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30/09/2008
Réacteurs de recherche
et d’irradiation de matériaux
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© Techniques de l’Ingénieur BN 3 030 − 1
1. Présentation générale — les réacteurs pour l’étude des accidents graves tels que Phé-
bus, Cabri en France ;
— les réacteurs utilisés pour la formation du personnel et l’ensei-
gnement universitaire tels qu’Ulysse, Minerve et Azur en France...
Il existe cinq grandes familles de réacteurs de recherche :
— les réacteurs d’irradiations technologiques tels qu’Osiris en C’est en 1942, à Chicago, que l’équipe d’Enrico Fermi a réussi
France, HBWR en Norvège, Hanaro en Corée, JMTR au Japon... qui l’approche sous-critique et la divergence de la première « pile
sont essentiellement utilisés pour les besoins de la recherche appli- atomique ».
quée à l’énergie nucléaire ; Depuis cette date, les réacteurs de recherche ont joué un rôle
— les réacteurs dits « à faisceaux de neutrons » tels qu’Orphée et important dans le développement de la science et de la technologie
le RHF en France, HFIR et MURR aux États-Unis, BER-II en Allema- nucléaire.
gne, JRR3M au Japon... qui utilisent la diffraction des neutrons pour
les besoins de la recherche fondamentale, en particulier pour carac- Jusqu’à présent, à peu près 600 réacteurs de recherches ont été
tériser les structures de la matière condensée ; construits dont 256 sont encore en fonctionnement aujourd’hui
dans 59 pays.
— les maquettes critiques telles que Masurca et Éole, Minerve,
Isis en France, BR-1 en Belgique... conçues pour répondre au besoin Une soixantaine seulement ont une puissance supérieure à 5 MW.
de qualification des calculs neutroniques et de physique des cœurs. C’est essentiellement à cette catégorie que nous nous intéresserons
Ce sont des réacteurs de très faible puissance [typiquement 5 kW, par la suite (liste des réacteurs les plus dans le monde et en Europe,
pour des flux neutroniques de l’ordre de 109 n/(cm2 · s)] ; tableau 1 et tableau 2). (0)
Radio-isotopes
fondamentale
Puissance
thermiques
Pays Réacteur en Situation Type Combustible
Recherche
Irradiation
matériaux
Neutrons
Neutrons
(MW)
rapides
service
Inde Dhruva 1985 Bombay 100 Caisson D2O Crayons U naturel 1,8 X X X
Indonésie RSG-GAS 1987 Serpong 30 Piscine H2O Plaques 20 % 3,0 0,9 X X X
Japon JRR-2 1960 Tokai Mura 10 Caisson D2O Crayons 45 % 1,3 X X
JRR-3M 1990 Tokai Mura 20 Piscine H2O / Plaques 20 % 3,0 X X
caisson D2O
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(0)
Radio-isotopes
fondamentale
Puissance
thermiques
Pays Réacteur en Situation Type Combustible
Recherche
Irradiation
matériaux
Neutrons
Neutrons
(MW)
rapides
service
1.1 Évolution du nombre de réacteurs service entre 1955 et 1960 notamment aux États-Unis. Il correspond
également à la stagnation du marché de l’électronucléaire aux États-
de recherche dans le monde Unis à partir du début des années 1970. On peut, en effet, considérer
qu’il existe, pour un pays donné, une corrélation entre le nombre de
Le fléchissement observé à partir de 1975 sur la figure 1 est essen- réacteurs d’irradiations technologiques et son implication dans un
tiellement imputable à l’arrêt des réacteurs les plus anciens mis en programme électronucléaire. Quand on maintient en service les
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Nombre de réacteurs
— Osiris en France qui réalise l’essentiel des irradiations du pro-
gramme français pour le compte d’EDF et de FRAMATOME, mais 20
également tout le programme de recherche du CEA sur les maté- 15
riaux et les combustibles pour les filières dites du futur ainsi que les
recherches sur l’aval du cycle en complément des irradiations faites 10
dans le réacteur à neutrons rapides Phénix ; 5
— HFR à Petten aux Pays-Bas qui se positionne de plus en plus 0
sur le créneau « médical » au sens large [radioéléments, BNCT 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
(Boron Neutron Capture Therapy), méthode de traitement de certai- Âge (années)
nes tumeurs notamment du cerveau et de la peau par des particules
alpha issues de la réaction entre les neutrons et un composé boré Figure 2 – Histogramme de l’âge des réacteurs expérimentaux
préalablement concentré dans la tumeur [1], ...], mais qui effectue
néanmoins des irradiations technologiques à la demande, notam-
ment pour les programmes relatifs à la fusion et l’aval du cycle ;
1.2 Projets en cours dans le monde
— BR-2 à Mol en Belgique dont le régime de fonctionnement a
été ajusté en 1997 pour tenir compte de la baisse des demandes
d’irradiations technologiques. Il fonctionne aujourd’hui par campa- Nombreux sont les pays qui affirment avoir des projets... Ce qui
gne, surtout pour la production de radioéléments, le silicium dopé caractérise les projets qui se concrétisent, c’est leur caractère pluri-
et des irradiations technologiques à la demande ; disciplinaire et évolutif de telle sorte qu’on peut difficilement les ran-
ger dans une catégorie. Ce constat ne fait que traduire l’incertitude
— R-2 à Studsvik en Suède qui réalise des irradiations technolo-
des programmes et la pénurie de moyens financiers : chacun cher-
giques à la demande dans des domaines particuliers, par exemple
che à être en mesure de faire un maximum de choses pour rentabi-
les rampes de puissance ;
liser l’investissement. Ainsi, le dopage du silicium figure toujours en
— LVR-15 à Rez en Tchéquie qui réalise essentiellement des irra- bonne place parmi les objectifs affichés alors qu’il ne s’agit que
diations de matériaux et produit des radioéléments. d’une activité éphémère par nature (technologie de l’électronique)...
Les autres réacteurs, tels que FRG-2 et FRJ-2 en Allemagne, ne ■ La Belgique, après avoir considéré la possibilité de réaliser une
sont pas considérés comme impliqués dans les programmes de installation (classique ou du type de source à spallation) dédiée à la
Recherche et développement nucléaires, même s’ils en ont poten- production de radioéléments (Adonis), s’oriente actuellement sur
tiellement les moyens. un réacteur de type hybride (Myrrha). Dans ce dernier cas, le réac-
teur serait sous-critique et pourrait à la fois être utilisé pour la pro-
Ce qui caractérise les réacteurs européens, c’est leur bon état (mal- duction de radioéléments et les recherches nécessitant des flux et
gré leur âge), grâce à des campagnes régulières de jouvence et de des énergies très élevées.
mise à niveau au plan de la sûreté. Le réacteur BR-2 a fait l’objet d’une
jouvence importante pendant 1 an (1996) à l’occasion du remplace- ■ L’Allemagne construit à l’université technique de Munich un réac-
ment de la matrice de béryllium. Depuis 1990, le CEA s’est engagé teur de 20 MW à faisceaux de neutrons pour la recherche fondamen-
dans un processus de remplacement quasi systématique, par mor- tale (FRM-2). Il est prévu également d’y produire des radioéléments.
ceau, de la majeure partie des composants du réacteur Osiris : casier Cette installation devrait démarrer au cours du premier trimestre 2004.
alvéolé, contrôle commande, bac de désactivation... On constate ■ La Chine prévoit de construire un réacteur de 60 MW (CARR) dont la
néanmoins que les réacteurs dont l’âge dépasse 40 ans sont peu conception serait proche de celle du réacteur Orphée. Il est prévu que
nombreux ; aujourd’hui l’arrêt des réacteurs les plus anciens, tels que le CARR puisse également réaliser des irradiations technologiques.
Hifar en Australie (1958), est d’ores et déjà programmé.
■ L’Australie prévoit de remplacer son réacteur Hifar, situé à Lucas
Sur cette base, on peut considérer que, à l’horizon 2010, seuls Heights et mis en service en 1958, par un réacteur de 20 MW pour la
deux ou trois réacteurs de recherche à vocation technologique recherche fondamentale (faisceaux de neutrons), les applications
seront encore opérationnels à l’échelle européenne. Ils auront toute- médicales (production de radioéléments) et certaines applications
fois des perspectives de durée de vie limitées à quelques années industrielles (neutrographie, dopage du silicium). C’est l’INVAP
(figure 2). (Argentine) qui sera le maître d’œuvre de ce projet.
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■ Le Canada a un projet, l’IRF (Irradiation Research Facility). Ce neutrons thermiques très moyens et des flux de neutrons rapides
réacteur sera utilisé essentiellement pour des irradiations technolo- faibles. Par la suite, ces inconvénients ont été en partie surmontés
giques (filière CANDU) et la recherche fondamentale (faisceaux de par l’utilisation d’uranium enrichi.
neutrons). Ces réacteurs sont peu adaptés aux essais de matériaux sous
rayonnement, car la présence d’eau lourde impose une cuve étan-
che qui complique l’accès au cœur et au réflecteur. En revanche, ils
sont mieux adaptés aux recherches de physique fondamentale sur
1.3 Situation en France faisceaux sortis, car l’emploi de l’eau lourde comme modérateur et
réflecteur permet d’obtenir des flux thermiques très purs (absence
de neutrons rapides considérés comme parasites), indispensables
Le CEA a une longue expérience de conception et d’exploitation
aux études des états de la matière condensée.
des réacteurs de recherche. En 1974, quand la France s’engage dans
son grand programme électronucléaire, elle dispose de 7 réacteurs La possibilité de réaliser des cœurs très compacts en utilisant de
d’irradiations technologiques : Pégase, Rapsodie, Triton, EL3, Osiris, l’uranium très enrichi a permis, par la suite, de concevoir des réac-
Siloé et Mélusine. Ils ont, en particulier, servi à former toute une teurs à eau lourde extrêmement performants, totalement dédiés à la
génération de spécialistes dans la mise en œuvre de ce programme. recherche fondamentale et offrant des flux thermiques très élevés et
très purs (par exemple, le RHF et Orphée).
Les réacteurs d’irradiations technologiques doivent être considé-
rés, avec les laboratoires de haute activité, comme les outils de base
indispensables au développement de l’énergie nucléaire. Bien qu’il
soit possible d’utiliser les réacteurs de puissance eux-mêmes pour 2.2 Réacteurs à eau ordinaire
expérimenter de nouveaux matériaux et combustibles, les réacteurs
de recherche constituent les bancs d’essais indispensables pour les
qualifier dans des conditions incomparables de souplesse d’exploi- 2.2.1 Réacteurs à caisson fermé
tation, de maîtrise des conditions expérimentales, de précision des
mesures et aussi par la possibilité qu’ils offrent de simuler des tran-
sitoires des situations incidentelles voire accidentelles, qu’il serait Utilisant de l’uranium enrichi, ces réacteurs aux cœurs de faibles
inacceptable de vouloir réaliser dans les réacteurs de puissance. dimensions permettent de disposer de flux de neutrons thermiques
et de neutrons rapides élevés. La pressurisation, généralement de
Depuis l’arrêt du réacteur Siloé en 1997, la France ne dispose plus quelques bars, permet d’extraire une puissance spécifique plus éle-
que du seul réacteur Osiris pour satisfaire à la fois : vée que dans les réacteurs piscine à cœur ouvert et donc d’augmen-
— les besoins des industriels (liés à l’amélioration de la compéti- ter d’autant les flux disponibles. Les emplacements situés dans le
tivité et de la sûreté) ; cœur sont plus difficilement accessibles, car il faut traverser le cais-
— les besoins du CEA pour ses recherches sur les filières du futur son de pressurisation et les emplacements situés hors du caisson
et l’aval du cycle. présentent des flux moins importants à cause de l’absorption des
Compte tenu, d’une part, du rôle que continuera de jouer l’énergie neutrons dans le caisson. La présence de ce caisson entraîne, par
nucléaire en France au XXIe siècle, donc de la nécessité de toujours ailleurs, des contraintes de sûreté supplémentaires.
disposer d’un réacteur d’irradiations technologiques, et, d’autre
part, du délai nécessaire (environ 10 ans) à la réalisation d’un nou-
veau réacteur, le CEA a considéré qu’il fallait engager, sans délai, 2.2.2 Réacteurs à cœur ouvert (dits réacteurs
l’étude d’un nouveau réacteur appelé, à terme, à remplacer le réac- piscine)
teur Osiris. Il s’agit du réacteur Jules Horowitz.
L’absence de pressurisation limite la puissance spécifique extrac-
tible, donc les niveaux de flux, mais l’accès au cœur est particuliè-
rement aisé. C’est sans doute le type de réacteur qui regroupe le
2. Types de réacteurs maximum d’avantages :
— faible coût d’investissement et d’exploitation ;
— sécurité et simplicité d’utilisation ;
Bien que l’éventail des réacteurs de recherche soit très large, on — accessibilité générale ;
rencontre essentiellement deux principaux types de réacteurs : — polyvalence et souplesse d’adaptation à l’évolution des pro-
— les réacteurs à eau lourde, qui permettent d’obtenir des flux grammes de recherche, de fabrication de radioéléments, etc. ;
de neutrons thermiques importants extraits du réacteur sous forme — performances remarquables puisque Siloé, qui fonctionne à
de faisceaux, utilisés essentiellement en recherche fondamentale ; 35 MW avec un schéma de circulation d’eau classique (sens descen-
— les réacteurs à eau ordinaire, plus adaptés aux essais de dant), et Osiris, qui fonctionne à 70 MW avec un schéma de circula-
matériaux, avec deux sous-groupes : tion inversée (sens ascendant), offrent des flux élevés très attractifs ;
— utilisation de combustibles très fiables et posant peu de pro-
• les réacteurs piscine à cœur ouvert, refroidis et modérés à blèmes techniques, tant à la fabrication qu’au retraitement.
l’eau ordinaire, généralement polyvalents et très simples d’accès
et d’utilisation,
• les réacteurs à eau ordinaire et à caisson fermé sous pression, 2.2.3 Avantages respectifs des écoulements
capables de fonctionner à des puissances supérieures à celles des
réacteurs piscine, mais dont l’utilisation expérimentale est un peu
descendants et ascendants
moins facile du fait de la présence du caisson contenant le cœur.
La plupart des réacteurs à eau ordinaire, qu’ils soient à caisson ou
à cœur ouvert, utilisent des éléments combustibles à plaques dispo-
sées parallèlement, chaque plaque étant constituée d’un sandwich
2.1 Réacteurs à eau lourde de matériau fissile (à base d’uranium enrichi en uranium 235) gainé
d’aluminium. L’eau de refroidissement du cœur circule le long des
plaques des éléments combustibles qui forment deux à deux les
Conçus aux débuts de l’ère nucléaire, les premiers réacteurs de ce canaux de refroidissement. Pour des raisons de sécurité qui visent à
type fonctionnent avec de l’uranium naturel, seul combustible alors empêcher toute dégradation de la gaine et notamment sa fusion par
disponible. Ils ont des cœurs très volumineux et offrent des flux de suite d’un manque de refroidissement, on se fixe de limiter la tem-
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Échangeur
de chaleur
entre les canaux de refroidissement avec, comme conséquence, une
réduction de débit dans les canaux chauds).
La température d’ébullition de l’eau dépend de la pression et varie H H Pompe
dans le même sens. Eau
Eau
Échangeur
de chaleur
■ Dans un réacteur à caisson, la pressurisation du cœur par Cœur
∆pc Cœur ∆pc
l’intermédiaire du caisson permet d’augmenter la température
d’ébullition de l’eau et donc d’accroître la puissance extractible du
cœur avant d’atteindre la température limite au point chaud.
Pompe
■ Dans un réacteur à cœur ouvert à écoulement descendant,
les pompes aspirent l’eau sous le cœur et le référentiel de pression a circulation d'eau descendante : b circulation d'eau ascendante :
est situé à l’entrée du cœur (hauteur de la piscine au-dessus du p + H – pc p – H + pc
cœur). La pression qui gouverne la température d’ébullition au point
chaud est égale à la hauteur d’eau au-dessus du point chaud dimi- p pression statique au point chaud (en m H2O)
nuée de la perte de charge du cœur jusqu’au point chaud (schéma- ∆pc demi-perte de charge dans le cœur (en m H2O)
tisé à mi-hauteur du cœur sur la figure 3 a). H hauteur d'eau (en m)
■ Dans un réacteur à cœur ouvert à écoulement ascendant, Figure 3 – Circulation de l’eau de refroidissement dans un réacteur
les pompes aspirent l’eau au-dessus du cœur au moyen d’une che- à cœur ouvert
minée ouverte sur la piscine (elles aspirent parallèlement dans la
piscine un débit dérivé qui représente environ 10 % du débit total) Les flux disponibles dépendent de la puissance, mais aussi de la
(figure 3 b). Le référentiel de pression imposé par la hauteur d’eau taille et du volume expérimental du cœur. L’évacuation de l’énergie
de la piscine est situé non plus à l’entrée mais à la sortie du cœur ; libérée devient plus difficile lorsque les flux atteignent des valeurs
la pression au point chaud est, dans ce cas, égale à la hauteur d’eau élevées pour un cœur de volume déterminé (densités de puissance
au-dessus du point chaud augmentée de la perte de charge du cœur élevées).
entre le point chaud et la sortie du cœur. Toutes choses égales par
ailleurs, la pression au point chaud est donc supérieure à celle en Pour des flux supérieurs à 1014 n/(cm2 · s), l’importance de
écoulement descendant. Il est par conséquent possible d’augmenter l’empoisonnement xénon et de son rebondissement après arrêt
la puissance maximale extractible du cœur. nécessite généralement d’organiser un fonctionnement continu, sur
la base de cycles de une ou deux à plusieurs semaines selon les uti-
lisations du réacteur.
Par ailleurs, il faut chercher à diminuer les variations de flux au
3. Caractéristiques niveau des expériences en cours d’irradiation en optimisant la taille
du cœur, son rechargement à chaque cycle, la plage d’évolution des
techniques barres, tout en visant un taux de combustion élevé du combustible.
À titre d’exemple, nous avons choisi de décrire les trois réacteurs
de recherche et d’essais de matériaux français cités dans le tableau 2
(Osiris, RHF et Orphée), car ils représentent les principaux types de
3.1 Puissance thermique, flux réacteur, couvrent les principaux domaines d’utilisation et sont parmi
neutronique, régimes les plus modernes et les plus performants ainsi que le projet de réac-
de fonctionnement teur Jules Horowitz qui remplacera Osiris à l’horizon 2010.
(Il convient de noter que les réacteurs de fusion poseront des pro-
blèmes technologiques nouveaux liés aux neutrons de haute éner-
Ces trois paramètres sont étroitement liés : selon les buts fixés gie (14 MeV) qui ne pourront être étudiés dans les réacteurs
pour l’utilisation des réacteurs expérimentaux, les flux nécessaires, « classiques »).
donc les gammes de puissance de fonctionnement, sont différents.
Selon les puissances et les contraintes de sûreté associées (refroi-
dissement du combustible, par exemple) d’une part et les exigences
des besoins expérimentaux d’autre part, les réacteurs peuvent avoir 3.2 Réacteur Osiris (Saclay)
des régimes de fonctionnement très variés.
Le tableau 3 donne les puissances de fonctionnement qu’il faut
envisager selon les flux choisis. Osiris est un réacteur piscine à cœur ouvert d’une puissance de
70 MW (figure 4) dont le sens de circulation de l’eau de refroidisse-
(0)
ment est ascendant à la différence de Siloé qui était à sens descendant.
Tableau 3 – Puissance de fonctionnement C’est un réacteur conçu pour réaliser des irradiations de matériaux
selon le flux choisi de structure et de combustibles nucléaires ; il produit également des
radioéléments artificiels. Il ne comporte pas de canaux horizontaux
Flux Puissance (faisceaux sortis de neutrons) pour la recherche fondamentale.
[n/(cm2 · s)] (kW)
Ses principales caractéristiques sont données dans le tableau 4.
1012 100 Le cœur compact (57 cm × 57 cm × 60 cm) est composé de
1013 1 000 44 éléments combustibles à plaques, 38 éléments standards et
6 éléments de commande (absorbant en hafnium).
1014 et au-delà 10 000 et plus
Initialement chargé d’éléments combustibles à plaques en
La colonne flux donne l’ordre de grandeur des flux de neutrons alliage UAl (aluminium et uranium enrichi à 93 %), il fut ensuite
thermiques et de neutrons rapides. chargé d’éléments appelés Caramel, car les plaques combustibles
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Casemate pompe-échangeur
Réfrigérant Échangeur
atmosphérique Cuvelage
Piscine Osiris
Cheminée
Canal 1
Pompe cœur
Pompe secondaire
Bac de
désactivation
Circuit primaire cœur
Circuit secondaire Clapets cœur
Mécanisme
de barres
Emplacement pour
capsules cœur
Barres de
contrôle
Radioéléments
artificiels (Rea)
étaient constituées de petites plaquettes d’UO2 gainées de Zircaloy, L’enceinte de confinement en béton contenant le réacteur pré-
l’uranium enrichi étant à faible enrichissement (7,5 %). Ce combusti- sente un diamètre de 32 m et une hauteur de 20 m.
ble Caramel est lui-même remplacé, depuis 1995, par un combusti- Les irradiations sont effectuées dans des dispositifs expérimen-
ble constitué d’U3Si2 contenant de l’uranium enrichi à 20 %, la taux (boucles et capsules, § 4.2.2.1) qui sont placés dans des empla-
géométrie des plaques et des éléments demeurant inchangée. cements réservés à cet effet soit directement dans le cœur, soit à sa
Les dimensions de la piscine principale du réacteur sont les périphérie à l’extérieur du caisson ouvert en Zircaloy qui sert à cana-
suivantes : profondeur 11 m et section 7,5 × 6,5 m. liser l’écoulement ascendant de l’eau de refroidissement.
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Ses principales caractéristiques sont données dans le tableau 5. Moins puissant et moins performant que le RHF, il n’en présente
pas moins des caractéristiques très intéressantes qui en font un
réacteur complémentaire du RHF.
3.4 Réacteur Orphée (Saclay) Contrairement au RHF son cœur n’est pas monobloc. Constitué de
8 éléments combustibles à plaques, plus simples et moins coûteux
à fabriquer, il reste néanmoins compact (hauteur 90 cm, section
Comme le réacteur à haut flux (RHF), Orphée est un réacteur des- 25 × 25 cm2). Le centre du cœur est occupé par un élément
tiné à la recherche fondamentale (figure 6). Outre les 7 canaux dis- réflecteur en béryllium contenant lui-même la source de neutrons
posés dans un flux thermique de 3 × 1014 n/(cm2 · s), il est équipé nécessaire au démarrage.
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Tableau 5 – Principales caractéristiques caloy qui le sépare de la cuve à eau lourde qui l’entoure et dans
du réacteur à haut flux (RHF) laquelle sont disposés les canaux et les sources froides et chaudes,
comme dans le RHF.
Puissance thermique............................................................... 57 MW
Ses principales caractéristiques sont données dans le tableau 6.
Combustible.................................................................... UAl, plaques
Enrichissement ............................................................................ 93 % Le circuit primaire de refroidissement en eau ordinaire est plus
simple qu’un circuit équivalent en eau lourde.
Modérateur ....................................................................................D2O
Réflecteur .......................................................................................D2O (0)
Réfrigérant .....................................................................................D2O Tableau 6 – Principales caractéristiques
Flux de neutrons thermiques dans le réflecteur.. 1,5 × 1015 n/(cm2 · s) du réacteur Orphée
Température à l’entrée du cœur ................................................ 39 ˚C
Puissance thermique ............................................................... 14 MW
Température à la sortie du cœur ............................................... 47 ˚C
Combustible ................................................................................. UAlx
Débit primaire .....................................................................2 150 m3/h
Enrichissement............................................................................. 93 %
Flux thermique maximal................................................... 500 W/cm2
Réfrigérant..................................................................................... H2O
Vitesse d’écoulement de l’eau entre les plaques ................15,5 m/s
Réflecteurs................................................................... H2O, béryllium
Densité de puissance maximale dans le cœur .................. 3,3 MW/L
Flux thermique dans le réflecteur......................... 3 × 1014n/(cm2 · s)
Pression de l’eau à l’entrée du cœur ....................................... 14 bar
Température à l’entrée du cœur ................................................. 35 ˚C
Pression de l’eau à la sortie du cœur ..................................... 3,2 bar
Température à la sortie du cœur ................................................ 49 ˚C
Durée du cycle de fonctionnement ...............................................47 j
Température de la piscine........................................................... 35 ˚C
Masse de U235 dans le cœur en début de cycle....................... 8,6 kg
Débit primaire ....................................................................... 810 m3/h
Flux thermique maximal ................................................... 172 W/cm2
Vitesse d’écoulement de l’eau entre les plaques .................. 7,5 m/s
Densité de puissance maximale ......................................... 1,2 MW/L
Pression de l’eau à l’entrée du cœur ..........................................4 bar
Pression de l’eau à la sortie du cœur .........................................2 bar
Durée du cycle de fonctionnement ............................................ 100 j
Masse de U235 dans le cœur en début de cycle ...................... 5,9 kg
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(0)
Analyseur
Spectromètre
3 axes Cercle
Euler
Spectromètre
à neutrons polarisés
Spectromètre
à temps de vol
Sélecteurs
Échantillon
de neutrons
Monochromateur
Détecteur
Figure 10 – Implantation des expériences de
recherche fondamentale sur les canaux de Siloé
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Source de démarrage
Caisson Zircaloy
Élément combustible
Réflecteur béryllium
Barre de contrôle
Barres de commande
Canaux verticaux
Cuve à eau lourde
Canaux horizontaux
Éléments combustibles
Canal horizontal de gros diamètre
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— l’étude du comportement en conditions accidentelles (transi- C’est ainsi que toute une technologie spécifique s’est progressive-
toires de puissance, de débit du réfrigérant...) ; ment développée auprès des réacteurs. Il s’agit de la conception et
— la sélection des matériaux candidats et la qualification des de la réalisation de capsules et de boucles instrumentées, adaptées
matériaux sélectionnés. à l’étude des filières de réacteurs nucléaires de puissance.
Dans un réacteur de recherche, ces essais ne peuvent se faire sur
■ Capsules
un grand nombre d’éléments ou d’échantillons identiques, d’où un
manque de résultats statistiques. Cependant, ils présentent des Ce sont des dispositifs dont le fluide de refroidissement (gaz, Na-K,
avantages importants par rapport aux essais qui peuvent être réa- etc.) est statique ; les échanges à travers les différentes enveloppes
lisés directement dans le cœur de la centrale de puissance : de l’expérience se font par conduction vers la piscine du réacteur.
— l’instrumentation des échantillons peut être très poussée Les capsules à gaz permettent d’étudier par exemple le comporte-
(mesures de pression, de température, de flux, etc.), permettant ment général des combustibles sous flux, la corrosion du graphite
ainsi de nombreuses études sur la tenue du combustible, les gaz de dans du dioxyde de carbone, l’effet de la production d’hélium dans
fission (mesure du gonflement, interaction pastille-gaine, etc.) ; les matériaux borés, etc.
— les différents types d’essais de simulation peuvent y être réa-
Les capsules remplies de Na-K (eutectique Na-K liquide à tempé-
lisés sans interférence avec le réacteur (rampes et cyclages de puis-
rature ambiante dont la conductivité thermique est élevée) offrent
sance, ruptures de gaine, etc.) ;
des conditions de température bien homogène et permettent d’étu-
— les risques sont moindres ; aussi les conséquences d’un inci- dier le comportement de matériaux de gainage, l’évolution des
dent, toujours possible, y sont plus faibles (incident toujours pris en dimensions des crayons combustibles, etc.
compte dans la conception de l’expérience, les structures étant con-
çues pour contenir ses effets sur le réacteur et ses annexes) ; Les capsules à eau bouillante permettent de créer un milieu très
— les flux plus importants que dans les centrales permettent de proche de celui des réacteurs à eau ordinaire. Leur simplicité de
réduire la durée des irradiations dont l’objectif est d’accumuler des mise en œuvre et d’exploitation les rend très attrayantes pour de
doses de neutrons ; nombreux essais de comportement des crayons combustibles des
— la réirradiation est possible : cette technique consiste à irra- réacteurs à eau (rampes de puissance, cyclages, etc.).
dier, dans des conditions particulières, un combustible ayant déjà L’enveloppe extérieure des capsules est souvent double : le main-
séjourné dans un réacteur de puissance en y ajoutant une instru- tien d’une pression de gaz dans l’espace entre les deux enveloppes
mentation appropriée. permet de s’assurer de la bonne étanchéité de l’expérience (ce qui
Selon leur puissance, les réacteurs permettent des études plus ou est primordial si la capsule contient du Na-K ou du Na). La composi-
moins poussées : tion de ce gaz, plus ou moins conducteur (He ou N2 généralement),
permet de faire varier à volonté la température interne du dispositif.
— un réacteur de 10 à 25 MW peut convenir pour les tests de
matériaux de structure, de protection ou d’absorbants, tels que par Certaines capsules perfectionnées comme Décor (figure 12 a) per-
exemple l’étude du fluage, de la croissance, du gonflement, de la mettent de réaliser une profilométrie, c’est-à-dire une mesure du dia-
densification des aciers inoxydables, du zirconium, de l’aluminium mètre des crayons combustibles expérimentaux directement pendant
et de leurs alliages ; l’irradiation. D’autres offrent la possibilité de réaliser des cyclages et
— un réacteur de 25 à 100 MW convient pour la majorité des des réglages de puissance comme Aquilon (figure 12 b) par :
essais de combustibles et des matériaux de structure les plus divers. — avance vers le cœur ou recul grâce à des dispositifs de
Plus que de mettre au point des matériaux nouveaux, il s’agit sur- déplacement ;
tout aujourd’hui de comprendre et d’analyser en profondeur les dif- — diminution du flux de neutrons sur le matériau à irradier grâce
férents phénomènes induits par les rayonnements. Ces à un écran neutrophage en hélium 3.
connaissances sont nécessaires pour améliorer les performances
des réacteurs de puissance et surtout pour les rendre plus sûrs. ■ Boucles
Pour une bonne interprétation des études de combustibles, il Les boucles à gaz, à eau ou à sodium, placées éventuellement sur
s’agit donc d’assurer une bonne représentativité neutronique et un dispositif de déplacement, permettent de tester des combusti-
thermohydraulique des expériences d’irradiation. bles dans des conditions d’environnement (milieu, température,
pression, etc.) qui sont celles des réacteurs de puissance.
Pour les matériaux, les volumes d’irradiation nécessaires sont
plus faibles que pour les combustibles, mais il faut disposer de flux Le refroidissement des échantillons s’opère par circulation du
rapides importants afin notamment de pouvoir effectuer des études fluide : pompe et échangeur sont disposés soit en piscine, soit dans
de durée de vie des matériaux soumis à de fortes doses (par exem- une casemate blindée à l’extérieur de la piscine. Ce fluide peut être
ple, équipements internes des cuves de REP). un gaz (CO2, He), un liquide (eau sous pression) ou un métal fondu
(Na, Na-K). L’évacuation de puissance beaucoup plus importante
que dans les capsules peut ainsi être couramment réalisée.
4.2.2 Irradiation des matériaux
4.2.2.2 Choix du dispositif et déroulement des expériences
4.2.2.1 Dispositifs d’irradiation d’irradiation
Le but est de réaliser le plus simplement possible un dispositif Les problèmes spécifiques posés par l’utilisation de ces différents
pour irradier, dans des conditions données, des éprouvettes de dispositifs en réacteurs de recherche sont nombreux tels que, par
matériaux ou du combustible tout en respectant : exemple, celui des variations de flux dues à la combustion des
— des conditions de flux ; noyaux fissiles initiaux et à la formation de nouveaux noyaux fissi-
— des conditions de température ; les (239Pu, 233U), aux mouvements des barres de commande, aux
— des conditions mécaniques (traction, pression, cyclage, etc.) ; poisons consommables, etc.
— des contraintes d’environnement ; Les installations sont adaptées aux problèmes à traiter et à la sou-
— des contraintes de sûreté et de sécurité ; plesse d’exploitation souhaitée. Ainsi, pour l’étude des éléments
— des contraintes de coût et de délai. combustibles des réacteurs à eau pressurisée, plusieurs boucles
En effet, le dispositif doit être fiable et présenter la sûreté maxi- existent dans le réacteur Osiris :
male, de façon à ne pas interférer avec les structures du réacteur et — la boucle Isabelle (figure 13) permet de tester 4 crayons
des expériences voisines, en cas d’incident. combustibles simultanément et les liaisons souples entre les parties
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Schéma de la partie
basse instrumentée 4.3 Production et activités diverses
b capsule Aquillon utilisée pour effectuer des rampes de puissance 4.3.1 Production des radioéléments
sur des crayons combustibles REP
La plupart des réacteurs expérimentaux produisent des radioélé-
Figure 12 – Exemple de capsules d’irradiation ments artificiels. Cette production très variée intéresse beaucoup de
domaines : médecine, biologie, agriculture, industrie, hydrologie,
contrôles non destructifs.
en pile et hors pile offrent une grande facilité de chargement et de Leur utilisation dans le domaine médical est en forte expansion.
déchargement des échantillons ; Aujourd’hui, on compte plus de 30 millions d’actes médicaux fai-
sant appel aux isotopes chaque année (dans le monde).
— la boucle Irène, plus puissante, permet de tester jusqu’à
9 crayons à la fois. Dans l’imagerie nucléaire, utilisée pour diagnostiquer des mala-
dies courantes, comme les maladies du cœur et le cancer, les rayons
Trois étapes sont nécessaires pour mener à bien de telles expé- gamma émis par les radio-isotopes (tableau 9) sont détectés à l’aide
riences. de caméras gamma.
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Sécurité Capteur
Effluents gazeux en pression de pression
Capteur
de pression
Venturi
Circuit lame de gaz
Crayons combustibles à tester (4) Contrôle activité
des mesures physiques
Cœur
Détection de rupture
de gaine
Boîte à gants
pour prélèvements
He N2
Pressurisation des liaisons
et du circuit lame de gaz
Boucle Isabelle
Collimateur en neutronographie
On voit le rôle très important joué par 99mTc essentiellement pro- avec A nombre de masse de l’isotope radioactif,
duit dans les réacteurs de recherche. I (Bq) activité radioactive,
Par ailleurs, ceux-ci interviennent également dans la production
T (s) période radioactive,
de sources pour la radiothérapie notamment 192Ir.
m (g) masse de l’isotope radioactif,
La période de ces radioéléments est suffisamment longue pour
qu’ils puissent être transporté d’un pays à l’autre. Il existe un mar- t1 (s) temps d’irradiation,
ché mondial des radioéléments pour la médecine. t2 (s) temps de désactivation (depuis sa sortie de
S’agissant des éléments à vie courte qu’il faut fabriquer près de pile),
leur lieu d’emploi, à un instant donné, l’activité radioactive d’un
matériau irradié est donnée par la formule : Φ [n/(cm2 · s)] flux de neutrons dans lequel a été plongé le
matériau,
0 ,693t 0 ,693t
I = 4 ,18 × 10 23 -------- Φσ 1 – exp -------------------1- exp -------------------2-
m σ (cm2) section efficace d’activation du matériau
AT T T irradié.
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bles (10−1 à 10−4 g). C’est le cas des Cl, Mn, Cu, Co, Ni, W, Ta, etc., qui
(0)
Tableau 9 – Principaux isotopes utilisés pour le diagnostic sont le plus fréquemment dosés dans les corps de haute pureté.
L’analyse par activation permet aussi la qualification rapide et
Organes Isotopes Maladie recherchée complète d’échantillons de minerais d’U, de Th ou autres.
Poumons 81mKr, 99mTc, 133Xe Embolies, affections L’utilisation de canaux pneumatiques (grande vitesse : 10 à 20 m/s)
respiratoires ou hydrauliques (vitesse moyenne : 1 m/s) reliant directement le
Os 99mTc Tumeurs, infections, réacteur aux laboratoires de comptage permet l’étude et la mesure
fractures osseuses des produits à période courte.
Thyroïde 99mTc, 123I, 131I Hyper/hypothyroïdie, Un réacteur de 1 à 10 MW permet de gagner sur la sensibilité
tumeurs générale et de jouer de façon plus fine sur le temps d’irradiation,
99mTc, 111In, 131I
tout en libérant les emplacements aux flux élevés pour d’autres uti-
Rein Fonctions rénales lisations. On peut ainsi gagner une décade sur le seuil de détection
Cerveau 99mTc, 123I, 133Xe Embolies, débit san- des corps à période très courte.
guin, tumeurs, Patholo-
gies neurologiques
Foie, pancréas 99mTc, 111In Tumeurs
4.3.3 Neutronographie
Abdomen 67Ga, 99mTc Tumeurs La technique du contrôle non destructif par neutronographie est,
Sang 99mTc, 111In Infections, volume san- dans son principe, analogue à la technique de la gammagraphie et
guin et circulation san- de la radiographie aux rayons X, les rayons gamma ou X étant rem-
guine placés par un faisceau de neutrons issus du cœur du réacteur. En
Cœur 82Rb, 99mTc, 201Tl Fonction et viabilité utilisant des rayons X ou gamma, il est difficile de distinguer des élé-
myocardiques ments qui ont des nombres atomiques voisins ainsi que d’analyser
de fortes épaisseurs d’éléments lourds et de faibles épaisseurs
Tous les organes 67Ga, 99mTc, 111In, Tumeurs d’éléments légers, car l’atténuation des rayons X et gamma dans la
201Tl matière est d’autant plus forte que le nombre atomique des élé-
ments rencontrés est élevé (interaction avec le cortège électronique
des atomes). En revanche, les sections efficaces d’interaction des
Pour un corps déterminé, A, T et σ sont connus et fixés ; il est pos- éléments aux neutrons thermiques sont très irrégulières, elles sont
sible d’obtenir une activité par gramme plus grande en augmentant fortes pour les éléments légers (H, Li, Be, B, etc.) et plutôt faibles
le flux de neutrons ou le temps d’irradiation t1 ou les deux en même pour de nombreux éléments lourds (U, Th, Bi, Pb, Pt, etc.) car les
temps. Un temps d’activation voisin de 2 périodes de l’isotope neutrons interagissent avec les noyaux des atomes.
désiré permet d’avoir une activité spécifique suffisante (70 % de
l’activité à saturation) pour les emplois habituels. Il faudrait Les possibilités offertes par la neutronographie pour l’examen de
7 périodes pour approcher la saturation à 1 % près, ce qui représen- faibles épaisseurs de corps hydrogénés est illustrée par l’image
terait peu d’intérêt devant le coût de fabrication. neutronographique d’une fleur (figure 14). On notera la sensibilité
de la méthode et la finesse du cliché. La neutronographie et la radio-
En conséquence, quelques heures suffisent pour obtenir, dans un graphie sont donc très complémentaires et possèdent chacune leur
flux supérieur à 1013 n/(cm2 · s), du manganèse 56, du brome 82, de domaine d’utilisation propre.
l’or 198 ou du lanthane 140. Un flux de 1014 n/(cm2 · s) permet la
fabrication en quelques jours de sodium 24, de potassium 42 ou de Un faisceau de neutrons traversant un objet à examiner subit
mercure 197. Ainsi, de nombreuses sources peuvent être produites donc des atténuations qui varient d’un point à un autre selon la
pour la plupart des applications courantes dans les réacteurs de nature et l’épaisseur des éléments rencontrés. On peut ainsi obtenir
puissance égale à environ 10 MW. une image interne de l’objet à condition de disposer d’un faisceau
de neutrons thermiques bien collimaté et d’éliminer les rayons
Une douzaine de jours d’irradiation dans un flux de
gamma parasites qui pourraient impressionner le cliché. Cela
3 × 10 14 n ⁄ ( cm 2 ⋅ s ) permet l’obtention d’une quantité convenable nécessite la présence d’un long collimateur (1 à 3 m) dont le nez
d’iode 131 (période de 8,04 j) à partir du tellure tandis que du molyb- vient près du cœur du réacteur, afin de disposer d’un flux intense.
dène irradié dans les mêmes conditions fournit du technétium 99m Ce collimateur, blindé par du carbure de bore, par exemple, pour
métastable (période 6 h). Utilisé en remplacement de nombreux iso- absorber les neutrons parasites qui apporteraient du flou à l’image,
topes pour les usages médicaux, le technétium 99m est de plus en et empli d’hélium, conduit les neutrons sur l’objet à étudier.
plus produit à partir de molybdène 99 obtenu par fission de
l’uranium 235. On irradie dans ce but pendant une centaine d’heu-
res des cibles en alliage UAl à très haut enrichissement en
uranium 235.
Les éléments combustibles irradiés déchargés du cœur des réac-
teurs peuvent servir également : leur fort taux d’irradiation en fait
des sources possibles de rayonnements intenses de rayons γ pour
diverses utilisations (polymérisation de résines, etc.).
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Par cette méthode, les variations de résistivité radiale dans les lin- ■ Réglementation
gots monocristallins de silicium, dont le diamètre peut aller jusqu’à Sûreté des Installations Nucléaires en France. Recueil des tex-
127 mm (5 pouces), sont inférieures à 1 %. tes réglementaires. Ministère de l’Industrie et du Commerce
La période du 31Si étant de 2,6 h, l’activité résiduelle des lingots Extérieur, Ministère de l’Environnement - 2e édition, janv. 1992
est très au-dessous des normes internationales pour les matériaux (Organisation générale des pouvoirs publics, textes à caractères
se trouvant dans le domaine public, après quelques jours de technique, Règles fondamentales de Sûreté).
désactivation en piscine. Sûreté Nucléaire. Le contrôle par les pouvoirs publics en
France. Ministère de l’Industrie et du Commerce Extérieur. Édi-
tion déc. 1991.
4.4 Enseignement, formation, physique Recueil de législation et de réglementation des activités
nucléaires, tomes I et II, CEA, Direction Juridique et des relations
des réacteurs Commerciales.
Safe operation of research reactors and critical assemblies,
Un réacteur de 100 kW est généralement très bien adapté pour ce AIEA, Safety Series n° 35, Vienne, 1984.
genre d’utilisation. Citons, à titre d’exemple, les réacteurs français ■ Radioéléments artificiels. Principaux producteurs et distribu-
Ulysse (Saclay), Minerve et Azur (Cadarache). On peut y effectuer des teurs mondiaux
expériences et des travaux pratiques dans les domaines suivants :
CIS Bio International (France)
— mesures de masse critique, approche sous-critique ;
— mesure diverses de réactivité ; IRE (Belgique)
— étalonnages de barres de commande ; Amersham (Grande-Bretagne)
— détermination de caractéristiques, telles que temps de vie des Nordion (Canada)
neutrons, proportion de neutrons retardés, effets de température et
de vide ; Mallinckrodt (États-Unis)
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BN 3 030 − 18 © Techniques de l’Ingénieur
— de l’âge des réacteurs de recherche dont on ne peut pas pro- sources à spallation tandis que les réacteurs d’irradiation demeurent
longer la durée de vie au-delà de 40-45 ans maximum sans engager incontournables pour le développement de l’énergie nucléaire.
une jouvence, fort coûteuse, de l’installation ;
— du coût de plus en plus lourd d’exploitation et du maintien en Le coût de ces installations se situe entre 300 et 600 M€. Les nou-
service des installations, notamment pour prendre en compte des veaux réacteurs présentent la caractéristique d’être pluridisciplinai-
exigences de sûreté de plus en plus contraignantes. res. Même les réacteurs tels que FRM-2 (Allemagne) ou le réacteur
Ce constat est surtout vrai dans les pays industrialisés. de l’ANSTO (Australie), pourtant présentés comme des outils pour
Dans les pays moins développés, on constate une volonté de con- la recherche fondamentale, sont conçus, dès l’origine, pour produire
server les petits réacteurs car ils sont utiles à la formation et à des radioéléments, du silicium dopé... et offrir des services particu-
l’enseignement. Certains ont acquis, depuis 10 ans, des réacteurs liers tels que le traitement de certaines tumeurs par BNCT (Boron
pour le développement de l’énergie nucléaire (en Indonésie, en Neutron Capture Therapy).
Corée...), dans la perspective d’un démarrage proche d’un pro-
gramme de réalisation de centrales électronucléaires. Le réacteur Jules Horowitz sera probablement le seul réacteur à
Les réacteurs dédiés à la recherche fondamentale restent des outils pouvoir réaliser des irradiations de combustibles et de matériaux en
privilégiés pour l’étude de la matière condensée et pour l’étude des Europe après 2010-2015. De fait, il aura la double charge de poursui-
molécules complexes en biologie, mais ces recherches peuvent éga- vre les améliorations des performances des réacteurs existants et
lement être menées à bien avec des neutrons produits à partir de celle de préparer les réacteurs du futur.
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