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LES CHRONIQUES D’HUBERT JAPPELLE

La démocratie et la culture en question

5 | Qu’est-ce que la culture ?


Pour essayer de définir le sens du mot culture commençons par citer
Anna ARENDT : « toute discussion sur la culture doit d’une manière ou
d’une autre, prendre comme point de départ le phénomène de l’art (…)
Cependant, dit-elle, si la culture et l’art sont étroitement liés, ils
ne sont pas la même chose. La culture, mot et concept, est d’origine
romaine. Le mot « culture » dérive du mot latin colere, cultiver,
demeurer, prendre soin, entretenir, préserver. Il renvoit
primitivement au commerce de l’homme avec la nature et de l’entretien
de la nature. Pour les romains, le point essentiel fut donc toujours
la connexion de la culture avec la nature. Et le mot culture
signifiait originellement agriculture, avant d’en entendre
l’utilisation aux choses de l’esprit et de l’intelligence. Cependant,
le sens du mot culture ne se réduit pas à ces éléments strictement
romains. Ciceron par exemple, suggère la notion de goût, de
sensibilité à la beauté, et non seulement chez les artistes qui créent
de belles choses, mais aussi chez les spectateurs, chez ceux qui
vivent au milieu de ces belles choses. (…) Cet amour de la beauté,
les grecs la possédaient déjà, bien sûr, et à un degré
extraordinaire. En ce sens, nous comprenons par culture, l’attitude,
ou mieux, le mode de relation que les civilisations entretiennent avec
les choses les moins utiles : les œuvres des artistes, des poètes, des
musiciens, des philosophes, etc. » Selon le philosophe Edward Tylor
« la culture, dit-il en 1871, la culture ou civilisation, prise dans
son sens ethnologique le plus étendu, est ce tout complexe qui
comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit,
les coutumes et les autres habitudes acquises par les hommes en tant
que membres de la société. » Pour Emile Durkeim en 1893 :
« l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des
membres d’une même société forme un système déterminé (…) on peut
parler de conscience collective commune qui est donc toute autre chose
que les consciences individuelles (…) Elle ne change pas à chaque
génération, mais au contraire elle relie les unes aux autres les
générations successives ». Pour Michel de Certeau, la « culture » est
le patrimoine des œuvres à préserver, à répandre, et par rapport
auquel on a à se situer. Et l’on doit y ajouter les créations et les
créateurs qui ne cessent de renouveler, d’enrichir ce patrimoine.
LES CHRONIQUES D’HUBERT JAPPELLE

La démocratie et la culture en question


Pour Claude Levi Strauss, la culture consiste dans l’instauration d’un
ensemble de règles qui organisent les échanges et séparent durablement
les sociétés humaines de l’état naturel. Pour l’anthropologue François
Laplantine (1987), « ce qui distingue la société humaine de la société
animale, ce n’est nullement la transmission des informations, la
division du travail, la spécialisation des tâches, mais bien cette
forme de communication proprement culturelle qui procède par échange
des symboles, et par l’élaboration des rituels afférents à ces
derniers. Car pour autant qu’on le sache, on n’a encore jamais vu
aucun animal souffler les bougies de son gâteau d’anniversaire ».
Comme le souligne Jean Fleury, « l’échange est bien autre chose qu’un
phénomène économique, … il trouve sa valeur profonde dans le fait
qu’il instaure du social. C’est bien autre chose que de l’utile qui
circule… » Il s’agit, dit Marcel Mauss, « de quelque chose de bien
moins prosaïque que nos ventes et nos achats, que nos louages de
services ou que nos jeux de Bourse ». Enfin, Jean-Pierre Le Goff dans
La Barbarie douce, affirme que « la culture n’est pas pour nous un
supplément d’âme à la sphère économique et sociale. La culture,
entendue comme un univers de significations s’incarnant dans des
institutions et des œuvres, des paroles et des actes, est ce qui
donne sens à la vie en société ».

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