Revue de l'Art

L'architecture baroque espagnole vue à travers le débat entre

peintres et architectes
Madame Véronique Gérard Powell, Pr. Alfonso Rodríguez G. Ceballos

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Gérard Powell Véronique, Ceballos Alfonso Rodríguez G. L'architecture baroque espagnole vue à travers le débat entre
peintres et architectes. In: Revue de l'Art, 1985, n°70. pp. 41-52;

doi : https://doi.org/10.3406/rvart.1985.347533

https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1985_num_70_1_347533

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Alfonso Rodr guez de Geballos

architecture

baroque espagnole

vue travers le débat

entre peintres et

architectes

première
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Illustration non autorisée à la diffusion

La chapelle San Isidro église San Andrés Madrid Intérieur de la chapelle San Isidro détruit)
par Herrera Barniievo et Villareal 1657-1663) exemple de décoration modifiant une structure rigide
41
dans le volume Arquitectura de los siglos XVII XVIII de
la collection Ars Hispaniae3 La documentation disponible
était incomparablement plus abondante que celle de Schu
bert Le savant nord-américain donna une nouvelle structure
histoire de architecture espagnole en prenant pour centre
la Cour de Madrid qui stimulait évolution artistique et en la
suivant ensuite vers la périphérie les écoles régionales
recevaient donc relativement moins attention même si
quelques-unes comme école andalouse se révèlent beau
coup plus brillantes et spectaculaires que celle de la Cour4
Les deux panoramas sur les XVIIe et XVll siècles dressés par
les professeurs Pita Andrade et Valdivieso dans la collection
Summa rtis ont suppléé cette carence informations sur
Vue ensemble de la Chartreuse de Grenade avec le bâtiment de la sacristie sur la gauche
les développements régionaux mais les auteurs étant
pas des spécialistes sans enrichir la conception ni offrir
des perspectives nouvelles ni prétendre une vision person
nelle5
éventail des théories
II restait poser la question du baroque architectonique
espagnol en rapport avec le baroque européen Les essais
consacrés ce thème oscillent dramatiquement entre deux
pôles entre être et le non-être le tout et le rien en quelque
sorte Dans la première optique architecture baroque
espagnole bénéficie un sceau absolument distinct de celui
du reste de Europe Fernando Chueca Goitia créé le nom
architecture castiza pour différencier une architecture
profondément nationale du baroque européen il soit
italien ou fran ais Pour Chueca le casticisme est pas
autre chose que le tempérament espagnol qui partir de
racines plus biologiques esthétiques impose une série de
constantes ou invariantes qui se manifestent de la même
fa on différentes périodes de histoire de Art Comme
dans autres époques antérieures au moment du baroque
les plans des édifices demeurent orthogonaux avec les lignes
qui se croisent en équerre les espaces statiques et immo
biles les volumes simples et prismatiques Face cet
archaïsme structurel le traitement décoratif parvient un
42
paroxysme et une saturation qui pas de parallèle dans
art européen contemporain cette décoration donne le
caractère spécifique du baroque architectonique espagnol et
pour cela Chueca pas craint de le baptiser baroco-
mudéjar fig 4)6 Ceci pas rendu le baroque
espagnol meilleur ou pire que européen mais seulement
distinct autres historiens le marquis de Lozoya par
exemple entraînés par la passion nationaliste ont pas
hésité lui donner une place prééminente étant donné que
face au délire et la frénésie ornementale des fa ades
retables chapelles ch urs et camarines de Espagne le
baroque européen semble anodin froid et académique7
attitude opposée qui nie le pain et le sel au baroque
hispanique est représentée depuis peu par architecte véné
zuélien Graziano Gasparini Bien il discute de architec
ture baroque en Amérique Latine pour nier ailleurs son
existence il inclut dans son étude celle de Espagne avec
qui la première maintint sinon des liens de dépendance au
moins étroite parenté Adepte des théories qui voient
essence de architecture dans le vide spatial défini par les
murs et remarquant que ces présupposés ne se retrouvaient
pas dans architecture latino-américaine auteur conclut
radicalement on ne peut appeler baroque cette architec
ture immobile rigide et structurellement si simple tout
comme espagnole sinon en vertu de son hypertrophie
décorative8 Ce ne furent pas des historiens espagnols ou
hispano-américains qui apportèrent un contrepoids une
position si jacobine mais Kubler et Portoghesi Le
premier affirma on ne peut confondre la totalité de
architecture baroque européenne avec les structures curvi
lignes et les espaces communicants du baroque romain ou
piémontais du XVI siècle car seule Italie échappa la
règle générale des plans rectilignes et des superficies planes
qui domina le reste de architecture européenne La pénétra
tion en Europe des catégories spatiales un Borromini un
Guarini ou un Vittone fut lente et ne se critallisa au
XVII siècle dans le Rococo germanique Sous cet angle
Espagne et Amérique Latine ne furent pas des excep
tions9 De son côté Portoghesi souligna il est pas juste
de réduire architecture baroque au modèle borrominien ou
centre-européen et donc de poser de fa on restrictive idée
un baroque authentique en opposition au pseudo-
baroque de aire espagnole et hispano-américaine Le xvi
et le xvine siècle connurent bien des manières utiliser en
un sens non dogmatique le langage classique parmi eux le
mode espagnol caractérisé par son opposition entre fond et
figure espace réel et espace illusoire le premier exprimé par
le volume prismatique et le tracé orthogonal de édifice le
second par la densité et la concentration plastico-decorative
des fa ades chapelles et retables Con comme un pro
cessus oscillant entre le vide et le plein entre concentration
et dilatation ce processus finit par engendrer chez le
spectateur la sensation illusoire du mouvement intérieur
de la structure même I0
Si architecture baroque repose sur le contraste il
faudrait se demander pourquoi les architectes sculpteurs et
décorateurs ont procédé de cette manière Dans son excellent
panorama de Architecture Baroque Ibérique Yves Botti-
neau semble reprendre son compte interprétation casti-
ciste de Chueca en répondant cette question sans nier in
fluence autres causes idéologiques économiques sociales
il met emphase sur le facteur biologique et sur le tempé
rament espagnol Ainsi donc après la brève étape une
Renaissance classique importée Italie qui toucha uni
quement architecture de cour autour de Charles et
Philippe II le baroque vit de nouveau triompher une pas
sion décorative de caractère national il avait comme une
harmonie pré-établie entre cette ornementation et celle épo Illustration non autorisée à la diffusion
ques antérieures comme la mudéjare hispano-flamande et
la plateresque 11
époque de plus intense décoration architectonique en
Espagne le style churrigueresque qui coïncide avec le
dernier tiers du XVIIe siècle et le règne de Charles II le
monarque qui représente le mieux la décadence de la Maison
Autriche suggéré une autre formule qui ne relève pas
un point de vue exclusivement esthétique ou encore
moins un génie intemporel et mythique consubstantiel aux
espagnols mais de la psychologie collective de époque
conditionnée par les facteurs économiques et sociaux art
espagnol est art de seule apparence où il faut dépasser
antinomie entre la structure architectonique être et le
décor sembler pour pouvoir comprendre le phénomène dans
toute sa profondeur Les Espagnols de la fin du xvi siècle
devaient nécessairement opter pour une architecture qui
pauvre et simple dans Ses matériaux sa conception et son
coût économique continuerait cependant suggérer la per
manence de la splendeur passée grâce un déguisement
uniquement ornemental un masque en quelque sorte les Intérieur de la sacristie de la Chartreuse de Grenade 1732-1745
modèles ne venaient pas de étranger on était conscient sur im projet de Hurtado Izquierdo
de abîme du retard qui en séparait mais de la propre
tradition nationale des masques du passé12
Un essai plus récent attribué la configuration spatiale
particulière du baroque espagnol du moins dans architec
ture religieuse des raisons également religieuses Depuis le
Concile de Trente plus particulièrement édifice ecclésias
tique est un organisme soumis non pas des présupposés
purement esthétiques mais aux lois fonctionnelles du culte
et de la liturgie catholiques Ce est donc pas un hasard si
Espagne pas admis facilement la dynamique de espace
baroque italien dans la représentation de espace Cette
sécularisation de espace structuré selon des principes
esthétiques autonomes ne convenait pas aux architectes et
mécènes espagnols qui travers la multiplication des sculp
tures des fa ades et des chapelles le scintillement de or des
retables et la vive polychromie de la décoration cherchaient
une sur-excitation des sens capable de guider la piété et la
dévotion populaires ce que ne sauraient faire les concepts
abstraits de espace 13
Malgré leur intérêt évident ces points de vue ont le
défaut commun de ne pas tenir compte des auteurs de traités
et des écrivains contemporains des édifices Nous voudrions
maintenant aborder étude de ces écrits qui peuvent seuls
jeter quelque lumière sur les questions qui nous occupent

Illustration non autorisée à la diffusion
Projet de la nouvelle tour
de la cathédrale du Salvador
Saragosse par Contini
copie du dessin original se trouvant
Académie San Fernando de Madrid
Entre France et Italie
première vue les quelques Espagnols auteurs de
préceptes sur architecture paraissent aussi traditionnels et
peu progressistes que oeuvre architectonique ils veulent
soutenir théoriquement Tout comme les architectes ils
vécurent isolés et sans contact extérieur ils ne voyagèrent
ni en Italie malgré les liens politiques ni en France malgré
la proximité géographique ni encore moins dans autres
pays européens Parmi les rares exceptions Francisco de
Herrera le Jeune et José Jiménez Donoso que le théoricien
Antonio Polomino loue avec force car ils étudièrent Rome
dans la seconde moitié du XVIIe siècle 14 De leur côté les
architectes étrangers ne se rendirent pas en Espagne au
XVI siècle interrompant ainsi une tradition qui remontait
la fin du Moyen Age et qui était maintenue pendant la
Renaissance Les seules uvres commandées alors des
architectes italiens furent le Sanctuaire et Collège de Loyola
en 1682 les jésuites confièrent Carlo Fontana fig et
la Nouvelle Tour de la Cathédrale de Saragosse que le
chapitre commanda en 1686 G.B Contini obscur suiveur
de Fontana fig Sans contact avec le reste de Europe
le dos un peu tourné ce qui passait les architectes
espagnols comptèrent donc sur leurs propres forces fig
Ce panorama changea nettement mais non totalement au
XVll siècle Certes les artistes espagnols continuèrent ne
pas voyager ce que bien tardivement Académie
Royale de San Fernando fournisse une série aides et de
bourses permettant aux architectes de perfectionner leur
apprentissage Rome et Paris 16
En revanche avec avènement des Bourbons affluence
architectes fran ais et italiens augmenta continuellement
La Guerre de Succession opposa Philippe archiduc
Charles Autriche futur empereur soutenu par les Catalans
et les Valenciens il établit brièvement sa cour Barcelone
où il fit appel aux services de Ferdinando Galli Bibiena17
Nous ne pouvons pas savoir si le triomphe de Charles
Autriche aurait entraîné un changement drastique de direc
tion dans architecture ibérique que paraît ébaucher la
fa ade de la cathédrale de Valence commencée en 1703 par
Conrad Rudolf dans la manière de Borromini Mais de
toutes fa ons instauration du premier monarque Bourbon
impliqua une orientation du goût abord vers la France puis
vers Italie la suite du mariage de Philippe avec
Elisabeth Farnese et au moment où Espagne retrouvait une
présence en Italie abandonnée depuis les traités Utrecht18
Maintenue par Fernand VI et Charles III cette direction
entraîna la venue de nombreux architectes fran ais René et
Fran ois Carlier Jacques Marquei Etienne Marchand Léan-
dre Brachelieu Baltasar Deventon Etienne Espinoy et de
beaucoup plus Italiens tels Filippo Juvara Sacchetti
Virgilio Ravaglia Alessandro Procaccini Sempronio Subi-
siati Giacomo Bonavia Carlo Fraschina Giacomo Pav et
Francesco Sabatini Tous accaparèrent les hautes charges
une Cour qui par rapport celle du XVI siècle devint
beaucoup plus ouverte et cosmopolite
En conséquence cette concurrence étrangers impliqua
affaiblissement du hiatus qui avait jusque-là séparé Es
pagne du reste de Europe elle adopta une architecture de
cour plus internationale équivalente ce baroque tardif qui
se pratiquait alors en Italie ou en France fig Mais ce
panorama peut se révéler trompeur si on ne prend en
compte que cette architecture courtisane uvre étrangers
Madrid et sur les Sitios Reales îlot totalement séparé des
réalisations de la province Là le baroque castizo demeu
rait ancré dans ses formules routinières exacerbant encore
plus si cela est possible la disjonction entre structure et
décoration pour parvenir des solutions extrêmes annula
tion de une et de dissolution de autre on ne peut
comparer certains phénomènes du Rococo
Les livres utilisèrent les architectes baroques espa
gnols peuvent nous donner une première indication de leurs
préférences goûts et modèles Ce étaient pas les hommes
 barbares et ignorants imaginèrent gratuitement dans la
seconde moitié du XVII siècle les critiques de la génération
des lumières Ponz Ce Berm dez et Diego de Villanueva
Dans les inventaires conservés de quelques-unes de leurs
bibliothèques on trouve en bonne place des livres architec
ture de fortification de techniques et de mathématiques
côté de ceux de dévotion histoire et de littérature Nous
savons ainsi sa mort Alonso Cano laissait des caisses
contenant 575 kilos de livres 200 300 volumes selon
Wethey20 Architecte de la Cathédrale de Jaén Eufrasio
pez de Rojas acquit de son maître Aranda Salazar des
livres une valeur de 560 réaux Il avait pas moins de
750 volumes dans la bibliothèque de José del Olmo archi
tecte madrilène de la seconde moitié du XVl siècle venaient
ensuite celles de Teodoro Ardem ns 289 titres) José de
Arroyo 249) Pedro de Ribera 83) Antonio Ramos archi
tecte de laga 62) etc Mais ces bibliothèques étaient
guère au courant des dernières nouveautés bibliographiques Illustration non autorisée à la diffusion
étrangères en matière architecture et de construction Nos
architectes continuaient donc lire utiliser et citer dans
leurs rapports et leurs expertises les traités classiques
Vitruve Alberti Barbaro Serlio Cataneo Labaco Philibert
de Orme Vignole Palladio Scamozzi. Les plus récentes
acquisitions figurant dans les bibliothèques du XVIIe siècle
ce sont les uvres Italiens du début du siècle G.B Mon
tano et Fontana de Rubens Les Palais de Gênes et
Pompa introitus. Ferdinandi Austriaci de Caspers
Gervaets avec des planches tirées de dessins du peintre
flamand et encore ce qui est plus surprenant des traités
maniéristes comme ceux de Dietterlin Vredeman de
Vries et Blum pour le domaine flamand et allemand
la fin du XVl siècle et au début du xvil siècle apparaissent
dans les bibliothèques des architectes les uvres de Galli
Bibiena et de Pozzo mais jamais par exemple Opus
Architectonicum de Borromini ou Architettura Civile de
Guarini Mais cette époque ressent une grande curiosité pour
les monuments de la Rome antique comme moderne il est Sanctuaire de Saint-Ignace de Loyola rra sur un projet
pas rare que quelques-uns érudits ou plus fortunés tels de Carlo Fontana exemple un dessin italien modifié par les ma ons locaux
Ardem ns et Ribera possèdent les luxueux volumes de
Franzini de Rossi de Rubeis dont les splendides
gravures leur permettaient de connaître sans sortir de
Madrid les architectures de Maderno Longhi Bernin
Borromini Cortone Fontana. La littérature architectonique
fran aise est quant elle peine connue inverse de ce
qui se passera avec le Néoclassicisme en dehors de Ph de
Orme on cite seulement Jean Bullani chez Juan de Torija
Antoine Desgodetz chez le Frère Pedro Mart nez de rdena
et Charles Aviler chez Vicente Acero fig 9)
Que pensaient époque les auteurs espagnols de traités
sinon de la théorie de espace chose alors assez inimagi
nable du moins de la forme des plans et de la typologie
des édifices Frère Lorenzo de San Nicolas architecte de
ordre des Augustins influent et respecté jusque bien avant
dans le XVllle siècle écrivait en 1633 que la forme la
meilleure pour les églises était la croix latine la plus forte
remarquable et agréable la vue agréable par sa composi Illustration non autorisée à la diffusion
tion forte pour pouvoir recevoir les poussées que la hauteur
de la construction provoque et ainsi tu remarqueras que les
bras mêmes de la croix servent de contreforts aux quatre
arcs-triomphaux 21 Ce était pas pour son symbolisme
comme avait fait saint Charles Borromée que le Frère
Lorenzo recommandait la traditionnelle typologie en croix
latine mais pour son aspect fonctionnel pratique et sûr Il
ne récusait cependant pas autres types de temples ceux de
plan circulaire polygonal ou surtout elliptique on intro
duit peu peu en Espagne autres églises ovales et en
Italie habitude est prise. Ainsi la salle du chapitre de la
sainte Eglise de Seville pièce dont je doute que on en
connaisse une autre meilleure dans la forme et le plan
Mais pour réaliser ces typologies non orthogonales il
renvoyait des modèles aussi archaïques que ceux proposés
par Serlio dans son livre Et en effet les églises
elliptiques qui se construisirent en Espagne au ur du Hospice San Fernando de Madrid actuel Musée municipal)
XVII siècle ne marquèrent guère de progression face aux par Pedro de Ribera 1724) édifice un baroque castizo détail)
 Illustration non autorisée à la diffusion
Vue ensemble du Palais royal de Madrid par G.B Sachetti exemple igmatiqiie architecture baroque de Cour
Illustration non autorisée à la diffusion
Intérieur de la cathédrale Gii i.v par Acero vers 1760)
utilisation tardive Je ininas niens
modèles maniéristes de Serlio Peruzzi et Vignole22 fig 11)
Dans son Compendio de arquitectura simetr de los
templos Sim Garc architecte de Salamanque montrait
en 1681 le même archaïsme conceptuel Il écrivait existe
notre époque plusieurs formes pour faire les temples
certains les font en croix autres ronds autres carrés et
autres avec peu ou beaucoup angles de quelque sorte
ils soient ils sont de belle et bonne proportion avec
une bonne architecture ils sont dignes être beaucoup
loués Cependant il recommande que de préférence on
les construise sur un plan en croix latine ou circulaire et
on laisse les parois blanches ou stuquées parce que
est la couleur qui dans sa pureté convient le mieux au
temple et on ne le peindra pas car cela écarte âme des
choses divines 23 Ce commentaire on reconnu est
une glose pauvre et dénudée de la préface du IVe livre de
Palladio
En 1719 Bartolomé Ferrer curé un village près de
Cuenca mais amateur architecture composa un court
traité mélange de géométrie et de mathématiques élémen
taires et de conseils pratiques pour la construction Avec plus
de force que Fray Lorenzo il insiste nouveau sur la croix
latine forme privilégiée des temples dès que cela est
possible il faut faire le plan en angles droits dans un
souci de solidité et de sécurité de la construction ici Ferrer
fait donc nettement profession orthogonalisme et sa
construction de murs se croisant en équerre est conforme
la tradition castiza espagnole24
Plus avant dans le xvn siècle Agust Bruno Zaragoza
se montra plus drastique encore dans la restriction des
typologies de temples admettant que le plan en croix
latine avec ou sans chapelles latérales pas églises circu
laires polygonales ou elliptiques Il nous ramène au Gesù de
Vignole comme prototype parfait église montrant ici et par
autres détails sa prédilection pour un auteur déjà archaï
que25
 De leur côté dans les constitutions synodales ou dans les
conciles provinciaux célébrés périodiquement dans les dio
cèses depuis le Concile de Trente les autorités ecclésias
tiques imposèrent pas usage un type déterminé église
Nous avons rencontré un cas celui du dominicain Frère
Alonso de Santo Tom évêque de Malaga et fils supposé
de Philippe IV qui écrivait en 1664 Quand il faudra dans
cet évêché construire une église en particulier paroissiale
nous ordonnons que. pour le plan on consulte les maîtres
les plus experts et on la fasse si cela est possible en
forme de croix26 Rappelons que le Concile de Trente qui
avait contrôlé usage des images ne légiféra pas sur la
construction des églises laissant la liberté du choix aux
prélats de chaque diocèse
Si les écrits espagnols contemporains sont peu explicites
sur la question de la forme et du plan des églises ils sont Illustration non autorisée à la diffusion
plus abondants et éclairants sur le problème de ornement
Cependant ils optent pas priori pour une ornementation
profuse et sans discernement il établit sur ce point un
authentique débat entre les purs architectures et les sculp
teurs ou peintres devenus architectes il montre que ce ne
fut peut-être pas pour des raisons de tempérament ou cause
de constantes casticistes que se développa hypertrophie
décorative propre architecture baroque espagnole mais
plutôt cause de intrusion de personnes étrangères la
profession ils suivaient en cela une pratique italienne
consacrée depuis la Renaissance
La première phase de architecture du xvi siècle en
Espagne est on le sait bien encore très austère sans
ornementation ou presque elle se réduit aux ressauts et aux
bandeaux géométriques très abstraits sans profondeur qui
se combinent avec utilisation de pilastres plutôt que de l
colonnes libres ou engagées Cette première étape devrait en 10 Retable de saint Jean Evangeliste couvent Santa Paula de Seville
par Alonso Cano et Martine Monta és 1635-1637)

Illustration non autorisée à la diffusion

11 Ancienne église du collège jésuite de San Hermenegildo Seville par Pedro Sanchez une structure elliptique encore inaniériste
2e marché XVIe s.)
 Illustration non autorisée à la diffusion
stS
12 Fa ade de la cathédrale de Grenade par Afonso Ca 1667) une architecture de grande échelle
dessinée par un peintre
réalité appeler classiciste ou dans quelques cas manié-
riste quand elle est teintée de rappels de ce goût mais
absolument pas baroque ou même protobaroque 27 Cette
opposition ornement partit de Juan de Herrera il faut
considérer comme un architecte pur ou un architecte-ingé
nieur qui concevait son métier comme une discipline tech
nique fondée essentiellement sur les mathématiques la
mécanique et expérience de la construction Comme
jugé Catherine Wilkinson attitude de Herrera face
architecture était pas celle caractéristique de la Renais
sance italienne La croyance en unité des arts fondée sur
le dessin et équivalence entre peinture sculpture et archi
tecture défendue par Alberti et popularisée par Vasari ne
joua de rôle important ni dans sa formation ni dans le
déroulement de sa carrière Son attitude abstraite et intellec
tuelle face architecture le conduisit éliminer virtuel
lement ornement de ses édifices Si donc la composition
architectonique reposait sur les mathématiques et la tech
nique il avait alors guère de place pour le dessin
expression de la liberté fondamentale de artiste imaginer
et de créer de nouvelles formes28
Une problématique rebondissements
Cette position fut maintenue par ses disciples et suiveurs
immédiats Francisco de Mora Juan mez de Mora et José
de Villareal occupant successivement le poste architecte
des chantiers royaux ils influencèrent architecture de la
Cour celle de Madrid et même celle de toute Espagne
pendant le premier tiers du XVI siècle Conservant pendant
tout ce temps avec quelques variantes et retouches la
formule classique de Escoriai cette attitude infléchit avec
arrivée Madrid en 1638 du peintre et sculpteur Alonso
Cano qui donnait aussi dans architecture Cano était un
ornemaniste né déjà dans les retables sévillans il avait
utilisé un type particulier de décoration et fait évoluer le
cartouche de la rigidité maniériste vers la sensualité flexible
et sinueuse de Ohrmuschelstil ou du style auriculaire
baroque fig IO)29 Mais toute cette imagination dans le
décor de architecture fig 12 répondait une incapacité tech
nique calculer les structures il se dédia donc de préfé
rence aux architectures éphémères décorations funèbres ou
arcs triomphaux et aux retables de bois qui exigeaient pas
de grandes connaissances techniques mécaniques ou mathé
matiques En 1653 Juan mez de Mora en opposition
radicale avec lui opposa sa nomination comme architecte
de Alc zar de Tolède et proposa Felipe zaro Goiti solide
maître-ma on il considérait Cano comme un grand
peintre. qui dessine avec grande habileté toutes sortes de
retables uvres assemblage et ornements il doutait
sérieusement de ses capacités techniques30 Effectivement
cette déficience fut plus tard confirmée quand se lézarda un
des arcs triomphaux de église du Saint-Ange construite par
Cano Grenade31
Cette divergence entre mez de Mora architecte pur
la manière Herrera et Cano peintre décorateur archi
tecte occasion ne semble pas avoir été unique autres
conflits sont connus tel celui qui opposa nouveau mez
de Mora et le peintre et décorateur italien Giovanni Battista
Crescenzi examiné en détail par Taylor32 ou ceux de
Velazquez avec certains chantiers de Alcazar madrilène33
Mais de toutes manières le triomphe de architecte-artiste
la manière italienne sur architecte purement technique et
donc celui de architecture fortement décorée sur architec
ture décharnée de Herrera et ses epigones semble être
définitivement consolidé en 1662 quand Sebasti Herrera
Barnuevo peintre et décorateur disciple de Cano fut
nommé architecte des chantiers royaux34 fig et Dans
une lettre la reine-mère Do Mariana de Austria le duc
de Pastrana critique de fa on significative cette nomination
Don Sebasti bien il eût des idées si fécondes pour les
tâches il exer ait manquait des connaissances nécessaires
un architecte élément essentiel de cette occupation est
une connaissance pratique de art de bâtir nécessaire pour
la sécurité des constructions et leurs bonnes proportions qui
doivent reposer avant tout sur la fortification et sur elle les
décors nécessaires sans elle et sans eux on ne peut bien
construire35
est alors que commen un débat entre deux fronts
opposés celui des architectes techniques et pratiques issus
du corps des tailleurs de pierre certains entre eux
auteurs de traités et théoriciens de la construction condam
naient abus de décoration et insistaient sur la solidité de
édifice et celui des architectes-artistes venant de la
sculpture en bois et en pierre de la peinture de assem
blage domaines qui pla aient la fantaisie du dessin avant les
aspects techniques et pratiques du chantier
Frère Lorenzo de San Nicolas déjà cité est peut-être le
paradigme le plus clair de la première position Il écrit
Très facilement un Peintre un Orfèvre un Sculpteur un
Assembleur un Sculpteur sur bois gagnent les bonnes grâces
un prince de architecture tous connaissent le décor
extérieur et de cette manière ils ornent un retable une
fa ade ou leur plan avec un très bon dessin et une bonne
disposition. mais voir la virtuosité une peinture
avec la force un édifice et la construction un retable
avec la taille des pierres et il poursuit sa confrontation36
Le peintre Francisco Pacheco gendre de Velazquez semble
lui répliquer Beaucoup de bons peintres ont étudié
dessein architecture et si je disais ils ont été les meilleurs
architectes il me semble que je ne me tromperais pas Parce
que est une chose sûre celui qui est un heureux dessina
teur enrichit et orne avec plus élégance ses plans alors que
ceux qui étudient architecture sont le plus souvent des Illustration non autorisée à la diffusion
tailleurs de pierre des ma ons et des charpentiers qui
apprennent dans les livres les mesures mais non pas les
ornements ou les enjolivements des cadres cartouches
vignettes les ornements fantaisistes élégance des couron
nements les festons grotesques mascarons séraphins et
mille autres enjolivements utilisent les peintres et les
sculpteurs37
Juan de Torija se situe dans la lignée de Frère Lorenzo
dans son traité écrit en 1661 il se plaignait amèrement
certainement cause du triomphe la cour des architectes-
artistes sur les architectes purs de ce que déjà dans An
tiquité les sculpteurs Miron Phidias Polyclète et Lysippe
avaient grâce des astuces obtenu noblesse et renommée
et de ce au contraire on avait mal estimé cense
Ephèse et Vizancio sic) architectes authentiques et éme-
rites Beaucoup de menteurs se piquent être architectes
et ils ne sont ni ma ons corrects ni tailleurs de pierre est
par intermédiaire de ceux qui leur font les plans les dessins
ou les modèles ils emparent des chantiers comme on le
voit tous les jours38 Torija faisait peut-être allusion aux
interventions de peintres comme Jiménez Donoso Herrera
le Jeune et Francisco Rizi dans les projets de quelques 13 Eglise du Sagrario de la cathédrale de Seville projetée par Zuinarraga
constructions madrilènes de la seconde moitié du XVIIe siè décorée par de Arce et Börja 1617-1662)
cle ils en furent cependant pas juridiquement respon
sables ayant pas signé de contrat devant un notaire public
En effet Antonio Palomino place certains peintres dans la
catégorie des architectes illustres en leur attribuant des
uvres où ils intervinrent que de la fa on subreptice
dénoncée par Torija ils fournirent des plans et des dessins
ornementaux mais les uvres furent techniquement réali
sées par des architectes comme Tom Rom Casa de la
Panader a) Rodrigo Carrasco cloître du couvent de Santo
Tom s) Marcos pez église de Saint Louis évêque et José
del Olmo retable de la Sagrada Forma la Sainte Hostie dans
la sacristie de Escoriai)39
Torija prit une position encore plus claire quand en 1661
il fut appeler se prononcer sur certaines erreurs techniques
dans église du Sagrario de la Cathédrale de Seville fig 13
Il rejeta avec mépris avis du frère jésuite Francisco az
del Rivero retablier et décorateur parce il était étranger
ce métier et cette profession architecture son tour
architecte de Alcazar de Seville Sebastian de Ruesta
attribuait les lézardes apparues sur les murs excès de
décoration rajoutée édifice décoration il critiquait
ainsi Et encore plus quand je vois on mélange
architecture ancienne qui naquit en Grèce et Rome avec
architecture fran aise et gothique ce qui est aussi difficile
que unir harmonique et le chromatique et pour cela on
obstine jeter pêle-mêle statues ornements ouvrir des
fenêtres faire des parapets et des couronnements40 Pour
Ruesta le renouveau décoratif du baroque espagnol dans la
seconde moitié du XVl siècle équivalait une résurrection
du gothique flamboyant fran ais
est dans cette même lignée de rejet de la décoration
il faudrait placer le moine bénédictin Frère Pedro Mart
nez de rdena qui devint architecte de la cathédrale de Illustration non autorisée à la diffusion
Burgos
Ses écrits malheureusement perdus étaient consacrés
la géométrie aux mathématiques au génie hydraulique la
construction et le pla aient sans doute dans le courant des
architectes purs Il blâmait utilisation par les architectes
modernes des colonnes salomoniques des est pites et
autres ornements ridicules41 Le rapport encore inédit
il fit en 1720 sur le sanctuaire de Loyola confirme sa
critique de ornementation sans mesure Au cas où
édifice comporterait une décoration je dis que la sculpture
sur bois est pas une impropriété condition être utilisée
avec modération sélectionnée et placée avec symétrie et
proportion Elle sera bien placée lorsque sans confusion ni
entassement elle sera répartie et placée avec ordre et pro
portion provoquant une sensation autorité plutôt une

15 Sagrario de la cathédrale de Grenade

par Hurtado et de Bada

curiosité particulière impertinente et excessive que des

Illustration non autorisée à la diffusion
14 Catafalque de la reine Marie-Louise Orléans
par Churriguera gravé par Ignacio de la Iglesia 1689)
triomphe de architecture éphémère sur architecture réelle
50
cartouches ne interposeront pas aux membres car toutes
ces manières sont davantage le fait des devantures et des
garnitures de peinture que des uvres sérieuses41
La polémique sur ornement se poursuivit donc au
XVII siècle le lien inondant chaque jour davantage archi
tecture le triomphe des dessinateurs décorateurs sur les
architectes purs se consolidait En 1735 José de Arce
géomètre et ingénieur en plaignait ainsi je ne puis
imaginer un de si ignorant il ne sache pas la
différence entre le spéculatif et le pratique dans cette
discipline Architecture il manque de pratique
quel il soit le meilleur le très studieux dessinateur
spécialiste de plans et de lignes ne peut rivaliser avec qui la
possède. car dans ce cas tous les Peintres seraient des
architectes constructeurs que expérience le dise et la
fausse le on de ceux qui parfois ont voulu construire sans
posséder la pratique 42 Mais face cela et bien que grâce
ses études au Collège Impérial des Jésuites il soit un
architecte tout fait formé dans les questions techniques
Théodore Ardemans prit une voie conciliatrice tout en
reconnaissant la valeur des connaissances théoriques et
pratiques que la profession exigeait il préférait cependant
architecte qui ajoutait une habileté au dessin propre aux
peintres comme preuve il reprenait les doctrines de Vasari
et Lomazzo sur le propos Pour lui il ne faisait pas de doute
que architecte qui serait davantage décorateur serait
artiste plus universel est ce que furent en Italie Michel-
Ange Raphaël Bernin Borromini Cortone etc. et en
Espagne Velazquez Alonso Cano Herrera Barnuevo Fran
cisco Rizzi Jiménez Donoso et Churriguera tous la fois
grands architectes et excellents dessinateurs et peintres
fig 14 et 16
Cette anthologie incomplète de textes sur le débat entre
peintres et architectes entre structure architectonique et
décoration a-tectonique doit inclure un passage de Anto
nio Ponz écrit dans la seconde moitié du XVll siècle
malgré ses préjugés déjà néo-classiques sur le baroque il eut
une claire intuition du problème que nous avons ébauché En
1773 il écrivait Quelques-uns ont cru que les peintres
furent la cause de la dégénérescence en Espagne de archi
tecture vers étranges ornements depuis ils se consa
crèrent exercer comme une chose dépendant entièrement
de leur profession On dit la même chose des sculpteurs mais
je ne veux rien dire sur ce point connaissant les grands
architectes en différentes époques ont été des sculpteurs
et des peintres44
Ainsi les textes contemporains aident élucider la raison
de certaines constantes castizas particulières qui différen
ciait architecture baroque espagnole La frénésie décorative
ne paraît pas plus due aucun facteur biologique ou de
tempérament au topique de la tentation mudéjare Elle fut
plus simplement la conséquence portée certes un extré
misme démesuré une interrogation de la Renaissance ita
lienne déjà présente chez Alberti et popularisée par Vasari
face la notion vitru vienne de architecture rigide et
fermée il eut la tendance considérer que cette discipline
forme avec la sculpture et la peinture les trois branches un
art unique intrusion dans architecture baroque espagnole
de sculpteurs sur bois et sur pierre ensembliers de
dessinateurs et de peintres lui donna une liberté et une
fantaisie inventive pour dessiner des détails ornementaux
qui de nombreuses fois la mirent en danger en défiant les
lois de la statique Face audace des projets de Francisco
Hurtado pour le Sagrario de la Cathédrale de Grenade
fig 15) José Badia écrivait II dû estimer que les pierres
seraient aussi légères que ses idées et que son uvre pensée
serait aussi facile mettre en exécution que son idée
élever45
II reste que cette motivation fondamentale ne doit pas
empêcher ajouter comme catalyseurs le retour la tradi
tion le camouflage une triste réalité politique et sociale ou
la particulière sensibilité religieuse comme ont pensé les
auteurs Mais de ceci nous avons pas trace dans les écrits
des architectes

OTTO SCHUBERT Geschichte des Barock in Spanien Esslin-
gen 1908 Le livre fut traduit assez tard Historia del Barroco
en Espa Madrid 1924
KOBLER Art and Architecture in Spain Portugal and
their American Dominions 1500-1800 Hardmonsvvorth 1949
KUBLER Arquitectura de los siglos XVII XVIII Ars
Hispaniae XIV Madrid 1957
Dans un livre remarquablement illustré BONNET CORREA
récemment étudié ensemble de architecture andalouse
Andaluc Barroca Barcelone 1978 Trad fr. Le Baroque
Andal 1980
PITA ANDRADE HERN NDEZ AZ J.J MART
GONZ LEZ La escultura la arquitectura espa olas del
siglo XVII Summa rtis XXV Madrid 1982 VALDIVIESO
CAM AZNAR MORALES Arte espa ol del siglo XVIII
Summa rtis XVI Madrid 1984
CHUECA Invariantes castizos de la arquitectura espa ola
Madrid 1947 rééd 1971) CHUECA Desgracia triunfo
del barroco Revista de la Universidad de Madrid Numero
spécial sur le baroque) XI 1962 pp 295-320
de CONTRERAS marquis de LOZOYA El barroco acadé
mico el barroco hisp nico Revista de la Universidad de
Madrid IX 1962 pp 250-293
GASPARINI Encuesta sobre la significaci de la arqui
tectura barroca hispanoamericana Bolet del Centro de
estudios lust ricos estéticos de la Universidad de Caracas
1964 pp et sq ID. Significado de la arquitectura barroca
en Hispanoamérica ibid. 1965 Id. An lisis cr tico de la
historiograf arquitect nica en América ibid. 1967 ID
Aniénca barroco arquitectura Caracas 1972
KUBLER El problema de los aportes europeos no
ibéricos en la arquitectura colonial latinoamericana Bolet
del Centro de investigaciones liist ricas estéticas de la Univer
sidad de Caracas 1968 pp 104-116
10 PORTOGHESI La contribuci americana al desarollo de
la arquitectura barroca ibid. 1968 pp 137-148
11 BoTTiNEAU Baroque ibérique Espagne Portugal
Amérique Latine Fribourg 1969
12 DAMISCH oeuvre des Churriguera La catégorie du
Masque Annales E.S.C. 1960 pp 466-484 GALLEGO
repris le concept de masque en appliquant urbanisme
espagnol madrilène en particulier urbanisme de Madrid au
xvnu siècle in Urbanisme de Paris et Europe 1600-1680
Paris 1969 pp 251-265 Par ailleurs dans son livre Les
membres du Conseil de Castille époque moderne Genève
1979 Janine FAYARD semble donner raison hypothèse de
Damisch car les maisons des Conseillers de Castille corps
privilégié de administration de la nation étaient apparence
simple et de pauvre architecture alors que les intérieurs étaient
somptueusement décorés de riches tapisseries tableaux meu
bles orfèvrerie dans lesquels pour paraître ils investis
saient une bonne partie de leurs biens
13 PALM ber die Struktur der spanischen Kirche im 16-
18 Jahrhundert Acros del Congreso Internacional de
Historia del arte II Grenade 1977 pp 531-532
14 PALOMINO VELASCO El parnaso espa ol pintoresco
laureado Madrid 1724 éd Aguilar Madrid 1947 pp 1020 et
1037
15 Cependant Fontana et G.B Contini envoyèrent leurs
projets depuis Rome sans jamais venir en Espagne voir ce
sujet HELMUT HAGER Carlo Fontana and the Jesuit Sanctu-
ray of Loyola Journal of the Warburg and Courtaiild Insti
tutes XIX 1956 pp 64-78 RODR GUEZ DE CEBALLOS
La Torre Nueva de G.B Contini en Zaragoza Bracara
Augusta 1973 pp 39-50 CANELLAS LOPEZ La torre
campanil de San Salvador de Zaragoza Saragosse 1975
16 Cf BEDAT Académie des Beaux-Arts de Madrid
1744-1808 Toulouse 1974 pp 211 et sq. Alicia QUINTANA
La arquitectura los arquitectos en la Real Academia de Bellas
Artes de San Fernando 1744-1774 Madrid 1983 pp 93 et sq
17 Cf VOLTES Bou Barcelona durante el gobierno del
archiduque Carlos de Austria 1705-1714 vol. Barcelone
1963-1970
18 Cet aspect de la première moitié du xvinu siècle été très
bien étudié par BOTTINEAU dans son livre déjà classique
art de cour dans Espagne de Plulippe 1700-146 Bor
deaux 1960 Voir la mise jour faite par auteur art de
cour dans Espagne de Philippe Mise au point 1962-1982
Mélanges de la Casa Velazquez. XVIII/1 1982 pp 477-493
19 Bien que tardivement est alors arrivent en Espagne
les échos de architecture romaine du xvi siècle et de
architecture piémontaise des xvn-xvmc siècles Sur influence
du Bernin voir mon introduction la traduction espagnole du
livre de HIBBARD Bernini La huella de Bernini en Espa a)
Madrid 1982 pp VI-XXX influence de Borromini fut plus
profonde que celle que fait voir BAZIN influence de
Borromini dans les pays hispaniques Studi sul Borromini
Rome 1967 convegno di studi Borrominiani pp 419-425
sur influence de Guarini voir CHUECA GOITIA Guarini
el influjo del barroco romano en Espa Portugal Guarno
Guarini internazionalità del Barocco Atti del Convegno
internazionale 1968 II Turin 1970 pp 523-540
20 WETHEY Alonso Cano painter sculptor architect
Princeton 1955 21 trad esp. Madrid Alianza 1983)
21 de SAN NICOL Arte uso de arquitectura Primera
parte Madrid 1632 éd utilisée Madrid 1736 pp 48-52 La
fuerte vistosa agradable la vista agradable por su
composici fuerte por recibir en los empujes que la altura
de la obra haze as hallar que los cuatro arcos torales
sirven de estribos los mismos brazos de la cruz Hay otras
iglesias aovadas en Espa que nuevamente se van introdu
ciendo en Italia se acostumbran. como lo est la Sala del
Cap tulo de la Santa Iglesia de Sevilla pieza que no dudo ne
se conozca otra mejor en su forma traza
22 Voir ce sujet mon article Entre Manierismo Barroco
iglesias espa olas de planta ovalada Goy 1983 pp 98-107
23 Sim GARC Compendio de arquitectura simetr de los
templos Salamanque 1681 éd fac-similé un mss conservé
la Bibliothèque Nationale de Madrid Churubusco Mexique)
1979 ff 49-50 et 52-55 Son en nuestros tiempos varias las
formas que se hacen de templos porque unos los ponen en cruz
otros redondos otros cuadrados otros con pocos muchos
ngulos de cualquier suerte si est con bella buena propor
ci con buena arquitectura son dignos de loar mucho el
blanco porque es el color que conviene al templo en su
puridad no se pintar porque con esto se aparta el nimo de
las cosas divinas
24 FERRER Curiosidades tiles. Tratado geométrico el
curioso arquitecto cartilla de arquitectura Madrid 1719
114 la planta ha de hacerse en ngulos rectos siempre que
fuere posible Cf Maria Merced SONZ El tratado de
arquitectura de Ferrer 1719) Revista de Ideas Estéticas
36 1978 pp 111-129
51
25 Athanasio BRIZGUZ BRU Agust Bruno Zaragoza)
Escuela de arquitectura civil Valence 1738 pp 98-100
26 Constituciones Synodales del Obispado de laga flechas
ordenadas por el Rmo Sr Dn Fr Alonso de Santo
Thomas... Seville 1674 Livré III titre Quando en este
Obispado se hubiere de edificar alguna Iglesia especialmente
Parroquial mandamos que. para la traza se consulten los
maestros expertos se haga si pudiere ser en forma de
27 SANCHO CORBACHO et CHUECA ont utilisé la dénomi
nation protobaroque pour architecture andalouse du pre
mier tiers du xvne siècle et moi aussi pour la même période
Salamanque Sur ce problème et option classiciste au
xvne siècle voir MARIAS En torno al problema del Barroco
en la arquitectura espa ola Studi in onore di Argan II
Rome 1984 pp 46-55
28 WILKINSON Observations on Juan de view
of architecture Studies the History of Art El Greco Italy
and Spain no 13 Washington 1984 pp 181-185
29 Cf mon article Motivos ornamentales en la arquitectura
espa ola entre Manierismo Barroco Acras del
Congreso Internacional de Historia del Arte II Grenade 1977
pp 560-567 Ce type de décor fut utilisé Seville par des
retabliers devenus architectes tel Juan de Oviedo et des
peintres convertis en stucateurs et décorateurs comme Fran
cisco de Herrera le Vieux Cf Victor ESCOLANO Juan de
Oviedo de la Bandera Seville 1977 et MART NEZ RIPOLL
Francisco de Herrera el Viejo Grenade 1978
30 MARTIN GONZ LEZ Arte artistas del siglo XVII en
la Corte Archivo Espa ol de Arte XXXI 1958 pp 125-
142 pintor grande. que traza todo género de retablos otras
obras de ensamblaje adornos con gran primor
31 Voir René TAYLOR El arquitecto José Granados de la
Barrera Cuadernos de Arte de la Universidad de Granada
1975 pp 5-23 qui fait une importante révision de la carrière
architecturale de Cano
32 TAYLOR Juan Bautista Crescencio la arquitectura
cortesana espa ola 1617-1635 Academia Bolet de la Real
Academia de Bellas Artes de San Fernando XXXXVIII
1979 pp 61-126
33 BONET CORREA Velazquez arquitecto decorador
Archivo Espa ol de Arte XXXIII 1960 pp 225-227
Illustration non autorisée à la diffusion
16 Projet de J.B Churrigiiera pour le tabernacle de église de Dos Barrios Tolède)
52
34 Sur Herrera Barnuevo voir WETHEY Sebasti de
Herrera Barnuevo Afiares del Instituto de Arte Americano
Investigaciones Estéticas 1958 pp 13-41 ID. Decorative
projects of Sebastian de Herrera Barnuevo The Burlington
Magazine LXXXXVIII 1956 pp 41-46
35 Lettre citée par TOVAR MARTIN Arquitectos madrile os
de la segunda mitad del siglo XVII Madrid 1975 101 Don
Sebasti aunque ten tan fecunda idea para los ejercicios que
trataba no le asist noticia necesaria para maestro de obras
que lo principal de esta ocupaci es un conicimiento pr ctico
de fabricar es necesario para la seguridad de las bricas
proporciones de ellas que se deben fundamentar primeramente
en la fortificaci en ella los adornos necesarios sin ella
sin ellos no se puede fabricar bien
36 de SAN NICOL Arte uso... pp 258-259 Gana
un Principe la voluntad muy de ordinario un Pintor un Platero
un Escultor un Ensamblador un Entallador todos estos
entienden de Arquitectura en quanto su ornato exterior as
adornan un retablo una fachada la traza de esto con muy
buena traza disposici n. Pero qué tiene que ver la bizarr
de una pintura con la fortaleza de un edificio qué ios cortes
de un retablo con los cortes de canter
37 PACHECO Arte de la Pintura Seville 1649 éd
F.J NCHEZ CANT Madrid 1956 349 Muchos
valientes pintores han estudiado la Arquitectura de prop sito
si dixese que han sido los mejores arquitectos no me parece
errer a. Porque el que es aventajado dibuxador cosa cierta
es enriquece adorna gallardamente sus trazas siendo
ordinariamente los que estudian arquitectura canteros alba iles
carpinteros los quales aprenden de los libros las medidas pero
no los adornos ni los galas de los recuadros cartelas tarjas
ornatos caprichosos bizarr de los remates festones gru
tescos mascarones serafines otras mil galas que usan los
pintores escultores
38 DE TORUA Breve tratado de todo género de vedas
Madrid 1661 pp 30-31 rééd fac-similé Madrid 1981
Muchos embusteros se precian de arquitectos no son
razonables alba iles ni canteros que por medio de algunos que
les hacen trazas dibujos modelados como cada dia se ve
se alzan con las obras
39 Teodoro FALCON El Sagrario de la Catedral de Sevilla
Seville 1977 pp 94 102-103 Nous savons que Ruesta était
un grand mathématicien et cosmographe attaché la Casa de
Contrataci Bourse de Commerce de Seville un exemple
donc architecte-ingénieur voir LLAGUNO AM ROLA
Noticia de los arquitectos arquitectura de Espa IV
Madrid 1829 50 rééd Fac-similé Madrid 1977
Archivo Hist rico Nacional Madrid
40 LLAGUNO op cit. IV pp 118-122 mas cuando
veo mezclar arquitectura antigua que naci en Grecia Roma
con la arquitectura francesa tica queriendo hacer con elle
nuevas composiciones es tan dificultoso como el unir lo
arm nico con lo crom tico para esto se van empe ando en
echar estatuas adornos abrir ventanas pretiles remates
voir Carlos SAMBRICIO La cr tica barroca en la primera mitad
del siglo XVIII Actas del Congreso Internacional de
Historia del Arte Grenade 1977 II pp 560-563
41 Fragment un document inédit conservé dans les archives
du Collège-Sanctuaire de Loyola aimablement communiqué par
le Père de Hornedo En caso de que el edificio vaya
hecho con decaraci digo que no le es impropia la talla como
sea moderada selecta colocada con simetr proporci n.
Bien colocada ser cuando sin confusi ni tropel estuviere
repartida asentada con orden proporci que cause
autoridad que curiosidad particular impertinente nimia que
no se interponga los miembros en forma de tarjetas porque
estas maneras ser propias para escaparates guarni
ciones de pinturas que para obras serias
42 Joseph Alonso de ARCE Dificultades vencidas curso
natural en que se dan reglas especulativas para la limpieia
aseo de las calles de esta Corte Madrid 1735 prologue No
puedo suponer tan ignorante quien no sepa la diferencia que
hay entre el especulativo pr ctico de esta Facultad el muy
estudioso mayor dibujante tracista delineante pues el falto
de pr ctica cualquiera que sea no compite con el que la tiene.
porque en tal caso todos los Pintores ser an arquitectos fabriles
galo la experiencia tocado escarmiento de los que alguna
vez quisieron fabricar sin haber practicado
43 ARDEM NS Dec nraci e-v ensi sobre las Orde
nanzas que escribi Juan de Torija... Madrid 1971 pp 91-110
voir mon article Las Ordenanzas de Madrid de don Teodoro
Ardem ns sus ideas sobre la arquitectura Revista de Ideas
Estéticas CXIV 1971 pp 5-22
44 PoNZ Viaje de Espa II Lettre Madrid 1773 éd
Aguilar Madrid 1947 172 Algunos han creido que los
pintores fueron motivo de que en Espa degenerase la arqui
tectura en extra os adornos desde que dieron ejecitarla como
cosa que depend enteramente de su profesi Lo mismo
dicen de los escultores pero yo no quiero decidir este punto
sabiendo los grandes arquitectos que ha habido en varios
tiempos escultores pintores
45 Encarnaci ISLA MINGORANCE José de Bada arquitecto
andaluî. Grenade 1977 555 hubo de juzgar que las
piedras ser an tan ligeras como los pensamientos que su
pensada obra ser cil de ponerse en execuci como de
levantarse su idea