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Alain Erlande-Brandenburg

Étude sur les funérailles, les sépultures et les tombeaux des rois
de France jusqu'à la fin du XIIIe siècle
In: École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1970-1971. 1971.
pp. 831-838.

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Erlande-Brandenburg Alain. Étude sur les funérailles, les sépultures et les tombeaux des rois de France jusqu'à la fin du XIIIe
siècle. In: École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1970-1971. 1971. pp.
831-838.

doi : 10.3406/ephe.1971.5550

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0001_1970_num_1_1_5550
ALAIN ERLANDE-BRANDENBURG 831

ÉTUDE SUR LES FUNÉRAILLES,


LES SÉPULTURES ET LES TOMBEAUX DES ROIS
DE FRANCE JUSQU'A LA FIN DU XIIIe SIÈCLE

par Alain Erlande-Brandenburg

Directeur d'études : M. Michel Fleury (1)

Si de nombreuses recherches ont déjà été consacrées à


des études, fragmentaires, sur tout ce qui concernait la
mort d'un roi de France, aucune jusqu'à présent n'avait
été entreprise pour regrouper les différents aspects que
revêtait, au cours des âges la mort d'un roi : c'est-à-dire le
déroulement des funérailles avec tout le cérémonial qui
peut l'accompagner, la sépulture qui comprend le choix de
l'église où devait reposer le corps, enfin le monument
élevé au-dessus de la tombe pour rappeler à tous d'une
manière visible le souvenir du souverain. Cette étude
se devait de suivre dans le temps l'évolution du cérémonial
des funérailles dont on connaît l'importance au xvie siècle,
pour tenter de saisir à travers les différentes époques la
signification qu'il révélait.
Il a été nécessaire, devant l'importance et l'étendue
dans le temps des recherches à effectuer, de fixer un cadre
chronologique à nos recherches. Si le terminus a quo
pouvait être fixé assez facilement aux origines de la monarc
hie,en revanche le terminus ad quem pouvait l'être de
différentes façons. Cependant l'apparition en France, au
passage du XIIIe et du XIVe siècle, d'un nouveau cérémonial
et d'une sculpture funéraire où se faisait jour un autre
style, permettait d'attribuer un terme à l'enquête. Un

(1) Cette thèse, déposée le 26 avril 1970 par M. Michel Fleury,


directeur d'études, a valu à M. Alain Erlande-Brandenburg, par dél
ibération de l'Assemblée de la Section en date du 21 juin 1970, rendue
sur le rapport de MM. Favier et Francis Salet, le titre d'élève diplômé
de la IVe Section de l'École pratique des Hautes Études.
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ouvrage récent, dû à M. Giesey, établissait d'ailleurs un


lien entre le cérémonial du Moyen Age et celui de la Renais
sance, de même que les tombeaux des xive et XVe siècles
avaient vu leur histoire renouvelée, ces dernières années.
La première partie est donc consacrée à l'étude des
funérailles royales. Il ne paraît pas qu'à l'époque méroving
ienne,les souverains se soient distingués sur ce point des
hauts personnages de l'époque. En revanche la période
carolingienne innove grandement dans ce domaine. Dès
le IXe siècle, on voit apparaître un cérémonial de sacre et
en 986, les funérailles de Lothaire permettent d'affirmer
l'existence d'une cérémonie que l'on doit rapprocher
de l'Apothéose antique. Il faut attendre, du moins dans
le Royaume, le début du XIIIe siècle, pour retrouver une
solennité semblable. En revanche la tradition semble s'en
être maintenue dans l'Empire, et l'Angleterre la redécouvre
dès l'accession au trône des Plantegenêts. Pour la première
fois même un lien entre les funérailles et le sacre est nom
mément établi. C'est sans doute par contamination avec
l'Angleterre que les rois de France remirent en honneur
au début du XIIIe siècle ce cérémonial où se trouvait
magnifié le roi. Revêtu des regalia, il était alors exposé
aux yeux de tous tel qu'il était le jour de son sacre. Ce
rite devait se maintenir jusqu'à la fin de la Renaissance,
lorsque le roi mourait dans les environs de Paris. A la
mort de Philippe le Bel et à celle de Charles VI ensuite
ce cérémonial devait se charger d'une signification politique
nouvelle.
La mort du roi loin de Saint-Denis et le développement
que prit peu à peu la cérémonie, eurent pour conférence
une conservation plus longue du corps du souverain. Or
les pratiques antiques d'embaumement avaient disparu
rapidement après les invasions barbares. Si l'on a encore
quelques vagues connaissances en la matière à l'époque
mérovingienne, elles ne tardèrent pas à s'effacer. Aussi
fallut-il avoir recours à des procédés sauvages, en outre
fort peu efficaces, pour rapporter les corps des person
nagesà l'endroit où ils avaient exprimé le désir de reposer.
Au début, on se contentait seulement de retirer les viscères
du corps. Cette technique fut expérimentée sans grand
succès sur le cadavre de Charles le Chauve. On la retrouve
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ensuite assez fréquemment dans l'Empire, puis chez


les Angevins et dans le royaume de Jérusalem. En France,
il faut attendre la mort de Louis VIII. Ce procédé rudi-
mentaire pouvait suffire lorsque la distance à parcourir
pour ramener le corps n'était pas trop importante, en cas
contraire il fallut se résoudre à une autre pratique plus
barbare encore, qui consistait à séparer les os de la chair
en faisant bouillir le corps dans du vin. Le témoignage le
plus ancien de cette technique se trouve en terre d'Emp
ireet elle ne fait son apparition en France qu'à la mort
de saint Louis. Boniface VIII s'étant élevé contre une telle
opération, on n'en trouve plus mention ensuite dans le
royaume.
Après la cérémonie des funérailles, le corps du souverain
était déposé en terre. Suivant les époques, on assiste à de
grandes variations quant au mobilier qui accompagnait
le Roi. Les Mérovingiens, se rattachant aux traditions
barbares en contradiction avec le droit romain, le souverain
fut enterré avec la parure et les bijoux qu'il portait lors
de ses funérailles. Les Carolingiens paraissent être revenus
aux pratiques antiques, encore que, faute de toute décou
verte de sépulture on ne puisse rien avancer avec certitude.
En effet les Empereurs saliens ont coutume d'être inhumés
avec des copies en matériau vulgaire de leur regalia et
des vêtements de grande beauté. Cette coutume, qui
pourrait bien avoir une origine carolingienne, ne se retrouve
pas dans le royaume avant le XIIe siècle, mais devient
par la suite régulière. Quant aux sceaux des souverains,
ils paraissent bien avoir été brisés à leur mort, et ceux
découverts dans les tombes de Constance de Castille et
d'Isabelle de Hainaut restent des exemples exceptionn
els.

La deuxième partie est consacrée aux édifices qui ont


été choisis par les souverains pour y être enterrés ou dans
lesquels ils ont été inhumés, pour des raisons qui nous
échappent. A l'époque mérovingienne il est certain que
les motifs qui poussèrent le souverain à faire un tel choix
sont à la fois politiques et religieux. La volonté d'établir
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une nécropole familiale à proximité de leur capitale


s'inspire sans aucun doute de l'exemple de Clovis. Ce dernier
ayant fixé sa capitale à Paris, choisit d'y créer une basilique
dédiée aux Saints Apôtres, qui rappelait d'ailleurs la
fondation de Constantin à Byzance : elle était destinée à
recevoir son corps et à matérialiser, malgré les différents
partages, l'unité du Regnum. La fondation par Childebert
d'une autre basilique sous le vocable de Sainte-Croix et
Saint-Vincent fit perdre aux Saints-Apôtres le rôle qui fut
alors assuré par cette nouvelle fondation. Dagobert, grâce
à la faveur dont il sut entourer Saint-Denis, où il voulut
même que son corps reposât, devait bouleverser une tra
dition établie. De plus, l'action des souverains carolingiens,
du moins des premiers, lia indissolublement les destinées de
la basilique et de la monarchie. L'extension vers l'est de
l'Empire allait bouleverser les projets primitifs et en
déplaçant l'axe du royaume favoriser d'autres basiliques.
La division du royaume et l'attribution de la pars occi-
dentalis à Charles le Chauve devaient finalement rendre
son rôle à Saint-Denis. La nouvelle dynastie renforça encore
les liens entre Saint-Denis et la monarchie : de l'élection
d'Hugues Capet jusqu'à la mort de Louis XV, tous les
souverains, à l'exception de trois, reposèrent dans l'illustre
basilique. Ce privilège dont les religieux restèrent toujours
très jaloux, les amena à tenir une place de plus en plus
grande dans l'histoire de la monarchie française. Philippe
Auguste leur légua ses couronnes.
C'est à la fois pour réagir contre de telles prétentions,
et également pour d'autres raisons politiques que Philippe
Ier préféra Saint-Benoît-sur-Loire et Louis VII l'abbaye
cistercienne de Barbeau. Quant aux membres de la famille
royale, ils furent d'abord soigneusement écartés de Saint-
Denis, qui était considéré comme le « cimetière aux Rois ».
Louis IX voulut faire de Royaumont le cimetière des
enfants de France, mais dès sa mort sa volonté ne fut plus
respectée : à partir de cette époque un grand nombre de
reines et d'enfants de France furent inhumés à Saint-Denis
au milieu des rois. On assiste d'autre part en France, plus
tardivement d'ailleurs que dans l'Empire et l'Angleterre,
à la multiplication des tombes. Les entrailles acquirent au
cours du xme siècle une certaine considération, si bien que
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celles de Louis VIII furent pieusement conservées en


Auvergne, celles de saint Louis à Monreale et celles de
Philippe III à Narbonne. A côté de ces sépultures d'en
trailles obligatoirement déposées à proximité du lieu de la
mort, une troisième catégorie apparut dès la fin du XIIe
siècle en Angleterre : les sépultures de cœur. La pratique
n'apparut pas dans le royaume avant le milieu du xme
siècle : la première personne royale qui donna son cœur
fut Blanche de Castille : elle l'offrit aux religieuses cister
ciennes du Lys. A partir de Philippe III qui laissa le sien
aux Frères Prêcheurs de Paris, la coutume s'établit.

La troisième partie est plus spécialement consacrée aux


tombeaux qui furent régulièrement dressés à partir du
milieu du XIIe siècle sur chacune des sépultures royales. Un
chapitre préliminaire s'efforce de retracer l'histoire du
gisant en France aux XIIe et XIIIe siècles. L'origine
même du thème est à rechercher dans l'Empire où
les premiers exemples apparaissent dès le début du xne
siècle. Cependant des textes font soupçonner l'existence
de telles figurations, en stuc, dès l'époque carolingienne.
Dans l'Empire, les plus anciens sont coulés dans le bronze.
En France, l'étonnante tombe de l'abbé Isarn taillée dans
un fond de sarcophage antique, reste un monument isolé,
si du moins l'on accepte une date très ancienne (fin du
XIe — début du XIIe siècle). Il faut attendre en effet, dans
la France du Nord, le milieu du XIIe siècle, pour avoir une
série homogène et conservée (Saint-Germain-des-Prés). La
mode s'en répandit rapidement. Il s'agit alors de monu
ments commémoratifs élevés à la mémoire d'un très haut
personnage mort depuis longtemps. Ce n'est que dans les
vingt dernières années du siècle qu'on se prit à les sculpter
peu de temps après la mort.
Les sculptures de pierre revêtaient l'aspect de gisants
qui, à l'origine, étaient taillés en cuvette ; ce n'est que par
la suite que le gisant fut taillé en haut relief dans la pierre
dont il tendit peu à peu à se détacher. L'évolution aboutit
au tombeau d'Isabelle d'Aragon, à Saint-Denis, où,
pour la première fois, l'emploi du marbre est préféré à
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celui de la pierre : le gisant taillé dans le marbre blanc est


alors posé sur une dalle de marbre noir. Fréquemment le
gisant pouvait être protégé par un édicule dont la paroi du
fond était peinte et posé sur un socle dont les flancs étaient
décorés. A partir du milieu du XIIIe siècle, on représente
même, sur les flancs, la cérémonie des funérailles. Le premier
exemple en est le tombeau de Louis de France : le corps
du jeune prince est porté sur un brancard et les participants
au cortège funèbre sont figurés en marche, chacun sous une
arcade. Ce motif devait prendre rapidement un développe
ment considérable, avant d'aboutir aux tombeaux gran
dioses des ducs de Bourgogne, à Champmol.
Les tombeaux de pierre pouvaient également revêtir
une forme plus imposante : à Saint-Denis, le tombeau de
Dagobert, considéré comme le fondateur de l'église, prend
l'aspect d'un immense enfeu avec un tympan orné de
différentes scènes et des piédroits avec les statues debout
de la femme et du fils du Roi. A Cosenza, sous trois grands
arcs brisés, sont figurés, au centre, la Vierge à l'Enfant
debout, et, à genoux, Philippe III et sa femme Isabelle
pour qui avait été dressé le monument.
Fréquemment ces tombes étaient fondues en bronze
(Charles le Chauve) (peu sont parvenues jusqu'à nous),
d'autres faites d'émail et enfin de métal précieux comme
l'or et l'argent. C'est en effet dans ces matières qu'avaient
été exécutées les trois tombes de Louis VII, Philippe
Auguste et Louis IX qui disparurent au début du XVe
siècle.
De toutes ces tombes qui furent élevées aux rois, reines
et enfants de France, bien peu ont survécu. Seules celles
de Saint-Denis ont échappé aux destructions du temps
et des hommes ; pour les autres, les dessins de la collection
de Gaignières et quelques autres documents graphiques
permettent seulement d'en restituer la représentation
sans que l'on puisse guère en tirer d'indication stylis
tique. Dès la fin du XIIe siècle, le thème, qui ne variera
pratiquement plus jusqu'à la fin du Moyen Age, se fixe :
le Roi est figuré couché, les yeux ouverts, la tête ceinte
d'une couronne et posée sur un coussin, revêtu d'un mant
eau retenu qui s'ouvre largement sur sa robe. Il porte le
plus généralement la main à la bride de son manteau et
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tient de l'autre son sceptre. A ses pieds se blottit un ani


mal que l'on ne s'accorde pas à identifier. Une fois de plus
l'Angleterre montre toute son originalité sur ce point :
les gisants de Fontevrault doivent, selon le désir même
de la reine Aliénor, représenter les rois tels qu'ils figurèrent
au lendemain de leur mort, sur le lit d'exposition où ils
avaient été habillés des vêtements qu'ils portaient le jour
de leur sacre.
Devant le succès remporté dès la fin du XIIe siècle et
surtout au xme siècle, par le thème du gisant, on pourrait
se demander si des ateliers s'étaient spécialisés dans la
sculpture funéraire. Or au contraire de ce que l'on a pu
prétendre, l'existence de « tombiers » dès le XIIIe siècle
ne peut être retenue. Ce sont les mêmes sculpteurs qui
exécutent les œuvres monumentales et les tombes de
pierre : ainsi on retrouve la main du sculpteur qui exécuta
le gisant de Childebert dans le premier linteau du portail
Sainte-Anne, à Notre-Dame de Paris. Quant aux quatorze
gisants de la Commande de Saint-Louis qui nous sont
parvenus (sur les seize exécutés), ils se rattachent au style
que l'on voit fleurir sur les chantiers parisiens du milieu
du siècle. Il en est d'ailleurs de même des deux tombes
princières de Royaumont. Or c'est dans ce milieu parisien,
complexe, qu'apparaissent pour la première fois des
tendances nouvelles qui, volontairement écartées à Paris,
ont trouvé à Reims un milieu favorable. Si ces rapports
entre sculpture monumentale et sculpture funéraire sont
tels qu'on est obligé d'y voir la main des mêmes artistes,
l'établissement de ces rapports est rendu difficile pour
l'ampleur des destructions. Ainsi le gisant de Clovis dont
on peut être assuré de l'ancienneté grâce à la découverte de
textes inédits, reste-t-il un unicum dans la production pari
sienne de la fin du premier tiers du XIIIe siècle. De même les
trois gisants de Fontevrtfult (Henri II, Richard et Aliénor)
qui remontent aux toutes premières années du xme siècle,
demeurent-ils des œuvres isolées, dans l'histoire de la
sculpture sur pierre. Il faut faire appel cette fois à des
œuvres de métal pour rendre compte de leur original
ité.
Enfin la question de l'influence du moulage funéraire sur
la tendance de la sculpture à la représentation fidèle
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des visages a été étudiée avec attention. Cette explication


matérialiste, n'a pu être retenue, car l'apparition de la
technique du moulage n'est pas antérieure, en France du
moins, au XIVe siècle. D'autre part, chaque fois que l'on
assiste, au cours du xive siècle, à des essais de reproduction
fidèle des traits, on constate qu'il s'agit d'oeuvres exécutées
« ad vivum ». Cette conclusion remet en cause les théories
admises jusqu'à présent sur la ressemblance des visages
des gisants. A cette époque l'effigie était exécutée long
temps après la mort du défunt. La conclusion a été que
la première fois où l'on constate une ressemblance il
s'agit de gisants exécutés du vivant du personnage,
ainsi les deux tombeaux de Charles V.

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