Pour essayer de définir le sens du mot culture commençons par citer Anna ARENDT : « toute discussion sur la culture doit d’une manière ou d’une autre, prendre comme point de départ le phénomène de l’art (…) Cependant, dit-elle, si la culture et l’art sont étroitement liés, ils ne sont pas la même chose. La culture, mot et concept, est d’origine romaine. Le mot « culture » dérive du mot latin colere, cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver. Il renvoit primitivement au commerce de l’homme avec la nature et de l’entretien de la nature. Pour les romains, le point essentiel fut donc toujours la connexion de la culture avec la nature. Et le mot culture signifiait originellement agriculture, avant d’en entendre l’utilisation aux choses de l’esprit et de l’intelligence. Cependant, le sens du mot culture ne se réduit pas à ces éléments strictement romains. Ciceron par exemple, suggère la notion de goût, de sensibilité à la beauté, et non seulement chez les artistes qui créent de belles choses, mais aussi chez les spectateurs, chez ceux qui vivent au milieu de ces belles choses. (…) Cet amour de la beauté, les grecs la possédaient déjà, bien sûr, et à un degré extraordinaire. En ce sens, nous comprenons par culture, l’attitude, ou mieux, le mode de relation que les civilisations entretiennent avec les choses les moins utiles : les œuvres des artistes, des poètes, des musiciens, des philosophes, etc. » Selon le philosophe Edward Tylor « la culture, dit-il en 1871, la culture ou civilisation, prise dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et les autres habitudes acquises par les hommes en tant que membres de la société. » Pour Emile Durkeim en 1893 : « l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société forme un système déterminé (…) on peut parler de conscience collective commune qui est donc toute autre chose que les consciences individuelles (…) Elle ne change pas à chaque génération, mais au contraire elle relie les unes aux autres les générations successives ». Pour Michel de Certeau, la « culture » est le patrimoine des œuvres à préserver, à répandre, et par rapport auquel on a à se situer. Et l’on doit y ajouter les créations et les créateurs qui ne cessent de renouveler, d’enrichir ce patrimoine. LES CHRONIQUES D’HUBERT JAPPELLE
La démocratie et la culture en question
Pour Claude Levi Strauss, la culture consiste dans l’instauration d’un ensemble de règles qui organisent les échanges et séparent durablement les sociétés humaines de l’état naturel. Pour l’anthropologue François Laplantine (1987), « ce qui distingue la société humaine de la société animale, ce n’est nullement la transmission des informations, la division du travail, la spécialisation des tâches, mais bien cette forme de communication proprement culturelle qui procède par échange des symboles, et par l’élaboration des rituels afférents à ces derniers. Car pour autant qu’on le sache, on n’a encore jamais vu aucun animal souffler les bougies de son gâteau d’anniversaire ». Comme le souligne Jean Fleury, « l’échange est bien autre chose qu’un phénomène économique, … il trouve sa valeur profonde dans le fait qu’il instaure du social. C’est bien autre chose que de l’utile qui circule… » Il s’agit, dit Marcel Mauss, « de quelque chose de bien moins prosaïque que nos ventes et nos achats, que nos louages de services ou que nos jeux de Bourse ». Enfin, Jean-Pierre Le Goff dans La Barbarie douce, affirme que « la culture n’est pas pour nous un supplément d’âme à la sphère économique et sociale. La culture, entendue comme un univers de significations s’incarnant dans des institutions et des œuvres, des paroles et des actes, est ce qui donne sens à la vie en société ».
LOI N° 2023-703 Du 1er Août 2023 Relative À La Programmation Militaire Pour Les Années 2024 À 2030 Et Portant Diverses Dispositions Intéressant La Défense