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Echanges Méditerranéens &

Pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires

actualités
Dans ce numéro
N°49 – Aout / Septembre 2018

Site internet de l’association : http://aem.portail-gref.org/


 Éditorial
 Rapport moral 2017
 Le dessalement des eaux en Tunisie

EDITORIAL 

Forêts marocaines
Table ronde sur l’Éthique
 L’irrigation en Espagne
 Brèves
 Bulletin d’adhésion 2018

Mohamed DAOUDI Jean JAUJAY


Premier Vice-président Président

La « montagne », depuis toujours participe aux légendes et mythes ; au cœur de traditions culturelles
riches et variées, elle est obstacle et refuge, lieu de peuplement et d’affrontements, décrite par un
vocabulaire spécifique concernant sa géographie, ses activités rurales et artisanales.

La « montagne », source des rivières, havre de biodiversité, est aussi un espace de confrontation entre
forêts et pâturages, désenclavement et exode, déprise et culture de rente, amont et aval, ruraux et
touristes. Les tensions sur l’utilisation des ressources et de l’espace sont désormais un enjeu de
développement des territoires concernés et de contribution de ces espaces à la richesse nationale.

Thème retenu par le 6ème séminaire SESAME, la « montagne » sera l’objet de communications lors du
séminaire, illustrées par les visites organisées pour les XVIIème Rencontres internationales.

La descente de la route du Tizi N’Test et le circuit dans la vallée des Ait Bougmès nous permettront, dans
des situations écologiques variées, de rencontrer les communautés locales et de prendre connaissance
de réponses collectives réussies concernant la valorisation des ressources de leur territoire et leurs
adaptations aux évolutions futures.

Les visites avec le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, les Parcs nationaux et l’ORMVA du Tadla
offriront une vision complémentaire, celle des institutions publiques, du développement des économies
montagnardes.

Enfin, les sites hydro-électriques de Bin-el-ouidane et d’Afourer nous introduiront aux enjeux des
utilisations multiples de l’eau et les visites, inaugurale et finale, du musée de l’eau à Marrakech et de la
médina de Fès nous plongeront dans les aspects culturels et techniques de la civilisation de l’Eau.

Les participants et leurs accompagnants apprécieront ainsi divers aspects de la montagne marocaine et
ne manqueront pas de partager à leur retour, via la lettre, leur expérience de ces Rencontres.

Echanges Méditerranéens pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires – 19, avenue du Maine – 75732 Paris Cedex 15
Directeur de la publication : Jean JAUJAY – Rédacteur en chef : Clément MNIAI – Comité de rédaction : Mohamed DAOUDI - Dominique CAIROL - Mani
MAHER - Michel TAILLIER – Jean-Robert TIERCELIN - Raymond LEVASSEUR – Derradji ZOUINI
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Rapport moral pour l’exercice 2017


Le Président Jean JAUJAY

L’objet de notre association est – rappelons-le -: « le renforcement des liens amicaux entre ses membres, la mise
en commun de leurs connaissances et de leur expérience dans les domaines de l’eau, de la forêt, de l’énergie et
d’une manière générale dans toutes les disciplines qui concourent au développement durable des territoires et à la
gestion des ressources naturelles, dans les pays du pourtour méditerranéen. »
L’action d’Échanges Méditerranéens a essentiellement consisté en 2017 à :
- favoriser les échanges entre ses membres en particulier au cours des XVIème Rencontres internationales, qui se
sont tenues en synergie avec le séminaire SESAME 5, organisées par les Vice-présidences France et Espagne,
- et, d’une manière générale, participer à toutes manifestations et activités entrant dans son objet social.
Pour ce faire, le bureau s’est réuni 10 fois au siège de l’association. Son travail a porté, tout au long de l’année,
sur la participation à des évènements partenaires ou d’intérêt thématique, la préparation des XVIème Rencontres
internationales en étroite liaison avec la Vice-présidence espagnole et le comité d’organisation de SESAME
(CGAAER, Agropolis et l‘AfD), le développement des partenariats, le renforcement des adhésions auprès des actifs
et des étudiants. Nos collègues de Montpellier ont été fort sollicités pour l‘organisation des 4 demi-journées de
visites, illustration des présentations du séminaire.

Comme pour les exercices passés, la situation dans les pays du sud de la Méditerranée n’a pas permis aux Vice-
présidences nationales de développer des activités similaires dans leur pays. Ainsi, l’essentiel du bilan porte sur
les actions conduites par le bureau et la Vice-présidence France.
Communication : sous la conduite de Clément Mniai, 3 lettres d’information ont été préparées à partir des
présentations du colloque des XVème Rencontres internationales à l‘IRA de Médenine ; une large place a été
donnée à l’information sur les manifestations et les « productions » des associations et entités partenaires. Le
n°44 a présenté une note sur l‘initiative 4 pour mille et le n° 45 la note conjointe SHF, AFEID Académie de l’eau
sur «tensions sur l‘eau et crises associées dans le bassin méditerranéen d’ici 2050 ».
Ont été également présentées la plaquette du nouveau musée Mohamed VI pour la civilisation de l’eau au Maroc,
sis à l‘entrée de la palmeraie de Marrakech, l‘association «Jeunesse pour l‘eau et le climat » et la publication «la
maitrise millénaire de la terre, de l’eau et du vent en Iran » de Seyed Mohammad Reza Javadi.
La diffusion a été assurée par courriel auprès des membres cotisants, des sympathisants (350) et élargie aux
participants du colloque d’Agadir et de Médenine, aux étudiants et enseignants participants au séminaire SESAME
et aux contacts noués à l’occasion des Rencontres.
Ces lettres « ÉCHANGES MED ACTU » sont consultables sur le site de l’association via le portail GREF.
Adhésion : la présence d’un bulletin d’adhésion dans les lettres et le courrier de relance des membres actifs ayant
omis de régler leur cotisation a conduit au maintien du nombre de cotisants.
Partenariat : les partenariats ont été maintenus avec l’OIEau, le Plan Bleu, l’Académie de l’eau, les Compagnies
d’aménagement, le CGAAER, le CGA du Maroc, les Instituts de formation et, en particulier, EngrefAgroParistech
qui héberge gracieusement le siège de l’association ainsi que l’IAAM, l’Association internationale des forets
méditerranéennes AIFM, l‘IME, le Conseil oléicole international dont le siège est à Madrid et le Centre de
recherches et d’études agricoles libanais (CREAL).
Activités : outre la participation à des séminaire et colloques organisés par nos partenaires, à Montpellier ou à
Paris, l’activité principale a été les XVIème Rencontres internationales.
Ces Rencontres ont commencé par le séminaire international SESAME 5, dans les locaux d'Agropolis International
à Montpellier, sur le thème « Agriculture, gestion intégrée des ressources et climat : quelle nouvelle gouvernance
territoriale pour un développement durable en Méditerranée et en Afrique de l’Ouest ? ». L’ensemble des
contributions riches, variées, généreuses, a formé un ensemble pertinent, innovant et utile au débat de société
comme à l’action publique. Elles se sont poursuivies par des visites de terrain liées au thème du séminaire dans la
région montpelliéraine puis par une belle tournée hydraulique dans les Pyrénées orientales avec les experts du
Conseil départemental. De l‘autre coté des Pyrénées, notre ami David Solano nous a organisé, malgré son départ
pour Abidjan, un beau voyage en Catalogne, en ébullition politique, mais riche de visites forestières,
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gastronomiques, culturelles (Figueras et Poblet) et achevé à Barcelone par le traditionnel diner final et la visite de
Agüais de Barcelona.
En conclusion, l’Association peut se féliciter de la qualité des Rencontres, co-organisées avec les Vice-présidences,
et du maintien du nombre de ses membres cotisants et actifs sur la VP France. Nonobstant le départ annoncé de
plusieurs responsables actifs du bureau, les difficultés à trouver la relève et le vieillissement inéluctable de sa
population contributive, compte tenu du non-renouvellement des membres par de jeunes professionnels,
l‘Assemblée générale tenue à Montpellier le 11 octobre 2017 a choisi la poursuite volontariste de l‘activité.

Le dessalement, un choix stratégique pour la Tunisie - Juin 2018


SEDDIK Saad
Ingénieur du GREF
Ingénieur Général du Génie Rural- TUNISIE

1- Introduction :
La Tunisie se classe parmi les pays les plus pauvres en eau quantitativement et qualitativement, le total de ses ressources
mobilisables n’est que de 4.8 km3/an ; ce potentiel mobilisable de surface et souterrain procure aux tunisiens une quote-
part ne dépassant pas 450 m3/an et par habitant, d’autant plus que 52% de ces eaux ont une salinité qui dépasse 1.5 g/l.
Cet indicateur place la Tunisie structurellement sous le seuil de pauvreté en eaux fixé à 1000m3/an/habitant, pire encore
sous le seuil de la pénurie qui est de 500 m3/an/habitant.
Les divers projets et programmes réalisés dans le cadre des trois plans directeurs des eaux du nord, du centre et du sud du
pays ont permis la mobilisation de 95% de ses ressources actuellement. Pour ce qui est de l’exploitation , elle est dans sa
majorité pour l’irrigation qui utilise 80% des ressources mobilisées et le reste étant pour l’eau potable avec 15% et pour le
tourisme et l’industrie avec 5%.
Devant cette situation, la Tunisie a mis en place une stratégie qui repose sur trois grands axes :
 Un programme national d’économie d’eau lancé en 1995 avec le concours de nos partenaires techniques et
financiers.
 Le passage de la politique de l’offre à la politique de la demande quant à l’exploitation des ressources en eau
disponibles.
 Le recours à la mobilisation des ressources non conventionnelles. En effet, avec l’accroissement des demandes,
devant la rareté des ressources et l’utilisation presque totale des ressources conventionnelles disponibles, le
recours au dessalement des eaux saumâtres et de l’eau de mer est inéluctable et constitue un choix
stratégique.
Le début des années quatre-<vingt (1983), a vu la mise en place du premier périmètre irrigué avec les eaux usées traitées sur
1450 ha de même que le premier projet de dessalement d’eau saumâtre destinée à l’eau potable dans les iles de Kerkennah
d’une capacité de 3500 m3/j.
En l’état actuel, 15 stations de dessalement d’eau saumâtre produisent 110.3 Mm3/j. Une station de dessalement d’eau de
mer à Djerba de 50Mm3/j vient d’être mise en service ainsi que trois autre stations dont les travaux démarrent cette année
d’une capacité totale de 200 Mm3/j extensible à 350 Mm3/j
2- Projet de dessalement d’eau saumâtre de Ksar Ghilane pour l’eau potable:
Ksar Ghilane, un village qui comptait 50 familles ainsi que 5 unités touristiques, une caserne militaire, un poste de la garde
nationale et une petite école primaire. C’est une localité du sud tunisien faisant partie administrativement du gouvernorat de
Kébili. Avant les années 1950, c’était une zone de parcours, et suite à la mobilisation des eaux souterraines, une oasis de 100
ha créée où 100 bénéficiaires sont sédentarisés.
L’alimentation en eau potable se caractérisait par une eau de salinité élevée à partir des puits de surface, puis à partir des
forages profonds. Le transport d’eau douce par citernes tractées réalisé par le CRDA sur 50 km de piste ensablée est très
pénible et très coûteux (# 10 euros/m3) et n’arrivait pas à couvrir les besoins.
Pour pallier ce problème, la solution choisie était le dessalement, mais devant le coût très élevé du raccordement au réseau
électrique qui se trouvait à 70 km, les réflexions ont abouti à l’utilisation de l’énergie solaire et un projet pilote de
dessalement de l’eau du forage existant dont la salinité est de 4.6 g/l.
La mise en vigueur de ce projet a nécessité la conjugaison des efforts de plusieurs partenaires , dont l’Agence Espagnole de
Coopération Internationale (AECI) , le Gouvernement Autonome des Îles Canaries, l’Institut Technologique des Îles Canaries
(ITC), l’Agence Nationale de la Maitrise de l’Energie et le Ministère de l’agriculture de la Tunisie (à travers sa représentation
régionale soit le CRDA de Kébili). D’un coût de 540 MDT (# 230 mille euros), les travaux ont commencé en 2005 et la mise en
eau a eu lieu en Mai 2006.

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Malgré les difficultés des conditions climatiques, le projet a été réalisé avec succès et une grande satisfaction des
bénéficiaires. L’énergie utilisée est le photovoltaïque (10 kW), le dessalement par Osmose Inverse, la station de 15m3/j, l’eau
produite à 0.72 g/l, avec un rendement de l’ordre de 60%. Néanmoins deux problèmes méritent d’être résolus : le rejet des
saumures et la gestion de la station vu son éloignement.
Après dix ans de fonctionnement, la station produit en moyenne 7,1 m3/j avec une énergie de 2 à 3 kWh/m3. La
consommation d’eau est inférieure à la capacité de production, ce qui assure la continuité de la distribution d’eau dans le cas
de l’évolution de la demande dans le futur. Le coût moyen annuel de fonctionnement s’élève à 25 mille dinars/an (8.5 mille €
/an) dont 85% pour couvrir les salaires des techniciens chargés de la gestion, ce qui engendre un coût de production de l’eau
de l’ordre de 9 DT /m3 (soit 3 €/m3).
Le problème de disponibilité en eau potable est résolu définitivement, mais la gestion est toujours assurée par le CRDA de
Kébili, tandis que les saumures sont traitées moyennant un bassin étanche d’évaporation.
3- Projet de dessalement d’eau saumâtre à « Gonat » (Mahdia) pour l’irrigation :
Les régions du sahel est du sud tunisien sont caractérisées par des ressources en eaux à dominances souterraines et de
qualités médiocres (eau de salinité élevées : 47% > 3.6 g/l et 53% entre 2.5 et 3.5 g/l), ce qui a constitué un handicap à
l’extension des périmètres irrigués et au développement du secteur irrigué.
Le cas de figure à présenter est celui du périmètre irrigué de « Gonat » situé dans le gouvernorat de Mahdia au sahel
tunisien. Ce périmètre irrigué couvre 62 ha, créé depuis 2001 sur un forage débitant 25l/s d’une salinité 4.6 g/l ;
l’infrastructure hydraulique est gérée par un GDA regroupant les agriculteurs.
La production de fourrage et quelques cultures maraichères et arboricoles sont les principales spéculations, mais l taux
d’exploitation et d’intensification, vue la salinité, restent limités à 76% et 99% respectivement.
Ces circonstances auxquelles s’ajoute l’impact des conditions climatiques ont poussé les intervenants (pouvoir publics,
représentants des agriculteurs et bénéficiaires) à avoir recours aux ressources non conventionnelles et valoriser au
maximum les ressources disponibles aussi médiocres soient-elles.
Dans le cadre de la coopération entre le Ministère de l’agriculture et l’Union européenne, et dans le but d’atténuer l’impact
des changements climatiques, une station de dessalement d’une capacité de 200 m3/j à 0.2 g/l est mise en place sur le
forage existant, avec un coût total de 420 mille dinars (# 160 mille €). Cette eau est mélangée à l’eau brute du forage à
raison de 1/3 eau dessalée et 2/3 eau saumâtre pour avoir une eau à 1.5 g/l convenable à une irrigation rentable.
Un forum de concertation regroupant les bénéficiaires et les techniciens afin de définir les modalités de gestion du projet, a
permis de mettre sur la table trois questions principales : quel est le coût de l’eau dans la production ? le prix de vente de
l’eau ? qui gère la station et quand sera-elle prise en charge par le GDA ?
Le démarrage de l’exploitation de ce projet a eu lieu le 15/09/2016, avec le choix d’une entreprise spécialisée pour la gestion
er
et la maintenance de la station moyennant une convention cadre pendant une période transitoire d’une année (du 1 février
au 31/12/2017) ; de même le prix de vente de l’eau aux agriculteurs a été fixé à 0.3 DT/m3 (0.11 €/m3) dans un premier
temps, contre un coût de production de l’eau de 0.821DT /m3 ( 0.3 €/m3). Dans ces conditions le coût de l’eau parmi les
facteurs de production représente 10 à 15%.
Après la période d’essai et la première année d’exploitation, l’impact du projet est plutôt positif ; à titre indicatif le taux
d’intensification a été de 138% puis 160% pendant les campagnes respectives de 2015/2016 et 2016/2017. De même au
niveau du rendement qui s’est amélioré de 200% ou même plus, une serre de tomates qui produisait 3.5 tonnes avec de l’eau
saumâtre passait à 9.2 tonnes avec de l’eau dessalée, une serre de piment de 2.5 t avec de l’eau saumâtre passe à 8.1 t avec
de l’eau dessalée. La campagne 2017/2018 s’annonce également prometteuse.
Suite à une étude de l’impact environnemental des rejets, le choix a porté sur un bassin étanche d’évaporation.
L’augmentation du nombre de serres, la diversification des cultures, la réduction des maladies, des demandes de plus en plus
de jeunes d’adhérer à la formation dans le secteur de la serriculture et l’exploitation agricole sont les impacts directs de ce
projet pilote.
4- Conclusion,
Vu le manque structurel de ressources en eau pour la Tunisie d’une part, et pour atténuer l’impact des changements
climatiques d’autre part, le recours aux ressources non conventionnelles et plus spécifiquement le dessalement soit des
eaux saumâtres soit de l’eau de mer, constitue la meilleure solution actuellement et dans le futur proche et lointain.
Toutefois la maîtrise du coût de l’eau reste un grand défi aussi bien au niveau de la technologie qu’au niveau de
l’utilisation des énergies renouvelables. Deux sujets à développer et qui auront un avenir prometteur.

Cliquez sur le lien pour consulter le diaporama de la présentation sur « L’EXPERIENCE TUNISIENNE DANS LE
DESSALEMENT DES EAUX SAUMATRES DESTINEES A L’EAU POTABLE et L’IRRIGATION »

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Tournée 2018 de Forêt Méditerranéenne : « A la découverte des forêts marocaines ».


Euguerrand FERRI-PISANI
Nos collègues de Forêt Méditerranéenne viennent d’effectuer une tournée d’Ifrane à Marrakech et ont abordé quelques sujets
d’intérêt commun. Avec leur autorisation nous publions leur compte-rendu.
Source: revue la feuille et l’aiguille n° 111 de juin 2018.
La cédraie d’Azrou. : photo D. Afxantidis/FM

Pour la 29ème édition de la tournée annuelle de Forêt Méditerranéenne, 26 participants se sont donné rendez-
vous au Maroc du 9 au 14 mai 2018. De Rabat à Marrakech, en passant par les provinces d’Azrou et de Beni-
Mellal, le groupe est parti à la découverte des écosystèmes forestiers marocains et de leurs habitants, guidés
par les forestiers du Haut Commissariat aux Eaux et Forêt et à la Lutte contre la désertification du Maroc
(HCEFLCD).

Pour la première journée, quoi de mieux que de situer le contexte forestier général du Maroc. Le groupe est
accueilli à l’École nationale forestière d’ingénieurs (ENFI), en périphérie de Rabat, où l’on a découvert comment
sont formés les futurs ingénieurs forestiers du Maroc. Fondée en 1968 pour les pays du Maghreb, l’ENFI étend sa
formation à 27 pays et compte aujourd’hui cinq grands axes de recherche : biodiversité, aménagements,
technologies forestières, socio-économie et systèmes d’information géographique.
La présentation par le représentant du Haut Commissariat nous apprend qu’on dénombre 30 écosystèmes
forestiers différents au Maroc, pour 9 millions d’ha, dont 68% sont sensibles au phénomène de désertification.
Avec une productivité limitée, ces forêts représentent pourtant des enjeux majeurs pour le pays : 23 millions de
tonnes de CO2 absorbées, 8 millions d’habitants possédant un droit d’usage, 50 000 emplois permanents, et plus
de 150 000 ha de forêts urbaines pour le loisir.
Après cette entrée en matière et un délicieux buffet offert par l’ENFI, nous partons en périphérie de Rabat, où
nous attendent les forestiers du HCEFLD pour nous présenter l’immense subéraie de la Maamora, où association
pastorale et Haut Commissariat travaillent en collaboration. Nous visitons une parcelle de régénération, et
découvrons avec surprise l’efficacité de la régénération comparativement aux difficultés que nous connaissons
dans nos régions subéricoles françaises.
Le 2e jour, le groupe prend la route d’Azrou. C’était sans compter une panne de bus qui nous paralyse une bonne
partie de la journée, mais soude le groupe autour de mots fléchés ! Nous finissons par atteindre notre hôtel en fin
d’après-midi.
Nous nous réveillons au cœur du Parc national d’Ifrane. D’une superficie de 325 000 ha, le parc a pour vocation le
développement durable pour les populations locales. Avant d’atteindre la cédraie tant attendue sur les hauteurs,
nous faisons une halte dans un peuplement de chênes verts et zéens, accompagnés par le directeur du Parc.
Endémique au Maghreb et sur la péninsule ibérique, le chêne zéen occupe 17 000 ha au Maroc. Exigeant en eau,
on le trouvera sur les versants nord en peuplement souvent mixte avec le chêne vert. Le groupe poursuit son
ascension jusqu’à la cédraie, où nous découvrons des parcelles en régénération assistée. La problématique
principale sur ce secteur est liée au surpâturage ovin. La communication reste difficile avec les populations
locales, les éleveurs cherchent toujours l’expansion des cheptels (qui appartiennent bien souvent à des citadins),
au détriment de la régénération naturelle des cèdres. La volonté de cogestion du Parc porte tout de même ses
fruits : le gardiennage de la zone est confié aux locaux,
et les associations regroupant la totalité des ayants
droits reçoivent une compensation financière.

Direction le secteur de Beni Mellal où nous visitons un


site d’intérêt écologique et biologique où, une fois de
plus, est soulignée l’importance pour le Haut
Commissariat d’établir le dialogue et une gestion
concertée avec les populations. Nous arrivons
jusqu’au barrage de Bin El Ouidane où nous
constatons que cet hiver, exceptionnellement pluvieux
et neigeux, a permis un taux de remplissage de 57 % !
Un peu plus loin sur la route, nous découvrons une
belle réalisation de Défense et restauration des sols.
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Là, pour lutter contre l’érosion, l’essence principalement choisie est le Cyprès de l’Arizona, son taux de croissance
et sa capacité d’adaptation en font un bon compromis pour ces régions. Avant de partir pour Marrakech, nous
passons voir le genévrier thurifère à près de 2000 m d’altitude devant le décor somptueux des sommets
enneigés.
La dernière journée se déroule près d’Essaouira à 3h de route de Marrakech. Les forestiers du Haut Commissariat
nous présentent l’arganier sur son aire de répartition naturelle et les zones de plantations. Nous visitons la
pépinière qui produit non seulement des plants d’arganiers mais également robiniers, thuyas, acacias... Nous
visitons une coopérative où, à partir de la graine d’argan, sont fabriqués une multitude de produits cosmétiques
et alimentaires. Son développement est fortement encouragé par les autorités, car il est un bon exemple
d’agroforesterie intégrant développement local et gestion durable des milieux.

Le compte-rendu intégral de ce voyage paraîtra dans la revue Forêt Méditerranéenne.

Table ronde sur l’Éthique

Lors de la table ronde organisée par l’Académie de l’Ethique, le 20 juin 2018, notre collègue Pierre-Frédéric
Ténière-Buchot (pS-Eau, Académie de l’eau) a partagé ces propos provocateurs, sur lesquels vos réactions sont
attendues.

« L’éthique et l’usage raisonné de l’eau ! Qu’en est-il pour les pays les plus pauvres et quels sont les paramètres
qui permettraient d’établir progressivement une éthique de l’eau, au-delà des considérations économiques et
financières spécifiques précédentes ?
Faire mieux pour les usages de l’eau (en quantité, qualité, sécurité) avec moins d’eau et sans polluer le milieu
(ressource et exutoire) ressemble à une gageure. Cela devient pourtant envisageable si un grand nombre de
tabous sont bousculés. Par ordre d’urgence :

1. la natalité (contrôle des naissances)


2. faire franchir de plusieurs siècles la production agricole (qui consomme les ¾ des ressources en eau quand
elle est arriérée) ou l’évaluer en termes de santé publique quand elle est modernisée (pesticides :
certainement ; modification génétique : peut-être).
3. recycler le plus possible les eaux déjà utilisées (économie circulaire avec ses aspects psychosociologiques
et de maîtrise des process).
4. parvenir à faire de l’eau une priorité politique et financière (sans corruption). Mais comment faire
respecter un bien presque gratuit ?
5. créer de nouvelles ressources hydriques (transferts transfrontaliers négociés, dessalement raisonné) et
refus d’exporter les déchets des pays riches vers les pays pauvres ou vers les mers…
6. résoudre les conflits locaux et régionaux comme préalables à un développement durable (cas de la
difficile mise en place de l’eau virtuelle).
7. éviter de prêcher la frugalité-sobriété à ceux qui n’ont rien et notamment pas le sens de l’humour noir
(développement ou décroissance ?)

S’ajoutent à ces sept difficultés majeures, quatre espoirs de très grande fragilité :
 la technologie qui résoudrait tout (ce n’est pas toujours le cas : les toilettes de la Fondation Bill & Melinda
Gates déplacent les problèmes de la maison en les transférant au milieu naturel…),
 l’eau qui serait un patrimoine commun gratuit (un don de Dieu) sans rapport avec l’énergie dépensée
pour le service de l’eau,
 les pauvres qui auraient envie de le rester (ce serait leur culture, voire leur sagesse…),
 enfin, les discours d’espoir mais aussi un art compensatoire de communication, cousin de la propagande
fallacieuse.

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Comment faire plus et mieux en matière d’éthique pour lutter contre le stress hydrique, la pollution, les
catastrophes liées à l’eau ?
Quelques suggestions simples :
Mieux connaître ce qui est déjà fait (qui peut être amélioré) au lieu de critiquer sa propre ignorance. Pour
cela, il faut travailler et s’informer de manière critique et contradictoire pour se forger sa propre idée, qui
procède de la réflexion plutôt que de la répétition.
Ecouter avant de proposer. Abondance du bottom up, parcimonie du top down.
Chercher l’appropriation : une solution technique médiocre prise en charge par les utilisateurs est
toujours préférable à une solution optimale pour le seul installateur qui sitôt sa tâche finie, s’en va.
Pour que tout ce qui touche à l’eau soit pris au sérieux, il faut faire payer, toujours et encore payer.
La lutte contre la corruption est comme de l’eau au fond d’une barque. S’il y en a trop, elle coule, s’il n’y
en a pas, c’est que la barque est à terre sous le toit d’un hangar.
L’eau, l’énergie, l’agriculture, la santé, la formation forment la base stable mais indissociable d’une
gouvernance qui peut durer pour une collectivité qui cherche à se développer.

L’irrigation en Espagne
Dans son n°1 de juin 2018, la revue Agriculture & Pêche, publiée par le service économique de l‘Ambassade à
Madrid, donne les chiffres de l‘évolution des surfaces irriguées du pays.
L’irrigation en Espagne augmente en 2017, à plus de 3,7 millions d’hectares. Au total, le pays compte
3,79 Mha irrigués, soit une augmentation de 0,87% en 2017, poursuivant ainsi la tendance de la
dernière décennie. La surface irriguée représente 22% de la surface totale cultivée. Lors des années de
graves sécheresses comme en 2017, les systèmes gravitaires perdent du terrain au profit de l’irrigation
localisée ou par goutte à goutte, qui représente 51% de la surface irriguée (1,9 Mha). L’objectif de la
Stratégie Nationale d’irrigation 2018-2025 est de moderniser à terme 800 000 ha de surface irriguée.
Types d’irrigation en Espagne
Surface en Surface en Part des techniques
Type d’irrigation 2007 2017 d’irrigation en 2017
(ha) (ha)
Gravité 1 115 271 926 748 24,8%
Aspersion 464 619 570 360 15,3%
Rampe d’irrigation 250 483 318 695 8,5%
automotrice
Localisé 1 502 327 1 917 892 51,4%
Autres/Sans information 20 082 n.a
TOTAL 3 360 782 3 733 695 100%
Source : Economia Agraria mars-avril 2018, n°163

L’Andalousie est la Communauté autonome qui possède le plus de surfaces irriguées (1,095 Mha soit
29,4% des surfaces irriguées espagnoles), suivie de Castille-la-Mancha (14,4%), Castille-et-Léon (11,9%)
et l’Aragon (10,9%). Aux Canaries, 57,6% de la surface cultivée est irriguée. Les céréales sont les
cultures les plus irriguées (926 795 ha soit 25% de la surface irriguée du pays), suivie des oliviers et de
la vigne. L’irrigation par gravité est utilisée pour les céréales quand l’irrigation localisée est utilisée à
94% pour les cultures pérennes, les oliviers et la vigne.

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Brèves

Énergies
Henri BOYE nous signale la livraison du bulletin de Liaison Énergie-Francophonie n° 107 du second
trimestre 2018 « Énergie Durable en Afrique et Initiatives. La transition énergétique, les stratégies de
soutien et d’accélération de l’accès à l’énergie ».
Il contient, outre un article qu’il a écrit sur l’électrification rurale décentralisée, des informations fort
intéressantes sur le développement des énergies renouvelables dans les pays du Maghreb. (Consultable
sur www.ifdd.francophonie.org)

A consulter
« Alimentation générale », périodique avec lequel « Échanges
Méditerranéens » a noué des liens à l’occasion de la
préparation du colloque de Bejaïa, présente une approche
globale et multidisciplinaire de l’alimentation humaine dans le
monde. Il a paru intéressant de matérialiser cette collaboration
par un échange régulier de nos publications respectives permettant ainsi à chacun d’être informé sur
des sujets d’intérêt commun qui viendraient à être traités par l’un ou par l’autre. Désormais, vous
trouverez donc dans chacune de nos lettres un lien permettant d’accéder à la lecture du mensuel «
Alimentation générale ». Le voici pour le mois d’Aout 2018 : cliquez ici

Échanges Med actualités n° 49 – Aout / Septembre 2018


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ANNEE 2018 - BULLETIN D’ADHESION

à " ECHANGES MEDITERRANEENS " (S.V.P. remplir en majuscules)

 M.  Mme  Mlle ……………………………………………………………………….….

 ou appellation de l'Association ……………………………………………………………..

 ou appellation de l'Entreprise ………………………………………………………………

Adresse…………………………………………N° …………………………………………….

Rue………………………………………………………………………………………………..

Code Postal………………….Ville……………………………… Pays………………………..

Tél…………………………………………….e-mail ………………………………………….

2018
ADHESION ANNUELLE

Cotisation Personne physique Personne morale

Membre actif  25 € ou 2900 DZD,  100 € Association


275 MAD, 55 TND

 15 € Jeune professionel < 30 ans  200 € Entreprise

 10 € Etudiant, Ingénieur-élève

 Membre donateur  à partir de 200 €  à partir de 1000 €

A régler directement auprès du Vice-président national

Bulletin d'adhésion à renvoyer avec votre chèque libellé à l’ordre d’Échanges méditerranéens à
ASSOCIATION ‟ ÉCHANGES MÉDITERRANÉENS ʺ
AGROPARISTECH-ENGREF – 19, avenue du Maine - 75732 PARIS cedex 15
à l'attention du trésorier Henri-Pierre CULAUD.

Siège social : 19 avenue du Maine - 75732 Paris Cedex 15 – n° SIRET 439 182 304 00014
Secrétaire général adjoint : Francois GADELLE : f.gadelle@wanadoo.fr
Site internet : http://aem.portail-gref.org

Échanges Med actualités n° 49 – Aout / Septembre 2018

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