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La

magie des plantes et les pouvoirs de dieux-Novembre2017-Janvier 2018 Jean-Yves ANEZO


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LA MAGIE DES PLANTES ET LES POUVOIRS DES DIEUX.


JEAN YVES ANEZO
Musée vodou - 23 novembre 2017.
Université de Strasbourg. Jardin des sciences- 27 Janvier 2018.

Mes remerciement à Madame Ming Anthony pour l’amicale bienveillance de son écoute.


AVANT PROPOS

Quel est le jardinier qui ne s’est pas extasié un jour devant cette petite pousse issue d’un petit grain de
matière semblant inerte, et qui, par miracle, plongeant mystérieusement ses racines dans la terre s’éleva
vers le ciel pour lui procurer un prolifique arbre fruitier, un joli plant de tomate, de belles fleurs comme autant
d’hymnes prodigieux à la vie et à la diversité ?

Et voilà l’Iroko entre autres, que l’on érige au rang de dieu, siège immuable du vodou Loko, arbre des
origines, ancêtre tutélaire…voilà l’arbre-dieu, l’arbre vodou tel un axe magique joignant deux mondes de
mystères…

Les plantes sont de minuscules ou de gigantesques axes vivants qui puisent leur force des ténèbres et de
la lumière pour donner vie à notre planète.

a. Les plantes ont soigné leurs maux puis par les pratiques de la cueillettes et ensuite de l’agriculture elles ont nourri les
hommes.
Les végétaux relient ainsi directement l’espèce humaine depuis son avènement, à la vie, mais aussi, à la terre, au
ciel et aux éléments sur lesquels sont calés les cycles de la vie. Les plantes ont également servis très tôt de
médicaments, bien avant que l’homme ne les cultive.
Les plantes constituent le seul groupe d’organismes vivants qui a en quelque sorte, imposé une subordination de
l’homme à son égard. Le mouvement symbolique de la graine semée en terre, qui prend racines dans l’obscurité
mystérieuse de son trou et s’élève vers la lumière du ciel, interroge les humains sur l’essence divine de leur
environnement.
b. Le plus ancien ouvrage contenant une liste de recettes pharmaceutiques est le traité de médecine chinoise de Shen
Nung datant de 2900 avant J.C, le papyrus Egyptien dit d’Ebers, date du XVIe S av. J.C. (règne d’Amenhotep 1er). Il
serait la copie d’une œuvre plus ancienne encore. En 2007, des chercheurs ont déchiffré un millier de prescriptions sur
quatre papyrus dont 284 ingrédients étaient encore utilisés à la fin du XXe siècle.
c. Mais dans la tradition orale, sur tous les continents, il est clair que la transmission des recettes des guérisseurs et des
sorciers est d’un usage bien plus ancien. Les archéologues ont déterminé que l’homme de Néenderthal utilisait des
plantes à des fins thérapeutiques dés 30.000 ans avant J.C…
d. Les plantes ont un rôle majeur dans la pratique des soins apportés aux hommes depuis toujours. Mais pour les sociétés
anciennes ce rôle est indissociable de la volonté des dieux, et, par conséquent, impose que leurs soient associés des
rituels liturgiques qui en dégageront de ces plantes leurs puissances magiques.
e. Il est dit dans L’Ecclésiaste. « Le Seigneur fait produire à la Terre ses médicaments et l’homme sensé ne les dédaignera
pas. »
f. En Europe et en France, la christianisation s’est appropriée les rites païens qui se servaient abondamment des plantes.
L’un des exemples le plus flagrant est l’association des 26 herbes sacrées de la St Jean… (Armoise, achillée, joubarde,
sauge sauvage, chiendent, sureau,..etc.)
g. Mais l’utilisation des plantes ne s’est pas arrêtée à l’alimentation et aux soins, elles ont été chargées naturellement de
vertus magiques indissociables des dieux.
h. Albert de Surgy nous rappelle les similitudes des pratiques africaines avec celles qui figurent dans le traité antique
dédié à Asclépius (section XIII, 37 et 38). (Dialogue antique entr’Hermes Trismégiste et Asclépius ) :

«- De ces dieux qu’on nomme terrestres, ô Trismégiste, de quelle sorte est la propriété ? »
« - Elle résulte, Asclépius, d’une composition d’herbes, de pierres et d’aromates qui contiennent en eux-mêmes une
vertu occulte d’efficacité divine. Et si l’on cherche à les réjouir par de nombreux sacrifices, des hymnes, des chants de


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louange, des concerts de sons très doux qui rappellent l’harmonie du ciel, c’est pour que cet élément céleste qui a été
introduit dans l’idole par la pratique répétée des rites célestes puisse supporter joyeusement ce long séjour parmi les
hommes. Voilà comment l’homme fabrique des dieux. »

Ces mots attribués à l’Hermés Trismegiste ont été repris par plusieurs auteurs, pour définir le vodou comme une
fabrique de dieux…

1° QU’EST-CE QU’UN VODOU ?

Le bokono Jean Paul Azekpon Christophe lors de sa conférence au Château musée Vodou en juin 2017, nous a
expliqué que la magie est ancrée dans le quotidien de l’Afrique et que les africains attendent de leurs religions, quelques
soient les principes irrationnels qui les sous-tendent, une sorte d’efficacité pratique dans les usages habituels qu’ils en
ont. Le vodou en particulier, ne déroge pas à cet impératif d’efficacité basé sur ses ingrédients constitutifs
principaux : les plantes. Celles-ci, cueillies avec soins pour leur souffle magique deviennent les « amas » du vodou. Ces
amas dont l’assemblage constituera en quelque sorte son ADN.

a. Le vodou représente quelque chose de symbolique, d’étrange, qui est à part, c’est un esprit vivant, qui du fait de ses
particularités, mérite que les humains le dissocient du reste de la création. Il n’est rien par lui-même car il a besoin de
l’ensemble des autres vodous et, comme les hommes, c’est un être social qui s’épanouit au contact de ses semblables
et de l’homme.
b. Est-ce un dieu ou une force impersonnelle matérialisée par l’homme ? Pour certains d’entre eux, il nous est impossible
de répondre, c’est le cas du petit mais très essentiel personnage qu’est Aguin, détenteur des secrets des plantes, et
sans le concours duquel il serait bien difficile aux hommes d’accèder au désir d’installation des autres vodous …
c. Surgissant à la suite d’un trauma que l’homme ne pouvait concevoir, le vodou est la solution secrète qui panse la
blessure et lui trouve une explication efficace. Il connecte profondément le cosmos tel que les hommes le perçoive à sa
partie méconnue, dans « l’Ailleurs » secret, dans l’invisible des ténèbres mystérieuses, dans le « trou », là où se cachent
des forces puissantes, magiques et inexplicables. On pourrait simplement se contenter de dire que le vodou est le
vodou.
d. Selon le père Roberto Pazzi : « Le vodou est le point de jonction entre le visible et l’invisible ». Un pied dans la lumière
magique du vivant, un pied dans les ténèbres magiques de la mort, le vodou rend accessible l’irrationnalité des deux
mondes. Il est le vecteur de passage et d’échange entre les forces telluriques et les forces célestes.
e. Les hommes fabriquent des vodou, pourvus que ceux-ci apportent des explications à l’univers qui les entoure, ce recours
aux vodous pour expliquer le monde et ses aléas palpables, tangibles, du domaine du réel, brise ainsi la frontière qui
sépare le sacré du profane… Les hommes permettent aux vodous une existence plastiquement conceptualisée, avec
une méthodique et rigoureuse application, mais comme une œuvre vivante, qui intègrera à jamais leur univers réel.
C’est pourquoi les vodou diffèrent ainsi d’un peuple à l’autre, d’un village, d’un quartier ou même d’une famille à
l’autre.
f. Les vodou se différencient d’une part en vodou « trouvés », ceux-ci fixés à la nature ne doivent être ni modifiés
ni déplacés : Arbres, (Logoti ou wutokpa) termitières (kômedan, Aguin), pierres (Kpevodous), rivières
(Tôvodous). Ils n’ont pas d’herbes enterrées en leur cœur terrestre mais ils en sont dépendants dans les rituels
et en particulier dans les rituels de purification en ce sens que les plantes se trouveront être en pratique un
incontournable de leurs cultes.
g. D’autres part on distingue les vodou « installés » qui trouvent leur puissance dans les herbes enterrées et que nous
allons détailler ci-après. Ces vodous installés sont « de dedans » (xômevodous : dans la case) ou « de dehors »
(xixenuvodous : de la cour) selon le lieu où il doivent être installés. On parle aussi de vodous achetés eu égard à leur
coût d’installation.
h. A l’instar des humains, les vodous sont personnellement identifiables, l’un ou l’autre peut prendre la figure d’un
ancêtre fondateur ou qui devint au fil du temps un grand personnnage qui s’illustra tant dans le passé, que ses actions
finirent par en faire un être mythique dans l’esprit des générations qui se succédèrent après lui. Un objet l’identifiant
et nécessitant une cérémonie peut aussi le signaler comme vodou.


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i. Chacun d’entre eux doit être localisable et différenciable. C’est ainsi par exemple, qu’on différenciera les Sakpata ou
les Hebieso en fonction de leur localisation, des inter-relations qu’ils entretiennent avec les hommes, et de leurs
pouvoirs particuliers.
j. Klaus Hamberger nous éclaire quand il écrit : « Ces êtres en argiles, bois, fer et feuilles, véritables individus, n’ont, en
soi, rien de « multiple ». La multiplicité réside dans les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres et avec les
humains car ceux-ci s’inscrivent dans le même réseau. » Ce sont donc bien des invidus différenciables possédant une
identité propre.
k. Le vodou installé est un assemblage d’amas, ces feuilles dont les souffles activés le rendent vivant, lui confère ses
pouvoirs et une identité parmi les hommes. Il est dans le trou à l’abri des regards, il n’est rien d’autre. Tout l’assemblage
qui est au-dessus n’est pas le vodou. Ce vodou est un ensemble de composants magiques méticuleusement cachés dont
les plantes constituent l’ingrédient principal.

2. D’OU VIENNENT LES VODOU QUI SONT-ILS, ET OU VIVENT-ILS ?

a. Les vodou sont omniprésents, venus du monde des origines, ils se manifestent aux humains selon leurs envies. Ce sont
des ancêtres, lignagés pour la plupart, chefs de tribus, chasseurs, mères esclaves ou bien encore l’esprit de celles qui
achetèrent autrefois les esclaves. Ils sont animaux : le crocodile, le serpent, le caméléon… ; des enfants particuliers ou
caractéristiques, jumeaux, boiteux, nés coiffés, albinos, trisomiques… ; un tertre de terre proche du village, une poterie
enterrée. Ce sont aussi, bien sûr, les esprits qui régissent les lois de la nature et du cosmos, il y a ceux du ciel, ceux de
la mer et ceux de la terre.
b. Deux seuls cependant sont uniques : Fa qui établit le lien de la parole sacré de tous les vodou avec les humains et Mawu
le grand vodou omnipotent, la grande mère de tout ce qui est, et de tous les vodou.
c. La représentation symbolique du vodou peut être un arbre seul, un bosquet, une forêt sacrée elle-même. Ce qui donne
à la symbolique de l’axe évoqué plus haut toute sa cohérence.
d. Lorsqu’ils n’ont pas été installés dans un lieu déterminé, ils sont dans cet ailleurs lointain et magique que les hommes
retrouvent, si tout va bien, après leur mort.
e. Le monde des vodou est inverse. Il est à l’envers de celui des hommes. Ils sont là, dans les arbres et les forêts, ils y
demeurent et sont tout à la fois ces lieux et leurs esprits. Ils sont dans le vivant, prêt à se manifester, fort de leur
ubiquité, à n’importe quel endroit du monde des humains.
f. Klaus Hamberger parle de corésidence, en effet, même ceux d’entre eux qui ne sont plus nourris et sollicités par les
hommes retournent dans l’oubli et cessent d’être actifs, mais ils séjournent toujours pas très loin, dans cet « ailleurs »
d’où, à leurs moindres nouvelles manifestations, il faudra qu’ils renaissent...

3. LES PLANTES ANIMENT LES VODOU.

a. Le père Roberto Pazzi à joliement écrit que « Les plantes sont les enfants du ciel ». Elles sont individuellement un peu
de Mawu, chacune d’entre elle porte la force du grand dieu qui leur a fourni une âme.
b. Elles sont fraiches ou chaudes, selon qu’elles calment ou vivifient, et s’assemblent pour réunir leurs souffles magiques
en un seul, constituant de la sorte la force vitale du vodou. Ce sont des « amas », lorsqu’elles portent enfin, grâce aux
paroles magiques des prêtres, cette force vitale qui animera le vodou ou chargera le Bo des charmes nécessaires aux
désirs des hommes.
c. Comme on l’a vu, l’activité contrôlée des vodous et leur installation nécessite pour certains d’enterrer des plantes dans
un trou. D’autres, qu’on dit « nés de la terre » ou « trouvés » ne nécessitent pas d’enterrer les amas, bien que leur
dépendance avec celles-ci soit très forte : Ces vodou se trouvent obligatoirement en forêt, parfois arbre sacré, parfois
bosquet, forêt entière elle-même.
d. L’assistant incontournable du féticheur, celui qui connait le secret de toutes les plantes c’est Aguin, l’unijambiste que
nous vous avons présenté plus haut. Avec son pied unique n’est-il pas symboliquement une plante lui-même ? Ce vodou
est partie intégrante de l’’environnement de la brousse, de la forêt, et d’un élément important du paysage : la
termitière, principalement la vieille termitière affaissée qui ressemble aux tertres d’installation de certains vodou. C’est
là, dans la brousse et la forêt que se manifeste Aguin. C’est dans la termitière qu’il loge, en compagnie de Dan, le
serpent. Ils sifflent tous les deux et se meuvent à la vitesse du vent. On dit d’Aguin qu’il est « le coursier des esprits ».
e. Au temps des origines, par les termitières, ventres symboliques passeurs de vie, sont arrivés tous les animaux tandis
que les plantes, elles, furent apportées avec la pluie et se répendirent sur terre…
Voilà pourquoi à l’instar du Père Pazzi on peut dire qu’elles sont les enfants du ciel.


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f. Nous l’avons vu, les vodou de la forêt peuvent être la forêt elle-même, mais aussi un arbre, l’iroko par exemple, qui
deviendra le vodou Loko. Ils ne se différencient pas autrement. Ils sont inscrits dans les récits d’origine comme les
ancêtres lignagés qui se sont installés après une guerre ou par nécessité de trouver une terre qui les abrite et qui soit
propice à la culture.
Les vodou de la brousse eux, s’installent en les recouvrant d’herbes, il n’ont pas de trou. Il en va ainsi par exemple du
vodou Tron, vodou des femmes, celui qui permet de communiquer avec les âmes errantes, celui qu’on utilise pour
appeler les morts et qui protège ses adeptes de tous les maux de la vie. Il en va ainsi également des Kélessi…
g. En résumé, les vodou comme les humains sont dépendants des facultés extraordinaires des plantes. Enterrées ou non,
plantes ou arbres eux-mêmes, ils tirent leurs identités et leurs pouvoirs d’une seule herbe ou de l’assemblage des
éléments pré-déterminés de plusieurs plantes.

4. COMMENT SAIT-ON QU’UN VODOU SE MANIFESTE AUPRES DES HOMMES ?

a. Comme pour l’égyptien de l’antiquité, il n’y a pas d’un coté un sens rationnel et de l’autre un sens irrationnel
permetttant d’expliquer les désordres du corps, de l’esprit ou des évènements. Ces désordres doivent se comprendre
sans cloisonnement entre raison et magie. Ils forment un tout que les résurgences possibles des vodou ou leurs besoins
de germination contribuent autant à engendrer qu’à expliquer.
b. Le vodou prend contact avec les humains et demande par ses manifestations à apparaître. Les humains, eux, reçoivent
cette demande qui peut très souvent les frapper par un traumatisme douloureux (maladie, décès brusque d’un proche,
naissance étrange, …).
c. Pour comprendre, la demande parfois pressante du vodou, la consultation de Fa est nécessaire. Elle permettra de
l’identifier et de déterminer les raisons qui ont poussé le vodou à vouloir apparaître.

5. POURQUOI DOIT-ON L’INSTALLER ET QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ?

a. L’attention soutenue que lui porteront les hommes, le mènera à l’apaisement qu’il désirait tant, en exprimant son désir
de naitre par l’anormalité, la brutalité, la violence, la soudaineté ou la répétition obstinée d’extravagances.
b. Les méfaits et les forces du vodou qui appelle à apparaître doivent être maitrisées. Son installation, qui est le prérequis
de son existence dans le monde des humains, liera définitivement son sort à leurs sorts collectifs ou particuliers.
c. De cet échange fait d’offrandes et de travail s’instaurera la relation d’équilibre réciproque entre le vodou et l’homme.
Voilà pourquoi ce dernier veut et doit installer le vodou…
d. Du trauma doit naitre l’apaisement nécessaire à la vie des humains, en même temps que naitra le vodou. De cette
éclosion émergera un axe vertical de forces magiques, liaison puissante et vecteur d’équlibre entre le monde invisible
devenu accessible et le monde apparent.

6. LA MAGIE DES PLANTES

a. De ce principe, maintenant établi que les vodou installés sont constitués de plantes entières ou de parties de plantes
choisies appelées amas, nous devrons nous demander de quelle manière pratique on leur donnera le sens indispensable
à leur naissance.
b. Avant cela nous mettrons en lumière quelques exemples d’amas constitutives du cœur vivant de l’un ou l’autre vodou :
Certaines plantes sont indissociables de leurs familles de vodou. On citera par exemple, pour tous les Hebieso, le
Dracanea arborea et, pour tous les Sakpata, Euphorbia hirta et Momordica charantia, pour ne citer que ces deux grands
vodou.
c. Mais on peut également citer quelques ingrédients très précis, (selon l’expression d’Albert De Surgy) telle l’écorce du
Baobab pour le vodou Agᴐ sur lequel nous allons revenir, Amaranthus spinosus (Amaranthe épineuse) et Baphia nitida
pour les Toxosu. Les fleurs du Bougainvillea spectabilis, comme amas constitutives, se verront composer l’un des
ingrédients des vodous Dan.
d. Toutes ces amas sont classées en deux catégories : Les amas fraiches aux vertus symboliques apaisantes et les amas
chaudes aux principes symboliques excitants. Ce sont les formes, les couleurs, la position des végétaux dans l’espace,
leurs associations avec les signes de Fa qui déterminent ce classement.
e. Exemples d’amas fraiches (ama fafa) : Kalanchoë crenata femelle (Kalanchoë), Adansonia digitata (Baobab),
Newbouldia laevis (Hysope africaine) dans le cas du vodou Aguin, Afzelia africana (Haricot cajou), Momordica
charantia (concombre africain) constitutif de Sakpata, Dracaena arborea (Dragonnier) dont les feuilles servent à
emballer les ingrédients spécifiques des vodou, constitutif de Hebieso, Logo et Toxosu, Securinea virosa, constitutive
d’Aguin, etc…


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f. Exemples d’amas chaudes (ama dzodzo) : Gynandropsis gynandra (Cléome), Kalanchoë crenata mâle (Kalanchoë),
Parkia biglobosa (arbre à farine), Caladium Bicolor (Caladium), Aframomum melegueta (poivre de Guinée) ingrédient
de Kenou, Amaranthus spinosus (Amaranthe épineuse) pour l’installation de Toxosu, etc…
g. On peut également dénombrer certaines plantes qui seront fraiches ou chaudes selon leurs utilisations et selon les
vodous. On a vue le cas du Kalanchoë mais on peut aussi citer toutes les sortes d’ignames (Dioscorea…) et Clausenia
anisata.
h. Toutes les feuilles fraîches peuvent se transformer en feuilles chaudes pour peu qu’elles entrent en contact avec les
feuilles de l’arbre Corail (Erythrina senegalensis) l’un des ingrédients des vodou Tchamba et Tron.
i. Cette force vitale, ces souffles spécifiques des amas, sont choisis pour leur faculté à donner la vie aux vodous, tout
comme la respiration permet aux êtres vivants de s’animer. Dans ce cas il s’agit d’une respiration magique, propre à
chacun des ingrédients.
j. On comprend que chaque ama possède une puissance qui lui est propre que le féticheur assemblera à la manière d’un
encodage, selon les critères qui lui en feront une force intelligible.


7. DANS LE CAS DES VODOU ENTERRES COMMENT FAIT-ON ?

a. En pratique, voici comment se présente les vodous Dan (tôvodou) : Feuilles de Dan :

Croton
(Croton zambesicus)

Herbe d’australie
(Euphorbia hirta)

Belles de nuit
(Mirabilis jalapa)
Bougainvilliers…
(Bougainvillea spectabilis)
Pour la plupart ces feuilles
viennent d’amérique. Nous
en déduisons qu’il y a eu une
évolution dans la constitution
des amas du vodou… Puisque
ce vodou existait bien avant
l’arrivée des européens.


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b. vodous Sakpata… (tôvodous) Feuilles de Sakpata :



Concombre africain
(Momordica charantia)

Ronier
(Borassus aethiopum)
Euphorbe du Cameroun
(Euphorbia kamerounica)

Concombre africain
(Momordica charantia L.)

Tabac
(Nicotania tabacum L.)
Herbe de Guinée
(Panicum maximum Jacq.)

Bardane
(Pupalia lappacea)

Liane sans fin …


(Cassytha filiformis)
Momordica est la feuille
incontournable des vodous
associés à Sakpata. Nombre
des plantes associées à
Sakpata sont pour la plupart
traçantes et très invasives.
Celles qui envahissent les
ruines par exemple, sont
associées à ce vodou.

c. vodous hebieso…(sôvoudous) Ce vodou existait bien avant
l’arrivée des européens.

Feuilles de Hebieso :

Gardenia
(Gardenia ternifolia)
Barbade
(Bryophyllum pinnatum)
Dragonnier
(Dracanea arborea)

Hysope africaine…
(Newbouldia laevis)
Le dracanea est une plante
de toute importance pour
Hébieso. Il délimite les
sanctuaires réservés au
vodou hébieso.
Pour tous les vodou en
général, les feuilles servent
de supports aux amas.

d. Exemple du vodou Agᴐ dont nous devons la description détaillée
au père Bruno Gilli :
• Brève présentation d’Agᴐ :
Ce vodou se manifeste lors d’une naissance en position pelvienne . Les enfants Agᴐ ne peuvent être adeptes d’aucun
autre vodou.
• Matériel nécessaire à l’installation :


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Une tête de vipère (Dzakpata).


Une balle de fusil.
De la poudre à canon.
Un petit piment.
Un poulet pour le sacrifice.
Un oiseau (« Dormidor »).
Une ruche d’abeille.
Du sable de carrefour.
Un objet en or.
Quatre éponges neuves.
De la boue de mer et du fleuve Ziᴐ.
Trois agodze.
Trois ase agbasa.
Un grand ase.
Une louche en terre de barre et deux cuillères.
Des beignets, des haricots salés et non-salés, de l’akasa salé et non-salé, et du honkudzi (pâte préparée en forme de
haricot).
Trois pots en terre.
La calebasse du vodou qui contient ses symboles et que l’on place dans le trou.
Trois tissus en percale bleue rouge et blanche.




e. Shéma d’installation du vodou Agᴐ
(Tracé selon la description du père B. Gilli). Feuilles d’Agᴐ :

Ecorce de Kapokier
(Bombax buonopozense P.)
Ecorce de Baobab
(Adansonia digitata)
Ecorce d’iroko
(Chlorofora excelsa)
Haricot acajou
(Afzelia africana)

Pomme baumier
(Momordica balsamina L.)

Ronier
(Borassus aethiopum)
Le palmier ronier est l’arbre sacré
des enfants Agᴐ. Sa forme fine au
pied et renflée en hauteur semble
symboliquement faire référence à
une naissance par les pieds.



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8. ACTIVER LE VODOU : INCANTATIONS ET MANIGUETTE.

a. Maintenant que le vodou est installé avec l’ensemble de ses constituants, nous devrons nous demander de quelle
manière pratique on lui donnera l’étincelle indispensable à sa naissance.
b. Les incantations prononcées à l’attention de la divinité, ces paroles connues des seuls initiés aident à libèrer leur
souffle magique.
c. Cet usage de la parole incantatoire est également pratiqué quand il s’agit de l’utilisation magico-thérapeutique des
plantes. Pierre Verger parle de « parole agissante », car c’est elle qui va insufler le souffle vital.
d. La force des paroles, leurs intonations, leurs musiques, nécessaires à la mémorisation ajoutent encore à la magie des
ingrédients utilisés.
Oblation initiale, mais point final et inconditionnel du rituel d’éclosion – car à ce moment naît vraiment le
vodou- le prêtre crache sur l’installation de la maniguette (Poivre de Guinée (Aframomum melegueta))
préalablement mâchée avec un peu de sodabi et parfois de la noix de kola.

e. C’est à cet instant précis et seulement à cet instant que le vodou prend vie parmi les hommes. Grâce à la magie des
plantes, maintenant installé et actif, il exercera ses pouvoirs en échange des offrandes qu’on lui accordera…

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