Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Panorama
des positions philosophiques actuelles
Anne ~~agot-L,argeault
et Geneviève Delaisi de Parseval *
Aucours des années 1970 (qui furent, dans plusieurs pays, celles dela
libéralisation de l'avorteme nt), la qu estion du statut de l'embryon
humain fut surtout déballue en termes de libertés individuelles : droil
des femmes à disposer d'elles-mêmes, vs droit à la vie du fœtus (',aché
dans le corps de sa mère. Dans les années 1980, avec l'application des
techniques de procréation artificielle au traitement de la stérilité
hurnaine, l'accent est mis sur une responsabilité collective à l'égard de
l'embryon séparé, conçu en ép rouvette, mis au congélateur, convoité
par la recherche lorsqu'il n'est pas rendu à un utérus maternel. « Il est
urgent de déterm iner le degré de sa protection juridique», dit l'assern-
blée parlementaire du Conseil de l'Europe ( / 7). fv1aisil n'existe pas de
consensus sur les fondements philosophiques d'une telle protection. Le
but du présent article n'est pas d'ajouter une thèse de plus à une
lillérature internationale déjà considérab l(!, niais de situer les positions
et arguments en pr(!scnce, pour éclairer un débat qui touche, entre
autres, aux sour ces du respect dO â la personne humaine .
llfl
;~ qu'un embryon ?
Qu'est-<
87
Qu'est-cequ'un embryon ?
1. Le dévelopl'('menl humain anténatal dure en moyenne 270 ± 10 jours (neuf mois légaux,
ou dix mois hmaires, ou 40 semaines. ou ,iept quarantaines,comme on le sait depuis longtemps :
"'oir Aristote, Hi61oin-du animaux. \'11,548 a34-bl 4). Nous utilisonsle vocabulaireconsacré
par l"us.ge. La phase embryonnaire (huit 1>remières S<lm•ines) procède la phase fœtale (de la
twuvif'mt semaine jusqu'au lem1e). \,A> rtains appellenl c. prt·embryon-. l'embryon précoct:
(première semaine. ou deux premières semaines). L'întl~rruiltion volontaire de grossesse est
au(oris.{>e (•n France jusqu'à la fin de la 10" semaine. 1,a mèr(' t'Ommenooà percevoir les
rnouveni('nts du fœtus entre la lt)" et la 2w· semainr (c'c!il cè qu'on appellr en anglais
quickeninf(}. Aristote fixail le sruil de vl8.biliti- à 28 semaines. Le s~uil de viabilité esl situé
acluellement à 24 semaines, pour un fœtus pesant 600 grammes. (,,e-...sidées des gf!'nssur le
d(,veloppemt>ntembryonnairesont sou,·cnt imprêcise. Wood et West.more(69) r11pport ent qu>en
1984. 40 % des étudiant s in(em>gts au hosard A l'universit~ Monash (Australie) croyuicnl que
l'embryonde I ou 2 jours a un tt~n•eau ! (_.'embryonde un jour est une cellule mesurant un ou
deux dixit-mesde millimrtresde diamètre,qui se divise en deux cellules "ers le second jour. t,ts
le<-teurs qui sou.hàiteraif"ntrafraîchirleurs tonnaissanct>s peuvenl trouverd'excellents manuels
illustrfs, par exe.mple: Tuchmann-Ouplessis et al. (1965) , f.mbryoloj(Îe.Paris, t\11"sson,ou bten
Poirier ,t al. ( 1981). f:mbry()logi• humoin , , Paris. Maloine.
88
Motifs justifiant l'avortement selon les pays
Ri1'que
Santé
Santé Eugénique, Juridiques Socio- Su,
Pays pôur la vie mNlfale (molfonnation) viol/inceste êoonomiques demande
Aulric.he. X X X X < 12
Belgique X
Oanem&rk X X X X X X < 12
E•P<l!l•e X X X <22 X < 12
Finlande X X < 12 <24 < 12 < 12
France X X < 10 X
0
C
o,·
Irlande du Nom X X X
0
République fédérale d'Allemagn• X X < 12 <22 < 12 < 12 ::
....,
Royaume-Uni (sauflriend~.du Nord) X <28 <28 <28 <28
Suède X X X < 18
Sui-. X X
Turquie X X <10
X Motifs pouvantêtre invoqués pe-nda.nt toute la durée de la groiseut saur indicationcontraire.
~ 10, < 12 ... <28 - jusqu.'àla 10' semaine. jusqu'àla 12' semaine. ... jusqu"àla 2fr semaine.
1 , Ju,qu'au 90' jour.
2 : Autorilléen toul temps Jorsquele fœtus ne pou.rraftn viable à la naissance.
3 : Avant la "·iahilit~du ft.r.tus
.
Sotu'ttl: Commission de la réforme du dn:,itdu Canada.docun:H.'nl de travail n° 58_, 1969.
Qu'est-c,:qu'un embryon?
90
Qu'est-ce qu'un embryon '?
2. La rlêfinilion classique e,t celle dé Boèce : , Une l)<>rsonneest une ,ubslAnce individuelle
de nature raisonnable, (Co11troEutychen et Nl'tltorium, Sec. Ill ). Il peut exister des itres
raisonnahlHautres qu•humains.Thomasd'Aquintraitede la personnedans son chapitresur Jcs
personnes divines. ll insiste sur le fait que les substancesraisonnablesont • la maîlrise de leurs
actes » : « elles ne sont pas simplementagies, comme les autres, elles agiStit!nt par elle-$ -mênu~s •
(60. 1. Ques t. 29. Art . 1). L'u nit/, de la personne est celle d' un acte d'ex i,t er, d'u n , sujet
d'existence, (ibid. Ill. Quest. 35. Art. 1). D'une certaine façon, l'unité de la personne humaine
ei;t<-ellede son âme intelledive ou nl.tionnellc;mais sajn(Thoma.llprend soin de prédser que la
personne huma_ine ne S(! réduit pas à son , füne • • qui n'est pa.~faite pour subsister séparéc.~ du
corps ( il,id., 1.Quest. 29 . Art. 1, Sol. 5 et Quest. 90, Art. 4) . Leibni1.exl)lique très bien que par
immortalilé.dam~la tnl.diHonthrétienne, on entend • non seuleme-.nt que.l'âme, mais encore que
la personnalitésubsiste : c'est-à-dire en disant que l'âme de l'homme est immortelle,on fa.il
subsister ce qui (ait que c'es, la même per$Onne, laquelle garde ~ qualités momies, en
oon11ervant la oonscicru.~e (lu le sentimentréOexif internede ce qu'elle est : ce qui la rend tupab1e
d• chAtiment et de récompens e, ( 1710, § 89). La doctrine de la métempsy chose n "est pa.s un e
doctrinede la sunrie personnelledans la mesure oll. à chaque migrationd'unr. vie à une autre.
les âme, boivent l"eau du Uthê (dies penlenl la mémoi"' de leur vie précédente : Platon.
RfpuMiqu,. X). Ç. R<,nou,·ier ( 4.S, chap. V, § Lxii et L.xiii) dit que la notion philosophique de
personne est le fru it de l'alliance entre le monoth<li,me juil et la pbilo,sophie grecque : le Dieu
personneljudéo-chrétienfait d-Ondt la p,e.nonnalitéà l'hornmearistolélic.ien.individurationoel.
La notionde personne s'épanouit dans la philosophiedes Lumières, en mt:metemps <1u'elle se
désubstantiaJi~. Locke li~ l'unitéde la p~rs,on ne à le oontinuitéde la conscience réOexivc.~ de soi
( 1706, Il. 27), Hume conteste qu' il )' ait unitf sub,ta ntieUe. et la notion de personne se délache
dt~çt~lle<le isuh~tance,au profi~ soit du moi empirique. soit du je transcendantal.Pour Kantla
J>ersonneest su~ sa réalité nouménalenous tt.happe. KanlC!;Iau carrefour des traditionsdu
J*-tsonnalisme réaliste (de Thomas d'Aquin aux nk>-scolastiques. ex . Moun ier) et du personna ·
lisn1e id/,oliste (de Leibniz à Renouvier) . Une philoso1,hic personnaliste lait des personne,; les
réalitfs ultimes. Pour Thomas d"Aquin la personne c><t, ce qu 'il y• de plus parfa it dans toute la
nature • (160). 1. Quest. 29 , Art . 3). lu personne humain e est « une fin ,,n soi , , à l'ttchèvemont
de laqut'lletout funivers concourt.Pour Renouvi('r la personneeS'tla condition de possibilitédu
mondt>: • La connaissan•~ de b pt".rson ne en tanlque eon"'ience et volontl-est Je fondemenl de
1outesles connaissances humaines» (1903, lntr.). En dehors de la lignée pen;onnaliste.la
r+flexion mé-tap hysiqur pose-kantienne cerne le sujei oosnme liberté (c'est-à-dire uhimement,
che-i Sttrtre, n,lonl), tandis que l'an•l yse phl:noménologjque l'ttppréhende co,nrne conicience.et
retrou,·e les problènlet,1 ttaditionnels,d'une part de l'unité du moi. • synthèse \'Îvante• d'un
pr<-séot. d'un 1>Assé et d'un a venir , d"autre part du se ns d('S ,'aleuN (nonnativité) . L'idée d'une
sourceautonome d'acti-vitéreste centrale : • Le cunus perso.ntMd'un être conscient et libren'est
1)1:t
s assimilableau cw·1tu naJurae: ce dernier • arrive •, 1e 1>remier est « produit • parl'homme
cl pour cela soumis à l't ,·alualion éthique • (56).
91
Qu'est-ce qu'un embryon ?
Le courant vitaliste
Suivons d'abord les partisans d'un critère biowgique de la présence ,
ou de l'absence, d'une personne humaine. La personne est coextensive
à l'organisme qui la sous-tend et l'exprime. Elle dure autant que cet
organisme vit. En conséquence, dès sa conception, et jusqu'à son
dernier souffle, l'être humain est une personne à part entière. L'em•
bryon de quelques jours, le vieillard sénile, le malade en état de coma
chronique, ont la même dignité que vous et moi, et ils ont droit au
même respect. Cette position, enseignée dans beaucoup de traditions
religieuses ou mystiques (on a dit que c'était une doctrine secrète des
pythagoriciens; cf Feen, in 6, 296-298) , est partagée spontanément . par
beaucoup de gens dans la vieille Europe imprégnée de christianisme.
Elle a été rénffinnée dernièrement avec solennité au sein de l'Église
catholique. « Dès le mo1nent de sa conception, la vie de tout être
humain doit être absolu,nent respectée• ( J5, lntr., § 5), et encore: « Le
fruit de la génération humaine dès le premier instant de son existence,
c'est-à-dire à partir de la constitution du 1.ygote, exige le respect
inconditionnel moralement dOà l'être humain dans sa totalité corporelle
et spirituelle. L'être humain doit être respecté et traité comme une
personne dès sa conception, et donc dès ce 1noment on doit lui
reconnaître les droits de la personne ... » ( ibid., 1, 1). Le moi ontologi-
que, explique A. lVloraczewski(6 , 301-311), ne doit pas être confondu
avec le moi psychologique (qui n'est coextensif qu'à la vie consciente),
ni avec le moi légal (qui n'existe que dans les limites arbitraires d'un
enregistrement à l'état civil). La capacité d'un développement pleine-
ment humain est donnée dès la première cellule e111bryonnaire,elle est
inhérente au génome. Il serait absurde de prétendre que ce 1noi
ontologique comn1ence après neuf mois de développement, ou s'inter-
ro1npt si l'être est momentanément frappé d'incapacité . « Dès que
l'ovule est fécondé se trouve inaugurée une vie ( ...), dès le premier
instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant» ( 15,l, l ).
On a reproché aux intégristes de la thèse «biologique» de confondre
92
qu'un embryon ?
Qu'esi-<::e
93
Qu'est-cequ'un embryon ?
94
Qu'est-ce qu'un embryon ?
95
Qu'esl-ce qu'un embryon '?
l'embryon précoce soit une personne humaine, on doit faire comn1e s'il
l'était cl respecter sa vie, car ce serait une faute grave de prendre le
risque d'un homicide.
Cette notion de risque esl très présente dans les arguments utilisés
pour défendre les implications de la position • biologique » stricte,
parfois appelée aussi « vitaliste • ( cf Keyserl.ingk, 12,chap. 2). L'un des
plus courants (et des plus médiocres) est l'argu,nent de la • pente
glissante», ou de la • pente savonneuse», selon lequel il ne faut pas
cornmencer à concéder que l'embryon précoce n'est pas tout à fait un
être personnel, parce que si / 'on commence, on ne saura pas s'arrêter.
Cet argument peut prendre bien des formes, par exemple : il faut
interdire aux chercheurs d'observer le développement in vitro de l'œuf
fécondé, parce que si on leur permet d'observer ils ne pourront pas
s'empêcher de ,nanipuler, et que toute manipulation expérimentale est
une menace pour l'intégrité de l'œuf. Le ressort de la démonstration est
la préniisse souvent formulée: « Tout ce qui est techniquement réalisa-
ble, nous sommes irrésistiblement entraînés à le faire», ou encore :
« Nous ne savons pas nous imposer des limites ». Mais la morale
consiste justenient à poser des limites, et demander un interdit en
présupposant que les interdits sont toujours transgressés est peu
cohérent.
Un autre argument, qui revient en partie au premier, pose qu'il ne
faut pas • outrepasser les limites d'une raisonnable domination de la
nature» (15, lntr ., § 1). Les avancées scientifiques et techniques qui
établissent notre « seigneurie • ( ibid., I, 2) sur la nature doivent s'arrêter
au seuil de la vie personnelle. On connaît les réserves de l'Église
catholique à l'égard des techniques pern1ettant la maîtrise de la
procréation huma.ine, alors qu'elle n'a jamais objecté contre une
rationalisation de la procréation animale. Elle dénonce dans le contrôle
de la fertilité hu111aine,même tout orienté vers le don de la vie, « une
dynamique de violence et de domination » ( ibid., II, p. 29). La même
inquiétude s'exprin1e dans le récent avis, en France, du Comité national
d'éthique: il faut « éviter qu'un rapport de toute-puissance ne s'institue
sur l'hu,nain au nom de progrès scientifiques» ( 1986, Rapport éthique,
§ 7). Et ce n'est pas seulement .le pouvoir de donner la vie et la mort à
un être sans défense qui est visé, c'est le pouvoir de le connaître dans
son intimité, de prévoir ce qu'il sera, comme si la connaissance
scientifique de l'homme était par elle-même déjà un viol de la personna-
lité. Le dogme de l'impossibilité a priori des sciences humaines
(répandu dans les milieux philosophiques) procède de la mên1e crainte.
Ceci nous conduit à un troisièine argument qui s'appuie sur le
principe du « caractère sacré de la vie ». Ce principe est censé impliquer
un droit du vivanl à la vie, donc un devoir de le faire vivre. Il va souvent
!l(î
Qu'est-ce qu'un embryon ?
avec la croyance que mêm.e une science de la vie est illégitime, parce
qu'on ne peut pas Faired'étude expérimentale sur le vivant sans le tuer
(c'est Faux,mais d'excellents esprits l'ont cru, comme le physicien Niels
Bohr, qui contribua à propager cette idée dans les années 1930).
L'application du · principe du caractère sacré de la vie à la période
anténatale de la vie humaine est délir.ate. Si l'on considère que, dans les
conditions naturelles de la procréation, deux œu[s fécondés sur trois
meurent au cours des. six premières semaines ( cf Biggers, 6, p. 46), .
et
si l'on reconnaît à ces œufs un droit à la vie, ne doit-on pas voler à leur
secours et tenter d'en faire survivre davantage, co,nme on s'est efforcé
depuis le siècle dernier de réduire la mortalité des enfants en bas âge
(avec le succès que l'on sait)? Cela conduirait à développer au mieux la
recherche sur le développement embryonnaire précoce, et les techni-
ques d'assistance à la procréation , d'où une ingérence dans le secret de
l'œuf et du corps fé,ninin, insupportable au regard de l'argument
précédent. Le • droit à la vie» sera donc seulement entendu comme un
droit à une« chance de vie», et le devoir comme devoir de « laisser une
chance », de ne pas tuer délibérément, de ne pas interférer avec la
sélection naturelle. « L'homme ne doit pas se substituer à Dieu.•
Et voici un quatrième type d'argument: Dieu seul est maître de la
vie. On croit qu'il s'agit d'un truisme, parce qu'on voit que le pouvoir
humain de• créer• la vie se réduit (au lit comme au laboratoire) à créer
l'occasion d'une rencontre entre deux cellules... vivantes. Ce n'est pas
un pouvoir vraiment créateur . Mais il s'agit d'autre chose. Leibniz disait
que parmi toutes les « personnes possibles» dont il a l'idée (dont il
conçoit l'essence), Dieu « choisit pour I'exist.ence• celles qu'il veut, par
des raisons qui tiennent à l'harmonie globale de l'univers (36, 1686,
§ 31). Ces raisons dépassent les êtres limités que nous sommes. Notre
idée du 1neilleur est partielle, surtout négative : nous ne voulons pas
n1ettre au monde un enfant trisomique, nous préférons un sexe à
l'autre, bref, si nous pouvions savoir ce que donnera l'union de deux
gamètes, il est des résultats que nous récuserions 3_ Or, grâce au
diagnostic prénatal in vivo aujourd'hui, grâce au diagnostic génétique in
vitro demain, nous accédons à des connaissances perme ttant de rectifier
les choix divins, voire de choisir nous-mêmes, selon nos propres
97
Qu'est-ce qu'un embryon ?
1986 les aulonlés coréennes onl i11lerdilau, médecins de révéler ce diagnosticaux parents (Le
!,!onde,05-11- 1986). Depuis qu"on• pris conseienœ (au XVII• siè<:le)de la •iabililé naturelledu
,ex ralio,on s'est toujours demandé œ qui se pasSèrailsi les parents pouvaiwl libremenl décider
du sexe de leur progéniture. Les savants répondent que les conséquenœs seraient probablement
négligeablessi le choi.<reste individuel (c'est-à-dire,en dehors d'une politique d'ensemble pour
imposer un su ratio défini).
4. Les méthod.. contraceptives( « pilule •) préviennent la fècondation. D'aultés méthodes
(stérilet. , pilule du lendemain ,. RU 486) empêdtenl la gestation, soit en prévenant l'implanta-
tion de rœuf fécondé.soit en provoquantun avortementextrêmement précoce(contragestfon).
Croire que la personne humaine commence à la fécondation implique le rejet des méthodes du
second type. L'€glise catholique condamne aussi la contraception,lais58ntentendre qu'll n'est
pas légitime d'empêcher une personne po55ibled'accéder à l'existence, même si l'on ne peul
propremer1tdire qu'elle a un c droil à l'existence• (voir note suivante).
98
Qu'est-ce qu'un embryon '?
99
Qu'est-ce qu'un embryon ?
100
Qu'est-ce qu'un embryon ?
Le courant relatwnnel
Tout à l'opposé, suivons maintenant les néo-kantiens, pour qui ce qui
fait la dignité humaine, c'est l'autonomie du vouloir. Us récusent le
critère biologique, en faisant valoir que pour être une personne, il n'est
6. « Préserverla vie est plus importantque vivre une « bonne • vie •• di$4ilByronSherwin,
espliquant à propo• de l'euthana•ie que , selon la loi juive. la vie doit être préservée, meme A
grand prix , (cil. ;,. 12,eh. 2). Mai&il arrive qu'on ait à choisir enll"Cdeux vies : interrompre une
grossesse pour sauver la mèt-e, par exemple. Des règles sont parfois propo&ées pour u-aneher.
l!ne règle talmudique dit que la mère passe avant l'enfant jusqu'au moment où, l'accouchement
étant engagé, la tNe de !"enfant apparaît; après ee momen~ la vie. de l'enfant pu .. d"ahord.
ChoisirpouTun autreentre la mortet une vie « qui n'en vaut pu la peine• eit plu...i
déHcat.En
1980,en Grande- Bretagne, un médecin fut attaqu l: en ju,tice par l'as,ociation , Life , pour
avoir laissé mourir. A la demande des parents, un nouveau-né handicapé. En 1982, aux
t:tats -Unis, un bébé (baby /Joe) vint au monde att eint de trisomie 21 et d'une mallom1ation
digestive nécessitant une correction chinugicale immédiate si l'on ,·oulail qu'il survive. Les
parents, en accord avec l'équipe médicale, choisirent de ne pa.sle faireopérer. L'administration
de l'hôpital en appela au juge, qui confirma le droit des parents à prendre celte dé<:ision.Le bébé
mourutau boutd~ çinq jours. Les milieux prochesdu mot.-vemenlpourle « droità la vie • firent
un énonne scandale dans la presse, digant q·ue- la vie d'un trisomique pouvait valoir la peine
d'être vécue. et qu'on avait (ait r..asserle confortdes adultes avan.tla vie d'un enfant.
101
Qu'est-ce qu'un embryon '?
102
Qu'est-ce qu'un embryon ?
103
Qu'est-cequ'un embryon ?
ne doit pas le raire souffrir). Par contre, on doit aux personnes actuelles
le respect de leur autonomie: on doit à une remme enceinte de ne pas
faire pression pour qu'elle avorte si elle s'y refuse, ni pour qu'elle garde
l'enfant si elle veut avorter. Le • principe de bienfaisance• est un
principe éthique distinct du « principe du respect des personnes», et
subordonné à celui-ci. C'est une faute morale plus grave de forcer des
parents à garder un nouveau-né très handicapé, s'ils préfèrent ne pas le
laisser vivre, que d'abandonner ce nouveau-né à son sort. Notons que
l'aspect relationnel de l'ontologie de la personne permet de conférer des
•droits» à des êtres qui n'ont pas une pleine capacité d'exercer les
responsabilités d'une personne (ex:.les enrants); mais cette extension de
la communauté morale ne peut dépasser ce qu'autorise l'aspect substan-
tiel de cette ontologie. Les êtres qui sont en deçà de la capacité
d'autonomie « 1ninhnale», lu com.munauté des personnes peut décider
de les protéger (comme on protège la nature), non de les respecter
(comme on respecte l'autonomie des personnes).
On s'attend donc à ce que l'éthique soit ici moins argumentative que
procédurak ( 19, ch. 2). Je n'ai pas â démontrer â un autre agent moral
qu' il a tort de vouloir une insémination artificielle, mais à comprendre
son point de vue et à l'informer du mien. Lorsque des actions
collectives sont nécessaires, les agents moraux doivent forger des
procédures de négociation leur permettant de s'accorder, par exemple,
sur le degré de protection qu'ils veulent donner aux embryons humains
(suivi médical gratuit de la grossesse, règlements intérieurs aux banques
d'embryons, etc.). Ces accords sont contractuels et révisables, ils
n'engagent que ceux qui y souscrivent, chaque personne garde la liberté
de ne pas faire ce à quoi en conscience elle objecte («clause de
conscience»). Les pouvoirs publics ont pour tâche de défendre la
liberté des personnes, eu particulier des plus vulnérables (jeunes,
malades, infirrnes, minorités ethniqu es) contre la coercition et la
violence. La contribution particulière des philosophes est, par un travail
de réflexion critique, d'opérer la cla.ire distinction entre ce qui est
«constitutif» de l'éthique, et ce qui est seulement« exhortatoire », donc
soumis à discussion. Nous n'avons pas d'arguments rationnels décisifs
pour condamner moralement la femme qui interrompt une grossesse
nonnale, ni celle qui reruse d'interrompre une grossesse pathologique,
ni le chercheur qui veut libérer les femmes du fardeau de la grossesse
en étudiant les conditions du développement de l'embryon hors de
l'uténis maternel (ectogenèse), ni le chercheur qui refuse de participer
à cette étude. Les conceptions particulières du Bien sont diverse s, et en
l'absence de négociation réussie qui nous mette tous d'accord sur un
point, nous devons nous habituer à tolérer que d'autres rassent ce que
personnellement nous désapprouvons : « One must often tolerate on
104
Qu'est-ce qu'un embryon ?
rnoral grounds that which one must condemn on moral grounds » ( 1.9,
ch. l, p.14). Mais nous ne pouvons pas tolérer l'intolérance, parce que
l'autonomie des agents moraux est la condition de possibilité de la
• communauté morale pacifique», c'est-à-dire de l'éthique.
La seule règle morale universelle est donc celle du respect des
personnes . Chacun juge de ce qui doit être comme il l'entend, à
condition de reconnaître la même liberté chez autrui. A l'égard des êtres
dépourvus d'autonomie personnelle, il n'y a comme on l'a dit que des
devoirs de bienfaisance. En conséquence : 1 - La vie ne doit pas être
gaspillée sans nécessité ni de façon inutilement cruelle: cette règle
s'applique aux êtres humains prépersonnels aussi bien qu'aux animaux.
Il est donc souhaitable que la création d'embryons humains in vitro,et
leur destruction, ne se fasse pas de façon anarchique, ou que les
méthodes d'avortement tardif tiennent compte du développement
neurologique du fœtus et lui évitent de souffrir. Mais, dans la mesure où
l'être biologiquement humain que l'on supprime n'est pas une « per-
sonne•• il ne saurait être question ici de dire à la femme porteuse d'un
stérilet, au chercheur qui laisse l'embryon congelé se «volatiliser» avec
le consentement des géniteurs (30) aux parents qui décident de ne pas
laisser survivre leur nouveau-né handicapé, qu'ils commettent un
« crime abominable » ( 15,I, l ). On sait que l'exposition des enfants à la
naissance fut, et est encore tolérée dans certaines cultures (cf. Feen, 6,
283-9). M. Tooley (61, 62) s'est fait l'ardent défenseur du droit des
personnes à choisir positivement l'avortem.ent ou l'infanticide 8 • Cer•
tains auteurs considèrent même comme une faute moral.e grave de
mettre au monde sciemment un enfant taré (cf. Shaw, in 6, 273-9): ce
serait un manque de respect envers cette personne future que nous
contraignons à vivre diminuée, et envers la communauté morale.
Toutefois, et par les mêmes rais.ons, nul État, nul membre de la
communauté morale, ne saurait contraindre une personne à un geste
d'eugénisme. 2 - L'expérimentation sur un embryon humain, in vivo
105
Qu'est-ce qu'un embryon '?
106
Qu'est-<'.equ'un embryon ?
IOi
Qu'est-cequ'un embryon ?
faire partie 9• Mais ces Frontières présumées larges ont elles-mêmes été
contestées au nom d'expériences de •ré gression» au cours desquelles
certaines personnes auraient revécu des moments de leur vie intra•
utérine, et leur• décision • de naître (cf. 69). Kantlui-même n'était pas
absolument insensible à l'idée que l'autonomie biologique, avec sa
normativité spontanée, préfigure l'autonomie morale.
108
Qu'esl -ce qu'un embryon'?
(ex. parvenir à corriger dans l'œuf une maladie génique), ce qui est
irrecevable et doit éventuellement être sanctionné (ex. création de
chimères ou d'hybrides homme-animal), ce qui est prématuré mais
pourrait être exploré prudemment (ex. possibilité de conduire des
grossesses humaines entièrement hors de l'utérus humain). Lady M.
Warnock, qui dirigea les travaux du Comité britannique, soutient dans
un article récent ( 68) un point de vue résolument pragmatique. Nos
positions philosophiques sont inconciliables : laissons-les de côté. Les
critères intrinsèques de la personnalité sont incohérents, les critères
relationnels sont injustes: cessons de nous demander quand l'embryon
devient une «personne», cherchons quels droits il devrait avoir el
quelles modifications il faut apporter à la loi pour qu'il les acquière.
R. M. Hare (28) approuve entièrement cette résolution : ne perdons
plus notre temps, dit-il, en discussions oiseuses sur la nature de l'être
embryonnaire. Ce qui doit être ne découle pas de ce qui est. La vraie
question est de savoir comment l'embryon doit être traité. Le Co1nité
britannique a, par exemple, recommandé que l'utilisation d'embryons
humains à des fins de recherche scientifique soit licite dans un délai de
14 jours après la fécondation. Cette limite est arbitraire . M. Wamock
croit qu'en dépit de cet arbitraire, il est important de sentir qu'on peut
poser des limites sans tornber ni dans l'inefficacité de tout interdire, ni
dans l'angoisse d'être emporté par le torrent du progrès scientifico-
technologique 11• Elle pense pourtant que la limite fixée n'est pas
entièrement arbitraire . Il faut tenir compte, dit-elle, de ce qu'est l'em-
bryon précoce : un paquet de cellules. Le quatorzième jour correspond
à peu près à l'apparition de la « ligne primitive » sur le disque embryon-
naire, c'est le dernier moment où des jumeaux peuvent se former.
L'argument est repris de R. Edwards (l'un des t pères• des premiers
bébés-éprouvettes britanniques). Un paquet de cellules qui n'a pas
d'individualité propre (puisqu'il peut donner par division gémellaire
plusieurs individus) et qui ne souffre pas (puisqu'il n'a pas le plus petit
commencement d'ébauche de système nerveux) peut et doit être traité
autr ement qu'on ne traite un fœtus de six mois qui a une forme
humaine, un système nerveux différencié, un cerveau en voie de
maturation. Cet argurnent se rattache à une philosophie utilitariste : la
possibilité de faire souffrir impose une limite à nos interventions. M.
Warnock le complète par un autre: nous devons nous abstenir aussi des
recherches qui, sans causer de souffrance à l'objet étudié, froissent une
11. A ceux qui objectent que I• limite &eratransgressée . elle répond <1u•iJa )' de bonne•
raisons de c-roire le contraire . li existe des précédents . La législation britannique limitant l'wwige
des animaux pour la recherch e est dans rensemble respe<1éepar les laboratoires publi c• el
ftrîvés. Et pour les cas des emliryonshumains.les scientifiqueseux-mêmesont dem&nd<-
qu'on
lc•urfoce des règles.
109
Qu'est-ce qu'un embryon ?
110
Qu'est-cequ'un embryon?
111
Qu'est-ce qu'un embryon ?
n'a pas le droit de lui faire ce <1u'onn'a pas le droit de faire à un poulet.
U prouve trop, parce qu'il condamne, pour dénier peut-être l'existence
à un génie potentiel, toute personne qui évite d'avoir un enfant, alors
qu'elle pourrait en avoir ...
Courageusement le CCNE a tenté de « fonder en raison» son recours
à la notion de personne humaine potentielle ( 1986 , Rapport éth ique,
§ 13, 14). Il admet que les propriétés de l'être J>ersonnel apparaissent
de façon « progressive », et que « dès la conception ce développement
vers l'être personnel a commencé» . Il insiste sùr la nécessité d'enraci-
ner cette personnalité en formation à la fois dans une réalité biologique
(l'ernbryon est humain en vertu d'un génome, et d'une succession
normale de niveaux d'organisation , décrite par les histologistes et
en1bryologistes), et dans une réalité • anthropologique et culturelle»
(l'embryon s'hurnanise aussi en vertu d'un • projet parental», d'un
« roman familial», d'un e reconnaissance juridique) . Comme précé-
den1ment, ontologie substantielle et ontologie relaiionnelle s'appellent
l'une l'autre, mais c'est en évoluant l'une avec l'autre. Sa politique de
« prudence» conduit le CCNE, qui maintient le dualisme choses/
personnes (et range les animaux du côté des choses sans difficulté
apparente), à tirer plutôt l'ernbryon humain du côté de la personne .
« L'embryon hu ,nain dès la fécondation appartient à l'ord re de l'être et
non de l'avoir, de 111personne et non de la chose ou de l'animal. Il
devrait être éthiquernent considéré comme un sujet en puissance,
com1ne une altérité dont on ne saurait disposer sans limite et dont la
dignité assigne des lin1ites au pouvoir ou à la maîtrise d'autrui» ( ibid.,
§ 14). L' idée que dès les prernières cellules e1nbryonnaires l'œuf
humain a une dignité supérieure à celle d'un anirnal adulte est, nous
l'avons vu, étrangère aux philosophies utilitaristes, qui ont le sens de
l'unité des vivants, qui donnent aux niveaux de développern ent une
irnportance plus cruciale qu'au génome spécifique, et pou r qui, en un
mot, au stade où il a la sensibilité d'une huître , l'œuf humain a la dignité
d'un e huître. La position du CCNE, qui donne à l'homme dans la
nature une place spéciale, a d'au.Ires racines philosophiques (cornposi-
tes, sans doute partiellernent thomistes) . • Ce qui est en puissanc e dans
l'embryon humain, au point où en arrivent aujourd'hui les savoirs et les
pouvoirs biomédicaux, c'est inséparablement le destin d'un être singu-
lier el une part d'avenir de l'humanité elle-n1ê1ne » (ibid.,§ 18). On doit
respecter dans l'embryon humain à la fois une • singularité indivi-
duelle» et une idée de l'espèce . « En nie choisissant je choisis
l'homme•, disait Sar1re ( 1946). Le CCNE a écrit que le pré-ernbryon
(l'œuf humain avant sa nidation , aux stades où on le congèle) 111 érite le
respect « en tant qu'élément du patrimoine hurnain » ( 1984, document
de travail annexé à l',\vis) , ce qui s'entend à la fois sur le plan objectif
112
Qu'e.5t-ce qu'un embryon '?
12. 1,a mê(l,...cine ,:onigt.~la netul"I',mais en se fiant à des nomu:s inspirées des équilibres
mllur<~I$.Cc.~tte
,·oie ml-diane.entre le respcc.~l uyeu.glcet l'intervetllionnismearbitraire,est bien
dk :ritt"par J.-M. Thl-voz (5~ duns une fX~rs1)(!ètÎvt~ protestante: « Il ne s'agit pns de MÜHC
uniforml-mt>-nt
la natul'f'... , il ne peut non plus être questionde ne tenir aucun eompte<lei.on
mode d'ucfüm., La dl-ontologie.~ profoi;sionnellt! mist•au point pour le diagnostican1(malnltract"
la fnn1tii-r<'t-nîre les anomalit-Sgno '('S qui rendent l'interruptionthl-rapeuliquc,fo gn:,s~•ss,~
(ITC) morul,,incnt •dmissible. el les onomnlies b<'nignespour lesquelles l'l'fC doil ~tni refusN' :
I<'m~d1-i~ÎI\• m~saufflit .. . reruser l'intèrruption de grOS!ie$Sepour une arfectfongnt'"'èet in,·urahle
~t thmumdl·t·JNSrlt~s parents lmais ill nr peu1 l'adO\Clln.•
~i cellc--c::i lors<1u'ils'agit d'un<'
m{i1formationmi,u~urf•ou rurublt•chinirgicufcment <>Um-f.11iralt•m~•nt » (.7!1).
11'.}
Qu'est-ce qu'un embryon ?
,nent défaut», dit le CCNE (ibid.,§ 1). Elles ne font pas entièrement
défaut. D'abord, il existe dans toutes les cultures traditionnelles des
rites entourant la grossesse, la naissance, l'imposition du nom, qui
scandent l'accession progressive du petit d'homme au plein statut
personnel (voir Perkoff, in 6, 159-66,et 1, 1985), et dans notre propre
tradition occidentale il y eut en outre des discussions philosophiques et
théologiques subtiles sur la nature du fœtus '3. Ensuite, notre droit
conserve des traces de ces préoccupations. Certes, les « droits de la
personnalité» (conformén1ent à la vieille doctrine liant l'animation au
souffle) s'appliquent de 1.a naissance vivante (premier cri) à la mort
(dernier soupir); mais la loi accorde à l'être prépersonnel une protection
croissante, de sa conception à sa naissance. Avant la nidation, l'em-
bryon n'est pas protégé du tout (c'est le « vide juridique», jugé
préoccupant au regard des embryons in vitro); puis il est faiblement
protégé dans la mesure où la loi autorise l'interruption de grossesse à
certaines conditions; enfin, à partir du troisième mois environ, il est
fortement protégé, à mesure que l'interruption de grossesse est soumise
à des conditions strictes (motif médical), et où les femmes enceintes
bénéficient elles-mêmes d'une protection. Le juriste suisse O. Guillod
montre que les développements récents poussent le droit à accentuer
cette tendance, en définissant une zone intermédiaire entre les choses et
les personnes: "Les juristes doivent s'extraire de la dichotomie
choses/personnes• (26). Il s'agirait d'approfondir la notion de• bien de
la personnalité•. Suis-je propriétaire de rnes cellules, de mes gamètes?
Les juristes ne sont pas unanimes. Certains pensent que la propriété est
entière (il est des pays où l'on peut vendre son sang, ses organes);
d'autres considèrent ces biens comme des possessions dont on peut
faire don, mais non point commerce; d'autres enfin insist.ent que nous
n'en avons pas la propriété mais la simple disposition, et que le« don de
ga1nètes• n'est pas une donation (4 7, § 30). l)ans la dernière hypo-
thèse nos gamètes, sans être des personnes, ne sont assurément pas
assirnilables à des choses. Ils font partie de notre • sphère personnelle•.
Cuillod explique (26) que les« droits de la personnalité• sont négatifs
ou défensifs. Ils protègent la sphère personnelle. Je peux m'opposer à
l'utilisation de mes cellules (interdire qu'un autre couple s1i serve de
nies ovules), je ne peux pas l'irnposer (exiger qu'une autre fen1me
bénéficie de mes ovules surnuméraires). A qui appartient l'embryon
précoce? A ses géniteurs. Selon Guillod, l'embryon, d'abord englobé
dans la sphère personnelle de ses parents (qui en disposent librement:
114
Qu'est-ce qu'un embryon ?
115
Qu'est-cc qu'un cmhryon '?
116
Qu'est-cequ'un embryon ?
117
Qu'est-ee qu'un embryon ?
RÉFÉRENCES
/ ,\('l(>ll du Collmtut· (,(•n~tiqu,•, prol"m.11io11rt droit ( 1!lli5). Paris. A<'lrs Sud.
2 Afnol MA) .• 1.itlims~·-lfi.ou C .. Mamle lbuum-Bl1.•ilhr1•u J..Pf•rol Y.• HoS4':m ;zvt:i.g J-P.
( 1H8f))./,ps pmcn>atiom;artifirivl/P,,;. Ruµport prélimi11aiwà ,·l'low.ieur lt>l'Nmier mini.tin>,
Paris. l .tt l)Q(•umî•nhttion franc:ais.(•.
,1 Annas G. J anfJ 1-:rius S. ( 198:l}, ..ln \'Îfro fortilizatio-nand t•ml,ryo lransrf'r : medico-legaJs
,,..,._,,1s or• n1•w(t•l'hni,tu(• to "'""'" 1t family", l·àmily /,me Q,wrterly , 17 (2), 199-22:),
,J :\ubtint>:Iet ul. ( 1H8€i).11 Sitmdion juri1li<1ur ••t If-galetl,·s \'mhryun~ humains •·on~elfs non
impltmti's di.ns lt1.('11\'Îli' u1i'r i,u • dt· lt~ur rm'n' . 11. Contmt:PplÎ()u- fert iH/é - lU~:c11<1liM. 14,
191-19:i.
,; IJeri('ht d,~s Arbeit.-.~ruppr/11~1 :itro-Fertilùwtio11, (;(mommwl yse wul Cm1th,•r«pi4'( 1985).
Tnuhu:tion rrr1nc;ahw: F'éf'Qmlt,Jtù,n in r:itrt), nunlyl'lt> tlu !{Pmmw ri thhopir J(hrétiq1w.
Hitpport <lu i,t.rvupt~ tlt : lrin·ail tlu minisl~n·· U'tft\ml tfo ln H(•dwrc;ht• t:l de lu T,·,.:hnolo,<ict•I
<lu minist~r'i' fl-,lt•ritl de.•lu Jui.tÎG<•dt• lu llFA. l)m·mn1~ntittioufruru;aise, Puris, l98i.
/; l~ind("'"" W. Il.. En~t•lh1tnltJr. 11.T .. S1,i•·kcr S. F .. Winship l.l. 11. ( 1983), Al,ortion llnd
tht>Stawz.:of the //etw;. Dordn-.•hl. Heith•I.
7 n, k C.• M. ( 1986). l:u,t f'r>m1u1mtif tlf>lirèf!IP. .étl,iqut,• "' juridiqut»Srelath·es d la prvt.:re{ltion
artifirielle. PArili, mini11-1t'n · cl,· ltt Ju :'lti<'t', mini~tflre th• 111S11nlf ,,1 d(• lù FarniH(~, 2 lmnt•s .
B nml!uiUu·m C. ( 1!)!,0). 1-: ...,;u;~ur tJ11Plq1w1, pn.1b/(!m,•.~ ,•q m•rm rmt h>nQrmal P/ Ir patholoii-
que, Pttris, B1•llr:,; l.t•ifr,·s (2 " {'(füion).
,') C11rrî< ·k P. ( 1HH:>) , 1"1Pd;ralf.'tltirs in ,·lutù7ut'ty. l'ltilo. .upl,it'al l'N#Jw,·tii:.n ,· (m ,✓I/H)rtÙm uml
A'uthunui;ia, l>ordn~c·ht, Ht•id<•I.
/() Coll1•t·til(197:J), " Pour un<· rNomw dt• la ll•g"ishHionfnmc:aisc.· re lativt' à l"tworh-menl ~.
f:tude,, :l:18 (1), ,; r,.111.
/ / Comilt'-, :onsuht1t ir n11lion11I ,.J't1hi11u1. •s dt• la \'i(• d tfo fa snnl~ (CCNE) : A••iii
• lt(.•urlt.~s sc·i1•n<-.
sur lt•s prflt', •<"fll~11fsd,~ tissus d',~rnhryou s ou clf• f1.clus humuins morts ff dt•s fins thl-rapcu•
li(JUt~s. diagnoi,fiquc.~s et sr.ientiliqut's ( l!UM). Avis sur lt:s pr-obltint•s éthiqm~ ni's des
l('<·hnîftu<~C"lt• reprodud ion artifü·i<• llf' ( 19tH). Avi:1sur les 11rol1li-01('S f)OSéS par le 1füt.goosi Î(:
prl•nulal d pt>rinutul{1!) 8!>)• ..-\vi~n•lalif aux r1•dwrd1t•s sur lt•s t.!mbryons humains in ritro
(•t à lf•tir ulifis;:1ti,·m il rfo.-. rins m(·dicalt·~ t•1 s•·it•11l i(iqurs , suivi •l'un ftapporl s,!it•ntiflqut· (•I
,l'un Hupp,,rl 1-thi(jU I' (rn8(;), ;,, /(11pp,>rl /!18-1. /((lpport /.985. Rapport /.986. l' aris, ,,.
Do,'t1111t•n1i11iür1
frnn,;oisr.
{t Commis..-.ioodt· rt fonnt' d u droit du (:an,1da ( 197$)). /.P n u ,wtPn.>·""(·l"Pdt! la t:ie ou la qua/if(>
,IP lti t•ÎP. St•rtt.': Prol('(;livn d<• 111\/il'. Oocunwnl d·1-1ud,·.Canudt\ : mini!ilt'rt• dt~s ApJ>n),·i•
siun,w1tu•nls t'l s, .•n •Î('4;"S.
/ .'/ Cnmmis~ion dt• réfornw du fin.Hldu CuntHlu( 1mm)
. tP $ le Jœtu
,:rimt1~contr<> ~·.Do<·ument
dt· tn1vailnt :.a.
Ollawa .
J.'f Commilft•t· to Considrr lhl'· Sc.H·iul. Erhie&Iamt IA·J;,H I ls.sm~:- Aris ing from ln \ritto Fertili:ta•
ortr1)• ..-hnin•tlhy J,. Wull<•r( 1HJM). Ueporl tJ11 the f)i1,1)(J
lion (\ i<-l , ·ition of fmbryo.v l'rQt/uced
hy /11 ~ ilro Frrtilü;fllÙJn. Mdhourru •. Gtiv<•rnnwn1 l' rinlt'r .
118
Qu'est-cc qu'un embryon ?
I .; Cunl(rl•g,di-on pour li1dtH·trim• 11( • lu foi ( 1987) , 111ftmrtion iur I,• NH/~ t dP la vie humai11a
tWÎJt$W1le ,., ltt ,li~rliti ,te fo 11rol'n~1lio11. Pttris. ~:ditiuns du C1•rf .
/fi Con~•il ,r~:tal (l 9UU). Srù:•11N" !l.1/P la 11i(". Oe l'éthiqur a,, ,lroil. Pari$, Documentat ion
fram:nifi1•.
17 Cnn$t'1Ic1r l'Eum 1H·•. As~•mbl"'1 · 1mrf,,m1~nlaÎn;·, /(('('ômm"nd,11ùm I 046 (1986) N'lafiYrà
l'utiliS&tiond'c\mhryuni- rt fœtus humuin.-;à d,·s fins din~nusti<1urs.dtt•rafW-Utiqucs,5-t·ientifi•
·c,1 t·oi1111wr<
qtirs, industrit•II<·~ :iul1•~,Recommondalio n 1100 ( 1989) sur l'u lilisution 1fos
1•mh~ons l'i fœtui- humains ,hmi,;111rt'(·hN, ·h•• !W. 'Îr n1irlt11w.
I fl l)l'lai~i tlt· Pttrs1·,·al C:. l,'I Fa~ol-l .11~t•a uh A. ( Ht8fi). « Le statut dr l'en fant µnK:rH·
1trtifidf' lltmen1, disp.aritéisinh~rnationa1~s • · ,WMttinelS<·ien.ces.2 (9) . 4U2-438.
/9 En~elh•nJl Jr.t-1.T. (198ll). The f ounda1io11$af 1/ioothies. Odord University Press.
t() Elhic-,;Advisory llo•rd (l!l7!1). f/f;lf,' Support of Re;wr,h /m;a/vi ng l-luma11 /11 lïtro
Frrti/i:;a
tion mu/ f.'ml,rro Tronef~r : H.epqrl 1111dû.mtlu~ions. and .'lppettdix. \\•'ashington
O.C.. LS J>e11artmPnl orlh•allh. Ed,wntion and \\ 'ellart .: (l>llE W).
21 ~1t'•minJt L. ( HIR7)... Th1• mon1I status orlht• fo•lus : a n•uppraisttl'". /Jù~thir~,ç, L 1:, •.'\4.
tt Flt•tfht>r.1.(Hl72) ... lntfü·alurs or humanhood: o trnhtlivt• pro(il,· or mun". f/ a#in1s Ct'ntPr
"''"' " · 2 (:i).
:!:J Chuucl H. ( 1YH7). " Biot-lhi11ui:f•I t:,.u1gl-1"1ion•· l'o,ural 'f'/>tion - /p,rt;/if/> - se.'fmïlilé. 15.
!ll-98.
21 Cn-,l,~h•in C. (1!liff). '"Exh•mal hum11nh•riiliza(ion'", .-.;r;,,,,tifit' At1writ•cm, 240 (6), :l:JA1.
t .i Croh~h•in C. and Flcw, N ;\1. (l!J8:J), ..Curn•nt t•1hic·lll issut.•~in I\~ - . Clinirs in Obsfœrir.s
,md <:_vm ·- 12 (1-). 077.fl!H.
,P<·ofa~
tfi ( ;uiflod O. ( 1tUifi) . "lrn1,lic·t11ions juri1.fü1m---s
dt• 1•1•rfoin~1·1n~n.\s 5<'Î<"
nlifiqurs dtms h--domaim>
dt· la pro••f'l'•11fion1•1 ,fo ~('ni.,•f.(fnl-lic1u1•.
AilfW( •t~ ,lu ,lroil dt• ll'IJ>f'Mitmn~1ilt... /.li ,wniuin,
judirifliw (l ; r nh ·,•). 1OR (R). 11:1-12,1.
;!'; 1ltm· Il. \l . ( 1u-;ti).'"Sun, iw1I or th(· wt•ak,•sf". in Corowi1Y.,,, 11I.• 1.·ck , :lloral Problems in
\l e,/it'ÙW, Prf'1lti('1'1h1II, En~lt•wood Clins, ~.J.. :u;,i.:u.9.
21111.m· H. \ ·1. ( 1987), '"Ao mnl,i~ui(y in Wamo<·k'". Uit:1"th ir.~ 1 (2), 175-178.
tfJ Institut :-uis~•·clt•1ln,it c·ompun\ ( t 08fi), Procl'l'<ltion
,,rtiftrù•lle. gfnjfiq ut>~droit: Acfos ôu
c:ollcM1m·
. inh•rnaliuoal clt• l .uusan1w (2!)...;JI)
no,. 1HR5), Zurid1, Sc:huhh(•S.sPol)•graphisChf'r
\ 'nfo~.-
;JO.lommn••IP. (lft.RH),K HNl1•,don~.\ 1►mpos dt•t-1m.•hli-mt•sNhi1.11ws suul(•vf,; 1,ar la 1·,mJ.t(•la -
1ion ,l"c•mhryons hum~in.!>I • · WMff.inr/Sârnœ ,ot . 2. :Hâ- :M7 .
.1/ Kuni 1. ( l i lt'i) Grun<lll'{{Wl1 ::ur '"'"'"f'hyûk ,lr r ,\'ifl()t1: ( l 78U). lùilÏk der pmktis ,·h ,m
\(!rmm/1 .
Jt Kuhl-l' If . iuul Sin.grr P. (l!lB;;) • .\ '/wultf lhe ""by ffrp Y Tlw />ml,Jemof l/ m1dir(lpprtl
lnf ,~nt,;.(h;fonl. Oxforcl l' niv,•ri,ÎI) Pn:•ss.
.1.1 Kuhst• Il . !lnd Sin1zrr P. (l!U:Ui). fr/tù't1/ isN1ws i11 rrprodm •fit :p nllPnw lÎlws for ' "netir
i11dirmfons..71h Conf(n•:..i-uf ll un, un Crm•tic~ (lk·rlin l!Ulti). Bn lin. S1,rinj(rr-\'t •M1tg.à
1w.m1if tt••
.11 l .uilri<'tt•.1.( 1!UUi), 11 l'1•r..onnr humuitu• pot,•nlit'lt,· c·Ipro<·rt'•tdiu n • • ;Il l:thiqm• f'I hiolt1l(Î~
.
( :nhiPr STS n• 11. Pnris. O~tlS . !):,.11n.
.15 l.-1~rh• J. (l!HHi). • La 1n•rson,w hmnni1w :t. /,t>(ITP dï11Jon11ufio11,lu CC\ f:. U, H.
:u; 1.,·ihn iY.C. \\. ( ltiHti). l )i,:Mf/nf (IP u,()((rphysiq,w. (,d. 11. 1-t•sti,·mw , Pttris. Ali•fl.n, H}Oi' :
( 1Ï10) . /,',-
·,mi,:d,>Thé0f!i1•h• . .'.//IT lu IH.mlf (Il' IJiflu.lo lilwrté tl,•/'Ju1mmP N l'oriJ(inr ,lu m<1I
.
:t7 l .cH•kt· J ( 1iOfi). •ln f.'si.ny,·ont'PmÎIIJ!llwmm l/ndrr.,,;tamlittf!
, !i!h. r,lition .
.'18~folh,.•rlw ,1.-F. ( l!JH:;), « l.'c•mliryon 1•st-iluni• fM.•n.oniw hunmint·? .o, /,umièn- & de. n''
s11frinl , lliolo~i•• f'I Nhi11m••· :11 ( 17 2), 19-:11.
;J9 \1aroh•ftUXPl ni. (l!UH}. il ,\ pn)pos dr l',\, ·is 1lu CCNE sur le di~nos lic· 1ufnatal <"1
pt'•rimtht l • · lrrhi t't>.~f m11~"
•i~e,.,Ir J>P<liutri,•,
11. H: ••l-4U.B,•pr. in I ,elln>,J'informatio11 du
(:(: \ f; (l!ltllil. :l. :,.
/0 \ lo11ni1 ·1· E. (l !l:;U). /.,, 1wrsmuwlùm1r.
1Hl
Qu'est-ce qu'u n embryon "?
120