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Scènes

n Le comédien, auteur et metteur en scène


français est à Bruxelles avec trois pièces: “Le
Porteur d’histoire”, “Intra muros” et “Edmond”.
n Trois immenses succès.

n Qui emportent le public dans les couloirs


du temps et les sillons de l’imaginaire.

Alexis Michalik,
le conteur d’histoires
Rencontre Stéphanie Bocart ‘succès’, il y a moins de fric, de pression sur la créa­ théâtre. “J’ai d’abord voulu être comédien et, en
tion, les droits d’auteur…” même temps, j’écrivais pour le plaisir.”

U
n thé fumant dans un gobelet en car­ Diplômé du conservatoire du XIXe arrondis­
ton entre les mains, Alexis Michalik, “Plus ça marche, plus je me détends” sement, il fait ses armes avec Shakespeare et au
sourire bienveillant, se prête tout en La pression, Alexis Michalik la connaît bien. Festival Off d’Avignon. “J’ai grandi là. Le Off, c’est
décontraction à l’exercice de la tour­ “Génie”, “prodige”, “ovni”, “surdoué”… La presse, ce qui m’a appris à faire des spectacles. C’est une
née de promotion auprès des diffé­ et le public, ne tarissent pas d’éloges à son culture assez simple et, évidemment, c’est pour tout
rents médias belges: il est venu de Paris présen­ égard. Il faut dire qu’à 35 ans, ce comédien, ac­ le monde. Mais, pour moi, le théâtre est un art po­
ter, lundi, ses trois pièces à voir à Bruxelles jus­ teur (de cinéma et de télévision), auteur, scéna­ pulaire, défend­il. Simplement, la majorité des
qu’en 2019 (cf. l’agenda). riste et metteur en scène est déjà auréolé de gens n’ont pas cette image­là. Or, il ne faut jamais
Avec plus d’un millier de représentations à nombreuses récompenses prestigieuses (10 oublier la personne qui n’est jamais venue au théâ­
travers le monde, Le Porteur d’histoire, sa pre­ Molière, Prix Beaumarchais du Figaro, Prix tre, il faut lui donner envie de (re)venir, il faut lui
mière pièce créée en 2011, est un succès triom­ Jeune théâtre de l’Académie française…) pour raconter de belles histoires, la faire rêver, la faire
phal. Il y a un an, sa troupe de comédiens était ses quatre créations – Le Porteur d’histoire voyager…”
venue la jouer quelques soirs à Bruxelles. (2011), Le Cercle des illusionnistes (2014), Ed­
Depuis ce mardi, elle est à nouveau à l’affiche mond (2016) et Intra Muros (2017). “Bien sûr, j’ai Un peu de Spielberg
dans la capitale, mais avec une distribution de la pression, explique­t­il, mais j’ai tellement le Son héritage familial, bercé par les histoires
100% belge (lire notre critique ci­contre). “Il n’y nez dans le travail que je n’ai pas trop de recul. d’enfance, Alexis Michalik le restitue
a rien de plus heureux et flatteur que de faire voya­ Comme les pièces s’accumulent et se montent tout aujourd’hui dans son théâtre qu’il définit un
ger un spectacle, se réjouit Alexis Michalik. Et le le temps, je passe vraiment peu comme “Spielbergien”,
faire voyager dans le monde francophone, c’est beaucoup de temps à bosser. “dans la simple envie de ra­
merveilleux. J’adore ça. Avec Le Porteur, on est al­ En fait, plus ça marche et “L’imaginaire n’a pas besoin conter une histoire un peu
lés un peu partout où il y a de la francophonie: Ma­ plus je reçois des récompen­ de moyens. On peut tout infantile, naïve, optimiste et
roc, Algérie, Liban, Tahiti, Nouvelle­Calédonie, etc.” ses, plus ça me détend. Je qui fédère un public le plus
C’est à l’invitation du Théâtre le Public suis rassuré. Après, ce sont faire au théâtre à partir large possible”. Et, précise­
qu’Alexis Michalik a remonté Le Porteur d’his­ toujours des enjeux énor­ du moment où on est sincère t­il, “la chance énorme que
toire. “Michel Kacenelenbogen (NdlR : directeur mes de faire un film ou une j’ai, c’est que toutes ces his­
du Public) m’a présenté des comédiens. J’ai vu grosse pièce. Mais si on tra­ dans le jeu.” toires sont nées de ma pro­
trois équipes et j’ai fait mon casting là­dessus. L’un vaille avec les bonnes per­ pre envie. Je n’ai jamais fait
de mes comédiens qui joue Le Porteur d’histoire à sonnes, des personnes bienveillantes, ça va être de commande. La liberté est le maître­mot dans
Paris, Patrick Blandin, est venu monter l’essentiel agréable même s’il y a du travail et que ça va être ma vie”.
de la mise en scène et moi, je suis arrivé la dernière dur.” Ses récits, il les puise dans sa passion pour
semaine pour faire du jeu, donner de la psycholo­ l’Histoire – “plus on s’intéresse à l’Histoire, plus on
gie aux personnages, etc.” S’il ressent “le même “Le théâtre est un art populaire” relativise l’importance du présent” – qu’il nourrit
plaisir à travailler avec des acteurs belges, pari­ Ce succès, vertigineux, Alexis Michalik ne de son imaginaire : “L’imaginaire n’a pas besoin
siens, lyonnais…”, Alexis Michalik reconnaît que, l’avait “évidemment pas prévu”. La clé de sa réus­ de moyens. On peut tout faire au théâtre à partir
contrairement à la France, où certains specta­ site réside sans doute dans le fait qu’il aime ra­ du moment où on est sincère dans le jeu.”
cles peuvent être joués mille fois, “les comédiens conter des histoires. Pour tous. Né à Paris en Insatiable touche­à­tout (il sortira un roman
belges jouent des pièces qui durent moins long­ 1982 d’une mère britannique, traductrice, et la saison prochaine) au rythme de vie effréné,
temps et donc, ils jouent plus de pièces, abordent d’un père d’origine polonaise, artiste­peintre, il Alexis Michalik confie toutefois avoir “besoin
plein de genres et leur expérience est démultipliée”. grandit dans le XVIIIe arrondissement. “Le soir, d’ennui pour stimuler la pompe à imagination”.
“Et ça, poursuit­il, c’est très intéressant, car avant de m’endormir, se souvient­il, mon père me En “entrepreneur” organisé – “je n’aime pas tra­
jouer une pièce cent fois en Belgique, c’est extrême­ racontait des histoires. Mes parents nous emme­ vailler tout seul, c’est triste ; j’adore être le chef
ment rare et donc, ils ont l’habitude de s’adapter naient aussi à la bibliothèque, au théâtre. Et d’équipe” –, ses multiples projets à venir sont
très facilement. En fait, je pense qu’il y a un peu comme nous n’avions pas de télé, on allait beau­ rangés dans des tiroirs “et je ne sais pas encore
moins d’égo parce que, justement, il y a moins de coup au cinéma.” Au collège, il suit des cours de quel sera le prochain tiroir que je vais ouvrir”…

42 La Libre Belgique - jeudi 15 novembre 2018


Une aventure dense
et jubilatoire
Critique Stéphanie Bocart

U
n plateau nu, un tableau
noir, cinq tabourets et
un portant avec quel­
ques costumes. Qui pourrait
croire qu’un décor aussi sim­
ple fasse autant voyager les
spectateurs? Et pourtant! De­
puis qu’Alexis Michalik a ima­
giné, en 2011, Le Porteur d’his­
toire, le succès ne s’est pas dé­
menti. Il n’est, en fait, pas
toujours besoin de décors et
de costumes grandiloquents
pour faire vagabonder les ima­
ginaires. Et cela, l’auteur et
metteur en scène français l’a
bien saisi.
Sur scène, les cinq comé­
diens – Allan Bertin, Baptiste
Blampain, Nicolas Buysse, Ju­
lia Le Faou et Sherine Seyad –,
pieds nus, pantalon noir et t­
shirt blanc, plongent immé­
diatement le public dans le
propos: “Nous allons vous ra­
conter une histoire”… Et c’est
parti pour près de deux heu­
res d’un récit haletant, pas­
sionnant où s’entremêlent
réalité et fiction, passé et pré­
sent, ici et ailleurs, narration
et dialogues. Le texte fuse; le
rythme est intense. Gare! La
moindre distraction ferait
perdre le fil de l’histoire.
1988. Il pleut des torrents.
Martin Martin débarque en
pleine nuit à Linchamps, dans
les Ardennes françaises. Son
père vient de mourir. Au cime­
tière, Martin découvre un cer­
cueil rempli de livres… Quinze
ans plus tard, dans un petit
village algérien, une mère et sa
fille hébergent un inconnu,
avant de disparaître mysté­
rieusement…
Trésors cachés et Dumas
Grâce à une très habile mise
en scène, aux rouages cinéma­
tographiques, appuyée par un
subtil jeu d’éclairages et de
fonds sonores, le spectateur
est pris dans le tourbillon de
l’intrigue. De Linchamps à
Mechta Layadat, de Paris au
DR

À 35 ans, Alexis Michalik cumule les succès avec son théâtre qu’il veut populaire au sens noble du terme. Canada, d’Alger à Marseille, on
se lance à l’aventure, tel In­
diana Jones et Adèle Blanc­Sec,
À vos agendas en quête de trésors cachés, on
fouille des bibliothèques, on
“Le Porteur d’histoire” se joue jusqu’au 31 décembre “Intra Muros” est accueilli au centre culturel d’Uccle du 6 au croise Alexandre Dumas,
au Théâtre le Public, à Bruxelles, et du 15 au 25 janvier 8 décembre, et les 20 et 21 février à Wolubilis. C’est l’histoire de Eugène Delacroix ou encore la
au Théâtre Jean Vilar, à Louvain-la-Neuve. Le pitch ? Richard, metteur en scène sur le retour, qui vient donner son premier reine Marie­Antoinette, on
1988. Par une nuit pluvieuse, Martin Martin doit enterrer cours de théâtre en prison. Mais seuls deux détenus se présentent. embarque dans une diligence,
son père. Mais la découverte d’un carnet manuscrit va le Infos et rés.: 02.374.64.84. – www.ccu.be / 02.761.60.30. – un avion, sur un bateau, on
mener dans une vaste enquête à travers l’Histoire et les www.wolubilis.be rapporte des légendes... et on
continents. Quinze ans plus tard, une mère et sa fille découvre l’amour. Un cocktail
disparaissent mystérieusement dans le désert algérien. “Edmond” sera joué à Bozar, à Bruxelles, le 29 décembre. délicieusement jubilatoire qui
Elles avaient suivi le récit d’un inconnu… Sans être biographique, la pièce retrace la difficile création fait retrouver son âme d’en­
Infos et rés. : 0800.944.44. – www.theatrelepublic.be / de la pièce Cyrano de Bergerac par Edmond Rostand. fant, celle où l’imagination
0800.25.325. – www.atjv.be Infos et rés.: 02.507.82.00. – www.bozar.be rend tout possible.

jeudi 15 novembre 2018 - La Libre Belgique 43

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