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EN AFRIQUE
Le cas du Cameroun
Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen
Déjà parus
LA QUESTION HOMOSEXUELLE
EN AFRIQUE
Le cas du Cameroun
L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
FRANCE
L'Hannattan Hongrie Espace L'Harmattan Kinshasa L'Harmattan Italia L'Harmattan Burkina Faso
Kônyvesbolt Fac..des Sc. Sociales, Pol et Adm. ; Via Degli Artisti, 15 1200 logements villa 96
BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260
Kossuth L. u. 14-16
Université de Kinshasa - ROC ITALIE Ouagadougou 12
1053 Budapest
http://\vww.librairieharmattan. com
diffusion.hannattan@wanadoo.ft
harmattan 1@wanadoo.fr
@ L'Harmattan, 2006
ISBN: 2-296-01563-8
EAN : 9782296015630
A Sophie Nikoyo B. et Odette Nseme Mana F.C.,je vous
dois tant! Merci pour tout.
Mes remerciements à Sybille Ngo Nyeck, Stéphane
Tchakam, Lin Nka, Florentin Tchicaya, Bernard Offerle,
Emile Boyogueno, Patrick Awondo, Jean-Bernard Essama
à Ngono, Salomon Essombe, Diane Essombe, et
Emmanuelle Pigla pour toutes les critiques faites au cours
de la relecture de ce travail.
PRÉFACE
Paulette Béat Songué1
10
croyaient que l'homosexualité était uniquement pratiquée
par les adeptes de sectes ou par les expatriés, ou encore
qu'elle était inexistante dans certaines communautés ou
catégories sociales. Il porte ainsi un éclairage sociologique
sur la réalité homosexuelle en Afrique qui, j'en suis
certaine, sera des plus utiles aux décideurs.
Il
AVANT-PROPOS
14
Les tableaux sur les caractéristiques de
l'échantillon de cette étude seront présentés dans les lignes
qui suivent.
1 - Distribution des en
Classe d'â e %
oins de 20 ans 7,4
0-24 ans 2,0
5-29 ans 5,9
30-34 ans Il,1
35-39 ans ,9
o ans et plus 7 8,6
otal 81 100
-
3 Distribution des en uêtés selon la ville de résidence
il~ ~cili %
aoundé 66 81,5
ouala 15 18,5
otal 81 100
15
des enauêtés selon l'appartenance
ffectif 0/0
9 35,8
18 2,2
Il 13,6
8 9,9
8 9,9
5 6,2
,5
81 100
16
semblent être délaissés des politiques, sauf en période
électorale; ce fait-là peut expliquer pourquoi les individus
qui affichent au grand jour leur orientation homosexuelle
viennent de ces lieux de résidence en majorité.
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Les sujets interrogés d'obédience protestante sont
les plus nombreux (44,4%). Ils sont suivis des catholiques
(35,8%). Certains sont sans religion. Pour les « autres », il
s'agit d'une orthodoxe et d'un bouddhiste. La question sur
l'appartenance religieuse ou non de ces personnes a
permis d'essayer d'évaluer son impact sur leur orientation
(homo )sexuelle. Les autres tableaux sont présentés à
l'annexe.
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INTRODUCTION
20
différents de ceux communément admis. Mieux, lorsqu'on
sait aussi que la procréation demeure dans bien des
endroits la seule motivation de l'acte sexuel. Cet apport
permet de mettre en exergue certaines mutations
profondes observées dans le champ social africain.
Sur le plan de la sociologie cette étude trouve
également son utilité dans la précision et la classification
des concepts nouveaux dans le contexte africain. Il s'agit
précisément du concept d'homosexualité, de bisexualité,
d'homophilie et d'homophobie. En plus, cette étude met
en lumière la montée visible en Afrique, et de manière
précise au Cameroun, d'une autre forme de sexualité que
l'opinion commune ne reconnaît toujours pas. Cette
visibilité est générée par des facteurs sociologiques qui ont
été identifiés et analysés au crible du raisonnement
sociologique. Toutefois, les manifestations de cette
visibilité qui sont présentées ne permettent pas de postuler
la réduction de la réalité homosexuelle africaine à ces
dernières. Il y a corrélation certes mais elle n'induit pas
nécessairement une causalité (Dorais, 1994: 134) dans la
genèse de l'homosexualité en Afrique. La recherche des
causes de 1'homosexualité est d'ailleurs présentée par
certains auteurs contemporains comme une science-fiction
(Idem). Nous nous garderons bien de le faire. Tout au plus
nous attacherons-nous à saisir la réalité homosexuelle et à
essayer de la comprendre avec les armes fournies par la
sociologie, dans une approche constructiviste. Son apport
réside dans la dénonciation des lieux communs et la
confrontation des clichés entourant la réalité homosexuelle
(Idem: 139).
En d'autres termes, ce travail consiste à identifier
et à analyser les manifestations de l'homosexualité au
Cameroun, ainsi que certains facteurs sociologiques
susceptibles d'expliquer la "visibilisation" croissante de ce
fait sociosexuel, en dépit des interdits sociaux. Cela
permet déjà de postuler comme hypothèses spécifiques
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d'analyse une sorte de relâchement du contrôle social qui,
bien que sanctionnant cette activité sexuelle à travers la
législation en vigueur, n'aboutit pas à des condamnations
dans les faits, et si oui, dans une faible proportion. Ce
laxisme dénote, quant à lui, une sorte d'encouragement
tacite de la part des pouvoirs en place, et le fait de se
tourner de manière visible vers l'orientation homosexuelle
serait ainsi devenu pour certains un exutoire face à la crise
que connaît le pays. Cette crise ayant un rapport étroit
avec l'affaiblissement des normes sociales et du pouvoir
économique a favorisé, à son tour, une inadéquation entre
les demandes des acteurs sociaux et ce que peut leur
proposer la société. Il s'ensuit que les individus tournent,
pour certains d'entre eux, leurs centres d'intérêt vers des
manières de faire, de sentir et d'agir venues des sociétés
autres que la leur (?). Cela avec l'aide des nouvelles
technologies de l'information et de la communication.
Autrement dit, la "visibilisation" de l'homosexualité au
Cameroun a trouvé sa genèse sociologique dans les
quelques facteurs sus-cités.
Le cadre théorique de cette étude est basé sur une
approche dynamiste. L'analyse dynamiste a permis de lire
à travers l'histoire de l'Afrique pour voir si l'on pouvait
comprendre l'évolution des pratiques homosexuelles. Il
s'est agi de restituer la réalité homosexuelle dans l'histoire
de l'Afrique, et de déceler s'il existait toujours un lien
entre ce qui se passait avant (pendant la période
précoloniale) et ce qui se passe aujourd'hui en matière
d'homosexualité. Le côté critique qui découle de
l'approche dynamiste a permis, quant à lui, de ne pas
limiter les observations, les analyses et les explications qui
ont été faites, au niveau institutionnel du donné immédiat.
Il est superficiel. A travers l'approche critique il a été
démontré « à quel degré les configurations sont
mouvantes,. constamment en voie de se faire et de
déterminer leur sens », car :
22
« Les sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent
être ou prétendent être. Elles s'expriment à deux niveaux
au moins,. l'un superficiel présente les structures
« officielles» si l'on peut dire,. l'autre profond assure
l'accès aux rapports réels les plus fondamentaux et aux
pratiques révélatrices de la dynamique du système social.
Dès l'instant où les sciences sociales appréhendent ces
deux niveaux d'organisation et d'expression, et où elles
déterminent leurs rapports, elles deviennent (...) cri-
tiques » (Balandier,1986 : 7-9).
Méthodologie.
Les techniques de collecte des données utilisées ici
correspondent à une volonté de requête systématique des
faits, à savoir le recueil des informations sur les
manifestations de 1'homosexualité, ainsi que sur quelques
facteurs sociologiques expliquant la propension visible à
l'homosexualité au Cameroun. Les techniques auxquelles
nous avons eu recours sont classiques dans les sciences
sociales (Laburthe-ToIra et Wamier, 1992 : 373). Il s'agit
de celles qui passent par le médium de l'échange verbal. Il
y a aussi celles qui font appel à une instrumentation
destinée à saisir des données matérielles. Il y a encore
celles qui visent à une documentation quantitative ou
historique. Enfin il y a celles qui tentent de révéler le non-
dit ou ce qui ne se montre pas. L'étude est, malgré les
apparences, qualitative. Les éléments quantitatifs ont été
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d'un apport utile pour appuyer les argumentations qui ont
été développées.
Quatre techniques de collecte de données ont été
convoquées: l'observation directe; l'observation docu-
mentaire ; l'enquête par questionnaire et les entretiens.
. L'observation directe:
-Il s'agit d'un mode d'enregistrement par notes
descriptives et/ou analytiques d'actions ou d'observations
perçues sur le terrain dans un contexte naturel (Nga
Ndongo, 1999, I : 300). Comme le montrent Durand et al.,
l'observation «demeure souvent un préalable obligé pour
construire une bonne enquête par entretiens ou par
questionnaire» (1994 : 307). Il fut mis à profit le produit
des observations qui ont été effectuées sur les sites où sont
mis en œuvre les faits banals susceptibles de contribuer à
la construction de faits sociosexuels dotés d'un sens.
Ceux-ci ont permis d'identifier les facteurs sous-jacents
favorisant la propension perceptible à l'homosexualité
chez certains acteurs sociaux au Cameroun.
Cette observation s'est avérée nécessaire. Elle a
permis de mieux cerner la mentalité des groupes observés,
leurs motivations profondes et leurs sentiments intimes.
En somme, cette observation a été « un moyen de pénétrer
la personnalité même d'un peuple» (Lombard, 1994 : 85),
d'une catégorie ayant des pratiques dites homosexuelles.
Les attitudes, les manières de faire de cette catégorie en
groupe ou face à des catégories ayant une orientation
sexuelle autre que la leur ont été observées.
-L'observation documentaire:
-Elle s'est montrée utile, en raison du fait qu'elle a
permis de tirer des documents de diverses natures les
informations relevant des messages émis par les acteurs
sociaux qui sont confrontés de près ou de loin à
l'homosexualité au Cameroun ou ailleurs. L'attention a
aussi été portée sur les messages diffusés par des voix
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fonnelles, à travers des magazines, des films, des
émissions télévisées qui parlent d'une manière ou d'une
autre des thèmes relevant de cette étude.
.Le questionnaire:
-Il est présenté comme «un outil de collecte de
données par lequel des questions écrites sont présentées
aux répondants qui y répondent également par écrit»
(Varkevisser et al.,1993 :146). Cet outil de quantification
a permis de mesurer les tendances de la pratique de
l'homosexualité (sans nous livrer à la quantophrénie). Il a
aussi permis de déterminer l'influence que les facteurs
recensés ont pu exercer sur l'échantillon, pour expliquer sa
propension visible dans l'espace public à l'homosexualité
en dépit des interdits sociaux.
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