Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Résumé
A ce jour, le calcul de la durée de vie des roulements repose encore largement sur la
norme ISO 281, laquelle est issue du modèle de Lundberg - Palmgren élaboré sur la base
d’une exploitation statistique de résultats d’essais et dans lequel le matériau est pris en compte
par l’intermédiaire de ses constantes élastiques et de constantes relatives au matériau
Le modèle proposé et appliqué dans cet article, repose sur une approche originale fondée sur
la micromécanique et la métallurgie physique de l’endommagement amorcé sur des inclusions
qui prend en considération les caractéristiques élastoplastiques de l’acier ainsi que ses
caractéristiques inclusionnaires. L’application de ce modèle au calcul de la durée de vie de
roulements, en acier 100Cr6, sollicités en conditions E.H.D, donne des prédictions en bon
accord avec les résultats expérimentaux obtenus en utilisant des aciers de propretés
inclusionnaires différentes.
The rolling fatigue life calculation is still based on the ISO 281 standard derived from
the well known Lundberg-Palmgren model in which the steel is taken into account through its
elastic constants and material constants.The new model used in this paper is based on a
micromechanics and physical-metallurgy approach of the damaging initiated on microinclusions
that takes elastoplastic and cleanliness properties of steel into consideration.The application of
this model to calculate the rolling fatigue life of bearings under E.H.D operating conditions gives
estimations in good agreement with the experimental results obtained with steels of various
cleanliness.
Introduction
Les roulements sont des éléments faisant partie intégrante de notre vie quotidienne, très
liés à ce qui transmet du mouvement dans tous les domaines : les transports et les machines.
La demande des clients utilisateurs et en amont des constructeurs de véhicules, de
moteurs ou de machines est de pouvoir disposer de composants fiables, performants et bon
marché. L’ensemble de ces critères ne peut être atteint que si l’on dispose d’outils de conception
performants permettant d’ajuster le mieux possible, et au plus juste, le besoin à l’offre. Pour ne
pas se tromper il est nécessaire de se baser sur des modèles de calcul validés qui prennent en
compte tous les paramètres principaux du mécanisme à concevoir.
Dans le domaine étudié, dans notre cas les roulements, les modèles existent depuis
plusieurs dizaines d’années et représentent le résultat d’une somme considérable de travaux
d’adaptation et de mise en forme à la fois du développement mathématique des équations de la
mécanique et du dépouillement statistique d’un certain nombre de résultats expérimentaux.
Cependant la difficulté due à la modélisation du comportement des matériaux n’a pas
permis d’unifier l’ensemble des valeurs des exposants des différentes équations pour chaque
type de roulements et n’a pas permis non plus d’assurer la pérennité de ce calcul dans le temps
sans réajustements à l’aide de facteurs correctifs liés à l’évolution permanente des matériaux
utilisés.
Un besoin de prise en compte par le calcul de paramètres intrinsèques aux matériaux est
ressenti aujourd’hui. Un modèle doit pouvoir atteindre un degré suffisant de précision sans devoir
être systématiquement réajusté par rapport à des essais de recalage et modifié par l’utilisation
de coefficients correcteurs à partir d’une formule de base.
Pour cela il a été nécessaire d’approfondir les phénomènes induits dans l’acier par le
cyclage répété du chargement. Que se passe-t-il dans le matériau au cours d’un (des) cycle(s)?
Comment le quantifier pour permettre la prévision? De quelle manière cela peut-il permettre de
mieux prévoir la durée de vie en fonctionnement d’un roulement dans son environnement? Ce
sont les différentes questions auxquelles nous essayerons de répondre, après avoir brièvement
rappelé quels sont les outils actuellement utilisés et en illustrant notre démarche par un exemple
d’application.
Les valeurs trouvées, c = 31/3, h= 7/3, e = 10/9 pour les contacts ponctuels et e = 9/8
pour les contacts linéaires ont été utilisées pour l’évaluation des exposants n de la formulation
normalisée encore utilisés actuellement (n= 3 pour les roulements à billes, n = 10/3 pour les
roulements à rouleaux).
La relation de Ioannides-Harris (I-H) développée ultérieurement [4] pour prendre en
compte l’existence « d’une durée en fatigue pratiquement infinie » constatée dans certaines
applications, introduit une limite de fatigue du matériau τu dans l’équation de L-P appliquée à un
volume élémentaire de matière ∆Vi positionné à la profondeur Zi.
1 N τi − τu ∆Vi
e c
ln ∝
S z hi
où: ∆Vi = volume élémentaire dans lequel la contrainte de cisaillement τi est
appliquée
Zi = profondeur à laquelle est située ∆Vi
τu = limite de fatigue en cisaillement
Lna = a1.a2.a3.L10
2. Présentation du modèle
Ce nouveau modèle d’évaluation de la durée de vie, qui repose sur une approche
physique de l’amorçage et de la propagation des fissures, a déjà fait l’objet d’un certain nombre
de publications [9] [10] [11]. Développé grâce à une longue collaboration entre SNR Roulements
et le laboratoire GEMPPM de l’INSA de Lyon, il est maintenant opérationnel et peut être utilisé
pour calculer la durée de vie d’un roulement lorsque les conditions de chargement sont connues.
La détermination quantitative prend en considération les caractéristiques
élastoplastiques de l’acier et la distribution inclusionnaire sur un volume significatif, partie
développée plus récemment en collaboration avec Ascométal, de manière à limiter le recours à
des essais de fatigue.
Toute charge appliquée à une valeur inférieure à H4 implique donc une durée de vie infinie
pour le roulement considéré.
Ces valeurs pourront ainsi être calculées d’une part en fonction de la géométrie du contact,
de la température de fonctionnement, de la présence de contraintes statiques (dues au montage,
induites par des effets centrifuges ou contraintes résiduelles), et d’autre part en fonction de la
nature des microhétérogénéités, de leur forme, de leur orientation et des interactions entre
celles-ci. [17][18]
4,5
4
Pression de Hertz (GPa)
3,5
3
2,5
H4
2 H1
1,5
1
H3
0,5
0
0 20 40 60 80 100
2L 0 (µm )
Les valeurs suivantes figurant dans le tableau 1 ont pu être calculées pour les aciers
100Cr6 et 80MoCrV42 [18]
Tableau 1 : Limite de fatigue τH1 associée à la valeur de H1. (τf est la cission de friction
utilisée pour le calcul de H1 - Inclusion d’alumine, forme sphérique)
30
Incl25
usi
ons 20 Acier très
par propre
mm 15 Acier
^3
propre
10 Acier
standard
5
0
0 5 10 15 20
Diamètre inclusion en µm
99,5% 99,5%
90,0%
Défaillances cumulées
75,0%
50,0%
Loi stat.
25,0%
10,0% Pts expérim.
5,0%
2,5%
1,0%
99,5%
Défaillances cumulées
90,0%
75,0%
50,0%
25,0% Loi stat.
10,0% Pts expérim.
5,0% Modèle
2,5%
1,0%
Modèle
99,5% Loi Stat.
90,0% Pts expérim.
75,0%
Défaillances cumulées
50,0%
25,0%
10,0%
5,0%
2,5%
1,0%
0,2%
4,75
4,5
4,25
4
3,75
3,5
3,25
3
1 10 100 1000 10000
Durée de vie L10 (h)
Figure 5: Evolution des durées de vie L10 expérimentales et calculées pour des butées FB2 en
acier 100Cr6 de différentes propretés inclusionnaires
Pour les pressions plus élevées, l’écart constaté est vraisemblablement dû au fait qu’au
delà de 4,2 GPa, le matériau subit une déformation plastique macroscopique dans la zone de
chargement qui génère une consolidation, laquelle n’est pas prise en compte dans le calcul (bien
que la pression réelle, intégrant la déformation de la piste de roulement ait été considérée).
5
6309-L10 modèle
Pression de Hertz (GPa)
6309-L10 essai
4,5 6309-L10 essai
Calcul ISO 281
4
3,5
2,5
1 10 100 1000 10000 100000
Durée de vie L10 (h)
Figure 6 : Evolution de la durée de vie L10 calculée pour le roulement 6309 en acier
d’élaboration ancienne comparée au résultats expérimentaux
L’évolution de la durée de vie L10 de roulements 6309 a été calculée en considérant la
répartition inclusionnaire médiocre correspondant aux anciennes élaborations et comparée avec
des résultats obtenus sous charge radiale pure dans cette même période (figure 6. Les résultats
expérimentaux correspondent de manière satisfaisante à la prévision du calcul du modèle
présenté et sont notablement différents du résultat prévu par le calcul selon la norme ISO 281
4. Conclusion
Le nouveau modèle de calcul, basé sur une approche micromécanique et métallurgie
physique permet, moyennant la connaissance des paramètres appropriés pour chaque matériau
(caractéristiques élastoplastiques et répartition inclusionnaire principalement), d’obtenir une
bonne estimation de la durée de vie des roulements sollicités en roulement pur dans des
conditions de lubrification E.H.D, sans avoir recours à des coefficients matériau ajustés sur la
base de résultats d’essais de roulements.
Une approche du même type est applicable à l’endommagement superficiel, sauf dans les
cas où le mécanisme est différent (forte charge pouvant entraîner un endommagement de la
matrice elle-même, glissement important...). Lorsque les mécanismes d’endommagement restent
similaires et dans la mesure où l’incidence des défauts de surface (indents, rugosité, rayures,...)
peut être prise en compte à la fois pour estimer les modifications locales superficielles des
caractéristiques du matériau et pour calculer les modifications induites du champ de contraintes
appliqué en conjonction avec les autres composantes macroscopiques de ce champ (dûes au
frettage, contraintes résiduelles, contraintes de centrifugation, glissement), le modèle est
utilisable.
Cette étape à venir permettra d’aboutir à une importante simplification du calcul de la
durée de vie des roulements, remettant en cause l’utilisation de coefficients correcteurs (a2, a3)
propre à chaque roulementier ce qui limitera la réalisation d’essais de roulements toujours longs
et coûteux.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Lundberg G., and Palmgren A.,“Dynamic capacity of rolling bearings”, Acta Polytechnica,
Mechanical Engineering series 2, vol.1, n°3, 7 (1947)
[2] Weibull W.,“A statistical theory of the strength of materials”, Royal Swedish Academy
of Engineering Sciences Proc. n°151 (1939), p.4-45
[3] Norme Internationale ISO 281/1, “Roulements - Charges dynamiques de base et durée
nominale”(1990)
[4] Ioannides E., and Harris T.A.,“A new fatigue life model for rolling bearings”, ASME Journal of
Tribology, vol.107, (1985), p.367-378.
[5] Harris T., and Yu W.K.,“Lundberg-Palmgen fatigue theory: Considerations of failure stress
and stressed volume”, ASME Journal of Tribology, vol.121, (1999),p.85-89
[6] Harris T.,and McCool J.,“On the accuracy of rolling bearing fatigue life prediction”, ASME
Journal of Tribology, vol.107, (1996),p.297-310
[7] Beswick J., Gabelli A., Ioannides E., Tripp J.H., and Voskamp A.P.,“Rolling bearing life
models and steel internal cleanliness”, ASTM STP 1361 (1999)
[8] Murakami Y., Toriyama T., and Coudert E.M.,“Instructions for a new method of inclusions
rating and correlations with the fatigue limit”, Journal of Testing and Evaluation, vol.22,
(1994),p.318-326
[9] Champaud P., Esnouf C., et Fougères R.,“Proposition d’un critère d’amorçage des fissures
en fatigue de contact hertzien à partir des évolutions microstructurales du matériau fatigué”,
Recueil de conférences des Journées de Printemps de la S.F.M: “Fatigue et contacts
mécaniques”,C.P.S. Publications, Paris, (1989), p.159
[10] Vincent A., Lormand G., Lamagnère P., Gosset L., Girodin D., Dudragne G., and
Fougères R.,“From white etching areas around inclusions to crack nucleation in bearing steels
under rolling contact fatigue”, Bearing steels: Into the 21st century, ASTM STP 1327, J.J.C. Hoo
and W.B. Green, Eds., American Society for Testing and Materials, (1998), p.109-123
[11] Lamagnère P., Fougères R., Lormand G., Vincent A., Girodin D., Dudragne G., Vergne
F “A physically based model for endurance limit of bearing steels”, ASME Journal of Tribology,
vol.120, (1998),p.421-426
[12] Rocher S.,“Contribution à l’analyse et à la modélisation de la propagation des fissures
courtes dans l’acier 100Cr6 soumis à la fatigue de roulement”, Thèse . Génie des matériaux -
INSA de Lyon, (1994),
[13] Lormand G., Meynaud P., Vincent A., Baudry G., Girodin D., and Dudragne G., “From
cleanliness to rolling fatigue life of bearings - A new approach”, Bearing steels: Into the 21st
century, ASTM STP 1327, J.J.C. Hoo and W.B. Green, Eds., American Society for
Testing and Materials, (1998), p.55-69
[14] Piot D, Lormand G , Vincent A , Fougères R , Baudry G , Girodin D , Dudragne G.,
“Prévision de la distribution des durées de vie en fatigue de roulement à partir des
caractéristiques inclusionnaires de l’acier”, Recueil de conférences des 17èmes Journées de
Printemps de la S.F.M.M: “Fatigue de contact”, Senlis, (1998), p.3(1)-3(12)
[15] Auclair G., Ruby-Meyer F., Meilland R., Rocabois P.,“Cleanliness assesment: A critical
review and a real need to predict rolling contact fatigue behaviour”, Bearing steels: Into the 21st
century, ASTM STP 1327, J.J.C. Hoo and W.B. Green, Eds., American Society for Testing and
Materials, (1998), p.39-54
[16] Champiot Bayard F.,“Etude et modélisation de la propagation des fissures de fatigue de
roulement amorcées en sous-couche dans l’acier M50 (80MoCrV42)”,Thèse Génie des
matériaux - INSA de Lyon, (1997), 252p
[17] Lormand G., Champiot Bayard F., Vincent A., Fougères R., Girodin D., Dudragne G.,
“Simulation numérique de la propagation des fissures de fatigue de roulement amorcées en sous
couche dans l’acier 80MoCrV42”, Recueil de conférences des 17èmes Journées de Printemps
de la S.F.M.M: “Fatigue de contact”, Senlis, (1998), p.5(1)-5(12)
[18] Vincent A., Lamagnère P., Lormand G., Fougères R., Girodin D., and Dudragne G.,
“Approche physique de la limite d’endurance des aciers à roulement”, Recueil de conférences
des 17èmes Journées de Printemps de la S.F.M.M: “Fatigue de contact”, Senlis, (1998), p.4(1)-
4(12)