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Les chagrins d’amour font grandir les ados

Premier amour, premier chagrin: l’adolescent doit traverser seul cette expérience initiatique. En restant à leur place, les parents
peuvent soutenir leur enfant sans minimiser ni dramatiser sa souffrance.

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plainpicture/Kniel Synnatzschke
Les parents peuvent aider un adolescent à traverser un chagrin d’amour, tout en respectant son jardin secret.

«Dans quelques jours, je ne le verrai plus. Il a deux ans de plus que moi. On ne s’est jamais bien connus. Un jour, je lui ai
avoué en face mes sentiments. Nos liens déjà faibles ont été complètement coupés. Il m’évite à présent, discute avec
mes amies en m’ignorant. L’an prochain, il sera au lycée. Mes parents ne sont pas au courant: je ne leur en parle pas, car
je pense que nous devons régler nos problèmes nous-mêmes. Les parents n’ont rien à faire là-dedans», confie
Amandine, 12 ans.

«Tout le week-end, j’ai paniqué. Le jour suivant, il n’est pas venu. Ses copains sont venus me dire qu’il me trompait.
BAM! S’il n’y avait pas les casiers à côté de moi, je serais tombée par terre. L’épreuve a été terrible. J’ai fait une
dépression. Peu à peu, grâce à de fidèles amies et au soutien de mes parents, j’ai repris une vie normale», raconte Lila,
14 ans. Amour rêvé ou réel, Amandine et Lila ont toutes deux vécu un chagrin d’amour.

Elles ont expérimenté, sans doute pour la première fois, «un amour inconditionnel, dont on n’a pas la maîtrise», selon les
mots de Nathalie Nicolaïdis, écoutante et psychologue sur le dispositif Fil Santé Jeunes . «À l’adolescence, ajoute-t-elle, le
sentiment amoureux se concentre sur une seule personne et tout le reste passe au second plan.»

«La souffrance est réelle »


Le premier amour est rarement celui de toute la vie. On aime et, hélas, on n’est pas ou on n’est plus aimé en retour. «La
souffrance est réelle parce qu’il s’agit du premier chagrin d’amour. Elle ne doit pas être minimisée par l’entourage. Pour
l’adolescent, c’est la fin du monde, et l’espoir de retomber amoureux un jour n’est pas encore permis. Il éprouve des
sentiments très forts comme la jalousie, la peur, la honte. Son corps est mobilisé par l’émotion», explique Nathalie
Nicolaïdis.

La psychologue distingue deux cas de figure. Soit l’amour n’est pas partagé: l’ado rêve à une personne qui n’est pas
forcément au courant. Il cherche des recettes ou philtres d’amour pour la forcer à l’aimer. S’il n’y parvient pas, le jeune
découvre alors une réalité qui peut faire très mal. Il se sent rejeté, pas «aimable» au sens propre. Soit les deux
tourtereaux ont échangé des serments, mais leur histoire prend fin parce que l’un des deux décide de rompre, quelle que
soit la durée de la relation.

Une semaine peut être pour eux aussi longue qu’un mois ou une année, selon la temporalité particulière de l’âge
adolescent. «Plus facile à mettre en œuvre qu’autrefois, la rupture est souvent annoncée par mail, texto ou via les
réseaux sociaux (l’abonné Facebook devient “célibataire” en un clic) de façon à éviter d’affronter le regard ou la voix de
celui qui est quitté», remarque cette professionnelle de l’écoute. Pour le malheureux, à la douleur de la perte de l’objet
d’amour, vécue parfois comme un deuil, s’ajoute un sentiment de frustration. Le sentiment d’être nié dans son existence
d’amoureux peut être très blessant.

Selon la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy, spécialiste des adolescents, la rupture est d’autant plus violente que
l’histoire amoureuse aura été espérée, voire fantasmée. Et d’autant plus difficile à gérer que la relation aura été
«médiatisée» auprès de ses pairs. Il faut alors annoncer publiquement à ses amis que «tout est fini» avec parfois «le mec
le plus populaire du bahut».

Respecter le jardin secretde l’adolescent

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Si le partenaire a été «accepté» par les parents, ces derniers peuvent rester à l’écoute et accompagner l’adolescent, tout
en gardant leurs distances pour respecter son jardin secret: tout ce qui touche à l’état amoureux et à la sexualité de leur
enfant en effet lui appartient.

Le chagrin d’amour, à la fois «insoutenable et visible», crée le dialogue. La mère est en première ligne, le père ne se
sentant pas toujours légitime pour évoquer la sphère intime. Les jeunes attendent un soutien sans faille de leur famille qui
doit se montrer solidaire et surtout ne pas les remettre en question. Il faut s’abriter durant l’orage, on analysera plus tard la
météo!

Parce qu’il est moins expérimenté, l’adolescent a du mal à mettre en perspective ce qui lui arrive. Il ressent un fort
sentiment d’abandon. Si la relation amoureuse n’était pas «acceptée» par les parents, l’adolescent au cœur brisé peut se
tourner vers d’autres adultes référents: frères ou sœurs, parents des copains…Quoi qu’il en soit, selon le psychanalyste
Patrick Avrane, le chagrin d’amour demeure une expérience formatrice qu’il est bon d’avoir traversée. L’adolescent(e) en
pleine construction d’identité cherche celui ou celle qui va le compléter.

Encore aux prises avec les idéaux de l’enfance, il idéalise très fortement l’être aimé. La chute en sera d’autant plus dure.
Lorsque l’image idéale se détache de la personne aimée, l’amoureux perd ses illusions et sombre dans le chagrin. Il fait le
deuil d’une partie de lui-même et se libère de son narcissisme. Tel le héros littéraire Werther qui, rappelle Patrick Avrane,
«revêt ses habits de jeune homme avant de se donner la mort, tuant ainsi l’adolescent qui est en lui». Le chagrin d’amour
est une perte nécessaire, une épreuve initiatique qui prépare à la vie amoureuse adulte fondée sur l’échange et le
partage.

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Citations
«Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie» Jean-Pierre Claris de Florian

«On prend tout pour des chagrins d’amour quand on est jeune et qu’on ne sait pas» Louis-Ferdinand Céline

Quelques livres
Les Chagrins d’amour, de Patrick Avrane, 153 p., Éd. Seuil, 16 €

Premiers émois, premières amours, de Béatrice Copper-Royer, Éd. Albin Michel, 177 p., 13,90 €

Pour les petits (7-10 ans): Lili a un chagrin d’amour, de Dominique de Saint Mars. Éd. Calligram.

Un colloque
«L’état amoureux à l’adolescence: ruptures, heurs et douleurs», organisé par l’École des parents, le 14 octobre 2013 à
l’espace Reuilly. www.ecoledesparents.org

Un contact
Fil Santé Jeunes, service téléphonique gratuit et anonyme animé par des psychologues et des médecins: 3224 (gratuit
depuis un poste fixe) +33 (0) 1 44 93 30 74 (depuis un forfait mobile) 7 jours sur 7 de 8 heures à minuit. Par Internet:
www.filsantejeunes.com

FRANCE LEBRETON

http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Les-chagrins-d-amour-font-grandir-les-ados-2013-07-02-981285

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