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Ecoulement de l'eau dans le sol

Chapter · October 2010

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1 author:

Ali BOUAFIA
Saad Dahlab University
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1
Introduction à la mécanique des sols 
 

GÉNIE CIVIL 
INTRODUCTION A LA MÉCANIQUE DES SOLS 
 
Cours et applications 
 
 
Ali BOUAFIA 
Université Saâd Dahleb de Blida 
Faculté des sciences de l’ingénieur 
Département de Génie Civil 
 
Mouna MIR 
Université Yahia Farès de Médéa 
Département de Génie Civil 
 
   
 
 
 
 
 
Copyright Eurl Pages Bleues Internationales 
2
Introduction à la mécanique des sols 
 

ISBN:

Dépôt légal:
3
Introduction à la mécanique des sols 
 

PREFACE
Il n'est sans doute pas nécessaire de souligner l'importance de l'effet du
comportement du sol sur la sécurité des ouvrages. Cette évidence a été
sentie par l'homme à chaque fois que les ouvrages subissaient des désordres
souvent dues à l'infrastructure qui est conçue sans la maîtrise de l'ensemble
des paramètres relatifs au comportement réel du sol, et en l'absence d'étude
consistante à même de révéler les multiples réactions du sol vis-à-vis des
charges qui lui sont appliquées, telles que la rupture par poinçonnement, le
tassement, le glissement de terrain, la liquéfaction du sol, etc.

Aussi, depuis d'un demi siècle, beaucoup de recherches ont été faites à
travers le monde, dans le domaine de la rhéologie des sols, qui ont permis
d'établir les meilleurs propriétés physiques et mécaniques de ce matériau
complexe, à introduire dans les codes de calcul, devenus très développés, et
conçus pour mieux étudier les différents aspects liés à l'interaction sol-
structure.

A chaque fois, il est nécessaire de faire la synthèse du produit de la


recherche dans cette branche de la science appliquée, qui sera mise à la
disposition aussi bien d'ingénieurs des bureaux d'études et des chantiers
qu'aux établissements d'enseignement et de formation de futurs
géotechniciens.

Tel est l'objectif du livre de Bouafia et Mir qui est très riche, non
seulement par les notions fondamentales actualisées de la mécanique des
sols, tant expérimentales que théoriques, mais aussi par des illustrations
pratiques accompagnées de photos et séquences de vidéo de cas réels, et qui
sont le fruit de plus de vingt années d'expérience tant sur le plan recherche
et pédagogie que sur le plan pratique du terrain.

Zitouni Zein-El-Abidine
Docteur de l'Université Joseph Fourier de Grenoble
Maitre de conférences à l'université de Blida
4
Introduction à la mécanique des sols 
 
5
Introduction à la mécanique des sols 
 

Avant-Propos

Contrairement à certaines spécialités, où le sentier de l'ingénieur est bien bâti,


avec une mission presque systématique, la géotechnique est une branche des
sciences de l'ingénieur liant merveilleusement la théorie à l'expérimentation. C'est
à cause de la complexité du comportement du matériau sol et de la grande
variabilité des propriétés physiques et mécaniques du sol, en passant d'un sol à
l'autre, et même au sein d'une même couche de sol, qu'on entreprend l'étude
expérimentale du site d'un projet à travers une campagne de reconnaissance
géotechnique. On doit ainsi réaliser des essais sur le terrain ou extraire des
échantillons représentatifs du sol, réaliser des essais de laboratoire, interpréter les
résultats afin de déterminer des paramètres de calcul et entamer enfin le
dimensionnement de l'ouvrage, à la base d'une méthode de conception ou de
calcul.
Il est remarquable que certaines méthodes se basent sur un modèle théorique de
comportement du sol (élasticité, plasticité, etc), d'autres sont plutôt empiriques,
c'est-à-dire issues du cumul d'expérience sur terrain, et enfin d'autres naissant du
mariage heureux de la théorie avec l'expérience, ce sont les méthodes semi-
empiriques.
Il se dégage de cela que la mécanique des sols est une science appliquée
nécessitant des connaissances théoriques sur le comportement du sol, mais aussi
l'expérimentation directe du matériau sol en vue de mesurer ses propriétés.
Dans cet état de choses, ce livre a été rédigé pour permettre au lecteur
d'explorer le monde attrayant de la géotechnique, en axant sur les fondements et
les principes de base. L'objectif, bien qu'il paraît prétentieux, est d'introduire la
mécanique des sols au lecteur, à travers l'exposé didactique de la théorie, sans
trop en abuser, la présentation des phénomènes et des procédures expérimentale,
et enfin des applications sous forme d'exercices et de questions.
La matière de ce livre a été sélectionnée des cours présentés par les auteurs à
l'université. Outre le support papier, le CD-ROM inclus a été conçu en vue de
concrétiser les notions théoriques présentées et les procédures expérimentales, à
travers des séquences de vidéos, des diapositives Powerpoint et des programmes
utilitaires à vocation didactique. Un tel support multimédia est utile aussi bien aux
étudiants qu'aux enseignants ambitieux de transmettre le message pédagogique via
ces outils d'enseignement moderne.
Les sept chapitres du livre présentent les aspects fondamentaux du
comportement du sol, en axant sur la géologie du sol, ses propriétés physiques, la
reconnaissance géotechnique et la classification du sol en des catégories de
matériaux de propriétés similaires, l'écoulement de l'eau interstitielle, le calcul des
6
Introduction à la mécanique des sols 
 
contraintes induites par la réalisation d'un ouvrage, le phénomène de
consolidation des sols fin saturés, et enfin sur la résistance au cisaillement du sol.
Reste à signaler que les applications proposées en fin de chaque chapitre, dans
le but de tester les connaissances du lecteur, sont des échantillons sélectionnés de
la référence ci-dessous* dont il est recommandé de l'acquérir afin de pousser les
applications des notions présentées dans ce livre.
Loin d'être parfaite, cette version du livre peut être améliorée grâce aux avis
éclairés des lecteurs, relatifs aussi bien au fond qu'à la forme. Les auteurs seront
reconnaissants à ceux qui leur transmettront leurs remarques et critiques.

Alger, le 10 juillet 2010

Ali Bouafia Mir Mouna


Université de Blida Université de Médéa
Faculté des sciences de l'ingénieur Faculté des sciences de l'ingénieur
Département de génie civil Département de génie civil
E-mail: soildyn07@yahoo.fr mirmouna@gmail.com

____________________________________________________________
* Mécanique des sols appliquée - Problèmes résolus, éditions OPU (Office des
Publications Universitaires,Alger) ISBN: 978.9961.0.0464.7, 2e édition année 2009, 165
pages.
7
Introduction à la mécanique des sols 
 
Table de Matières
Préface 3

Avant-propos 5

Chapitre1. Le sol et la géologie 9

1.1. Introduction 11
1.2. Les grandes catégories des roches 11
1.3. Formation des sols 12
1.4. Exemples de sols courants 13
1.5. Applications 15

Chapitre 2. Propriétés physiques du sol 17

2.1. Introduction 19
2.2. Squelette granulaire du sol 19
2.3. Texture (ou granulométrie) d’un sol 23
2.4. Caractéristiques géométriques du sol 23
2.5. Surface spécifique des grains 25
2.6. Compacité du sol 27
2.7. Paramètres d’état du sol 28
2.8. Représentation pondérale du sol 33
2.9. Applications 34

Chapitre 3. Reconnaissance et classification des sols 39

3.1. Introduction 41
3.2. Reconnaissance géotechnique 41
3.3. Essais d’identification au laboratoire 45
3.4. Etude du compactage du sol 50
3.5. Classification des sols 52
3.6. Applications 52

Chapitre 4. Ecoulement de l’eau dans le sol 65

4.1. Introduction 67
4.2. Différentes formes de présence de l'eau dans le sol 67
4.3. Etude de l'écoulement de l'eau libre 68
4.4. Essais de perméabilité au laboratoire 73
4.5. Ecoulement tridimensionnel de l'eau dans le sol 74
8
Introduction à la mécanique des sols 
 
4.6. Etude de l'écoulement bidimensionnel dans un milieu isotrope 77
4.7. Forces d'écoulement agissant sur les grains 80
4.8. Applications 84

Chapitre 5. Distribution des contraintes dans le sol 93

5.1. Introduction 95
5.2. Notion de contraintes en un point 95
5.3. Cercle de Mohr pour les contraintes en un point 97
5.4. Contraintes dues au poids des terres 97
5.5. Principe des contraintes effectives de Terzaghi 100
5.6. Contraintes dues aucx forces d'écoulement 101
5.7. Contraintes dues aux surcharges de l'ouvrage 102
5.8. Applications 110

Chapitre 6. Consolidation des sols fins 117

6.1. Introduction 119


6.2. Evolution du tassement dans le temps 119
6.3. Equation de la consolidation primaire 121
6.4. Histoire des contraintes dans le sol 127
6.5. Etude de la compressibilité au laboratoire 129
6.6. Applications 137

Chapitre 7. Résistance au cisaillement du sol 145

7.1. Introduction 147


7.2. Mobilisation de la résistance au cisaillement 147
7.3. Critère de rupture du sol 149
7.4. Théorème des états correspondants l 152
7.5. Types de comportement du sol 153
7.6. Mesure des caractéristiques mécaniques 154
7.7. Résistance au cisaillement des sols non saturés 158
7.8. Applications 160

A propos du CD-Rom 173

Index 177
65
Introduction à la mécanique des sols 
 
CHAPITRE 4. ECOULEMENT DE L’EAU DANS LE SOL

Objectifs du chapitre :

Ce chapitre présente les notions de base de l’écoulement de l’eau souterraine


libre au sein du sol, en axant sur la loi de perméabilité de Darcy, les essais
permettant de mesurer la perméabilité du sol, et les méthodes pratiques d’étude de
l’écoulement bi-dimensionnel de l’eau dans le sol.
On présente à la fin du chapitre des applications sous forme d'exercices résolus.
On trouve dans le CD-Rom inclus dans ce livre les solutions des exercices
proposés, des séquences de vidéo traitant des essais de perméabilité au laboratoire,
et des diapositives présentant les notions de base de l'écoulement de l'eau dans les
sols.

Dans ce chapitre :

4.1. Introduction
4.2. Différentes formes de présence de l'eau dans le sol
4.3. Etude de l'écoulement de l'eau libre
4.4. Essais de perméabilité au laboratoire
4.5. Ecoulement tridimensionnel de l'eau dans le sol
4.6. Etude de l'écoulement bidimensionnel dans un milieu isotrope
4.7. Forces d'écoulement agissant sur les grains
4.8. Applications
66
Introduction à la mécanique des sols 
 

Figure 4.1. Les deux photos illustrent des vues du barrage de Béni-Haroun à Mila, situé à
40 km de la ville de constantine et à 4 km du confluent de l'oued Kébir et oued Anja. Il
s'agit d'un barrage en poids réalisé en béton compacté au rouleau, opérationnel depuis
2003. Il est caractérisé par une hauteur de 118 m, une longueur totale de 710 m, une cote
de retenue normale de 200 m et une surface du bassin versant de 7725 km2.
Il s'agit du plus grand barrage en Algérie du point de vue capacité de stockage (960
millions de m3), alimentant en eau potable cinq wilayas: Mila, Constantine, Jijel, Oum-El-
Bouaghi, Khenchela et Batna, ainsi qu'en eau d'irrigation d'une surface de 5000 ha de
terres agricoles. Noter sur les photos le pont à haubans cotoyant le corps du barrage.
En 2008, l'Algérie était doté de 61 barrages opérationnels, d'une capacité totale de
stockage de 5 milliards de m3.
67
Introduction à la mécanique des sols 
 

4.1. INTRODUCTION

L'étude de l'écoulement de l'eau libre dans les sols trouve ses applications dans
divers domaines de la géotechnique, notamment :
- rabattement des nappes d'eau dans les fouilles,
- drainage de l'eau dans les ouvrages (soutènements, remblais, etc),
- analyse de la stabilité de certains ouvrages vis-à-vis des problèmes causés par
l'écoulement d’eau, notamment les barrages à noyau en terre, les rideaux de
palplanches et les talus,
- consolidation du sol par drainage forcé de l'eau interstitielle.
Ce chapitre traite de l'étude de l'écoulement de l'eau au sein du sol, en focalisant
sur la loi de Darcy, les essais permettant la mesure de la perméabilité des sols, les
forces d'écoulement agissant sur le squelette granulaire et enfin sur les méthodes
pratiques de dimensionnement. En vue d'illustrer les notions présentées, des
exercices ont été inclus à la fin du chapitre et dont les solutions ont été regroupées
au CD-Rom. Le lecteur est invité à consulter la référence 10 pour traiter une série
d'exercices plus détaillée. En outre, le CD contient une présentation Powerpoint,
intitulée perméabilité, ainsi que deux séquences vidéo relatives aux essais de
mesure de perméabilité, à charge variable et à charge constante.

4.2. DIFFÉRENTES FORMES DE PRÉSENCE DE L'EAU DANS LE SOL

L'eau peut se présenter dans le sol sous quatre formes :


• Eau de constitution. Elle fait partie de la composition chimique des minéraux
formant les grains du sol.
• Eau adsorbée (ou eau liée). Il s'agit d'une pellicule fine visqueuse mi-solide,
ayant une épaisseur variant de 10-3 à 10-2 μm, qui entoure le grain argileux. Une
partie de la cohésion du sol argileux est due à cette eau. En outre, ce type d'eau
intervient dans le caractère visqueux du comportement de l'argile et dans le
phénomène de fluage [1].
• Eau capillaire. Dans le sol non saturé, l'eau en contact avec l’air interstitielle
occupe une partie des vides entre les grains. Les forces de tension capillaire dues
au contact air-eau "soudent" les grains entre eux et contribuent à la pseudo-
cohésion (ou cohésion capillaire) dans le sol pulvérulent, et à la cohésion du sol
argileux. Dans les sols argileux, la hauteur de la frange capillaire peut atteindre
plusieurs dixaines de mètres au dessus d’une nappe d’eau, alors qu’elle est de
quelques centimètres dans les sols sableux.
• Eau libre. Elle remplit tous les vides et constitue une nappe qui, sous l'effet d'un
gradient hydraulique, circule librement.
Cette nappe est composée des phases suivantes (voir figure 4.2) :
- phase d'eau libre où le sol est saturé d'eau,
- phase d'eau capillaire, dans laquelle le sol est saturé par capillarité à sa base. Le
degré de saturation diminue en allant vers le la surface [2].
68
Introduction à la mécanique des sols 
 
- phase de dessiccation dans laquelle la teneur est très faible et varie avec les
conditions en surface.

Figure 4.2. Schéma d'une nappe d'eau interstitielle

Notons qu'une nappe est en général retenue par une couche de sol imperméable,
appelée mur de la nappe. La masse d'eau est alors en équilibre hydrostatique et la
nappe est dite nappe libre au repos. Si l’eau peut s’écouler, la nappe est dite nappe
libre en mouvement. Pour l'étude de cet écoulement, on applique les lois de
l'hydrodynamique des milieux poreux. Il arrive aussi que la nappe soit retenue
entre deux couches de sols imperméables, on dit alors que la nappe est captive.
La nappe phréatique correspond à la première nappe rencontrée à partir de la
surface libre du sol.
Enfin, le terrain est aquifère si l'eau y circule librement, aquifuge si le terrain est
imperméable (Granite non fissuré par exemple), et aquiclude si la perméabilité est
faible [8].
On s'intéresse dans ce chapitre à l'écoulement de l'eau dans une nappe libre.

4.3. ETUDE DE L'ECOULEMENT DE L'EAU LIBRE

4.3.1. Ecoulement unidimensionnel de l'eau - Loi de Darcy

L'équation de Bernoulli concernant l'écoulement de l'eau, supposée incompress-


ible et non visqueuse, sous l'effet de la pesanteur s'écrit :
v2 u
h= + +Z
2.g γ w
h est la charge hydraulique, a la dimension d'une longueur et représente l'énergie
mécanique totale du liquide. Ce terme est constant si le liquide est au repos, ce qui
exprime la conservation de l'énergie. Par contre, si le liquide et soumis à un
gradient hydraulique, l'écoulement résultant se traduit par une perte d'énergie (voir
figure 4.3).
v est la composante de la vitesse linéaire de la particule d'eau dans le sens de
69
Introduction à la mécanique des sols 
 
l'écoulement. La vitesse de l'eau dans le sol est très faible et n'atteint jamais 1 cm/s.
Le terme cinétique (ou hauteur cinétrique) V2/2g est négligeable devant le
terme potentiel de la charge hydraulique.
u est la pression d'écoulement de l'eau (pression hydrodynamique). Il s'agit d'une
pression relative, par rapport à la pression atmosphérique, cette dernière étant
négligeable devant u [8]. En outre, lorsque la nappe est au repos cette pression
appelée pression hydrostatique, est telle que :

u = γw.Zw

Zw est la cote du point considéré par rapport à la surface libre de la nappe.


Le terme u/γw est appelé hauteur piézométrique et Z est appelée hauteur de
position, définie par la hauteur de la particule par rapport à la référence
sélectionnée.
Ainsi, pour l'eau dans les sols, on peut écrire :
u
h≈ +Z
γw

L'écoulement d'eau dans le sol est décrit par une loi fondamentale établie
expérimentalement par Henri Darcy en 1854 [3], postulant que la vitesse
d'écoulement de l'eau interstitielle est proportionnelle à la perte de charge par unité
de longueur de la conduite d'écoulement. Ce qui peut se formuler comme suit (voir
figure 4.3) :
Δh
V = Ki = K
Δl

La perte de charge par unité de longueur est appelée gradient hydraulique et


noté i. Le coefficient de proportionnalité K, ayant la dimension d’une vitesse, est
appelé coefficient de perméabilité, caractérisant l’aptitude du sol à faciliter
l’écoulement de l’eau.
Ce coefficient varie dans des proportions considérables en passant d'un sol
fin à un sol grenu, comme le montre le tableau 4.1 [3], [4], [5], [6].
La vitesse v intervenant dans la loi de Darcy, appelée aussi vitesse de décharge,
n'est pas la vitesse réelle de l'écoulement de l'eau interstitielle. En réalité, la section
de la conduite comprend seulement les pores à travers lesquels l'eau s'écoule. A
partir de la figure 4.4, si on appelle vr la valeur moyenne de la vitesse de l'eau dans
le sens de l'écoulement, on peut écrire le débit d'écoulement, en notant la surface
des vides par Sv, comme suit :

Q = vS = VrSv

Or, la porosité s’écrit : n= Sv/S, ce qui permet d'écrire : v = nvr.


70
Introduction à la mécanique des sols 
 

Figure 4.3. Perte de charge hydraulique due à l'écoulement de l'eau

Figure 4.4. Vitesse réelle et vitesse de décharge

Une telle précision sur la vitesse d'écoulement n'est cependant pas importante en
pratique, puisque la contribution de l'énergie cinétique est à négliger dans
l'écoulement de l'eau interstitielle.
L'écoulement de l'eau est supposé linéaire dans des tubes de courant (ou lignes
de courant). En fait, ceci est une simplification de la trajectoire d'une particule
d'eau et le chemin réellement emprunté par la particule d’eau, comme l’illustre la
figure 4.5, est en général tortueux et imposé par la disposition des vides entre les
grains.
71
Introduction à la mécanique des sols 
 

Tableau 4.1. Ordres de grandeur du coefficient de perméabilité


Sol Marge de K (cm/s)
Gravier 10-1 –102
Sable 10-3 –10-1
Limon et sable argileux 10-7 –10-3
Argile 10-11 –10-7
Roche fissurée 10-10 –10-8

La loi de Darcy est valable pour des écoulements dans des sols ayant une faible
porosité, et à faible vitesse (de l'ordre de 0.1 à 1 cm/s pour les sables), sans
toutefois descendre en deçà de 0.01 cm/s environ selon Cambefort, à cause de
l’adsorption probable des molécules d'eau avec les particules de sol [2].
Les limites de validité de la loi encadrent l'intervalle courant des vitesses
d'écoulement dans les sols, notamment dans les sables et les graviers.
Dans les sols ultra-argileux et très fins, doués d'une très faible perméabilité,
l’application de la loi de Darcy devient grossière.

Figure 4.5. Chemins réel et théorique du courant d'eau

En toute rigueur, le coefficient de perméabilité n'est pas une grandeur


intrinsèque du sol, du fait qu'il varie avec la porosité et la viscosité de l'eau, et peut
se mettre sous la forme suivante :

K = γw K’/η

K’ ayant la dimension la dimension d’une surface, est appelé perméabilité


intrinsèque. Dans la pratique des projets, c’est le coefficient de perméabilité K qui
est plutôt utilisé et non pas K’.
Certains auteurs ont proposé de relier K à la porosité et la granulométrie du sol,
notamment Hazen (1895) qui a proposé la relation empirique suivante :

K = λD102
72
Introduction à la mécanique des sols 
 

K étant en cm/s et D10 en cm et λ est un coefficient expérimental égal à 100 pour


les sables moyennement denses, et à 25 pour les graviers (de 15 mm de dimension).
On note aussi la formule de Kozeney-Carman qui donne le coefficient de
perméabilité (en m/s) en fonction de la surface spécifique Sm (en m2/kg), la masse
volumique ρs (en kg/m3) et l'indice des vides [6]:

e3
K = 1.5 x106
ρ s3 sm2 (1 + e)

On constate que K augmente avec l'indice des vides et diminue avec la


surface spécifique du matériau.
Dans des projets importants de construction, où l'écoulement de l'eau intervient
dans le calcul de la stabilité de l'ouvrage, il devient nécessaire de déterminer le
coefficient de perméabilité du sol. On le détermine usuellement au laboratoire
selon deux modes opératoires différents selon qu'on utilise un perméamètre à
charge variable ou constante. Il est aussi possible de déterminer le coefficient de
perméabilité in-situ en faisant par exemple un essai de pompage.
La sédimentation successive des couches de sols, correspondant aux différentes
époques de dépôt, fait que le sol est formé d'une superposition de couches formées
des fois du même matériau mais ayant des caractéristiques différentes. En général,
les massifs alluvionnaires de sable et graviers présentent des stratifications.
Le sol est en général stratifié sous forme de couches supposées horizontales.
Le souci de simplicité de l'étude pousse l'ingénieur à définir un terrain homogène
équivalent. En outre, les sols sont en général anisotropes, c'est à dire que leur
comportement dépend de la direction de la sollicitation. Ceci est dû à la géométrie
du squelette solide. Ainsi, la perméabilité du sol stratifié diffère selon que
l'écoulement se fait parallèlement ou perpendiculairement aux couches du sol.
Si on suppose que le sol est formé de N couches homogènes isotropes parallèles
et horizontales, chaque couche ayant une épaisseur hi et un coefficient de
perméabilité Ki , alors :
• Si l'écoulement est horizontal, avec un gradient hydraulique i dans toutes les
couches, le débit total est le somme des débits dans chaque couche, et en
supposant que chaque couche a une largeur unité, alors :

Q = ∑Qi = ∑vihi = i∑Kihi

En considérant un coefficient de perméabilité équivalente KH vis-à-vis de


l'écoulement horizontal de tout le terrain, on aura :

Q = iKH ∑hi
73
Introduction à la mécanique des sols 
 

KH =
∑K H i i

∑H i

• Si l'écoulement est perpendiculaire aux couches, la continuité de l'écoulement


de l'eau exige que la variation infinitésimale du volume d'eau soit identique dans
chaque couche, soit :

dV = Q1dt= Q2dt = ……. = Qndt

On obtient ainsi :

v1S1dt = v2S2dt =……. = vnSndt

En considérant une section d'écoulement identique dans chaque couche, on doit


avoir nécessairement la même vitesse de décharge, soit :

v1= v2=……. = vn

On obtient donc :

K1dh1/h1 = K2dh2/h2 = K3dh3/h3 =……= Kndhn/hn= Kv∑dhi/hi

Kv est la perméabilité équivalente vis-à-vis de l'écoulement vertical.


dh1, dh2,…., dhn sont les pertes de charges respectives dans les couches 1, 2,..., n.
Enfin, on aura :

Kv =
∑H i
H
∑K i

On montre que la perméabilité horizontale est plus grande que celle vis-à-vis de
l'écoulement vertical. Autrement dit, l'écoulement de l'eau est facilité parallèlement
aux plans de stratifications que perpendiculairement à ces plans.

4.4. ESSAIS DE PERMÉABILITÉ AU LABORATOIRE

Les annexes 1 et 2 résument le principe des essais de détermination du


coefficient de perméabilité au laboratoire et in-situ, et le CD-Rom contient deux
séquences vdiéo illustrant le déroulement des essais de laboratoire au perméamètre
à charge variable ou et à charge constante.
74
Introduction à la mécanique des sols 
 
4.5. ECOULEMENT TRIDIMENSIONNEL DE L'EAU DANS LE SOL

La loi de Darcy concerne un écoulement unidimensionnel idéal dans lequel la


ligne du courant est un ensemble de droites parallèles. La vitesse et le gradient
hydraulique sont représentés par des scalaires. En réalité, l'eau souterraine suit des
trajectoires tridimensionnelles et le sol est anisotrope, c’est à dire que la
perméabilité dépend de la direction d'écoulement.
La loi de Darcy peut être généralisée en définissant pour une particule liquide
dans une ligne du courant la relation vectorielle suivante, qui lié le vecteur vitesse
v au vecteur gradient i, par le biais de la matrice de perméabilité K :
r r
v = −[K ].i

⎛ vx ⎞ ⎡K x ⎤ ⎛i ⎞
r ⎜ ⎟ r ⎜ x⎟
v = ⎜vy ⎟ [K ] = ⎢⎢ Ky ⎥
⎥ i = ⎜iy ⎟
⎜v ⎟ ⎢⎣ K z ⎥⎦ ⎜i ⎟
⎝ z⎠ ⎝ z⎠

Le principe de la conservation de la masse liquide (ou continuité de


l'écoulement) conduit à :

∂vx ∂v y ∂vz
+ + =0
∂x ∂y ∂z

En combinant cette relation avec la loi de Darcy généralisée, on trouve :

∂ 2h ∂ 2h ∂ 2h
Kx + K + K =0
∂ x2 ∂ y2 ∂ z2
y z

La matrice de perméabilité se réduit en une valeur scalaire lorsque le milieu est


isotrope (Kx= Ky=Kz= K), et dans ce cas, la relation précédante se transforme en
l'équation connue de Laplace :

∂ 2h ∂ 2h ∂ 2h
+ + =Δh=0
∂ x2 ∂ y2 ∂ z 2

En définissant la fonction potentiel de vitesse ϕ telle que :

ϕ(x,y) = - Kh(x,y,z)
75
Introduction à la mécanique des sols 
 
la loi de Darcy généralisée pour un milieu isotrope peut aussi s'écrire comme suit :

∂ 2ϕ ∂ 2ϕ ∂ 2ϕ
+ + =Δϕ = 0
∂ x2 ∂ y2 ∂ z 2

Il s'agit d'une équation aux dérivées partielles à trois dimensions dont


l'intégration permet d'obtenir la fonction charge hydraulique en tout point du
courant d'eau. Il est à remarquer que la solution est indépendante de la perméabilité
du sol.
On se propose dans ce qui suit d'étudier l'écoulement bidimensionnel dans un
plan (X,Y). Autrement dit l'écoulement se fait dans ce plan, et les composantes
de la vitesse de décharge et du gradient hydraulique suivant l'axe perpendiculaire
au plan d'écoulement sont nulles : vz =0 et iz = 0. Ainsi, on aura :

∂ 2h ∂ 2h
+ =0
∂ x2 ∂ y2

On définit aussi la fonction de courant ψ, appelée fonction de courant, telle


qu'en un point (x,y) du réseau d'écoulement :

vx = ∂ψ/∂y

vy = -∂ψ/∂x

Les courbes définies par ψ(x,y)= constante sont appelées lignes de courant, et
représentent les trajectoires des particules liquides. En un point (x,y) du réseau, le
vecteur vitesse est tangent à la ligne de courant.
Dans le cas d'un écoulement plan, la fonction de courant ψ est donnée sous la
forme différentielle :

dψ = Vzdx- VxdZ

Ainsi :

Vz = ∂ϕ/∂Z=∂Ψ/∂x

Vx=- ∂Ψ/∂Z = ∂ϕ/∂x

On appelle ligne équipotentielle l'ensemble de points d'égale charge hydraulique


telle :

ϕ(x,y)= constante
76
Introduction à la mécanique des sols 
 

Le réseau de charges hydrauliques est constitué d'un ensemble de lignes


équipotentielles. En un point donné de ce réseau, le vecteur normal à une ligne
équipotentielle a pour composantes (dϕ/dx, dϕ/dy).
Le vecteur normal à la ligne de courant (ψ(x,y) =constante) passant par ce point
a pour composantes (dψ/dx, dψ/dy).
On montre aisément que le produit scalaire de ces deux vecteurs est nul.
Autrement dit, les lignes de courant et celles des équipotentielles forment un réseau
de courbes orthogonales.
On vérifie aussi que la fonction courant, identiquement à la fonction potentiel
de vitesse, est homogène car elle vérifie l'équation de Laplace :

∂ 2ψ ∂ 2ψ
+ =0
∂ x2 ∂ y2

Enfin, sur une ligne de courant, on a dψ= 0, c’est à dire :

v x dx
=
v y dy
L’écoulement dans un milieu anisotrope, caractérisé par les perméabilités Kx et
Ky suivant les axes du plan (X,Y), est décrit par l'équation :

∂ 2h ∂ 2h
Kx 2 + Ky =0
∂x ∂ y2

En posant x= X√Kx/√Ky l'équation précédente deviendra :

∂ 2h ∂ 2h
+ =0
∂ x2 ∂ y2

Ainsi, l'étude de l'écoulement dans un milieu anisotrope peut être ramenée par
simple affinité de l'abscisse x, à l'étude de l'écoulement bidimensionnel dans un
milieu homogène isotrope ayant un coefficient de perméabilité équivalente K.
Considérons un point M en écoulement dans le milieu anisotrope avec une
vitesse de décharge v ayant pour composantes vx et vy suivant les axes x et y
respectivement, et vX et vY suivant les axes X,Y. L'axe des ordonnées étant
conservé, la charge hydraulique est conservée en passant du point M à son
homologue dans le milieu isotrope.
Ecrivons donc que le débit est conservé en passant d'un milieu à l'autre :
77
Introduction à la mécanique des sols 
 

- selon l'axe horizontal x : dQ=Kxixdy (débit par unité d'épaisseur),


- selon l'axe X : dQ=KiXdy.

Puisque ix = iX.√Kx/√Ky on trouve enfin :

K = KyKx

En procédant selon le même raisonnement suivant l'axe des ordonnées, on


aboutira à la même relation entre la perméabilité équivalente K, Kx et Ky.
Les lignes équipotentielles et celles du courant dans un milieu ansiotrope ne
forment pas un réseau orthogonal, car dans ce milieu le vecteur vitesse n'est pas
parallèle au vecteur gradient hydraulique.
Enfin, on retient que l’étude de l'écoulement dans un milieu homogène
anisotrope peut être ramenée, en transformant les coordonnées horizontales par une
affinité géométrique de rapport égal à Kv / K H
à l'étude d'un milieu homogène isotrope, siège à un écoulement ayant le même
débit, et ayant un coefficient de perméabilité équivalente K tel que :

K = Kv K H

Les dimensions verticales restent inchangées.

4.6. ETUDE DE L'ECOULEMENT BIDIEMNSIONNEL DANS UN MILIEU


ISOTROPE

On rappelle que l'écoulement permanent est caractérisé par des grandeurs


physiques ne variant pas dans le temps. En pratique, diverses méthodes sont
utilisées pour résoudre l'équation aux dérivées partielles de l'écoulement. La
solution du problème dépend des conditions aux limites, qui sont en général
connues. Les méthodes les plus connues sont :

• Méthode des éléments finis. Le milieu est discrétisé en un maillage plan. Le débit
est supposé traverser les noeuds, et l'équilibre est étudié au niveau des noeuds. On
aboutit en général à un système d'équations linéaires reliant la charge hydraulique
au débit du noeud, et dont la résolution permet de calculer le gradient hydraulique
et les autres paramètres. La méthode nécessite le recours à un ordinateur.

• Méthode de l'analogie électrique. On exploite l'analogie entre l'écoulement de


l'eau interstitielle dans un milieu isotrope bidimensionnel et la distribution du
potentiel électrique dans une plaque mince et isotrope parcourue par un
courant électrique, qui vérifie aussi l'équation de Laplace.
78
Introduction à la mécanique des sols 
 
Un modèle réduit est découpé sur un papier conducteur (Teledeltos, ou papier
enduit d'une couche de graphite) avec des dimensions géométriquement
semblables à celles du réseau. On applique une tension électrique analogue à
la distribution de la charge hydraulique sur les frontières du réseau. On
mesure le potentiel électrique en tout point à l'aide d'une sonde
potentiométrique, ce qui permet d'obtenir le réseau d'écoulement hydraulique
analogue [6], [8].

• Méthode des différences finies. Cette méthode est utilisée pour la résolution
numérique de l'équation de Laplace, en approchant les dérivées partielles par des
différences finies. L'annexe 3 présente le principe de cette méthode et la
méthdologie à suivre pour l'appliquer.

• Méthode graphique. La méthode a été initialement proposée par Prasil (1913), et


mise en pratique par Casagrande (1940). Elle se propose de tracer d'une façon
approximative le réseau de l'écoulement formé des équipotentielles et des lignes de
courant, en tenant compte de l'orthogonalité de ces courbes et des conditions aux
limites régnant dans l'ouvrage. Cette méthode est valable uniquement dans les
milieux isotropes dans lesquels les lignes du réseau sont orthogonales.
Le réseau est exploité par la suite pour calculer les grandeurs recherchées
telles que le débit, la pression et la vitesse de décharge.
Cette méthode nécessite une expérience de l'utilisateur et des approximations
successives du tracé de réseau. Les résultats obtenus par cette méthode donnent
un ordre de grandeur des valeurs rech-erchées, et permettent ainsi de contrôler
les résultats d'autres méthodes de calcul.Le procédé est simple et est constitué des
étapes suivantes :

1. Fixer le nombre NH d’équipotentielles à tracer.

2. Trouver les valeurs limites des équipotentielles et des lignes de courant


correspondant aux limites géométriques de l'ouvrage. Les règles de détermination
des conditions aux limites vues précédemment sont à appliquer.

3. Tracer en trait léger quelques lignes équipotentielles, en essayant de satisfaire


aux conditions aux limites. Le tracé est à refaire jusqu'à satisfaction des valeurs
aux limites. Il est commode que les lignes tracées soient équidistantes.

4. Tracer les lignes de courant de telle façon qu'elles soient perpendiculaires


au lignes équipotentielles et qu'elles vérifient les conditions aux limites. Les
lignes sont choisies équidistantes et ayant un pas identique à celui des lignes
équipotentielles.

5. Compter le nombre Nc de tubes de courant. Si H est la perte totale de


charge, on a ΔH =H/NH.
79
Introduction à la mécanique des sols 
 
Une fois le réseau tracé, on détermine les grandeurs de l'écoulement comme suit :

- Débit d'écoulement :
Considérons un tube de courant limité par deux lignes de courant ψ et ψ + dψ
et ayant une largeur a (voir figure 4.6). Le débit dans ce tube est ΔQ=vS = KΔH.
Notons que ΔH est la perte de charge entre deux équipotentielles.
On remarque que ce débit est identique pour tout tube du réseau. Ainsi, le débit
total est la somme des débits dans chaque tube :

Q =∑ΔQ = NcKΔH =KNcH/Nh

- Vitesse de décharge :
La vitesse d'une particule fluide dans une ligne de courant est telle que :

v =K(ΔH)/a

- Charge hydraulique :
La charge est déterminée directement si le point (x,y) se trouve sur ligne
équipotentielle, sinon une interpolation linéaire est nécessaire.

- Pression d'écoulement :
Elle est déduite de l'équation approximative de l'écoulement :

u(x,y) ≈ (h(x,y)-Y)γw

Il est à noter qu'en régime permanent, le débit est constant et la perte de charge
hydraulique étant donnée, de même que le milieu est supposé homogène et
isotrope. Par conséquent, l’expression du débit Q=KNc/Nh montre que le terme
Nc/Nh est constant, pour des dimensions données de l'ouvrage.

Figure 4.6. Schéma d'un tube de courant

Ainsi, on peut mener une étude de l'effet des dimensions de l’ouvrage sur
ce rapport.
80
Introduction à la mécanique des sols 
 
• Méthode des fragments. La méthode a été proposée et développée par Pavlovski
(1956). Elle se base sur le fait que certaines lignes équipotentielles peuvent être
assimilées à des droites verticales qui séparent le milieu en des zones appelées
fragments.
Considérons un fragment i, le débit passant dans ce fragment est tel que :

k .ΔH i
Q=
φi

L'écoulement étant permanent, le débit sera le même dans chaque fragment :

ΔH 1 ΔH 2 ΔH n
Q=K =K = ..... = K
φ1 φ2 φn

La perte de charge totale ΔH sera:

ΔH= ∑ΔHi= Q∑φi/K

Le coefficient φ d'un fragment est donné par le tableau 4.2, suivant le type du
fragment et ses caractéristiques. Pour les fragments type II et III, le coefficient de
forme est donné par la figure 4.7, proposée par Polubarinova-Kochina (1952) et
issue d'un développement mathématique de la théorie des transformations
conformes.

4.7. FORCES D'ECOULEMENT AGISSANT SUR LES GRAINS

Considérons un volume infinitésimal du sol sous forme d'un parallélépipède


ayant pour cotes dx, dy et dz (voir figure 4.8). On cherche à déterminer les forces
qui résultent de l'écoulement de l'eau à travers ce volume. En effet, l'écoulement de
l'eau se traduit par des forces qui tendent à emporter les grains du sol, et d'après le
principe de l'action et de la réaction, les particules liquides subissent au cours de
leur contact avec les grains du sol des frottements visqueux qui conduisent à des
pertes de l'énergie d'écoulement, qu'on a appelées précédemment perte de charge.
L'échantillon étant noyé à une cote Z dans une nappe en mouvement, il est
soumis sur ces faces à une pression hydrodynamique normale aux faces, soit
u(x,y,z).
L'équation de charge est h =Z +u/γw
La résultante des forces d'écoulement suivant l'axe des x est :

dFx = dx(dy.dz)∂u/∂x = γw∂h/∂x.dV= γwixdV

Suivant l'axe Z, on a :
81
Introduction à la mécanique des sols 
 

dFz =dz(dy.dz)∂u/∂z = γw(∂h/∂z-1)dV= γwizdV- γwdV


Le terme γwdV représente la poussée statique d'Archimède. Il est possible
d'écrire vectoriellement que :
r r r
dF = i γ wdV −γ wdV. j

j est un vecteur unité vertical ascendant. On appelle poussée d’écoulement, ou


force de percolation, sur le volume dV le vecteur :
r r
d Pe = i γ w dV

Tableau 4.2. Tableau des coefficients de forme φ


82
Introduction à la mécanique des sols 
 

Tableau 4.2 (suite).Tableau des coefficients de forme φ

Ce vecteur est dirigé dans le sens d'écoulement, tangentiellement aux lignes de


courant si le milieu est isotrope (dans lequel la vitesse et le gradient sont
parallèles).
Certains ouvrages formant un obstacle devant un volume d’eau en écoulement,
sont soumis à des forces d'écoulement dont il faut en tenir compte lors du
dimensionnement.
83
Introduction à la mécanique des sols 
 

Figure 4.7. Abaque de Polubarinova-Kochina

Figure 4.8. Volume infinitésimal d’un sol soumis à un écoulement


84
Introduction à la mécanique des sols 
 

Un exemple pratique de l'effet important des forces d'écoulement est le rideau


de palplanches présenté à la figure 4.9. Près du rideau, les lignes de courant sont
verticales, et le sol est soumis outre son poids déjaugé γ'dV, à la poussée
d'écoulement iγwdV. A la limite, si le gradient hydraulique est tel que :

i =γ’/γw= ic le sol sera dans un état d'apesanteur ou de boulance.

ic est appelé gradient hydraulique critique. Dans le cas où l'écoulement est


caractérisé par un gradient hydraulique i > ic le sol près du rideau sera emporté par
l'eau ascendante vers l'aval, ce qui entraîne un déséquilibre du rideau. Un tel
phénomène est appelé phénomène de renard, souvent rencontré dans les massifs de
sable lâche saturé.

Figure 4.9. Rideau de palplanches ancré dans un sol

4.8. APPLICATIONS

Problème 1.

Un essai au perméamètre à charge constante a été réalisé à 20°C sur un


échantillon de sable silliceux ayant une hauteur 115 mm et un diamètre de 102 mm
Le Poids de l'échantillon sec + moule + 2 pierres poreuses est de 3900 g, le poids
de la pierre poreuse est de 395 g et le poids du moule est de 1536 g.
L'échantillon est soumis à l'écoulement descendant de l'eau dont la hauteur de
charge est de 13.4 cm par rapport au niveau de drainage de l'eau. L'essai a été
doublé et chaque fois on mesure le volume d'eau sortant de l'échantillon et le
temps mis pour cela, comme le montre le tableau 3.3. Un passage à l'étuve est fait
après chaque essai afin de mesurer la teneur en eau.
85
Introduction à la mécanique des sols 
 
1) Calculer le coefficient de perméabilité k, le poids volumique sec, la porosité, et
le degré de saturation de l’échantillon.
2) Calculer le gradient hydraulique ainsi que la vitesse d'écoulement et le débit
d'infiltration de l'eau dans l'échantillon. Prendre γs= 26 kN/m3.

Tableau 4.3.Essai au perméamètre à charge constante


____________________________________________________________

Essai Volume d’eau Temps Poids tare Poids total Poids total
(cm3) (s) (g) sec humide
____________________________________________________________
1 47.83 60 22.08 33.46 36.00
2 45.12 62 21.96 38.99 42.45
____________________________________________________________

Problème 2.

Soit le rdieau de palplanches formant un écran vertical encastré dans un sol


sableux épais de 4 m et caractérisé par K=10-2 cm/s et représenté à la figure 4.10.
On considère un poids volumique saturé de 21 kN/m3.
1) Définir et justifier les conditions aux limites de l'écoulement,
2) Appliquer la méthode des fragments pour calculer le débit d'écou- lement,
3) Calculer les pressions d'eau agissant sur le rideau,
4) Calculer le gradient hydraulique critique, et la poussée d'écoulement par unité
de volume du sol.

Figure 4.10. Rideau de palplanches dans un massif sableux


86
Introduction à la mécanique des sols 
 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. A. Caquot & J. Kérisel (1966) " Traité de mécanique des sols", édition, Dunod
Paris.

2. M, Cassan (1980) "Les essais d'eau dans la reconnaissance des sols ", éditions
Eyrolles.

3. J.Costet & G. Sanglerat (1981) "Cours pratique de mécanique des sols", Tome
1: plasticité et calcul des tassements, 3e édition, éditions Dunod.

4. J-F Corté ( ) "Mécanique des sols-hydraulique des sols ", cours de l'agrégation
de génie civil à l'école normale supérieure de l'enseignement technique ENSET,
France.

5. G. Philiponnat (1998)" Fondations et ouvrages en terre", chapitre III:


propriétés hydrauliques du sol, éditions Eyrolles Paris.

6. A.Mahé (1986) "Mécanique des sols ", école nationale supérieure de mécanique
de Nantes.

7. H. Cambefort (1983)" Géotechnique de l'ingénieur et reconnaissance des sols",


5e édition‚ éditions Eyrolles.

8. LCPC (1970) "Hydraulique des sols ", Bulletin de liaison du Laboratoire des
Ponts et Chaussées, Numéro spécial, Avril 1970.

9. M.E. Harr (1981) " Mécanique des milieux formés de particules", traduction
française, Presses polytechniques Romandes Lausanne Suisse.

10. A, Bouafia (2009) "Mécanique des sols appliquée- Problèmes résolus",


éditions Office des Publications Universitaires, 2e édition,
ISBN 978.9961.0.0464.7, 164 p.
87
Introduction à la mécanique des sols 
 

ANNEXE 1. MESURE DE LA PERMÉABILITÉ AU LABORATOIRE

1. Essai au perméamètre à charge variable

Selon la figure 4.11, un échantillon de sol est placé dans un moule


cylindrique ayant une section S et une hauteur L, qui est en contact d'une part
avec un tube gradué ayant une section s, servant à alimenter l'échantillon par
l'eau, et d'autre part avec un tube de collecte de l'eau dégagée du moule.
L'échantillon est saturé au préalable par l'eau. L'eau dans le tube circule dans
l'échantillon et on mesure le temps t nécessaire pour une baisse du niveau d'eau
dans le tube de h, qui est d’ailleurs la perte de charge.
On remarque que le niveau d'eau baisse avec une vitesse suffisamment lente,
ce qui permet de supposer que le régime d'écoulement est permanent et
d'appliquer ainsi la loi de Darcy.
La continuité d'écoulement exige que le volume d'eau entrant soit égal à celui
sortant, c'est à dire que dans un temps infinitésimal dt :

qdt = -sdh, donc : q = SV= SKdh/dL =SKh(t)/L


Autrement dit, en mesurant les niveaux d’eau par rapport à celui du tube de
sortie, aux instants t1 et t2, soient h1et h2, on aura :

s.L h
K= Ln ( 1 )
S .t h2

2. Essai au perméamètre à charge constante

Cet essai est utilisé pour des matériaux perméables (gravier et sables). On peut
utiliser le même appareillage précédent en gardant un niveau d'eau constant dans
le tube (voir figure 4.12). Le coefficient de perméabilité est déterminé comme suit :

Ve L
K=
tSh

Ve est le volume d'eau recueillie de l'échantillon, t le temps de collecte du volume


Ve, h est la baisse de niveau (ou perte de charge hydraulique) d'eau, S est la section
de l'échantillon du sol et L est sa hauteur.
88
Introduction à la mécanique des sols 
 

Figure 4.11. Schéma du perméamètre à charge variable


89
Introduction à la mécanique des sols 
 

Figure 4.12. Schéma de perméamètre à charge constante


90
Introduction à la mécanique des sols 
 
ANNEXE 2. MESURE DE LA PERMÉABILITÉ IN-SITU

Les essais au perméamètre du laboratoire permettent de déterminer une valeur


locale du coefficient de perméabilité qui ne reflète pas le caractère hétérogène du
sol, ni son état de porosité naturelle qui gouverne d’ailleurs la perméabilité du
sol. Dans certains problèmes comme celui de la collecte de l'eau à partir de puits
par pompage ou celui de la consolidation d'une couche argileuse où un volume
important du sol est le siège d’un écoulement forcé de l'eau, on s'intéresse plutôt à
une valeur globale de la perméabilité du sol.
On peut cependant calculer, et d’une manière approchée, une valeur globale du
coefficient de perméabilité, comme il a été déjà vu dans les sols stratifiés, mais
une telle approximation peut ne pas être satisfaisante, notamment dans les
problèmes de stabilité des talus et de la consolidation des sols mous par remblais.
En pratique la perméabilité globale du terrain est appréciée à l'aide d'essais in-situ.
On dispose en général soit d'un perméamètre pour la mesure ponctuelle de
la perméabilité, soit d'un équipement de pompage de l'eau, comme c'est le cas de :
• l'essai de pompage qui est relativement cher et mobilise un matériel lourd
• l’essai Lefranc, réalisé dans le forage d'une reconnaissance de sol
• l’essai Lugeon, pratiqué dans les sols rocheux, et qui permet outre la
détermination de la perméabilité, l'appréciation des fissures et leur distribution
dans la roche [5].
Les essais in-situ à l'aide des perméamètres ont connu un développement
important depuis une trentaine d'années. Divers appareils ont été conçus pour
réaliser l'essai dans des forages. On cite à titre d'exemple les appareils suivants
[2] :
- le pressio-perméamètre de Ménard (1958), issu de l'appareil pressiométrique
standard. L'essai consiste à injecter l'eau dans une cavité limitée et de déduire la
perméabilité du sol à cette profondeur.
- le perméamètre auto-foreur LCPC, mis au point par Baguelin et Jézéquel (1974)
et basé sur la technique d'autoforage qui se propose de ne pas remanier le sol du
forage.
- le perméamètre FONDASOL.
L'exposé détaillé des appareils, du mode opératoire et de la méthode
d'interprétation des résultats sort du cadre de cet ouvrage. Les références 2 et 5
offrent une lecture détaillée sur ce sujet.
91
Introduction à la mécanique des sols 
 

ANNEXE 3 . MÉTHODE DES DIFFÉRENCES FINIES APPLIQUÉE A


L'ÉTUDE DE L'ÉCOULEMENT DE L'EAU

Cette méthode est utilisée pour la résolution numérique de l'équation de


Laplace, en approchant les dérivées partielles par des différences finies.
Cette façon de procéder est intéressante si elle peut être programmée sur
ordinateur, car les équations qui en résultent contiennent un nombre élevé
d'inconnues. Soit F(x,z) une fonction à deux variables, définie, continue et
dérivable. Posons:

F(x,z)= Fij, F(x+Δx, z)=Fi+1,j, F(x, z+Δz)= Fi,j+1, F(x-Δx, z)=Fi-1,j et F(x, z-Δz)= Fi,j-1.

Le développement limité de cette fonction au voisinage d'un point (x,z) permet


de remplacer une dérivée par une expression approchée.
La dérivée partielle d'ordre 1 par rapport à une des variables, soit x, est approchée
par une différence finie centrée autour de x, telle que :

∂ F Fi+1, j − Fi−1, j
=
∂X 2.ΔX

La dérivée partielle d'ordre 2 par rapport à x sera approchée par la différence


centrée sur x telle que :

∂ 2F Fi+1, j −2.Fi, j +Fi−1, j


=
∂ X2 ΔX 2

Il est évident que l'approximation est d'autant meilleure que le maillage est
serré. Le réseau d'écoulement occupe un plan discrétisé en un maillage carré (Δx=
Δz) où un point de coordonnées (x,z) dans le repère (X, Z) sera repéré par les
indices (i,j). Les deux points adjacents à ce point suivant l'axe X seront repérés
par (i-1,j) et (i+1,j). On montre facilement que l'équation de Laplace pour la
fonction du courant devient :

Δψ = -4ψi,j + ψi+1,j + ψi-1,j + ψi,j+1 + ψi,j-1 = 0

Le calcul de ψ i,j nécessite la connaissance des valeurs de ψ des 4 points


adjacents. Il est nécessaire de définir les conditions aux limites du réseau
d'écoulement, ce qui permet d'obtenir un système d'équations reliant les
inconnues ψ des différents nœuds du maillage.
Certaines règles peuvent être appliquées pour la définition des conditions aux
limites, notamment :
92
Introduction à la mécanique des sols 
 
1. Le plan d'une nappe libre horizontale en écoulement vertical correspond à une
équipotentielle. En effet, ϕ= -K(z + u/γw) est constant.

2. Le plan du fond horizontal ou incliné d'un cours d'eau est une ligne
équipotentielle (appelé aussi surface d’infiltration).

3. Un plan imperméable correspond à une ligne de courant. En effet,


dψ=-vydx+vxdy=0, car vx=vy=0 au niveau de ce plan, donc ψ est constante.

4. Une surface libre en écoulement est une ligne de courant.

5. Une surface de suintement est la limite entre l’ouvrage et l’air. Puisque la


pression y est nulle, ϕ varie linéairement le long de cette surface.

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