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Recherches et Applications en Finance Islamique

‫بحوث و تطبيقات في المالية االسالمية‬


Researches and Applications in Islamic Finance

ISSN : 9052- 0224


Volume 2, Numéro 1, février 2018

La conduite de la politique monétaire dans un système financier


islamique
Salma DRISSI Pr. Khadija ANGADE
LAREFA, Ecole Nationale de Commerce et de LAREFA, Ecole Nationale de Commerce et de
Gestion Gestion
Université Ibn Zohr – Agadir, Maroc Université Ibn Zohr – Agadir, Maroc
slmadrissi@gmail.com khadija.angade@gmail.com

Résumé :
La finance islamique a fait son apparition il y a quelques décennies comme un nouveau système
financier dont la conceptualisation se construit autour de l’intégration de la dimension éthique
dans les dynamiques financières. Néanmoins, malgré le développement qu’a connu la finance
islamique grâce à sa transparence financière, celle-ci n’en n’est pas pour autant épargnée des
défauts et des limites qui compromettent ce succès ou du moins l’affaiblissent. La mise en œuvre
d’une politique monétaire conforme à la Charia est l’un des grands défis à relever en raison de la
rareté des instruments de politique monétaire tout en restant fidèle aux principes de la Charia. Cet
article a pour objectif d’examiner le contexte macro financier et les méthodes de fonctionnement
mis en place par les banques centrales. En même temps, cet article met en exergue les canaux de
transmission monétaires compatibles avec la nature du système financier islamique. Il examine
aussi les instruments utilisés par la banque centrale développés à partir du modèle conventionnel
qui nécessite une normalisation afin de réduire le risque de non-conformité avec les principes de la
Charia et l’aboutissement aux objectifs espérés par la politique monétaire.
Mots clés: Banque islamique, politique monétaire, canaux de transmission, taux d’intérêt

Abstract:
Islamic finance appeared a few decades ago as a new financial system whose conceptualization is
built around the integration of the ethical dimension into the financial dynamics. Nevertheless,
despite the development of Islamic finance through its financial transparency, it is nevertheless not
spared from defects and limitations that compromise this success or at least weakened it. The
implementation of a monetary policy in conformity with the Shariah is one of the major
challenges to be met by the scarcity of monetary policy instruments while remaining faithful to the
Shariah principles. The purpose of this article is to examine the macro financial context and the
monetary policy framework in which Islamic banks operate. At the same time, this article
highlights the channels of monetary transmission compatible with the nature of the Islamic
financial system. This article also examines the instruments used by the central bank developed
from the conventional model, which requires standardization in order to reduce the risk of non-
compliance with the Shariah principles and the achievement of the objectives hoped for by
monetary policy.
Keywords: Islamic banking, monetary policy, transmission channels, interest rate

Article reçu le : 13 juin 2017, accepté le : 01 décembre 2017


Citation : Drissi S. et K. Angade (2018), La conduite de la politique monétaire dans un système financier
islamique, Recherches et Applications en Finance Islamique, Volume 2, Numéro 1, pages : 1-23.

1
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Introduction

La dernière crise qu’a connue le monde en 2007, jugée la plus funeste depuis celle de
1929, semblait être un terrain fertile pour remettre en question le système capitaliste mis en
place jugé insuffisamment régulé ou régulé d'une façon moins intelligente. En effet, cette
remise en question semble souvent une occasion pour remettre en cause les défaillances du
paradigme théorique précédent fondé sur un capitalisme inhumain et chercher à s'intéresser à
une autre façon de faire ou d'exercer la finance. Face à la persistance de cette crise financière,
la finance islamique a su se frayer son chemin comme étant une finance alternative qui s’avise
de moraliser l’économie capitaliste en apportant des corrections à la fois sur le plan éthique
qu’économique. Dans ce contexte, la finance islamique se présente donc comme un nouveau
paradigme différent des autres paradigmes économiques visant à produire des solutions
structurelles à des problématiques économiques auxquelles le système conventionnel n’a pas
su non plus apporter de réponses appropriées (Arif & Ferri, 2016).

Le 6 Avril 2015 le Fonds Monétaire International (FMI) a publié un rapport, intitulé


Finance islamique : opportunités, défis et options stratégiques. À travers ce rapport, le FMI
indique que la finance islamique peut contribuer à la stabilité sur le plan macro-économique
étant donné qu’elle interdit la spéculation et restaure un système bancaire basé sur le principe
de partage des profits et des pertes (PPP) ou sur une logique d’échange à la place d’un
système de crédit à intérêt .Toutefois, bien que la finance islamique soit devenue une industrie
en pleine expansion ayant développé des solutions à la fois compétitives et innovantes, les
institutions financières islamiques à l’instar de leurs semblables conventionnelles doivent être
placées sous contrôle de la banque centrale. Toutefois, vue la nature des banques centrales et
leur mécanisme de fonctionnement assez particulier, les instruments de régulations utilisés par
la banque centrale représentent un sacré défi précisément, en ce qui concerne la mise en place
d’une politique monétaire conforme avec la Charia. En principe, les défis qui surgissent en
matière de transmission de la politique monétaire sont liés non seulement aux caractéristiques
de la finance islamique, mais aussi au contexte macro-financier et aux objectifs assignés à la
politique monétaire des pays où les banques islamiques opèrent. Il s'avère que, dans la plupart
des pays où les banques islamiques évoluent, elles sont toujours sous la supervision de la
banque centrale. Ceci-dit, il existe deux cas de figures, le premier est la promulgation d’une
loi bancaire propre aux banques islamiques qui représente une référence d’ordre législatif
pour régir la relation entre la banque centrale et les banques islamiques1 . Le second, concerne
la promulgation de quelques règles d’ordre générale pour régir les opérations entre la banque
centrale et les banques islamiques2. Dans les deux cas cités ci-dessus, les banques islamiques
se trouvent en interaction avec le contexte macro financier dans lequel elles opèrent. Face à
une telle situation, l'évaluation de l'efficacité de la politique monétaire semble être une tâche
très complexe pour la banque centrale. Cette dernière nécessite l’examen de la fiabilité de sa

1
Cette situation est mise en œuvre en Jordanie et en Égypte, par exemple.
2
Ce deuxième cas de figure est plus appliqué en Malaisie, Turquie et E.A.U, par exemple.

2
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politique monétaire en faisant appel à des dimensions multiples et parfois conflictuelles


(Khatat, 2016, p. 6) .

Pour atteindre cet objectif, la banque centrale doit jouer un rôle positif en matière de
conduite de sa politique monétaire à travers la réalisation de son objectif primordial
notamment, la stabilité des prix et le recours à des instruments de régulation convenables avec
les principes de la Charia , plus particulièrement, dans le cas d’un système financier duel qui
suppose l’existence des banques islamiques opérant ,côte à côte, avec les banques
conventionnelles . Dans cette perspective, les relations financières et monétaires doivent être
organisées et menées d’une manière qui vise à exclure l’utilisation de l’intérêt sous n’importe
quelle forme (Khan & Mirakhor, 1994, p. 4).

Les relations financières et monétaires dans un système financier islamique doivent être
organisées et menées de sorte à écarter l'utilisation de l'intérêt quels que soient les formes
possibles de la mise en place. Une telle restriction rend la transmission de la politique
monétaire dans un système financier duel très différente de celle dans un système financier
conventionnel.

Dans un premier temps, nous examinons la notion de l’intérêt dans le contexte de la


finance islamique et les différentes approches contemporaines liées à ce concept. Ensuite,
nous discutons les fonctions accordées à la monnaie dans la finance islamique ainsi que le
rôle joué par le système bancaire dans le circuit monétaire. Enfin, nous exposerons le cadre
opérationnel de la politique monétaire dans un système financier islamique notamment les
instruments et les différents canaux de transmissions de la politique monétaire dans un
système financier islamique.

1. La théorie de l’intérêt et le système financier islamique

1.1 . Notion de Riba et l’approches modernes de l’intérêt en finance islamique

Étymologiquement, le mot Ribâ est traduit dans la majorité des linguistiques arabophones
par l’usure ou par le prêt à intérêt. En effet, la pratique de l’intérêt est définitivement interdite
dans la religion islamique que se soit dans le Coran à travers plusieurs versets comme « …O
vous les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital. Et
craignez Allah afin que vous réussissiez3.», « (…) Mais Dieu permet la vente et il a interdit
l’usure4 (…) ».

La Sunna authentifie aussi cette prohibition, précisément dans le hadîth suivant : « L’or
pour l’or, l’argent pour l’argent, les dattes pour les dattes, le seigle pour le seigle, le blé pour
le blé, le sel pour le sel ; ils ne doivent être échangés qu’à égale qualité, à égale mesure et au

3
Coran, sourate al-Imran: verset 130.
4
Coran, sourate al-baquara: verset 275.

3
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comptant. S’il s’agit d’échanger entre des catégories, échangez comme bon il vous semble, à
condition que ce soit au comptant. » (Benmansour, 1994, p. 237).

En Grèce antique, la question de l’usure ou le prêt à intérêt a soulevé d’innombrables


controverses (Toussi, 2010, p. 11) à l’instar d’Aristote (384 av J-C, 322 av J-C), confirmant
que le recours aux prêts à intérêt est méprisable puisqu’il s’agit de créer la monnaie à partir
d’elle-même alors que la monnaie n’a aucune valeur en elle-même (ARISTOTE, 1972, p.
238). L’Église catholique condamnait aussi l’intérêt ce qui indique qu’à l’instar de l’islam,
toutes les religions monothéistes ont adopté la même position vis-à-vis de l’usure. Toutefois,
il paraît difficile de cerner la notion de ribâ tellement vaste qu’elle embrasse pratiquement
tous les contrats de type synallagmatiques.

Les versets coraniques relatifs au ribâ ou la pratique du prêt à intérêt ont été évoqués à
différentes situations juridiques. Cependant, il semble que la forme la plus répondue dans le
monde est celle liée à la pratique du prêt intérêt (Majidi, 2016, p. 24) ou ce que les savants
musulmans appellent ribâ Al-Nasî’a. Elle renvoie au paiement d’un surplus ou d’un excédent
lors de l’acquittement d’un prêt pour le délai accordé à l’emprunteur. La prohibition du ribâ
Al-Nasî’a est absolue et sans ambigüité de façon à ne pas créer de différence d’avis entre les
divers courants islamiques ou même les auteurs arabo-musulmans précurseurs. Ces derniers,
accordent à la monnaie les trois fonctions principales à savoir : un intermédiaire dans les
échanges, « (…) c’est le besoin d’une chose au moyen de laquelle on peut évaluer toutes
autres.» (BOUSQUET, 1957, p. 21) avance Dimachqî. La fonction de mesure de valeur,
« C’est donc la monnaie qui égalise des valeurs différentes en ajoutant à l’une ce qu’elle
retranche à l’autre de façon à les équilibrer» (Miskawayh & Arkoun, 1969, p. 182),. En
dernier, la fonction d’unité de compte, « Il faut donc qu’il existe des espèces à valeur
déterminée par la loi et en accord avec elle. Ce sont là des espèces légales, différentes des
espèces réelles. » (Khaldün, 1967, p. 410).

Face au développement spectaculaire de l’activité bancaire dans sa forme contemporaine,


le repérage et l’identification des pratiques de l’usure a créé autant de controverses chez les
savants musulmans qui se scindent en deux groupes : pour le premier, l’intérêt renvoie à toute
forme d’intérêt ; tandis que pour le second, la notion de ribâ ne concerne que l’intérêt excessif
(Ould-Bah, 2011, p. 105).

Parallèlement, la justification de cette prohibition a suscité encore plus l’intérêt des


savants qui avancent deux raisons principales. En premier lieu, la pratique de l’usure
favoriserait la concentration de la richesse et la thésaurisation (Akalay & Schumpeter, 1991,
p. 104). En second, la prospérité des individus ne doit être sans cause justifiée comme la
pratique d’une activité économique. Cette question de l’enrichissement non justifiée dans la
société, source souvent des crises, lie l’endettement excessif à la notion de mécanisme
régulateur (Miskawayh & Arkoun, 1969, p. 235).

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Toutefois, avec l’émergence de la théorie économique islamique et le développement de


l’industrie des banques participatives, le débat concernant la prohibition de l’intérêt a migré
de la Charia vers l’économie de telle façon que les promoteurs de la finance islamique sont
devenus actuellement les maîtres véridiques du jeu (Ould-Bah, 2011, p. 107). Dans ce
contexte, plusieurs résolutions avancées par les savants musulmans font appel aux maqâsid ou
l’intention tirée pour nuancer cette prohibition. Mais à la différence du capitalisme, la doctrine
économique islamique tolère la rémunération du capital monétaire si seulement il génère un
surplus monétaire pendant la durée du prêt (Abdelmoumen & Himeur, 2015, p. 19).

Dans cette optique, la notion d’intérêt admet deux définitions différentes : la première est
attachée à la dimension temporelle .Quant à la seconde, elle est liée aux conséquences de
l’échange. Cette confusion de départ quant à l’interprétation de la prohibition de l’intérêt est
plus affermie dans l’explication même des principes de base de la finance islamique (Martens,
2001, p. 13). Ainsi, Marouf al-Doualibi invite à limiter le champ de prohibition de l’intérêt
aux prêts à la consommation, délogeant les prêts à l’investissement (Doualibi, 1953). Aussi,
en 1989, le recteur de l’université islamique al-Azhar, en Égypte, a autorisé, dans une
résolution, que l’intérêt procuré des bons de trésor émis par le gouvernement était licite en
avançant comme argument qu’il s’agit d’une forme de partage des profits avec l’Etat
(MONCIAUD & RODENBECK, 2004). Sur le plan juridique, la location d’un bien
immobilier ne diffère pas de la location du capital. Alors pourquoi le prêt à intérêt est prohibé
et la location d’un bien immobilier est autorisée (Cafouri, 2000, p. 156) ? Selon la doctrine
économique islamique, le loyer d’un bien immobilier est justifié par la dégradation du bien
suite à son exploitation par le locataire durant la période fixée. Face à une telle situation, il
semble évident de dire que l’intérêt perçu est une sorte de rémunération suite à une
dégradation de la valeur de la monnaie sous l’effet de l’inflation.

Concernant l’inflation, contrairement au courant monétariste qui considère celle-ci comme


un phénomène monétaire par excellence, la doctrine économique islamique n’y voit rien de
naturel ni d’indispensable. Les mouvements inflationnistes ne sont que le résultat d’une
augmentation artificielle de la masse monétaire en circulation suite à l’adoption d’une
politique monétaire expansionniste.

1.2 La monnaie et le système bancaire islamique

Certes, pour la majorité des économistes, la monnaie demeure un concept difficile à


définir, d’où le recours aux différentes fonctions qu’elle occupe : intermédiaire de change,
unité de compte et réserve de valeur qui sont les mêmes fonctions précitées chez Aristote.
Toutefois, une controverse subsiste quant à savoir si la banque centrale doit détenir le
monopole de création de la monnaie, ou si les banques commerciales devraient également être
autorisées à créer la monnaie par le mécanisme de crédit (Ariff, 1978, p. 11). En effet , pour
Nejatullah Siddiqi (M Nejatullah Siddiqi, 1982), en procédant à la création d’un pouvoir
d’achat artificiel , les banques commerciales selon son propre expression "gain a lot out of

5
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thin air ". Bien que Chapra partage le même point de vu que Siddiqi, il considère que la
création monétaire ne doit être assignée qu’aux banques centrales, les banques commerciales
doivent être privées du pouvoir de création de la monnaie en imposant un taux de réserve de
100%. La mise en œuvre de cette idée réduira le rôle des banques commerciales à des
instituions d’épargne, ce qui semble évidemment impossible d’appliquer.

Néanmoins, en examinant cette idée d’un point de vue différent, Siddiqi n’aperçoit pas un
risque dans l’expansion des crédits dans un système bancaire islamique du moment où le
risque de défaillance ne touchera que les banques. En soulevant cette idée, il semble claire que
Siddiqi cherche à corriger l’idée selon laquelle la capacité des banques à créer du crédit
demeure indépendante des termes sur lesquels le crédit est créé.

La création de monnaie scripturale paraît comme un sujet si récent qui nécessite une
intervention de la jurisprudence islamique afin de démontrer si elle est tolérée par la religion
islamique ou non. Dans ce contexte, nous pouvons dire que les jurisconsultes et les
économistes musulmans se sont divisés en deux catégories : l’une approuve ce mode de
création monétaire alors que l’autre l’interdit. Parmi, les économistes qui tolèrent aux banques
commerciales islamiques l’octroi de crédits à partir des dépôts, l’économiste Aissa Abdo qui
tout en approuvant la création de la monnaie scripturale par les banques commerciales il
impose la condition que la propriété de ces banques doit être sous la tutelle de l’Etat.
Autrement dit, la banque commerciale ne serait-ce donc qu’une filiale de la banque centrale.
Le second groupe d’économistes se monte hostile quant à la création de la monnaie
scripturale à savoir les économistes comme Mohamed Omar Chapra, Sadiqî et Mohamed Azir
pour qui, la création de la monnaie est une des responsabilités de l’Etat et la délégation de
cette fonction aux particuliers peut engendrer un dysfonctionnement d’ordre général. Une
position assez consolidée par Mabid AI-Jarhi pour qui, la création monétaire basée sur le
système de taux de réserve fractionnaire engendre des effets inflationnistes qui peuvent ruiner
l’activité économique (Al-Jarhi, 1981).

D’une manière générale, un système financier performant est forcément corrélé à un


système de paiements efficace de manière à ce qu’il assure une cohérence et un équilibre lors
de la mobilisation de l’épargne et de son affectation à l’investissement (Saadallah, 2012, p. 5).
Une telle affirmation inscrit le système financier islamique dans une situation de doubles
enjeux afin de s’insérer harmonieusement dans le système financier global. Le premier est la
consolidation du système financier islamique à travers le développement des institutions
financières islamiques en matière légale. Le second, c’est la diversification des opérations
permettant d’avoir un système bancaire solide est structuré conforme à la Charia. Pour y
arriver, la Charia islamique a développé deux formes d'affaires d'arrangement financier :
Mudarabah et Musharakah. En effet, le Mudarabah se présente comme étant une technique
de financement à travers laquelle, les capitaux excédentaires sont mis à la disposition d'un
prêteur unique à savoir la banque ou (Rabb al-maal) pendant que l’entrepreneur (Mudarib)
apporte son savoir-faire et son travail au terme d’un projet en contrepartie d’une part

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prédéterminée des bénéfices gagnés. En cas de perte, le prêteur doit supporter exclusivement
les déficits financiers .Quant à l’entrepreneur, son risque se limite à une absence de
rémunération. Pour le deuxième type de contrat Musharakah, le bailleur de fond à savoir la
banque ne se contente pas d’apporter le capital financier sans participer à la gestion du projet.
Le bailleur de fond, devenant un actionnaire, bénéficie du droit de participer à la gestion du
projet en partageant les profits et les pertes selon les proportions des apports en capital.

Par contraste, Il s’avère que le partage des profits ne puisse être à la base des prêts
précisément à court terme vu qu’il est extrêmement difficile de déterminer les bénéfices dans
de tels cas. Face à cette situation, une opinion unanime émergeante selon laquelle il est
primordial de recourir à une partie des dépôts à vue afin de fournir des prêts sans intérêts.
Ceci dit une autre contrainte se soulève soit la création d’un équilibre entre l’offre et la
demande de fonds dit « sans coût » , étant donné que la demande sera théoriquement illimitée
(Ariff, 1988).

Certes, la banque centrale peut agir de telle façon à augmenter l’offre des fonds en
fournissant des facilités de refinancement. Néanmoins, il demeure encore nécessaire un
mécanisme pour réguler l’offre.

Il existe d’autres techniques de financement à travers lesquelles l’application du principe


du partage des bénéfices et des pertes ne semble pas applicable. Il s’agit des contrats de
financement par dette. Ces modes de financement concernent l’achat et la vente de bien
comme de services. Il peut s’agir de bien déjà existant ou qui feront objet d’une éventuelle
fabrication ; le mode de règlement peut être immédiat ou différé tout comme la livraison
(Martens, 2001, p. 12).
Qard al-Hasan (crédit gratuit) : ce type de produit s’inscrit surtout dans le rôle social que
doivent jouer les institutions financières dans la société. Ce sont des prêts à rendement
nul, c’est-à-dire sans intérêt, que les musulmans sont encouragés à contacter en cas de
besoin. Le mécanisme se déroule selon le scénario suivant : un agent économique
emprunte une somme d’argent pour une durée avec ou sans prédétermination. Le
remboursement se fait sans paiement d’intérêt à la date convenue ou sous la demande du
prêteur. Ce dernier a le droit de facturer des frais de service pour couvrir les frais
administratifs liés à la gestion du prêt. Il a également aussi le droit d’exiger un bien à titre
de garantie, traité par la règle du gage (Guéranger, 2009, pp. 125-126).

Murabaha (crédit acheteur) : Ce mode permet la vente d'un produit sur la base d'un paiement
différé sous forme d’acomptes provisionnels ou de versement forfaitaire. Le prix du
produit est convenu entre l'acheteur et le vendeur au moment de la vente et ne peut inclure
aucun frais pour le report des paiements. On y distingue deux cas :

 Bai bithaman ajil (Vente avec paiement différé) : il s’agit d’un contrat de
vente avec règlement différé. Les modalités du contrat de vente sont fixées dès

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l’origine. Le vendeur peut appliquer une pénalité en cas de retard de paiement


dont il ne bénéficie pas mais qui doit être versé par la suite à une œuvre
charitable.
 Vente avec paiement différé et marge (Murabaha pure) : conçue généralement
pour les opérations commerciales simples comme le financement du cycle
d’exploitation et les investissements à court terme, cette opération nécessite
l’intervention de trois acteurs selon le scénario suivant : le client contacte le
fournisseur concernant le bien désiré. Puis, c’est au client de contacter sa
banque qui joue un double rôle : être acheteur auprès du fournisseur et devenir
vendeur auprès de son client.
Bai' Salam (avance de trésorerie) : Dans ce type de contrat, l’acheteur paie au vendeur le
prix intégral négocié d’un produit que le vendeur promet de le livrer ultérieurement. Ce
type de transaction est conçu précisément pour les produits dont la qualité et la quantité
peuvent être typiques au moment du contrat comme les produits facturés ou manufacturés.

Ijara (location) : c’est un contrat de location d’un bien pour un montant spécifique et une
durée bien déterminée avec la possibilité de transférer la propriété du bien loué au profit
du locataire .

La liberté des contrats sous la Charia offre aux parties une flexibilité considérable
d’établir une variété de formes de transactions financières et instruments à condition que les
contrats ne comprennent pas d’intérêt et que les parties prenantes soient pleinement informées
des détails du contrat.

Toutefois, chaque système financier à ses propres exigences institutionnelles et le système


bancaire islamique ne représente pas une exception à cette règle, lui aussi il a besoin d’un
système institutionnel qui le soutient pour accomplir ses fonctions à l’instar du système
bancaire conventionnel. Ceci dit, une autre question s’impose concernant la coexistence des
banques islamiques et des banques conventionnelles dans un seul système financier.

Toutefois, à l’exception de l’Iran, le Pakistan et le Soudan, la majorité des pays ayant


adopté un système bancaire islamique reconnaissent la possibilité de coexistence des banques
sans ribâ côte à côte avec les banques conventionnelles. Une idée approuvée par plusieurs
auteurs comme Chapra and Siddiqi déclarant explicitement que la banque sans ribâ peut
coexister avec les banques conventionnelles (M Nejatullah Siddiqi, 1982, p. 14).

Dans la même veine, la conception d’un système de supervision efficace et adéquat


semble aussi importante que dans le cas des banques conventionnelles. Dans plusieurs pays,
les banques islamiques se trouvent sous la supervision de banque centrale qui recourt au
même traitement que celui utilisé pour les banques conventionnelles. Mais dans d’autres
contextes, la promulgation d’une loi spécifique semble nécessaire pour régir les opérations

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des banques islamiques ,plus précisément, la gestion de leurs relation avec la banque centrale
(Iqbal, Ahmad, & Khan, 1998, p. 34).

2. La politique monétaire et le système financier islamique

D’une manière générale, la politique monétaire était constamment perçue comme une
composante incontournable de la politique économique (Bailly, 2006, p. 213). A ce titre, il lui
était assigné la réalisation d’un certain nombre d’objectifs à savoir : la croissance
économique, la stabilité des prix, le plein emploi et l’équilibre de la balance de paiements.

A cette fin, le rôle dévolu à la politique monétaire dans le cadre de la politique


économique globale est de contrôler la quantité de monnaie mise en circulation dans
l’économie et d’agir de telle façon que l’activité du secteur bancaire puisse se dérouler dans
les bonnes conditions afin de satisfaire l’intérêt général (Bailly, 2006, p. 215). Le principal
acteur de la politique monétaire est sans conteste la banque centrale. Cette dernière se porte
comme étant le principal régulateur des marchés monétaires, le prêteur en dernier ressort pour
les banques commerciales et le principal superviseur de l’industrie bancaire. Toutefois, la
majorité des lois qu’elles soient bancaires, commerciales ou de société dans la plupart des
pays arabes et islamiques sont conçues sur le modèle occidental. A cet effet, le
développement des activités bancaires islamiques se trouve limité en dépit de la croissance
spectaculaire qu’a connue le secteur ces dernières années notamment en matière de mise en
œuvre de la politique monétaire et les mécanismes de transmission de celle-ci en présence des
banques islamiques.

2.1 . La politique monétaire et la banque centrale

Certes, la coexistence entre les banques islamiques et les banques conventionnelles est
devenue une réalité, mais peu d’économies où les banques centrales recourent à l’utilisation
des instruments de régulation et de transmission de la politique monétaire adéquats aux
principes des banques islamiques pour garantir un environnement de concurrence loyale entre
toutes les banques. En effet, ce sont principalement les pays du Conseil de Coopération du
Golfe (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis (E.A.U.), Bahreïn, Koweït, Oman et Qatar) en
plus du Bangladesh, la Jordanie, la Malaisie, le Brunei et le Yémen disposant d’un système
financier duel. L’examen de l’expérience de certains de ces pays dévoile qu'il est possible
d'avoir un niveau inflation à la fois faible et stable ainsi qu’un mécanisme de transmission
opérationnel pour la politique monétaire en présence de banques islamiques (Khatat, 2016, p.
7). Il est intéressant de noter que dans le cas d’un système financier duel, la conduite d’une
politique monétaire est principalement mise sur l’objectif de la stabilité des prix (la stabilité
monétaire) et le maintien de la stabilité financière de l’économie.

Que ce soit pour la pensée économique conventionnelle ou islamique, la création de la


monnaie est une fonction qui relève de la responsabilité de l’Etat, plus précisément, de la

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banque centrale. Néanmoins, dans le cas d’un système financier sans intérêt « Interest free
banking », le rôle de ces institutions change.

En effet, c’est grâce à son effort consciencieux et créateur que le système bancaire
islamique pourrait se développer (Chapra, 1997, p. 189). Ceci dit, la banque centrale doit être
une institution étatique autonome capable de mener une politique monétaire efficiente pour
atteindre les objectifs socio-économiques qui lui ont été assignées.

Dans cette optique, à l’instar des banques centrales qui opèrent selon la pensée
économique conventionnelle, la banque centrale selon la doctrine économique islamique doit
être responsable de l’émission monétaire, agir en tant que banquier pour l’Etat et les banques
du second rang, agir en tant que prêteur en dernier ressort, superviser et réglementer l’activité
bancaire et protéger la valeur de la monnaie nationale 5(Uzair, 1982, pp. 214-215).

Pour Uzair, la conception du rôle des banques centrales selon la doctrine économique
islamique n’engendrera pas un changement important concernant les fonctions menées par les
banques centrales précisemment en cas d’abscence de la pratique du taux d’intérêt . A titre
d’exemple , la fonction du monople du contrôle de l’offre de la monnaie demeure immuable
que se soit dans le cas d’un système financier islamique ou conventionnel (Uzair, 1982, p.
212). L’impact de l’ élimination de l’intérêt sera significatif au-delà des fonctions suivantes :
la régulation et le contrôle de l’activité créditt , agir entant que prêteur en dernier ressort ainsi
que la promotion et le dévelppement de l’activité bancaire de l’économie. Certes , même s’il
est possible d’établir une liste exaustive ou non des différentes fonctions techniques ,
administartives ou conceptuelles des banques centrales , il semble que dans une économie
islamique tout comme l’économie axée sur les intérêts , la principale fonction de la banque
centrale est la concervation de la valeur nominale du PIB sous contrôle (Zangeneh & Salam,
1993, p. 26). Autrement dit, l'objectif de la politique monétaire devrait être la réduction de la
variabilité du niveau général des prix de même que les fluctuations de la production et de
l'emploi. Il s’avère qu’en outre de la redistribution injuste et capricieuse du revenu et
l'incertitude qui accompagne l’anticipation de l'inflation par les agents économiques , la
valeur de l'argent est plus importante dans un cadre islamique en raison de l'importance
primordiale de l'honnêteté et de l'équité à la fois dans toutes les relations et aspects de la vie .
C’est le cas pour l’inflation qui a un impact nocif sur le tissu socio-politique et économique
de la société en compromettant l'épargne, l'investissement et le développement à long terme.
A l’instar du système capitaliste, la fonction du prêteur en dernier ressort pour les banques
commercilaes est aussi présente dans la doctrine économique islamique, précisemment au
cours des crises et des problèmes de liquidité . Dans ce contexte, Siddqi avance que ces
règles liées à cette fonction doivent être conçues pour protéger prioritairement les intérêts des
déposants, en paritculier les petits épargnants en assurant une diversification adéquate de
5
Selon le même auteur, la banque centrale peut exiger de détenir une partie des actions des banques
commerciales. C’est une manière d’avoir une pression supplémentaire en matière de contrôle du
fonctionnement des banques centrales.

10
Volume 2, numéro 1 (2018)

l’investissement, une gestion adéquate des fonds bancaires et la surexpension des crédits
(Mohammad Nejatullah Siddiqi, 2006).

Concernant la fonction de la gestion de la masse monétaire, la banque centrale doit être en


mesure de déterminer la masse monétaire pour répondre aux besoins de transactions des
agents économiques, précisément pour une économie en pleine croissance. Dans une telle
situation, la banque centrale doit fixer le niveau de la masse monétaire qui répond à la fois au
volume de transactions tout en conservant la stabilité du niveau général des prix. La banque
centrale doit choisir donc ses outils stratégiques de telle sorte que ces derniers conduisent à la
réalisation de leurs objectifs monétaires et à l'amélioration globale de l'économie qui n’est pas
en conflit avec la Charia notamment pour la politique monétaire faisant objet de
développement plus tard.

2. 2. Les instruments de la politique monétaire dans un système financier islamique

À l’instar des banques centrales conventionnelles, la banque centrale islamique s’appuie


sur un ensemble d’instruments et de procédures pour mener à bien leurs politiques
monétaires. Toutefois, la banque centrale ne peut utiliser que des instruments conformes à la
Charia en interdisant toute transaction financière basée sur le paiement ou la réception des
intérêts. Dans ce contexte la plupart des instruments directs de contrôle de la masse monétaire
utilisé par le système financier conventionnel sont conformes aux principes islamiques. Quant
aux instruments indirects dits conventionnels ,jugés plus souples, ils ne doivent pas être pris
en considération vu qu’il se base sur la pratique du de l’intérêt (Choudhry & Mirakhor, 1997,
p. 27).

Ceci dit, la banque centrale dans un système financier islamique peut opérer de manière
directe en employant son pouvoir réglementaire discrétionnaire ou indirectement par son
influence sur le marché monétaire. Ainsi, peut-on mettre une distinction entre les instruments
directs et les instruments indirects. Les instruments directs définissent ou contrôlent le niveau
général des prix par la régulation de la masse monétaire en circulation en visent
principalement les bilans des banques commerciales, tandis que les instruments indirects
opèrent à travers le marché monétaire en influençant les conditions sous-jacentes de la
demande et de l’offre de la monnaie en visant le bilan de la banque centrale.

2.2.1 Les instruments directs

À travers l’examen du tableau N°1, il semble que les principaux instruments directs en
matière de conduite de la politique monétaire sont : l’encadrement du crédit à travers le
contrôle du taux d’intérêt, la sélectivité du crédit. Une mesure via laquelle les autorités
monétaires orientent les crédits vers des secteurs particuliers jugés stratégiques ou prioritaires
pour le développement économique ou social. Le ratio des réserves obligatoires et le bank-by-
bank credit ceilings (Buzeneca & Maino, 2007; Choudhry & Mirakhor, 1997, p. 41), un

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Volume 2, numéro 1 (2018)

instrument direct utilisé par les banques centrales , précisément au cours de la période allant
de 1960-1970.Il implique généralement la mise en place d’une pénalité sous la forme d'un
investissement obligatoire à un taux d'intérêt inférieur à celui du marché pour les banques
ayant enregistré une croissance excessive de l’offre des crédits.

Le point commun entre ces différents instruments est le fait qu’ils sont tous liés à l’actif
des banques en procédant par un contrôle effectif de l’attribution et de la distribution du crédit
bancaire conformément aux objectifs fixés par la banque centrale en matière de conduite de sa
politique monétaire. Cette catégorie d’instruments est recommandée par les économistes
comme Abbas Mirakhor en particulier pour les économies qui viennent d’intégrer le système
financier islamique côte à côte avec un système financier conventionnel. Ces instruments
présentent plusieurs avantages comme la maîtrise des agrégats de crédits et par la suite le
contrôle de son coût. Ils sont aussi flexibles et facile à mettre en œuvre que pratiques à
quantifier. Pour les systèmes financiers moins développés ou moins compétitifs, les
instruments directs sont les plus efficaces (Choudhry & Mirakhor, 1997). Enfin, les
instruments directs peuvent être temporairement attrayants dans des situations de défaillances
spécifiques ou générales du marché financier ou dans une grave crise financière.
Tableau N°1 : les instruments monétaires directs
Problèmes liés à la
conception et aux
L’instrument Les avantages Les inconvénients opérations

Délimiter les problèmes de Interférer le mécanisme des


sélection défavorable, prix.
précisément en cas
d’asymétrie ou lorsque Le rationnement du crédit
la supervision peut mener à une
bancaire est faible. mauvaise affectation de
L’encadrement ce dernier.
du crédit (par le Recommander souvent
taux d’intérêt lorsque les autorités Le plafond est facilement
ne peuvent pas contourné par le La conception peut impliquer
(outil rejeté dans
atteindre un taux déplacement des dépôts la fixation des taux d'intérêt ou
la finance
d'intérêt cible par le bancaires vers des actifs des spreads.
islamique plus rentables en termes
moyen du marché ou
lorsque les taux à long de taux pratiqué sur le
terme sont un objectif marché financier tels les
politique. marchés de change.

Offre un contrôle effectif Étant donné que le plafond de Les quotas peuvent dépendre
sur le crédit bancaire crédit n'est pas déterminé du capital, du crédit
si la création de la par le marché, la existant et des dépôts
monnaie centrale est répartition des ressources existants.
hautement contrôlée. bancaires peut être
déformée. La négociation secondaire de
Minimise la perte de quotas de crédit inutilisés

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Volume 2, numéro 1 (2018)

contrôle monétaire Entraîne une introduit des éléments


pendant la transition désintermédiation et une d'attribution du marché et
vers des instruments perte d'efficacité ultime. atténue les distorsions.
indirects surtout si
Bank-by-bank l’éventuel mécanisme Difficile à mettre en œuvre s'il
de transmission est existe de nombreuses
credit ceiling incertain. banques et s'il y a des
entrées de capitaux.

La préservation d'une Distorsion de la concurrence


stabilité financière en imposant des
accrue. contraintes sur la gestion La conception implique le
des actifs des banques. choix des titres éligibles et des
le ratio des La préservation de la échéances éligibles
réserves stabilité monétaire vue Distorsions des prix des titres
obligatoires que la banque centrale et étouffement des
n’est pas amenée à opérations secondaires.
manipuler les taux
d’intérêts pour Entraînement d’une
contrôler la variation désintermédiation, une
des prix des actifs. augmentation de la
propagation et une perte
d'efficacité.

Distribuer le crédit de la Discrétion du processus La mise en place d'un


banque centrale d'allocation de crédit. mécanisme destiné à
principalement pour allouer des crédits et à
financer des secteurs Une mauvaise allocation des déterminer l'utilisation
la sélectivité du particuliers. ressources. ultime des fonds.
crédit
Fournir un contrôle direct L’accord de privilèges aux Habituellement, le crédit ne
sur les crédits agrégés entreprises publiques en nécessite pas de garantie.
de la banque centrale réduisant ainsi l’impact de
aux banques du la politique budgétaire
second rang.

Source : adapté à partir (Alexander, Balino, & Enoch, 1996) et (Choudhry & Mirakhor, 1997)

Bien que les instruments directs présentent de multitudes avantages à l’instar du ratio des
réserves obligatoires, l’utilisation exclusive de ces instruments peut engendrer une allocation
inefficace des ressources vu que les banques tentent d'échapper au contrôle direct du crédit
exécuté par la banque centrale et d'ossifier la répartition du crédit. À titre d'exemple, les
banques essaieraient de perpétuer leurs parts du marché de crédit indépendamment de leur
compétitivité en détruisant ainsi les banques dont les plafonds de crédit sont contraignants.
En outre, dans les économies marquées par la dominance des banques publiques à l’instar des
pays musulmans, ces instruments limitent les incursions que le secteur privé peut exercer dans
le secteur bancaire. La pratique de ces instruments dans les pays en développement démontre

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Volume 2, numéro 1 (2018)

leurs inefficacité à long terme surtout que les banques recourent à des techniques de
financement situées à l’extérieur du champs de contrôle de la banque centrale en détournant
des fonds vers des activités rentables artificiellement. Ainsi, la fiabilité perçue des instruments
directs peut souvent être trompeuse.

2.2.2 Les instruments indirects

Les instruments indirects comprennent principalement : les réserves obligatoires6, le taux


de réescompte, les taux directeurs, les swaps en devises, les pensions et les opérations d’Open
Market, comme indiqué dans le Tableau N°2. Les instruments indirects impliquent des
opérations ouvertes de type marché avec des instruments basés sur l'équité qui offrent plus de
souplesse dans le contrôle monétaire.

L’examen des inconvénients des instruments directs de la politique monétaire représente


le point de départ pour exposer les avantages des instruments indirects. En effet, ces derniers
contrôlent les fluctuations de la liquidité à court terme conformément aux objectifs de la
politique monétaire. Prenons, par exemple, les réserves obligatoires et les pensions, ces deux
instruments représentent deux des techniques les plus utilisées par les banques centrales dans
leurs interventions.

Pour les swaps de devises, cet instrument consiste à contracter simultanément un prêt et
un emprunt portant sur deux devises différentes et sur des taux fixes ou variables par la
banque centrale. Cet instrument permet de constituer des réserves en devises lui permettant
d’intervenir sur le marché de change pour contrôler les cours de la monnaie nationale. Quant
aux opérations d’Open Market, leurs souplesses leur permettent de devenir un instrument très
efficace en matière de contrôle monétaire. Dès lors que ces instruments fonctionnent plutôt
que sur les marchés, ils peuvent influencer les conditions monétaires, même lorsque des
agrégats monétaires spécifiques deviennent économiquement moins importants (Choudhry &
Mirakhor, 1997, p. 35).
Tableau N°2 : les instruments monétaires indirects
Problèmes liés à la
conception et aux
L’instrument Les avantages Les inconvénients opérations

Aide à induire la demande de réserves Impose une taxe sur La conception comprend la
et, par conséquent, améliorer la l'intermédiation bancaire définition et le suivi de la
Les réserves prévisibilité de la demande de et peut conduire à un écart base des besoins, de
obligatoires réserve. entre les taux de prêt et de l'éligibilité des actifs, des
dépôt. règles et des taux de
rémunération en moyen.

6
Cet instrument peut être classé à la fois comme étant un instrument direct et indirect selon la politique
monétaire choisie.

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Recommandée dans la stérilisation


ponctuelle de l'excès de liquidité, ou
autrement pour tenir compte des N’est pas pratique pour la C’est un instrument très lourd et
changements structurels dans la gestion de la liquidité à difficile à manier
demande de réserves. court terme, car les particulièrement à court
changements fréquents terme
perturbent la gestion du
portefeuille bancaire.

Le taux de réescompte reste un Cette technique n’est plus Nécessite une décision de la
indicateur monétaire très important efficace car le système est part des banques
car il donne un reflet de l’état de coûteux, et lorsque les d'emprunter auprès de la
liquidité de l’économie banques ont besoin de banque centrale en
Le taux de liquidité, elles vont acceptant les garanties
réescompte s’adresser au marché appropriées.
interbancaire au lieu de la
banque centrale. Le découvert se produit
automatiquement et ne doit
pas être garanti.

L'ampleur des flux quotidiens dans et hors Manque de transparence. Des mécanismes d'allocation
des dépôts publics entre la banque nécessaires pour assurer
Les pensions centrale et les banques commerciales Militer contre le une répartition équitable
peut être un instrument clé pour développement du marché entre les banques
(les dépôts compenser l'impact de la liquidité à secondaire des titres d'État. commerciales concurrentes.
du secteur court terme.
public)

Les Exercer un effet direct sur la liquidité L'objectif de la gestion de la Parfois, lorsque la banque
opérations bancaire. dette peut entrer en conflit centrale possède des titres d'État
d’Open avec la gestion monétaire. dans son portefeuille, les ventes
Encourager la discipline budgétaire de la aux enchères de récompense
Market part du gouvernement si le La fréquence élevée des inversée peuvent être utilisées
financement direct de la banque enchères peut entraver le au lieu de ventes directes sur les
centrale est interrompu. développement du marché marchés primaires.
secondaire.

Dans le cas d'un marché en devises La banque centrale peut subir Nécessité de concevoir des
profondes, mais d'un marché de titres des pertes si les opérations procédures appropriées de
gouvernementaux inactifs, les swaps de change sont utilisées gestion des risques.
peuvent se substituer à des opérations pour tenter de préserver un
de compensation dans des documents taux de change non amorti.
gouvernementaux.
Les swaps de
devises Les ventes et les achats FX peuvent
être utiles lorsque le marché FOREX
est plus développé que le marché
monétaire.

Source : adapté à partir (Alexander et al., 1996) et (Choudhry & Mirakhor, 1997).

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Contrairement aux instruments directs qui se présentent comme étant les principaux
instruments utilisés dans la conduite de la politique monétaire, les banques centrales recourent
aux instruments indirects vu qu’ils contribuent au développement du marché financier. En
termes d’inconvénients, la mise en œuvre des instruments indirects est intrinsèquement
complexe de façon à ce qu’ils engendrent un impact ambigu sur les agrégats monétaires. En
effet, les interventions menées par la banque centrale dans le marché interbancaire ,en
particulier les injections de la liquidité à travers le recours aux opérations d’Open Market,
perturbent gravement le marché des titres publics (Lehmann, 1979, p. 210).

Par ailleurs, les réserves obligatoires ne peuvent pas servir à dépouiller l’excès de liquidité
si celle-ci est répartie d’une manière inégale entre les banques. De plus, lorsque les dépôts à
vue sont assujettis à un taux de réserves trop élevé, il est fort probable que l'expansion des
crédits soit trop élevée car il pourrait y avoir peu ou pas de réserves pour les dépôts
d'investissement. Par conséquent, une désintermédiation financière s’accentue lorsque les flux
d’épargne s’orientent vers les marchés financiers ou sous forme de transfert d’épargne à
l’étranger. Ainsi, il semble difficile d’introduire cet instrument dans un système financier
islamique, vu que les autorités monétaires peuvent faire face à des difficultés quant à
l’exercice d’un contrôle monétaire efficace.

3. Les canaux de transmission de la politique monétaire

En général, la notion de canaux est employée pour désigner la transmission des actions de
la banque centrale grâce à un enchainement des actions pour influencer la demande de la
monnaie (Bailly, 2006, p. 262). En effet, les conditions générales dans lesquelles s’exerce la
politique monétaire étant changées en affectant les canaux de transmission selon chaque pays
et chaque période. Plusieurs facteurs impactent le mode d’exécution de la politique monétaire
comme l’intensité des rigidités nominales des prix, les imperfections du marché,
l’indépendance de la banque centrale, les interférences de l’Etat et le degré de développement
du marché financier.

Dans la même optique, la compréhension de la transmission de la politique monétaire est


une condition préalable à la mise en œuvre de la politique monétaire d’une façon générale et
pour les systèmes financiers duels (opère avec le système financier conventionnel et le
système financier islamique) en particulier (Gray & Karam, 2013).

Pour le dernier instrument à savoir le canal de change, il nécessite un marché des changes
très développé. Toutefois, dans la plupart des pays islamiques, les marchés financiers ne sont
pas assez développés. En cas d’absence de cette contrainte, ce canal ci dessus est recommandé
pour renforcer les réserves des banques en cas de pénurie de liquidité domestique dans un
système financier islamique.

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3.1 . Le canal du taux d’intérêt

Pour la doctrine néoclassique, le taux d’intérêt demeure le canal incontournable utilisé par
les autorités monétaires afin de contrôler la masse monétaire mise en circulation ou agir sur la
liquidité des banques commerciales. En effet, selon le modèle IS-LM seule la demande de
monnaie par les agents économiques permet d’atteindre ou non l’équilibre monétaire. Dans ce
cas, les banques centrales privilège ce canal pour son impact direct sur l’activité économique
en particulier concernant les dépenses d’investissement. Les taux nominaux se transforment
en taux réel si les prix sont rigides de telle façon que l’exécution d’une politique monétaire
qui favorise la baisse du taux d’intérêt nominal conduit à la réduction du taux d’intérêt réel à
long terme (Landais, 2008, p. 70) . Dans ce contexte, l’économiste Fréderic Mishkin avance
que « La baisse du taux d’intérêt réel à court terme entraine une chute du taux d’intérêt réel à
long terme. Ce fléchissement des taux d’intérêts réels abouti ensuite à une hausse de
l’investissement en capital fixe des entreprises, de l’investissement en logement, des dépenses
de biens de consommations durable et de formation de stock, le tout provoquant une
augmentation de la production globale. » (Mishkin, 1996, p. 92).

Toutefois, les banques centrales ne détiennent pas toujours le contrôle de la création


monétaire ou même du taux d’intérêt nominal, les banques commerciales contribuent aussi à
la création de la monnaie par le biais de la monnaie dette. Ceci dit, la banque centrale ne
contrôle qu’une marge très négligeable du processus de création monétaire tandis que les
agents économiques réagissent dans un éventail plus large que celui des banques centrales.

Selon la vision Keynésienne le contrôle de la demande de monnaie en se basant sur le


canal du taux d’intérêt est contrarié par l’anticipation des agents économiques quant à
l’évolution du taux d’intérêt. Autrement dit , la demande globale de la monnaie pour motif de
spéculation, sera, dans certaines limites, une fonction continue du taux d’intérêt (Montoussé,
2006, p. 189) . Bref, vu que le taux d’intérêt fluctue en permanence dans un système financier
capitaliste, il y aura un changement continu dans les soldes monétaires détenues par les agents
économiques qui échappe au contrôle des autorités monétaire. Dans un système financier
islamique, l’abolition du canal d’intérêt pourra se faire par le prélèvement de la Zakat
(Chapra, 1997, p. 235) à un taux fixé par la banque centrale dans le but de minimiser la
demande spéculative de la monnaie et garantir une meilleure stabilité de la demande de la
celle-ci . En outre, les actifs basés sur le taux d’intérêt sont prohibés en finance islamique et
les détenteurs de fonds supplémentaires ne pourront garder leurs liquidités sans aucun
rendement, ils seront amenés à se comporter de manière rationnelle en investissant dans des
actifs à base de partage des profits et des pertes afin d’obtenir un rendement. Contrairement
aux taux d’intérêt, le taux de profit ne peut être prédéterminé au préalable. Le seul paramètre
qui sera déterminé sera le taux de partage du profit et contrairement au taux d’intérêt celui-ci
ne fluctuerait pas vu qu’il est fondé sur des conventions sociales et économiques.

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3.2 . Le canal du crédit

La banque centrale peut recourir à une hausse de son taux directeur pour rationner
mécaniquement le volume des crédits accordés aux agents économiques. En effet, les
fondements théoriques liés au canal du crédit mettent en évidence un système économique
marqué par une forte sensibilité du secteur bancaire aux décisions de la politique monétaire.
Autrement dit, les banques commerciales sont fortement dépendantes de la banque centrale.
Cette dernière détient le monopole de l’ensemble des opérations de financement des banques
commerciales. En plus de cette dépendance de premier rang, il existe une deuxième
dépendance qui concerne les crédits bancaires pour les emprunteurs qui non pas l’accès au
marché financier (Marone, 2010, p. 29) . La combinaison de ces deux niveaux de dépendance
assiste le cheminement de la politique monétaire de la sphère financière jusqu’à la sphère
réelle ce qui explique l’importance accordée à ce canal. Pour cela, le canal du crédit met
l’accent sur l’asymétrie de l’information entre la banque et l’entreprise qui sollicite le crédit.
Dans cette optique, la décision du crédit peut influencer l’équilibre du marché en engendrant
des problèmes d’agence. Le canal agit de la manière suivante : au moment où les autorités
monétaires exécutent une politique monétaire expansionniste, les réserves et les dépôts
bancaires augmentent et par la suite la quantité des crédits accordés. Cet accroissement de la
quantité de crédit conduira à une hausse des dépenses d’investissements et implicitement
celles de consommation. Ce canal peut faire appel à deux catégories d’outils notamment, les
outils quantitatifs qui incluent le taux de réescompte des banques centrales, des opérations
d’Open Market et la variation des réserves monétaires. C’est un instrument qui agit
rapidement sur les liquidités bancaires. Il semble judicieux d’examiner brièvement chacun de
ces outils avant d’évaluer leur fiabilité dans le contexte de la finance islamique. Le taux de
réescompte est l’un des outils les plus authentiques employé par la banque centrale pour
contrôler le volume des prêts. C’est une technique de refinancement qui permet aux
établissements bancaires de mobiliser leurs créances à court terme auprès de la banque
centrale pour faire face aux besoins de liquidités. La manipulation du taux de réescompte
impacte la liquidité des banques permettant ainsi aux autorités monétaires le contrôle de la
quantité de monnaie créée par le système bancaire. Bref, la banque centrale peut à travers la
manipulation du taux de réescompte stimuler ou restreindre la distribution des crédits.
Évidemment, le recours à cette technique est interdit dans la Charia. Toutefois, Uzair suggère
la conception d’un outil qui aura le même principe de fonctionnement que le taux de
réescompte tout en étant compatible avec les principes de la Charia. Il s’agit de substituer le
taux de réescompte à un taux de rendement moyen pondéré dans différents secteurs de
l'économie (le taux de rendement peut être positif ou négatif), plus ou moins un facteur
discrétionnaire de prime. En d’autres termes, la banque centrale remplace le taux de
réescompte par un taux de rendement moyen pondéré calculé sur la base des différents
secteurs de l’économie plus ou moins une prime discrétionnaire (Zangeneh & Salam, 1993, p.
27) . En ajoutant cette prime, la banque centrale freine les crédits si l’économie est confrontée
à l’inflation mais en réduisant cette prime (c'est-à-dire fournir une subvention), la banque
centrale encourage les crédits, surtout si l'économie est confrontée à une récession potentielle

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Volume 2, numéro 1 (2018)

ou si l'économie est réellement en récession. Dans cet ordre d’idées, bien que la banque
centrale et la banque commerciale sachent exactement au préalable quelle est la prime, étant
donné que le taux de profit de l'économie n'est pas connu à l'époque, le taux de rendement
global demeure incertain.

3.3 . Le canal du taux de change

Compte tenu de l’internationalisation croissante de l’économie, le taux de change est


devenu un des principaux mécanismes de transmission de la politique monétaire en
macroéconomie. En effet, dans les modèles macroéconomiques modernes, l'efficacité du
canal de taux de change se mesure par la façon selon laquelle les variations des taux d’intérêts
passent par le taux de change (Khatat, 2016, p. 14) . Quand des écarts importants apparaissent
durablement entre les taux d’intérêts relatifs à deux monnaies, le taux de change fluctue de
façon à ce qu’un placement sans risque dans l’une des devises soit équivalent au placement
sans risque de même échéance dans l’autre devise, sinon il deviendrait alors possible de
réaliser des gains illimités sans aucun risque (Hissler, 2007, p. 2). Cette relation entre le taux
d’intérêt et le taux de change est formalisée par la théorie de « Parité des taux d'intérêt». En
d’autres termes, le canal du taux de change remplit un rôle déterminant dans la façon dont la
politique monétaire affecte l’économie nationale (Mishkin, 1996, p. 94), une relation bien
défendue précisément dans l’étude menée par Taylor (1993).

À ce sujet, le canal du taux de change semble plus efficace dans un régime de taux de
change flottant que dans un taux de change fixe (Bruno, 1997, p. 142).Il paraît plus
opérationnel avec des degrés plus élevés de variabilité du taux de change qui n’est autorisé
que dans un régime de change flottant. En outre, le rôle du canal de taux de change se
renforce en cas d’absence de contrôle des capitaux et sur un marché Forex (marché des
changes) caractérisé par la substituabilité entre les actifs nationaux et étrangers. A l’heure
actuelle, la majorité des pays dotés d’un système financier islamique ont des régimes de taux
de change qui sont fixes et des marchés financiers non développés. En effet, la plupart des
pays où les actifs bancaires islamiques représentent une part importante optent pour un
système de change fixe ou un régime de ciblage monétaire, notamment pour les pays du CCG,
la Jordanie et le Brunei qui ont un régime d’ancrage du taux de change. Quant au cas du
Yémen, ils ont opté pour une flexibilité limitée du taux de change (International Monetary et
al., 2015, pp. 6-7) voir tableau N°3. Aussi faut-il voir que les pays ayant un système financier
islamique et un régime de change fixe ont tendance à avoir une inflation plus stable et une
croissance plus volatile que les pays ayant un régime de change flexible. Pour les pays comme
l’Arabie Saoudite, la Jordanie et Brunei, l’adoption d’une politique monétaire moins
accommandante est sollicitée surtout avec le régime du change adapté qui rend la gestion de
la liquidité une caractéristique clé d'une politique monétaire efficace. Quant aux pays ayant
opté pour d’autres régime de change à l’instar du Soudan, le Pakistan, l’Iran et le Yemen, il
semble primordial de renforcer le cadre de la politique monétaire basé sur le canal du taux de
change pour maintenir l'inflation sous contrôle. S’agissant des pays ayant un système de

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Volume 2, numéro 1 (2018)

change flottant et qui ont enregistré le taux d’inflation le plus bas, se situent la Malaisie et
Brunei.
Tableau N°3 : régimes de changes dans les pays ayant un régime financier dualiste
Monetary Policy Framework

Exchange Rate Anchor (9) Monetary Inflation-


Exchange Rate Aggregate Targeting Other
Arrangement U.S. Euro Composite Other Target Framework (3)
(number of Dollar (2) (1) (2)
countries) (6)

Currency board Brunei


(1)
Darussalam

Bahrain
Jordan
Conventional Oman
peg Qatar
Saudi
(7) Arabia
Kuwait
U.A.E

Stabilized

arrangement Bangladesh
(2)
Yemen

Other managed
arrangement Iran Malaysia
(4) Pakistan
Sudan
Source: Annual Report on Exchange Arrangements and Exchange Restrictions (AREAER) 2015
(1) Currency board : Un régime de change dans lequel la parité de la monnaie nationale est
strictement fixe par rapport à une devise étrangère .L’émission de la monnaie est strictement limité
par le montant de réserve de change dans la devise en question.
(2) Conventionel peg : il s’agit d’un régime de change stable par rapport à une monnaie d’ancrage à
une unité monétaire composite sur une fourchette étroite (± 1 %).
(3) Stabilized arrangement : C’est un régime de change où le taux au comptant par rapport à une
devise étrangère reste dans une marge de 2% pendant 6 mois ou plus.

Il existe donc une interaction entre le régime de change et l’inflation. D’une manière
générale, c’est une forte corrélation entre les régimes de change et les taux d’inflation dans
les régimes de flottement contrôlé (Coricelli, Jazbec, & Masten, 2004, p. 52).

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Conclusion
Le système financier islamique, à l’instar du système financier conventionnel, est soumis
aux mêmes contraintes en matière de conduite d’une politique monétaire jugée efficace visant
les objectifs de croissance et de stabilité. Cela signifie que, dans un système financier
islamique, comme dans tout autre système économique, la banque centrale joue un rôle
primordial. En effet, grâce à l’effort de cette dernière que le système financier et monétaire
pourrait être instauré et développé. Toutefois, l’interdiction de la pratique de l’intérêt et
l’incompatibilité des instruments de la politique monétaire conventionnelle avec les principes
de la finance islamique nécessite la conception des instruments efficaces pour contrôler l’offre
et réguler la demande de la monnaie en l’absence du taux d’intérêt en tant que mécanisme
incontournable. C’est un défi qui freine le développement de la finance islamique bien que
les banques islamiques se trouvent obligées de détenir plus de liquidités que les banques
conventionnelles. Par ailleurs, l'excès de liquidité doit être géré d’une façon efficiente afin
d’améliorer la transmission de la politique monétaire.

Certes, avec l’interdiction du taux d'intérêt, il est nécessaire de promouvoir l’élaboration


de nouveaux instruments financiers adaptés à la nouvelle architecture financière basée sur la
Charia islamique. Néanmoins, l’instauration des banques islamiques dans un système
financier conventionnel engendre un problème d’hétérogénéité des systèmes financiers. De ce
fait, la coexistence des banques conventionnelles et islamiques exige un développement
rapide d’un cadre de politique monétaire robuste et résilient. Pour cela, la banque centrale doit
concevoir ses outils de politique monétaire selon la demande du marché et ainsi renforcer son
rôle en matière de transparence et de responsabilité. Par conséquent, la formulation et la mise
en œuvre de la politique monétaire islamique accorderait au système islamique des chances
quasiment égales à celles dont jouissent ses homologues conventionnelles. C’est ainsi que la
banque centrale de Malaisie a proposé « les Sukuks Muḍārabah de la Banque Centrale »
servant comme un instrument de gestion de la liquidité à court terme.

Compte tenu de ce qui précède, le présent article a pour objectif l’examen des aspects
théoriques des instruments de la politique monétaire islamique afin de comprendre les
questions relatives à la gestion monétaire dans le cadre d’un système bancaire dualiste.

Certes, l’industrie financière islamique se développe à un rythme plutôt rapide ces


dernières années. Toutefois, la nécessité de concevoir des instruments de politique monétaire
islamique devient de plus en plus une condition nécessaire pour que les autorités monétaires
puissent aborder d’une manière plus adéquate les différents défis de gestion monétaire, de
l'expansion du système financier islamique. Ceci est primordial pour assurer la réalisation des
objectifs espérés par la politique monétaire à savoir la croissance non inflationniste,
l’équilibre extérieur et le plein emploi en plus d’une répartition équitable des richesses.

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Références bibliographiques :
 Abdelmoumen, N., & Himeur, C. M. (2015). La finance islamique face au droit français: Editions
L'Harmattan.
 Al-Jarhi, M. A. (1981). A Monetary and Financial Structure for an Interest-Free Monetary
Economy: Institutions, Mechanism and Policy. Paper presented at the Seminar on Monetary and
Fiscal Economics, Islamabad, Jan.
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