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Résumé. – Le bilan clinique de la voix est un bilan fonctionnel. Ses buts sont de poser un diagnostic lésionnel,
de déterminer les incapacités fonctionnelles qui en découlent et d’apprécier le handicap que cela représente
pour la vie du patient. Il repose sur l’interrogatoire du patient, l’analyse de sa voix et l’examen du système de
production vocale. Les conclusions du bilan résultent de la confrontation de ces différentes étapes resituées
dans le contexte du patient et permettent l’organisation de la prise en charge thérapeutique.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Introduction
« La voix est un support acoustique, la parole est une forme imposée
au son laryngé, image des cavités de résonance. » [45] Elle est à la base
du moyen de communication orale spécifique à l’homme. Pour la prise
en charge des troubles de la voix, l’examen de l’appareil vocal,
l’évaluation de son fonctionnement et l’étude de la production
acoustique sont fondamentaux. Cependant, seule l’analyse globale de
la phonation restituée dans le contexte de la vie du patient permet de
comprendre les fluctuations de la performance vocale et les
symptômes sensoriels non accessibles aux mesures objectives (fig 1).
Bilan clinique
BILAN FONCTIONNEL
Au niveau lésionnel, l’analyse des rapports entre les différentes
structures participant à la production vocale et leur fonctionnement
permet de déterminer le mécanisme physiopathologique de la
dysphonie et de poser un diagnostic fonctionnel.
Celui-ci est différent du diagnostic étiologique qui est
spécifiquement médical et repose essentiellement sur l’endoscopie.
Au niveau de l’incapacité, l’étude de l’altération des caractéristiques 1 Situation du bilan vocal : appareil vocal ; utilisation par le patient de l’appareil ;
de la voix et de la réduction des performances vocales permet la voix, support du message ; contexte de l’utilisation.
d’évaluer l’importance du trouble et son impact sur les différentes
fonctionnalités de la voix.
Tableau I. – Le bilan vocal est un bilan fonctionnel.
Au niveau du handicap, les difficultés vocales, confrontées à la vie
quotidienne, permettent d’apprécier les conséquences relatives à la Niveau Démarche d’analyse clinique Conclusion
dysphonie sur les activités du patient. Lésion Structure ↔ Fonctionnement Mécanisme
Le résultat de cette analyse, globalisée par le clinicien, relativisée ↔ Dysphonie
par rapport au ressenti du patient, est à la base des décisions Incapacité Voix ↔ Performances vocales Sévérité
thérapeutiques (tableau I).
Handicap Trouble vocal ↔ Vie quoti- Contexte
Elle nécessite un apprentissage spécifique pour acquérir une habileté dienne du patient
clinique [5, 43, 44].
Clinicien ↔ Patient
Toute référence à cet article doit porter la mention : Woisard-Bassols V. Bilan clinique de la voix. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Oto-rhino-laryngologie, 20-753-A-10,
2000, 12 p.
20-753-A-10 Bilan clinique de la voix Oto-rhino-laryngologie
Ceci est lié, entre autres, au fait que la normalité fonctionnelle est
relative au niveau de performance dont le sujet a besoin pour
Ma voix est actuellement (telle que je la ressens) : 2 Échelle bipolaire d’auto-
estimation vocale.
réaliser ses activités, à la grande variabilité de la production vocale reposée fatiguée
aussi bien interindividuelle qu’intra-individuelle avec son aspect
psychologique, à l’aspect « esthétique » de la voix qui est également pénible facile
Ce bilan est plus ou moins complet en fonction de ses indications. faible puissante
Il est adapté en fonction de ses objectifs (diagnostique, pré- ou post-
féminine masculine
thérapeutique, ou recherche clinique), des pathologies (avec, comme
cas particuliers, les voix neurologiques ou les voix sans corde
vocale [12, 17, 27]), des caractéristiques du patient (comme pour les Les performances vocales sont-elles réduites ? Les possibilités
enfants, les professionnels de la voix et surtout les artistes [2, 67]). d’adaptation de la voix aux différentes situations d’utilisation sont-
elles limitées ?
INTERROGATOIRE ¶ Conséquences sur la vie du patient
Par l’interrogatoire, le clinicien identifie la gêne ressentie par le patient,
Les questions orienteront vers la gêne ressentie dans la vie
recherche les antécédents médicaux pertinents par rapport à l’histoire
professionnelle, la vie relationnelle et l’impact psychique du trouble
de la maladie et évalue le contexte du trouble vocal [3, 6, 63].
vocal. Une enquête sur les conséquences du symptôme vocal pour
¶ Histoire du trouble vocal le patient, réalisée par Scott [61], met en évidence : 60 % de plaintes
lésionnelles en relation avec l’altération de la voix et la gorge, 26 %
Depuis quand existe la gêne vocale ? Comment est-elle apparue ? de plaintes en rapport avec l’incapacité résultant du manque de
(description des circonstances d’apparition, recherche d’un facteur projection et de clarté, 14 % de handicap psychologique, social et
déclenchant...) professionnel, avec des effets sur la famille et les amis.
Présente-t-elle des fluctuations avec des facteurs aggravants ou
améliorants ? Peut-elle régresser complètement et, si oui, à quelle ¶ Autoévaluation vocale
occasion et/ou sur quel type d’émission apparaît-elle (voix projetée, Cet outil permet de connaître comment le patient perçoit sa voix et
chant...) ? Y a-t-il des moments où elle prédomine dans la journée ? comment il se situe par rapport à son problème vocal. Il permet la
Le patient a-t-il présenté des épisodes antérieurs et, si oui, quelles confrontation de ces informations recueillies par l’examinateur à
mesures ont été prises ? l’évaluation faite par le patient. Fondamentale, elle permet de se
Quelle est la tendance évolutive ? Quels essais thérapeutiques ont rendre compte de la différence entre l’appréciation du clinicien et
été réalisés ? celle du patient. Elle participe à l’évaluation de l’efficacité des
thérapeutiques proposées. Enfin, elle pose les bases d’une réflexion
¶ Description de la gêne sur les données vocales du moment et leur évolution possible en
fonction du projet thérapeutique. Différentes grilles peuvent être
L’absence de symptôme oto-rhino-laryngologique (ORL) associé
utilisées.
(dysphagie, dyspnée, otalgie, difficultés d’articulation, de
mastication...) confirme l’indication du bilan vocal.
Échelle bipolaire d’autoestimation vocale [17]
Au niveau vocal, l’interrogatoire essaiera de faire la part entre les
plaintes liées aux modifications des caractéristiques de la voix Elle utilise le principe du différenciateur sémantique. Elle comprend
(timbre, hauteur, stabilité...) et la diminution des capacités vocales 11 paires d’adjectifs avec une cotation en sept degrés, du plus
(étendue, durée du temps de parole...). mauvais au meilleur, sur la qualité de la voix. Deux consignes
peuvent être utilisées :
La voix n’est pas toujours la plainte principale et les symptômes
localisés au niveau de la gorge et du cou sont aussi importants, – Comment trouvez-vous votre voix actuellement ?
signant la présence de tensions anormales.
– Quelle voix aimeriez-vous avoir ? (fig 2)
Il est important que le praticien mesure la signification que possède,
pour le patient, le terme de « fatigue vocale » [17]. Il peut s’agir d’une « Voice handicap index »
modification de la voix, d’un hemmage, d’une gêne plus ou moins
douloureuse de la gorge, d’une diminution des possibilités vocales Il propose un inventaire psychométrique de l’incapacité et du
survenant après un certain délai d’utilisation. Préciser après combien handicap vocal pouvant être utilisé pour une grande variété de
de temps d’utilisation continue de la voix cette fatigue vocale pathologies. Trente questions, divisées en trois groupes, cotées de 0
apparaît et comment, puis en combien de temps elle régresse. à 4, ont été validées [42] . Les trois groupes ciblent les aspects
fonctionnels (impact du problème vocal sur les activités
Ces informations sont intéressantes pour en apprécier l’importance.
quotidiennes), les aspects émotionnels (impact psychologique) et
l’aspect physique (propre perception des caractéristiques physiques
¶ Conséquences sur les possibilités phonatoires
de la voix). Le total réalise 40 × 3 = 120 points (tableau II).
La dysphonie génère-t-elle un trouble de l’intelligibilité ? Elle a permis des corrélations avec une grille de qualité de vie,
Les difficultés vocales perturbent-elles un ou plusieurs types démontrant que le handicap d’un problème vocal, sur le plan social
d’expression vocale ? (la voix projetée avec l’appel, le cri, la voix et émotionnel, est plus important que pour une sinusite chronique,
chantée, la voix chuchotée...) [43, 46]. une angine de poitrine ou une sciatique [7].
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Oto-rhino-laryngologie Bilan clinique de la voix 20-753-A-10
Tableau II. – Version francophone du « voice handicaped index » (VHI) traduite par le Groupe d’étude belge sur les troubles de la voix.
F1 On m’entend difficilement à cause de ma voix J PJ P PT T
F5 Les membres de la famille ont du mal à m’entendre quand je les appelle dans la maison
F11 Je parle moins souvent avec mes voisins, mes amis, ma famille à cause de ma voix
E15 Je trouve que les autres ne comprennent pas mon problème de voix
En dehors des grilles, l’autoévaluation est réalisée au minimum en – tout ce qui peut perturber le contrôle de la production vocale
demandant au patient, au moment de l’évaluation vocale, comment (pathologies auditives, exposition aux bruits, pathologies
il trouve sa voix ce jour-là. neurologiques, pathologies psychiatriques...).
¶ Contexte médical ¶ Contexte vocal
La recherche des antécédents pertinents pour l’histoire du problème Le clinicien réalise une véritable enquête sur l’histoire sociale de la
vocal dépasse largement le cadre de l’oto-rhino-laryngologie. Mené voix et l’usage vocal.
classiquement, l’interrogatoire permet de retenir toutes les
pathologies et tous les facteurs de risques pouvant influencer la voix. Quelles sont les différentes situations d’utilisation vocale ?
Dans ce domaine, aucune liste exhaustive ne peut être établie,
chaque information doit être analysée en fonction de nos – En situation familiale : notion de dysphonie dans la famille,
connaissances par rapport au bon fonctionnement de la voix, comme habitudes vocales familiales actuelles et dans la petite enfance,
par exemple : nombres de personnes vivant au foyer (adultes et enfants)...
– tout ce qui peut modifier les structures anatomiques participant à – En situation professionnelle, comprenant les activités
la phonation (pathologie endocrinienne, intubations, chirurgies « paraprofessionnelles » : syndicats...
cervicales, thoraciques, médicaments...) ; – En société : rôle social, réunion d’amis, soirées, loisirs, téléphone.
– tout ce qui peut favoriser les irritations du carrefour aérodigestif
(infections ORL, allergie, reflux gastro-œsophagien, tabac, alcool, Quels sont les modalités d’utilisation ?
exposition à des agents physicochimiques...) ; – Quel type de message supporte la voix ? Le sujet doit-il imposer
– tout ce qui favorise les efforts à glotte fermée (constipation, toux, son autorité, convaincre ? A-t-il des objectifs artistiques ?
sport...) ; – Quels sont les différents types d’émissions vocales utilisés et leur
– tout ce qui peut diminuer la liberté respiratoire du patient fréquence ? (voix projetée, cri, chant...) Dans quelles conditions ?
(pathologies respiratoires, interventions par voie abdominale ou (niveau de bruit, degré d’attention de l’auditeur ou de l’auditoire,
thoracique, syndromes dépressifs, surpoids...) ; climatisation intensive...)
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20-753-A-10 Bilan clinique de la voix Oto-rhino-laryngologie
– Quel est le comportement vocal dans les différentes activités de la l’appréciation subjective de la rééducation vocale. En fonction des
vie du patient ? (position, posture...) A-t-il besoin de réaliser des outils à notre disposition, elle peut être complétée par des
performances vocales ? (conditions, nombre d’auditeurs, fréquence paramètres plus objectifs.
et durée, type et efficacité des amplifications...).
– Quelle est la durée quotidienne et hebdomadaire d’utilisation de
¶ Choix de l’échantillon vocal et enregistrement
la voix ? Les méthodes d’évaluation objectives, du domaine de la
Choix de l’échantillon
recherche, confirment l’intérêt de cette évaluation avec une
augmentation des lésions nodulaires, parallèle au temps de Le trouble de la voix peut n’être décelé que sur un seul mode de
parole [50]. production vocale. La voix doit donc être testée dans le maximum
de situations : voyelle tenue (avec attaque, tenue, fin), voix
Quel est le niveau d’éducation vocale ? conversationnelle, voix projetée, voix d’appel [46], voix chantée
A-t-il réalisé un travail d’expression vocale ? A-t-il pratiqué une (chanson populaire, montée et descente vocaliques, fusée) [1]. Les
activité de théâtre, de chant ? Exerce-t-il une activité corporelle non protocoles sont variables en fonction des habitudes de l’examinateur
sportive ? Écoute-t-il de la musique ? Joue-t-il d’un instrument ? La et sont adaptés au patient.
pratique vocale du chanteur ou du comédien demande des Revis et al [55] ont démontré que les jugements portés sur des
compléments d’informations spécifiques. voyelles tenues complètes sont comparables à ceux portés sur la
Comme le souligne Heuillet-Martin [36] : réaliser un bilan vocal c’est parole ; les jugements portés sur la partie stable des voyelles tenues
« entrer dans l’histoire d’une voix et d’une vie ». L’approche du étant moins sévères que ceux portés sur la parole.
profil psychologique du patient demeure capitale, mais il est difficile
Enregistrer un échantillon vocal sur un magnétophone
à apprécier au cours d’un entretien [23].
Au terme de cet interrogatoire, les éléments pathogéniques du Cela permet [17, 38] :
dysfonctionnement vocal vont apparaître (mise en évidence de – l’écoute de la voix par le patient, avec parfois la découverte de
facteurs organiques, présence d’un surmenage et/ou d’un certaines possibilités ;
malmenage...), les bases de l’évaluation de la situation dans sa
globalité sont posées. – au patient de devenir le témoin « objectif » de l’évolution
constatée [23] ;
– les comparaisons de la voix du patient avant, durant, pendant le
Voix traitement ;
– les comparaisons de la voix du patient à la normale et aux autres
La voix est une transformation d’énergie aérienne en énergie
pathologies.
acoustique perçue par l’oreille. Son analyse est surtout acoustique.
Les conditions d’enregistrement doivent toujours être les mêmes :
local calme (rumeur de fond inférieure à 40 dB), magnétophone à
DIFFÉRENTS MOYENS D’ANALYSE large bande passante, microphone à la même distance de la bouche
DE LA PRODUCTION ACOUSTIQUE du patient, avec une constance et une simplicité du matériel
En raison tant de la complexité du phénomène physicoacoustique phonétique.
que des phénomènes psychoacoustiques, l’élaboration d’une Les standards d’enregistrement sont en pleine évolution. Le
méthode unique est impossible [17]. numérique sans compression de données comme le Digital Audio
Tape (DAT) reste la référence. Ce format a été comparé au système
¶ Méthodes subjectives/méthodes objectives numérique le plus courant qui compresse les données : le Mini Disc
(MD). Il n’y pas de différence significative entre ces deux formats
La recherche de techniques objectives est difficile.
pour les analyses acoustiques [68].
En premier lieu parce que, dans la réalité, c’est toujours par notre
oreille que nous entendons et analysons la production vocale,
généralement pour décoder le message qu’elle véhicule. L’analyse CARACTÉRISTIQUES DE LA DYSPHONIE
perceptive reste donc la référence, bien qu’elle soit subjective. En Cette évaluation débute durant l’interrogatoire et parfois quand le
effet, notre oreille n’analyse pas les sons de manière physique [48] et patient est dans la salle d’attente [43]... L’analyse décompose le son
a des limites de perception propres à sa structure. Ses performances en ses différents paramètres acoustiques : la fréquence, l’intensité, le
sont variables d’un individu à l’autre. Les stratégies d’analyse sont timbre et la durée.
propres à chaque individu.
En second lieu, bien que la recherche de paramètres « biophysiques » ¶ Fréquence = hauteur
soit en cours, leur objectivité est limitée du fait de l’intervention de la
collaboration du sujet testé et du choix par l’examinateur du corpus Sur un plan purement perceptif, la fréquence fondamentale (Fo) peut
(échantillon vocal) à analyser (la variabilité étant une caractéristique de être qualifiée comme grave, aiguë, instable. Notre oreille ayant la
la voix). Toutes ces techniques sont à considérer comme semi-objectives. possibilité de discriminer la fréquence, des mesures quantitatives
Cependant, l’oreille reste peu pertinente pour juger des voix fiables peuvent être obtenues à l’aide d’un instrument de musique
pathologiques, et la poursuite des recherches de méthodes objectives pour repérer la note. L’usage des instruments de mesure permet une
pour décrire et quantifier le comportement vocal reste importante pour exploitation statistique des résultats.
les corrélations et la reproductibilité des bilans [43]. Les travaux de
« Fondamental usuel moyen »
recherche s’orientent vers des analyses multiparamétriques de la voix,
corrélées aux critères perceptifs [54] et à des critères biomécaniques [18, 22], C’est la note sur laquelle la voix est le plus fréquemment émise. Il
en associant des critères aérodynamiques pour « sensibiliser » les varie en fonction des caractéristiques du discours, avec des écarts
paramètres acoustiques [29, 30, 31]. différents par rapport à la valeur moyenne.
En troisième lieu, la voix suit les variations mélodiques à l’origine Sa détermination sur une émission vocalique soutenue (simple ou à
de la prosodie (mélodie de la parole) dont l’analyse ajoute d’autres la fin d’un mot donné) est la méthode la plus directe, mais reste la
difficultés. moins proche de la réalité de la parole. Il peut également être
Ainsi, l’évaluation perceptuelle est fondamentale. Elle évalue le mesuré dans les autres types de voix.
trouble vocal comme un tout [ 1 4 ] . C’est la méthode la plus Les nombreuses études réalisées pour définir des valeurs de
compréhensible pour le patient et elle joue un rôle important dans références ne sont pas concordantes, probablement en raison de
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Oto-rhino-laryngologie Bilan clinique de la voix 20-753-A-10
B Shimmer Jitter
L’analyse perceptuelle reste controversée en raison du peu de
Diminution du nombre d’harmo-
corrélations entre les utilisateurs. De nombreux adjectifs sont utilisés, niques aigus
dérivant du vocabulaire musical, pour qualifier le timbre des voix Augmentation du débit d’air pho-
normales : riche, clair, coloré, éclatant... En pathologie, ils sont natoire
également très nombreux : pauvre, voilé, soufflé, éraillé, nasonné, A Jitter Shimmer
bitonal, forcé, rauque... Leur correspondance avec une sensation
S Jitter Pression sous-glottique
acoustique dépend de nombreux facteurs [44] : des caractéristiques de
Quotient de fermeture EGG
l’auditeur, du support phonétique, des aspects méthodologiques
(choix de l’échantillon vocal, type d’échelle...). Enfin, acquérir une G : grade ; R : rough ; B : breathy ; A : asthenic ; S : strained.
EGG : électroglottographie.
habilité dans l’analyse perceptive demande un entraînement.
Bassich [5] a montré que 8 heures d’entraînement sont nécessaires
pour obtenir une corrélation interjuge de 80 %, avec des juges L’utilisation d’une échelle visuelle analogique n’augmente pas le
inexpérimentés et pour un système d’évaluation à 13 paramètres. degré d’agrément interjuge [15]. Les corrélations de cette échelle aux
différents paramètres objectifs sont rapportées sur le tableau IV.
Des échelles avec des protocoles de jugement ont été proposées pour
pallier ces difficultés. Il en existe une grande variété, du fait de Méthodes objectives [38, 40, 64]
l’absence de terminologie internationale adéquate pour décrire les
qualités de la voix. Parmi les protocoles de jugement perceptuels les
• Méthodes objectives qualitatives
plus connus [15, 17, 34], l’échelle GRBAS (Grade, Rough, Breathy,
Asthenic, Strained) est la plus largement introduite sur le plan Les représentations visuelles, comme le sonagramme et le
international. Sa réputation repose sur sa publication dans l’ouvrage spectrogramme, permettent de visualiser des phénomènes
de Hirano, Clinical evaluation of voice, en 1981 [37]. Elle comprend cinq intermittents ou périodiques (subharmoniques, tremblements),
paramètres et quatre catégories, cotées de 0 (absence) à 3 (présence d’apprécier l’importance des bruits de souffle par rapport aux
maximale). Dejonckere [17] propose de rajouter un sixième paramètre harmoniques. Yanagihara [70] a proposé une classification des voix
« I », défini comme la variabilité au cours du temps. De même, dans pathologiques présentée dans l’encadré ci-après.
le cadre des études du GREL (Groupe européen de recherche sur le Ce type de classification visuelle reste d’interprétation délicate et en
larynx), il propose des indices complémentaires, comme « t » pour partie perceptive (cette fois-ci par l’œil).
le tremblement ou « d » pour la diplophonie, afin de préciser le
paramètre « R » (raucité) [22]. Cette échelle est présentée sur le • Indices quantitatifs objectifs acoustiques [31, 38, 41, 64]
tableau III.
– Les indices de perturbation à court terme de la Fo sont représentés,
Très étudiée [15, 21, 22], elle a l’avantage de pouvoir être utilisée dans
entre autres, par les indices de Jitter (factor, ratio...) et l’indice de
une pratique clinique quotidienne, pour apprécier la qualité de la
perturbation relative moyenne. La caractéristique du Jitter est de
voix par les cliniciens [15]. Elle n’exclut pas un complément par des
mesurer la variation de la Fo cycle à cycle. Plusieurs méthodes de
adjectifs choisis par l’utilisateur. Les corrélations interjuges et
calcul existent, gênant les comparaisons des données dans la
intrajuges sont satisfaisantes pour le G, le R et le B [15, 21]. La
littérature. Le Jitter est corrélé au « R » de l’échelle GRBAS.
reproductibilité est surtout satisfaisante pour le G. Elle est moins
bonne sur le A qui a plus de variabilité dans le temps. L’expérience – Les indices de perturbation à court et moyen terme de l’amplitude
augmente de manière significative l’agrément interjuge [ 2 2 ] . sont, entre autres, l’indice de Shimmer, le quotient de perturbation
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Oto-rhino-laryngologie Bilan clinique de la voix 20-753-A-10
haute de 20 minutes pour évaluer l’endurance vocale, un – à la posture spontanée et ses points d’appui dans les différentes
assourdissement peut y être associé. Combiné avec le contrôle de positions (debout, assis) ;
perturbations au niveau de l’analyse perceptuelle, du temps – à l’état de tension ou de détente musculaire : tonicité ou
maximal phonatoire et de l’examen laryngé, avant et après le test, il affaissement, raidissement du corps avec ses corollaires
peut avoir une valeur prédictive sur la survenue de certaines psychologiques (angoisse de s’exprimer, importance des mains, de
pathologies [16]. Pour certains, cette capacité peut être appréciée en la gestualité d’accompagnement de la voix) ;
demandant au sujet de compter rigoureusement jusqu’à 100 [43, 62].
– aux mouvements de la tête : projection de la tête, voire du corps,
¶ Facilités à modifier sa voix lors des appels, du chant et des aigus, élévation de la tête dans les
aigus ;
Elles peuvent être évaluées en demandant à un adulte de parler
– aux capacités d’ajustement de la posture vertébrale pour libérer
comme un enfant ou en demandant de faire des phrases avec une
l’expansion pulmonaire.
forte proportion de nasalité [43].
Un trouble de la verticalité gêne l’amplitude des mouvements
¶ « Dysphonia severity index » [66] cervicothoraciques et modifie la disponibilité musculaire,
notamment respiratoire [25, 32, 58] . Les modifications posturales
C’est un indice multiparamétrique calculé avec le temps maximal observées au cours du forçage vocal sont, d’après Le Huche [47] :
phonatoire, la fréquence la plus élevée possible, l’intensité la plus l’avancée du visage, des tensions cervicales, un affaissement
basse possible et le Jitter. Il est en cours de validation. thoracique et une flexion du rachis dorsal. Elles sont liées, d’après
Faure [25], au fait que l’« aspiration » nasale de l’inspiration induit le
retour du thorax à sa position de repos dès l’attaque vocale, limitant
Système de production vocale les possibilités d’adaptation à la communication.
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Fin
4 Exploration d’un maximum phonatoire avec la station
Début d’évaluation vocale assistée (EVA) des laboratoires Sqlab. À
0,4 partir d’une épreuve de temps maximal phonatoire sur un
[a] tenu, l’aspect qualitatif avec une représentation tempo-
0,2 relle associée à des données quantitatives (fréquence fonda-
0,0 mentale [Fo] moyenne, intensité moyenne, volume expiré
et débit moyen) permet une bonne analyse de l’utilisation
– 0,2 de l’air en phonation.
– 0,4
– 0,6
ms
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000
Fréquence fondamentale moyenne = 180,1 Hz
Hz Début Fin
300
250
200
150
100
50
0 ms
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000
Intensité moyenne = 67,9 dB
dB Début Fin
70
65
60
55
50
0 ms
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000
Volume émis = 3,040 dm3 Écoulement d’air moyen = 0,171 dm3/s
dm3/s Début Fin
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0 ms
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000
– du rythme et de l’amplitude expiratoire ; Explorations aérodynamiques [4, 30, 31, 65, 70] (fig 4)
– de la capacité à maintenir des ouvertures ; Elles cherchent des réponses par rapport au fonctionnement
pneumophonique [41].
– de la fréquence des cycles respiratoires (éventuellement
déterminée par le dénombrement des prises d’air à la lecture d’un • Quel est l’air utilisable pour la phonation ?
texte standard) [13] ; Il peut être évalué par les explorations fonctionnelles respiratoires
– de la capacité à ajuster la respiration aux différentes situations (en classiques :
demandant par exemple au sujet de compter en augmentant – la capacité vitale peut déceler une insuffisance respiratoire ;
progressivement l’intensité) [43, 49].
– le volume expiratoire maximum seconde (VEMS) et le débit de
Dans cette mobilisation nuancée, une prédominance respiratoire pointe peuvent apprécier la capacité primaire à fournir une pression
abdominothoracique est jugée plus efficace. Mais ce sont les sous-glottique suffisante.
capacités de contrôle du volume et du débit expiratoire qui sont
fondamentales. • Quel est l’air utilisé pendant la phonation ?
Le volume d’air en phonation est statistiquement corrélé de manière
¶ Examens complémentaires linéaire à la capacité vitale. Il varie en fonction de l’âge et du sexe,
de l’intensité et de la fréquence de la voix.
Explorations de la dynamique respiratoire Il peut être mesuré à l’aide d’un spiromètre ou d’un
Sur le plan objectif, la méthode des sangles, munies de capsules de pneumotachographe :
Marey, sensibles aux modifications de pressions, peut être utile pour – sur une voyelle tenue le plus longtemps possible, précédée d’une
la recherche. inspiration profonde, à la recherche du maximum d’air utilisé pour
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L’examen de la dynamique laryngée étudie : Le principe de fonctionnement est basé sur l’application d’un filtre
reproduisant l’effet inverse à celui des cavités de résonance.
– les différents mouvements des aryténoïdes dans toutes les
situations fonctionnelles (respiration, phonation, toux ou hemmage)
appréciant l’amplitude des mouvements d’adduction-abduction et
• Kymographie [51, 60]
leur symétrie, les mouvements de bascule, les chevauchements ; Cet examen repose sur l’analyse du déplacement d’un point de la
corde vocale à partir d’une ligne d’image obtenue grâce à une
– la configuration glottique en phonation juste avant la mise en
caméra ultrarapide. En cours d’évaluation, elle a déjà montré son
vibration des cordes vocales, puis après, afin de faire la différence
intérêt dans l’analyse de l’irrégularité et l’asymétrie vibratoire des
entre les positions préphonatoires et phonatoires ;
cordes vocales.
– le niveau des cordes vocales dans le plan vertical ;
– l’activité supraglottique à la recherche d’une contraction anormale Paramètres aéroacoustiques
des bandes ventriculaires, d’un bombement du pied de l’épiglotte,
d’une bascule en avant des aryténoïdes. • Notion d’efficacité vocale [64]
L’étude de l’ondulation muqueuse des cordes vocales est L’efficacité vocale a été définie comme le rapport entre la puissance
fondamentale [10, 20] pour comprendre le mécanisme de la dysphonie, acoustique et la puissance aérodynamique du système de production
aussi bien en l’absence qu’en présence de lésion. Cette notion prend vocale. Elle cherche à analyser comment se fait la conversion
toute sa valeur quand on sait, comme Elias et al [24] l’ont démontré à d’énergie entre « l’air et le son ». Plusieurs indices sont en cours
travers une étude sur des chanteurs professionnels d’évaluation et tendent à explorer la notion de forçage laryngé. En
asymptomatiques volontaires, que l’incidence des anomalies chez voici quelques exemples, proposés par la station EVA de SQLAB :
des sujets utilisant des performances vocales sans gêne particulière – indice de rendement glottique = intensité/pression
est très élevée (58 %). Ainsi, la stratégie d’analyse de cet examen est (normale = 12,5 dB/hPa) ;
différente pour un diagnostic lésionnel par rapport à une analyse
du fonctionnement laryngé. On observera : – indice d’efficacité glottique = intensité/pression × débit d’air
buccal.
– la régularité, l’amplitude, la symétrie de phase et d’amplitude de
la vibration ; • Fuite glottique [29, 30, 31]
– la fermeture glottique, avec les différentes formes et la durée L’indice de fuite glottique proposé par Giovanni est égal au rapport
relative de la phase d’ouverture par rapport à la phase de fermeture ; du débit d’air moyen sur l’intensité moyenne. Il évalue la fuite d’air
– la présence et la liberté vibratoire de l’onde muqueuse ; sur un fragment d’une voyelle tenue.
– le comportement vibratoire de la lésion, s’il y a lieu, et la Le rendement laryngien est le rapport entre la quantité d’énergie
variabilité au cours de l’examen. aérienne fournie et la durée d’émission vocale. En cours
d’évaluation, cet indice rend indirectement compte de la fuite
Le GREL a réalisé une étude sur la fiabilité d’un protocole glottique (quotient pneumophonique).
d’évaluation stroboscopique [20]. Le degré de concordance entre
plusieurs évaluateurs d’un même examen peut être considéré
comme élevé pour les paramètres : amplitude, ondulation muqueuse CAVITÉS DE RÉSONANCE
et insuffisance d’occlusion glottique. Il est moyen pour les
paramètres : régularité, variabilité au cours de l’examen et ¶ Examen clinique
comportement vibratoire de la lésion. Il est relativement faible pour
le degré d’importance de l’insuffisance d’occlusion glottique et le La vérification de l’intégrité anatomique du pharynx, de la cavité
degré d’asymétrie. La reproductibilité intra-individuelle est élevée. buccale et des fosses nasales est indispensable. Le mode d’ouverture
des résonateurs est important pour le fonctionnement laryngé.
Là aussi, l’éducation de l’examinateur est fondamentale : il a été L’observation portera sur :
estimé que vingt heures d’entraînement sont nécessaires pour
distinguer les comportements phonatoires anormaux des normaux – l’ouverture buccale dans le sens vertical ;
en vidéolaryngostroboscopie [39, 41], chaque mécanisme laryngé ayant – la mobilité de la langue avec contrôle de l’articulation ;
ses propres caractéristiques dynamiques et ondulatoires.
– l’écartement des piliers sur des vocalisations ([a/é]) ;
¶ Examens complémentaires – la contraction et la tonicité du voile du palais (élévation sur
[a/an], degré d’élévation croissant sur [a/é/i] au nasofibroscope,
Qualité de la vibration laryngée enchaînement avec des oppositions orales/nasales) ;
– la position de la base de la langue.
• Électroglottographie [28]
C’est une méthode qui évalue les variations de la surface de contact ¶ Examens complémentaires
des cordes vocales par l’intermédiaire d’électrodes de surface,
appliquées sur les ailes du cartilage thyroïde. L’onde obtenue est Pauvres, en dehors des tests de nasalité ou des outils d’analyse de la
une représentation graphique qui peut être utilisée pour estimer la parole.
durée des phases d’ouverture et de fermeture. Elle a un intérêt
Études spectrales
descriptif plus que quantitatif. Enregistrée simultanément à la vidéo-
laryngo-strobo-scopie ou à une glottographie de flux, elle est encore À partir du signal acoustique avec la recherche des formants, elles
plus informative. Elle permet de mesurer la Fo à partir d’un signal sont finalement peu informatives dans le domaine du
glottique et non acoustique, et de calculer le quotient d’ouverture fonctionnement des cavités de résonance, en dehors du bilan des
(durée de la phase d’ouverture par rapport à la durée totale du cycle voix « artistiques » et notamment chez les chanteurs (le « singing
vibratoire). formant » étant la caractéristique des voix lyriques).
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Oto-rhino-laryngologie Bilan clinique de la voix 20-753-A-10
un trouble articulatoire lié à la production des phonèmes nécessitant – d’identifier la capacité à améliorer sa voix, le potentiel de
une pression intraorale. Elle intervient lors d’une insuffisance comportement facilitant le traitement ;
d’occlusion vélopharyngée ou plus souvent d’un défaut de timing. – la proposition d’un programme thérapeutique. Elle comprend les
Sur le plan qualitatif, elle peut être évaluée par l’auscultation nasale indications thérapeutiques avec l’organisation chronologique des
(tuyau souple muni d’une olive), par un miroir de Glatzel. Sur le différents moyens (mesures hygiénodiététiques ou conseils,
plan quantitatif, elle peut être évaluée par une manométrie ou une traitements médicaux, chirurgie, rééducation...) et une notion
spirométrie. pronostique.
Le rapport entre la mesure orale et nasale des pressions d’air, du
débit et/ou de la résistance nasale, est très pertinent, aussi bien sur
FORME DE LA CONCLUSION
le plan qualitatif que quantitatif.
Elles est variable. Certains auteurs proposent des fiches vocales de
Réalisation de la parole synthèse sous la forme de profils ou de courbes vocales comprenant
des éléments choisis du bilan [17, 34, 53]. Le but est de visualiser
Elle fait l’objet d’un bilan particulier. Orientés par les investigations
clairement l’ensemble de la fonction vocale. Ces fiches permettent
précédentes, certains tests d’évaluation peuvent être utilisés pour
de contrôler rapidement les résultats du traitement et ont un intérêt
évaluer les liens entre la dysphonie et un trouble de l’articulation de
scientifique (banque de données cliniques...).
la parole. En général, le débit de la parole et la place des pauses
sont appréciés subjectivement. De manière générale, des documents de référence pour le patient
sont joints au compte rendu. Il s’agit, le plus souvent, de la
photographie de l’examen laryngé, parfois d’un relevé d’exploration
CONTRÔLE NEUROLOGIQUE objective tel qu’il est proposé par les systèmes d’analyse.
L’importance de la notion d’équilibre du geste repose sur la parfaite
qualité des mouvements (précision, rapidité...), sur la coordination RÉALISATION PRATIQUE
des différents éléments d’un sous-système et entre les différents Un bilan complet est très long. Il dure au minimum 1 heure,
sous-systèmes, sur la qualité des boucles de contrôle neurosensoriel décomposée comme suit :
et sur la qualité des programmes de réalisation. Cet aspect de la
production vocale peut faire l’objet d’un examen spécifique – l’interrogatoire (minimum 15 minutes) ;
spécialisé. – l’analyse de la voix et du geste vocal (minimum 15 minutes) ;
– l’examen vidéo-laryngo-stroboscopique et/ou nasofibroscopique
(minimum 10 minutes) ;
Conclusions du bilan
– la synthèse avec explication des conclusions au patient et
rédaction du compte rendu (20 minutes).
SYNTHÈSE DU BILAN En fait, chaque clinicien adopte un protocole personnel propre à sa
La confrontation des informations recueillies lors de ces trois étapes pratique, avec des adaptations en fonction du but du bilan.
est à la base de la synthèse du bilan. Elle comprend plusieurs points Le bilan minimal comporte un interrogatoire suffisant pour resituer
de conclusion : la dysphonie, un examen morphologique du carrefour aérodigestif
centré sur le larynx, un examen stroboscopique, un enregistrement
– l’identification de la plainte principale qui n’est pas toujours celle vocal, une analyse perceptuelle de la voix (évaluation perceptive
perçue initialement par le clinicien ; type GRBAS, temps maximal phonatoire, étendue vocale), une
– les mécanismes physiopathologiques de la dysphonie qui sont appréciation qualitative du geste vocal.
déterminés en localisant physiologiquement le problème aux Les explorations fonctionnelles dépendent du niveau d’équipement
niveaux : ou de l’accès à un laboratoire d’analyse vocale. Un nombre croissant
– des sous-systèmes : statique corporelle, souffle, larynx, d’appareils est disponible sur le marché, avec des outils
résonateurs, contrôle neurologique ; perfectionnés associant l’étude simultanée de l’analyse acoustique,
aérodynamique et/ou de l’analyse biomécanique laryngée. Un
– des déséquilibres qui en découlent ; travail de standardisation de l’évaluation du fonctionnement
– des moyens de compensation mis en place ; pathologique de la voix est en cours [19], il devrait permettre de
préciser les paramètres objectifs à recueillir. En attendant, les indices
– le diagnostic médical qui détaille les lésions anatomiques et les
de Jitter, Shimmer, HNR (indice de bruit), associés aux paramètres
situe par rapport aux mécanismes physiopathologiques (causes,
acoustiques comme la fréquence la plus élevée et l’intensité la plus
conséquences ou absence de lien) ;
basse, semblent être un minimum [18, 66].
– la (ou les) cause(s) de la gêne ressentie par le patient dont la
détermination demande d’isoler le symptôme vocal par rapport aux
sous-systèmes de production vocale et de chercher les facteurs Conclusion
déclenchants ou favorisants : rôle de l’abus vocal... ;
Le bilan vocal est un acte long, demandant une habileté clinique et ayant
– la restitution dans le contexte global du patient du diagnostic par parfois des aspects très spécialisés. Il nécessite de la part du praticien
rapport au contexte médical d’une part, et la gêne ressentie par une formation complémentaire qui rentre actuellement dans le cadre de
rapport au contexte psychosocial d’autre part, vont permettre : la phoniatrie. Il est souvent optimisé par un travail en collaboration entre
– de déterminer les différents moyens thérapeutiques ; l’oto-rhino-laryngologiste, le phoniatre et l’orthophoniste.
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20-753-A-10 Bilan clinique de la voix Oto-rhino-laryngologie
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