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L’eau de Javel – qui n’est autre qu’une solution d’hypochlorite de sodium – est un
produit chimique courant aux nombreux usages, tant en milieu domestique (hygiène
de la maison, de la cuisine, nettoyage du linge…) qu’en milieu professionnel
(hôpitaux, laboratoires, industries…).
Bien que très répandu, ce produit n’en nécessite pas moins quelques précautions d’emploi, d’autant que derrière
sa simplicité apparente se cachent des phénomènes chimiques complexes.
L’eau de Javel est en particulier responsable de nombreux accidents domestiques, chez les adultes lors des
transvasements ou chez les enfants par ingestion. Ces accidents étant souvent liés à une méconnaissance des
propriétés et des dangers de l’eau de Javel, ce document a pour but de mieux faire connaître ce produit très utile
mais loin d’être anodin.
Historique et définition
Après la découverte du dichlore Cl2 par le suédois Carl Wilhelm Scheele en 1774, le chimiste français Claude
Louis Berthollet étudie dans les années 1780 les propriétés blanchissantes des solutions chlorées.
En 1784 s’était créée une manufacture de produits chimiques dans l’ancien village de Javel (aujourd’hui quartier
du 15e arrondissement de Paris) ; c’est là qu’en 1787 fut réalisée la dissolution du chlore gazeux dans une
solution de potasse permettant d’obtenir une solution concentrée stable appelée « liqueur de Javel ».
En 1820, le pharmacien Antoine Germain Labarraque remplaça la potasse par de la soude pour obtenir des
solutions d’hypochlorite de sodium : l’eau de Javel actuelle était née.
Carl Wilhelm Scheele (à gauche) et Claude Louis Berthollet (images Wikimedia Commons).
Le terme « eau de Javel » désigne une solution aqueuse et alcaline d’hypochlorite de sodium (NaOCl) et de
chlorure de sodium (NaCl). Sa commercialisation en France est réglementée par le décret no 2001-881 du 25
septembre 2001 portant application de l’article L.214-1 du code de la consommation en ce qui concerne les
préparations, les concentrés et les eaux de Javel.
Il existe ainsi sur le marché des eaux de Javel à différentes concentrations mais aussi des substituts solides sous
formes de pastilles de dichloroisocyanurate de sodium (NaDCC) qui permettent de préparer des solutions de
Javel.
Les eaux et extraits de Javel : hypochlorite de sodium en solution (no CAS : 7681-52-9)
Production
Les extraits et eaux de Javel sont généralement obtenus en faisant réagir le dichlore Cl 2 avec une solution
aqueuse d’hydroxyde de sodium NaOH (soude caustique). L’équation de la réaction s’écrit :
L’eau de Javel contient donc, de par sa fabrication, de l’hypochlorite de sodium (NaOCl), qui donne le chlore actif
(en tant qu’oxydant, degré d’oxydation du chlore +1). Elle contient aussi du chlorure de sodium NaCl (sel de
cuisine, chlore inactif, degré d’oxydation –1). Un excès de soude (NaOH) est utilisé afin de maintenir un pH
basique dans les solutions d’hypochlorite de sodium et de limiter la vitesse de décomposition.
Usages
Les utilisations de l’eau de Javel sont nombreuses en raison de ses propriétés détachante, blanchissante,
désinfectante et désodorisante. Le grand public utilise ainsi l’eau de Javel pour détacher le linge, pour désinfecter
les sols, surfaces et équipements sanitaires ou encore les ustensiles de cuisine. Dans le milieu professionnel, ce
produit est utilisé entre autres dans le traitement des eaux (verdunisation), pour la désinfection de locaux,
d’instruments médicaux ou d’équipements de restauration collective et pour le blanchiment des textiles et de la
pâte à papier.
Le tableau ci-dessous indique comment effectuer la conversion d’une unité à l’autre en fonction de la densité de
la solution considérée.
Z d 3,165 × Z 0,3165 × Z ÷ d
Un produit multiforme
Il existe des formes commerciales variées d’« eau de Javel » sous différentes dénominations, à différentes
concentrations et dans différents conditionnements.
Concentration Degré
Dénomination Usage Conditionnement
en chlore actif chlorométrique
Flacons ou bouteilles
Hypochlorite de sodium Industriel 13 % 47-50 °chl
en plastique
Flacons ou bouteilles
Hypochlorite de sodium Industriel 24-25 % 100 °chl
en plastique
Concentrés, extraits
Grand Doses-recharges de
ou eaux de Javel 9,6 % 36 °chl
public 250 mL (berlingots)
concentrées
Grand Bouteilles prêtes à
Eaux de Javel 2,6 % 9 °chl
public l’emploi
Les extraits et eaux de Javel sont des liquides ayant un léger reflet jaune-vert, une odeur dite « de chlore » et
sont parfaitement solubles dans l’eau. Ils constituent des solutions basiques à caractère oxydant.
Malgré la simplicité apparente de la formule chimique et du mode de fabrication de ces produits, leurs propriétés
résultent de leur instabilité, phénomène physico-chimique complexe. Tous les travaux effectués rapportent la
présence d’acide hypochloreux libre (HOCl) dans l’eau de Javel sous forme de gaz dissous peu ionisé.
Action désinfectante
L’action désinfectante de l’eau de Javel est principalement due à l’action de l’acide hypochloreux HOCl et, dans
certaines situations, à celle du dichlore Cl2. Ces formes non ionisées du chlore dans l’eau pénètrent facilement à
travers les parois des membranes cellulaires des entités microscopiques (virus, bactéries, spores…).
Le chlore actif libre présent dans la solution agit de deux façons : par un caractère oxydant général et par l’action
immédiate et spécifique de chloration des fonctions aminées des protéines.
Suivant la concentration en HOCl et le temps de contact avec les micro-organismes, l’action pourra être
majoritairement inhibitrice (action sur les fonctions aminées des micro-organismes) ou destructrice (lyse des
cellules par pénétration jusqu’au cytoplasme) ou une combinaison des deux. Selon les normes européennes
relatives aux désinfectants, l’eau de Javel a été reconnue comme bactéricide, fongicide, sporicide et virucide.
Stabilité
L’eau de Javel se décompose lentement à température ambiante. La chaleur, la lumière et la présence d’ions
métalliques accélèrent cette dégradation, qui peut se faire selon deux voies :
Plus les concentrations sont élevées, plus les vitesses de décomposition sont importantes : les concentrés d’eau
de Javel sont donc moins stables et se conservent moins longtemps que les solutions diluées. Par ailleurs, la
dissolution du dioxyde de carbone (CO2) de l’air acidifie le milieu et favorise la formation d’acide hypochloreux qui
lui-même se décompose en dichlore suivant la réaction :
Le maintien d’un excès de soude (NaOH) permet donc de stabiliser les solutions de Javel en neutralisant
l’influence du CO2 atmosphérique.
Incompatibilités
NaOCl réagit avec l’ammoniac NH3 et avec d’autres composés azotés pour former des chloramines (NH 2Cl,
NHCl2, NCl3) : ces composés sont très irritants pour les yeux et les voies respiratoires. NaOCl forme du dichlore
Cl2 avec les acides (HCl, H2SO4…). Le dichlore est un gaz jaune verdâtre, toxique et irritant pour les yeux, la
peau et les voies respiratoires. En atmosphère confinée, l’inhalation d’une importante quantité de ce gaz peut être
fatale.
Depuis le 1er décembre 2010, un nouvel étiquetage des produits chimiques est obligatoire pour les substances
selon le règlement (CE) no 1272/2008 relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances et
des mélanges, dit règlement CLP. Le tableau ci-dessous présente les classes de danger et l’étiquetage
correspondant pour l’eau de Javel selon ce nouveau système en fonction de la concentration de la préparation.
Classe Mention
Concentration Catégorie Mention de danger Pictogramme
de danger d’avertissement
Danger
H400 Très toxique pour
c × M ≥ 25 %* pour le milieu
1 les organismes Attention
aquatique –
aquatiques.
toxicité aiguë
EUH031 Au contact
c≥5% Information Pas de
_ d’un acide, dégage un –
additionnelle pictogramme
gaz toxique.
* D’après les informations disponibles, un facteur M de 10 semble approprié pour les solutions de NaOCl mais
l’établissement de ce facteur fait actuellement l’objet de discussions auprès des autorités et cette valeur est
susceptible d’être modifiée.
Comme une période transitoire a été instaurée pour la mise en place du règlement CLP, la classification et
l’étiquetage les plus fréquemment rencontrés encore aujourd’hui pour l’eau de Javel sont ceux de l’ancien
système dit DSD/DPD (directives 67/548/CEE et 1999/45/CE) présentés dans le tableau ci-dessous.
c ≥ 10 % Corrosif
R34 Provoque des brûlures.
C ; R34
Description
Les pastilles de Javel trouvées dans le commerce sont en général composées de dichloroisocyanurate de
sodium, noté NaDCC, sous forme de sel dihydraté et à une teneur d’environ 70 à 80 %. Le NaDCC constitue une
source stable de chlore libre. C’est un solide blanc à « odeur chlorée », très soluble dans l’eau, dont la formule
chimique développée est la suivante :
Les utilisations du NaDCC sont similaires à celles des solutions d’eau de Javel mais un de ses principaux usages
reste le traitement des eaux (désinfection des eaux de piscine par exemple).
Propriétés chimiques
En se dissolvant dans l’eau, le NaDCC s’hydrolyse en cyanurate de sodium et en acide hypochloreux (HOCl) :
HOCl ClO– + H+
On obtient donc ainsi une solution de Javel, le degré d’hydrolyse et la teneur en ions hypochlorites dépendant du
pH.
À l’état solide, le NaDCC pur est un comburant puissant, c’est-à-dire qu’il est susceptible de provoquer un
incendie en présence de matières combustibles. Cependant, les formulations commerciales sont constituées de
NaDCC dihydraté ainsi que de différents excipients.
En présence d’humidité ou d’une faible quantité d’eau, ce solide se décompose en formant du dichlore toxique et
du trichlorure d’azote NCl3 qui peut exploser spontanément. Le NaDCC forme également du NCl 3par réaction
avec l’ammoniaque et ses sels, les ammoniums quaternaires, les amines et l’urée.
Comme pour l’eau de Javel en solution, le tableau ci-dessous présente la classification harmonisée et
l’étiquetage selon le nouveau système CLP pour des pastilles de Javel, c’est-à-dire un solide contenant environ
80 % de NaDCC dihydraté.
Mention
Classe de danger Catégorie Mention de danger Pictogramme
d’avertissement
Toxicité aiguë
4 H302 Nocif en cas d’ingestion.
(voie orale)
H319 Provoque une sévère
Irritation oculaire 2
irritation des yeux.
Toxicité spécifique pour
H335 Peut irriter les voies
certains organes cibles 3
respiratoires.
– exposition unique
Attention
Danger pour le milieu
H400 Très toxique pour les
aquatique – toxicité 1
organismes aquatiques.
aiguë
H410 Très toxique pour
Danger pour le milieu
les organismes aquatiques,
aquatique – toxicité 1
entraîne des effets néfastes
chronique
à long terme.
EUH031 Au contact d’un acide, Pas de
Information additionnelle –
dégage un gaz toxique. pictogramme
La classification et l’étiquetage selon l’ancien système DSD/DPD sont encore les plus couramment rencontrés sur
les emballages de pastilles de Javel. Ces données sont représentées dans le tableau ci-dessous.
Nocif
R22 Nocif en cas d’ingestion.
Xn ; R22
Irritant
R36/37 Irritant pour les yeux et les voies respiratoires.
Xi ; R36/37
Dangers pour R50/53 Très toxique pour les organismes aquatiques, peut
l’environnement entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement
N ; R50-53 aquatique.
Autres propriétés
R31 Au contact d’un acide, dégage un gaz toxique. Pas de symbole
R31
À noter : le symbole Xi – Irritant n’apparaît pas sur les étiquetages en raison de la priorité du symbole Xn – Nocif.
Mesures de précaution
Les accidents domestiques les plus fréquents avec les solutions ou les pastilles de Javel concernent l’ingestion
involontaire ou le mélange avec d’autres produits. Les enfants notamment peuvent être victimes d’accidents par
ingestion, c’est pourquoi il faut d’être particulièrement vigilant pour qu’ils n’aient pas accès aux produits javelisés.
Quelques consignes générales de sécurité sont présentées ci-dessous.
Les solutions et extraits d’eau de Javel doivent être conservés au frais, à l’abri de la lumière et de toute source de
chaleur et à l’écart des acides et de l’ammoniaque. Les concentrés d’eau de Javel se conservent 2 à 3 mois
contre 1 à 3 ans pour les solutions diluées.
Les pastilles de NaDCC doivent être conservées dans des récipients hermétiques, à l’abri de l’humidité et de la
chaleur et à l’écart de matières combustibles. Compte tenu de leur apparence, ne laissez surtout pas les pastilles
de NaDCC à portée des enfants qui pourraient les confondre avec des friandises.
Préparer une solution diluée à partir d’une dose-recharge (berlingot) d’eau de Javel concentrée :
n’achetez pas de berlingots en grande quantité ;
réalisez cette opération rapidement après l’achat, dans une pièce aérée et en faisant attention aux mains et aux
yeux (risque de douleurs et de rougeurs par projection cutanée, risque d’irritation de la gorge par inhalation) ;
transvasez le berlingot dans un flacon d’eau de Javel vide et convenablement étiqueté (pour éviter toute
confusion, ne transvasez jamais dans une bouteille à usage alimentaire) ;
effectuez la dilution avec de l’eau froide ;
après dilution, jetez immédiatement la dose-recharge vide à la poubelle ;
conservez toujours les berlingots et les flacons d’eau de Javel hors de portée des enfants (en hauteur ou dans
un placard fermé à clé).
pour un bon résultat, nettoyez au préalable la surface avec un détergent et rincez : l’eau de javel désinfecte
mais ne lave pas ;
ne mélangez jamais l’eau de Javel à un autre produit ménager : une réaction chimique peut diminuer son
efficacité ou être dangereuse ;
attention aux mélanges involontaires : le mélange eau de Javel-acide (produits détartrants, vinaigre…)
provoque un dégagement gazeux de dichlore (Cl 2) toxique. Ne versez donc pas de l’eau de javel dans les WC
alors que vous venez de mettre du détartrant ;
n’ajoutez jamais une pastille de Javel (NaDCC) à une solution de Javel (NaOCl) : une réaction exothermique
peut avoir lieu et vous n’obtiendrez pas une eau de Javel plus efficace ;
ne nettoyez pas une litière d’animal domestique avec l’eau de Javel : l’urée contenue dans l’urine est un produit
azoté qui peut réagir avec NaOCl pour former des chloramines (cf incompatibilités) ;
refermez bien le flacon et rangez-le en position verticale après usage.
n’utilisez pas l’eau de Javel pour effectuer une décontamination chimique après déversement ou dispersion
accidentels de produits chimiques sans avoir vérifié au préalable la pertinence de ce mode de décontamination.
Inhalation de chlore :
Références
Pour davantage d’informations et de détails pratiques concernant l’eau de Javel, le lecteur pourra consulter le
site de la Chambre Syndicale Nationale de l’Eau de Javel (CSNEJ) et notamment les fiches conseils qui y
sont présentées.
« Eaux et extraits de Javel – Hypochlorite de sodium en solution », fiche toxicologique INRS no 157, 2006.
« Dichloroisocyanurate de potassium – Dichloroisocyanurate de sodium », fiche toxicologique INRS no 220,
2011.
Voir aussi...
Lors de l’émission La Quotidienne sur France 5, l’ingénieur chimiste de l’unité de Prévention du risque chimique
est revenue sur les bonnes pratiques à observer lors de l’utilisation de l’eau de javel.
Propriétés chimiques des agents de chloration, précautions à prendre lors de leur manipulation et de leur
stockage. Dans la rubrique Documents
Les produits chimiques désinfectants et assainissants à base de chlore, brome ou oxygène actif sont souvent
incompatibles entre eux... En pages Grand public
Publicité pour de l’eau de Javel, Québec,
Canada, 1980 (photo Dany Duchesne).
L’eau de Javel est un produit chimique qui est dilué et vendu pour usage
domestique. C’est un mélange d’eau et d’hypochlorite de sodium. Pour
l’utilisation domestique et dans de nombreux milieux de travail, elle est
habituellement vendue avec des concentrations d’hypochlorite de sodium variant
de 3 % à 9 %.
L’eau de Javel est corrosive, ce qui veut dire qu’elle peut irriter ou brûler la
peau ou les yeux. Elle peut aussi corroder (détruire) les métaux. Mélangée à
d’autres produits chimiques ou nettoyants, elle peut produire des gaz toxiques
qui peuvent endommager les poumons ou être mortels. Il faut toujours faire
preuve de prudence lorsque l’on utilise ce produit.
Plus exactement, les infirmières qui manipulaient de l’eau de Javel au moins une
fois par semaine voyaient leur risque de souffrir de BPCO s’accroître de 22 %.
La fréquence de cette pathologie pulmonaire était également plus importante
chez les infirmières utilisant régulièrement d’autres produits de désinfection
comme l’alcool, le peroxyde d’hydrogène, les quats ou encore le glutaraldéhyde,
précise Top Santé : « Ils ont constaté que ces produits augmentaient de 24 à
32 % le risque de BPCO ».
Pour les chercheurs, ces résultats nécessitent bien évidemment une prise de
conscience, en particulier dans le milieu hospitalier qui ne peut pas se passer de
ces pratiques de désinfection. « Nos résultats fournissent des preuves
supplémentaires quant aux effets de l’exposition aux désinfectants sur les
problèmes respiratoires, alerte Orianne Dumas, l’une des responsables de
l’étude. Ils mettent en évidence l’urgence d’intégrer les risques de santé au travail
dans les recommandations liées au nettoyage et à la désinfection dans le milieu
hospitalier ».
N’oublions pas non plus que plus d’un quart des intoxications à domicile sont
dues à des produits d’entretien, l’eau de Javel représentant à elle seule 40 %
de ces accidents. Sans compter les pastilles de Javel, si tentantes pour les
enfants…
Une étude scientifique alerte sur ce problème de
santé publique
Une étude scientifique publiée dans la revue Occupationnal and Environmental
Medicine a prouvée que l’utilisation domestique de l’eau de Javel favorise le
développement d’infections respiratoires et ORL chez les enfants de 6 à 12 ans.
« La fréquence élevée d’utilisation de produits de nettoyage et de désinfection
causés par la croyance erronée – renforcée par la publicité – que nos maisons ne
devraient contenir aucun microbe, produit les effets rapportés dans notre étude.
C’est un problème de santé publique »,
Enfin, L’eau de Javel contient du chlore, qui, libéré tout au long de la
production, de l’utilisation puis de son rejet avec les eaux domestiques, peut
être très préjudiciable à l’environnement. Une fois dans l’air, le chlore peut
s’associer avec d’autres molécules organiques et se convertir par exemple en
organochlorés, particulièrement toxiques et persistants dans notre
environnement.
Enfin, astiquer et briquer sans cesse avec de l’eau de Javel, peut perturber
l’équilibre bactériendes habitations. En l’utilisant de manière excessive, le
développement et la résistance de certains germes pathogènes peut s’intensifier
dans nos environnements. En particulier, l’eau de Javel est à bannir lorsque l’on
possède une fosse septique.
En effet, cette dernière a besoin de recevoir régulièrement des bactéries pour
bien fonctionner. Au contraire, il est préconisé d’utiliser des activateurs de
bactéries, afin que la fosse ne se bouche pas et puisse perdurer, tout en assurant
la destruction des matières qu’elle reçoit. Alors, existe-t-il des alternatives
moins nocives pour l’environnement et la santé ?
Eau de Javel - Hypochlorite de sodium
dimanche 7 décembre 2008, par Isabelle Derambure
Les solutions d’hypochlorite de sodium, communément appelées « eau de Javel », sont
habituellement obtenues de la réaction du chlore gazeux et de l’hydroxyde de sodium.
Le pH du produit final est maintenu à plus de 11 par un excès d’hydroxyde de sodium non
réagi (entre 0,5 et 1,5 % en poids). La solution contient aussi entre 0,5 et 1,5 % de
chlorure de sodium comme sous-produit de réaction. Le maintien du pH alcalin est essentiel à
la stabilisation de la solution, car à pH acide le chlore retourne à son état gazeux et se
dégage de la solution.
Les solution aqueuses d’hypochlorite de sodium sont utilisées en particulier pour la désinfection
des eaux. C’est un oxydant puissant.
Les solutions à 12 % sont habituellement réservées pour les applications industrielles alors que
les solutions à 4 et 6 % sont davantage utilisées en milieu domestique.
corosif
Formule : NaClO
Eau de Javel
Introduction.
A la manufacture des produits chimiques qui était installée sur le site de l'actuel
quartier de Javel,
(faubourg puis quartier de Paris), Berthollet fabriqua en 1790, l' hydrochlorite de
potassium qui reçut dès sa naissance le nom d'eau de Javel.
C'est au début du 19ème siècle que le pharmacien Labarraque mit au point une «
liqueur » qui n'était en fait que de l'hypochlorite de sodium.
Fabrication.
Réaction du gaz chlore sur la soude caustique en solution :
Nota.
Réaction parasite à ralentir le plus possible : 3 NaClO >>> NaClO3 + 2 NaCl,
c'est-à-dire la formation de chlorates NaClO3 et de chlorures, ceci est rendu
possible en maintenant la température du milieu aussi basse que possible (ne doit
pas dépasser 40°C).
Remarques :
L'hypochlorite de sodium pur, sous forme de cristaux solides (hydratés, en valeurs
variables) présente peu d'intérêt vu la faible stabilité de cette substance.
Production.
SITUATION FRANÇAISE : production, environ 245 millions de litres/an en grand
public (ce qui représente deux fois le volume des nettoyants ménagers).
Chaque jour ouvré, utilisation d'environ 1 million de berlingots d'eau de Javel
concentrée.
La France est au 2ème rang de la consommation européenne en volume, derrière
l'Espagne et juste devant l'Italie (environ 220 millions de litres/an).
Par ailleurs, la France est au 5ème rang de la consommation mondiale en volume
derrière :
Attention : dans certains pays, le °Cl est défini comme le nombre de litres de
chlore actif gazeux Cl2 (à 0°C et 760 mm Hg), contenu dans 1 litre de solution; donc
dans ce cas le °Cl = 3,214 g Cl2 actif/l.
Le % de chlore actif :
Cette définition du titre d'une eau de Javel (d'origine anglo-saxonne) a été retenue au
niveau européen en 1994. Il rend compte de la quantité totale de dichlore Cl 2 utilisé
lors de la fabrication de l'eau de Javel.
Toutefois, le % de chlore actif, pour une même qualité d'eau de Javel, dépend de la
masse volumique de l'eau de Javel, qui elle même varie avec le mode de
préparation de l'eau de Javel.
En effet, l'eau de Javel préparée par dilution d'eau de Javel à 100°Cl est moins
dense (une partie des ions Na+ et Cl- a été retirée) qu'une eau de Javel préparée directement.
L'expression chlore actif est donc - malgré son utilisation généralisée en Europe
- impropre...
Les chimistes emploieraient plutôt l'expression "chlore disponible".
Notons par ailleurs, qu'un excès d'ions HO- (de 5 à 12 g/l exprimé en NaOH) est maintenu
dans la solution d'NaClO afin de neutraliser l’influence du CO2 de l'air. En
conséquence, le pH d'une Eau de Javel concentrée peut être fortement basique (pH
= 11,5).
ClO-
NaClO (g/l) °Cl Cl2 actif (g/l) NaClO (mmol/l)
(g/l)
1= 0,301 0,955 13,43 0,692
Nota :
Table de correspondance (pdf, 53 ko) à télécharger (CSNEJ - 05/2010).
Tableau de correspondance (et de calcul) à télécharger (15 ko) > Javel-Tab.zip, tableurs Open
File Calc/Excel 97 (permet
d'obtenir le % Cl2 actif en fonction du °Cl, et inversement, et cela en fonction des
matières premières utilisées).
Produit commerciaux.
Jusqu'en 1976, l'Eau de Javel était stabilisée et colorée en orangé à l’aide de
bichromate de sodium (environ 20 g pour 100 litres). Actuellement, l’Eau de Javel
commerciale est un liquide limpide, de couleur jaune vert, ayant une odeur
caractéristique dite « chlorée » et une densité moyenne comprise entre 1,0 et 1,2.
Les solutions sont commercialisées sous deux formes principales :
L'extrait concentré à 35°Cl n'est jamais utilisé pur mais dilué au quart (250 ml de Javel
concentrée + 750 ml d'eau distilée). On obtient donc une eau de Javel titrant 8,75 °Cl
environ .
(* g.dm-3 [g/L])
( Rappel : 1°Cl = 3,32 gNaClO.dm-3 [3.32 g/L] ).
A noter également :
Propriétés physiques.
(de la solution équimoléculaire de NaClO + NaCl, à 50°Cl)
Qualités :
(de la solution équimoléculaire de NaClO + NaCl, à 50°Cl)
Propriétés oxydantes : elle se trouve d'autant plus oxydante que son pH est faible,
mais même à pH 14 son pouvoir oxydant reste élevé (E° = 0,88 V).
Elle peut oxyder de nombreux composés toxiques en composés "inoffensifs", tels
que par exemple :
Propriétés désinfectantes :
Elles sont dues au pouvoir bactéricide de l'acide hypochloreux qui diffuse à travers
la paroi des cellules des bactéries en détruisant des protéines membranaires.
Par ailleurs, HClO agit sur le métabolisme de synthèse des bactéries. HClO, non
chargé, est près de 100 fois plus bactéricide que l'ion hypochlorite.
Dans le cas des virus, HClO agirait par attaque des liaisons amidées des protéines.
Ces résultats ont été présentés dans un dossier de presse réalisé en juin 2009
> Dossier de Presse ( pdf, 980 Ko).
Cl2 + H2O <<< >>> HClO + HCl, et HClO <<< >>> ClO- + H+
Stabilité :
Cette réaction est lente, c'est elle qui impose une limite de durée d'utilisation
à l'eau de Javel : un an pour l'eau de Javel diluée, trois mois pour les extraits.
Utilisations.
Usage domestique : (50 %), pour son action en désinfection (HClO est bactéricide,
fongicide, virucide et sporicide), et de son pouvoir blanchissant, et en particulier
des eaux de piscines :
Traitement de potabilisation :
Selon le pH de l'eau, l'eau de Javel donnera un mélange de HClO et de ClO-.
Ce traitement, si présence de matières organiques, peut, par formation de composés
organochlorés tels que le chloroforme, donner à l'eau un goût désagréable.
Pour le limiter, en France, la chloration est de 0,2 à 0,3 mg/l.
La concentration maximale admissible fixée par l'O.M.S. est de 5 mg/l.
A New York par exemple, elle varie entre 0,7 et 2 mg/l, le goût d'eau de Javel y
étant considéré comme le gage d'une eau saine.
Industriellement :
L'eau de Javel est utilisée, en particulier, pour éviter le développement des algues et
des mollusques, dans les canalisations des usines de dessalement de l'eau de mer et
dans les circuits de refroidissement des centrales thermiques classiques ou
nucléaires utilisant l'eau de mer.
Par exemple, la centrale de Graveline utilise, lorsque la température de l'eau de mer
dépasse 10°C,
utilise 0,8 mg de Javel par litre d'eau de mer.
Évidemment, en raison notamment de son action son antiseptique, elle est très
utilisée pour tous nettoyages à usage désinfectant.