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CRITIQUE
LE FEUILLETON-
VERITE DE MICHEL
FOUCAULT LE _
PHILOSOPHE DEBUTE
SON ENQUETE SUR
«(LA VOLONTE DE
SAVOIR»
Par Bric Aeschimann (https:/www/iberation frauteur/195u-eric-
aeschimann)
—10 février 20114 00:00
En 1970, au Collége de France,22/2019
Le failatonvérté de Michel Foucault le hlosophe débula son enquéle sur ela volonté de saviors - Culture /Next
Une quéte obsédante, ot plane une sourde inquiétude, une traque aux
savoirs qui réglementent, une plongée dans les entrailles du Vrai. Ou
encore : un feuilleton en 13 saisons, tout en ralentis et en accélérations,
en trouvailles et en impasses... Voila ce qu’aura été le cours de Michel
Foucault au Collége de France de 1970 4 1984 sous lintitulé global
«Histoire des systémes de pensée>, et dont la publication, commencée
en 1997, se poursuit a un rythme régulier. II y a deux ans sortait le
Courage de la vérité, son ultime cours, ot, quelques mois avant sa mort,
le philosophe célébrait dans une langue somptueuse et tendue la
parresia (le «parler-vrai»), c’est-a-dire la vérité qui fait scandale et qui
nous appelle a la «uraie vie» - c’était l’époque oi il révait de quitter sa
prestigieuse chaire pour devenir, par exemple, journaliste. Cette année,
en miroir, est publiée la saison 1, oit le tout nouvel élu au Collége de
France pose les premiers jalons de son enquéte et commence par une
autre vérité : celle qu'il faut commencer par balayer devant sa porte.
Intuition. Ces Lecons sur la volonté de savoir peuvent rebuter pour
toutes sortes de raisons. Lisibilité : les séances n’ayant pas été
enregistrées, contrairement aux suivantes, le texte a été établi a partir
des fiches préparatoires, moins fluides, parfois proches de l’annotation.
Rapiécage : certaines lecons étant portées manquantes, il faut aller
chercher en fin de volume deux textes qui s’en inspiraient. Sinuosi il
faut un moment pour comprendre en quoi l’'analyse de Foucault a besoin
d’en passer par l’ordalie chez Hésiode ou apparition de la monnaie a
Corinthe. «C’étaient des recherches qui étaient fort voisines les unes des
autres, sans arriver @ former un ensemble cohérent ni une continuité>,
dira-t-il 4 propos de ses premiers cours.
Mais, une fois ces obstacles franchis, c'est au spectacle fascinant d’une
pensée au travail que le lecteur est convié. L’intuition qui guida le travail
de Foucault jusqu’a la fin y est posée d’emblée : «Le jeu que je voudrais
jouer [...] est de savoir si la volonté de savoir n'est pas aussi
profondément historique que n’importe quel autre systéme
d’exclusion.» Son interrogation s'est nourrie de sa lecture de Nietzsche,
sur lequel il a peu écrit mais dont influence sur lui se dévoile ici. «Je
lizarde Nietzsche ; je crois commencer & m’apercevoir pourquoi ga m’a
toujours fasciné», écrit-il en 1967 dans une lettre que cite Daniel Defert
dans sa postface. Que trouve-t-il dans Nietzsche ? Eh bien, par exemple,
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Ls feulletor-éré ech! Foucault piosope début son engl sur la olor de sais ule Next
ces premieres lignes de Par-deld le bien et le mal : «En admettant que
nous désirions la vérité : pourquoi ne préférerions-nous pas la non-
vérité ? Et Vincertitude ? Et méme Vignorance ?>
La tradition philosophique veut nous faire croire que la connaissance est
un besoin spontané, pacifique, innocent : le pur amour de la vérité. Dans
sa Métaphysique, Aristote tenait que l’homme éprouve un plaisir naturel
aconnaitre. Tout l'objet du cours de Foucault va étre de montrer au
contraire que le désir de vérité est une construction destinée a protéger
Tordre politique et économique de la Cité grecque et, plus tard, de nos
sociétés. Contre la fausse évidence du Vrai, Foucault donne des coups de
boutoir et dénonce le «visage de violence» de la volonté de savoir.
Comme /’interdit ou la folie, elle est une procédure d’exclusion,
«toujours serve, dépendante, intéressée». La vérité n’est pas innocente.
Pour en apporter la preuve, il en suit la lente émergence dans la Grace du
VII* siécle a travers l’avénement de plusieurs systémes du vrai et du faux
: le remplacement des procédures archaiques de la justice, tels oracle
ou le serment, par le témoignage et l’enquéte ; |'introduction de la
mesure de l’espace et de la monnaie, importés a empire perse. La vérité
tombait des dieux, sous forme d’oracle, et la divination, elle, descend sur
terre et devient «visible, constatable, mesurable». Foucault s’arréte
aussi sur l’éviction du Sophiste, ce menteur capable des ruses les plus
grossiéres. Ce dernier serait-il resté «le plus menagant, le plus entété et
le plus ricanant rédeur>» de la philosophie occidentale si notre désir de
vérité était aussi assuré qu’on le prétend, note Foucault ?
Relecture. Ce qui nait alors, et continue de nous gouverner, c’est un
«savoir-pouvoir» ou, plus exactement, un savoir qui se détache du
pouvoir pour mieux le servir. C’est le cas du nomos (la loi) qui apparait &
laméme époque, «inscrit dans la pierre, présent au milieu de tous sans
que personne r’ait d le formuler». Mais cette nouvelle vérité est aussi
une déchirure de la trame humaine et dans une relecture époustouflante
d’Edipe-roi, qui est aussi un pied de nez a Freud, Foucault en
reconstitue la tragédie. On croyait Edipe mai par le désir @’inceste ; pour
le philosophe, c’est la passion du Vrai, son entétement a enquéter auprés
des hommes, qui nouera le drame. L’homme qui voulait savoir finira
«rejeté a la mer» : ce sont les derniers mots de «la Lecon d’CEdipe», et
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