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IOAN-AUREL POP
et ALEXANDRU SIMION
1
Ana Dumitran, L. Mâdly, Al. Simon (edited by), Extincta est lucerna Orbis: John Hunyadi
and his Time (In memoriam Zsigmond Jakó), dans Mélanges d'histoire générale, Nouvelle Série
(general editor Ioan-Aurel Pop), section I. Between Worlds, no. 2, Cluj-Napoca, 2009. 562 p. +
XXXII p. et 34 figures.
2 e
C. Mureşan, Iancu de Hunedoara, II éd., Bucarest, 1968; M. P. Dan, Un stegar al luptei
antiotomane. lancu de Hunedoara, Bucarest, 1974; A. A. Rusu, loan de Hunedoara şi românii din
vremea lui. Studii, Cluj-Napoca, 1999.
6
I. D. Mureşan. Le Royaume de la Hongrie..., p. 476.
7
Haralambie Mihăescu, Radu Lăzărescu, Nicolae-Şerban Tanaşoca, Tudor Teoteoi, Izvoarele
istoriei României, vol. IV, Scriitori şi acte bizantine din secolele IV—XV. Bucureşti, 1982, p. 392-397,
1. D. Mureşan, p. 489-490.
8
Voir aussi les commentaires de Ekaterini Mitsiou, John Hunyadi and Matthias Corvinus in
the Byzantine Sources. With an excursus on the "Greekpoem on the Battle of Varna", dans Christian
Gastgeber, Ekaterini Mitsiou, I.-A. Pop, Mihailo Popovic, Johannes Preiser-Kapeller, Al. Simon
(coord.), Matthias Corvinus und seine Zeit. Europa am Ubergang vom Mittelalter zur Neuzeit
zwischen Wien und Konstantinopel, Wien, 2011. p. 223-229.
importantes victoires chrétiennes sur les assiégeants de l'Europe, véritable pierre
9
de touche pour l'évolution ultérieure de la civilisation sur le vieux continent . La
vérité est que, dans ce cas aussi, l'analyse historique des faits est loin d'avoir été
achevée, pour la simple et bonne raison qu'une grande quantité des sources de
l'époque (conservées dans plusieurs archives et écrites dans différentes langues)
continue à rester inconnue, ne pouvant donc pas être étudiée et encadrée dans le
tableau historique général du temps.
10
Cette victoire chrétienne , comme d'ailleurs les faits qui l'avaient précédée
ou succédée, ont généralement été connus dans l'ouest de l'Europe, à Rome,
Venise, Milan ou Florence, de même qu'à Madrid, dans le Royaume de France ou
dans le monde germanique. Il y avait déjà sur le continent européen un réseau
d'envoyés officiels (émissaires, ambassadeurs) et non-officiels (espions) - et
souvent des combinaisons entre ces deux catégories - qui informaient
régulièrement et avec empressement leurs patrons et maîtres de tout ce qui se
passait d'important, notamment dans les points chauds d'affrontement direct entre
le monde européen (chrétien) et celui ottoman (islamique). Le mieux informées et
dotées de ce point de vue étaient les cours princières de la Péninsule italique,
principalement le Saint-Siège, Venise, Milan, Gênes, Naples, Florence. Ainsi, dans
les archives milanaises on peut trouver des sources significatives (surtout des
rapports ou, comme l'on dit en italien, dispacci) relatives à tous les événements
notables de l'an 1456 qui ont eu lieu en Hongrie ou dans son voisinage. Il y a des
données sur les préparatifs de la bataille de Belgrade et sur l'affrontement
proprement dit. D'autres ont trait à la grande victoire chrétienne, à la personnalité
du héros vainqueur mais aussi à sa mort, survenue peu de temps après. On peut
également trouver des renseignements sur la retraite des troupes ottomanes, sur
l'attitude du roi Ladisias V le Posthume, sur le conflit entre le fils aîné de Jean
Hunyadi et le comte Ulrich von Cilly, sur l'assassinat de ce dernier (en novembre
1456), sur la condamnation et ensuite la décapitation de Ladislas de Hunedoara (en
mars 1457) etc.
Nous avons choisi les documents milanais les plus significatifs qui reflètent
11 12
ces événements . Ainsi, le 27 avril 1456 , Jean, 1' évêque de Pavie, écrivait (en
9
I.-A. Pop, La battaglia di Belgrado (1456) nelle testimonianze venete, dans le voi.
<PIAANArNQETHE. Studi in onore di Marino Zorzi, soigné par Chryssa Maltezou, P. Schreiner et
Margherita Losacco, Istituto Elenico di Studi Bizantini e Postbizantini, Venezia, 2008, p. 339-348.
1 0
Voir N. Housley (edited by), Crusading in the Fifteenth Century: Message and Impact,
London and New York, 2004.
11
Voir aussi Al. Simon, The Milanese Reports on the Hungarian Events of 1456, dans V. Sârbu,
C. Luca (éditeurs), Miscellanea historica et archaeologica in honorem professons ionel Căndea,
Brăila, 2009, p. 249-260.
1 2
Archivio di Stato di Milano (ASM), Archivio Ducale Sforzesco (ADS), Potenze Estere,
Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n. (documenti non numerati).
tant qu'émissaire ou «orateur») au duc Francesco Sforza qu'il avait été mis au
courant de ce que « le voïvode Jean (Jean Hunyadi), ancien gouverneur de la
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Hongrie » , de plein accord avec les barons et les autres, avait pris l'initiative de
combattre les Turcs, que le despote de la Serbie (Georges Brankovic) avait été mis
en liberté, qu'il n'y avait pas de nouvelles sur l'accord (préconisé) entre la Hongrie
et le susdit gouverneur, mais que ces nouvelles, il l'espérait bien, devaient arriver
sous peu. L'évêque écrivait aussi avoir beaucoup encouragé par ses lettres à la fois
le pape et le susdit gouverneur. Il adresse ensuite au duc une requête personnelle,
liée à la récupération de quelques biens qui lui appartenaient et qu'un certain
Martino Grasso s'était appropriés.
Le 18 juin 1456, un autre Milanais, Antonio Guidobono, ambassadeur à
Venise, répondait à quelques questions que le duc de Sforza lui avait posées (dans
14
une lettre datée à Milan le 15 juin) . Il lui annonçait que « le Turc était arrivé dans
les contrées de la Valachie et de celles du despote de la Serbie, à la tête d'une
grande armée » ; le despote (Georges Brankovic), pensant que le Turc attaquait
« en désordre » (de manière désorganisée), était venu à sa rencontre à la tête de
quelque huit milliers de combattants ; il constata cependant que les Turcs s'étaient
bien préparés et subit de graves conséquences : la plupart des huit milliers de
combattants sont tombés prisonniers ou ont trouvé la mort. Alors que le Turc —
ajoutait Guidobono - entendant que le pape, le roi d'Aragon et le duc de
Bourgogne envoyaient au même moment des troupes vers Constantinople, décida
de faire marche arrière pour veiller sur la susdite ville ; ce qu'il fit aussitôt, retirant
une partie de ses meilleurs hommes et laissant les autres causer des dégâts au
despote et aux Roumains. Jean Hunyadi (appelé d'habitude, par une corruptèle,
Bianchof' était resté dans le voisinage, pour assurer la défense au Danube, en
61
attendant la grande armée des Hongrois, qui ne pouvait se réunir avant le 1 août,
après la récolte. Ces nouvelles provenaient de bonnes sources, d'un Vénitien qui
e
avait quitté Jean 18 jours auparavant (soit autour du I ' juillet).
L'autre diplomate, l'évêque de Pavie, écrivait le 23 juillet 1456 de Wiener
Neustadt au duc de Milan qu'à cause de l'agitation et surtout « de tant de nouvelles
malheureuses liés aux Turcs » il n'a pas pu entrer chez l'empereur pour cette
16
« affaire à nous » . Il donne ensuite des détails sur les Turcs : le sultan était lui-même
l j
Jean Hunyadi, à cette date-là capitaine général du royaume, avait été voïvode de
Transylvanie (1441-1446) et gouverneur de Hongrie (1446-1452), mais il eut aussi d'autres titres.
Le titre de voïvode (entre autres) était porté par les dirigeants de Transylvanie, de la Valachie et de la
Moldavie.
1 4
ASM, ADS. Potenze Estere, Venezia, carteggio 343, fascicolo 6, s.n.
15
1.-A. Pop, A Few Considerations Regarding the Name of Matthias Corvinus, dans
Transylvanian Review, vol. XVIII, no. 3, Autumn 2009, p. 3-12; I.-A. Pop. Numele din familia
regelui Matia Corvinul - de la izvoarele de epocă la istoriografia contemporană, dans Studii şi
materiale de istorie medie, voi. XXVI, 2008, p. 111-138.
16
ASM, ADS. Potenze Estere, Germania, carteggio 569. fascicolo 7, s.n. Cette « affaire à
nous » concernait un préconisé traité entre le duc Francesco Sforza et l'empereur Frédéric III pour la
réglementation des rapports entre l'Empire et le Duché de Milan et l'établissement du statut de ce
dernier.
arrivé au Danube « à la tête d'une grande foule de différentes ethnies » et d'environ
200 galères ; il fit construire un pont sur la rivière Sava, ce qui lui permettait de
parvenir jusqu'en Slavonie, soit à proximité de l'Italie. Dans ce mauvais état de
toute la chrétienté - disait le même rapport - aucun prince ne bouge pour donner
du secours, excepté « ce Jean Voivode digne de toutes les honneurs, le chrétien le
plus infatigable », qui fait de son mieux avec son armée, affrontant le Turc. Mais,
dans les conditions où il manque de tout soutien - disait encore l'émissaire - cette
résistance ne va pas durer. Le duc de Milan était en même temps informé qu'il n'y
avait pas de nouvelles au sujet de « notre affaire ».
Le 4 août 1456, le même émissaire perspicace écrivait toujours d'Autriche au
duc de Milan de n'avoir pas encore eu « l'opportunité » de traiter cette « affaire à
nous », en raison du fait que l'empereur était trop impliqué et occupé avec les
différends qu'il avait avec le roi de Hongrie, ainsi qu'avec les conspirations ourdies
1
contre lui par certains barons et nobles . Quelques jours après, l'évêque de Pavie
trouva toutefois le bon moment pour négocier le traité, de paix ou d'armistice,
entre l'Empire et le Duché de Milan, acte bien accueilli par le Habsbourg. Le
rapport annonçait ensuite la victoire des chrétiens sur les Turcs, attachant la copie
de la lettre écrite par « ce très courageux et bon chrétien prince, Jean Voivode,
comte de Bistriţa » et précisant que le roi de Hongrie allait envoyer l'un de ses
proches - monsieur Georges, prévôt de Bratislava, très bon ami de l'évêque de
Pavie - chez le duc milanais, après que cet émissaire eût passé par Rome.
Le 29 août 1456, les nouvelles concernant les événements étaient, certes,
18
beaucoup plus nombreuses, dont quelques-unes très bonnes, d'autres tristes . Le
même « serf » Jean, évêque de Pavie, confirmait, par exemple, la victoire de
Belgrade, ainsi que la mort du héros vainqueur, « Jean Voïvode ». Parmi les
rumeurs moins crédibles figuraient la mort du sultan et la mise en fuite des Turcs
de Constantinople. Des données plus réalistes concernaient le retour du roi Ladislas
V dans son pays (en Autriche), la prépotence du comte de Cilly, qui « fait tout » en
Hongrie, la présence du cardinal Juan de Carvajal à Belgrade, lieu vers lequel se
dirigent des armées de croisés, le campement sur l'ordre de l'évêque de Pavie
d'environ six mille hommes bien armés au dehors de Vienne avec l'espoir de
former une grande armée en Autriche, le plus tard jusque l'année prochaine, en
1457.
er
Le plus ample et le plus complet de ces documents est le rapport du 1 décembre
1456, qui fait aussi une synthèse, tirant des conclusions au sujet de plusieurs
19
événements qui s'étaient passés au cours de cette année trouble . L'auteur du
rapport est Jean de Ulesis, l'ambassadeur de Milan à Vienne, qui déplore au début la
durée de son voyage (22 jours depuis Milan jusque dans la capitale des Habsbourg),
très dangereux, comme pour s'excuser auprès de son maître pour n'avoir pas donné
de nouvelles pendant tout ce temps-là. Une des causes du retard avait été la
1 7
ASM, ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.
18
ASM, ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.
19
ASM, ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.
nécessité d'un sauf-conduit pour pouvoir traverser en sûreté les lieux contrôlés par
le comte de Cilly ; même dans ces conditions - disait le diplomate - , comme il était
tombé sur le camp des ennemis installé dans le lieu appelé « Sous Vienne », à
environ 20 mille de Wiener Neustadt, il a dû attendre l'arrivée d'une escorte qui
allait le conduire dans la susdite ville. La première nouvelle était au sujet de
Leveque de Pavie, qui, 15 jours auparavant, était partie de la ville (« Nova Citta »)
pour Nürnberg, où devaient se rencontrer tous les princes d'Allemagne et les
électeurs de l'Empire et où l'empereur était « cité » aux côtés d'autres princes, le
jour de Saint-André (30 novembre 1456), «pour traiter de l'anéantissement du
Turc ». L'émissaire sait que « sa majesté » n'a pas l'intention de s'y rendre et veut
envoyer un représentant. En l'absence du monseigneur de Pavie (qui était trop loin
pour pouvoir être convoqué), Jean de Ulesis avait décidé de ne pas le suivre, mais
de rester sur place pour apprendre directement de « sa majesté impériale » ce qui
aurait dû lui dire le susdit évêque. La question principale, pour la narration de
laquelle l'émissaire prodigue tant d'espace et d'encre, est l'accord que le duc
Francesco Sforza voulait conclure, à son avantage, avec l'empereur Frédéric III.
Dans la question de cet accord, les opinions étaient divergentes : l'empereur prétendait,
en échange de la reconnaissance du duché de Milan comme le fief héréditaire de la
famille Sforza, un cens annuel et autres subsides, alors que le duc milanais voulait
maintenir le duché libre de toute obligation, bénéficier « d'amples privilèges »,
comme ses prédécesseurs, acceptant toutefois le paiement d'une petite somme
d'argent (unique au début), de commun accord avec « sa majesté ». Les détails de
la préconisée entente - largement exposés dans le rapport - ne présentent aucun
intérêt pour notre démarche. Nous précisons tout de même que Jean de Ulesis
donne les noms des personnes qui l'ont aidé dans la mission que lui avait confiée
son maître, il assurait celui-ci de la bienveillance de « sa majesté » mais n'obtint
rien de concret, puisque l'empereur sollicitait l'envoi d'un nouvel « orateur », avec
pleins pouvoirs, pour traiter sérieusement et trancher la question. Jean de Ulesis
ajoute encore que le nouvel envoyé devait avoir sur lui suffisamment d'argent pour
« graisser la patte » de tous ceux qui allaient le conduire chez le souverain et vers
la conclusion de l'accord.
Quant aux questions hongroise (et germanique), l'émissaire offre des données
précises, bien que certaines soient des rumeurs : la nouvelle au sujet de la mort en
20
Hongrie du comte Ulrich de Cilly , tué par le fils de celui de « bon souvenir » Jean
Hunyadi (avant que le défunt comte ait réussi à tuer lui-même l'assassin, comme il
l'avait menacé) ; le roi Ladisias V serait en mauvais état (incertain), du moment
que le souverain était la marionnette du comte de Cilly ; les Hongrois sont des gens
infidèles, faibles et font preuve d'inconstance à l'égard de leurs seigneurs et surtout
de leurs princes ; tous les conseillers et toute la suite dudit comte ont été arrêtés et
retenus et leurs affaires ont été pillées. L'émissaire constate, ajuste titre, que tout
2 0
J. Grabmayer, Das Opfer war der Täter: Das Attentat von Belgrad - über Sterben und Tot
Ulrichs II. von Cilli, dans Mitteilungen des Österreichischen Instituts für Geschichte, vol. CXI, no. 3-4,
2003, p. 286-316.
le monde se réjouissait « dans ces contrées-là » de la mort du comte, les gens
sachant qu'il était la cause de cette guerre contre l'empereur, qu'il avait été un
tyran qui voulait « corrompre » toute l'Allemagne et y apporter « de mauvaises
mœurs », qu'il avait par testament légué tous ses domaines et toute sa fortune au
roi de Hongrie (car il n'avait pas d'enfants), au grand mécontentement de
l'empereur, puisque le défunt avait eu en possession « des terres et des lieux » qui
appartenaient à l'Empire et ne pouvaient pas être aliénés. Le diplomate ajoute
encore - influencé par d'autres opinions - que la mort du comte aurait pu générer
« de grands maux dans ces contrées ».
Le panorama continue par la relation de quelques événements qui ont eu lieu
après la mort du comte de Cilly : deux des chefs qui s'étaient soulevés contre
l'empereur, sujets de droit de celui-ci (comme ceux de Correggio étaient les sujets
du duc de Milan) - mais qui, à l'aide et sur l'instigation dudit comte, du roi de
Hongrie et de quelques seigneurs d'Allemagne, avaient déclenché la guerre contre
leur maître légitime - étaient venus chez « sa majesté impériale », bénéficiant d'un
sauf-conduit de sa part, pour traiter un accord, un armistice ou la paix, qui s'avérait
très souhaitable, étant donné que la guerre avait causé de grandes privations et
limitations dans le pays, car elle avait été entretenue et soutenue par le comte de
Cilly, ce que les chefs actuels ne pouvaient plus faire. La paix étaient attendue de
tous côtés et les consultations se prolongeaient tard dans la nuit ; à la cour de
l'empereur on dansait et on s'adonnait à des jeux chevaleresques (au plus fort de la
guerre), pour montrer au peuple que la guerre ne comptait pas, bien que l'empereur
eût dépensé pour ce conflit 150 000 ducats.
Jean de Ulesis s'est intéressé auprès des témoins oculaires comment les
choses s'étaient passées avec la défaite infligée aux Turcs à Belgrade en été de la
même année 1456. Ceux-ci lui dirent qu'il aurait suffit de peu de chose pour que
les Turcs ne fussent pas vaincus, que le nombre des morts chrétiens avaient à peu
près été égal à ceux des Turcs, que le plus grand dommage des Turcs a été la perte
de la munition et de « l'armée de l'eau » (la flotte). L'orateur annonce aussi que les
Turcs se prépareraient à la guerre avec un « appareil » comme jamais il ne sera vu
un autre pareil, que bien des chrétiens qui sont partis pour la guerre contre les
Turcs rentrent chez eux, car le Turc, pour ne pas être poursuivi, « a mis le feu au
pays et aux bons lieux sur 20 jours 'de distance'». Et l'assemblée de Nürnberg se
fait dans le but d'envoyer contre le Turc des chrétiens - autour de 70 000 - qui ne
fassent pas marche arrière et qui disposent de vivres et de subsides jusqu'au
printemps ; l'on croit que s'ils avaient suffisamment de nourriture, 200 000 chrétiens
s'uniraient pour combattre le Turc.
Le jour même où le rapport était expédié - dit-on - « l'orateur » a appris à la
chancellerie du duc Sigismund (d'Innsbruck) que « les princes » (magnats et
barons) de Hongrie et le fils dudit Jean Hunyadi (après avoir tué le comte de Cilly)
auraient fait prisonniers le roi de Hongrie avec sa famille et le duc de Bavière (qui
accompagnait le roi). On disait que le roi était gardé avec tous les honneurs dus à
son rang, mais on craignait qu'il ne lui arrive quelque chose, puisque les Hongrois
étaient « des gens méchants et infidèles ». Aussi l'empereur cherchait-il d'apporter
de l'aide et du soutien au roi dans la mesure du possible. Étant donné les
circonstances et comme les pays en cause étaient déjà en guerre et en souffrance,
Jean de Ulesis demande à son maître d'envoyer aussitôt son émissaire, avec pleins
pouvoirs et de l'argent. Celui-ci pourrait profiter du fait que l'empereur, étant en
guerre, aurait besoin d'argent, alors que les Milanais auraient sans doute hâté la
conclusion de l'accord dans des termes favorables au duc Francesco Sforza. Et
« l'orateur» envoyé devrait aussi apporter de l'argent nécessaire pour donner des
pots-de-vin à quelques « grands maîtres » (puisque cette cour impériale était avide
de «fricasser» de l'argent). On n'avait peut-être pas besoin de 12 000 ducats,
comme l'avait de manière un peu exagéré demandé l'évêque de Pavie, mais sept
milles étaient toutefois nécessaires pour faire ouvrir les nombreuses portes. On dit
encore que la paix entre l'empereur et ses ennemis va être conclue et que le
souverain, avec le subside généreux offert par le duc de Milan, « se mettra à piller
les terres et les lieux dudit défunt comte de Cilly ».
2 1
Al. Simon. The Milanese Reports..., p. 250.
pour le bien de l'alliance chrétienne et du succès de l'opération, beaucoup
attendaient un accord ou une entente entre les deux, comme d'ailleurs entre tous
ceux intéressés (par la victoire sur les Ottomans), qu'ils soient catholiques ou
orthodoxes.
L'entente entre le roi et Jean Hunyadi dépendait cependant du comte Ulrich
22
de Cilly . Or, dès le milieu de l'an 1456, celui-ci se montra un allié et un partisan
du sultan derrière le front et un possible artisan du triomphe hongrois, ardemment
voulu par Mehmed III. Le comte, à l'aide involontaire de Jean en ascension, attira
de son côté les nobles divisés, isolant ainsi l'ancien gouverneur. Il a aussi réussi,
dans les conditions d'une préoccupation excessive pour sa propre personne, à
pousser l'inexpérimenté roi en dehors de la Hongrie. Par les messages équivoques,
voire malveillants, qu'il avait adressés aux cours italiennes dans les années 1455—
1456, au sujet des plans de combat et des questions intérieures de la Hongrie, le
comte a réussi à semer suffisamment de confusion, d'où le refus de subsides
alloués au pays, sur le fond de la faiblesse de Jean Hunyadi et du royaume. Enfin,
ce fut toujours Ulrich de Cilly qui a aidé l'opposition autrichienne contre
l'empereur Frédéric III et qui a attaqué celui-ci, l'empêchant d'envoyer ses
modestes forces au secours de Jean Hunyadi. Dans ces conditions, l'ancien voivode
de Transylvanie, face à l'hostilité de Cilly, voyant quelques-uns de ses fidèles
passer du côté du comte et perdant la confiance du roi (qui était sous l'influence du
même comte), ne pouvait compter en Occident que sur l'empereur.
Dans le sud, le despote serbe Georges Brankovic était souvent obligé
d'alterner la politique de résistance devant les Ottomans avec celle de conciliation.
Ses rapports avec Jean Hunyadi ont suivi le même trajet sinueux. Dans la Diète de
23
Györ, de 1455, le franciscain Jean de Capestrano attaqua publiquement
Brankovic. De plus, vers la fin de 1454 ou au début de 1455, le chef serbe a dû
faire face à la colère du beau-frère de Jean Hunyadi, Michel Szilagyi, qui lui a
coupé les doigts d'une main. Par conséquent, le grand commandant transylvain n'a
plus pu jouir du soutien du despote, bien que celui-ci, on l'a déjà vu, en alliance
avec le prince régnant de la Valachie, Vladislav II, s'opposât (fin mai ou début juin
1456) à une armée ottomane qui se dirigeait contre la Valachie et la Serbie. La
résistance serbo-roumaine ne s'est toutefois pas avérée trop bénéfique pour les
chrétiens, puisque tous les huit milliers de combattants anti-ottomans avaient été
annihilés. Aussi Jean Hunyadi ne pouvait-il pas compter à Belgrade sur le soutien
de Brankovic.
24
Le soutien d'un autre grand commandant, Georges Castriota, dit Skanderbeg ,
ne s'est pas avérée plus efficace non plus, dans les conditions où le chef albanais
^ Al. G. Supan, Die vier letzten Jahre des Grafen Ulrich II. con Cilii, Viena, 1868.
3
" 1 . M. Damian, Giovanni da Capestrano, i valacchi e la battaglia di Belgrado: fonti e
ideologia della crociata dei minori, dans Ana Dumitran, L. Mâdly, Al. Simon (edited by), Extincta
est lucerna Orbis: John Hunyadi and his Time (In memoriam Zsigmond Jakô), dans Mélanges
d'histoire générale, Nouvelle Série (general editor I.-A. Pop), section 1. Between Worlds, no. 2. Cluj-
Napoca, 2009. p. 443-458.
2 4
Voir O. J. Schmitt, Skanderbeg: eine Biographie, Regensburg, 2009.
était entraîné dans des rivalités locales. La Moldavie de Pierre Aron n'était pas, à
son tour, dans une position qui lui permît de donner de l'aide contre les Turcs, du
moment que l'assemblée des Etats, sous la pression du sultan, avait décidé, le 5 juin
1456, de la paix avec les Ottomans et du paiement d'un tribut (symbolique) annuel
de deux mille ducats vénitiens, en contrepartie de cette paix. La Valachie était, en
mai-juin, en conflit avec les Turcs, ses troupes luttant (aux cotés des Serbes) contre
les armés ottomanes, en vertu d'un accord entre le prince Vladislav II et Jean
Hunyadi. À moins que Vlad Ţepeş l'Empaleur (Drăgulea), chargé au même
moment (peut-être vers mi-juin, l'information datant du 3 juillet 1456) par Jean
Hunyadi de la défense du sud de la Transylvanie, eût, paraît-il, dépassé ses
attributions, pénétrant par le sud des Carpates, tuant son rival Vladislav II (dont les
soldats étaient engagés dans le combat anti-ottoman) et s'installant sur le trône.
En dépit de ces conjonctures défavorables, Jean Hunyadi, presque tout seul,
réussit un miracle à Belgrade, vainquant le sultan. La nouvelle de ce succès
(inattendu) arriva dans la Péninsule italique dans la première semaine du mois
d'août, environ 12 jours après que le sultan eut levé le siège de Belgrade et se fut
retiré. Les puissances italiennes ont exploité la nouvelle de différentes manières. Le
royaume de Naples (le principal soutien anti-ottoman - moral le plus souvent - de
Jean Hunyadi et de Skanderbeg) attaqua Gênes, motivant que cette ancienne rivale
de Venise était la traîtresse traditionnelle de la cause chrétienne. Il est vrai que les
Génois, avec toutes leurs colonies, jusqu'à Caffa, avaient refusé, fin de 1455 -
début de 1456, de venir en aide à Jean Hunyadi, pour au moins deux raisons : la
peur que leur inspiraient les Ottomans et les faibles forces dont disposait l'ancien
gouverneur. Gênes aurait toutefois été prête à s'engager - et cela non seulement de
façon déclarative - dans une action anti-ottomane générale italienne, considérée
• 25
comme ayant plus de chances de succès. Le duché de Milan , comme Gênes, était
vu par certains comme un obstacle devant la croisade, étant donné sa longue
expectative et son attitude parfois trop « amicale » envers les Ottomans.
Néanmoins, Leveque de Pavie, l'envoyé du pape et de Milan, se trouvait à la fin
juillet 1456 à Vienne, pour restaurer la paix avec les Habsbourg en vue de la
croisade, facilitant aussi la voie de « notre affaire », c'est-à-dire la conclusion de
l'accord entre le duc Francesco Sforza et l'empereur Frédéric III. Il s'émerveilla de
la force que Jean Hunyadi avait mis en branle à Belgrade, mais ne croyait pas que
cette entreprise, sans bénéficier d'une aide sérieuse, pût « durer », c'est-à-dire
obtenir un résultat durable. Le 4 août, l'évêque informait le duc milanais de la
victoire des chrétiens, attachant aussi une lettre de Jean Hunyadi adressée à
Francesco Sforza. Le roi de Hongrie devait lui aussi envoyer un émissaire à Rome
et à Milan. À ce moment, lorsque le sultan s'était retiré, le duc de Milan pensait
sérieusement à soutenir la croisade générale. Peu de temps après, le même évêque
de Pavie annonçait la mort de Jean Hunyadi, ainsi que les événements qui ont suivi,
2 5
L. Fumi, // disinteresse di Francesco I Sforza alla crociata di Calisto III contro i Turchi,
e
dans Archivio Storico Lombardo, I V série, XVII (1912), p. 101-111.
y compris les préparatifs de guerre et l'armement des croisés (six mille personnes),
par ses efforts, avec de l'argent milanais.
L'état d'agitation créé dans le Royaume de Hongrie après la victoire et la
mort du héros vainqueur était sans précédent. Avant la mort de Jean Hunyadi, ils
étaient nombreux ceux qui craignaient son hégémonie, devenue évidemment plus
solide après le succès de Belgrade. Cilly profita de cette crainte pour renforcer son
statut parmi les magnats, étant dans les bonnes grâces du roi, dont l'influence ne
faisait que grandir. La mort de Jean Hunyadi facilita l'ascension du roi, mais
changea aussi, irrémédiablement, le destin du comte de Cilly. Ladislas revenait
dans son royaume - du moment où Jean Hunyadi n'était plus - pour se faire
couronner de lauriers. Le comte de Cilly, même s'il « faisait tout » dans le pays -
comme dit le rapport de l'émissaire milanais - avait une position extrêmement
délicate, ayant atteint l'apogée de l'impopularité, accusé d'avoir laissé Jean seul et
favorisé la puissance ottomane.
Le souverain se sent plus à l'aise sans Jean Hunyadi. Au début de septembre
1456, dans le message adressé aux princes et aux villes du Saint Empire, Ladislas
V ne parle que de soi-même, de ses efforts, ses besoins et ses mérites. Il ne fait
nulle mention à Jean Hunyadi, alors que Belgrade devient une victoire de la
couronne. Le jeune souverain se voit déjà en dirigeant de la croisade, qui devait
continuer, compte tenu de la soif de vengeance du sultan. Il restait cependant la
grosse fortune de Jean Hunyadi, qui conférait à ses descendants un immense
pouvoir, principalement à son fils aîné, Ladislas de Hunedoara. C'est pourquoi -
peut-être sur le conseil de Cilly, de Jean Vitez ou même à l'initiative du roi - on
demanda impérieusement à Ladislas de Hunedoara de rendre aux représentants du
roi les forteresses du sud, confiées autrefois à son père, y compris Belgrade. Le
refus aurait sans doute attiré l'accusation de haute trahison. Or, comme tout le
monde le savait, le comte de Cilly n'attendait que cela pour tuer le fils de son rival,
mort à Belgrade. Loin de refuser de se soumettre à l'ordre, Ladislas de Hunedoara
invita le roi et le comte, avec leurs suites, de venir eux-mêmes prendre possession
de la cité de Belgrade. A ce moment le roi fut fait prisonnier, et le comte Ulrich
von Cilly exécuté. Ainsi, au début de novembre 1456, le plus grand ennemi de Jean
Hunyadi et de l'empereur Frédéric III était éliminé. Cet acte du fils de Jean
Hunyadi déclencha une grande joie dans certains milieux, depuis Belgrade à
Vienne, mais aussi consternation et peur parmi les magnats de Hongrie. Même si
certains alliés, anciens ou nouveaux, du défunt comte (tels les susdits Garai et
Ujlaki) n'avaient pas eu trop de sympathie pour lui, ils envisageaient avec crainte
la possibilité que la plus riche famille du royaume, les Hunyadi, puissent reprendre
le pouvoir.
Ce fait va conduire l'année suivante (mars 1457), à la veille de la campagne
ottomane de vengeance, à l'exécution de Ladislas de Hunedoara. Il paraît que le roi
Ladislas le Posthume, que beaucoup qualifiaient de faible et insignifiant, étant
probablement bien conseillé en ce sens, s'était servi à son propre avantage aussi
bien des partis de Jean Hunyadi et de Cilly que - soit-il pour un instant - de leur
mort. Ainsi, la mort de Cilly n'a pas été utile (pour peu de temps) qu'au fils aîné de
Jean Hunyadi, elle a été tout aussi profitable au roi. N'ayant pas d'héritiers, comme
er
le précisait le rapport du 1 décembre 1456, l'immense fortune du comte allait
entrer en possession du roi Ladisias V (qui était en même temps duc d'Autriche).
Certes, il y avait aussi la possibilité qu'elle revienne à l'empereur Frédéric III
(comme tout le monde le savait, c'était le pouvoir impérial qui avait créé les
comtes de Cilly) - il a d'ailleurs agi fermement en ce sens - ou qu'elle soit
partagée entre les deux.
Finalement, le roi Ladislas ne pourra pas se réjouir trop longtemps de la
victoire remportée par la disparition de son puissant homonyme, car il trouva sa
mort au cours de la même année (1457). Peu de temps après (en 1458), comme une
vengeance divine, Mathias, le deuxième fils de Jean Hunyadi, un adolescent d'à
peine 15 ans, fut élu roi de Hongrie. Le nouveau souverain deviendra le glorieux
Mathias Corvin et marquera un tournant dans l'histoire de tout le Royaume de
Hongrie et de l'Europe centrale, traçant à ce monde chrétien un destin distinct dans
son affrontement avec les Ottomans et donnant son nom à toute une époque.
Ces quelques documents trouvés dans les archives milanaises présentent des
nuances qui ont échappé en quelque mesure aux historiens et qui sont susceptibles
de changer la perception des événements et des destins.
Une nuance de ce genre est « la solitude » de Jean Hunyadi avant le grand
affrontement. Au moment où l'on parle de la bataille de Belgrade de 1456, nous
avons l'image d'une grande croisade, c'est-à-dire d'une grande réunion de forces de
toute l'Europe chrétienne. Cependant, en dépit de l'effort claironné de l'Occident,
l'ancien voïvode de Transylvanie était presque seul à Belgrade, à la veille de la
bataille, avec ses propres forces et les foules, essayant de faire face au conquérrant
de Byzance. Les dirigeants occidentaux avaient fait beaucoup de promesses, mais
avaient peu entrepris pour la défense de la République chrétienne. D'autre part, les
dirigeants chrétiens orientaux de la première ligne - Georges Brankovic, Georges
Castriota (Skanderbeg), les princes régnants des deux Valachies - , intéressés au
plus haut degré à défendre leurs propres valeurs devant la vague ottomane, étaient
faibles, rongés par des rivalités intérieures, prêts à se concilier avec le sultan ou
occupés avec d'autres affaires. Quant à une collaboration harmonieuse entre « Latins »
(catholiques) et « Grecs » (orthodoxes), préconisée par certains optimistes à la
lumière d'un élan fraternel affirmé après l'union religieuse de Florence (1439), il
n'en pouvait pas être question au niveau des leaders, mais uniquement au niveau du
peuple, des combattants, défenseurs efficaces, l'arme à la main, sur le champ de
bataille, de la civilisation chrétienne européenne.
Pour ce qui concerne la « solitude » intérieure de Jean Hunyadi, son isolement
et les complots ourdis contre lui par quelques groupements nobiliaires, force est de
tenir compte de l'image des Hongrois en Occident, exprimée sous la forme de quelques
caractérisations générales (clichés), telles qu'elles sont reflétées, même si assez
vaguement, dans les textes susmentionnés. Les Hongrois sont généralement présentés
comme « des gens méchants », « infidèles », « faibles », « inconstants à l'égard de
leurs seigneurs et surtout de leurs princes » etc., cela dans le contexte où le comte de
Cilly a été tué et le roi retenu à Belgrade (en novembre 1456). Certes, on fait ici
référence à l'élite nobiliaire, principalement aux barons et aux magnats, à ceux qui
participaient à l'exercice du pouvoir, et non aux gens ordinaires. Cette mauvaise
réputation dont les Hongrois jouissaient en Occident pourrait être le résultat non
e
seulement des événements récents du XV siècle, mais aussi des accumulations
sédimentées au fil du temps au sujet de cet ius resistendi, acquis par la noblesse
hongroise dès l'époque de la Bulle d'Or de 1222, éludé par certains rois, mais resté
tout le temps en actualité, comme un memento embarrassant pour les souverains et les
autres leaders. Les Hongrois, par comparaison à d'autres peuples, se soulevaient
rapidement, sous la forme de conjurations, contre leurs dirigeants, qu'ils voulaient faibles
et donc faciles à manœuvrer. Ce soulèvement était en quelque sorte « constitutionnel »,
l'élite nobiliaire ayant depuis les temps anciens déjà la conscience de son droit à
l'insurrection, au moment où elle considérait que les leaders dépassaient leurs
attributions par des actes discrétionnaires.
Une autre nuance qui se détache est liée au destin de Jean Hunyadi peu de
temps avant et après la bataille. Le héros combattant avait une position délicate non
seulement comme militaire chrétien, face aux « plus cruels ennemis de la Croix »,
mais aussi du point de vue politique, dans son propre royaume. En quelque sorte, la
mort de Jean Hunyadi, à cause de la peste, est survenue à temps, au milieu de
disputes chrétiennes et de rivalités intérieures sans précédent, qui lui avaient depuis
longtemps déjà périclité la vie et le destin. Jean Hunyadi, était, certes, le plus riche
et, aux yeux de beaucoup, le plus puissant homme du pays. C'était une situation
qui inspirait beaucoup de respect, mais qui suscitait aussi la crainte, la suspicion et
la haine. L'isolement du grand comandant était visible. En dépit de sa victoire
retentissante, il ne paraissaient pas avoir plus de chances pour survivre. Bien des
magnats (Cilly en tête), de même que le roi, craignaient le pouvoir de Jean Hunyadi
et de sa famille, pouvoir qui se serait considérablement accru dans l'éventualité
d'une victoire à Belgrade et de sa fructification ultérieure. Ulrich von Cilly, l'allié
et le partisan du sultan derrière le front, et « le roi déserteur » Ladisias V le Posthume
étaient prêts à arrêter Jean Hunyadi et à le jeter en prison, afin de l'annihiler.
Immédiatement après la victoire, face à la peste qui faisait des ravages sur les deux
rives du Danube (comme autrefois à Venise, selon le rapport du 18 juin 1456)
celui-ci écrivait d'ailleurs à l'empereur Frédéric III qu'il était assez inquiété par ce
26
qui allait se passer .
Une autre perspective qui s'impose est au sujet de la victoire chrétienne de
Belgrade. Il s'agit, on l'a déjà vu, d'une victoire morale et politique plutôt que
er
militaire. Comme le soulignait le rapport du 1 décembre 1456, les témoins
oculaires recrutés parmi les vainqueurs donnent autant de morts chrétiens
qu'ottomans, ce qui jette une lumière nouvelle sur la question. Certes, le Turc avait
2 8
Le présent rapport, à côté des autres suivantes, est addressé à Francesco Sforza duc de Milan.
2 9
Jean (Iancu, Ianko) de Hunedoara (Hunyadi), mort en août 1456, a été voïvode de Transylvanie
(1441-1446), gouverneur de Hongrie (1446-1452), mais aussi comte de Timis (aujourd'hui en
Roumanie), de Bistriţa (aujourd'hui en Roumanie) etc.
j 0
Georges Brankovic (1427-1456), au début knèze et à partir de 1427 despote.
31
Ladisias V le Posthume.
3 2
Pavie (en Italie).
3 3
ASM. ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569. fascicolo 7, s.n.
facto ad kalendas d'agosto. Queste sono novelle portate per uno Venetiano,
persona/ intendente partito dal Biancho da XVIII di in qua.
La peste fa pur ognia di qualche dano. Heri ne morino quatro, Merchore dui/
Marte dui, Lune nissuno. Qua non se guardino piu corno non li fosse/ peste. Et questo
procede perche non è salvo in zente minuta. Ricomandomi/ ad Vostra Excel lenza et
suplico ad quella voglia fare pagare l'andata mia de uno mexe/ ad Arasino da
gallara, perche holli impremutati da sui responsalli qua,/ per potermi levare et
havere qualche dinaro da spendere per camino.
Datum Venecijs, die Veneris, XVIII Iunij, 1456.
34
Fidelis servus Antonius Guidobonus .
3 4
ASM, ADS, Potenze Estere, Venezia, carteggio 343 (1456), fascicolo 6 (giugno), s.n.
3 5
Belgrade, aujourd'hui la capitale de la Serbie, à l'époque forteresse hongroise.
3 6
Région historique, à l'époque sous l'autorité du roi hongrois.
7
' ASM, ADS. Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.
3 8
Wiener Neustadt, en Autriche.
haveva habiuto oportunita de tractare el fatto nostro. Anche lo Imperadore era
molto im/plicato et affanato per la differentia è tra luy e lo Re de Ungaria, e per che
certi baroni et gentilhomini erano congregati/ contra de la soa Serenita. Passati
alchuni giorni, me è convenuto venire qua per tractare lo acordio, ho per pace, ho
per/ tregua, Dio me daga la gratta de fare l'uno o l'altro. Le cose sono molto
desquaternate, nientedemeno io disse a lo/ Imperadore volesse fare qualche pensere
sopra el facto etc., tanto che io retornasse da la soa Signoria. Sorrise et disse/ lo
voleva fare. Tegnaro allerto cavalaro tanto abbia fato qualche cosa degna de
remandarlo, faro ogni diligentia/ como de mia cosa. Ceterum, a fin che la Signoria
Vostra sapia quanta gratia abbia facta Dio a lo exercito de Christiani/ contra el
Turcho, mando la copia de le lettere de quello Strenuissimo e Christianissimo
39
Signore, Johanne Vvaivoda, conte de/ Bistricie , el qualle, se non fusse lo Turcho,
havereva già fato una grande parte de la soa volunta. Sera bono che la/ Excellentia
Vostra ne facia qualche bona demonstratione, corno è acostumato a fare in simile
grande e bone novelle. Lo/ Re, corno ho inteso, mandara uno so caro famiglo,
40
messere Giorgio, preposto de Posonio , mio amicissimo, dala Signoria Vostra,/ ma
in prima andara a Roma. Prego la Signoria Vostra voglia havere recommandata la
giesa de Pavya e quilli homini de lo/ veschoato.
Ex Vienna, IIIF Augusti, 1456.
Eiusdem Vestre D<ominationis>
Fidelis Servitor Johannes Episcopus
41
Papiensis, manu propria .
3 9
Titre porté par le même Jean de Hunedoara, selon le nom d'une unité territoriale (districtus)
transylvaine, située aujourd'hui en Roumanie.
4 0
Le nom latin de la capitale actuelle de la Slovaquie, à l'époque ville en Hongrie.
4 1
ASM, ADS, Potenze Estere. Germania, carteggio 569, fascicolo 7. s.n.
4 2
La victoire de Belgrade (juillet 1456).
4 j
Ulrich von Cilly, grande noble autrichien-hongrois, allié secret des Turcs.
4 4
Juan de Carvajal, cardinal de Saint Ange (Sant'Angelo), entre 1447 et 1469.
4 5
Correct acompagnati.
nave, et lo Re spesso è/ venuto ad vedere. Se Dio me da gratia de fare questa pace,
ho speranza/ se ordenara grande exercito in questo paese maxime per lo anno sequente.
Ex Nova Civitate , XXVIIII Augusti, 1456.
48
Servitor Johannes Episcopus Papiensis, manu propria .
er
6. Wiener Neustadt, le 1 décembre 1456
Illustrissime princeps et Excellentissime domine, domine mi singularissime,
Post recommendationem, non se maravegli/ la I<llustrissima> S<ignoria>
V<ostra> io so stato longo in advisarla de quanto ho seguito da poy gionto qua. La/
casone è questa che io sonno stato in camino vintidoy di prima sia gionto qua,/
prima siando conducto al Lago de Garda per passare expeditamente ad Riva per/
andare ad Trento. La fortuna de quello lago me tenne tri di li, prima potesse/
passare, et deliberando io pur de passare, me misi in pericolo de anegare con tucti,/
pur Deo dante passay. Preterea siando la guerra in piedi in queste parte,/ se ho
voluto passare per alchuni lochi del Conte de Cile, me ha convenuto havere/
salvoconducto. Preterea li inimici erano acampati appresso ad uno loco chiamato/
Sottovienna, longo ventimiglia de Cita Nova, per lo quale loco me fo bisogno
passare,/ perche non haveva altra via da potere fare, et andandogli foy in
grandissimo pericolo/ de essere preso, et quando fuy gionto al dicto loco, me fece
bisogno expectare li con/ grandissimo discunzo mio et delli cavalli, per fino che
ebbi scorta et compagnia de/ condurrne ad CivittaNova. Siche, Signore mio, io ho
facto piu c'ha fece Carlo in Franza/ ad condurrne sicuro qua, che non sia male
acapitato. Delle conditione et extremitade/ de queste guerrequesta.
Per ritornare ad quanto ho exequito da poy, so gionto qua ad Nova Citta,
adviso la Signoria V<ostra>/ che ritrovay Monsignore de Pavia essere partito da
49
Nova Citta et esser andato/ ad Norumberg quindece di prima arivasse qua, perche
ad Norumberg conve/neno tutti li principi de Alemagna et li ellectori del Imperio et
doveva/ andarli la Mayesta Imperiale, quale è stata citata dalli ellectori che debbia
50
essere/ li, una cum li altri principi, el di de Sancto Andrea proximo futuro , per
tractare la/ destructione del Turcho, quantunqua secondo intendo dieta Mayesta fa
poco pensiero/ de andare al dicto Concilio, rasonase che gli mandara uno de soy,
ma che non gli/ andara la Mayesta soa. Deche vedendo io non gli essere dicto
Monsignore, et inten/dendo che la paternità soa non era per ritornare qua, et siando
dicto loco de No/rumberg multo piu distante de qui che non è Milano, deliberay
intendere la/ volunta della Maestà Imperiale de quello doveva intendere per mezo
del dicto Mon/signore, zoe circa Io annuo censo et lanciate, quale non intendeva la
Vostra Signoria/ fare, et cussi ancora intendere qualche cosa della summa che
intendeva volere sua/ Mayesta per le bolle et littere della confirmatione del Ducato,
4 6
Suivi par f. barré.
4 7
Wiener Neustadt, en Autriche.
4 8
ASM, ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.
4 9
Nürnberg, en Allemagne.
5 0
30 novembre, comme dans le calendrier orthodoxe.
anday ad trovare uno Fede/rico, figliolo de uno misser Zuhanne Jacomo, fisico dal
Imperatore, quale è Taliano/ et è da Romano. El quale Federico è uno bello et apto
giovene, et taglia de/ nanti al Imperatore et è multo amato dalla Maestà soa, et
questo perche siando io andato/ prima da uno secretano imperiale chiamato misser
Johanne de Intropach et pregatolo/ facesse noto alla Maestà Imperiale che io era
uno mandato dalla V<ostra> S<ignoria>, che era venuto/ per conferire alchune
cose con Monsignore de Pavia, spectante in beneficio della dieta/ soa Maestà, et
che non trovando la paternità soa qua, volentiera faria intendere// dalla dieta
Mayesta quello voleva farli intendere per mezo del dicto Monsignor. Et lo/ dicto
misser Johanne me risposse che non gli paria bene gle lo dicesse luy per bono
ris/pecto, ma che intendeva a fare et darme ogni favore. Siche per dieta casone
an/day ad ritrovare dicto Federico, con lo quale presi bona amititia l'altra volta,/
che venni qua. Et s'el patre fosse stato qui, saria ancora piu tosto andato dal/ patre,
ma era absente de qui, perche lo Imperatore lo haveva mandato ad medi/care lo
51
vescovo de Salxpurch . Et in effecto dicto Federico andò ilio instanti/ dalla
Mayesta Imperiale et si gli dixe quello haveva pregato che dicesse dicto misser
Jo/hanne Intropach, secundo ho dicto de sopra, de che pare secundo me referi dicto
Federico che/ la dieta Mayesta intendesse volontiera la mia venuta. Et commise in
continenti/ ad Monsignor lo vescovo Gurcense et ad misser Ulrico redrar soy
con/siglieri et delli primi et piu amati che habbia, che me volesseno intendere, et/
referire poy. Et intesa tale commissione subito me transferiti da l'uno et/ da l'altro.
Et ad tutti doy, simul et separatim, con bon modo gli feci intender quanto/ haveva
per la mia instructione, pregandoli che volessero ricordare et persuadere alla/
Mayesta Imperiale che se dignasse ritrare et rimovere del animo la domanda de
al/chuno annuo censo, et similiter delli stipendi et lanciate fuora d'Italia, perche
saria/ quando sua Mayesta volesse persister in tale dispositione conceder alla
V<ostra> S<ignoria> il ducato obli/gatorio, et non libero come l'hanno posseduto
li precessori della V<ostra> S<ignoria>, che quella non/ accepteria may obligatione
alchuna piu che habbiano havuto li soi precessori, et/ che V<ostra> S<ignoria>
sperava per la devotione et affectione ha in verso soa Maestà et lo Sacro Imperio,
che/ non tanto la sua Maestà concederia alla V<ostra> S<ignoria> il ducato libero,
corno l'havevano havuto/ li altri soy precessori, ma li concederia multo piu ampli et
liberali et honorevoli/ privilegij. Preterea li pregay che oltra questo se operasseno
fanne intendere qualche/ cosa della summa intendeva havere la Maestà Imperiale
per li privilegij del ducato, perche quando/ la S<ignoria> V<ostra> intenderà che la
dieta Mayesta se remova d'animo de concederli el ducato obli/gatorio et oneroso,
et che gli voglia concedere liberi et honorevoli privilegij, et che sua/ Mayesta se
reduca per tale concessione al una honesta et condecente summa, et alla S<ignoria>
V<ostra> tol/erabile, che inmediate havuto, havera V<ostra> S<ignoria> tale
adviso da mi della bona dispositione/ della prefata Mayesta, la dieta V<ostra>
S<ignoria> mandera qua uno suo oratore honorevole con/ pieno mandato de poter
tractare tale materia et de concludere et fare quanto sarà circa/ zo expediente. Quale
5 1
Salzburg, en Autriche.
oratore era ellecto et non havera se non montare ad cavallo/ et vignir via. Et in fine
ad questi tali duy consiglieri ad ognuno da per si ho/ ricommandato lo facto della
S<ignoria> V<ostra> circa ad quanto sarà expediente, et per parte della V<ostra>
S<ignoria>/ gli ho facto proferte assay honeste, et cum moderatione tarnen. Et loro
multo largamente se sonno proferti a fare mirabilia per la V<ostra> S<signoria>
questi duy. Et misser Johanne Ungnot,/ quale è camermastro, sonno li principali de
auctorità appresso la Maestà Imperiale, dicto/ misser Johanne non è qui, perche è
ad uno suo castello, ma se aspecta qui de di in di,/ quando sarà venuto lo andaro ad
trovare, et faro lo simigliante che ho facto con li altri duy,// advisando la V<ostra>
52
S<ignoria> che siando qui lo doxe Sigismundo de Ispruch , quale è uno grande/ et
potente signore in queste parte, lo anday ad visitare, et quantunqua non havesse/
littere de credenza, et facta de zo condigna excusatione, lo confortay per parte de la
S<ignoria> V<ostra>/ et si gli dixi lo facto perche era venuto, ricommandandoli lo
facto della S<ignoria> V<ostra>, et che/ li piacesse volere interponere l'opera et
auctorità della soa Signoria con la Maestà Imperiale/ ad farla condescendere ad
cose honeste et che volesse acceptare la V<ostra> S<ignoria> per suo bono/ et
devoto servitore et del Sacro Imperio, et che con sicurtà ricoreva alla S<ignoria>
soa attenta/ la singulare affectione li portava la V<ostra> S<ignoria>, et che non
dubitava che quando la Signoria V<ostra> in/tendera che soa Signoria sia qui, che
essa li scriverà quanto accadera. Et la soa Signoria gratiosa/mente me intese, et si
me rispose che portava singulare amore et affectione alla/ S<ignoria> V<ostra>,
quale haveva et reputava per bon et caro fratello, et che faria tale opera che la/
S<ignoria> V<ostra> intenderla che havesse facto qualche cosa, et che haveva
summo piacere a fare cosa/ grata alla V<ostra> S<ignoria> per rispecto alle virtude
soe. Et monstrosse con mi multo affectio/nato alla V<ostra> S<ignoria>, et ha
havuto grato esser richiesto per li favori della S<ignoria> V<ostra> et ad mi/ per
rispecto della S<ignoria> V<ostra> monstra familiarità et benivolentia assay, et ha
voluto tre/ volte che disui et ceni con la soa Signoria. La quale soa Signoria per
quanto intendo ha multo bene/ parlato con la Maestà Imperiale in favore et
benefìcio della V<ostra> Signoria pur ritornando alla/ commissione de Monsignore
Guercense, et de messer Ulrico. Prima che io habbia potuto hevere/ de loro la
risposta della intentione dello Imperatore, me hanno tenuto vintiquattro di/ non
obstante che li habbia nontando sollicitati ma importunati, certificando la
S<ignoria> V<ostra>/ che questa è la piu longa corte che sia al mondo in le soe
expeditione. Tandem heri/ me fecero per parte del Imperatore questa risposta ad
quanto haveva proponuto, zoe che/ atteso la Maestà Imperiale la instantia che la
S<ignoria> V>ostra> haveva piu volte facta, et per messi,/ et soy oratori, et qui et
in le parte d'Italia, poy tandem per Monsignor de Pavia,/ che la soa Maestà era
inclinata et bene hedifìcata et disposta a fare verso la S<ignoria> V<ostra> de/
quelle cose li siano grate attento la virtude della S<ignoria> V<ostra>, et anche
perche spera domati essere/ bono devoto del Sacro Imperio, ma che non voleva
precise respondere altramente circa/ al facto del censo, ne delle lanciate per soa
5 2
Innsbruch, en Autriche.
Mayesta adimandate, perche vole sia soa/ liberta lo adimandare et permutare et
addere et diminuire come li piace, et che/ quando per lo oratore della V<ostra>
S<ignoria> havera inteso la volunta della S<ignoria> V<ostra> che allora forsi/
secondo se praticaranno le cose, tale adimanda se potera permutare per qualche
bona via/ in altre cose, per modo che la V<ostra> S<ignoria> venera ad esser
satisfacta, et similiter non li pareva/ dire altro della summa intendeva adimandare,
perche soa Mayesta vole potere con lo oratore/ parlare de quanta summa li pareva,
et ridurse poy et firmarse ad quella li parera. Et che/ ne del censo, ne delle lanciate,
ne del numero della summa non intendeva fare altra/ risposta, perche non intendeva
essere privata soa Maestà del adimandare, et che voleva che queste/ cose stesseno
in soa liberta. Et ha dicto tandem che scriva alla S<ignoria> V<ostra> che mandi
liberamente/ lo suo oratore con pieno mandato circa la materia, et che la Mayesta
soa tractare et farà/ tractare la cosa con quanta piu satisfactione della S<ignoria>
V<ostra> li sera possibile con honore del// Sacro Imperio. Et questa in summa è
stata precise la risposta. Et replicandoli pur per inten/der qualche cosa piu
chiaramente, me risposero che non replicasse piu che non haveria/ in mille anni
altra risposta, partito alhora con questa risposta, da poy disnare ritor/nay da messer
Ulrico, che fa bon Taliano, per vedere se poteva intendere altro, et in/ conclusione
luy me disse: "Domine Johannes, non cercati altro per adesso, scriviti libera/mente
al Signore Vostro che mandi qua lo suo oratore, che per quanto ho compreso della
mente/ della Maestà Imperiale le cose del Vostro Signore passeranno per bona
via". Et che ancora non havea/ may soa Mayesta facto simile parlare, per lo quale
cognosceva soa Mayesta esser inclinata/ ad fare delle cose grate ad V<ostra>
S<ignoria>, et multo me ha confortato ad scrivere alla S<ignoria> V<ostra>,/ che
mandi lo oratore qua. Questo è in summa quanto ho potuto et saputo ritrare de qui./
La Signoria V<ostra> e piu prudente de mi et sa quanto ha ad exequire circa zo,
ma, per quanto io/ ho potuto intendere, io spero che mandando la signoria
V<ostra> lo oratore che farà bon/ fructo. Et lo Signore duca Sigismundo me ha
dicto che voglia scrivere alla S<ignoria> V<ostra> et/ confortarla ad mandare
l'imbasciatore. Io exequiro quanto me sarà mandato et scripto/ per la Vostra
Signoria. Circa ad questa parte, io non scrivo altramente, resta ad ad/visare la
S<ignoria> V<ostra> delle nove de qua.
" Ladislas de Hunedoara (décapité en mars 1457), le frère de Matthias Corvin. le futur roi de
Hongrie.
5 4
Tué en novembre 1456.
5 5
ASM, ADS, Potenze Estere, Germania, carteggio 569, fascicolo 7, s.n.