncière du lieu d’implan-
le fait que ce terrain comporte un titre foncier, facilitera tation du terrain convoité pour glaner ces informations
la revente.
* En tout état de cause, faites intervenir un notaire Ce
Vérifier si le terrain sur lequel vous envisagez de dernier se chargera de vous assister et de vous donner
construire est constructible et viabilisé. La construction des conseils utiles dans le cadre de la transaction que
doit s’adapter au terrain : informez-vous sur la nature du vous souhaitez réaliser.
sol, sa configuration, les risques d’inondation, la présence Il devra en outre procéder à la rédaction de l’acte de vente

61
Infos Pratiques
ACHAT D’UN TERRAIN EN LOTISSEMENT
Vous envisagez de faire construire une maison
et vous avez choisi un terrain dans un lotissement.
Au terme de l’article 41 du code sénégalais de l’urba- L’acquisition d’un terrain en lotissement vous donne l’as-
nisme, constitue un lotissement , l’opération et le ré- surance que le vendeur vous vend un terrain viabilisé et
sultat de l’opération ayant pour effet la division en lots constructible.
d’une ou plusieurs propriétés foncières pour la vente ou
mutations à titre gratuit ou pour locations simultanées • Un terrain est viabilisé lorsque sont réalisés les travaux
ou successives. nécessaires à l’implantation des maisons et à la vie du lo-
tissement, par exemple : la voirie, l’alimentation en eau,
La localisation du terrain déterminera la vie quotidienne électricité, les réseaux de télécommunication, l’évacua-
de votre famille. Assurez-vous que votre futur lieu de vie tion et le traitement des matières usées, l’éclairage, les
correspond à vos besoins (distance par rapport à vos ac- aires de stationnement, les espaces collectifs, les aires de
tivités professionnelles, qualité des services offerts par jeux et les espaces plantés.
la commune  : équipements scolaires, de loisirs, com-
merces, transports). Un terrain situé en dehors d’un lotissement peut être via-
bilisé sans pour autant être raccordé aux divers réseaux.
Si le site vous paraît adapté, consultez le plan de compo-
sition du lotissement pour connaître le nombre et l’im- En lotissement vous avez la garantie que le terrain est
plantation des constructions, la composition de la voirie desservi, mais aussi raccordé aux réseaux. Le descriptif
et des réseaux, la présence d’espaces verts intégrés ; un des travaux de viabilité est consultable à la mairie, au-
lotissement doit faire l’objet d’un projet architectural et près du lotisseur et chez le notaire chargé de la vente
paysager précis, tout en prenant en compte le respect des lots.
de l’environnement. Intéressez-vous aussi à la qualité du
vendeur de terrain et de l’équipe qui l’entoure (présence • Le terrain est constructible : il a le statut de terrain à bâtir
ou non d’un paysagiste, d’un architecte-urbaniste, d’un et bénéficie d’un droit à construire, c’est -à-dire d’une sur-
bureau d’étude...). face hors œuvre nette disponible pour la construction*

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Infos Pratiques
LEXIQUE DE L'IMMOBILIER
Achat en indivision : L’achat en indivision permet à pelle les "frais de notaire" incluant les droits de mu-
des personnes sans lien de parenté d’acquérir en- tation et les honoraires du notaire.
semble un bien immobilier (personnes vivant en
concubinage). Les acquéreurs signent une conven- Administrateur : Ce professionnel de l’immobilier,
tion d’indivision qui permet de définir la quote- également appelé gérant d’immeubles, effectue
part de chacun, laquelle n’est pas obligatoirement en qualité de mandataire toutes les opérations
égale. Chaque indivisaire peut consentir sur sa part de gestion d’immeubles pour les propriétaires
une hypothèque. L’indivision cesse soit par la vente (particuliers ou sociétés) : recherche de locataires,
de la part de l’un des indivisaires, soit par le décès conclusion des baux, perception des loyers et des
de l’un d’entre eux charges, entretien et réparations etc. Dans le cadre
d’une copropriété, il intervient en qualité de syndic
Acompte  : Somme versée par l’acquéreur lors de d’immeubles pour le compte de l’ensemble des co-
la signature de la promesse de vente. Elle engage propriétaires. Profession réglementée par la loi Ho-
définitivement l’acquéreur et représente générale- guet du 2 Janvier 1970 et par le décret du 20 Juillet
ment 10% du prix global du bien immobilier. Si la 1972.
vente n’est pas menée à son terme, le vendeur est
en droit de récupérer cette somme. Une seule ex- Arrhes : Il s’agit de la somme d’argent que l’ache-
ception : si l’acquéreur fait valoir la non-réalisation teur verse au vendeur au moment de la conclusion
d’une condition suspensive prévue dans le com- d’un contrat de vente. Avantage fiscal : L’acquisition
promis de vente, il peut récupérer son acompte. d’un bien immobilier comme certains types de tra-
vaux peuvent faire l’objet de réductions de l’impôt
Acte notarié : C’est un acte signé devant notaire, sur le revenu ou de déductions ou d’abattements
dit acte authentique. Par exemple, la promesse de sur le revenu imposable. Toutes ces dispositions
vente ou l’acte de vente peuvent constituer des sont inscrites chaque année dans la nouvelle loi de
actes notariés. finances. Pour plus de détails sur les dispositions
en cours, consultez nos fiches pratiques ou rensei-
Acte sous seing privé : Acte rédigé et signé par les gnez-vous auprès de votre centre des impôts.
parties ne nécessitant pas l’intervention d’un offi-
cier public (Notaire, huissier de justice). Avenant  : Désigne un acte complémentaire à un
contrat initial établi entre les différentes parties. Il
Acte de vente : Contrat définitif par lequel l’acqué- permet de compléter ou de modifier les clauses du
reur devient propriétaire. Il peut être appelé acte contrat initial. Ayant droit : Désigne quelqu’un qui
authentique car celui-ci est réalisé devant notaire. détient lui-même les droits ou bien qui peut faire
La signature de cet acte entraîne ce que l’on ap- valoir un droit qu’il détient d’une autre personne.

REDACTION COMMUNICATION ET PUBLICITE


Directeur de  la Publication Adama Kanté, Ndella Ndiaye,
Edité par l’Agence de Presse Africaine Omar A. Faye Aminata Tandiang
Villa 105559 Sacre Cœur 3 VDN Dakar Rédacteur-consultant Tél. : +221 33 869 88 55
B.P. 29 287 Dakar Aéroport Yoff Amadou Diouf apamarketing@gmail.com
Tél. : +221 33 869 87 87
Rédacteurs PHOTOS
afeassist@apanews.net
Edouard Touré, Aïssatou Konaté Emmanuel Mbengue,
assistante_afe@yahoo.fr
Mariama Ly, Oumar Dieng Assane Guèye
www.apanews.net
Fernand Tona, Omar faye,
MAQUETTE
DIRECTION Gagne Diouf
Edouard Garnier
Directeur Général edouardgarnier@gmail.com
Abdallah Mohamedi Ont collaboré à ce numéro :
DGA Coordonnateur Abdoulaye Sey, Mbaye Camara, IMPRIMEUR
El hadji Abdoulaye Sèye Fadieye Diop Bar BILNET www.bilnet.net.tr

63
LE PROJET DE MAGAZINE
APAmag
CONTEXTE
Le projet de Magazine APAMAG porté par l'Agence de Presse africaine (APA)
est né de la volonté d’enrichir le paysage médiatique mondial d’une vision dif-
férente et objective de l’Afrique loin des clichés habituels et de relayer le point
de vue des peuples d’Afrique sur l’avenir du monde et le rôle qu’ils souhaitent
occuper face aux enjeux et mutations actuels.

L’Agence de Presse Africaine s'étant attribué la mission de montrer à travers


la couverture de l’information une image réelle et plus juste de l’Afrique, elle
entend, dans ce projet, accompagner tous les acteurs (Institutions, ONG, OIG,
Associations, Entreprises publiques et privées, particuliers) qui œuvrent ou
qui ont un intérêt pour l’émergence et le développement durable de l’Afrique.
Elle compte ainsi nouer des partenariats avec toutes les bonnes volontés, les
décideurs et les hommes d’affaires qui partagent son combat.

A travers le monde, les pouvoirs publics, la société civile, les entreprises et les bailleurs de fonds recon-
naissent l’impact significatif des médias sur le développement social et économique durable des nations.

Nos sociétés, évoluant dans un environnement nouveau marqué par la mondialisation et le libéralisme, les
aspirations à plus de démocratie et de liberté, les évolutions technologiques, et une plus grande alphabé-
tisation des masses ont confié aux média un rôle plus prépondérant dans la gestion de la cité.

Les médias sont devenus des leaders d’opinion qui orientent au quotidien la pensée et la  perception que
chaque individu pourrait se faire de la marche du monde. Professionnels des medias, chercheurs et uni-
versitaires s’accordent tous sur le fait que l’orientation, avec laquelle les médias traitent un fait ou un sujet,
forge la vision et l’idée positive ou négative que les peuples retiennent.

Le paysage médiatique mondial actuel, mieux organisé, plus professionnalisé et disposant de moyens ma-
tériels et financiers de grande envergure, permet à tout moment de couvrir des zones plus larges et  plus
reculées, mais aussi et surtout de toucher une très grande masse d’individus.

Cependant, force est de constater que la majorité des médias internationaux ou africains, en parlant des
pays du Sud ou de l'Afrique en particulier, développe une vision empreinte d’une forte dose de préjugés
et d’à priori dans laquelle la majorité des Africains ne se reconnait pas. Elle se focalise sans cesse sur les
guerres, la pauvreté et la famine, en d'autres termes, sur une image négative de l’Afrique.

Si l'on considère que sur les 54 pays africains, quelques foyers de conflits existent encore à ce jour, la plu-
part de ces  pays sont ainsi lésés par cette méconnaissance de la réalité qui se traduit par le fait que la paix 
règne dans la majorité de ces pays et que certaines nations remportent à l'heure actuelle des succès consi-
dérables dans tous les domaines de l'activité humaine.

ENJEUX : Communiquer en vue de partager


Dans un monde globalisé et en perpétuelle mutation, la communication est devenue un outil puissant
permettant à une nation de s’ouvrir au monde et d’être mieux connue.
Les enjeux du projet APAMAG résident dans cette nécessité pour les peuples d’Afrique de communiquer
pour partager avec le  reste du monde  les réalités, les atouts/attraits et les aspirations (espérances) du
continent noir.
L’expression par les africains d’une vision objective et plus juste de leur continent et de son avenir apparaît
comme un impératif pour que se développe une  mondialisation saine, portée par des idéaux de rappro-
chement entre les peuples et de suppression de barrières sociales, culturelles et économiques.

Le projet APAMAG véhicule cinq valeurs cardinales qui sous-tendent la réalisation de ses ambitions :

m Le Partage ;
m La Multi Culturalité ;
m L’Equité ;
m L’Universalisation.
m L’intégration et l’union des peuples

L’ambition du projet est d’éveiller les consciences pour une meilleure connaissance des réalités et un dé-
veloppement durable de l’Afrique. Ainsi le projet ambitionne de rapprocher encore davantage les peuples
d’Afrique des autres nations du monde à travers un regard objectif sur tous les domaines de l’activité hu-
maine pour l’émergence et le développement du continent.

Convaincu qu’une communication plus juste sur l’Afrique dans ses dimensions les plus significatives (tech-
nique, sociale, culturelle, économique, etc.) constitue un préalable pour son développement, le projet s’est
assigné les objectifs ambitieux suivants :

m Faire connaître les points de vue des populations africaines sur l’actualité et la marche du monde ;
m Faire connaître les évolutions et avancées enregistrées sur le continent particulièrement dans
les domaines d’activité  stratégiques de développement ;
m Présenter les « success stories » africaines et dresser un panorama de cette nouvelle Afrique
qui s’active ;
m Présenter les richesses et potentialités humaines et matérielles du continent ;
m Mettre en place des plates formes d’échanges et de débats entre les populations africaines,
mais aussi avec le reste du monde.

DIMENSIONS ET PRIORITES
Faire découvrir au monde une Afrique méconnue est un chantier colossal au regard de la grande diversité
et de la complexité des situations existantes. Sans avoir la prétention d’être exhaustifs, sept dimensions
stratégiques que nous dévoilerons au fil des parutions ont été retenues compte tenu des ambitions défi-
nies, des objectifs fixés, du contexte et des mutations actuelles que connait le monde.

PARTENARIATS
La mission de l’Agence de Presse Africaine(APA) est de montrer à travers la couverture de l’information une
image réelle et plus juste de l’Afrique, en accompagner dans leur communication tous les acteurs écono-
miques et socioculturels (Institution, ONG, OIG, ASSOCIATION, Entreprises publiques et privées, particu-
liers) qui œuvrent ou qui ont un intérêt pour l’émergence et le développement durable de l’Afrique. Ainsi,
elle compte nouer des partenariats avec les bonnes volontés, les décideurs et les hommes d’affaires, bref
avec tout acteur qui partagent son combat.

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