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Introduction
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Élise Petit
3 Cité par Nicolas WERTH, « Préface », Alexander WERTH, Scandale musical à Moscou,
1948, trad. fr. Nicolas Werth, Paris, Tallandier, 2010, p. 15-16.
4 Ordjonikidze disparaîtra en 1937, durant les grandes purges staliniennes, et sa
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5 Conférence des compositeurs et des musiciens au Comité central du PCUS, Moscou, janvier
1948. Minutes retranscrites et traduites par Alexander WERTH, op. cit., p. 139.
6 Ibid., p. 57-58.
7 Au sujet des politiques musicales en URSS, lire également Pascal HUYNH (dir.),
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11 Sergei TIULPANOV, cité par Ullrich KUHIRT, Kunst der DDR 1945-1949, Leipzig,
Seemann, 1982, p. 3.
12 GEWERKSCHAFT KUNST, « 1. Zentraldelegiertenkonferenz am 15. und 16. Juni
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13 Cité par Ulrike GOESCHEN, Vom sozialistischen Realismus. Die Rezeption der Moderne
in Kunst und Kunstwissenschaft der DDR, Berlin, Duncker & Humblot, 2001, p. 261.
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Qu’il nous soit permis ici de citer Goethe, qui disait jadis à
Eckermann que la gaieté des mélodies populaires était l’un des
fondements de la musique véritable. […] Nous ne voulons pas
de texte ou de musique faciles ; les chants que nous voulons
appartiennent à la masse du peuple, et le peuple ne mérite que
l’art le plus authentique14.
14« Unser erstes Preisausschreiben : Das Lied des Volkes », Theater der Zeit, 1ère
année, n°2 (août 1946), p. 17.
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- Denn wir sind jung… (« Car nous sommes jeunes… ») (Klaus Jungk /
Jutte Jungk)
- Freie Jugend (« Jeunesse libre ») (Walter Nolting / Fritz Bremer)
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Conclusion
Une vie musicale intense a été observée dès les premiers jours de
l’occupation dans toute la zone soviétique. Outre l’octroi d’avantages
matériels non négligeables, la politique d’ouverture artistique, passant
notamment par l’exécution de musique moderne, a tout d’abord disposé
favorablement certains musicologues, compositeurs et artistes qui
choisissent de s’y établir. Parallèlement, une musique nouvelle émerge. Sa
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nouveauté ne réside pas dans son esthétique mais dans ses liens avec le
contexte historique et social qui l’accompagne, et surtout avec le « peuple »,
continuellement convoqué dans le discours des théoriciens et idéologues du
nouveau régime. La réappropriation de critères tels que la prééminence du
collectif ou des canons musicaux simplistes confinant au populisme, le
contrôle des artistes qui s’intensifie inévitablement au fil des mois, la
stigmatisation de toute forme de modernité en musique rappellent
l’évolution des politiques mises en place par Hitler et Goebbels entre 1933
et 1945. La rupture semble donc uniquement revendiquée et finalement
impossible.
L’accroissement des tensions politiques avec les Alliés de l’Ouest
précipite le basculement des politiques musicales soviétiques vers un
asservissement de la musique. Conséquemment, nombre de compositeurs
quitteront la zone pour s’établir à l’Ouest dès 1947, tandis que d’autres
seront accusés de « formalisme ». Soucieux de s’inscrire dans une rupture
affichée avec le nazisme que ses militants ont violemment combattu, le plus
souvent au prix de leur vie, le régime communiste soviétique est-allemand
dérive malgré tout rapidement vers un fonctionnement totalitaire et
chemine dans les ornières d’un système auquel il affirmait pourtant
s’opposer, notamment en matière de politiques musicales. Dans un contexte
d’affrontement idéologique avec les alliés occidentaux, et devant le besoin
de s’attacher les services de compositeurs renommés, il sera contraint,
jusqu’à la création de la RDA, de limiter la virulence de ses attaques dans le
domaine artistique.
Par contraste revendiqué et par opposition de plus en plus marquée
à cette nouvelle forme de totalitarisme se dessineront naturellement les
politiques musicales dans les zones de l’Ouest qui font de la « liberté » le
nouveau mot d’ordre. La « nouvelle musique » promue comme symbole de
rupture avec le totalitarisme annonce un lien fondamentalement modifié
avec le peuple : c’est à lui, à terme, de s’adapter et de la faire sienne. La
liberté créatrice du compositeur devra prévaloir pour garantir le succès de la
construction de la démocratie.
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Sources
Bibliographie
EISLER, Hanns, Musique et société, trad. fr. Diane Meur, Paris, éditions de la
Maison des Sciences de l’Homme, 1998.
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Theater der Zeit. Blätter für Bühne, Film und Musik, 1ère année, n°2 (août 1946).
WERTH, Alexander, Scandale musical à Moscou, 1948, trad. fr. Nicolas Werth,
Paris, Tallandier, 2010.
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