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l’amour maternel, un amour qui ne peut se séparer du fruit de ses entrailles. Il s’agit d’un attachement
et d’une communion profonde entre la mère et l’enfant qu’elle porte. Nous pouvons aussi penser,
nous imaginer, que cet univers tout entier repose dans les bras de Dieu qui lui donne vie, qui le chérit. First N
Voyons comment les mots prophétiques de la Bible s’expriment au deuxième verset de la Genèse:
Last N
:מּיִם ַ ְפּנֵי-מ ַר ֶח ֶפת ַעל
ָ ה ְ ,הים
ִ 4תהוֹם; וְרוּ ַח ֱא
ְ ְפּנֵי- ַעל,: וְח ֶֹשׁ,תה ת ֹהוּ וָב ֹהוּ ָ ,וְהָאָ ֶרץ
ָ ְ הי
La terre était tohu va vohu, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et l’Esprit ( רוּ ַחruaḥ) de Dieu
planant (מ ַר ֶח ֶפת
ְ meraḥefet) au-dessus des eaux.
Interes
Le mot hébreu ruah qui peut être traduit par Esprit, souffle, vent, est en hébreu du genre féminin. Et
nous voyons tout de suite que le participe “planant”, présente en hébreu la forme du féminin מְ ַרחֶ פֶ ת
(meraḥefet). Cette racine verbale, ( רחףraḥaf), est presque une onomatopée dans laquelle nous S
entendons le bruissement des ailes ou le souffle du vent. Cela évoque le frémissement des ailes d’un
aigle qui plane au-dessus de ses petits, comme dit le livre du Deutéronome 32, 11 utilisant le même
verbe, pour décrire un mouvement léger, délicat: RECEN
bible e
Comme un aigle éveille son nid
nid: Il les a conduits avec miséricorde (מים ֲ ַרraḥmim) et
ִ ח
compassion (מ ָלה
ְ ֶחḥemlah), comme un aigle qui est plein de miséricorde pour ses enfants (מנִי ֲ ַר
ָ ח créatio
ַעל ָבּנָיוraḥmany al banayw). Il ne rentre pas dans son nid tout d’un coup, afin que ses enfants se
étapes
réveillent et aient la force de l’accueillir, il frappe et agite ses ailes d’arbre en arbre et d’une
branche à l’autre. Non cl
textes
מחוֹ ֵפף — נוֹגֵ ַע ו ְ ֵאינוֹ נוֹגֵ ַע — תלמוד ירושלמי חגיגה ב׳
ְ יהם ֶא ָלּא ַ ֵאינוֹ.על גוזליו ירחף
ֶ מ ְכ ִבּיד ַע ְצמוֹ ֲע ֵל
textes
Dans le livre de l’Exode 19, 4 aussi, Dieu se compare à un aigle qui porte ses petits sur ses ailes et les
On entend dans ce mot מְ ַרפְ ֵרףmerafref comme une onomatopée et le bruissement des ailes dans l’air.
Rappellons-nous que l’Evangile, nous offre l’image de la colombe pour figurer l’Esprit Saint: “L’Esprit
Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix
venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »” (Luc 3, 22). Tout est
exprimé dans ce verset d’Evangile, la bienveillance du Père, son Esprit plane, déploie ses ailes au-
dessus de Jésus et ses paroles nous disent qu’il est le bien-aimé, en lui est toute la joie du Père. Et
Jésus de même, évoquant l’attitude du Père envers son peuple, osera même dire, s’adressant à
Jérusalem: “Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses
poussins sous ses ailes” (Luc 13, 34). Cette affection véritable – qui ne voit que la beauté de ses petits –
est bien féminine, comme celle de la mère qui ne se séparera jamais de son propre enfant, même si
aux yeux de la société c’est un criminel. Pour elle, même adulte et coupable, il reste le fruit des ses
entrailles, l’enfant bien-aimé.
Nous avons plus haut le commentaire de Rachi à propos de l’attitude de l’aigle qui approche du nid: il
les a conduits avec miséricorde ( ַרחֲ מִ יםraḫmim) et compassion ( חֶ מְ לָהḥemlah), comme un aigle qui est
plein de miséricorde pour ses enfants ( ַרחֲ מָ נִי עַ ל ָבּנָיוraḥmany al banayw). Il emploie aussi les mots
bibliques ( ַרחֲ מִ יםraḥmim) et compassion ( חֶ מְ לָהḥemlah) qui nous disent l’attachement d’une mère qui
porte ses enfants. Le mot raḥmim vient de reḥem, le ventre maternel, l’utérus et le mot ḥemlah de la
racine ḥamal porter, qui, en arabe, sert aussi à dire la femme enceinte, qui porte, et se trouve dans la
Bible pour dire la compassion.
Alors nous ne nous étonnerons pas si la Bible, à côté de l’autorité paternelle, introduit tout de suite en
Dieu son affection maternelle. Et nous retrouverons bien d’autres passages bibliques, comme celui du
livre d’Isaïe ch.49, verset 15: “Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse
( מֵ ַרחֵ םmeraḥem) pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas” ou du
psaume 27, verset 9: “Mon père et ma mère m’abandonnent; le Seigneur me reçoit.”
C’est vrai ce texte montre aussi la fragilité de l’analogie humaine à laquelle Dieu se soumet. Il nous
parle à partir de notre réalité, de notre expérience, qui est aussi le lieu où nos fragilités sont vécues ;
par conséquent, l’exemple d’un père tyrannique ou d’une mère qui abandonne son enfant risquent
aussi de compromettre l’image que nous avons de Dieu. Cependant l’extrême confiance que Dieu fait
à l’homme lui fait prendre tous les risques. La liberté qu’il nous laisse d’aimer ou de ne pas aimer
pourrait nous conduire à être un contre exemple. Mais le regard de Dieu sur ses enfants est celui qui
voit en eux la beauté et qui connait l’esprit qui les habite et les fait à son image et ressemblance. Donc,
dans l’expression biblique, il ira encore plus loin jusqu’à privilégier, pour se définir, ce mot (reḥem) qui
porte en lui toute l’humanité: celui de la matrice, de l’utérus, du ventre maternel, des entrailles, le lieu
où se vit le mystère qui lie l’être humain à la vie et au mystère de son origine. En effet, nous
retrouvons tout au long de la Bible les mots ( רחםreḥem utérus) et ( רחמיםraḥmym), ainsi que de
nombreux dérivés (comme meraḥem, raḥum) de la racine “raḥam” qui est omniprésente et qui nous dit
l’amour que Dieu nous porte, son attachement, sa miséricorde. Ce mot est aussi courant dans les
autres langues sémitiques et en particulier dans l’arabe du Qur’an: “raḥmān” ou aussi “raḥīm“. Si on
regarde ce que ce mot désigne dans ces langues sémitiques nous y trouvons une signification
univoque celle qui désigne le lieu où l’enfant est porté, engendré, la matrice, l’utérus, le ventre
encore essaient de se frayer un chemin vers Lui? Chacun le recherche comme un enfant cherche sa
mère. Alors comment ne pas nous émerveiller de la multiplicité des langages et des images utilisés
par toute créature pour nous parler de Lui, pour nous parler du mystère qui infuse en nous la vie et
l’amour, comme la mère comble son petit en le tenant dans les bras.
Voici les commentaires de Basile de Césarée (Césarée de Cappadoce, actuelle Kayseri, 329 – 379) et
d’Augustin (Thagaste, actuelle Souk Ahras en Algérie, 354 – 430 à Hippone, actuelle Annaba en Algérie)
sur le deuxième verset de la Genèse. Ils sont aussi attentif à la traduction du mot מ ַר ֶח ֶפת
ְ meraḥefet qui
se rapporte à l’Esprit de Dieu ( ַ רוּחruaḥ souffle, esprit de genre féminin en hébreu) et rappellent la
tradition syriaque, langue proche de l’hébreu, qui traduit ce mot par réchauffer, couver, évoquant
justement le geste de l’oiseau qui se tient au-dessus de ses petits, qui infuse sa chaleur et son énergie
vitale aux oeufs.
RAHMANI ROUAH
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Bereshit – Dans la tête de Dieu Le langage des oiseaux
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