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Synopsis Bibliographie du cours
1/. BILAN DE L'AN DERNIER :
a). Il existe une pensée préchrétienne alternative au modèle dominant : l'idéalisme
platonicien.
b). sophistes, cyniques, cyrénaïques, abdéritains
c). cristallisés dans l'épicurisme
2/. PERSPECTIVES DE CETTE ANNÉE :
a). Montrer l'existence d'une pensée qui résiste au deuxième temps de l'idéalisme :
l'idéalisme chrétien.
b). Le christianisme alternatif des Gnostiques
c). Des Frères et Soeurs du Libre Esprit
d). L'épicurisme chrétien : Lorenzo Valla, Erasme, Montaigne.
3/. NAISSANCE DU CHRISTIANISME :
1/. DE L'EXISTENCE DE JÉSUS :
Jésus existe comme un personnage conceptuel, pas un personnage historique.
preuves historiques
a ). Pas de :
• aucun document contemporain
• aucune preuve archéologique
• pas de suaire (XIII° siècle...)
• pas de tombeau (inventé par Ste Hélène en 325 qui découvre aussi le
titulus !)
b). Pas de références dans
les textes
:
• Sinon des ajouts sur des copies tardives :
• Dans Flavius Josèphe, Antiquités.
• Dans Suètone, Vie des douze Césars
• Dans Tacite, Annales
existence conceptuelle
c). Une avérée :
• Le Feu d'Héraclite
• Les Idées de Platon
• L'Amitié d'Empédocle...
2/. LA CRÉATION DE JÉSUS :
Préalable historique :
A/. Catastrophes humaines :
• sacs à répétition
• vandalisme
• autodafés
B/. Catastrophes naturelles :
• tremblements de terre
• fragilité des supports
C/. Révolution des supports :
• du papyrus au parchemin
D/. Mentalité de l'époque :
• copistes zélés qui choisissent, écartent
• prennent des libertés, ajoutent...
• conception du vrai : droit d'auteurs, respect de
l'intégrité...
E/. Le climat millénariste :
• Des milliers de prophètes, fous, illuminés annoncent
l'apocalypse au I° siècle de notre ère.
• Dont les philosophes gnostiques
• Époque de crainte, d'angoisse, de tremblement.
• Quantité considérable de prophètes venus de la région
dite de Jésus prétendent ouvrir les fleuves pour laisser
passer leur peuple
• Veulent se défaire des Romains et installer un royaume
terrestrecéleste.
• La plupart du temps, on les extermine
• Mettre à mal le pouvoir militaire de Rome avec des mots,
des incantations
• Ces actions s'appuient sur des prophéties de l'Ancien
Testament.
F/. Jésus nomme et cristallise cette hystérie :
• Il nomme le refus juif de la domination romaine
• Étymologiquement : Jésus = Dieu sauve, a sauvé,
sauvera.
• L'Histoire est écrite, il la réalise.
G/. Jésus catalyse le merveilleux :
• Aborder les textes sacrés comme les textes païens
• Tous les topoï antiques pour dire le merveilleux se
retrouvent dans les textes testamentaires.
• Jésus obéit aux mêmes lois de lecture que l'Ulysse
d'Homère, l'Apollonios de Tyane de Philostrate, l'Encolpe
de Pétrone : un héros de péplum.
H/. Qui est l'auteur de Jésus ?
• Marc, premier auteur, vers 70.
• N'a pas connu Jésus le dirait...
• Probable accompagnateur de Paul
• Cherche avant tout à convertir les populations avec une
histoire digne de retenir l'attention
• Texte de propagande.
I/. Lecture comparée :
• Diogène Laërce et les Évangiles :
• Diogène veut lui aussi présenter les philosophes sous le
registre du désirable pour générer des conversions à la
sagesse.
• Impossible que ces gens naissent, vivent, meurent comme
le commun des mortels.
a). Conception dans la virginité ? Marie / la
mère de Platon, vieille mais vierge...
b). Annonce faite à Marie ? Apollon pour
Platon
b¹). Marie apprend son destin par un songe ?
Socrate rêve d'un signe, rencontre Platon le
lendemain.
c). Fils de Dieu ? Pythagore, Apollon venu
d'Hyperborée
d). Faiseur de miracles ? Empédocle
ressuscite un mort.
e). Annonce des prédictions : Anaxagore des
chutes de météores.
f). Parle en inspiré de Dieu ? Socrate et son
daimon.
g). Convertit par la parole habile : tous les
philosophes
h). Pierre disciple préféré ? Métrodore celui
d'Epicure
i). Parle métaphoriquement, mange du symbole,
se comporte en énigme ? Pythagore idem...
j). N'écrit pas ? Bouddha, Socrate non plus
k). Meurt pour ses idées ? Socrate aussi.
l). Gethsémani, nuit déterminante ? Potidée
pour Socrate.
m). Corps exceptionnel de Jésus (ne mange ni
ne boit, ne dort ni n'excrète) ? Socrate
insensible au sommeil, à l'alcool, à la
fatigue (cf. Apologie de Socrate). Idem
Pythagore.
n). Croit à une vie après la mort ? Une âme
immatérielle, immortelle ? Platon aussi (cf.
Phédon)
o). Ressuscité le 3° jour ? Pythagore 207 ans
après...
J/. Construire hors l'histoire :
• Le merveilleux ignore l'histoire
• On ne lutte pas rationnellement contre des pluies de
crapauds, des résurrection, guérisons, etc...
• Pour aborder rationnellement : penser le symbole.
• Allégories, figures de style, métaphores.
• Ce qu'il faut prouver : Jésus est un personnage
extraordinaire par la relation qu'il entretient avec un
monde plus grand que lui.
• Le genre des Évangiles est performatif (cf. Austin)
• L'énonciation crée la vérité.
• Le Nouveau Testament se moque de la vérité, du
vraisemblable
• Il vise la conversion par des moyens de séduction
littéraire
• Les évangélistes ne trompent pas sciemment : ils y
croient. ils disent vrai ce qu'ils croient, puis
croient vrai ce qu'ils disent.
• Aucun n'a rencontré physiquement Jésus
• Ils le fictionnent de bonne foi...
• Plus ils racontent cette fable, plus elle devient vraie
• Créer une vérité en ressassant des mensonges
• (A quoi vont s'ajouter Constantin et l'Empire...)
3/. LA FORGERIE CHRÉTIENNE :
a) Tissu de contradictions :
• Des milliers de plumes sur plusieurs siècles
• Copies, ajouts, travestissements
• Corpus considérable de textes contradictoires
• Construction d'un corpus par l'Eglise, les Conciles au IV°
• synoptiques et apocryphes, écrits inter testamentaires
b) Écarter quoi ?
• Jésus végétarien
• ressuscite un coq cuit dans un banquet
• étrangle des oiseaux
• crée des figures de terre
• dirige les ruisseaux avec la voix
• guérit les morsures de serpent
• rit aux éclats...
c). Un capharnaüm de contradictions :
Sur les seuls 4 synoptiques :
1/. Le Titulus :
a) L'endroit :
• Jean : sur le bois de la croix, au dessus de la tête
• Luc : autour du cou
• Marc : imprécis
b) Le texte :
• Quatre versions, autant que d'évangélistes
2/. Le portement :
• Jean : seul
• Les 3 autres : Simon de Cyrène
3/. Postmortem :
• Apparaît à 1 seule personne, à quelques uns
• Dans des lieux différents
• Etc...
d). Un capharnaüm d'invraisemblances :
1/. Nazareth ?
• Un village qui n'existe qu'au II° ap.
• Nulle mention dans Flavius, Bible Hébraïque, littérature
Talmudique.
2/. Le cas PoncePilate :
• a). L'échange du tac au tac dit Jean : Pilate parle
latin, Jésus Araméen...
• b). Pilate procurateur ? Le titre apparaît après 50... Il
est préfet de Judée
• c). Pilate doux, affable, bienveillant avec Jésus ? Il
est cruel, cynique, féroce, goût pour la répression.
• Mais il faut plaire aux romains...
3/. La crucifixion :
• Réservée à ceux qui mettent l'Empire en péril
• Pas le cas de Jésus : on lui reproche de se dire Roi des
Juifs
• Dans pareil cas, pas de crucifixion, mais une lapidation.
• Admettons la croix : pas plus de deux mètres de haut,
corps abandonné aux chiens, fosse commune, pas de
tombeau...
4/. Le tombeau :
• Joseph d'Arimathie obtient de Pilate le corps de Jésus
• Pas de toilette mortuaire ? Impossible pour un juif...
• 30 Kg. d'aromates (myrrhe, aloès) et bandelettes pour
Jean. Rien pour les autres...
• Or d'Arimathie = après la mort
• Sur le principe performatif, il nomme celui qui arrive
après la mort
5/. Et encore :
• Pourquoi les disciples sont absents le jour de la
crucifixion ?
• Pourquoi reprennentils leur travail, aucun ne devenant
missionnaire ?
CONCLUSIONS :
• Falsification des textes
• Élection et éviction de documents
• Inventions, affabulations, approximations, contradictions, invraisemblances
• Construction postérieure, lyrique et militante de Jésus
• Cristallise les aspirations millénaristes, apocalyptiques de l'époque
• Recycle le merveilleux
• Fonctionne sur le registre performatif
• Les évangélistes racontent moins le passé d'un homme que le futur d'une religion
• Créent le mythe et sont créés par lui
• Les croyants inventent leur créature, puis lui rendent un culte
• Principe de l'aliénation
• On comprend que l'Eglise ait interdit toute lecture historique des textes dits sacrés.
A SUIVRE :
1. L'hystérie de Paul de Tarse
2. La conversion de Constantin au christianisme
3. L'Empire totalitaire.
Bibliographie :
La tradition ultrarationaliste :
• Prosper Alfaric, A l'école de la raison, Publications de l'Union rationaliste.
• Raoul Vaneigem, La résistance au christianisme. Les hérésies des origines au XVIII° siècle,
Fayard.
Les textes :
• Ecrits intertestamentaires, La Pléiade.
• Ecrits apocryphes chrétiens, La Pléiade.
La critiques exégétique :
• Charles Guignebert, Jésus, Albin Michel
• Et, du même : Le Christ, Albin Michel.
La critique moderne :
• Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Corpus christi.
• Enquête sur l'écriture des évangiles, Mille et une nuits.
• Des mêmes : Jésus contre Jésus, Seuil.
• Et : Jésus illustre et inconnu, Desclée de Brouwer.
Le performatif :
• J.L.Austin, Quand dire, c'est faire, Point Seuil.
"L'INVENTION DU CHRISTIANISME"
Synopsis Bibliographie du cours
RAPPEL :
• a). Jésus, personnage conceptuel
• b). Pas suffisant pour créer un Empire
• c). Ajouter :
• 1. L'hystérie de Paul de Tarse
• 2. Le cynisme de Constantin
1/. L'HYSTÉRIE DE PAUL DE TARSE (LE CORPS DE PAUL) :
a). Pas d'antihédonisme de Jésus :
• Pas d'opposition au mariage, pas d'idéal ascétique, pas de prescriptions corporelles
(sexe, alimentation, etc...)
• Mieux : éloge de la douceur.
b). Antihédonisme radical de Paul :
• haine du corps, de la vie, des femmes, de la sexualité : pour quelles raisons ?
c). Qui est Paul ?
• Juif Hystérique qui persécute les chrétiens (tabassage d'Etienne, voire plus).
• Puis conversion sur le chemin de Damas (en 34)
d). Une pure scène hystérique (de conversion...) :
1. Tombe de sa hauteur en public (histrionisme)
2. Aveuglé par la lumière, aveugle 3 jours (Amaurose transitoire)
3. Entend la voix de Jésus (hallucinations sensorielles/ tendance
mythomaniaques)
4. 3 jours sans manger ni boire (agueusie, anosmie)
5. Recouvre la vue après imposition des mains d'Ananie, chrétien envoyé par
Dieu (mythomanie, suite).
6. Recouvre sa conscience, se met à table, mange, prend la route, évangélise
(exhibitionnisme moral).
e). Le terrain physiologique :
• Petit, chauve, maigre, barbu, malade (Satan et son "écharde dans la chair").
• Quelle maladie ? (cf. liste)
• Rien qui concerne le terrain sexuel...
• Or, l'hystérie suppose :
• un potentiel libidinal affaibli, nul
• des troubles de la sexualité
• une tendance à voir du sexe partout.
• Pas d'aveu autre que symbolique : l'écharde...
• Facile d'avouer des maladies du genre dermatoses...
• Difficile d'avouer des maladies dites honteuses
• Ou des fixations sur des objets sexuels dits déviants (mère, homme, autre...)
• Or, l'hystérie procède d'une lutte contre des angoisses d'origine sexuelles
refoulées,
• elle suppose : une réalisation partielle sous forme de conversion.
f). L'explication :
Le complexe du renard et des raisins :
• Prétendre vouloir ce qui nous veut
• Comment vivre avec sa névrose ? En névrosant le monde.
1. La nature lui inflige un corps détestable (haine de soi :
"avorton" 1 Cor. XV.8)
2. Se donne l'illusion d'être libre en prétendant vouloir ce qui
le veut
3. Décrète nulle et non avenue toute sexualité pour lui, et le
reste du monde.
g). Extrapolations :
("Je meutris mon corps et le traîne en esclavage" (2 Cor. IX. 27). demande
la même chose au monde...)
1.
Du portrait de Paul
:
fanatique changeant d'objet,
malade,
misogyne,
masochiste,
dominé par la pulsion de mort...
2.
Déduire le portrait du monde créé à la suite
:
brutalité idéologique,
intolérance intellectuelle,
culte de la mauvaise santé,
haine du corps qui jubile,
mépris des femmes,
plaisir aux douleurs infligées,
déconsidération de l'icibas.
(2. Cor. XII 210 : "Je me complais dans les faiblesses, les insultes, les
contraintes, les persécutions, les angoisses pour le Christ ! Car lorsque je
suis faible, c'est alors que je suis fort").
h). Du masochisme de Paul :
• Dans cette épître, bilan de ce qu'il a supporté :
• 5 flagellations (39 coups chaque fois)
• 3 étrillages aux verges
• 1 lapidation (Lystre, Anatolie)
• 3 naufrages (dont 1 jour 1 nuit dans l'eau)
• 2 années de prison, l'exil
• Dangers du voyage : brigands, intempéries, veilles, jeûnes, manque d'eau, de
nourriture...)
• Finalement emprisonné, décapité à Rome : le régal du maso...
2./ VARIATIONS SUR LA HAINE (LA PENSÉE DE PAUL) :
HAINE DE SOI DE PAUL TRANSFORMÉE EN :
A/ HAINE DES FEMMES :
• Recycle la misogynie juive de l'Ancien Testament
• (Cf. Eve, le péché originel)
a). Leur nature ?
• Sexe faible
• Tentarices
• Séductrices
b). Leur destin ?
• Obéir aux hommes dans le silence et la soumission
• Craindre les époux
• ne pas enseigner
• Ne pas faire la loi
c). Leur salut ?
• dans par et pour la maternité...
B/. HAINE DE LA LIBERTÉ (Ce qui va avec la haine des femmes).
a). Éloge de l'esclavage :
• Jouissance d'être soumis, obéissant, passif, esclave des puissants.
b). Éloge de la soumission :
• Dieu veut tout : la misère des miséreux, la pauverté des pauvres, la
soumission des domestiques, etc...
• Désobéir aux hommes, c'est désobéir à Dieu
• Flatter les Romains : obéir aux magistrats, fonctionnaires, à
l'Empereur
• Rendre à chacun ce qui lui est dû :
• impôts et taxes au percepteur
• crainte à l'armée et à la police
• honneur aux sénateurs, ministres et princes.
C/. HAINE DE L'INTELLIGENCE :
a). Tradition issue de la Genèse.
b). Paul et la culture :
• Juif, connaît l'Ancien Testament
• Pas de longues études
• Métier ? fabrique et vend des tentes
• Style de ses textes ? Lourd, emprunté, compliqué, grec maladroit.
Oral : dicte pendant son travail ? Peutêtre illettré...
c). Sa théorie de la culture :
• Fidèle à sa méthode : inculte, il veut l'inculture du monde...
• Invite Corinthiens et Timothée à mépriser la philosophie
• Son public ? Des foulons, teinturiers, artisans, charpentiers
• La démagogie suffit et son alliée : la haine de l'intelligence.
• Haine de soi, du monde, des femmes, de la liberté, de l'intelligence,
de la culture : rien sans l'homme qui rend possible l'incarnation de
ces idées...
3/. LE CYNISME DE CONSTANTIN :
a). Qui est Constantin ? (280337)
1.
Portrait :
• Militaire, soudard, guerrier, fils de Constance Chlore, Empereur,
romain obsédé par l'ordre public.
• Infanticide (son fils, son neveu torturés, décapités), puis
uxoricide (Fausta ébouillantée),
• Mystique : déjà en 309 à Grand (Vosges), Apollon lui apparaît et
lui annonce un règne de 30 ans...
• Païen : il sacrifie à sol invinctus
2.
Constat
: Après la Tétrarchie, l'Empire est explosé.
3.
Aspiration
: Constantin veut refaire un Empire unifié.
4.
Méthode
: Jésus (personnage conceptuel) pris en otage par Paul
(l'hystérique) exploité par Constantin (le cynique) : voilà ce qui rend
possible le christianisme...
b). La conversion de l'Empire :
• Un fait païen à l'origine du devenir chrétien de l'Empire...
• 312, progresse vers Rome, emporte Turin, Milan, Vérone
• Maxence est son ennemi
• Découvre dans le ciel un message lui annonçant qu'il vaincra
• Les troupes aussi...
• Eusèbe (évêque, conseiller du prince) précise :
• trophée d'une croix de lumière audessus du soleil...
• Jésus apparaît en songe à Constantin la nuit suivante
• Lui enseigne qu'il vaincra par le signe de croix
• Victoire au Pont Milvius
• Constantin devient le maître de l'Italie :
• Entre dans Rome
• Dissout la garde prétorienne
• Offre au pape Miltiade le palais du Latran
c). Ce signe ?
• Lecture hystérique (astrologique) d'un phénomène scientifique (astronomique) :
une configuration des planètes...
• le 10 octobre 312 (18 jours avant la victoire) : Mars, Jupiter, Vénus...
• Fin stratège, Constantin souscrit à l'invite d'Eusèbe à exploiter le phénomène.
d). Le coup d'Etat :
1/. Récupère le goût chrétien pour la pulsion de mort soumission à
l'autorité,
• acceptation de misère et pauvreté,
• obéissance aux fonctionnaires et magistrats,
• interdiction de la désobéissance temporelle,
• maintien de l'esclavage,
• justification des inégalités sociales
2/. Achète l'Eglise :
• En promulguant des lois chrétiennes :
• légifère contre le divorce
• interdit le concubinat
• transforme la prostitution en délit
• condamne le libertinage
• abroge les lois qui interdisent aux célibataires d'hériter...
• interdit la magie
• interdit les combats de gladiateurs
• construit St Pierre et basiliques secondaires
• n'interdit pas l'esclavage !
• Jubilation des chrétiens...
3/. Envoie sa mère, Hélène...
• Qui part en Palestine et retrouve 3 croix, le titulus
• le lieu du calvaire (sur un temple d'Aphrodite, détruit...)
• dépense des sommes folles pour construire 3 églises (St Sépulcre,
Eglise du jardin des Oliviers, Eglise de la nativité)
• Enchâsse les reliques.
• l'Eglise pardonne ses meurtres à Constantin
• Nouveaux cadeaux :
• Exemption d'impôts pour les propriétés foncières
ecclésiastiques
• Subventions généreuses
• Création de nouvelles églises : St Paul (!), St Laurent.
4/. Parachève l'achat des chrétiens :
• 325, Concile de Nicée, le clergé lui donne les pleins pouvoirs
• Le pape est absent, raison de santé...
• Devient "le treizième apôtre", "l'évêque des affaires extérieures"
• Paul dispose dès lors d'un bras armé. Et lequel !
• Pentecôte 337, sur son lit de mort, Constantin se fait baptiser...
• Meurt sans dauphin
• Plein été (22 mai, 9 septembre) minitres civils, militaires,
religieux exposent leur travail chaque jour au cadavre...
• début du culte et de la fascination pour la mort
• Paul a triomphé !
• et avec lui l'Empire chrétien devient "le premier Etat totalitaire"
dixit H.I. Marrou, historien ... chrétien.
• Quant à Jésus, de moins en moins personnage conceptuel, il devient la
légitimation du pouvoir répressif.
Bibliographie :
• Paul Mattéi, Le christianisme antique (I° V° siècle), Ellipses
• MarieFrançoise Baslez, Saint Paul, Fayard
• Sénèque et Saint Paul, Lettres, Le promeneur
• Alain Badiou, Saint Paul. La fondation de l'universalisme, PUF
• Guy Gauthier, Constantin. Le triomphe de la croix, France Empire
• Alain Decaux, L'avorton de Dieu. Une vie de Saint Paul, Desclée de Brouwer
• Les textes de Paul, Epîtres, lettres, etc... Bible, trad. Segond
"L'archipel des gnoses"
Synopsis Bibliographie du cours
RAPPEL :
1/. Jésus, Paul, Constantin.
PERSPECTIVES :
2/. Un âge d'angoisse
3/. Une double force :
• a). L'idéal ascétique : la gnose patrologique
• b). L'idéal hédoniste : les gnostiques licencieux.
I/. AFFIRMATION D'UN CONTINENT CHRÉTIEN
a). Devenir persécuteur des persécutés.
• Relativisation des persécutions contre les chrétiens :
• Eusèbe : des centaines de milliers de martyrs
• L'Histoire : environ 3000
• Pour information : 10.000 gladiateurs pour les seules fêtes de fin de guerre de Trajan
contre les Daces en 107 ap.
b). Qu'estce qu'un régime totalitaire ? (A partir de la thèse de H. I. Marrou : l'Etat chrétien,
Etat totalitaire).
• usage de la contrainte
• persécutions
• tortures
• vandalisme (bibliothèques, lieux symboliques)
• impunité des assassins
• omniprésence de la propagande
• pouvoir absolu du chef
• remodelage idéologique de la société
• extermination des opposants
• monopole de la violence légale
• monopole des moyens de communication
• abolition de la séparation vie privée/vie publique
• politisation générale de la société
• destruction du pluralisme
• organisation bureaucratique
• expansionnisme
c). Christianisme et religion d'Etat :
• Dans la loi, 380 avec Théodose.
• 449 : Théodose II et Valentinien III prônent la destruction de ce qui peut :
• a). Exciter la colère de Dieu...
• b). Blesser les âmes chrétiennes
• Dès 330 : Constantin fait exécuter des philosophes pour sorcellerie : (Nicagoras,
Hermogènes, Sopatros.)
• Autodafés : dont les écrits du néoplatoniciens Porphyre
• Mais aussi : Nestorius, les Eumoniens, les Montanistes, Arius.
• Le cas Hypathie : néoplatonicienne, poursuivie, dépecée, traînée dans la rue, brûlée par des
moines chrétiens vers 415...
d). Le Code Théodosien (435) :
(considérations sur le droit : code Noir (1685), Lois nazies (1933), Lois de Vichy (1940) )
• Dès 380 déjà : condamnation des non chrétiens à l'infâmie
• Suppression de leurs droits civiques (interdit d'enseignement, de magistrature)
• Peine de mort pour ceux qui attentent aux personnes et aux biens chrétiens
• Destruction des temples païens.
• Lutte contre les hérésies (déf. des hérésies).
• Persécutions des Juifs
• Interdiction de magie et libertinage
• Confiscation des biens nonchrétiens
• Dès 356 : peine de mort pour les païens
• Scènes de tortures (prophète d'Apollon), de vandalisme, expéditions punitives.
• 529 : fermeture de l'école néoplatonicienne d'Athènes (après 10 siècles d'existence...).
Exil des philosophes...
• Philosopher devient périlleux pour mille ans...
II/. EFFACEMENT DU MONDE ANTIQUE
a). Fin du monde antique :
1/. Disparition des bibliothèques
Passage du papyrus au codex.
Rareté des peaux (1550 peaux de veau pour 1 volume de la Vulgate).
Grattage des peaux (palimpsestes)
(cf. disparition de la République de Cicéron sous Commentaire des Psaumes d'Augustin)
Copistes chrétiens : leurs choix (améliorations, retouches)
Techniques des copistes : pas de majuscules, de ponctuation, de séparation entre les
mots, de mention des noms de personnages qui parlent.
2/. Civilisation essentiellement orale
Le livre, pensebête.
Fragilité matérielle des supports
Rareté des exemplaires
Disparition du grec (au V°, personne ne le parle plus cf. Augustin)
On écrit et parle latin.
Au IX° : deuxième révolution :
passage du codex au papier venu de Chine
Après 4 à 5 siècles de christianisme officiel, nouvelles destructions.
b ). État des lieux :
capharnaüm complet :
1/. La pensée se cherche mais ne se trouve pas tout de suite
Prophètes allumés,
messies illuminés,
penseurs ésotériques,
philosophes délirants.
2/. Persistance de la philosophie classique : Sénèque, Epictète, Plutarque (I° ap.)
Période d'expérimentation
Apparition de formes et sélection naturelle.
c). Déplacement d'Ouest en est : retour vers l'Orient :
• Des ports romains, des criques grecques aux déserts de Palestine, Syrie, Samarie, Egypte.
• Peuples de bergers, pauvreté.
d). Les Nouveaux Maîtres en philosophie : Les Pères de l'Église.
• Qui sontils ? La philosophie officielle
• Se nomment les "Vrais philosophes" // les "sophistes".
• Récupèrent la conception thérapeutique de la philosophie.
• Penser pour vivre autrement
• (dans le Christ en l'occurence).
• Tertullien : croit parce que c'est absurde
• Origène : se castre
• Cyprien de Carthage : découvre Dieu en draguant...
• Grégoire de Nazianze : se prend pour un cadavre qui respire
• Evagre le Pontique : fuit femmes et évêques dans le désert
• Jean Chrysostome : appel au meurtre contre les païens
• Grégoire de Nysse et l'épectase
• Augustin : nie l'existence des antipodes...
• Tous en commun : la haine du corps et de l'icibas. L'antihédonisme
• Compter avec eux pour mille ans...
e). Deux aspirations travaillent l'époque :
• Athènes, Rome / Jérusalem
• Périclès / Constantin
• Aristote le philosophe / Tertullien le Père de l'Eglise
• démocratie de l'agora / État totalitaire chrétien
• idéal païen de la palestre / célébration d¹un crucifié
• pulsion de vie païenne / pulsion de mort chrétienne.
III/. AFFIRMATION D'UN ARCHIPEL GNOSTIQUE.
a) Le Gnosticisme : L'une des formes dans ce bouillon de culture
• Plus un archipel qu'un continent
•
Points communs :
• Petites communautés (30)
• Pratiquent une vie philosophique
• Sécession d'avec le monde
• Annonce d'un salut.
•
Rareté du corpus :
• On ignore presque tout d'eux : effets du temps, effacement par les chrétiens.
• Ce que l'on sait ? par leurs critiques
•
Le pendant des Pères :
Des noms :
• Simon le Magicien qui vole
• Basilide le débauché
• Carpocrate et Epiphane les partouzeurs conceptuels
• Valentin le pneumatique
• Nicolas le mangeur de sperme.
•
Des écoles :
• Les Ophites : adorateurs deu serpent (sodomites probables)
• Les Barbélognostiques : pâtés de foetus.
• Les Phibionites : numérologues du sexe.
b) Proposent un corpus de doctrines dans lequel le christianisme officiel puise pour sa doctrine :
• Même public, mêmes lieux, mêmes visées : la conversion :
• Paul de Tarse et Simon le Magicien luttent pour dominer le champ intellectuel.
c) Les sources :
1/. Ceux qui les critiquent :
• Justin de Rome (vers 160) : Apologies
• Irénée de Lyon (vers 170) : Contre les hérésies
• Hippolyte de Rome (vers 230) : Philosophumena
• Clément d'Alexandrie (fin II°) : Stromates
• St Epiphane (vers 375) : Panarion.
2/. La chance :
• 1945, Nag Hammadi (Egypte, 100 km. de Louxor)
• Découverte d'une jarre : 13 rouleaux reliés cuir, 700 pages
• Dont : Évangiles de Philippe, Matthias, Thomas. Et Logia de Iésu : recueil de
paroles, sentences, maximes attribuées à Iésu
• servent aux évangiles synoptiques
• 50 ans après : toujours pas d'édition...
d). L'archipel :
• Du I° ap. au VIII°. Voire plus...
• Au V° : Lampèce vit dans une communauté joyeuse, libre, vêtements somptueux, bonne chère,
sexualité libre...
• Au VIII° : communautés qui subsistent dans les montagnes orientales...
• Mon hypothèse :
• Le Gnosticisme dure dans le Mouvement des Frères et Soeurs du Libre Esprit jusqu'au
XVI° siècle :
• Pistes :
• Marcos, disciple de Valentin, devient Maître de Gnostiques en Gaule...
• Passe d'Orient en Occident via : Arménie, Cappadoce, Grèce, Bulgarie, Bosnie,
parvient au Paysbas.
• Presque 15 siècles, tant de lieux : impossible cohérence.
f). Leurs influences :
• A l'évidence, la pensée juive, puis les sectes locales.
• Millénarisme, prophétisme, etc...
• Irénée de Lyon les stigmatise comme épicuriens (pour la jouissance) et cyniques (pour
l'indifférence)
• ne sont pas épicuriens (pas matérialistes) mais platoniciens !
• Dualistes : âme pure et corps corrompu par le mal
• Croient à la transmigration des âmes.
g). Deux lignes de force dans cet archipel :
• 1/. Des gnostiques encratiques : ligne ascétique
• 2/. Des gnostiques licencieux : ligne hédoniste.
• Partition partiellement artificielle : les gnostiques laissent le choix à leurs disciples
(indifférence...)
• Le fond de la thématique gnostique :
• 1/. Le monde a été créé par un mauvais démiurge
• 2/. La chair est fautive, le corps est méprisable
• 3/. L'âme est la chance du salut.
• 4/. Possibilité de faire du corps un allié pour le salut
• 5/. Pardelà bien et mal (sexe, lidibo, action).
• Paul de Tarse enseigne une gnose ascétique :
• le corps brûle de désir, éteignez le.
• Simon Le Magicien et les siens enseignent une gnose hédoniste :
• le corps brûle de désir, consumezle...
• Toute la différence est là...
• Examen de leurs doctrines aux séances suivantes
Bibliographie :
• HenriIrénée Marrou, Décadence romaine ou antiquité tardive ? III°VI° siècle, Point Seuil.
• Dodds, Païens et chrétiens dans un âge d'angoisse, La pensée sauvage.
• Celse, Contre les chrétiens, Phébus.
• JeanYves Leloup, Introduction aux "vrais philosophes", Albin Michel.
• PierreEmmanuel Dauzat, Les Pères de leur Mère. Essai sur l'esprit de contradiction des
Pères de l'Eglise, Albin Michel.
• Tertullien, Apologétique, Belles Lettres.
• Jean Doresse, Les livres secrets des gnostiques d'Egypte, Plon.
• Claude Mondésert, Pour lire les Pères de l'Eglise, Foi Vivante.
• Grégoire de Nysse, Traité de la virginité, Le Cerf.
• Tertullien, Exhortation à la chasteté, Le Cerf.
• Augustin, Le bonheur conjugal, Rivages Poche.
"Un platonisme hédoniste !"
Synopsis Bibliographie du cours
I LES TRACES : LE CORPUS GNOSTIQUE
• Primauté de l'oral dans l'enseignement
• Parole vivante du maître qui guide
• Traces conservées par les adversaires.
• Corpus très ésotérique : hermétisme de haute volée :
• a). Néologismes à foison
• b). Passion numérologique
• c). Exacerbation du merveilleux
• d). Extrapolations mythologiques
• e). Langage et pratiques sectaires.
II LA SECTE : LA PRATIQUE GNOSTIQUE
• Intégration sectaire : communauté élective, cooptation, initiation.
• Sentiment d'élection
• Obéissance aux grades supérieurs
• Signes de reconnaissance : St Epiphane et la paume de la main : par crainte de la
persécution
• Discours communautaires en agapes.
• Sexualités généralisées dans l'obscurité.
III LA TRIPARTITION : LE MONDE GNOSTIQUE
A/. LES HYLIQUES (HYLÉ/ MATIÈRE)
• Englués dans la matière
• Ne connaîtront jamais le salut
• Dépourvus d'âme
• Destinés à la destruction pure et simple
• // : païens arraisonnés au sol par ignorance des vérités gnostiques
B/. LES PSYCHIQUES (PSYCHÉ/ AME)
• Ont une âme, mais pas d'esprit
• L'âme : parcelle de feu qui brûle dans le ciel des divinités
• Peuvent espérer le salut par leur complexion mentale s'ils rencontrent l'initiation.
• //: les Chrétiens en partie sur le bon chemin.
C/. LES PNEUMATIQUES (PNEUMA/ SOUFFLE)
• Désignés par la Puissance des Puissances
• Disposent de la grâce
• Peuvent agir sans souci du bien et du mal
• Quoiqu'ils fassent, ils sont sauvés
• Participent à la vérité intelligible
• //: les gnostiques.
IV LA LANGUE : LA MÉTHODE GNOSTIQUE
• Une méthode sélective
• a) Vocabulaire ésotérique
• b) Néologisme à profusion
• c) Dissertations obscures
• Contraint au psittacisme (pour la mémoire) :
• Répétition, incantation, réitération.
• Empêchent une pensée propre (contre l'intelligence)
• Exclusion / intégration.
V LE LEXIQUE : LA LOGOMACHIE GNOSTIQUE
• a). Glossolalie : hystérie de l'époque.
• b). Créer des concepts :
• 1/ Pour dire des choses précises : nommer une découvert innomée.
• 2/ Pour enfermer : donner l'impression d'une profondeur.
Le délire verbal fatigue même les spécialistes.
• c). Usage sectaire et sélectif :
• Langue difficile à acquérir, retenir, maîtriser.
• Facilité pour distinguer la docilité des élus.
• Réduction à un petit nombre d'habiles.
• Instrument de mesure efficace de la plasticité mentale.
• d). Exemple : Les ÉONS procèdent d'un PROPERE (ou : PROPRINCIPE, PÈRE, ABIME, ÉON PARFAIT,
ÉON DES ÉONS) et constituent un PLERÔME dans lequel évoluent des SYZYGIES...
• e). Explications :
• a). Le PROPÈRE :
• Invisible, inconcevable, éternel, épargné par génération et corruption, ignore
le mouvement, contemple son image.
• Un peu : platonicien, aristotélicien, alexandrin...
• Dieu ? Non : Basilide croit en un Dieu... qui n'existe pas.
• b). L'ÉON :
• Émanation issue de l'intelligible pur.
• Utilise le regsitre métaphorique de l'espace (point, ligne, plan, volume) pour
se dire dans le registre du temps (instant, jour, année...)
• Il existe 30 éons avec un nom chacun (Hédonê / Plaisir)
• Ils fonctionnent en paires
• Il existe donc 15 paires (ou Syzygies).
• Exemples :
• AbîmeSilence
• IntellectVérité
• HommeCroix
• LogosSagesse, etc...
• c). Le PLERÔME :
• Ensemble de ces 30 éons
• Ou : le Ciel, le monde divin. Intermède : Irénée de Lyon moque ces
pratiques... (Lecture d'un texte : Contre les hérésies).
VI LE CHIFFRE : LA NUMÉROLOGIE GNOSTIQUE
• a). Considérations familières à l'époque :
• Arithmétiques sacrées : astrologie, divination, magie
• Passion de l'ordre et du classement : la gnose met en forme
• Contraindre le réel à rentrer dans des cases : pensée systémique
• Chiffrer le monde pour que tout soit à sa place.
• Que rien ne circule librement.
• b). Exemples (numérologie classificatoire) :
• TRIACONTADE : les 30 éons du Plérôme valentinien
• DYADE (2), DODÉCADE (12), OGDOADE (8)
• Ainsi : l'OGDOADE est composée de 4 couples :
• Abîme + Silence
• Intellect + Vérité
• Homme idéal + Eglise
• Imaginer le catéchisme gnostique...
• c). Exemples (numérologie sexuelle) :
• Les Phibionites : soussection des barbélognostiques comme : Zachéens, Nicolaïtes,
Barbélites, Stratiotiques, Lévitiques, Borborites, Coddiens.
• Ou grades...
• Pratiquent une sexualité chiffrée calculette à la main :
• 365 hommes auxquels on prèlève le sperme
• Pendant 365 unions
• Avec 365 femmes différentes.
• d). Exemples (numérologie cosmogonique) :
• Chiffrer l'origine du monde
• La façon de procéder du premier principe
• Réduire le mouvement du monde à des mathématiques.
VII LES PERSONNAGES CONCEPTUELS : LES FIGURES GNOSTIQUES
• Créations de figures mythologiques :
• Les ARCHONTES jonglent avec les SYZYGIES dans le PLÉRÔME.
• Les GRANDS LUMINAIRES côtoient la SOPHIA LASCIVE ou les HAMEçONS SAUVEURS.
• L'HOMME PRIMORDIAL s'entretient avec la MÈRE CÉLESTE dans l'HEBDOMADE (ou les CIEUX
INFÉRIEURS que constituent CHAOS + HADES)
• Le tout dans des ambiances de SEMENCES PNEUMATIQUES...
VIII LA GÉNÉALOGIE : LES SOURCES GNOSTIQUES
• a). Selon Hippolyte : démarquage de philosophes païens :
• Simon/ Empédocle, Basilide / Aristote, Valentin / Pythagore et Platon...
• b). Selon Irénée : mélange d'Epicure (plaisir) et de cyniques (provocation).
• c). En fait : le gnosticisme est un platonisme hédoniste...
• Pas épicuriens (pas atomistes)
• Platoniciens : dualistes (âme, immatérialité, transmigration, salut, etc...)
• Mais hédonistes : pas de critique du corps, mais un usage libéré du corps pour le
salut.
• d). Retour aux sources orientales :
• Le mazdéisme persan : Ormuz et Ariman
• Le judaïsme palestinien : prophétisme et messianisme apocalyptique
• L'orphisme héllénique : secret sectaire et initiatique
• Le pythagorisme et le platonisme : les gymnosphistes
• Contemporain du Manichéisme (III° ap) : bien / Mal.
• e). Le christianisme primitif : un gnosticisme (ascétique).
• 1 Usages de l'Ancien Testament :
• La Genèse pour la généalogie du mal
• Le Livre d'Énoch : la théorie de la grâce, de la prédestination.
• 2 Nombre de points communs dans les doctrines :
• Jésus monte aux cieux / Simon vole dans les airs
• Marc subjugue les femmes en changeant le vin en sang virtuel
• Basilide affirme que Jésus est magicien et fait crucifier Simon de Cyrène à sa
place
• 3 Le Nouveau Testament témoigne d'un combat entre gnoses :
• Actes des apôtres, Epîtres de Paul et Apocalypse de Jean montrent Paul aux
prises avec Simon et autres gnostiques.
• Mais le christianisme est une gnose qui a réussi !
IX LES THÈSES : LA PENSÉE GNOSTIQUE
• Religion ? Philosophie ? déni de philosophie par les officiels...
• (Cf. Augustin évêque, Thomas dominicain et Docteur évangélique, Malebranche oratorien,
Kierkegaard pasteur, philosophes tout de même...)
• Si : création de concept, invention de personnages conceptuels, création d'un langage, d'une
musique, d'une vision du monde = philosophie, alors...
• a). 1° thèse : Le monde est fondamentalement mauvais :
• Création d'un mauvais démiurge : ratage originel
• Chute dans le temps.
• Bien et Mal coexistent de manière indiscociable
• Avant la création : éternité, immortalité
• Après : Temps, matière, corps.
• b). 2° thèse : Installer le réel au ciel :
• (Contraire de l'hédonisme qui veut installer le ciel sur terre)
• Inventer un monde qui dispense de subir le monde réel
• Effondrement du politique = promotion du théologique.
• La Cité de Dieu comme réponse à une impossible Cité des hommes.
• c). 3° thèse : Vivre pardelà le bien et le mal :
• Les chrétiens : Adam est coupable (il choisit) : culpabilité
• Les Gnostiques : Adam est victime (il subit) : pas de culpabilité.
• Le salut ?
• Les chrétiens : renoncer à ce monde dès ce monde
• Les Gnostiques : épuiser les possibles de ce monde.
• D'où une philosophie du banquet, de la copulation, de la masturbation, du
cannibalisme...
• Invitation à poursuivre dans le monde gnostique en considérant ses figures :
Simon, Marc, Epiphane, Basilide, Valentin, et les autres...
Bibliographie :
• Peter Brown, Le renoncement à la chair, Gallimard.
• Robert M.Grant, La Gnose et les origines chrétiennes, Seuil.
• Jacques Lacarrière, Les gnostiques, Idées Gallimard.
• Rudolf Bultman, Le christianisme primitif, Payot.
• Yvon Belaval, Les philosophes et leur langage, Gallimard.
• Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire, Fayard.
• Gilles Deleuze/Félix Guattari, Qu'estce que la philosophie ?, Minuit.
"LA TRANSVALUATION GNOSTIQUE"
Synopsis Bibliographie du cours
1/. SIMON : UNE THÉORIE DE LA GRÂCE
A). BIOGRAPHIE
• Naissance en Samarie (Gitton).
• Auteur d'une Révélation de la grande puissance perdue...
• Célèbre de son temps. (cf. Claude et la statue)
• Contemporain de Paul de Tarse : 1° ap.
1) Ambiance irrationnelle
• croyance générale à la thaumaturgie.
• Demande ses "trucs" à Pierre qui lui répond qu'il n'y en a pas
• Conclut à l'inexistence de sa divinité...
2) Compagnonnage avec Hélène
• "incroyable beauté" écrit Irénée
• Anciene Hélène de Troie (cf. Réincarnations...)
• Ancienne (?) prostituée transformée en divinité
• Intermédiaire de la puissance de Dieu
• Enfante les anges qui créent le monde
• Prisonnière des anges qui refusent une génitrice
• Acculée à des outrages
• Le Messie apparaît pour régler le différend.
3) Ses deux morts : (Cf. les morts antiques)
• a) Vole dans le ciel de Rome
• Pierre prie pour casser le sortilège...
• b) Met son auditoire au défi d'un enterrement
• Puis d'une résurection le 3° jour
• Et ne réapparaît pas...
B). SA PENSÉE
1) Invente la théorie de la grâce et de la prédestination : (cf. Augustin, Pascal, les jansénistes,
Luther et Calvin...)
• En lisant l'Epître aux romains (VI.14) : "le péché n'aura pas de pouvoir sur vous, puisque
vous êtes non sous la loi mais sous la grâce".
• Et Proverbes (I.14) : "il n'y aura qu'une bourse pour nous tous".
• Conclusion : mise en commun des femmes aussi...
• D'où : liberté d'agir à sa guise :
• Seule la grâce sauve, pas les oeuvres.
2) Invente une pensée audelà du bien et du mal :
• Bien et Mal n'existent pas en soi, mais relativement
• Qui a décidé ? Les anges (des créatures mauvaises)
• L'invention des vertus ? réduire les hommes à l'esclavage.
• A partir de ce relativisme éthique :
3) Propose une transmutation des valeurs :
• Le bien est l'inverse du mal
• Ce qui passe pour vertu est mauvais ? donc
• Ce qui passe pour vice est bien
• Contre l'idéal ascétique, pour l'idéal hédoniste.
• D'où :
4) Propose une sexualité libérée :
• A partir de l'invite "sanctifiezvous les uns les autres" il affirme :
• Laissez libre cours à vos désirs
• Pratiquez une sexualité libre : fin du couple monogamique paulinien
• L'amour du prochain n'est pas agapé, mais éros...
5) Affirme l'inexistence du libre arbitre :
• Pour punir, il faut être responsable, donc libre de choisir
• Or les astres et Dieu déterminent tout ce qui a lieu
• Audelà du bien et du mal, parce que déterminé on est audelà de toute sanction...
2/. BASILIDE ET L'INDIFFÉRENTISME
1) Biographie :
• On ignore presque tout. Sauf : mort en 130.
• Disciple de Simon : partage l'essentiel de ses thèses
• Mais prétend tenir son savoir de Matthieu en personne
• Crée une école à Alexandrie
• Évangélise en gnostique : Chypre, Grèce, Rome (cf. Epictète !)
• Grand créateur de concepts gnostiques.
2) Sa singularité :
• a). Simon de Cyrène portrait la croix de Jésus (Luc l'affirme, les autres non)
• Paradoxe : qui sauve ?
• Magicien, Jésus prend l'allure de Simon, et vice versa, puis assiste à la crucifixion de
Simon
• Pendant ce temps, Jésus (Caulacau, son vrai nom) est au ciel et rit..
• b). Invente ainsi le Docétisme :
• Une hérésie qui affirme que Jésus est né, mort et résuscité en apparence.
• Les Docètes croient que Jésus assistait à sa crucifixion dans le public
• D'où une croyance induite : la conversion au gnosticisme assure de l'invisibilité...
• c). Propose l'indifférentisme :
• Basilide critique les pouvoirs de l'Eglise naissante (foi, lois, prescriptions)
• Invite à la purification de soi, seul souci
• Propose le renoncement à ses idées sous la torture (critique du martyre)
• Invite à la dépense, la consumation de soi pour se purifier
• Mais en bon indifférentiste, le renoncement peut aussi être préféré...
3/. VALENTIN ET LE DÉTERMINISME
1) Natif de Phrébon en Egypte.
2) Comment savoir qu'on est touché par la grâce ?
• Déterminisme astral : les hommes se croient libres
• Car ils ignorent ce qui les déterminent
• Qui sont les élus ?
• Les pneumatiques ("semences d'élection").
• Pas les hyliques
• Mais les psychiques :
• S'ils consentent à devenir gnostiques (pneumatiques)
• Opter pour la secte transforme en l'élu touché par la grâce...
• Statut d'extraterritoralité métaphysique :
• Dans le monde, ils évoluent déjà hors du monde
• (cf. paradoxe du consentement dans le déterminisme).
3) D'où un déréglement de tous les sens comme voie d'accès au salut :
La transgression comme voie :
1. Sexualité généralisée : y compris dans l'inceste
2. Consommer les offrandes païennes aux dieux
3. Passer outre mesure et modérations : orgies, fêtes bachiques, etc...
4/. CARPOCRATE ET LA VITESSE DES ASCÈSES
1) Seconde moitié du I°, à Alexandrie.
2) Selon Irénée : disciples marqués au lobe droit par fer rouge
3) Purification dans la débauche, certes :
• Mais tout dépend du degré de débauche, des quantités de transgressions dans une vie...
• Les âmes changent de corps tant qu'elles n'ont pas connu tout le spectre de la négativité
• L'entreprise prend donc plus ou moins de temps
• Aucune âme ne perd : la différence réside dans le temps de l'ascèse
• Les cycles réapparaissent tant qu'il reste du négatif à épuiser.
4) Ajoute (dimension politique) :
• Critique de la propriété privée :
• En disciple de Platon, en lecteur des Proverbes :
• Prône l'abolition de la propriété et de la famille
• Puis du mariage : la version sexuelle de la propriété.
5/. EPIPHANE EN "RIMBAUD GNOSTIQUE".
1) Fils de Carpocrate
2) Culture encyclopédique
3) Auteur d'un
De la justice
, brulôt "anarchiste"
• Critique radicale de toute propriété, de toute forme d'injustice (cf. différence
fondamentale avec le christianisme)
4) Meurt avant 17 ans
• Culte gigantesque : autels, temples, musées, statues, etc...
6/. CÉRINTHE ET LE SALUT IMMANENT
1) Juste une fois mentionné chez Hippolyte de Rome
• Son idée : le royaume sera terrestre.
• Le salut se fera dans notre enveloppe charnelle, sur terre.
2) Jésus reviendra à Jérusalem sous forme charnelle
• Il connaîtra l'empire des passions et du désir
• Deviendra même l'esclave de ses passions
• Cette fête durera 1 000 ans...
7/. MARC ET LES FEMMES
• Présence d'un certain féminisme chez tous les gnostiques (cf. Simon et Hélène)
• Pour des raisons philosophiques : le Masculin a besoin du féminin et vice versa pour être.
• Dans l'ascèse orgiaque, les femmes valent moins pour leur singularité que comme voie d'accès
au féminin, à la féminité (germination, principe de fécondité et de vie, etc...)
• Marc évolue en compagnie des femmes les plus belles (... et les plus riches !)
• Pratique la magie et transfigure des contenus de coupes...
• Donne aux femmes le même pouvoir thaumaturgique que lui
• Une fois initiées (dit Irénée) elles entrent dans un véritable délire verbal...
8/. NICOLAS ET LES FOETOPHAGES
1) Culte du féminin
• Prounikos (ou Barbélo)
• D'où Barbélognostiques.
2) Banquets collectifs (aphrodiasiaques, vins, nourritures, sexualités dans l'obscurité).
3). Culte métaphorique :
a) Spermatophages et corps du Christ :
• Des fidèles extraient le sperme des participants
• L'élèvent en direction du Plérôme
• Communient avec les dieux gnostiques :
• Cette énergie vidée des corps, ramassée, offerte et concentrée acquiert
la puissance de l'offrande.
b) Hématophages et sang du christ :
• Récupération du sang mentruel des participantes.
• Mêmes techniques d'offrandes :
• Ces eucharisties libidinales permettent l'ingestion de puissances
concentrées de barbélo afin d'accéder l'ascension vers le Plérôme.
c) Foetophages et extinction de la négativité :
• Pratiquent la contraception
• Car la procréation augmente la négativité
• Préférable de s'abstenir
• En cas déchec : provoquent l'avortement,
• Puis confectionnent un pâté avec le foetus : arômates, huiles, poivre, etc...
CONCLUSION GÉNÉRALE SUR LES GNOSTIQUES
1) Avec Constantin, le christianisme se construit
• Il demande à Eusèbe de constituer un corpus
• Choisit 27 textes comme base au Nouveau Testament
• Écarte les autres textes (dont les gnostiques et les apocryphes).
2) Persécution comme hérétiques de tout le courant gnostique :
• Abjurations, conversations en masse.
3) Mais résistance et persitance dans les endroits reculés (montagnes) :
• Au VIII° des Euchistes existent encore (insoumis, refusant toute soumission, toute
obéissance, communauté des femmes et des biens, etc..).
4). Déplacement de la gnose :
• Elle passe en Europe
• Et constitue le socle de la pensée alternative européenne
• La première station : Frères et Soeurs du Libre Esprit.
Bibliographie :
• Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Cerf.
• Hippolyte de Rome, Philosophumena, éd. Arché.
• Raoul Vaneigem, Les hérésies, PUF.
• Raoul Vaneigem, De l'inhumanité de la religion, Denoël.
• Sigmund Freud, L'avenir d'une illusion, PUF
• Clément d'Alexandrie, Stromates, Cerf.
• Georges Bataille, La part maudite, Point Seuil.
• Georges Bataille, Théorie de la religion, Idées Gallimard.
"La constellation du LibreEsprit"
Synopsis Bibliographie du cours
1/. CONSIDÉRATIONS SUR LE MOYENAGE :
a). Naissance de l'Islam.
• Mahomet quitte la Mecque le 16 juillet 622
• La fuite = l'Hégire
• Meurt en 632
• Dagobert en France
• Guerres de conquête musulmane
b). Vikings venus du Nord.
• en 885 : 40.000 font le siège de Paris.
c). Famine, pestes, guerres, razzias...
d). Le Christianisme :
• L'Inquisition
• Manuel des inquisiteurs, Bernard Gui, en 1324.
• Lutte contre les Hérétiques.
• Qui sont ils ?
• 1 S'opposent à un article de foi :
• Trinité, Incarnation...
• 2 S'opposent à une vérité déclamée par l'Eglise :
• St Esprit ne procède pas du Père,
• L'usure n'est pas un péché...
• 3 S'opposent au contenu des textes canoniques :
• Dieu n'a pas créé le monde,
• Jésus n'a pas existé...
• En fait : s'opposent au clergé, aux prêtres, aux évêques, au pape.
e). L'état de la philosophie :
1. Electroencéphalogramme plat pendant 5 siècles...
• Réapparition au XII ° :
• Abélard, Pierre de Lombard, Alain de Lille, Maïmonide, Avérroès...
2. Apparition, via les musulmans, des textes d'Aristote : Politique, Métaphysique et Ethique à
Nicomaque.
3. Léger écart avec la théologie, émancipation partielle de la philosophie
• Boèce de Dacie (XIII°) : la philosophie, une fin en soi.
• Roger Bacon (XIII°) : pour une méthode expérimentale en science.
• Dante (XIIIXIV°) et Marsile de Padoue (XIV°) : séparer spirituel et temporel.
• La transmission du savoir est universitaire :
• Exposés commentés, discutés, recopiés
• Les livres coûtent cher (1 mois 1/2 de salaire pour un ouvrier du bâtiment,
pour un livre)
• Rarement sûrs. Souvent fautifs et incomplets.
• Enseignent le christianisme Pas le matérialisme, l'athéisme ou
l'épicurisme...
2/. LE COURANT DU LIBREESPRIT
a ). Inexistence officielle aujourd'hui...
b). Existence clandestine à l'époque
c). Existe du XIII° (St Bonaventure) au XVI° (Rabelais, Montaigne).
d). Parfois des milliers derrière un seul homme
e) . Formations diverses : clers/artisans, lettrés/ illétrés...
f). Rayons d'action étendu :
• De l'Italie à l'Ecosse
• De l'Espagne (Alumbrados) à la Bohème (Picards et Adamites).
• De la Belgique (Béguines et Bégards) à la France et à l'Allemagne (Libertins).
g). Destins divers :
• Délation, trahision, collaboration
• Héroïsme discret sur le bûcher
• Rhétoriques spécieuses pour échapper à l'Inquisition.
h). Le Libre Esprit dessine la première philosophie européenne cohérente.
i). Thématique :
1 EtreDieu de l'homme
• Divinité de l'homme depuis le rachat par le Christ
• Inexistence du péché depuis la Crucifixion.
• On ne sauve pas un homme déjà sauvé.
2 L'action des hommes coïncide avec le vouloir de Dieu
• Dieu ne pense pas de manière séparée du réel.
• Il est le réel dans toutes ses modalités : tout est Dieu
3 Ce panthéisme anéantit la morale
• Ce qui advient ? Pardelà le bien et le mal.
• Le Spirituel est inacessible : au mal, à la faute, au péché, au remords, à la
cupabilité.
4 Le Libre Esprit combat contre la répression de la vie organisée par l'Eglise au nom
de la religion paulinienne
• Il veut plaisir et désir libre, corps libéré.
3/. LES SOURCES DU LIBRE ESPRIT :
a). Aucun texte ne subsiste.
b). Jadis : Walter de Hollande, Des neuf rochers spirituels
• Bréviaire selon les béguines, mais perdu
c) . Restent des fragments dans des oeuvres ennemies :
• Maître Eckart, Telle était soeur Katrei.
• Martin Luther, Aux Chrétiens d'Anvers
• Calvin, Contre la secte fantastique et furieuse des libertins qui se nomment spirituels
d). Persécutés, textes rares, cachés
e). Supports fragiles avec le temps
f). Goût du secret, pratiques sectaires, cooptation, signes...
g). Restent des témoignages peu sûrs :
• Livres polémiques chrétiens
• Minutes de procès dictés pendant des séances de torture
• Témoignages de libertins rétractés et passés de l'autre côté
• A charge donc...
4/. L'ETYMOLOGIE :
a). On voit aussi :
• Nouvel Esprit,
• Esprit de Liberté,
• Liberté par l'Esprit.
b). Taxinomie de l'Eglise pour saisir ce qui lui échappe :
• PNEUMOTOMACHES : Père et Fils sont Dieu, pas le St Esprit
• PAPIANISTES : mille ans après sa mort, le Christ réinstaurera le Royaume des Juifs avec des
élus
• PEPUZITES : consacrent du lait, pas du vin
• HYDROPARASTASES : consacrent de l'eau.
• MESSALINIENS (EUCHITES, ENTHOUSIASTES) : prient sans arrêt.
• AUDIENS : la divinité a forme humaine
• TASCODROGITES : vénèrent deux putains
• APOTACTIQUES : détestent les gens mariés et les propriétaires...
c). Ma proposition :
A/. Le LibreEsprit se construit sur le principe du SaintEsprit :
• Le St Esprit : la providence divine sur le monde
• Préside à la conception et au baptême de Jésus
• Descend sur ses disciples réunis en cénacle
• Se communique aux nouveaux croyants.
B/. Le Libre Esprit désigne :
• Intelligence et raison humaine appliquée au réel
• Explicite ce qui passe pour des mystères aux yeux des autres
• Lie les adhérents nouveaux à la doctrine
• Anti St Esprit : descend le ciel sur terre...
• Et installe chaque homme au centre du monde à la manière de Dieu.
C/. En relation avec les mouvements millénaristes :
• Joachim de Flore, mystique italien du XIII°
• Auteur d'un Livre de concordance entre Ancien et Nouveau testament.
• a). Age de la loi et de l'Ancien Testament :
• Temps de Dieu le Père : d'Adam à Noé.
• Les hommes vivent selon la chair dans la crainte et l'esclavage
• b). Age de la grâce et du Nouveau Testament :
• Temps du Fils : d'Elisée à la révélation du Christ.
• Les hommes vivent selon la chair et l'esprit selon la foi.
• c). Age du Saint Esprit et de Saint Benoît :
• Temps du Saint Esprit : à partir du retour du prohète Élie.
• Les hommes vivent dans la charité et l'innocence renouvelée de
toute l'humanité.
• A/. Cette matrice théologicopoétique est celle du Libre
Esprit
• Le temps nouveau permet d'envisager l'abolition des
Ecritures.
• B/. Logique d'une inversion de valeurs :
• Quand l'Eglise enseigne : pauvreté, chasteté,
obéissance.
• Le Libre Esprit enseigne : luxe, raffinement,
plaisir, sexualité libre, refus de l'autorité.
• C/. Lecture particulière des Écritures :
•
Les Béatitudes
: heureux les simples d'esprit ?
• Délaisser les écritures, retrouver
l'innocence primitive
•
Paul
: nous sommes le temple de Dieu ?
• Transformer le corps en réceptacle de Dieu
•
Jean
: naître de Dieu empêche la souillure ?
• La grâce suffit, peu importent les actes.
3/. PREMIÈRE FIGURE CARDINALE : AMAURY DE BÈNE :
a). Un ancêtre à l'ancêtre :
• En 851, Jean Scot Érigène (irlandais) écrit dans De la prédestination :
• Dieu ne prévoit ni peines, ni péchés : ce sont des fictions.
• L'enfer n'existe pas, ou alors il nomme le remords
• Attaqué par l'Eglise, se fait oublier, fait des traductions
b). Quatre siècles plus tard :
• Amaury s'en réclame près de Chartres :
Ses thèses :
• 1/. Tout chrétien a souffert avec le Christ le supplice de la croix
• Transformé en Parfait, incapable de pêcher
• Rachetés définitivement :
• Pas de raison à passer sa vie à expier
• On ne paie pas deux fois une dette déjà honorée.
• 2/. Refuse les sacrements :
• 1 Le baptême : pourquoi effacer le péché originel ?
• 2 L'eucharistie : pourquoi rejouer symboliquement le sacrifice ?
• 3 L'Extrême onction : pourquoi libérer le mourant de ses fautes avant le jugement de
Dieu ?
• 4 La Confirmation : pourquoi confirmer la grâce du baptême ?
• 5 Le mariage : pourquoi sanctifier une union devant Dieu ?
• 6 La pénitence : pourquoi payer pour une dette déja effacée ?
• 7 L'ordre monachiste : pourquoi passer sa vie à la racheter ?
• Combat les professionnels de l'Eglise
• Critique la domination des petites gens par le clergé
• 3/. Un panthéisme
• Critique la conception anthropomorphe de Dieu :
• Dieu est partout, donc nulle part en particulier
• En lui même, mais ailleurs
• Le réel coïncide avec lui.
• Il est en toute chose : corruptible et incorruptible
• Mort et renaissance en permanence
• Disparition du corps du Seigneur après la mort
• Réapparition sous forme du réel
• Vivre, c'est vivre en lui
• Etre au monde c'est vivre en Dieu
• Dieu ? Le Spirituel, ce qu'il est, ce qu'il fait
• Economie du clergé
• Pas de séparation entre Dieu, les hommes, le monde
• Dieu est la nature
• Il réside dans les plaisirs aussi, pas dans leur interdiction
• 4/. Une lecture des allégories de l'Ecriture :
• a). L'Enfer ? l'ignorance : ne pas savoir
• Ignorer le Libre Esprit, c'est vivre en Enfer...
• b). Le Paradis ? Connaître la vérité : savoir
• Vivre dans le Libre Esprit, c'est vivre au Paradis
• c). La Résurrection ? Pas après la mort, sur terre
• Quand on accède à la pleine connaissance en entrant dans le Libre Esprit
• d). L'Amour du prochain ? Pas agapé, mais Éros.
• 5/. Une parenté gnostique :
• a). La grâce suffit
• b). La mort du Christ assure le salut éternel
• c). Vivre sous le signe du 3° temps (pneumatique)
• d). Pratiquer une inversion des valeurs
• e). Demander au corps d'être un allié, pas un ennemi
• f). Etre de fait audelà du bien et du mal
• 6/. Un destin funeste :
• Jean le Teutonique écrit dans ses Sermons :
• Les Amauriciens sont des disciples d'Epicure
• Se comptent par milliers
• 1204 : condamnation par le Pape
• 1207 : mort d'Amaury
• 1209 : 10 amauriciens sur un bûcher, 4 en prison à vie
• On déterre ses os (cimetière St Martin des Champs), on broie ses os qu'on met
aux ordures
• Amour du prochain...
• Mais le Libre Esprit va continuer pendant 4 siècles
Bibliographie :
• Etienne Gilson, La philosophie au Moyenâge, Payot
• Benoît Patar, Dictionnaire abrégé des philosophes médiévaux, Les presses philosophiques
• Nicolas Eymerich, Francisco Pena, Le manuel des inquisiteurs, Albin Michel
• Bernard Gui, Manuel de l'inquisiteur, Les belles lettres
"L'INNOCENCE DU DEVENIR"
Synopsis Bibliographie du cours
OBJET DU COURS :
Trois siècles de pensée du LibreEsprit : XIIIXVI°
Des figures, des thèses, une constellation philosophique
Une thématique d'une extrême modernité :
I Cornelisz d'Anvers et la reprise individuelle des anarchistes (le vol justicier)
II Bentivenga de Gubbio et l'Amor fati de Nietzsche
III Walter de Hollande
IV Jean de Brno et l'amoralisme de Sade ou de Stirner
V Heilwige de Bratislava et l'ascèse mystique et la transgression de Bataille
VI Willem Van Hildervissem de Malines et le tantrisme d'un Foucault...
VII Eloi de Pruynstyck le couvreur d'ardoises
I WILLEM CORNELISZ D'ANVERS (HOLLANDE, XIII°)
A) Ou le salut par la
pauvreté
:
• Pauvreté et christianisme primitif : religion populaire
• Richesses du christianisme d'Etat : religion antipopulaire
• Doctrine de l'Église : pauvreté théorique (pour les autres) faste pour elle.
• L'époque : paupérisation et capitalisme naissant, clergé riche, pauvreté du peuple.
vit avec des tisserands
B) Cornelisz
• Affirme que : "les premiers", etc.. et que : "bienheureux", etc...
• Selon ce principe :
• a) Les riches sont damnés (y compris les riches de l'Église)
• (Critique les indulgences : les dons qui effacent les péchés)
• b) Les pauvres sont sauvés :
• Elle confère grâce et perfection
• Et rend possible toute action pardelà le bien et le mal
• Par exemple : voler un riche ( reprise des
anarchistes)
• La pauvreté légitime une sexualité libre :
Une femme qui ne possède rien a son corps qu'elle
peut donner.
II BENTIVENGA DE GUBBIO (ITALIE, XIII°) Ou l'Amor fati (Un Nietzsche médiéval)
D'abord franciscain (charité, pauvreté volontaire)
Conversation avec Claire de Montfaucon :
Thèses de Bentivenga :
• a). l'action est pardelà le bien et le mal à cause de la grâce
• b). l'enfer n'existe pas
• c). il existe un risque à perdre son désir dans cette vie
Exemple:
La sexualité hors mariage pour le seul plaisir interditelle la communion le
lendemain ?
Non : Dieu fait que le péché n'est pas
Donc : Dieu peut aller contre une décision d'Eglise
Or : tout ce qui advient dans le monde advient selon le vouloir de Dieu.
Rien ne relève de la morale (la tuile qui tombe, la loi de la chute des
corps).
Personne ne choisit d'être ce qu'il est, de faire ce qu'il fait
Ni coupables, ni victimes
Dieu ne peut vouloir le mal, seulement le bien.
Le monothéisme invente le librearbitre pour pouvoir punir.
Le panthéisme exclut cette logique
D'où : absence de remords et innocence du devenir.
Il faut donc :
Pratiquer l'apathie
a)
:
Ne pas participer à la souffrance du Christ ni des hommes
Consentir sereinement au vouloir de Dieu.
Mieux : jouir de ce consentement ( Amor fati).
Jouir de l'impeccabilité
b) :
Grâce et charité installent hors du péché
Il faut agir sans complexe
Dieu écrit notre histoire.
III WALTER DE HOLLANDE (ALLEMAGNE, XIV°) Ou l'innocence
Auteur Des neufs rochers spirituels,
Bréviaire du LibreEsprit. Perdu.
Chefs des Fraticelles et Lollards (libertins)
Banquets orgiaques et parodiques de la Cène et des Messes :
Christ habillé de manière somptueuse (diadème)
Marie rayonnante
Couple primordial qui célèbre le retour à l'innocence édénique
Un prédicateur nu invite les fidèles à faire de même
Restaurer l'ordre adamite
Chants, danses, partouzes philosophiques (cf. Bosch)
IV JEAN DE BRNO (TCHÈQUE, XIV°) Ou l'amoralité (Un Sade médiéval) :
8 ans dans le LibreEsprit, abjure, rejoint les Dominicains...
Parjure, se confesse, échappe à la mort
Et persécute ses anciens amis
Ses
thèses :
a) Panthéisme radical
b) Solipsisme ontologique
c) Nihilisme intégral
d) Innocence du devenir
Mode d'emploi :
Comment devenir et être Frère ou Soeur du LibreEsprit ?
a). Vendre ses biens, les distribuer : pauvreté volontaire
b). Quitter sa femme
c). Solliciter son admission auprès d'un collège :
Pas de gestion théocratique et monarchique du groupe,
Autogestion, communalisme libertaire.
d). Constitution d'un couple : Maître/Disciple :
Apprendre de l'autre, vivre avec lui.
Tunique rapiécée, tête sous capuchon, mendicité...
e). Pratique discrète, secrète : signes de reconnaissance.
f). Code érotique et courtoisie libertine
Contre un Moyenâge misogyne, phallocrate, violent pour les
femmes
Dans le jeu amoureux, l'initiative revient à la femme :
1 Elle pose un doigt sur le nez ?
invite à entrer dans sa maison.
2 Se touche la tête ?
l'homme entre dans la chambre, prépare le lit.
3 Se touche la poitrine ?
Monte dans le lit, premières caresses
4 Pas besoin de signes pour la suite...
g). Pas besoin de se confesser : pas de faute, pas de remords...
Jusqu'ici , le tout venant du LibreEsprit...
Audelà du tout venant :
Casuistique :
On trouve de l'argent
1/. par terre ?
on peut le
prendre
Le propriétaire se manifeste ? On lui
résiste
Il persiste ? On peut l'insulter, le
molester, le frapper, le tuer...
En regard du mouvement panthéiste du
monde, rien n'est bien ou mal...
On désire un partenaire
2/. ?
tout est possible
Un seul membre du LibreArbitre suffit
Sexualité absolument libre
Un enfant est conçu ? On peut s'en
débarrasser...
Infanticide ou éducation d'un enfant :
audelà de la morale
Pas de librearbitre : la pure
nécessité
Pas de choix : aucune responsabilité
Pas de faute : pas de culpabilité
Ce qui advient ne peut pas ne pas
advenir
V HEILWIGE DE BRATISLAVA (HOLLANDE, XIV°) Ou la mystique païenne (Une Bataille médiévale (!))
béguins, béguines et béguinage
a). Considérations sur s:
Pauvreté volontaire, mixité, pas de voeux
Paupérisation et microcommunautés de résistance
Évangélisation
Mélange de pauvres et de riches tentés par la pauvreté volontaire
Succès considérables dans les villes
Enterrements gratuits (une manne qui échappe à l'Église)
Apparition de libertinage dans certains béguinages...
b). Heilwige s'active dans l'Union des Filles d'Udillynde
Dénoncée par 16 soeurs, procès en Inquisition
1/. Pratiquent ascèse païenne :
Mortifications : fouets, cilices...
Humiliations : à terre pour qu'on les piétine
Privations : faim, soif, sommeil
2/. Une dialectique ascentionnelle :
Négativité nécessaire pour devenir pur.
Nier le corps pour l'affirmer.
3/. Une généalogie de la purification :
Plus elles sont descendues bas, plus elles montent haut
Construction d'un esprit subtil :
Elles ont manqué ? elles peuvent prendre
Elles ont souffert ? Elles peuvent jouir...
4/. Une logique de l'excès et de la transgression :
L'excès donne la mesure
Manger ? oui, mais de la viande à Pâques...
Boire ? oui mais de l'alcool sans limite
Coucher ? oui, mais tout le temps, partout, pendant les sermons.
VI WILLEM VAN HILDERVISSEM
(XV°,
BELGIQUE) Ou le tantrisme hédoniste (Un Foucault médiéval)
Sa communauté : Les hommes de l'intelligence.
déjà une vallée de larmes
a). La vie est
(Guerre de 100 ans, famines, peste un tiers de la population a disparu,
etc...)
b) Pourquoi
ajouter du négatif
à la négativité ?
1/. La sexualité permet de construire un paradis sur terre
La relation sexuelle ? Le plaisir du paradis ou l'acclivité
Toute pratique sexuelle élève.
2/. Willem pratique sans émission de sperme (cf. taoïsme)
A l'époque, la femme est "un réceptacle d'excréments"
(cf. Duby, Dames du XII°. Eve et les prêtres).
3/. Une érotique féministe : souci de la femme
Evitement des procréations
Antithèse des positions de l'Eglise.
VII ELOI DE PRUYNSTICK (XVI°, PAYSBAS) Eloi le Couvreur d'ardoises
Pratique une exégèse des Écritures :
Découvre approximations, erreurs, invraisemblances, contre sens
Rencontre Luther pour une confrontation
Lui soumet ses thèses :
a). Chaque homme dispose du St Esprit : sa raison
b). Chacun sera sauvé, indépendamment de ses actes : la grâce.
c). Enfer et damnation n'existent pas : justice et miséricorde de Dieu.
d). La chair périt : l'âme dure éternellement en Dieu
e). La religion enseigne des fariboles : l'esprit seul importe, pas la
lettre
D'où un éloge de l'interprétation.
Et : l'impératif catégorique hédoniste :
Fais à autrui ce que tu voudrais qu'il te fasse...
Fondement d'une éthique jubilatoire...
CONCLUSION(S)
a). Destruction physique systématique :
Willem Cornelisz : cadavre exhumé 4 ans après sa mort et brûlé
Bentivenga de Gubbio : prison à vie
Walter de Hollande : brûlé avec une cinquantaine de disciples (noyés et
brûlés)
Jean le Tisserand : brûlé avec une quarantaine de disciples
Eloi de Pruynstinck : arrêté, torturé, brûlé
Quintin Thirry : décapité avec trois de ses amis..
b). La résistance au christianisme d'Etat se poursuit :
Après les gnostiques et le LibreEsprit
Un courant inattendu : le christianisme épicurien...
Bibliographie :
• Raoul Vaneigem, Le Mouvement du LibreEsprit, Ramsay. Réédité chez L'or des fous : Réédition
augmentée d’une nouvelle préface de l’auteur, d’une notice biographique et d’une
bibliographie inédites de Shigenobu Gonzalvez (à paraître le 5 mars 2005)
• Georges Duby, Dames du XII° siècle. Eve et les prêtres, Gallimard.
• Luc Richir, Marguerite Porète. Une âme au travail de l'Un, Ousia.
• Le Goff, Un autre Moyenâge, Quarto Gallimard.
Wilhelm Fraenger, Le royaume millénaire de Jérôme Bosch, Ivréa.
• Et :
• Stirner, L'unique et sa propriété, Stock.
• Sade, La philosophie dans le boudoir, Folio.
• Nietzsche, Pardelà le bien et le mal, Poche Pluriel.
• Bataille, L'érotisme, 10/18.
• Foucault, Dits et écrits, tome IV, Gallimard.
"Mais où sont passés les épicuriens ?"
Synopsis Bibliographie du cours
RAPPEL : CONTRE HISTOIRE PHILOSOPHIQUE
a) Premier temps, première année, premier séminaire :
Abdéritains, cyniques, cyrénaïques, sophistes :
Débouchent dans Epicure qui produit l'épicurisme campanien.
Résistances à l'idéalisme platonicien.
b) Deuxième temps, deuxième année, deuxième séminaire :
Construction du christianisme et résistance au christianisme
Rôle majeur de l'épicurisme
Quid d'Epicure depuis Jésus ?
1/. L'EMPIRE TOTALITAIRE CHRÉTIEN :
a). Le volontarisme politique :
Loi, police, armée, force publique
Idéologie officielle
Destruction même dans le christianisme de ce qui dévie
Destruction des bibliothèques
Persécution des penseurs païens
Interdiction des écoles philosophiques
Impossibilité des sagesses alternatives
b). Contingences matérielles :
Fragilité des supports
Chances, malchances.
2/.
QUELQUES DISPARITIONS, POUR MÉMOIRE :
a). Les matérialistes
abdéritains
:
Le grand système du Monde et Sur le bien être de Démocrite
b). Les
cyniques
:
10 volumes d'Antisthène
Traité d'éthique de Diogène
cyrénaïques
c). Les :
Aristippe et son traité Sur la vertu.
d). Epicure et les épicuriens :
Les 300 volumes d'Epicure...
Ou Métrodore : Sur l'acheminement vers la sagesse
Sans parler de ceux dont le nom même a disparu.
3/. LE SYSTÈME TOTALISANT D'EPICURE :
a) A écrit
sur tout
:
Ethique : choix, refus, les fins, l'action juste
Physique : atomes, vides, nature
Epistémologie: images, simulacres, sensations
Politique : justice, royauté
Esthétique : musique, poésie
b )
Alternative
aux sagesses :
Idéalistes, spiritualistes, dualistes, ascétiques
Donc chrétiennes
c) Pensée emblématique de
ce qu'il faut détester
:
Hédonisme
Matérialisme
Irréligion
Christianisme : Epicurisme :
Amour de la vie
Excellence de
Pulsion de mort l'icibas
Vérité d'un arrièremonde Sagesse du corps
Mépris de la chair Goût pour les
Passion doloriste plaisirs
Crainte des châtiments Pas de dieux
Catastrophe du péché originel vengeurs
Absence de
culpabilité
4/. LA SURVIE D'ÉPICURE :
a). Connu par ses ennemis : Cicéron, Plutarque
b). Mais aussi par Diogène Laërce, Vie et sentences(..) livre X
Où sont les Trois lettres, les Sentences capitales.
Confusion histoire de l'épicurisme, histoire de D. Laërce.
Du VI° au XIV° : circulation de manuscrits, de copies.
Autour de 1450 : invention de l'imprimerie
1472 : 1° traduction latine
1533 : 1° édition princeps (Bâle, Frobénius)
c). Pour
Lucrèce
:
Sauvé peutêtre par sa réputation de grand poète
La forme fait passer le fond au second plan...
Manuscrits copiés en Gaule, en Irlande
1417 : Poggio Bracciolini retrouve le texte en Italie
La rareté rend la diffusion difficile
Mais si le contenu avait résisté, danger de l'enseigner...
5/. LA SURVIE DE L'ÉPITHÈTE :
a). Le terme sert à
insulter,
flétrir
:
Dès les pourceaux de Horace
Le Jardin passe pour un lieu de perdition dès son existence
Et Epicure pour un parangon de monstre :
(Grossier, buveur, glouton, cupide, souteneur, voleur d'idées, libidinal,
prostitue son frère...
b). Dans le
Talmud
:
a) Les rabbins stigmatisent les Sadducéens sous le terme épicurien
Les Sadducéens :
Rivaux des Pharisiens
Nient l'immortalité de l¹âme
Refusent la résurrection des corps
Se méfient des mouvements messianiques
b) Michna (hébreu, Palestine) et Guemara (araméen) :
Parlent de l'Apikouros l'épicurien
Pour critiquer non pas l'athée,
Mais celui qui croit que Dieu ne juge pas
Car sans jugement de Dieu, la religion est impossible
Négation de la Providence
c). Dans la
Patrologie
:
a) Simon et Carpocrate : épicuriens selon Irénée de Lyon
Tertullien (Le mariage unique) assimile sadducéens / épicuriens.
b) Certains reconnaissent la vie droite et sainte d'Epicure
Mais tous attaquent sa conception immanente du monde
Epicure met en péril la vision du monde chrétienne
Donc le pouvoir chrétien sur le monde.
d). Référence positive : les
Carmina Burana
.
1/. Malgré scolastique et amour courtois (culte marial)
Persistance de la tradition épicurienne
Pas littéraire ou philosophique, mais populaire
Dans la chanson, les poèmes (238 entre le XI° et le XIII°)
Retrouvés dans une Abbaye de HauteBavière en 1803
2/. Poésie des Goliards :
Étymologie : incarnation du diable,gueule, art de tromper...
Étudiants fauchés, buveurs, artistes errants, polémistes, bouffons,
jongleurs...
Condamnés par les Conciles locaux
3/. Thématique épicurienne :
Dans l'esprit des Élégiaques
a) Aiment Bacchus et Vénus
b) Ne détestent pas Dieu,
Mais l'Eglise ceux qui s'en réclament :
Prêtres, évêques, moines, Pape
c) Critiquent les riches, les seigneurs
d) Vantent : Pauvreté, jeu de dés, taverne, amitié, chanson,
versification, printemps, femmes, sexualité ludique...
"Obéissons à nos désirs, c'est là un comportement de Dieux".
4/. Persécutés par l'Eglise :
N'aime :
ni leur ironie, leur liberté d'esprit,
ni leur vagabondage, leur mendicité
Disparaissent fin XIII°
Goliard signifie dès lors : trompeur, railleur
Et dans le langage judiciaire : tenancier de maison close...
La Divine comédie
e). Dans :
a) Écrite entre 13071321
Publiée en 1472, 250 ans après la mort de Dante
b) Dans l'Enfer (X.1315), au 6° cercle,
Celui des hérétiques : Epicure et les épicuriens
Expient leur négation de l'immortalité de l'âme
Dans des tombes noyées de flammes
c) Certains passent pour épicuriens, ignorent jusqu'au nom d'Epicure
L'épicurisme persécuté devient de fait une philosophie de combat, une
machine de guerre antichrétienne.
7/. RENAISSANCE ET SORTIE DU MOYENAGE :
latin domine moins
a). Le sûrement
Retour du grec, donc des philosophes et historiens grecs
Platon, Homère, Thucidyde, pas Démocrite, Diogène, etc...
Potentialités païennes
Préchrétiennes, donc possiblement postchrétiennes
b).
L'imprimerie oblige
à plus de science
Herméneutique, établissement des textes
Suppression des copies fautives
(Volontairement ou non)
Établissement des textes : orthographe, ponctuation, style, prosodie...
Recours à l'archéologie, à l'épigraphie, à la numismatique
Découverte des peuples nonbibliques
c). Modifications de
la forme
:
1/. L'exposé scolastique (cf. Somme théologique) :
a) architecture carcérale de l'exposé
Ralentissement de l'intelligence dans des chicanes
b) Logique codifiée de l'exposition :
Questions, articles, objections, réfutations, réponses,
solutions
c) Dialectique en trois temps (Ste Trinité)
d) Citations surabondantes d4autorités : Bible et Aristote
e) Questions extravagantes :
"Yatil en Dieu composition d4essence ou de nature et de
sujet ?"
2/. Exposition
plus fluide
:
a) Façons moins rebutantes d"exposer :
Traité, Dialogue, Essai, Epître, Lettre, Discours
b) Désir d"échanger, de transmettre, de partager
Et non formulation qui nécessite un maître pour verrouiller
l'interprétation
c) D'où un rapport direct possible avec les textes
Sans médiations, pas de contraintes idéologiques
3/. Changements de
fonds
:
a) Les questions célestes disparaissent:
Vie des Anges
Nature de Dieu
Mystères : Virginité, St Trinité, Eucharistie
b) Les questions terrestres apparaissent :
Place de l'homme dans la nature
Influences qui déterminent les hommes
Destin, astres, fortune, librearbitre
Réinvestissement des questions politiques
On s'occupe moins de Dieu, plus des Hommes
Le Moyenâge disparaît
Donc : le christianisme recule
Et viceversa...
CONCLUSIONS
a). Le Christianisme persiste tout de même...
Permanence de l'Inquisition
Pour mémoire : persécutions du Libre Esprit
1600 : Giordano Bruno brûlé sur le Camo Dei Fiori
1619 : Vanini, prince des libertins,
Auteur de l'Amphithéâtre de l'éternelle providence
Torturé, brûlé, cendres dispersées à Toulouse à l'âge de 34 ans
b). Mais l'épicurisme apparaît nettement, retour en force sur le devant de la scène
philosophique
Avec un philosophe chrétien : Lorenzo Valla...
Bibliographie :
• Dante, La divine comédie, trad. Jacqueline Risset, Garnier Flammarion.
• Geneviève RodisLewis, Epicure et son école, Idées Gallimard
• Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, La Pochothèque
• Carmina Burana, Imprimerie nationale, trad. Etienne Wolff
• Omar Khayyâm, Robâiyât, trad. Hassan Rezvanian, Imprimerie nationale
• Régis Debray, l'Ancien testament, le Nouveau testament, Presses de la Renaissance
"Enfin Lorenzo Valla vint..."
Synopsis Bibliographie du cours
1/. LORENZO VALLA (ROME 14071457)
Apparaît dans le climat renaissant
a). Son statut dans l'histoire officielle de la philo :
• L'absence pure et simple
b). Les réductions à des morceaux de luimême :
• Le latiniste puriste : Élégances de la langue latine (14351444)
• Le rhéteur brillantissime : Dissertations dialectiques (1439)
• L'apparent antichrétien : La donation de Constantin (1442)
• Le philologue
c). Mais jamais philosophe...
d). Malentendus biographiques :
1) L'épicurien pas chrétien :
• Libertin dissimulé, athée masqué, cynique vulgaire
• Lecture partielle des trois discours du De voluptate
• Thèse habituelle : le libertin écrit entre les lignes
2) Le chrétien pas épicurien :
• Catholique, apostolique et romain
• Ce qui apparaît à la lecture du Dialogue sur le libre arbitre
• Mais que faire du De voluptate ?
3) Jamais le chrétien épicurien :
• Ce qu'il est...
• Lire l'oeuvre complète et non isoler un livre
• L'ensemble fait un philosophe chrétien et épicurien
2/.
LE PHILOSOPHE DONC
LA PHILOSOPHIE :
a). Mauvais caractère : tempérament, fougue
• Colérique, nerveux, sanguin, atrabilaire, hypersensible
• Fazzio écrit dans ses Invectives :
(1) port de tête altier,
(2) verbe rapide,
(3) abondance de gestes,
(4) précipitation dans les mouvements
• Amitiés rompues après polémiques
• Ex : Fra Antonio da Rho (personnage du DV, interlocuteur chrétien
vieil ami de Milan) et le pronom quisque.
•
Se fâche avec :
• Théologiens et prédicateurs : Antonio BISTONTO
• Juristes : BARTOLE
• Membres de la Curie : pape (EUGÈNE IV) et son secrétaire
(Antonio LOSCHI)
• Bibliothécaire, conseiller culturel : PANORMITA
• Universitaires humanistes : Poggio BRACIOLINI
• Exil, risque sa peau, échappe à des passages à tabac
b). Soldat chrétien épicurien :
• Polémique, combat pour la vérité
• Ne ménage personne
(1) Brillant dialecticien,
(2) bretteur élégant,
(3) orateur hors pair,
(4) subtil rhéteur
c). Philosophe engagé, militant et entier :
• S'il campe un épicurien ? il est emblématique, limite caricatural
• Même chose quand il décrit le paradis : une carte postale...
• Pas un libertin...
3/. LA DONATION DE CONSTANTIN :
a) Titre véritable : Discours sur la Donation de Constantin à lui faussement attribuée
et mensongère
1 Date : 1442 : il a 35 ans
2 Publie sous son nom
3 Thèse : l'Église tient son pouvoir temporel d'un faux fabriqué par elle.
4 Démonstration : avec une méthode historique et scientifique
5 La science contre la théocratie
b) Thèse de l'Eglise : Constantin donne l'Empire à la Papauté
• Un texte fait foi
• Le pape, Sylvestre 1° obtient :
1 Rome, l'Italie et l'Occident
2 Les quatre sièges principaux : Antioche,
Alexandrie, Jérusalem, Constantinople.
3 Le Palais du Latran, St Pierre, les
insignes impériaux
• Comment rendre à Dieu ce qui appartient à César...
c) Critique et démontage de Valla :
1. Le latin du texte est mérovingien (période tardive) :
Soit 4 siècles plus tard
2. Certains mots n'existent pas au IV° mais plus tard :
Les satrapes par exemple...
Ou Constantinople : pas encore construite...
3. Contre sens, faux sens et invraisemblances :
a) Constantin qui a toujours voulu l'unité de l'Empire le brade ?
Sylvestre n'aurait pas accepté : c'était un Pape honnête
Qui croyait à la distinction entre Dieu et César
b) S'il avait accepté ?
Il y aurait eu une monnaie frappée
La numismatique témoigne : il n'y a pas eu de pièces...
c) Thèse de Valla : faux
fabriqué au VIII° pour légitimer le coup d'Etat
permanent de l'Eglise sur l'Empire chrétien depuis Nicée.
d) Conséquences de ce livre :
• Eugène IV et la Curie projettent de se venger
• Déguisé, Valla s'enfuit par Ostie, Naples, Barcelone
• Atterrit à la cour d'Alphonse d'Aragon, Roi
• Avait écrit une Histoire du Roi Ferdinand Roi d'Aragon
• Pas assez hagiographique au goût de son fils Alphonse
• Revient en Italie (Alphonse devient Roi de Naples et de Sicile)
• Le pape meurt, son successeur (Nicolas V) lui permet de rentrer à
Rome
• Devient... rédacteur puis secrétaire pontifical.
4/. DÉCONSTRUCTION CHRÉTIENNE DU CHRISTIANISME :
a) Valla a travaillé contre le Pape,
Critique ses travers :
(1) guerrier,
(2) s'enrichissant sur le dos des pauvres
pas contre le christianisme
b) Mais :
1) Veut rendre au christianisme son sens premier :
• Mieux : il a travaillé pour lui, pour la vérité
• Etre au côté des pauvres, des misérables
2) Critique la prétention des moines à être les seuls chrétiens
• Dans De la profession religieuse (1440)
• La vraie foi ? Pratiquer les Évangiles
• Et les vertus théologales : Foi, Espérance et Charité
c) Critique la scolastique :
• Dans Disputations dialectiques (1439)
• La philosophie ? Amour de la sagesse : donc du Christ
• Inutilité de l'aristotélisme : syllogismes, dialectique, etc..
• Critique philosophique de la philosophie
• Si l'Eglise avait entendu, Luther improbable ?
5/. LA FOI DE VALLA :
a) Valla croit, mais en fidéiste
• Critique de la raison pure
• Limites de l'analyse
• Excellence de la foi seule
• Dieu ? etc... Des mystères...
b) Il pourrait recourir à la démonstration :
1. Professeur de rhétorique (Pavie, 1429 à 1433)
2. Orateur dans les joutes d'érudition philologiques (Naples, cour
d'Alphonse en 1435144)
3. Latiniste hors pair :
• Auteur des Élégances de la langue latine (14351444)
4 Enseigne la rhétorique à Rome (1450)
• Il pourrait utiliser cette arme
• Il y renonce
c). Son engagement chrétien ?
1/. Manifeste dans Dialogue sur le libre arbitre (vers 1433)
• Antonio Glarea et lui sur :
• prédestination et liberté
• déterminisme divin et prescience de Dieu
• (In)existence du LibreArbitre
• Rhétorique époustouflante
• Renonce à répondre aux questions sans réponses
• Croyance et foi suffisent
2/. Thèses du dialogue :
A/. DÉTERMINISME ET LIBRE ARBITRE :
a) Si Dieu sait tout, peut tout, etc...
Quelle place pour la liberté des hommes ?
b) Pas de liberté ? Pas de responsabilité, ni de
culpabilité
Pas de punition possible...
c) Dieu veut tout, mais pour que l'homme soit
coupable,
il faut le doter d'un librearbitre
d) Sinon, totalement déterminés, comment se
modifier ?
Si le fatalisme est intégral
A quoi bon une vie chrétienne ?
B/. PRESCIENCE ET PRÉDÉTERMINATION :
a) Dieu sait ce que les hommes vont faire
Mais les hommes sont libres d'agir comme ils
veulent
b) Dieu prévoit nos actes
Mais ces actes ne sont pas nécessaires pour
autant
c) Prédire n'est pas prévoir:
Quand Dieu prévoit un événement
Il n'en est pas la cause
d) Prédire n'est pas provoquer :
Dieu sait ce qui va advenir
Mais il ne le veut pas
e) Pressentir n'est pas provoquer
La cause de ce qui advient ? Le libre arbitre
Dieu ne veut pas l'usage que les hommes en
font
Mais son pouvoir suppose qu'il sache ce qu'ils
vont en faire
C/. SUITE DU DIALOGUE :
a) Antonio n'est pas convaincu
b) Il souhaite aborder alors la question du
vouloir de Dieu
Valla refuse de poursuivre
car il n'existe pas de réponse à cette
question
Le moteur de Dieu ? un mystère
Les anges l'ignorent euxmêmes...
La foi suffit...
c) L'humilité doit supplanter l'orgueil
philosophique
Valla expérimente les limites de la raison
Ignorer les motifs de Dieu n'empêche pas de le
servir
Foi dans le Christ,
Humilité et charité préférables à volonté de
savoir
Permanence chrétienne de l'interdit sur l'Arbre
de la connaissance
CONCLUSIONS :
• Valla est chrétien, sans aucun doute
• Épicurien aussi : prochaine séance
• Afin de préciser les contours de ce christianisme épicurien
BIBLIOGRAPHIE :
• Lorenzo Valla, Dialogue sur le libre arbitre, Vrin
• Lorenzo Valla, La donation de Constantin, Les Belles Lettres
• Anthony Grafton, Faussaires et critiques, Les Belles Lettres
• Leo Strauss, La persécution et l'art d'écrire, éd. de L'éclat
"Un christianisme épicurien !"
Synopsis Bibliographie du cours
1/.
HÉDONISME ET CHRISTIANISME :
a). Pas besoin d'être athée pour être hédoniste (cf. épicurisme)
b). Dieu(x) et plaisir pas obligatoirement contradictoires
c). De la possibilité d'un christianisme épicurien
• Difficultés de l'oxymore
• Catégorie impensable dans l'histoire officielle
2/.
VALLA (1407/1457) :
PREMIER CHRÉTIEN ÉPICURIEN
a) Chrétien (Cf. Le libre arbitre, 1433)
b) Et épicurien (Cf. De voluptate,1431)
3/. DE VOLUPTATE :
a) 1431 : Valla a 26 ans
• Première apparition d'un CE :
• l'année du procès de Jeanne d'Arc...
• L'année suivante, change le titre : Du vrai et du faux bien.
b). Structure du texte :
Trois dialogues :
1. Leonardo Bruni : un stoïcien
2. Antonio Beccaldi : un épicurien
3. Niccolo Nicolli : un chrétien épicurien
• Logique des trois temps, lire la totalité
• Dialectique trinitaire
• Dante va de L'enfer au Purgatoire avant d'arriver au Paradis...
PREMIER DISCOURS LEONARDO BRUNI LE STOICIEN :
a). Identification de la Vertu, fin en soi, au souverain bien
b). Ascétisme héroïque : honneur, gloire et suicide
c). Critique de leur tristesse :
• La vertu est inatteignable : généalogie de frustrations
• (Critique possible d'un christianisme castrateur...)
d). Critique de leur dissociation vertu /transcendance :
• Inexistence d'un Dieu séparé
• Dieu identifié à la nature
• Incompatibilité panthéisme stoïcien et théisme chrétien
2° DISCOURS ANTONIO BECCALDI L'ÉPICURIEN :
Antonio, personnage historique : libertin, poète...
Et personnage conceptuel...
a). Critique des thèses stoïciennes :
Reprise du topos classique :
Stoïcisme Epicurisme
• austérité • Joie
• ascétisme • Plaisir
• Héroïsme • Sérénité
• Apathie • Ataraxie
• honnestas • Voluptas
• Cicéron • Epicure
• Sénèque • Lucrèce
• Moralité • Débauche
b). Le souverain bien ?
Le plaisir est l'Utile
Plaisir est en accord avec la nature (animaux et enfants)
Le plaisir doit guider la vertu (contre le stoïcisme)
La vertu est associée à la Joie.
On est vertueux par intérêt, satisfaction à l'être
c). Les plaisirs ?
1/. La tradition oppose : ceux du corps, ceux de l'âme
a). Malhonnêtes : pourceaux, grossièreté, libertins...
b). Honnêtes : contemplation, amitié, conversation
2/. Antoine, lui, défend tous les plaisirs ou presque :
a). Les habituels : éloge des 5 sens
Déplore qu'il n'en ait pas 500...
b). De plus inhabituels :
Amour libre entre personnes consentantes :
Adultère, fornication
Critique de la virginité
Entre frères et soeurs
Entre religieux et laïcs
Prône la communauté des femmes
d). L'éthique ?
a). Hommes et animaux, semblables sur l'essentiel :
Une constitution matérialiste
Ame corruptible, détruite après la mort
Rien après la mort...
D'où un éloge de l'instant, profiter de la vie...
b). Eloge de l'obéissance par intérêt :
Satisfaction supérieure à éviter les déplaisir qu'à transgresser
3° DISCOURS NICCOLO NICOLI LE CHRÉTIEN ÉPICURIEN
:
a). Consent à l'association Vertu/ Plaisir
Idem : vertu /utilité, intérêt
b). Le plaisir est utile dans la relation à Dieu
L'espérance comme occasion de bonheur
c). Le christianisme épicurien retient d'Epicure :
1 L'excellence du plaisir (mais pas ataraxique, cinétique)
2 L'utilitarisme éthique :
Aimer Dieu pas par devoir (manière stoïcienne)
Mais pour le plaisir de sa proximité (manière épicurienne).
3 La méthode ascétique :
Se libérer des passions tristes
Eviter les jouissances qui aliènent
Donner au corps ce qui ne le trouble pas
d). Le Christianisme ajoute :
Libérer en soi la part spirituelle pour connaître le plaisir icibas
Le plaisir de la proximité avec Dieu ici bas préfigure le vrai plaisir céleste
e) Description du Paradis :
Cf le corps glorieux de St Augustin
a) Un anticorps :
b) Au ciel on s'affranchit des éléments :
Voler, marcher dans les airs
Se déplacer à des vitesses sidérales
Parcourir des vastitudes en des temps records
Ignorer la fatigue
Ne pas souffrir du froid et du chaud
Marcher sur les fleurs sans les abîmer
Vivre sous l'eau comme des poissons
Circuler entre les nuages
Régler les vents...
c). Sur terre, dans le temps
Au ciel : dans l'éternité
f) Le paradis sur terre ?
1/. La pratique des vertus théologales :
a). Foi : croire en Dieu
b). Espérance : attendre avec confiance le paradis
c). Charité : pratiquer l'amour du prochain
2/. Valla atil cru à ce paradis ?
a). Comme mystère de la foi
b). Comme idée de la raison
(cf. peinture du Quattrocento)
Foi et Espérance permettent cette croyance
RÉCAPITULATION :
a). Chrétien dans :
La croyance aux mystères
La Foi supérieure à la Raison
Localisation du souverain bien dans un arrièremonde
b). Épicurien dans :
L'éloge du plaisir
Et de l'intérêt, puis de l'utilité
c). Chrétien épicurien :
Dans l'association religion /Plaisir
L'un justifiant l'autre
LE DEVENIR DU CHRISTIANISME ÉPICURIEN
a). Naissance avec le De voluptate de Valla en 1431
b). Suite avec Marsile Ficin : De Voluptate (1457)
c). Puis avec Erasme : Le Banquet religieux (1522)
Et : L'Epicurien (1533)
d). Montaigne : Les Essais (15601595)
e). Deux siècles plus tard avec Gassendi :
Vie et moeurs d'Epicure (1649)
Système de la philosophie d'Epicure (1649)
LE CAS MARSILE FICIN
1 .
Réputation classique
de platonicien :
a) Traduit :
Les dialogues de Platon
Les Ennéades
PseudoDenys
b) Écrit :
Théologie platonicienne (1482)
Les platoniciens pourraient presque y être dits chrétiens
Un Commentaire sur le Banquet de Platon (1488)
c) Influence :
Avec son Académie platonicienne
Audelà de la seule philo : cf. Ange Politien et Botticelli
2. Examen de
son épicurisme
:
a). A 24 ans écrit De Voluptate (avec plaisir ditil à Antoine...)
b). Sa correspondance : influence d'Aristippe et d'Epicure
(lettres supprimées dans l'édition Kristeller !)
c). Un commentaire de Lucrèce en 1457 aussi
Détruit par le feu...
Hypothèse classique : crise spirituelle, ressaisissement chrétien...
Ma thèse : Opportunisme de carrière
Devient d'ailleurs Chanoine de la cathédrale de Florence (1487)
3.
Examen du
De voluptate
:
enjeux et questions classiques antiques
a). Exposé des
Définitions de Platon (Philèbe)
Critiques d'Aristote (Nicomaque)
Positions sceptiques, stoïciennes, cyrénaïques
Thèses de Démocrite, Eudoxe, Aristippe, Épicure
b).
Pas de critique
du plaisir en soi
Eloge relativement à son usage : modéré
Hiérarchisation des plaisirs en fonction de leur utilité chrétienne
Classement des cinq sens : éloge de la vue et de l'ouïe
Perspective synthétique
c). chrétienne :
1). Théologie de Platon : pureté platonicienne
1). Tranquillité épicurienne : ascèse
2). Cosmogonie du Timée : triangles platoniciens
2). Cosmogonie des Lettres à Pythoclès et Hérodote : atomes
3). Théorie de la vénus lucrétienne : principe vital, souffle, cause des
agencements
3). Ame du monde platonicienne...
brûle son Commentaire.
4/. Marsile Ficin ..
a) Laurent le Magnifique meurt, son protecteur
Se retire à la campagne
b) Dans Les trois livres de la vie
Mélange mythologie, christianisme, astrologie, hermétisme, alchimie
c) Eloge de la vie saine indexée sur la nature, le soleil :
Se lever avec lui, en profiter
Eviter vin et viande de boeuf, gibier
Eviter fromage fermenté, lentilles, moutarde...
Eviter les passions tristes : la colère, l¹envie, la jalousie...
Recourir fréquemment aux bains
Ecouter de la musique
Se promener dans la nature
Vivre à l'air libre
Conjurer l'ombre, chercher la lumière
Se nourrir de jaunes d'oeuf (or du soleil...)
Ce chrétien vit en épicurien !
d) En 1497, 3 ans avant sa mort, publie : Des mystères de Jamblique à Venise
Y ajoute son De voluptate
40 ans pus tard, fidèle à ses engagements épicuriens de jeunesse...
A venir les deux séances :
le moment érasmien de ce christianisme épicurien
BIBLIOGRAPHIE :
• Saint Augustin, La cité de dieu, Pléiade
• Séverine Auffret, Aspects du paradis, Arléa
• Jean Delumeau, La civilisation de la renaissance, Arthaud
• Pétrarque, La vie solitaire, Rivages poche
• Michale Andrew Screech, Le rire au pied de la croix, Bayard
• Valla, On pleasure, Abaris, NewYork
• R.O.Kristeller, Huit philosophes de la Renaissance italienne, Droz
"Erasme, l'Epicure christique"
Bibliographie
Synopsis
du cours
1/. DIDIER ERASME DE ROTTERDAM (14671536)
a) Considérations biographiques :
Naissance hors mariage, orphelin à 13 ans
Destiné à la prêtrise par ses tuteurs
Moine, santé chétive,
Devient secrétaire d'un évêque, puis religieux libre...
Etudes à la Sorbonne, précepteur
Ami de More, familier des puissants, mais homme libre
Connu pour son Eloge de la Folie
Auteur de 56 Colloques
Figure de l'intellectuel européen
Humaniste emblématique
b) Influencé par Valla :
a) Reconnaît sa dette dans la correspondance
Même passion pour latin, philologie, établissement des textes
b) 1505 : Annotations sur le Nouveau Testament de Valla
Découvert à la bibliothèque de l'abbaye Norbertine de Parc (près de Louvain)
c) Rédige 2 paraphrases des Élégances de la langue latine
d) 1522 : Essai sur le libre arbitre
2/. SON RIRE ÉPICURIEN ET CHRÉTIEN :
1511 : Eloge de la folie
Thèse : le christianisme authentique : une sage folie
Ironie, humour, paradoxe, rire
A/ Célèbre la folie :
Perpétue l'espèce humaine
Fait le bonheur de la vie
Prolonge l'enfance
Retarde la vieillesse
Anime de désir les relations sexuées
Nécessaire à l'amitié
Soutient le mariage
Inspire les exploits guerriers
Génère les arts
Rend la vie supportable
Met du piment dans les banquets
Mieux vaut être fou que sage
Folie des bouffons, marchands, théologiens, philosophes, femmes,
courtisans
Mais aussi : prêtres, moines, évêques, cardinaux, pape, rois...
B/ Son anticléricalisme :
Prêtres complices de la misère des pauvres
Papes guerriers, aimant luxe et argent
Moines paillards
C/
Son christianisme :
a) Qui est épargné ? Le Christ
Sa parole, son exemple, son enseignement, son témoignage, sa vie, sa
douceur
b) Mais pas ceux qui s'en réclament
c) Le Christ contre l'Eglise et le clergé (cf. Valla)
Réformer l'Eglise pour sauver l'Eglise.
D/ Son hédonisme
:
a) Livre connu mais pas lu
Se termine par un éloge de l'ascèse qui conduit au plaisir
(Joie, félicité suprême, vie bienheureuse, béatitude, océan de bonheur
intarissable...)
b) Union mystique en Dieu et jubilation absolue
Folie de l'amour de Dieu et du Christ
c) Folie de la haine du corps
Le plaisir ? En vivant les Évangiles
Peu importent :
Les menaces des prêtres
Les prières des moines
Les diktats du pape
Seule compte la vie dans l'Imitation
3/. LE COLLOQUE
L'ÉPICURIEN
:
a) Écrit en 1533
b) L'un des 56 colloques
c) Thèse : le summum de l'épicurisme ? Le christianisme
Et vice versa
Satisfaire les désirs naturels et nécessaires
Renoncer aux autres
Réaliser : paix mentale, sérénité identifiable au souverain bien
Le plaisir ? Vivre en chrétien
Réhabilite Epicure en philosophe austère et pur
d) Quid des Colloques ?
Une forme philosophique inventée par lui
Sur le principe du dialogue socratique :
1 Exercices pour apprendre le latin
Méthode pédagogique révolutionnaire
2 Relation maîtredisciple suivie, personnalisée
3 Théâtralisation, mise en scène du dialogue
4 Aborde un large spectre intellectuel :
Le mode de vie préférable (vie conjugale, état monastique)
La dignité des femmes
L'injustice des guerres
Le mensonge
L'éducation des enfants
L'alchimie
5 Édification spirituelle :
Transmission d¹une éthique, d¹une morale, d¹une sagesse, d¹une
philosophie
e). La religion dans les Colloques :
A/. Critique :
Les reliques
Le jeûne
Les pèlerinages
Les saints
La vierge
La confession
Les indulgences
Les moines
Les voeux :
Pauvreté : parasitisme
Chasteté : vices contrenature
Obéissance : servitude
B/. Propose :
Retrouver la foi des origines
Agir en regard de l'esprit évangélique
Lire directement les textes sacrés
Préférer la Patristique à la Scolastique
Critique le catholicisme, mais en chrétien
Pointe les défauts de l'Eglise, mais pour la sauver,
Et au nom du Christ
C/. Analyse du dialogue :
1 Hédon l'Épicurien (recherche le plaisir)
Et Spudée le Stoïcien, l'homme sérieux.
Pour Hédon : la vie heureuse ? Le moins de tristesse, le plus de volupté.
Plaisir identifiable au Souverain bien et à Dieu
2 Le plus chrétien ? L'épicurien
Et vice versa.
La vie au jardin d'Epicure, une vie de Chrétien.
3 La pire misère ? La mauvaise conscience
Le comble de la félicité ? Une conscience tranquille
Le plus misérable ? L'impie
La faute ? Ce qui trouble l'amitié entre Dieu et les hommes.
(pénitence et charité rachètent cette faute)
L'ataraxie chrétienne ? Tranquillité d'âme, rien à se reprocher
4 Le plaisir d'être chrétien :
Vivre comme le Christ : plaisir suprême
Personne ne vit de manière plus douce que l'homme pieux
Eloge du franciscain dépouillé de tout
A renoncé à ce qui mobilise la plupart :
Argent, pouvoir, honneurs, richesses, femmes
5 Les faux plaisirs vulgaires :
a) Les plaisirs terrestres sont illusoires et passagers
Éternel retour du désir après le plaisir
Génèrent un réel esclavage
L'esprit est empêché, pas de sérénité possible
b). Payés d'un déplaisir la plupart du temps :
(thématique antique et épicurienne)
Tristesse après
Use la santé
Amoindrit force et vigueur
Maladies incurables (syphilis)
Accroît la pauvreté
Supprime la sérénité
Contraires à la morale dominante, génèrent la culpabilité
6 Les vrais plaisirs chrétiens :
a) Seul le chrétien épicurien sait voir juste :
Il identifie clairement la vraie négativité :
Mort
Maladie
Souffrance
Vieillesse
Calaminés
Périls
Catastrophes
Guerres
Il sait leur raison :
Éprouver la foi
b). Critique du christianisme officiel :
a) Son dolorisme
Son goût pour la souffrance
Erasme déteste la douleur
b) Sur terre, elle est à minimiser par un travail mental
Elle est rien en regard de ce qui nous attend :
Un réel bonheur postmortem si on l'a dépassée
Jubiler d'une vite terrestre, condition d'un plaisir éternel
c). L'usage des plaisirs érasmiens :
1 Écarter les voluptés triviales
2 Modération : pas d'abus de plaisirs même autorisés
3 Sexualité déculpabilisée
Mais préfère la chasteté
Aimer sa femme comme le Christ aime son Église
Aimer pour le plaisir sexuel n'est pas aimer
Vrai plaisir ? Vie commune dans le partage harmonieux des
mêmes valeurs
Plus l'amour sensuel diminue, plus l'amour croît
Cf. le couple ataraxique de Lucrèce
4 La pratique de la discussion, de l'amitié, de la table, de
la philosophie
Objet d'un autre dialogue : Le banquet religieux (1522)
Prochaine séance :
Consacrée entre autre à l'horticulture
transcendantale !
BIBLIOGRAPHIE :
• Léo Halkin, Erasme, Fayard
• Colloques, Tomes I & II, Imprimerie nationale
• Jacques Le Goff, St François d'Assises, Gallimard
• Vladimir Jankelevitch, La mauvaise conscience, Aubier
• Erasme, Eloge de la folie, trad. Claude Barousse, Babel
• Erasme, Oeuvres, Robert Laffont, Bouquins
"Une horticulture transcendentale"
© Paul Louis Bibliographie
Synopsis
du cours
1/. LE GOUT DES BANQUETS :
• L’Épicurien (1533) : la formule du christianisme épicurien
• Le Banquet religieux (1522) : un Jardin chrétien et épicurien
Le goût des Banquets dans les 56 Colloques :
1 Le Banquet profane :
Sur les mérites comparés :
• Vin blancvin rouge
• Boeufmouton
• Bouillirôti
• Lapinoiepoulechapon
• Foie gras
2 Le Banquet poétique :
Sur les mérites comparés :
• Anapeste, spondée, tribraque, ïambe
3 Le Banquet sobre :
• Fête sans pain ni vin
• Eau et salade sans assaisonnement
4 Le Banquet des conteurs :
• Discours sur les contes
5 Le Banquet disparate :
• Sous titré "la grande chère":
• Spudus et Apicius
• Les meilleures façons de réussir un festin
6 Le Banquet religieux :
• Sur une horticulture transcendantale
• Variation sur le thème de la maison philosophique :
• Jardin d'Athènes (Epicure)
• Villa des Papyrus d'Herculanum (Philodème de Gadara)
2/. LES LIEUX DU BANQUET RELIGIEUX :
• Maison et jardin comme occasion philosophique
• Et occasion de philosopher
1/. La question du modèle :
a). Froben l'imprimeur à Bâle
b). Jean Botzheim, chanoine à Constance
c). Erasme à Anderlecht
2/. Un personnage conceptuel :
• Une créature philosophique :
• objet de papier, non trace empirique
• Une utopie (le mot date de 1516, il a 6 ans)
• Une figure nouménale : un jardin transcendantal
(Transcendantal : qui dépasse les bornes de toute expérience
possible, cf. analytique de la raison pure, II.3)
• Une idée de la raison chrétienne épicurienne
3/. La métaphore :
Timothée s'adresse à Eusèbe (= le Pieux) le propriétaire
a) Il a l'impression d'être dans le Jardin d'Epicure
• Eusèbe acquiesce : éloge du plaisir honnête
• Réjouir le corps par le Jardin
• Délasse l'esprit
• Réjouit l'Ame
• Édifie l'amoureux de la sagesse
b) Tout fait sens :
• Le jardin est un rébus
• Fleurs
• Peintures
• Objets
• Bâtiments
• Agencements
• Produire des effets philosophiques
• Le jardin parle à qui l'écoute et sait l'entendre
c) Le modèle du Paradis :
• Genèse : Jardin d'Eden
• Éden = délice, jouissance en hébreu
• Lui même décalqué sur le jardin oriental
3/. GÉOGRAPHIE DU JARDIN D'ÉRASME :
A/. L'eau :
1. Une fontaine au milieu
• Eau vive, claire, lustrale
• Vie, immortalité, jouvence
2. Canal de la fontaine à un égout extérieur
• Passe par la cuisine : draine l'eau impure
• Coupe le jardin en deux
• Métaphore de la purification
B/. La terre :
3 Deux jardins :
a) Plantes comestibles :
• Vie frugale, saine, sobre
• Économie permettant la charité
b) Plantes médicinales :
• Soin du corps
• Conjuration de la maladie
• Guérison avec les simples
• Contre le dolorisme chrétien : souci du corps
• Santé et propreté
• Santé du corps utile et nécessaire pour pratiquer
l'évangile
4 Pédagogie du Jardin :
• Panneaux pour fruits et fleurs :
• Détail de leur noms et significations
• Adages et vertus explicitées
5 Verger :
• Conservatoire des arbres exotiques de la planète
• Concentration des merveilles du monde
6 Un pré :
• Gazon clos avec haie de ronces enlacées
• Sous le signe du vert : vie et fonction chlorophyllienne
C/. L'air :
7 Volière :
• Sur le même principe que le verger
4/. LA SENSUALITÉ DU JARDIN D'ÉRASME :
a) S'adresse à la totalité du corps :
• Placé sous le signe de St Pierre
• Et non Priape (protecteur des oiseaux et des maraudeurs)
b) Eusèbe a commandé des peintures :
1 Dans la salle d'été :
• Sujets religieux : Cène, etc...
• Sujets historiques : Alexandre, Cléopâtre
2 Dans la galerie des souverains :
• Pontifes et Empereurs
• Temporel et spirituel en équilibre
3 Série de trompe l'oeil :
a) Rappeler l'immensité de la nature :
• Lacs, mers, fleuves, montagnes, oiseaux, poissons
b) Provoquer une réflexion :
• Trompe l'oeil de fleurs à proximité de fleurs réelles :
• Excellence de l'artifice humain
• Mais supériorité de la créature, donc de son
créateur
• Le parfum, impossible à restituer
• Invisibilité de l'architecte de cette maison, de ce
Jardin,
• Mais visibilité partout de ses créatures
• Présentification du Créateur par ses créatures
4 Jeu avec ombres et lumières :
a) Portes et fenêtres coulissants
• Volets mobiles intérieurs et extérieurs
• Baies vitrées
b) Prosaïquement :
1. Se préserver de la canicule par la fraîcheur
de l'intérieur :
• La déambulation en galerie protégée
par des colonnades de couleur
2. Se prémunir contre le froid l'hiver :
• Journées courtes, nuits longues
• Espaces ouverts sur le jardin
• Balcon de la bibliothèque sur le
Jardin
c) Symboliquement :
• Ténèbres infernales et clarté céleste
• Nuit des puissances infernales et jour
éternel des élus
• Possibilité de méditer sur, à partir et avec
le Jardin
• Viser la sérénité, l'amitié avec soi même
• Conjurer le mal absolu : la mauvaise
conscience
d) Spirituellement :
• Agencement des bâtiments
1. Recherche intellectuelle du philosophe :
• Bibliothèque avec peu de livres, mais
les bons
• Stoïciens, épicuriens, évangiles
2. Pratique spirituelle du croyant
• Une chapelle attenante
5/. Une salle des cartes :
a) Globe terrestre, cartes sur les murs
• Portrait du Christ et portrait des grands hommes
• Équilibre spirituel et temporel
b) Mission civilisatrice planétaire du christianisme
• Pas par la guerre,
• Par la pratique évangélique
6/. Un hôpital :
• Dans l'ensemble, mais à l'écart
• Quarantaine, décontamination
• Métaphoriquement : recouvrer la santé avant retour au
jardin
5/. PHILOSOPHER DANS LE JARDIN :
• Vivre dans ce lieu : un chef d'oeuvre
a) Neuf personnages dans ce Banquet :
1. Eusèbe = Piété
2. Timothée = Honore Dieu
3. Théophile = aime Dieu
4. Théodidacte = instruit par Dieu
5. Chrysoglotte = langue d'or
6. Urane = le céleste
7. Sophrone = le sage et le tempérant
8. Eulale = il dit le bien
9. Néphale = le Sobre
b ) Nombre :
• des Muses
• des choeurs qui hiérarchisent les anges (PseudoDenys)
• de Béatrice chez Dante
• fin de la série (0 à 9) annonce une nouvelle série...
c) Banquet chrétien épicurien :
1 Épicurien
• car on boit et mange des nourritures terrestres :
a) Vins
• Légumes du jardin (donc ingestion de la perfection)
• Chapon
• Épaule de mouton 1° choix...
• 4 perdrix
• Coupe de fruits : pastèque, melon, figues, poires, pommes
et noix
• Laitue et oeufs
b) Pas de péché de gourmandise
c) Le corps n'est pas un ennemi mais un ami
• Eloge d'un corps sain
• Ignorance d'un corps mutilé avec âme séparée
2 Chrétien :
• on y lit et commente des passages de la Bible
• Mais aussi des sujets païens :
• Les qualités d'un bon roi
• La vie philosophique
• Sacrifice et miséricorde
• Sainteté de Socrate
• Les dépenses somptuaires de l'Eglise
• Rites et sacrements insuffisants pour faire
le chrétien
3 Chrétien et épicurien :
a) Eusèbe offre des cadeaux à ses hôtes
• Autant d'occasions de se perfectionner
• De devenir l'ami de soimême
1. Des livres pour parfaire la construction de
soi
2. Évangiles, textes de Paul, Plutarque
3. Des montres pour célébrer la ponctualité
4. Une lampe pour veiller et conjurer la paresse
par le travail le soir
5. Un plumier avec calame pour permettre
l'écriture de soi
b) Eusèbe prend congé
• Invite ses amis à rester 3 jours dans le jardin
• Il doit sortir du jardin et pratiquer les Évangiles :
1. aider un malade à aborder la mort
2. réconcilier deux ennemis
3. régler un différend entre deux individus
• Soit : amour du prochain, douceur
• Vertus que n'aurait pas renié Épicure
• Dont Érasme connaît l'étymologie :
• Epikouros = le sauveur...
• D'où un Christ épicurien ou un Épicure christique
CONCLUSIONS
a) Le christianisme épicurien ?
• Sagesse païenne + sagesse chrétienne
• Jardin d'Athènes + Jardin des Oliviers
• Ataraxie grecque + espérance catholique
• Volupté dans l'ascèse + ascèse pour la volupté
• Plus de pulsion de vie, moins de pulsion de mort...
b) Le Catholicisme officiel passe à côté de ces propositions
• La Réforme en prend une partie en charge
• La ContreRéforme apparaît...
• Durcissement de l'Eglise sur ses positions
c) D'où une inversion réactive :
• Le christianisme épicurien laisse place à un épicurisme chrétien
• Plus d'épicurisme, moins de christianisme
• Montaigne entre en scène...
BIBLIOGRAPHIE :
• Erasme, Le banquet religieux, in Colloques, Imprimerie nationale
• Erasme, Plaidoyer pour la paix, Arléa
• Stefan Zweig, Erasme, Grasset
• Marie Delcourt, Erasme, Labor
• Daniel Ménager, Erasme, Desclée de Brouwer
• Alexandre Vanautgaerden, Un jardin philosophique, la lettre volée à la maison d'Erasme.
"LES NOMS DE MONTAIGNE"
(28 février 1533/13 sept. 1592)
Bibliographie
Synopsis
du cours
1/. PHYSIQUE DE LA MÉTAPHYSIQUE :
a) Contrairement aux affirmations catholiques (Pascal, Bossuet, Malebranche, les
Jansénistes)
• Montaigne ne s’aime pas
• D’où : écriture de soi pendant 20 ans (Sep. 1572 à sa mort : 1592)
b) Reproches faits à son autobiographie :
• Petit sexe
• Impuissance
• Digestions, coliques, calculs rénaux
• Médiocrités intellectuelles
• Indigences corporelles
• Le péché mortel ? Mettre le corps en scène philosophique
c) Raison de cette catharsis :
• Exorcisme pour apprendre à s’aimer
• Composer avec l’indigne d’être aimé
• Le projet de se peindre ?
• Ni narcissisme, égotisme (lecture morale)
• Mais construction d’une juste estime de soi (lecture généalogique)
• Veut le devenir d’abord pour luimême
• Entre excès chrétien de la haine de soi
• Et amour immodéré de soi
• Tracer une voie médiane
d) Autoportrait à charge :
1 Avoue des vertus, des qualités morales :
Foi, conscience, franchise, liberté, facilité des mœurs
2 Se charge au physique et au moral :
Masochisme ? Non
Mais Montaigne n’est pas son meilleur ami...
A/. Physiquement (le corps du philosophe) :
a) Handicapé par sa petite taille :
• Visage agréable, bonne proportion ? Rien sans la taille
• Défaut de prestance (anecdote dans ses champs)
• Pas repérable pour autrui ? Le devenir
b) Fort, poilu, vite chauve, barbu
c) Dormard
d) Maladroit :
• Incapable de tailler sa plume
• Mains et doigts gourds : difficile d’écrire
• Incapable d’harnacher ses chevaux
• Inapte à chasser avec un oiseau
• Incapable de parler à ses animaux
• Nul en sport…
e) Ni mélomane, ni musicien
f) Sexuellement : n’a pas caché grand chose...
• Marie de Gournay caviarde une édition sur ces questions...
• Initié de bonne heure
• Jeunesse libidinale
• Collection de femmes
• prostituées dans sa jeunesse
• Idem en voyage
• Belle santé sexuelle (« six assauts »...)
• Tôt défaillant, impuissant vers la cinquantaine
• Talent pour une sexualité de substitution
• Cite les Priapées anonymes pour avouer un petit sexe court...
• Une « lésion énormissime »
g) Maladies :
• Maladie de la pierre 14 ans
•Tenté par le suicide souvent
B/. Moralement (le tempérament du philosophe) :
a) Inquiet
Soucieux du bizarre, de la différence, de l’étrangeté, de la monstruosité
b) Références : cannibales, sorcières, sauvages, fous, malformés
congénitaux, hermaphrodites, Martin Guerre (et l’identité)
c) Se dit « miracle et monstre » (L.III) :
• Monstre par l’être, le déterminisme physiologique
• Miracle par le devenir : la construction de soi
•A partir de ce monstre, construit un miracle par l’écriture
C/. Physique de la métaphysique :
• Un aveu de Montaigne luimême
• Ce corps qui pense compose avec un corps qui pèse
• Sa chair ? Une généalogie de sa pensée
• (Cf. Nietzsche, préface au Gai savoir)
• Les Essais : un document pour toute généalogie d’une œuvre
• La philosophie comme compensation,
• Et comme autobiographie travestie
• La force de la réactivité : transformer les faiblesses en force
•Condition de toute survie, de toute existence
2/. ABSENT AU MONDE :
• Description du tempérament, du caractère :
• Manque de mémoire
• Oublie qu’il a lu un livre, rencontré quelqu’un, fait quelque chose
A/ Se trompe (?)
avec les dates
:
a) Testament de La Boétie
b) Composition de sa Servitude volontaire
c) Mort de son père
d) Durée de sa traduction de Sebond
B/ Ne sait pas compter :
• Héritage à la mère, pas au fils
• Incapacité de Micheau à gérer le domaine
• Jeune : dilapide l'argent
• En voyage : cassette d¹or avec lui
• Avare et dénonce l'avarice dans les Essais.
C/ Irrésolution :
• Train nonchalant, lenteur
• Courrier en retard
• Irrésolu en tout
• Pourtant :
• Magistrat 13 ans
• Maire 2 fois 4 ans
• Missions diplomatiques royales
• 100 personnes dans son château
D/. Décalé :
• Ce gentilhomme campagnard ne sait pas :
• Nommer, reconnaître outils et légumes
• L’utilité du levain...
• La signification de « cuver son vin »
• Préparer son cheval pour une balade
E/. Psychiquement :
a) Mélancolique
• Accès dépressifs
• Se démoralise facilement
• Pense au suicide
b) Symptômes névrotiques ?
• Difficile rivalité avec le père allègre, sportif, délié, habile,
cultivé
c) Hypersensible, fragile, émotif
• Chasseur ne supportant pas la vue du sang
• Ni la souffrance des animaux
• Cf. la compensation dans l’oeuvre avec :
• La passion pour la virilité, le sang, le courage
•
La bravoure, le courage romains...
F/. Étranger à luimême :
• Porté 11 mois...
• Petit homme à la sexualité défaillante
• Pressent le déterminisme inconscient
• Cf. sur le rôle des nourrices
• Cf. l’accident de cheval
3/. DEVENIR ETRANGER À SOI :
a) Éloigné de la maison :
• Nourrice 3 ans chez des paysans
• Cf. ail et lard/sucreries...
• Défense de Sparte, silence sur Athènes
• Conclut les Essais avec éloge de la vie simple des gens de peu
b) Retour au château :
• Père soldat en Italie pour François 1°
• revient avec des idées sur l’éducation des enfants
• Connaît le Plan des études (1511) d’Erasme :
a) Solliciter l’intelligence, pas la mémoire
b) Tête bien faite et non tête bien pleine
c) Rôle majeur aux textes anciens
d) Respecter liberté et individualité des enfants
e) Pratiquer au quotidien l’échange avec l’éducateur
• Précepteur Allemand qui ne parle que latin...
• Conversion de la maison au latin...
• Parle latin couramment très vite, mais pas français
• Génial, mais décalé...
c) Nouvel éloignement :
1 Collège de Guyenne à Bordeaux (6 ans)
2 Devient étranger à luimême
• Parle latin, une langue étrangère
• Impossibilité de communiquer
• Expérimente le solipsisme
• Perd son latin...
3 Devient le protégé d’un pédagogue
• Hypothèses pédophiliques rien de certain.
• Entre 6 et 13 ans :
• Lui conseille Virgile, Horace, les élégiaques
•Térence, Plaute, le théâtre de la comédie italienne
4 Régime sévère, horaires stricts, vacances rares
5 Conclusions :
Cherche Rome partout en plein XVI° siècle...
a) Amitié avec La Boétie
b) Dans sa bibliothèque : fréquentation de Plutarque et
Sénèque
c) La réactivation d’une morale antique
d) Vie quotidienne : vit en horacien soucieux de l’otium
e) La Tour construite, pensée, vécue comme une cité latine
4/. MORT DU PÈRE, NAISSANCE DE SOI :
a) Obéit à son père et fait droit (Paris ? Toulouse ?)
• De 1549 à 1553 (entre 16 et 20 ans)
• Devient magistrat : consciencieux, juriste averti
• Mort du père en 1568 : le fils a 35 ans
• Devient Seigneur de Montaigne
b) Conversion hédoniste :
• Vend la charge de Conseiller au Parlement de Bordeaux
• Hérite,
• Entre en conflit avec sa mère, second testament
• Vit de ses rentes
• Le 28 février (date anniversaire) 1571, jour de ses 38 ans
• fait graver une citation latine dans sa tour
• En substance : bon débarras, je m¹occupe de moi...
• Prend date avec lui
• Ne sait pas qui il est,
• Il va vers lui et
• Se met aux Essais...
• Vingt ans de sa vie : sa vie...
A venir 8 séances :
1. La dictée des Essais
2. La lecture des anciens
3. L’immanence (la religion)
4. Hédonisme et tragique (une psycho analyse)
5. L’usage des plaisirs (une pragmatique)
6. Une philosophie du corps
7. Le chef d’oeuvre de vivre
8. Le devenir de sa bibliothèque
BIBLIOGRAPHIE :
• Madeleine Lazard, Montaigne, Fayard.
• Stefan Zweig, Montaigne, PUF Quadrige.
• Jean Yves Pouilloux, Montaigne : que saisje ? Découverte Gallimard
• Nietzsche, Gai savoir, 10/18
• Michel Onfray, Considérations sur les rognons du philosophe in Les vertus de la foudre,
Grasset.
"Le fagotage des Essais"
Bibliographie du
Synopsis
cours
1/. UN LIVRE POUR QUI ?
a) Cf. Zarathoustra
Pour tous ? Personne ? Les siens ? Lui ?
b) Titre : Essais de Michel de Montaigne
Non : Les Essais
c) L'avertissement :
1 Déclaration dans le marbre
2 Amis, parents, famille
Dessein domestique et privé
3 Sans souci de gloire ni de réputation
Trace après la mort pour les autres
Postmortem être mieux apprécié et connu que de son vivant
4 Invite son lecteur à autre chose qu'à le lire !
5 Pas un tombeau pour l'ami disparu
Pas pour remplacer la conversation de La Boétie mort
6 Un livre pour lui...
Catharsis, écriture de soi
Physiologie de la philosophie
Le modèle de MarcAurèle, référence du Père
Absent des Essais...
2/. UNE CERTAINE IDÉE DE LA VÉRITÉ :
Sous le signe de la vérité
Autant que les convenances le permettent
a) Des silences :
Fait silence sur les femmes :
Mère, filles, femme, soeurs
1
2 Les
enfants
:
Joue avec Léonore et sa mère aux cartes
Entend la leçon sur l'usage du mot fouteau
Avoue n'avoir jamais frappé ses enfants
3
Présence envahissante
et positive du père
b) Des mensonges :
1 Affiche
sa noblesse
Critique le goût des honneurs, des lignages
Dispensent d'une valeur personnelle
Ridicule des hochets sociaux
noblesse est récente
2 Sa :
14 ans avant sa naissance
Essais et Éphéméride : terre des ancêtres...
Y ont mis leur affection et leur nom
Les ancêtres : le seul père ?
3 Les
faits
:
Famille de commerçants bordelais et toulousains
Fortune dans le poisson fumé
Ascendance juive portugaise rien de certain...
a Offre son blason comme carte de visite en voyage
b Lègue ses armoiries à Charron à sa mort
Déplore une absence de fils ou de gendre
c A Rome veut devenir citoyen
d Après la mort du père : Chevalier dans l'ordre de St Michel
Puis : gentilhomme ordinaire de la chambre du roi
e Mort du père : fait biffer sur les documents officiels ce
qui trahit la noblesse récente
Efface le lignage réel : supprime Eyquem
Fabrique un lignage symbolique : de Montaigne, la terre.
f Fabrication d'un roman familial (cf. Freud) :
Rapport avec le complexe d'Oedipe
Rabaissement et exaltation des parents
Désir de grandeur
Contourner les passions incestueuses
Expression d'une rivalité fraternelle (cf. le
frère)
3/. MONTAIGNE N'A PAS ÉCRIT LES ESSAIS :
a) 4 fois, le dit luimême (II.512 ; II 671 ; III.79 ; III.278)
Dicte, parle en marchant
b) Un tiers : serviteur ? ami ?
Le même pendant 20 ans ? On ignore tout...
Anecdote des pages volées
c) N'aime pas écrire
Ne sait pas (cf. les doigts, la plume taillée)
Le Journal de voyage dicté, puis repris
d) A une bonne vue
Mais ne peut lire longtemps
Doit se faire aider par un tiers
Lectures, puis commentaires par Montaigne
Brode, laisse aller ses idées : cf. méthode freudienne
4/. HAINE DES LIVRES : QUEL LECTEUR ESTIL ?
a) Lit peu : si l'ennui et la mélancolie menacent
1 Pas de passion pour la lecture ditil
2 Passion pour la vie plus que pour le livre
Temps perdu pour l'exercice du corps
Les balades, les champs, les chevauchées
Déteste la manie de faire des livres avec les livres
cf "Des pédants" sur glose et entreglose
3 Matière de son livre ? Lui
b) Lit pas longtemps : jamais plus d'une heure
Après 40 ans, pas lu un seul livre en entier...
c) Livre complexe ? insiste une fois, pas deux, abandonne
N'aime pas les livres hermétiques
Pas d'Occam dans sa bibliothèque
Nominaliste ? Par ses voyages...
Aime les publications agréables
où il apprend à mieux/bien vivre
d) Annote l'intérieur :
Synthèse, date, signature
e) Les livres :
Fournissent des occasions, prétextes
Les citations déclenchent la pensée
f) Passe tout de même 20 ans à lireécrire
Avoue avoir aimé cela :
Avec le commerce "des hommes intelligents"
Et "des belles et honnêtes femmes"
5/. QUEL
PLAN SUITIL ?
a) Les Essais : "le corps aéré de la voix"
b) Le livre procède de choses dites
c) Cf. Années 70 et structuralisme et évacuation du sujet
Pas de palindromes structurels
Pas de composition numérologique
d) Parle les Essais
1
Pas de plan
a priori
Parole contre machine de guerre conceptuelle médiévale
"Sauts et gambades"
Flux héraclitéen
Brode, orne, coud : ne retranche jamais
Le lire, c'est l'écouter
Imprimerie : 1455
2
Tradition orale, livre récent
Cf. paroles gelées (Pantagruel, Quart Livre)
dites à un autre comme à soi,
3 paroles pour soi
Que saisje ? Pyrrhonien
4 Le
Ou : que puis je savoir de moi, sur moi ?
éphéméride de la quête de soi
5 Les Essais : un
Ne se chercherait pas s'il s'était déjà trouvé
6/. QUELLE LANGUE PARLETIL ?
a) Une langue morte dans la bouche
Langue et construction du monde
Et construction de soi
b) Le latin d'un gascon
Quid de cette schizophrénie ?
Langue maternelle ? Une langue morte
La langue paternelle et fantasmée
Parle français pour se défaire du latin
Mais vit comme un romain
c) Le château, une Rome voulue par le père
La Tour, une reconstitution de cette Rome
Cf. "la citadelle intérieure" de MarcAurèle.
7/. QUEL LIVRE ÉCRITIL ?
a) Aurait aimé un interlocuteur
Cf. Lucilius
La Boétie...
b) (Se) parle
Trouve en cherchant
Cherche en verbalisant
La voix génère une heuristique
c) Ses métaphores :
Parler au papier
N'enseigne pas mais raconte
Son travail : une conversation libre
d) Une logique cathartique et psychanalytique
Librairie = cabinet
Déambulation = logique hypnotique
Livres lus, citations = associations libres
Les Essais = journal d'une autoanalyse
8/. UNE PASSION POUR L'ORALITÉ :
a) Au jeu d'un sens à sacrifier :
1 La
vue
: ne pas voir :
sa femme le tromper,
ses gens le voler..
2 Mais pas l'
ouïe
:
ne pas entendre :
Ne pourrait converser, échanger
Ni la langue
3
:
Muet : n'aurait pu écrire les Essais...
b) Avoue son goût pour l'échange verbal, la joute
Les cervelles qui se frottent
Mais avec qui ? La Boétie ? de Brach ? Charron ? Gournay ?
Ou les grands anciens ?
9/ . LA PLUME DE MONTAIGNE :
a) Son écriture :
Pas de manuscrit original
Celle des corrections, ajouts
De 1588 à 1592 : 3000 commentaires au seul livre 1
b) Les "allongeails" :
Livre 1 (1580) ; livre 2 (1582) ; livre 3 (1588)
Ultime édition : taillée d'un tiers des corrections...
Commente ses paroles
Ne retranche jamais
10/. SON JUGEMENT SUR LES ESSAIS :
a) Parfois emballé, parfois pas
b) Pour en parler :
Galimafrée
Marqueterie mal jointe
Fagotage
Fricassée barbouillée
Excréments d'un vieil esprit
c) "Gargouille d'une fontaine qui donne" :
Flux héraclitéen (le passage)
Plus que l'être (parménidien)
d) Une dynamique :
Longueurs différentes : 1 page à une centaine
Sujets sérieux (mort, amitié), ou pas (pouces, coches)
Thèmes annoncés et pas traités
Digressions (y compris sur la digression)
e) Les Essais essaient :
Tons, styles, pensées, avis, idées
Ils tentent, fouinent, etc...
f) Brouillons, fouillis et perles :
Le risque de la formule :
Pensées mortes avec paroles vivantes
Philosopher c'est apprendre à mourir
Qu'un ami est une véritable chose
Le but de notre carrière c'est la mort
Vivre, notre grand et glorieux chef d'oeuvre
Nature est un doux guide
g) Écrivain ? Philosophe ?
Cf. "je ne suis pas philosophe"
1 Les
deux
:
Style et pensée
Ton et vision du monde
2 Pas de
concepts ?
Occupation de penseur assis
personnage conceptuel ?
3 Pas de
vocabulaire spécialisé ?
4 Pas de
La langue des paysans, des "halles", le gascon
Prêt à utiliser toutes les ressources qu'il "entend"
philosophie
5 La :
Ni barbarismes, néologismes
Ni fumées conceptuelles
Mais une sagesse, un art de vivre
Ce que proposent les Essais
CONCLUSION
a) Les derniers instants
Leur rôle chez Montaigne
b) Avait dans la bouche une langue morte
Meurt d'une esquinancie (oedème à la gorge)
Ne peut parler pendant 3 jours
c) Pierre de Brach l'écrit à Juste Lipse :
Pendant ces 72 heures,
regrette de n'avoir pas à ses côtés quelqu'un
pour lui dicter son état d'esprit...
BIBLIOGRAPHIE :
Editions des Essais :
• Pierre Villey, Puf, Quadrige
• Albert Thibaudet, La Pléiade, Gallimard
• Pigagnaud, Arléa,
• Pierre Brunel, Imprimerie nationale
• Robert Barra, Pierre Michel, L'intégrale, Seuil
• Montaigne, Journal de voyage, éd. Fausta Gavrini, Folio
• Le livre de raison de Montaigne, sur l'Ephéméride de Beuther, Compagnie française des arts
graphiques
• Pierre Magnard, Le vocabulaire de Montaigne, Ellipses
• Michel Butor, Essais sur les Essais, Gallimard
• Pierre Hadot, La citadelle intérieure, Fayard
"Pilloter les anciens"
Bibliographie du
Synopsis
cours
Rappel :
Éducation romaine
Langue morte dans la bouche
1/. PILLOTER LES ANCIENS
A/.
Pilloter : butiner,
faire son miel
dans la librairie
a) Fleurs modernes :
Tasse, Machiavel, Buchanan, Luther, Montluc...
Récits de voyages
Poésie : Marot, Du Bellay
Classiques : Dante, Pétrarque
b) Fleurs classiques :
Tout...
B/. poutres et sentences
Avec les :
a) 57 :
56 anciennes : grec et latin
1 moderne (en latin)
Michel De L'Hospital :
Notre esprit erre dans les ténèbres aveugles il ne peut discerner le vrai
b) N'aime pas son siècle :
Décadent, mauvais, barbare, corrompu, pervers, menteur, cruel, sanglant
2/. LE TRAVAIL DE L'ANTIQUITÉ :
a) Contre la lecture classique :
Trois Montaigne : stoïcien, sceptique, épicurien
Mais simultanéité du travail de l'antiquité
Sinon, que faire des références qui échappent aux trois temps ?
Héraclite, Pythagore
Platon, Aristote,
Socrate
Cyniques et cyrénaïques
Et pas seulement : Sénèque, Sextus Empiricus et Epicure...
b) N'écrit pas une thèse, pas de glose
c) Pillote dans les livres et commente pour l'édification de soi
d) Pas historien de la philosophie
Pas professeur
Pas professionnel de la philosophie
Mais philosophe au sens antique :
Travaille à la construction de soi
Grappille en utilitariste
3/. LATINS CONTRE GRECS :
a) Les Grecs ne sont pas ses préférés
Apprentissage tardif
Retient peu et mal
b) Langue de l'ontologie et de la métaphysique
L'Un de Parménide
Le Nombre de Pythagore
Les Idées platoniciennes
Les catégories d'Aristote
Les atomes d'Epicure...
Fictions
Met en doute la croyance des philosophes en leurs fictions...
c) Le latin : langue de l'immanence et du concret
La vie, la mort, l'amitié, l'amour, la sagesse
4/. CONTRE PYTHAGORE ET PLATON
:
A) Contre Pythagore et les pythagoriciens :
a) Le dualisme
b) Immortalité et immatérialité de l'âme
c) Métempsychose et métensomatose
B) Donc contre Platon et les platoniciens :
Le pythagorisme de Platon
Le destin postmortem de l'âme : sauvé/perdu
Pas de destin postmortem sur le principe de la vie avant la mort
C) Critique de Platon :
Dispose de la traduction latine de Ficin
Critique :
1
Forme
alambiquée :
Tergiversations
Densité excessive
Rythme lent
Enchaînements dialectiques confus
Rhétorique spécieuse
Parleries inutiles
2
Fonds
déplorable :
Lignage dualiste : dépréciation du corps
Devenir chrétien de l'idéal ascétique
5/. JOUER SOCRATE CONTRE PLATON :
a) Déplatonise Socrate :
Récuse le personnage conceptuel de Platon
Préfère le sage dans l'histoire
b) Héroïsation de Socrate :
Courageux, déterminé, vertueux
Puissance de conviction
Honnêteté, droiture
Connaistoi toimême
c) Aime son inscience :
Scepticisme plus socratique que pyrrhonien
Si pyrrhonien :
1 Arrêterait sa recherche, aussi vaine que le reste
Or travaille 20 ans aux Essais...
2 Suspendrait son jugement
Or affirme, et ne se contente pas de douter :
a Sur le colonialisme
b Sur la Torture
c Sur les sorcières
3 Trouverait impossible de distinguer bien et mal :
Or défend tolérance religieuse, liberté de pensée, pédagogie érasmienne,
etc...
4 Serait agnostique en religion :
Or défend une position chrétienne et épicurienne
Donc : doute plus en socratique qu'en disciple de Pyrrhon
6/. SUR ARISTOTE :
a) Place quasi nulle, bien que cité
Dispose de Politique, Nicomaque et Problèmes
b) Aurait pu l'utiliser pour :
Justice, modération, juste milieu, amitié...
c) Mais voit en lui l'autorité des scolastiques...
(Cf critique des thèses de Montaigne scolastique...)
7/. DIOGÈNE ET COMPAGNIE...
a) Aime le triangle subversif : Socrate, Diogène, Aristippe
Souci de leur sagesse pratique immanente
Ascèse pour la construction de soi
Individualité souveraine, autonome et libre
b)
Les
Cyniques
:
Partage leur nominalisme :
1 Diogène, la lanterne et le poulet
2 Nominalisme /transcendance : lecture verticale (les dieux)
Hédonisme/ Immanence : lecture horizontale (le réel)
cyrénaïques
c) Les :
1 Aime chez Aristippe :
a Le personnage qui na de compte à rendre à personne
b Souverain bien et plaisir dynamique
Pas catastématique seulement
c Cf livre III : communauté avec les cyrénaïques
Confiance aux sens : corps, plaisir, chair
Vie ludique et joyeuse
Culture du corps sans pudeur
8/.
STOICISME EPICURIEN /
ÉPICURISME STOICIEN
a) Artifice de l'opposition (cf. Cicéron)
b) Thèses semblables en éthique
(mort, suicide, ascèse, dépouillement...)
c) Le silence sur MarcAurèle : une fois cité
Modèle possible avec ses Pensées pour moimême
Mais déjà modèle du Père...
Emprunte aux stoïciens
1/. :
1 Subjectivité et relativisme de la douleur
2 Théorie de la représentation
3 Pouvoir, absence de pouvoir sur les choses
4 Supporte et abstiens toi en cas de nonpouvoir
(idée essentielle pour l'hédonisme)
5 Critique l'éloge de la douleur comme exercice spirituel
6 Théorie du suicide :
Vivre ce que l'on doit, pas ce que l'on peut
Éviter une pire mort ou le déshonneur
Mêmes thèses chez Épicure...
2/.
Rapport
aux épicuriens :
a) Connaît les élégiaques et Lucrèce, D. Laërce aussi
b) Premier français à réhabiliter Epicure
Morale austère
Principes stricts
Vie exemplaire et vertueuse
c) Leur emprunte :
1 Les thèses sur le suicide :
Nulle nécessité à vivre selon la nécessité
2 La mort ne nous concerne pas
3 Pas de bonne ou mauvaise heure pour philosopher
4 Désirs naturels et nécessaire et ataraxie
5 Douleur supportable ou mortelle
6 En cas de désir trop pressant.
CONCLUSION : PILLOTER ELECTION ET ÉVICTION :
a) Élection :
L'Éthique stoïcienne et épicurienne :
1 Sagesse pratique
2 Exercices spirituels
3 Maximes d'action
b) Évictions :
1 Chez les
stoïciens
:
La cosmogonie panthéiste
Le matérialisme énergétique
2 Chez les
Épicuriens
:
Le matérialisme atomiste
Le polythéisme
Car Montaigne... est chrétien.
Prochaine séance : son christianisme épicurien...
BIBLIOGRAPHIE :
• Michel de Montaigne, "Somme c'est César", Commentaire annoté de César, publié par André
Gallet, Musée Condé, William Blake & C°
• Marcel Conche, Pyrrhon ou l'apparence, édition de Mégare
• Marcel Conche, Montaigne et la philosophie, PUF
• Marcel Conche, Montaigne ou la conscience heureuse, PUF
• Albert Thibaudet, Montaigne, Gallimard
• Jean Starobinski, Montaigne en mouvement, Gallimard
• Dorothy Coleman, Montaigne, quelques anciens et l'écriture des Essais, Honoré Champion.
"Une religion immanente"
Bibliographie du
Synopsis
cours
1/. RÉCUPÉRATIONS
BIGOTES :
a). Athée :
Quid de Notre Dame de Lorette ?
b). Réformé :
Quid du renoncement à publier La Boétie ?
Quid des critiques de Luther ?
c). Juif : Marrane
1. Eyquem, étymologie juive
2. La Boétie Juif...
3. Les Essais : herméneutique juive
4. Humour ? Juif...
5. Dit le Notre Père tous les jours ? Prière juive
Or :
a) Assimilation sans preuves de Lopez à Louppes
b) Transmission de la judéité par la mère : mère catholique
2./
RHÉTORIQUES
DE LA RÉCUPÉRATION :
a). S'il dit qu'il n'est pas X, c'est qu'il est X...
1. Ne dit pas qu'il est Juif ? il l'est
2. Affirme l'existence de Dieu ? Est athée
3. Sympathie pour l'Eglise catholique ? La déteste
4. Tait la St Barthélemy ?
Pages arrachées de son Éphéméride au jour des massacres d'octobre à
Bordeaux ? Est protestant...
5. Demande audience au Pape ? Est libertin
b) Or sa vie et son oeuvre disent des choses cohérentes :
Montaigne est un chrétien, un catholique modéré, un chrétien épicurien...
3/. LA RELIGION DE MONTAIGNE :
a) Un catholique modéré :
1. Comment être catholique modéré alors que :
Guerre de religion pendant 35 ans
St Barthélemy : 3000 morts en une nuit en 1572
Excommunications, tortures, supplices de l'Inquisition
2. Justement : pour éviter d'ajouter du pire au pire
3. La seule citation contemporaine sur les poutres :
Michel de l'Hospital :
1 Homme de paix, diplomate
2 Ami des poètes
3 Empêche l'Inquisition en France Edit de
Romorantin 1560
4 Permet liberté de conscience
Et liberté des cultes privés et publics
Edit de Janvier (1562)
4. Et raisons personnelles de sa modération :
Frère cadet et deux soeurs protestants...
b) Sa vie est catholique :
1. A 29 ans : serment de fidélité au catholicisme au Parlement de Paris
2. A 38 ans : fait construire une chapelle dédiée à St Michel dans sa tour
En existe déjà une dans le château
Fait aménager une ouverture pour suivre la messe de son lit en cas de
maladie
3. A 44 ans : pèlerinage à Notre Dame de Lorette :
Fait ses Pâques, communie, achète un exvoto (femme, fille, lui à
genoux sous la protection de la Vierge)
4. A 59 ans : meurt en ayant appelé un prêtre pour l'extrêmeonction
Meurt pendant l'élévation (!)
c) Son christianisme historicogéographique :
Fidéisme ?
1.
a) Le mot :
1564, Pierre Viret, Instruction Chrétienne
b) La chose :
Se contenter de la foi
Refuser la justification rationnelle des dogmes
Récuser toute possibilité de théologie
c) Consent à la règle du jeu de son pays :
Aurait été mahométan en terre d'Islam
Pas fidéiste
2. :
Dans l'Apologie :
a) Recourt aux preuves de l'existence de Dieu :
L'architecte, l'ordre du monde
b) Analyse le miracle :
Nomme ce qui échappe à notre pensée
c) Aborde la question de la forme de Dieu:
Anthropomorphisation de Dieu
3. Pas fidéiste, mais
chrétien épicurien
:
a) N'aime pas son époque : conservateur en politique
Déteste le changement en politique (guerre, sang,...)
b) Pas bigot, ni cagot, ni athée, ni anticlérical :
Mais laïc opposé à toute théocratie :
La religion ? ciment social
Son catholicisme ? pièce de son édifice politique conservateur
c) Nature de cet épicurisme chrétien :
1 Catholicisme modéré = Epicurisme chrétien
2 Chrétien parce que catholique
Modéré parce qu¹épicurien
3 Épicurien ?
Récuse l'idéal ascétique chrétien
En visant l'ange, le christianisme fabrique
des bêtes
A/. CRITIQUE DU
CORPS CHRÉTIEN
:
1 Sur la virginité
Sur le divorce
Sur le suicide
Sur le dolorisme
Son dualisme
2 Eloge d'un corps moniste :
Cf. mouches et atomes qui promènent ma volonté
B/. CRITIQUE DE LA
MÉTAPHYSIQUE THÉISTE
:
Dieu n'est pas un juge censeur
Ne s'occupe pas du monde
ESCATHOLOGIE CHRÉTIENNE
C/. CRITIQUE L' :
Critique le Paradis musulman...
Fictions qui emmiellent les hommes
JULIEN L'APOSTAT :
D/. ELOGE DE
a). Le restaurateur du culte païen :
Pieux, courageux, cultivé, chaste, philosophe, austère
Croit à l'immortalité de l'âme
b) Un antiConstantin :
Aime les livres et la culture
Montaigne : le seul philosophe à dénoncer les autodafés chrétiens
(La destruction chrétienne des bibliothèques a plus nuit aux lettres
que tous les feux barbares)
E/.
ELOGE DE
COPERNIC
:
Astronome héliocentriste
Position géocentrique de l'Eglise
Bruno meurt en 1600 pour avoir défendu l'héliocentrisme...
Conclusions
:
Sollicite une audience papale :
Grégoire XIII le reçoit (anecdote de la mule)
25 décembre 1580 : assiste à la messe de Noël
20 mars 1581 : on lui rend les Essais
A On lui
demande
:
1 De moins utiliser Fortune et plus Dieu
2 De moins citer d'auteurs hérétiques :
Buchanan, Théodore de Bèze
3 D'éviter l'éloge de Julien
B
Ne voient pas
dans le livre :
1 L'expression :
La grossière imposture des religions...
2 L'analyse des religions comme exploitations des misères de l'homme
(angoisse, peur, crainte...)
3 La mise en perspective religion et vérité du moment dans l'histoire
C
Que fait
Montaigne ?
Rien : tout Montaigne est là :
a) Catholique, il soumet son livre à l'Eglise
Veut être fidèle à l'Eglise
Mais pas au point d'être infidèle à luimême
Chrétien, mais libre avant tout épicurien là encore...
b) Etre chrétien ? Etre juste, charitable et bon.
Ce qui rend possible :
a) De se réclamer du catholicisme
b) Et d'élaborer une philosophie hédoniste
L'ensemble procédant de l'épicurisme chrétien
(christianisme épicurien et épicurisme chrétien)
Et produisant une religion immanente
Une première sagesse postchrétienne
BIBLIOGRAPHIE :
• Hugo Friedrich, Montaigne, Tel Gallimard.
• Géralde Nakam, Montaigne et son temps, Tel Gallimard.
• Sophie Jama, L'histoire juive de Montaigne, Flammarion.
"Naissance du corps moderne"
Bibliographie du
Synopsis
cours
1/. POUR UNE PENSÉE AUTOBIOGRAPHIQUE :
a). Les
idées
:
le ciel
ou le corps ?
b). Montaigne, le
Moi et l'Universel
idéaliste
c) . L' et le
nominaliste
:
1. L'âme 1. Le corps
2. Dieu, le ciel, les
2. Nature, Terre et Réel
idées
3. Religion, Christ, 3. Philo, Socrate,
Eglise Librairie
4. Divers, Multiple,
4. Un, Eternité
Présent
5. Parménide 5. Héraclite
6. Culte du Livre 6. Culte de la Vie
7. Pensent sans vivre 7. Vivent et pensent
2/. LE HAPAX EXISTENTIEL :
a). Un
moment originaire
dans la pensée
accident de cheval
b). Un en 1568 :
1. Montaigne a
35 ans
Vient de perdre son père
La Boétie mort depuis 5 ans
Marié depuis 3 ans !
Période sombre, dépressive, mélancolique
rapporté 4 ans plus tard
2. Événement
Ch. VI. Livre II : De l'exercitation
3. Promenade
en forêt
Percuté par l'un de ses employés
Violence du choc, flots de sang, vomi
On le croit mort 2 heures durant
Se croit mourant
la douceur du passage
4. Expérimente
Ferme les yeux pour aider au basculement
Désire mourir
Prend plaisir à cet instant
sensations et émotions
5. Expérimente des :
Propos qui échappent à sa volonté
Mouvements idem
Images aussi
Revient à lui
6. :
Douleurs véritables avec la conscience revenue
Croit la mort venue, mais sans joie
Survit.
7.
Leçons
de cette histoire :
La mort n'est pas à craindre
Mourir paraît facile
Avoir à mourir de son vivant en revanche...
D'où : vivre pour s'y préparer
Et vivre une existence hédoniste en attendant
8. Conclusions :
2 ans plus tard (1570) : vend ses charges au parlement
3 ans après (1571) : se retire dans sa tour,
4 ans plus tard (1572) : commence les Essais.
3/. DÉCOUVERTE D'UN HOMME MATÉRIEL :
la conception chrétienne du corps
a) S'éloigne de
Pas matérialiste, mais pas dualiste non plus
Pas d'âme immatérielle (cf. accident du corps total)
b) causalités mécaniques
Croit à des :
médecine hippocratique
1. Critique de la :
A/.
Charlatans, scolastiques
, rhéteurs, verbeux, inutiles :
. "Ils rendent la santé malade"
. Les populations qui les ignorent vont mieux
. Les médicaments ne servent à rien
. Ne guérissent pas ? ça aurait été pire sans eux...
. Le mal disparaît grâce à la nature ? revendiquent
l'amélioration...
. Soyez résolus de ne plus croire aux médecins...
B/.
Raisons
de Montaigne :
. 15 ans de gravelle
. Un père mort de ça
. Accident de cheval et impuissance des médecins
. 5 enfants morts en bas âge
. Mort de La Boétie à 32 ans
. Mort d'un frère
. Peste (dizaine de milliers de mort dans sa région)
2. Eloge de
la chirurgie
:
. Art matérialiste, mécaniste, rationaliste
. Ne peuvent jouer avec les mots
. Travaillent la chair : taillent, retranchent, etc..
. Cf. les champs de bataille (éclats, pointes d'arquebuse, chair
endommagée par des boulets de canon, blessures d'épées, piques
de lances, etc...)
3. Étiologie
matérialiste
:
étiologie irrationnelle
A/. Critique l' :
Chrétienne : punition
Magique : sorcellerie
étiologie matérialiste
B/. Célèbre une :
Analyse la gravelle en disciple d'Epicure :
Ouverture de passages
Acheminements de matière
Flux limpides
Agrégations dommageables
Canaux étroits
Engorgements qui paralysent la machine
médecine préventive
4. Pour une :
Eloge de la diététique :
a) Les substances qui entrent dans le corps
Manger, boire, dormir, voyager, marcher, se
baigner, digérer contribuent à un état d'esprit
b) Mais purgation de l'esprit préférable à celle
de l'estomac
5. Découverte d'
un homme psychique
:
a) Précautions : n'invente ni ne préfigure la psychanalyse
b) Montaigne n'est pas une source avérée de Freud
c) Mais prescience d'un certain nombre de concepts essentiels
de la psychanalyse
A). Prescience de
l'inconscient
:
1 Citations :
"Il y a plusieurs mouvements en nous
qui ne partent pas de notre ordonnance"
"Pensements qui ne viennent pas de chez
soi"
"Mouvements involontaires qui ne
partent pas de notre ordonnance"
"Agitations à part de notre discours"
2 Exemples :
L'érection
Des mouvements réflexes
Des images pendant le sommeil
Des désirs pendant le délire (le cheval
pour sa femme)
3 Existent donc :
Force qui échappe à la raison
Énergie qui travaille le corps sans la
conscience
Puissance qui nous détermine comme une
nécessité
B/. Prescience des
psychopathologies
:
Ce qui a lieu "au bord de l'âme"
"Bégaiements du sommeil"
Voix qui flanche : lapsus, actes
manqués,etc...
C/. Prescience du
refoulement
:
Ne se souvient plus des circonstances
de l'accident
Le moment où il croit mourir lui
revient à l'esprit
D/. Prescience de la
pulsion de mort
:
Un "instinct à l'inhumanité"
Guerres de religion, Inquisition,
pendaison, tortures, bûchers,
Conclut à l'enracinement viscéral
E/. Prescience de l'
idéal du Moi
:
"Un patron en dedans"
Quête de soi et image du Père, de
l'Autorité et de la Loi.
a) Abandon de sa charge :
principe de réalité, Surmoi
b) Retraite dans sa tour :
principe de plaisir, Moi
F /. Prescience de la
sublimation
:
La "diversion"
Utile pour éviter les maladies de l'âme
Détourner, canaliser les douleurs,
sinon, somatisation
Les Essais comme sublimation.
G /. Prescience du
déni
:
Ch. 17, L. II : De la présomption :
"L'affection inconsidérée de quoi nous
nous chérissons, qui nous représente à
nousmêmes autres que ce que nous
sommes".
Déni freudien : mécanisme d'autodéfense
pour ne pas succomber à une vérité trop
violente (faiblesse, humiliation,
tare...)
H/. Prescience de l'
analyse
:
a) Nécessité d'une "purgation de la
cervelle"
Maladie psychosomatiques (gastriques)
b) Sur la "créance" nécessaire du
malade au patient
Le contrat entre analyste et analysé
CONCLUSIONS : SOMA, PSYCHÉ DANS UNE MÊME CHAIR :
a). Découvre un homme matériel
b). Découvre un homme psychique
c). Mais ne les oppose pas...
d). Considérations sur la génétique
Souffre de la goutte, son père aussi ("goutte de liqueur")
Père doué, pas lui
Que transmeton ?
Héritage, biologie, génétique, inné (un corps)
Transmission, Éducation, acquis, (un esprit)
Le tout dans une même subjectivité :
Celle que cherchent et construisent les Essais...
BIBLIOGRAPHIE :
• M.A. Screech, Montaigne et la mélancolie, PUF.
• Sergio Solmi, La santé de Montaigne, Allia.
• J. Laplanche et J.B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF.
• Freud, Introduction à la psychanalyse, Payot.
• Freud, Essais de psychanalyse, Payot.
• Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, Payot.
• PaulLaurent Assoun, Freud et Nietzsche, PUF.
• PaulLaurent Assoun, Freud, la philosophie et les philosophes, PUF.
• Jules de Gaultier, Le bovarysme, Mercure de France
"Une sagesse tragique"
Bibliographie du
Synopsis
cours
I LE TRAGIQUE
A/. LE CORPS, LA GRANDE RAISON :
a) Corps moderne : pas dualiste, mais matière et forces
L'être pour la mort : définition de l'humain
b) L'accident de cheval :
Non pas réconciliation avec la mort
Mais révélation de son rôle majeur
24 années séparent l'accident (1568) de sa mort (1592)
Dont 23 à dicter les Essais
D'où une méditation sur comment vivre puisqu'il faut mourir.
B/. PHILOSOPHER C'EST APPRENDRE À MOURIR :
a) Must philosophique... Expression de Cicéron.
Lire : philosopher c'est apprendre à mourir donc à vivre
Etre pour la mort = être pour la vie
b) Une vie pleine et réussie permet d'aborder sereinement la mort
Vivre pour ne rien regretter in fine
Vouloir la répétition de ce qu'on a choisi :
c) Vivre et mourir : avers et revers indissociables :
Bien vivre et mal mourir ?
Mal vivre et bien mourir ?
C/. DISTINGUER MOURIR ET AVOIR À MOURIR :
a) Facile de mourir : endormissement, passage agréable
La conscience manque pour donner consistance à la douleur
On n'est plus là
Projection des tiers
b) En revanche : avoir à mourir, vivre avec cette pensée :
Impossible d'agir sur la réalité de la mort
Mais possible sur sa représentation
c) Impossibilité de s'imaginer mort :
Mourant, oui
Mais les moyens de cette conscience manquent
d) Ne jamais vivre comme si l'on ne devait jamais mourir :
Pensons y vivant, sain, serein.
Et non pas avec la théologie, mais avec la philosophie
D/. RECETTES ANTIQUES :
a) Le problème de la mort est resté le même, les solutions aussi...
Recyclage des solutions stoïciennes et épicuriennes
1 La mort n'est pas un mal,
Mais mal vivre si.
2 Elle est là, je n'y suis plus ...
Je suis là, elle n'y est pas...
3 Pleurer ce qu'on ne vivra pas ?
Pareil à ce qu'on n'a pas vécu...
4 Elle vient vite, on ne la voit pas
Elle tarde, on est encore vivant.
5 En regard de l'éternité, toutes les vies sont courtes.
Ridicule du supplément
6 Elle concerne tout le monde : des millions avant et après...
7 On a bien vécu ? Rien à craindre
On a mal vécu ? Pourquoi ajouter au pire ?
8 Que serait le monde sans la place que font les morts aux
vivants ?
9 Une vie d'immortel ? une punition...
E/. UNE PHILOSOPHIE TRAGIQUE :
Ni optimiste, ni pessimiste, mais tragique
Ne pas avoir à mourir de son vivant (religion)
Mais vivre sa vie pleinement (philosophie)
D'où la solution : l'hédonisme.
II L'HÉDONISME
a) Vérité ultime de sa philosophie
Le désir est partout et on nous invite à y renoncer
Sans raisons...
b) Ne défend pas une jouissance sans conscience
Mais mesurée :
Ne pas entraver liberté, autonomie, souveraineté
c) Tactique et stratégie :
Calcul
des plaisirs :
1 Haine de la douleur : évitement de la négativité
2 Amour de la volupté : quête de la positivité.
1/. HAINE DE LA DOULEUR :
a) Critique
de la religion
:
1) Elle ajoute des misères à celles qu'elles
prétendent guérir :
Ainsi : péché, faute, culpabilité :
Silence dans les Essais...
Jésus et Dieu : discrets,
Adam et Eve : absents...
2) Elle invite à communier dans la Passion :
Imitation des douleurs : l'idéal ascétique
Éloge de vie, joie, plaisir, désir, volupté,
bonheur :
Il veut : "une sagesse gaie"
3) Pas de chair peccamineuse ni d'âme salvatrice.
4) Payer son bonheur plus tard par un malheur
ici ?
Quelle idée...
leçons de la Nature
b) Eloge des :
1 Pas de haine de soi chez les animaux : ni
guerre, ni torture
2 Pas plus chez les sauvages
3 Aucune douleur n'est bonne
2/. DÉSIR DU PLAISIR :
1 Où est le souverain bien ?
A cette question Varron répertorie 288 réponses...
Montaigne : "le plaisir est notre but" ("Que philosopher",
etc...)
2 Pas de jouissance dans le renoncement :
Mais dans l'affirmation
Volupté des 5 sens
Défense du plaisir charnel :
Le corps, don de Dieu
3 Le plaisir est naturel (cf. animaux et sauvages) :
Pulsion de vie visible dans la nature :
a Conservation de soi
b Affection de sa progéniture
La dénaturation conduit à la haine de soi
Aucune bête ne travaille à sa perte
3/. ANATOMIE DU PLAISIR :
a) Partie liée plaisir et douleur (Eros et Thanatos)
Joie extrême paraît plus sinistre que gaie
Idem avec l'extrême contentement
b) Plaisir pris à la mélancolie
c) Après la souffrance, plaisir plus intense
Voir les leçons de la Peste.
d) Eloge d'un présent doux dans le flux
Mourir se soigne par un seul remède : vivre, et bien.
4/. STRATÉGIES D'ÉVITEMENT DES DÉPLAISIRS :
a) Dans l'absolu :
Éviter ce qui entame l'autonomie, l'ataraxie :
Mariage, paternité, responsabilités
privées, publiques...
Richesses, honneurs, fortune, gloire...
b) Dans le relatif :
Travailler sur les représentations...
c) Sagesse des trois singes...
1 Gens qui chapardent légumes et grains...
Un peu de richesse en moins : et alors ?
2 Cocuage : tous l'ont été, le sont, le seront..
Nécessaire discrétion...
Un bon mariage ? Une femme aveugle et un mari
sourd...
d) Ne pas se comparer à meilleur que soi :
Regarder les misères, se réjouir de n'y être pas
réduit ...
e) Prendre ses modèles chez les gens de peu :
1 1 500 pages en 20 années, méditation
ininterrompue
Débouche sur une sagesse populaire :
Éloge de la sérénité des paysans, gens
de la terre
Sobriété, discrétion, austérité,
rigueur, simplicité...
2 Pas d'éloge d'Athènes, mais de Sparte
3 Le rôle de la culture ? De la
philosophie ?
Arrêter la dénaturation
Ensauvager la vie disait Diogène...
Pour mémoire :
Retrouver la simplicité de ses parents
nourriciers des deux premières années...
CONCLUSION : TACTIQUES DE CONSTRUCTION DES PLAISIRS :
1 Amitié
2 Commerce des femmes
3 Commerce des livres
Comment contribuer au "grand et glorieux chef d'oeuvre : vivre à propos" ?
BIBLIOGRAPHIE :
• Pierre Leschemelle, Montaigne ou le mal à l'âme, éd. Imago
• Pierre Leschemelle, Montaigne, le badin de la farce, éd. Imago
• James Supple, Les Essais de Montaigne, éd. Honoré Champion
• Revue Internationale de philosophie, Montaigne philosophe
• André ComteSponville, Je ne suis pas philosophe, éd. Honoré Champion
"Trois exercices spirituels"
Bibliographie du
Synopsis
cours
EXERCICES SPIRITUELS
ROLE DES
Travaux pratiques d'une théorie (cf. Pierre Hadot) hédoniste
(Livre III, ch. 3 : Des trois commerces)
a) L'amitié
b) Le commerce des "belles et honnêtes femmes"
c) Le commerce des livres (lire et écrire)
I L'AMITIÉ
(Livre I, ch. 28 : De l'amitié)
A/. UN DOUBLE MONUMENT EN MARBRE :
1/. Montaigne / La Boétie, un monument littéraire :
a) Pages emblématiques de l'histoire des idées
b) Mais aussi tombeau sculpté dans le marbre romain
2/. Mélange :
a) Commentaire d'idées antiques :
Platon, Lysis
Epicure, Maximes
Cicéron, Lélius
Sénèque, Lettres à Lucilius
b) Puis histoire personnelle
c) Thèses, idées, formules du propos :
Qu'un ami véritable...
Parce que c'était lui...
Nous nous connaissions avant de nous
rencontrer...
Cette sainte couture qui n'existe qu'une
fois en trois siècles...
Si entière et si parfaite...
Se fier plus à l'autre qu'à soi...
Une âme en deux corps
B/. FAUX MARBRE, VRAI STUC ?
a) En amitié, Montaigne est platonicien...
Il célèbre l'idée antique de l'amitié
b) Or il n'y a pas d'amitié, mais des preuves d'amitié
c) En réalité, Montaigne Ne donne pas ces preuves...
Il prétend écrire les Essais parce que La Boëtie lui
manque
Et placer le Discours dans un écrin digne de ce nom
d) Ne le fait pas
Discrédite et dénigre le texte :
Exercice de style
Travail de jeunesse
Bluette sans prétention
Compilation
e) Pour quelles raisons ?
Raisons politiques...
PARENTHÈSE_______________________________
_____
Qu'estce que ce Discours de la servitude
volontaire ?
Écrit vers 1552, il a 22 ans
Et non 18, puis 16 comme
l'affirme Montaigne
Texte génial...
1 Laïcisation de la
politique : après la
théocratie
2 Un antiMachiavel
3 Méditation sur l'essence
du pouvoir
Et non sur les meilleures
formes de gouvernement
Quelle est cette essence ?
Le consentement de ceux qui
sont soumis.
On accède
différemment au pouvoir,
On s'y maintient
toujours de la même manière
4 Un constat :
Les hommes n'aiment pas la
liberté, le plus grand des
biens
La voudraient elle, ils
l'obtiendraient
5 Une proposition politique
active :
Ne pas combattre le tyran
mais ne pas le soutenir :
"Ne pas éteindre le feu
avec de l'eau, mais cesser de
l'alimenter en bois".
"Soyez résolus de ne plus
servir et vous voilà libres"
Une idée reprise par la
nonviolence (de Thoreau à
Gandhi)
6 Pourquoi la tyrannie
s'installe et se maintient ?
a) Elle
s'installe par
force et
contrainte
Elle paraît
naturelle
Le peuple s'y
fait, devient
lâche
D'où l'intérêt
d'abrutir le
peuple
b) Elle se
maintient :
1 Par la
coutume
2 Par
jeux, théâtre et
spectacles dans
l¹antiquité
3 Au
XVI° par festins
et réjouissances
Et
ce qui flatte
désirs et
plaisirs...
4 Par la
sacralisation du
pouvoir :
Assimilation
pouvoir et sacré
Théâtralisation
des apparitions
Signes, emblèmes,
décorum.
5 Par
l'organisation
rationnelle :
L'armée compte
pour peu
Mais
l'organisation
pyramidale
6 Leçons
politiques ?
Résistance :
"Jamais à bon
vouloir ne défaut
la fortune"
FIN DE LA
PARENTHÈSE______________________
f) Montaigne est conservateur en politique :
Ennemi des réformes et "nouvelletés"
Catholique et apostolique
Critique les Protestants
g) Or les Protestants se sont servis de ce texte :
Ils le rebaptisent Le Contre'Un
h) Montaigne ne veut pas donner à ce texte une audience
Et préfère la religion de son Roi et de sa nourrice
Aux idées de son ami...
i) Au lieu du Discours publie... 29 sonnets de jeunesse (I.29)
Écrits en partie pour plaire à une jeune fille...
C/. RÉALITÉ DE LEUR AMITIÉ :
a) On sait peu :
corps réel
1 Un :
Naissance en 1530
Brillant Avocat au Parlement de Bordeaux
Émotif, fragile, sensibilité nerveuse
Doux, tendre
Laideur physique : pâleur, cheveux blancs, rides
très jeune...
Joue à la pelote, refroidissement,
Meurt à 33 ans (18 août 1563) ...
corps glorieux
2 Un :
Celui des Essais (6 fois cités)
b) Rencontre dans une grande fête en 155758
Son collègue au Parlement de Bordeaux
c) Temps de leur amitié dans l'absolu : 6 années
Avec 2 années de séparation (1561 à 1563) :
Montaigne à Paris
La Boétie chargé de mission en agenais pour aider à
punir les désordres
d) Amitié fictionnée, sublimée à cause de la mort
Moins vécue dans les faits
Que passée par le filtre des Essais
Réécrite, transfigurée...
D/. SILENCE SUR LES AUTRES AMIS...
a) La pose antique avec La Boétie et :
b) Le silence sur les autres amis dans les Essais :
Pierre de Brach
Pierre Charron
Florimond Raemond
c) Création du mythe de l'unique, du seul ami
Fictionne une histoire platonicienne et platonique
Lui qui démystifie habituellement mythifie là...
d) Injuste avec ses autres amis, complices avérés
Avoue aimer la conversation d'hommes d'esprit
Silence sur deux décennies d'amitiés plurielles...
II LES FEMMES
(l.III ch.V : Sur des vers de Virgile)
a) Avoue les avoir aimées
Une femme, des maîtresses, une relation singulière (Marie de
Gournay), des dédicataires de chapitres, des prostituées...
Rien que de très normal...
(Homosexualité condamnée par une phrase et par sa pratique)
b) Théorie sur les femmes :
1 Les lieux communs de l'époque :
Vanité, naïveté, obstination, caractère colérique,
jalouses, insatiables, incapables de résister à la flatterie,
passivité, faiblesse...
2 Mais pas moins sévères avec les hommes.
3 Ni misogyne, ni gynophile : deux inégalités...
4 Mais matière à un féminisme de Montaigne :
(dans la ligné torture, colonialisme, sorcellerie...)
Pas de différence de nature, mais
Des inégalités construites par le social :
L'instruction, l'institution et l'usage :
"Je dis que les mâles et les femelles sont jetés au même
moule, sauf l'institution et l'usage, la différence n'y est pas
grande"
Les mâles font la société à leur main...
5 D'où un Montaigne proche de La Boétie :
Soyez résolues de ne servir plus...
6 Eloge de la désobéissance :
a) Critique la virginité jusqu'au mariage
b) Contre les relations sexuelles sans consentement
c) Droit des femmes au plaisir
d) Droit à l'adultère dans la discrétion
e) Douceur dans l'intersubjectivité sexuée
7 Les seules craintes de Montaigne ?
Que les femmes entament l'autonomie du sage...
Le mariage ? C'est la paternité assurée...
Épouser sa maîtresse : "chier dans le panier pour
après le mettre sur sa tête"...
c) Son usage des femmes :
Disciple de Lucrèce :
1 La vénus vulgaire
Sexualité + affection, c'est mieux...
Mais la femme vénale, pourquoi pas
(cf. Voyage en Italie)
2 Le couple ataraxique :
Contre le mariage d'amour
:
Oxymore, mauvais pour les deux termes...
Pour le mariage de raison
:
Dissocier cohabitation, amour passion, sexualité
L'idéal :
a plaisir à être ensemble
b sexualité modérée, hygiénique
III LES LIVRES
1 Lire :
a) Lectures : anciens, poésie, voyage, histoire
b) Prétexte à conversation avec les grands hommes
Et à méditations personnelles
2 Ecrire :
Essais de soimême, construction et sculpture de soi
Oeuvre inachevée ou achevée par la mort
Les Essais permettent la bonne distance
L'eumétrie, la métriopathie des anciens
a) Entre soi et soi :
Qui suisje ?
Qui est Je ?
Réactivation du connais toi toi même
b) Soi et les autres :
Une éthique, une morale :
Amitié, amour, intersubjectivité
c) Soi et le monde :
Dieu, le cosmos, la nature
Une ontologie, une métaphysique
A ce prix, la vie peut être joyeuse, voluptueuse
Une vie réussie ?
Une vie qu'on recommencerait de la même manière sachant ce que
l'on sait
Se construire en puissance qui voudrait se répéter telle
qu'elle est, telle qu'elle fut, pour ne pas avoir à jouir ni
moins ni mieux
Ce que Montaigne appelait "vivre à propos" et qu'il qualifiait
de "grand et glorieux chef d'oeuvre"...
Le sien, mais aussi le vôtre, le mien...
BIBLIOGRAPHIE :
• Jacques Follon et James Mac Evoy, Sagesses de l'amitié I et Sagesses de l'amitié II, éd.
Universitaire de Fribourg et Cerf.
• AnnaMarie Cocula, Etienne de la Boétie, Sud Ouest.
• Etienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire, Payot.
• E. De La Boétie, Oeuvres complètes, tome 1 et 2, William Blake and Co.
• JeanMichel Delacomptée, Et qu'un seul soit l'ami. La Boétie, Gallimard.
"Les deux corps du philosophe"
Bibliographie du
Synopsis
cours
1/. MORT DE MONTAIGNE : 13 SEPTEMBRE 1592
a) Lettre de Pierre de Brach à Juste Lipse
b) Mort attendue, pas par surprise
Ni maladie de la pierre, ni assassinat dans les bois, ni marauds, ni accident
de cheval...
c) Diagnostic : esquinancie
1 Étymologie : tirer la langue comme un chien
2 Angine diphtérique : membranes au fond de la gorge
Cf. médecins, chirurgiens
3 Impossible de parler les 3 derniers jours
Déplore de mourir sans pouvoir (se) raconter
d) En présence de ses amis :
Pierre de Brach (poète, avocat à Bordeaux)
F. de Raemond (historien, lui succède au Parlement)
Pierre Charron
e) Et de voisins pour gages...
f) Iconographie du XIXème : romain et chrétien
Sérénité antique
Extrême onction et élévation : catholique
PARENTHÈSE :
Pascal : Montaigne aspirait à une mort lâche et molle
Masochisme chrétien : aimer et vouloir la mort
Contre travail hédoniste : travailler sur les représentations
Fictions chrétiennes pour mourir
2/. LES DEUX CORPS DE MONTAIGNE :
A/. LE CORPS DU PHILOSOPHE :
1592 : coeur chapelle St Michel, corps aux Feuillants de Bordeaux
1593 : cercueil transféré dans une nouvelle église
1624 : 31 ans plus tard, le coeur de Léonore
1629 : corps de sa femme (83 ans)
1793 : 8° section des patriotes Michel de Montaigne : épargné..
1800 : préfet Thibeaudeau : Musée de l'Académie de Bordeaux
Erreur sur le corps (sa nièce par mariage)
Retour du corps
Montaigne reste aux Feuillants
1871 : incendie dans l'Église, 10 ans en ruines
Cercueil de plomb a souffert
1880 : ce qui reste transféré et inhumé à la Chartreuse
1886 : vestibule de la Fac de Bordeaux (Musée d'Aquitaine)
Sarcophage : gisant, gantelet, haume mains jointes, lion ...
1940 : boîte aux lettres des Résistants
B/.
LE CORPS PHILOSOPHIQUE :
1/. LE TEXTE
EN FRANCE :
a) Texte aux Feuillants (exemplaire de Bordeaux)
b) Travaillait avec Marie de Gournay à une nouvelle édition :
De 1588 (rencontre) à 1669 (3 volumes) : 34 éditions
9 sous la responsabilité de M. de Gournay
Ajouts, préfaces, retraits
c) Massacré au massicotage
2/. EN ITALIE :
1590 : (de son vivant)
Traduction de Girolamo Naselli
Ambassadeur du Duc de Ferarre
Peu ou pas d'influences :
Castiglione, Machiavel, Bruno, Campanella, Vanini
3/. EN ANGLETERRE :
1603 : Florio
Shakespeare en prend connaissance
Puis Cotton : 1685 et 1693
Influence sur Locke : Traité sur la tolérance
Puis : Essai concernant l'entendement humain
Puis Hume : 33 Essais moraux politiques et littéraires
(Polygamie, divorce, éloquence, le suicide, la délicatesse du goût, des
caractères nationaux et De l'essai comme mode d'écriture)
4/. EN ALLEMAGNE :
1603 : Titus puis Bode
Kant le cite peu : 2 fois
Mais éloge dans sa Correspondance
Connaît des passages par coeur
Célèbre le grand observateur du moi
Invite à en faire un auteur de chevet
Mais critique son fouillis...
5/. EN FRANCE :
a) Canal historique :
Descartes, Pascal, Malebranche
Moralistes : Molière, La Rochefoucauld, La Bruyère, La
Fontaine
b) Canal alternatif :
L'envers du grand Siècle : les Libertins.
Via Marie de Gournay
1. La Mothe Le Vayer, Petits traités.
2. SaintEvremond Sur le plaisir et Sur la morale
d'Epicure
("Montaigne assagi" SainteBeuve)
3. Pierre Gassendi Vie et oeuvre d'Epicure
4. Cyrano de Bergerac, L'Autre monde.
5. Jean Meslier, Testament.
Aujourd'hui : canal historique
(Séance prochaine : le canal libertin).
A/. DESCARTES ET MONTAIGNE :
a) Emprunts, citations, métaphores
Le cite 1 fois dans sa Correspondance (sur les animaux)
b) Contre les pédants : écrit en français
Non en latin, langue des érudits européens.
Pour les gens du commun et leur bon sens
c) Contre la scolastique : autobiographie
Péché mortel...
Enfance, lectures, maîtres, La Flèche, lit le matin, poêle
Rêves d'Olympica
Cherche un je, un Moi.
d) Contre la théologie : vérité immanente
Cherche une première vérité
Moi : immanence d'un Je contre transcendance d'un Dieu
Histoire, fable, tableau.
Le cogito (Discours IV, Principes art. 10, Méditation II)
Je songe volontiers que je songe (III.5 Sur des vers de Virgile)
Cf. Augustin, de la Trinité.
e) Contre les professionnels : moque la philo
Manière dialectique de dépasser, donc réaliser la philosophie
f) Contre l'érudition vaine : le livre du monde
Pas d'entregloses, de lectures pour la lecture
Juger à partir du monde
Les récits de voyage, les voyages
Cf. Cannibales et chinois
g) Contre la théologie : foi/raison
Vérités inaccessibles à la raison
Laïcisation possible
h)
Contre les révolutionnaires : modération
Mêmes défauts : prudence, modération, conservateurs...
Doute pyrrhonien, doute méthodique : épargner roi et religion
i) Lignages :
1 Surgeon malebranchiste
2 Pousse leibnizienne
3 Branche spinoziste
4 Bouture lamettrienne
B/. PASCAL LECTEUR DE MONTAIGNE :
a) Pascal n'aime pas Montaigne
1 Le pille tout de même : 17 fois cité.
Ciron ; Tour de ND, sens trompeurs, Pyrénées...
2 Cf divertissement et De la diversion (III.4)
Stratégie d'évitement de la douleur
Solution plus courageuse ? Le pari, postuler Dieu...
Fiction dormitive
Philosophe déniaisé
Contre philosophe s'automystifiant
b) Reproche son souci de soi :
Sot projet de se peindre
Et Pascal et son petit salut ?
François de Sales moins aveugle
c) Contre sa doctrine du suicide :
La souffrance rapproche de Dieu
d) Contre l'hédonisme : le dolorisme
Lui qui porte cilices, aime les macérations
Option masochiste (Prière sur le bon usage de la maladie)
N'aime pas l'hédonisme de Montaigne
e) Son immanence :
Dans les Essais : Dieu existe, mais pas au centre
Peindre la condition humaine
Conclusions :
Peinture à charge
Ne le sauve en rien
Le prend pour un sceptique (via Charron)
CONCLUSIONS :
a) Généalogie d'un courant classique
b) Mais aussi d'une logique alternative
Deux corps dans les deux corps de l'oeuvre
1 Corps philosophique officiel
2 Corps philosophique alternatif
L'autre corps : le devenir libertin : prochaine séance...
BIBLIOGRAPHIE :
• Pierre de Brach, Lettre sur la mort de Montaigne, choix de poèmes, éd. L'horizon chimérique
• Pierre de Brach, Montaigne, lettres, éd. L'horizon chimérique
• Pierre Michel, Montaigne, éd. Guy Ducros
• Pierre Villey, Montaigne devant la postérité, éd. Boivin
• Léon Brunschvicg, Descartes et Pascal, lecteurs de Montaigne, éd. de la Baconnière
• Roger Stéphane, Autour de Montaigne, Stock
• Jean Lacouture, Montaigne à cheval, Stock
"Le devenir libertin"
Bibliographie du
Synopsis
cours
1/. L'USAGE LIBERTIN DE MONTAIGNE :
"Guelfe chez les gibelins" etc...
Marie de Gournay : 6 octobre 1565 / 13 juillet 1645
Cénacle Rue de l'ArbreSec
2/. MICHEL ET MARIE...
a) "Fille d'alliance"...
Elle découvre les Essais à 18 ans, le croit mort
Cinq ans plus tard, à Paris, se rencontrent
Montaigne : 55 ans, Marie : 23 ans.
b) Montaigne est marié, père de famille
A fait l'éloge de la discrétion dans l'adultère
Mariage : femme aveugle, mari sourd...
Etat sexuel moyen : éloge des caresses....
Si chaste : par obligation...
c) Que disent les Essais ? (éd. 1595)
1 Il l'aime "beaucoup plus que paternellement"
Parle de son affection "plus que surabondante"
De : la "véhémente façon dont elle m'aima et me désira longtemps"
"Je ne regarde plus qu'elle au monde"...
2 Vante ses promesses intellectuelles
En 1635 : Marie supprime les passages cidessus
Texte ajouté par elle ?
Texte biffé sur le deuil impossible de La Boétie...
d) Montaigne à GournaySurAronde :
2 ou 3 fois : 3 mois au total.
Avec la mère de Marie...
Travaillent, lisent, écrivent, Montaigne dicte...
cf. Proumenoir de Monsieur de Montaigne
Sur Plutarque et l'amour
e) Découvre la mort de Montaigne 15 mois plus tard
Lettre de Juste Lipse
Brach et la Chassaigne l'invitent à Montaigne
En 1595 : reste 15 mois, sympathie avec veuve et fille.
3./
QUI EST MARIE DE GOURNAY ?
a) Leur relation ?
Amour platonique ?
Amitié amoureuse ?
Affection filiale ?
Érotisme sublimé ?
Relation charnelle ?
Tout cela un peu...
b) En dehors de Montaigne :
1 Calomniée personnellement
:
Tradition injuste sur trois siècles :
Vieille fille
Virago
Vierge
Laideron
Sorcière
Dépensière
Radoteuse
2 Calomniée intellectuellement :
Mauvaises intentions :
Travestissements
Infléchissement de la pensée
Captations
Interprétations
3 En fait :
Fidèle, aimante,
Au service d'un homme qu'elle aime et admire
4
Raisons de ces mauvaises réputations :
1/. Elle PENSE en féministe :
a) Voir 2 de ses textes :
Egalité des hommes et des femmes
Griefs des dames
Thèse : égalité absolue : ni misogynie, ni
phylogénie
Thèse de Montaigne : inégalité d'institution
seulement
b) Reprise de cette tradition :
Haine des universitaires, professeurs et officiels
:
1 Paul Bonnefon, Montaigne et ses amis,
Armand colin, 1898.
2 Mario Schiff, La fille d¹alliance de
Montaigne : M de G., H. Champion, 1910.
3 Pierre Villey, Montaigne devant la
postérité, Boivin, 1935.
4 Maurice Rat, préface à la Pléiade,
1962.
5 Constant Venesoen, établissement
annotation et commentaire du Proumenoir
de Monsieur Michel de Montaigne, Droz,
1993...
2/. Elle VIT en
féministe :
a) Célibataire : pas entretenue...
Préfère Donzelle et Minette...
Puis écrire des textes de circonstances pour
obtenir pensions
Courtisane au sens étymologique (fortune dépensée,
perdue)
b) Hédoniste : pas sinistre...
Carrosses, dame de compagnie qui lui joue du luth,
2 laquais...
Qu'on ne reprocherait pas à un aristocrate mâle...
c) Indépendante : pas dans l'ombre de Montaigne...
Sa valeur intrinsèque et propre :
1. Traduit du latin : Ovide, Salluste,
Virgile, Tacite
2. Fait des vers : ses chats, Léonore,
Jeanne d'Arc
3. Correspond : F. de Sales, J. Lipse,
Richelieu, A. d'Autiche, Marie de
Médicis.
4. Critique le platonisme des
Précieuses.
5. "Adapte" Ronsard
6. Prend position sur la querelle du
langage.
7. S'occupe de politique :
a) Lave les Jésuites de
l'accusation de régicide
b) Écrit sur l'instruction des
princes
8. Tient pour un abord philologique des
Essais
a) Pas de states, mais un
ensemble
b) Établit le texte pendant 20
ans :
Traduit les citations,
Précise les références
Nettoie les mots
Autre chose que cette sotte
de la tradition...
4/. LA MÉDIATION LIBERTINE DE MARIE DE GOURNAY :
a) Ni Montaigne ni Gournay ne sont athées
Donnent des gages au catholicisme
b) Les idées chrétiennes de Marie de Gournay :
Convertir les fidèles
Correspond avec François de Sales
Eloge de la confession auriculaire
Chasteté et continence des prêtres
Célèbre le colonialisme chrétien (!)
(Intérêt pour sa pension...)
c) Amie aussi des libertins...
dans son cénacle :
1 Théophile de Viau :
Emprisonné pour ses vers licencieux
Livres et effigie brûlés en place de Grève
2 Gabriel Naudé :
Médecin, fondateur de la Mazarine
Théoricien du coup d'Etat
Membre de la Tétrade (Diodati, Gassendi, La Mothe le Vayer)
3 François La Mothe Le Vayer :
Son légataire universel...
Vieux papiers, et bibliothèque... de Montaigne
5/. LE DEVENIR LIBERTIN DE MONTAIGNE :
a) Dans l'édition de 1635 :
Affirme n'avoir pas traduit les passages... libertins.
Laisse les références destinées aux érudits.
b) Théorie du pillotage :
Trois Exemples :
a) Sur la religion :
1 Anticlérical :
"La grossière imposture des religions" (II.22)
1.2 Catholique :
"L'Église catholique, apostolique et romaine en laquelle je
meurs et en laquelle je suis né" (I. LXI).
b) Sur la politique :
1 Conservateur:
"Le changement seul forme à l'injustice et à la tyrannie"
(III.IX).
1.2 Progressiste :
"En toutes choses, sauf simplement aux mauvaises, la mutation
est à craindre" (I. XLIII).
c) Sur les femmes :
1 Misogyne :
"Nées pour le rôle passif" (III.5)
1.2 Féministe :
"Les mâles et les femelles sont jetés en un même moule : sauf
l'institution et l'usage, la différence n'y est pas grande"
(idem)
c) Ainsi trouvent leur compte :
Chrétiens et épicuriens
Ascètes et hédonistes
Sceptique et dogmatique
Critique des atomes et défenseur
d) Pensée fluide, dynamique, en mouvement:
Ne pas l'appréhender par des clichés photographiques (le pillotage).
Mais sur le principe du film.
6/. LES PRÉLÈVEMENTS LIBERTINS :
Montaigne utilisé comme une carrière libertine à ciel ouvert :
1. Chrétien comme Périgourdin et Allemand
2. Chrétien ? Justice, charité, bonté
3. Religion : génère vertu, couvre des vices...
4. Beauté intrinsèque de la création en plus du créateur...
5. Humanisation des bêtes, animalisation des hommes et homme couronnement de la nature
6. Déification ? Ce qu'on ne comprend pas.
7. Critique du paradis... musulman.
8. Critique de la survie après la mort.
9. Dieux ? faits par les hommes.
10. Critique d'Aristote.
11. Localisation de l'âme dans le cerveau
12. Pas de preuve de l'immortalité de l'âme
13. Vérités d'aujourd'hui ? Erreurs de demain
14. Relativités historiques, pas d'universel
15. Connaissance ? Par les sens
Pour un sceptique emblématique
Beaucoup de vérités explosives...
Ce qui lui vaut la mise à l'Index en 1676...
(Comme Erasme, Machiavel, Descartes, Pascal, Malebranche, Fénelon, Spinoza, Locke,
Berkeley, Hume, Montesquieu , Voltaire, Rousseau, Diderot, Helvétius, Condillac,
D¹Holbach, D¹Alembert, La Mettrie, Condorcet, Kant, JohnStuart Mill, Fourier, Proudhon,
Bergson, Beauvoir, Sartre... L'index est supprimé en 1966)
CONCLUSIONS
1. Cet usage de Montaigne :
a) Émancipation de la philosophie (théologie et scolastique).
b) célébration des pouvoirs de la raison
c) Possibilité d'une pensée laïque
d) Ethique et politique immanente : par et pour les hommes
2. Les enfants de Montaigne ?
L'épicurien La Mothe Le Vayer
Le voluptueux St Evremond
L'ironique Cyrano
Le sage Gassendi
La célibataire Gabrielle Suchon
Le génial Spinoza
L'athée Meslier
Tous amateurs de Montaigne... et d'Epicure
Proposition pour le prochain séminaire (20042005) :
L'envers du grand siècle...
BIBLIOGRAPHIE :
• Paul Bonnefon, Montaigne et ses amis, Armand Colin
• Mario Schiff, La fille d'alliance de Montaigne : M de G. , H.Champion
• Pierre Villey, Montaigne devant la postérité, Boivin
• Maurice Rat, préface à la Pléiade
• Constant Venesoen, établissement annotation et commentaire du Proumenoir de Monsieur Michel
de Montaigne, Droz
• Marie de Gournay, Fragments d'un discours féminin, José Corti
• Montaigne et Marie de Gournay. Colloque de Duke, Honoré Champion
• Martine Mairal, L'Obèle