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23/2/2019 Les universaux linguistiques

Cahiers d’études romanes


Revue du CAER

14 | 2005 :
Traduction et Plurilinguisme

Les universaux linguistiques


SOPHIE SAFFI
p. 47-82

Abstracts
Français Italiano
Notre article se propose d’aborder les principales hypothèses proposées autour de la notion
d’universaux : de la grammaire universelle des Cartésiens à Noam Chomsky et son hypothèse
génétique aujourd’hui relancée par les récentes découvertes (gène FOX P2), en passant par les
apports de Joseph Greenberg et de Roman Jakobson, mais aussi de Marcel Locquin, de Zoltan
Gombocz et Aurélien Sauvageot, et encore de Merritt Ruhlen, de Gustave Guillaume, des recherches
en I.A., pour conduire le lecteur à mener une réflexion sur les questions transversales que suscite le
débat sur les universaux.

Con questo contributo ci proponiamo di affrontare le principali ipotesi che ruotano intorno alla
nozione di Universali. Dalla grammatica cartesiana di Port-Royal, all’ipotesi genetica di Noam
Chomsky, oggi più che mai rilanciata dalle recenti scoperte sul gene FOXP2 (forkhead box P2), e
passando attraverso i contributi di Joseph Greenberg, Roman Jakobson, Marcel Locquin, Zoltan
Gombocz, Aurélien Sauvageot, e anche di Merritt Ruhlen, di Gustave Guillaume e dei Ricercatori nel
campo dell’Intelligenza artificiale, perché il lettore sia scortato a riflettere sulle questioni trasversali
suscitate dal dibattito sugli universali linguistici.

Index terms
Keywords : grammaire, universaux linguistiques, Chomsky (Noam), Jakobson (Roman), Guillaume
(Gustave)
Parole chiave : grammatica, universali linguistici, Chomsky (Noam), Jakobson (Roman),
Guillaume (Gustave)

Full text

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23/2/2019 Les universaux linguistiques
1 La notion d’universaux, dans la linguistique d’aujourd’hui, est un objet de controverses
et là réside son intérêt : le débat soulève des questions qui sont au cœur des théories sur le
langage. Historiquement, la grammaire universelle des Cartésiens abordait le problème de
l’ordre naturel des pensées humaines en posant l’innéisme comme axiome de départ.
Noam Chomsky a proposé lui aussi une hypothèse génétique dans les années soixante. Et
la polémique sur l’origine innée du langage est aujourd’hui relancée par la découverte du
gène FOX P2. Le débat méthodologique se poursuit depuis toujours entre les tenants du
rationalisme et ceux de l’empirisme. La question des universaux nous confronte au
problème de la définition de l’objet d’étude qu’ils représentent et de la strate dans laquelle
les chercher. Des contributions importantes comme les universaux morpho-syntaxiques
de Joseph Greenberg, la hiérarchie universelle des phonèmes de Roman Jakobson, la
représentation ontophylogénique du langage de Marcel Locquin, l’histoire universelle des
relations syntaxiques de Zoltan Gombocz et Aurélien Sauvageot, ou encore la langue mère
universelle de Merritt Ruhlen, mais aussi la théorie liant le fonctionnement de la pensée
humaine et la genèse du mot de Gustave Guillaume, les recherches en intelligence
artificielle, nous conduisent à mener une réflexion sur les questions transversales que
suscite le débat sur les universaux : quels liens unissent l’histoire et la structure des
langues avec les possibles universaux que présentent ces dernières ? Ces universaux sont-
ils le fruit d’un héritage unique ? Sont-ils le résultat d’un parcours d’acquisition du langage
et de la langue maternelle commun à tous les hommes ? Ou représentent-ils des
réalisations superficielles similaires d’un psychisme profond partagé par tous les
locuteurs ? Autant de questionnement et de suppositions que nous aborderons au fil de
notre exposé, pour vous aider modestement, cher lecteur, à vous forger une opinion.

1. La grammaire universelle des


Cartésiens
2 Dès le Moyen-âge, des universitaires se sont préoccupés d’affirmer l’idée que la
grammaire puisse être une science. Ainsi, le traité De modis significandi sive Grammatica
Speculativa (circa 1300) de Thomas d’Erfurt dont la méthode se veut scientifique puisque
déterminant une connaissance à partir de principes, ou encore la discussion qui ouvre le
traité des Quaestiones Alberti de modis significandi, texte pour lequel la grammaire étant
une science suppose entre autres qu’elle dérive de principes universels et qu’elle est la
même pour toutes les langues1.
3 La problématique est reprise au XVIIIe siècle : les Cartésiens défendent l’idée que toutes
les langues ont quelque chose en commun et leur projet de grammaire universelle (ou
générale) se propose de rassembler des observations qui conviennent à toutes les langues,
et pour se faire, d’étudier des mécanismes nécessaires et communs à toutes les langues, les
universaux du langage2. Cependant, l’innéisme cartésien portant à la croyance en un
« ordre naturel des pensées », les règles universelles du discours qu’ils définissent relèvent
plus de la logique que de la linguistique. « Le préjugé culturel [des Cartésiens] en faveur
du français vient conforter cette tendance : l’ordre naturel des pensées, c’est de façon
générale celui de la phrase française. Dès lors, la grammaire universelle étant concrétisée
dans la langue française, la grammaire des autres langues pourra s’édifier par
considération des écarts constatés au regard de ce modèle »3. Le préjugé favorable au
français est encore relayé au XXe siècle par un académicien comme Robert de Flers :
« Parmi les langues qui ont mérité d’être appelées universelles, on se plaît à citer la
grecque, la romaine et la française. La grecque, toute ailée et toute vibrante du chant des
déesses et des cigales, on l’a nommée la langue de la beauté, tandis que la langue romaine,
formée par l’effort ambitieux des juristes et des soldats, on l’a volontiers regardée comme
celle de l’autorité. La langue française, elle, est la langue de la grâce et du bon sens
réconciliés dans son harmonie et dans sa clarté »4. Parmi les Cartésiens du XVIIIe, N.

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Beauzée soutient que les parties du discours sont des éléments nécessaires dans le
langage, par exemple, le verbe : « Puisque les Verbes sont absolument nécessaires pour
exprimer les objets de nos jugements, qui sont nos principales et peut-être nos seules
pensées ; il n’est pas possible d’admettre des langues sans Verbes, à moins de dire que ce
sont des Langues avec lesquelles on ne saurait parler »5. E. B. de Condillac dans sa
Grammaire de 1775 ne leur reconnaît pas un caractère nécessaire mais seulement
suffisant à l’expression de toutes les pensées.

2. Les Rationalistes et les Empiristes


4 Cette discussion sur le statut des universaux a séparé les linguistes en deux factions : les
tenants du rationalisme et ceux de l’empirisme. « Pour l’empirisme, il peut y avoir langage
sans universalité, ce qui correspond parfaitement à l’idée d’une genèse des systèmes de
signes, c’est-à-dire au fait que l’universel n’est pas coextensif à la classe des langages. […]
Pour le rationalisme, il peut y avoir universalité sans langage, ce qui signifie tout
simplement que l’existence de l’universel ne dépend de celle d’aucun langage »6. Ramenée
à l’essentiel, la question est de savoir si derrière la diversité des langues, leurs systèmes
sont régis par des lois qui s’appliquent universellement ? En Europe, la théorie de
l’arbitraire du signe de Ferdinand de Saussure (le lien qui unit le signifiant au signifié est
arbitraire), en Amérique, l’hypothèse de Sapir-Whorf (les langues découpent la réalité
selon des critères qui sont propres aux groupes sociaux et non superposables d’une
civilisation à l’autre) sont les théories dominantes jusque dans les années 60 et elles font la
part belle à la diversité au sein du langage. Si l’on ajoute à cela le but pragmatique, parfois
avoué, que se donne la linguistique descriptive (faciliter le contact avec d’autres cultures),
on comprendra que c’est en général la démarche empiriste qui l’emporte, surtout outre-
Atlantique, jusqu’aux développements plus récents du rationalisme innéiste de Chomsky7.
5 La discussion sur la problématique du sujet des universaux a traversé les siècles et c’est
un débat relevant surtout de la philosophie du langage. Ainsi, on cite souvent la polémique
opposant J. Katz, J. Fodor, P. Postal à U. Weinreich autour de la structure d’une théorie
sémantique. Sylvain Auroux classe Katz et Postal parmi les rationalistes : « Si l’on suit
Katz et Postal, pour qu’il y ait du nécessaire dans la théorie linguistique, il faut non
seulement qu’il y ait du nécessaire dans le langage, mais encore que cette nécessité
s’impose aux choses elles-mêmes »8. Il propose comme garde-fou aux « débordements
sémantiques du rationalisme à la Katz » une remarque de Roman Jakobson : « Les
langues diffèrent essentiellement par ce qu’elles doivent exprimer, et non par ce qu’elles
peuvent exprimer »9. Et il ajoute en forme de défense de la démarche empirique : « Ce qui
appartient proprement à la sémantique d’une langue c’est ce que je ne peux pas ne pas dire
lorsque je la parle. Si je parle français, je ne peux pas faire que “lune” soit du masculin, ou
que “l’assassinat de Pierre” n’inclut pas la “mort de Pierre”. Ne peuvent être comptés
comme universaux sémantiques linguistiques que ce que doivent exprimer toutes les
langues, à supposer que de tels éléments existent. […] Dès lors, la recherche de telles
propriétés ne peut être qu’empirique et a posteriori »10. Sylvain Auroux fait remarquer
que le rationalisme innéiste commet souvent un sophisme qui consiste à poser une
équivalence entre le fait qu’une connaissance universelle ne peut pas être logiquement
validée par l’expérience (« la faillibilité de l’induction ») et le fait qu’une connaissance
universelle ne peut avoir l’expérience pour origine. « La faillibilité de l’induction
n’implique pas que logiquement l’universel ne puisse avoir sa source dans l’expérience »11.
6 On remarquera que la question des universaux est plus souvent traitée d’un point de vue
théorique et méthodologique – voire philosophique – que dans le but de définir et
recenser les dits universaux.

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3. Les différents types d’universaux


7 Un objectif remis au goût du jour quand la question de l’universalité est reprise, dans les
années 60, par la grammaire générative et les recherches visant à la réalisation de
traducteurs automatiques qui s’attèlent à l’élaboration d’un traitement des universaux du
langage. On distingue alors les universaux de substance, comme certaines catégories
syntaxiques (verbe, nom) que l’on retrouverait dans toutes les langues12, et les universaux
de forme, comme le fait que, dans toutes les langues, la dénomination des objets utilitaires
ne prend pas en considération leurs qualités physiques mais se fait en fonction de l’activité
humaine. C’est surtout la première catégorie qui a fait l’objet d’études13. Par exemple, au
premier rang des universaux proposés par Joseph Greenberg – nous y reviendrons -, la
règle selon laquelle l’ordre sujet nominal – objet nominal est le seul qui régit les phrases
affirmatives dans les langues sans morphologie nominale, et dans les langues présentant
des distinctions morphologiques, il fait office d’ordre non marqué. À côté des universaux
syntaxiques, et concernant eux-aussi le signifiant du signe, on distingue les universaux
phonologiques : « chaque langue comportant un inventaire limité de phonèmes (entre 20
et 50), les traits binaires nécessaires à réaliser la trentaine de formes exploitées par une
langue pour ses oppositions phonologiques devraient être peu nombreux : on constate
qu’ils sont, dans toute langue, à peu près deux fois plus nombreux que nécessaire […] On
peut parler d’un universel du langage (sous réserve de vérification totale) consistant en ce
que les langues tendent à n’exploiter les oppositions de leurs traits phonologiques qu’avec
un rendement moyen de 50 % »14. Un autre exemple illustrant les universaux
phonologiques est la loi générale de Roman Jakobson que nous allons vous présenter ci-
après.
8 Les universaux grammaticaux et les universaux sémantiques quant à eux, se rapportent
au signifié du signe, qu’il soit morphologique ou notionnel. En tant que catégories de base,
les primitives sémantiques sont particulièrement utilisées en intelligence artificielle (I. A.),
notamment à travers les réseaux sémantiques. Elles sont employées dans les recherches en
linguistique informatique pour doter les ordinateurs d’un « sens commun » et leur
permettre d’interpréter (de « désambiguïser ») le langage naturel. Claude Hagège voit
dans la possibilité de passage d’une langue à l’autre grâce à la traduction, la preuve d’un
fonds sémantique commun : « Un fait, en tout cas, sollicite la réflexion : il est
universellement possible de traduire. L’exercice de traduction, avec toutes ses
insuffisances, est aussi vieux que les plus vieilles cultures. Il faut bien que les langues aient
de sérieuses homologies pour pouvoir être ainsi converties les unes dans les autres. Mieux,
on peut en faire une propriété fondamentale, et dire que la traduction est la seule garantie
que nous ayons d’une substance sémantique au moins en partie commune à toutes les
langues. Cette dernière est elle-même liée à l’unité partielle du milieu physico-culturel. Le
caractère non total de cette unité fournit une mesure du degré d’universalité : on peut dire
qu’un (groupe de) mot(s) porte un sens d’autant plus proche de l’universel que son emploi
est moins affecté par des restrictions contextuelles et culturelles susceptibles de se
diversifier d’une langue à une autre »15.
9 D’autre part, les universaux symboliques qui concernent le lien entre le signifiant et le
signifié : « Ainsi dans de nombreuses langues le mot désignant la mère possède une
consonne nasale ; et le schéma hypothétique d’acquisition des oppositions phonologiques
tel que l’ont dressé N. Troubetzkoy et R. Jakobson établit le caractère privilégié de la
nasale labiale : aussi certains ont été jusqu’à mettre en rapport ce phonétisme minimal
avec la conceptualisation minimale, celle de l’autre, donc la mère »16.
10 Depuis on a multiplié les distinctions. Comme exemple d’universaux linguistiques, le
dictionnaire de Dubois et alii cite la double articulation du langage humain définie par
André Martinet. Pour d’autres (Encyclopédie-enligne.com), établissant un parallèle avec le
postulat de Paul Eckman sur l’existence de six émotions de bases présentes chez tous les
êtres humains, quelle que soit leur culture, les universaux linguistiques constitueraient des

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unités de sens primitives liées à l’expérience commune que font les êtres humains du
monde (où participeraient à la fois les structures innées et les connaissances acquises).
Quelques exemples de ces unités de sens minimales sont : animé, inanimé, action,
propriété, etc. De nombreux chercheurs multiplient d’ailleurs les taxonomies et font varier
les listes de ces termes. Cette variation de la division des universaux tend à montrer que le
choix des classifications est lié à la problématique posée et à la méthodologie choisie.
11 Ainsi, l’emploi de la forme de politesse correspond dans toutes les langues au marquage
d’une distance avec l’interlocuteur : « […] si les modalités du vouvoiement (c’est-à-dire les
moyens d’exprimer à la fois [une] certaine distance et [une] certaine déférence vis-à-vis de
son interlocuteur) sont en apparence très variables d’une société à l’autre, elles se
ramènent toutes en réalité aux deux procédés fondamentaux suivants : pluralisation du
« tu », et/ou recours à la troisième personne, ces deux procédés ayant pour effet commun
d’estomper ce que la relation interlocutive peut avoir de trop brutal, lorsqu’elle s’exprime
au moyen de la deuxième personne du singulier »17. La courtoisie emploie universellement
les mêmes procédés linguistiques en créant un décalage entre la personne psychique
(l’interlocuteur) et la personne sémiologique (sa représentation dans le discours)18. Sont-
ils des universaux d’ordre linguistique ou bien psychologique ?

4. Les premiers universaux de Joseph


Greenberg
12 En avril 1961, se tient à New York la première conférence internationale sur le sujet.
L’anthropologue Joseph H. Greenberg et les psychologues E. Osgood et James J. Jenkins y
présentent un « Memorandum concerning language universals » qui sera publié avec les
actes de la conférence en 196319. Cette conférence historique est l’aboutissement de l’idée
lancée en 1948, par les anthropologues Burt et Ethel Aginsky, de travaux
interdisciplinaires sur les universaux exprimés dans les diverses langues du monde. La
conférence de New York est l’occasion de discuter et de confronter les points de vue
d’anthropologues, de psychologues et de linguistes de renom comme Roman Jakobson.
Joseph Greenberg propose une liste de 45 universaux morphologiques et syntaxiques sur
la base de l’étude de 30 langues, parmi lesquelles l’italien, le japonais, l’hébreu, le basque,
le swahili et le maya20. Roman Jakobson souligne dans sa contribution21 l’aspect
fondamental et la puissance de fonctionnement pour la construction des pensées de
l’homme, de ce qui est universel dans le langage par rapport à ce qui différencie les
langues. L’orientation méthodologique et théorique est radicalement différente de celle
des philologues indo-européanistes : ce que l’on cherche à mettre en valeur ce sont les
ressemblances plutôt que les différences. Cette opposition méthodologique est la marque
du grand anthropologue décédé récemment.
13 Joseph H. Greenberg (1915-2001) a été directeur du département d’anthropologie de
l’Université de Stanford et membre de l’Académie des sciences des Etats-Unis. Il a rénové
la classification génétique des langues et est le découvreur de la moitié des douze macro-
familles qui regroupent l’ensemble des langues humaines. Dans son dernier ouvrage22, il
s’attaque au dogme de l’isolement de la famille des langues indoeuropéennes et démontre
que l’indo-européen est apparenté à d’autres familles (ouralo-youkaghire, altaïque,
coréenne-japonaise-aïnoue, tchouktchi-kamtchatkienne, eskimo et guiliake) qu’il réunit en
une macro-famille eurasiatique. Il se heurte à la linguistique indo-européaniste comme
son élève et héritier intellectuel Merritt Ruhlen dont nous reparlerons plus avant.
14 Roman Jakobson souligne aussi que l’article de Greenberg traite des universaux
grammaticaux avec une référence particulière à l’ordre des éléments porteurs de sens
(constituants syntaxiques ou morphologiques)23 et qu’il met à juste titre en avant la notion
d’ordre dominant en rappelant que l’idée de dominance n’est pas fondée sur la plus grande
fréquence d’un ordre donné. En fait, d’après Jakobson, la notion de dominance utilisée par

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Greenberg pour sa typologie des ordres, est un critère stylistique24. Jakobson illustre son
propos par l’exemple des six possibilités syntaxiques d’ordonner une phrase composée
d’un sujet nominal, d’un verbe et d’un objet nominal (SVO, SOV, VSO, VOS, OSV et OVS).
Les six occurrences sont représentées en russe mais SVO est le seul ordre initialement
employé par les enfants russes. Il précise que dans une phrase comme Mama ljubit papu
(Maman aime papa), si l’ordre des mots est inversés, Papu ljubit mama, et malgré les
désinences morphologiques marquant le sujet et l’objet, les jeunes enfants ont tendance à
mal interpréter le message et à comprendre « papa aime maman » comme si on avait
prononcé Papa ljubit mamu. Ainsi « Greenberg’s first universal » peut être restitué
comme suit : dans des phrases affirmatives avec un sujet nominal et un objet nominal, le
seul ordre ou bien l’ordre non marqué est presque toujours celui dans lequel le sujet
précède l’objet. Dans une langue où le sujet et l’objet ne présentent pas de caractéristiques
morphologiques distinctives, en français par exemple, l’ordre SO est le seul admissible. Cet
ordre est obligatoire dans une langue comme le russe, quand le sujet et l’objet perdent leur
marque morphologique : Mat’ ljubit doč’ (La mère aime sa fille), la signification changeant
si l’ordre s’inverse25.
15 À la même période, sur le continent européen, le hongrois Zoltán Gombocz travaille à
démontrer une universalité dans l’évolution historique des relations syntaxiques de
différentes langues. Nous y reviendrons.
16 Dans son article, Roman Jakobson aborde les thèmes de l’apprentissage et de
l’aphasie26, des travaux qui vont le conduire à définir une loi générale et universelle.

5. Roman Jakobson et la hiérarchie


universelle des phonèmes
17 Roman Jakobson27 a observé et décrit une chronologie d’apparition des sons chez
l’enfant, et une succession inverse équivalente de disparition des sons chez l’aphasique. Il
a défini des « lois générales de solidarité irréversibles »28 représentatives de la
hiérarchisation universelle des phonèmes : « Le [a] émerge comme première voyelle du
langage enfantin et une occlusive labiale en général comme première consonne. La
première opposition consonantique se produit entre une labiale et une nasale (ainsi, par
exemple, papa – mama) ; elle est suivie par celle des labiales et des dentales (comme, par
exemple, papa – tata et mama – nana) »29. « L’acquisition des constrictives présuppose
celle des occlusives dans le langage enfantin et dans aucune langue les premières ne
peuvent exister sans les secondes /…/ L’acquisition par l’enfant des consonnes
postérieures présuppose celle des consonnes antérieures »30.
18 Or, ce qui est appelé « consonnes postérieures » est en fait à mi-chemin entre les
consonnes antérieures et les nasales. Les conclusions de Roman Jakobson révèlent que
nous n’apprenons pas à repérer des points fixes mais des écarts31. La première opposition
correspond à l’acquisition des deux limites qui permettent la formation de la syllabe : la
consonne la plus fermée et la voyelle la plus ouverte. La première opposition
consonantique permet la mise en place des deux limites du domaine consonantique :
limites interne (résonateur nasal) et externe (résonateur buccal). L’espace ainsi délimité
est divisé en deux, puis encore en deux et ainsi de suite (apparition des occlusives avant
celle des constrictives). Quand une opposition n’existe pas, c’est-à-dire quand un écart
donné n’est pas scindé une fois de plus, l’articulation du phonème correspondant peut
sans que le phonème perde son identité occuper tout l’espace que représente cet écart et
tous les points d’articulation qui y sont possibles. Par exemple, « en l’absence d’opposition
entre constrictive antérieures et postérieures, le son [s] n’est cependant pas nettement
délimité par rapport à l’articulation, pas plus dans les langues naturelles que dans le
langage enfantin »32. L’ordre universel qui apparaît s’explique par le fait qu’un espace est
plus aisément concevable à l’intérieur de limites. Les oppositions les plus rares

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correspondent à des points d’articulation qui supposent des écarts très fins. Certaines
langues peuvent se spécialiser sur un endroit donné de l’espace buccal, le diviser de
nombreuses fois afin d’en tirer des écarts minimes. Mais l’ordre de succession des
divisions impose à ces écarts minimes deux caractéristiques : ce sont des acquisitions à la
fois rares et tardives. Les voyelles nasales, par exemple, surviennent en dernier, alors que
les consonnes nasales font partie des premières articulations33. Dans le système des
consonnes, les nasales sont les plus intérieures. Elles constituent, avec les labiales, les
limites du domaine consonantique. Voilà pourquoi les consonnes nasales apparaissent très
tôt lors de la mise en place du système phonologique d’une langue. Par contre, les voyelles
nasales sont une main tendue du système vocalique vers le système consonantique :
l’abaissement du voile du palais n’est pas une fermeture, mais en privant l’espace buccal
d’une partie de l’air disponible, ce mouvement provoque une sensation d’imperfection en
ce qui concerne la libre expulsion de l’air. On peut comparer les voyelles nasales aux
consonnes liquides par exemple, [r] et [l] qui, en sens inverse, sont une main tendue
vers le système vocalique. Les voyelles nasales comme les consonnes liquides sont des
acquisitions tardives car elles se définissent par rapport aux deux systèmes vocalique et
consonantique. Ceux-ci doivent être presque complets pour servir de référence afin que
ces sons puissent être enfin différenciés.
19 En ce qui concerne les voyelles, la première opposition vocalique apparaît quand un
système consonantique minimal, opposant les occlusives aux nasales et les labiales aux
dentales, est établi. Alors une voyelle étroite vient s’opposer à la voyelle large (par
exemple, papa – pipi). La seconde opposition vocalique offre un choix entre le triangle de
base [a, i, u] et le vocalisme linéaire [a, e, i] 34. Cette variante illustre les deux possibilités
de scinder l’écart [a - i] : « Les deux variantes du vocalisme minimal comme le
consonantisme minimal se caractérisent fondamentalement par l’existence de phonèmes
combinant deux qualités distinctives »35. Mais dans les deux cas, le déterminant est le
degré d’aperture, et les voyelles de même aperture sont des variantes : par exemple, [lolo]
indistinctement pour l’eau et le lait. Les voyelles suivent, elles aussi, des règles de
solidarité irréversibles : « L’enfant ne peut acquérir d’opposition entre deux voyelles de
même degré d’ouverture s’il n’a pas déjà acquis l’opposition correspondante entre voyelles
de degré d’aperture plus étroit »36. D’abord [i] vs [u] puis [é] vs [ó] et puis [è] vs [ò]. De
plus, « Les degrés d’aperture ne peuvent servir à distinguer les voyelles arrondies dans le
langage enfantin, tant que la même opposition n’est pas acquise pour les voyelles non
arrondies »37. D’abord [i] vs [é] vs [è], puis [y] vs [œ] vs [ø].
20 Les modalités d’apparition des phonèmes lors de l’acquisition du langage sont liées à
l’apprentissage d’écarts de plus en plus fins : elles sont dépendantes d’une seconde prise
de conscience de l’espace buccal la première ayant eu lieu lors du babil qui réorganise
cet espace selon une systématique en prise directe avec l’organisation de la pensée et du
langage.

6. Marcel Locquin et la récapitulation


ontophylogénique du langage
21 Marcel Locquin38 qualifie la récapitulation ontophylogénique39 de « règle la plus
universellement connue en biologie ». Et il étend cette règle qui se vérifie pour le
développement corporel lors de l’embryogenèse, au développement des productions
sonores émises par le bébé lors du babil.
22 « Par le canal de notre langue maternelle, nous projetons une partie de notre stock
mémoriel dans l’oreille de nos interlocuteurs. […] J’ai donc cherché à savoir si le babil du
bébé récapitulait les toutes premières étapes de l’histoire du langage articulé humain. […]
Dans un premier stade, écoutons attentivement le bébé faire des vocalises dès les premiers
mois de sa vie. C’est son larynx qui les produit, comme il produira plus tard les voyelles du

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langage chanté ou parlé qui en sont issues. Pour l’évoquer, pensons à une vocalise célèbre,
celle du chant de Lakmé dans l’opéra de même nom de Léo Delibes. La chanteuse se
comporte probablement comme un Australopithèque qui vivait il y a cinq millions
d’années en Afrique ! […] Puis, dans un deuxième stade, le bébé s’affirme en faisant, disent
ses parents, des clics et des bulles. Ce sont des consonnes pures, générées par les
claquements de sa langue contre son palais et ses dents, le sifflement entre ses dents,
l’écartement brusque de ses lèvres et les changements de configuration de sa cavité
buccale, le tout sans émission simultanée de sons par le larynx. […] Ce faisant il invente
comment produire les dix premières consonnes universelles dont il aura besoin plus tard.
Ayant quitté le stade voyellique pur, il est ainsi arrivé au stade consonantique pur qui
signe la véritable émergence du langage articulé humain. Ceci s’est produit entre -2,5
millions d’années environ et -500 000 ans, lorsque les premiers vrais hommes mutants
d’Australopithèques, sont apparus, puis se sont diversifiés. Les deux premiers stades
précités sont communs à tous les bébés, quelle que soit la langue maternelle des
parents. »40.
23 Le troisième stade qui recouvre partiellement le deuxième, évoque pour Marcel Locquin
celui d’Homo habilis (environ un million d’années) : le bébé associe aux consonnes qu’il
sait produire les sons des cinq voyelles [e, a, i, u, o] dans des constructions voyelle-
consonne [am, ab, ar] dont le résultat sonore porte beaucoup plus loin dans l’espace que
les consonnes pures. Le quatrième stade est celui de l’inversion de la construction : [am,
ab, ar] deviennent [ma, ba, ra]. Le bébé fonctionne comme un Homo presapiens (environ
-500 000 ans). Il faut remarquer que ce phénomène d’inversion se retrouve à d’autres
niveaux (morphologique, syntaxique) dans l’histoire de l’évolution des langues41. Cette
quatrième étape servirait alors à appréhender une manipulation basique (l’inversion de
structure) en vue d’une ultérieure gestion de la syntaxe de phrase. Le cinquième stade est
celui du redoublement syllabique [mama, papa, baba] et de la diversification vocalique
[bebe, meme, mimi, pipi, dodo, toto, lulu]. Ce stade est assimilé à l’Homo presapiens de
-400 000 ans. Le sixième stade est celui des associations variées [mami, bato, gato, tati,
minu], bébé a déjà dix-huit mois à deux ans et construit un véritable langage articulé
comme l’Homo sapiens sapiens (-30 000 ans) qu’il est. « Le bébé ne fait que parcourir en
accéléré, environ en deux ans, ce que les premiers hommes ont mis plus d’un million
d’années à inventer et à développer »42.
24 Les hommes, d’après Locquin et Jakobson, suivent le même parcours d’apprentissage
du langage mais, chaque langue ayant un système phonologique différent, à un moment
donné les routes de l’acquisition divergent. L’ensemble de phonèmes que les langues du
monde ont en commun est-il le fruit d’un apprentissage similaire ? Ou ces phonèmes
communs ont-ils une autre origine ? Pourraient-ils être le résiduel d’une ancienne langue
commune ?

7. Merritt Ruhlen et la langue mère


universelle
25 La majorité des linguistes s’accordent sur l’existence de plusieurs familles de langues à
travers le monde mais ils s’opposent sur l’idée d’une quelconque parenté entre ces grandes
familles.
26 Pourtant, dans les années soixante, les soviétiques Vladislav Illych-Svitch et Aaron
Dolgopolsky comparent les racines de toutes les langues connues et inventent le
Nostratique43. Cette langue-mère aurait enfanté six proto-langues : l’indo-européen, le
dravidien en Inde du sud-est, le géorgien dans le sud du Caucase, l’ouralien auquel se
rattache le finnois et le samoyède, l’altaïque en Turquie et en Mongolie et l’afro-asiatique
comprenant l’arabe et le berbère.

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27 Par ailleurs, comme le souligne Pierre Bancal, le traducteur du dernier ouvrage de


Greenberg : « En soixante années d’une carrière exceptionnelle, Joseph H. Greenberg
avait déjà ému plusieurs fois la communauté des linguistes en produisant des
classifications d’échelle continentale. Il avait ainsi groupé en quatre familles les deux mille
langues d’Afrique (Greenberg 1963), réuni en un seul embranchement les sept cents
langues papoues (Greenberg 1971) et rassemblé le millier de langues des Amériques en
trois phylums dont la gigantesque famille amérinde (Greenberg1987). Il frayait ainsi la
voie à l’idée de l’origine unique des langues humaines, récemment défendue et illustrée
par Merritt Ruhlen, avec un apport notable de John D. Bengtson, dans The Origin of
Language (Ruhlen 1994) »44.
28 Dans le sillage des œuvres pionnières de Trombetti, Swadesh, Greenberg, Illitch-
Svitytch, Dolgopolski et Starostine, qui ont identifié de nombreuses racines à large
distribution, Merritt Ruhlen de l’Université de Stanford, ancien élève de Greenberg,
détermine quant à lui vingt-sept racines mondiales : 1 aja mère, parent féminin plus âgé ;
2 bu(n)ka genoux, courber ; 3 bur cendres, poussière ; 4 čun(ga) nez, sentir ; 5 kama tenir
(à la main) ; 6 kano bras ; 7 kati os ; 8 k’olo trou ; 9 kuan chien ; 10 ku(n) qui ? ; 11 kuna
femme ; 12 mako enfant ; 13 maliq’a sucer, têter, allaiter, poitrine ; 14 mana rester (sur
place) ; 15 mano homme ; 16 mena penser (à) ; 17 mi(n) quoi ? ; 18 pal deux ; 19 par voler
(dans les airs) ; 20 poko bras ; 21 puti vulve ; 22 teku jambe, pied ; 23 tik doitg, un ; 24
tika terre ; 25 tsaku jambe, pied ; 26 tsuma poil, cheveux ; 27 aq’wa eau45. Ses travaux
démontrent que les langues actuellement parlées sur terre sont toutes les descendantes
d’une seule langue ancestrale et date cette proto-langue unique de –50 000 ans. Malgré le
refus de nombreux linguistes de considérer l’hypothèse d’une origine commune,
l’existence d’une langue-mère défendue par Ruhlen est parfaitement compatible avec les
arguments fournis par l’archéologie et la génétique en faveur de l’origine unique de
l’homme46.
29 On observe que les racines identifiées par Ruhlen utilisent principalement les phonèmes
limitrophes du système phonologique défini par Jakobson (l’affriquée [č] et les consonnes
éjectives [k’] et [q’] mises à part), c’est-à-dire les étapes d’acquisition que partagent la
majorité des langues. Cette remarque peut être interprétée différemment : soit elle est la
conséquence d’une sélection des points communs à toutes les langues, on retrouve donc
les premiers phonèmes acquis qui sont communs à toutes les langues ; soit elle est due au
fait que ces racines font partie du vocabulaire originel commun, toutes les langues étant
alors issues d’une seule langue mère à partir de laquelle elles se sont spécialisées. Ruhlen
souligne que « les vint-sept racines mondiales […] sont représentées dans au moins six de
ces familles [les 32 familles intermédiaires], mais, en moyenne, une racine est représentée
dans douze familles, et la plus répandue, ku(n), « qui ? », est représentée dans vingt-trois
ou vingt-quatre familles »47.
30 Les racines de Ruhlen appelle une seconde remarque : elles pourraient bien illustrer un
symbolisme de base universelle. Ce qui va au-delà des neuf concepts de base déterminés
par Joseph Greenberg pour ses classifications (les chiffres 1, 2 et 3, la tête, l’œil, l’oreille, le
nez, la bouche, la dent) parce qu’ils constituent un ensemble de signifiés qui ne sont
jamais soumis à l’emprunt du fait de leur apparition précoce dans la dénomination du
monde. Ruhlen est en désaccord avec l’hypothèse d’un symbolisme sonore dans les termes
de parenté papa et mama. Ce qui est logique car une remise en cause – même partielle –
de l’arbitraire du signe détruirait sa démonstration de l’existence d’une langue-mère
unique.
31 Pourtant les deux thèses, dont les méthodes de démonstration s’excluent mutuellement,
nous paraissent aussi séduisantes l’une que l’autre car elles ont le mérite de toucher du
doigt le lien psychique qui unit les locuteurs des diverses langues du monde : les humains
au-delà de leurs différences sociologiques et culturelles, partage un fonds commun. Est-il
dû à un héritage linguistique commun comme le montre Merritt Ruhlen ou est-il la
conséquence de notre humanité, du fait que nous partageons la même physiologie ? En
effet, nous utilisons le même outil pour communiquer et l’outil a un impact sur son

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emploi, ne serait-ce que par les limites qu’il impose. Les limites humaines de réalisations
de signifiants ne suffisent cependant pas à expliquer les ressemblances. La réponse est-elle
dans le rapport signifiant-signifié ? « Le langage physifie, si l’on ose dire ainsi, le mental.
Le mental y appelle le physique qui le fera sensible, par vision ou par audition – c’est-à-
dire par un recours à un moyen sensoriel dont le rôle, limité, est de produire une
représentation physifiée du mental, représentation qui ne sera jamais une image trop
fidèle du mental auquel elle s’ajuste »48. Nous revenons de manière récurrente sur la
question de l’universalité linguistique liée intrinsèquement à l’universalité psychique des
locuteurs.
32 Les universaux seraient-ils la conséquence d’une manière commune de penser ou tout
au moins – pour établir un parallèle avec le parcours commun d’acquisition des phonèmes
de Jakobson – d’un cheminement partagé dans l’acquisition des concepts ? En effet, ce qui
différencie les humains des chimpanzés, c’est leur patrimoine culturel et technique. Nous
avons développé cet atout grâce à une capacité particulière : à partir de 4 ans, un enfant
peut se mettre à la place d’une autre personne, lui attribuer des intentions, ce dont est
incapable un singe ou un enfant de 3 ans49. C’est aussi à cet âge que l’humain développe
des capacités syntaxiques qui restent inaccessibles au singe, même quand on lui enseigne
un langage comme la langue des signes.

8. Zoltan Gombocz et Aurélien


Sauvageot : histoire universelle des
relations syntaxiques
33 Dans les années cinquante, le linguiste hongrois Zoltán Gombocz propose la thèse,
reprise ensuite par son élève Aurélien Sauvageot, selon laquelle toutes les langues
reconnaissent les relations syntagmatiques et toutes les langues les possèdent50, et
suppose, après de nombreuses observations des langues existantes et restitutions des
langues disparues, que le développement diachronique des relations syntagmatiques a vu
apparaître en premier le syntagme prédicatif, puis successivement les syntagmes
qualificatif, déterminatif et objectal51. « Si l’on se rappelle que le langage de la première
enfance ne comporte que le syntagme prédicatif seul, il y a lieu de se demander si le
syntagme prédicatif n’a pas surgi le premier dans l’histoire du langage. Le syntagme
qualificatif l’aurait suivi. C’est ce qui semble corroboré par la grammaire comparée. Ainsi,
le professeur finlandais Paavo Ravila a été amené à restituer pour l’ouralien commun deux
syntagmes : le prédicatif et le qualificatif et c’est également ce que suggèrent les travaux
poursuivis pour la restitution du turc commun et, plus généralement, de l’altaïque
commun »52. Voici une courte démonstration d’Aurélien Sauvageot sur l’histoire du
complément d’objet : « La comparaison des autres langues attestées à date ancienne et
plus particulièrement l’étude de la grammaire comparée indo-européenne suggèrent
d’autre part que le syntagme objectal pourrait bien être issu du syntagme déterminatif. Il
ne fait pas de doute que l’accusatif indo-européen, par exemple, a servi pour indiquer la
direction du mouvement. Tous les latinistes, même débutants, connaissent les locutions
du type eo Romam « je vais à Rome », eo Lugdunum « je vais à Lyon » qui sont des
archaïsmes en latin mais peuvent être considérés comme des survivances d’un état de
choses ancien. Ce que nous concevons désormais comme objet est souvent traité dans
beaucoup de langues comme une dépendance circonstancielle quelconque et, sans quitter
le français moderne, nous savons que des locutions du genre de : Je mange du pain, Il boit
du vin, Ils aperçoivent des avions. Où nous interprétons les locutions du pain, du vin, des
avions comme autant de compléments d’objet ne sont historiquement que des
constructions avec la préposition latine de indiquant originellement la provenance et qui a
peu à peu servi de substitut à l’ablatif. N’avons-nous pas d’ailleurs une identité de

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construction dans des énoncés comme : Il mange du pain, Il parle du pain. Alors que la
fonction de la séquence du pain nous semble jouer grammaticalement un rôle
différent ? »53.
34 Sauvageot constate que le facteur sémantique intervient d’une manière variable selon
les cas et selon les langues tant dans la réalisation des syntagmes que dans l’analyse des
relations syntagmatiques. « Il est des langues où ce facteur est essentiel, il en est d’autres
où l’emploi de procédés morphologiques ou syntaxiques en réduit d’autant
l’importance »54. Mais aussi au sein d’une même langue. Ainsi il compare en français les
séquences l’élève travaille la nuit et il étudie la nuit où le groupe la nuit est interprété
comme un complément circonstanciel de temps, avec les séquences l’élève travaille le
chant et il étudie la leçon, dans lesquelles le chant et la leçon sont des compléments
d’objet.
35 Il souligne d’autre part le caractère indispensable de la relation syntagmatique : « Sans
elle, il n’y a pas d’expression articulée, il n’y a que des vocables isolés qui ne portent que
leur concept isolé et ceci dans le meilleur des cas, celui où le vocable isolé est identifiable
sans ambiguïté, ce qui est un cas privilégié. Le plus souvent, le sens intrinsèque d’un
vocable donné ne se dégage que de la construction où il figure, c’est-à-dire que cette
signification ou valeur sémantique n’existe qu’en fonction de la relation
syntagmatique »55. Il donne l’exemple du mot par qui ne prend son sens que lorsqu’il
forme un syntagme avec au moins un autre vocable : je pars, une part, par hasard. « Il
ne faut donc pas enseigner comme l’a fait Ferdinand de Saussure que le lien entre le
signifiant (vocable ou plus exactement phtonguème) et le signifié (signification, concept)
est indissociable. Le lien entre le support phonique et le concept ne s’établit dans bien des
cas que si la relation syntagmatique vient éclairer le sens du phtonguème. Les vocables à
acceptions multiples n’acquièrent de signification précise qu’à cette condition. On peut
même affirmer que dans certaines langues, le concept n’est jamais lié à un phtonguème
isolé mais seulement à l’ensemble des termes qui composent avec lui le syntagme où il
figure. C’est en particulier vrai du chinois où la langue parlée a fini par développer, pour
expliciter les mots, un procédé d’accouplement en unités syntagmatiques minimales »56. Il
donne un autre exemple : Son ami voit juste, Son ami a la voix juste.
36 Cette vision des rapports sémantiques et syntaxiques est en accord avec la théorie
psychosystématique développée par le linguiste français Gustave Guillaume (1883-1960),
où chaque mot-en-puissance, valeur de langue, est conçu comme le signe d’un mouvement
de pensée inconscient, produisant différents effets de sens selon qu’il est intercepté par la
conscience plus ou moins près de son début et donnant lieu à différents résultats, les
mots-en-effet. On a l’habitude de qualifier la linguistique de Guillaume de linguistique de
position par rapport à la linguistique d’opposition de Saussure. Guillaume associe langage
et pensée, ce qui lui permet de lire sous les résultats de surface du discours, les
mouvements de pensée universels et humains qui fondent la langue et que sont la
particularisation et la généralisation. Leur utilisation donne lieu à des faits de discours
particuliers, culturels, sociaux. On pourrait peut-être envisager un troisième niveau, après
les deux premiers définis par Saussure : 1. la parole individuelle, 2. la langue sociale, et 3.
la pensée universelle. Il faudrait alors chercher dans ces mouvements de pensée communs
à tous les hommes – et qui restent encore à déterminer avec précision et dans le détail –
un parcours historique commun des différentes langues.

9. La typologie des langues et les


universaux
37 Au cours de nos diverses lectures sur le thème des universaux, il ne nous a pas échappé
qu’histoire des structures et universalité étaient souvent associées ou reliées à l’idée de
classement des langues. Il nous faut maintenant aborder la typologie des langues. Pour

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une Histoire des typologies linguistiques nous renvoyons à Claude Hagège57, qui éclaire ce
maillage histoire-typologie-universaux : « La structure des langues /…/ peut être étudiée
de deux points de vue différents, qui, même, paraissent d’abord contradictoires ; A un
pôle, la typologie range les langues en types, différents par définition, même si à l’intérieur
d’un type donné c’est une parenté de structure qui commande les regroupements. À
l’opposé, la recherche d’universaux s’attache aux traits qui sont supposés propres à la
totalité des langues, connues ou non. Mise en relief des différences ici, quête des
homologies là, les deux entreprises ne paraissent pas conciliables. Pourtant, on se rend
compte, à la réflexion, qu’elles sont liées, mieux, que l’une est un préalable à l’autre : pour
classer les langues en types, il faut d’abord des critères »58. La typologie se heurte la
plupart du temps à une objection méthodologique fondamentale concernant les traits
pertinents à retenir : doit-on prendre en compte des faits de discours, manifestations de
surface contingentes, ou les structures profondes des mécanismes linguistiques ? Si l’on
s’intéresse à l’organisation profonde du système de langue, il devient alors nécessaire
d’élaborer une théorie des universaux de langage.
38 André Joly définit la typologie comme une « classification structurale des langues,
abstraction faite de l’histoire. L’objet de toute typologie linguistique est de réduire la
diversité des langues du monde à un nombre limité de types en ramenant la multiplicité
des faits particuliers observés à quelques faits généraux intellectivement reconstruits »59.
Gustave Guillaume tente de « prouver que toutes les langues […] ont, pour se constituer, à
poser et à résoudre, et en résolvant à poser de nouveau […] des problèmes qui ont leur
racine au plus profond de l’entendement humain »60. Contrairement à d’autres analystes,
qui fondent leur typologie sur le seul examen des formes observables, pour Guillaume,
dans la perspective dynamique de l’acte de langage, c’est fondamentalement sur la langue
et non sur le discours que doit porter l’analyse. Car sur le temps opératif de l’acte de
langage, la phase de construction du discours est seconde, elle succède à la phase de
construction de langue dont les résultats (les mots) deviennent à leur tour les briques, les
éléments formateurs de la construction de discours. On peut observer la phrase et les
mots, mais pour les évaluer il est nécessaire d’en comprendre la genèse. Dans la langue
elle-même, il faut distinguer la structure sémiologique et la structure psychique, la
première étant subordonnée à la seconde, car les signes sont une extériorisation du
psychisme. Et il faut chercher à déterminer cet ajustement du sémiologique au psychique
dans la langue. « Une idée qui m’est chère parce que je la crois éminemment juste, c’est
que le véritable objet de la linguistique n’est pas expressément ni le fait de parole ni le fait
de pensée considérés séparément, mais le rapport de convenance institué entre les faits de
parole et les faits de pensée. Toute langue est faite entièrement de la congruence de ces
deux ordres de faits »61. Or la construction des langues repose sur « la recherche
ininterrompue d’une congruence de plus en plus marquée – et dont la marque ne sera
jamais excessive – entre le fait de parole et le fait de pensée »62. Ainsi, la typologie de
Guillaume se fonde sur une théorie générale de la structure linguistique63, ce qui permet
d’en extraire des modèles de fonctionnement, comme l’acte de langage, expliquant les
variations d’un type de langue à l’autre et les réunissant dans une systématique
universelle.
39 Cependant, ne nous y trompons pas, Guillaume ne conçoit pas une typologie
généalogique comme la grammaire comparée traditionnelle dont « l’objectif est de faire
remonter l’origine des langues à un prototype restitué »64, l’universalité de son modèle
théorique est la conséquence de la manipulation sans cesse renouvelée des structures de
langues par la pensée humaine, c’est « l’entendement humain » qui est cause
d’universalité.

10. Guillaume : la pensée humaine et la


genèse du mot
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40 Gustave Guillaume considère que « la vraie réalité d’une forme, ce ne sont pas les effets
de sens multiples et fugaces qui résultent de son emploi, mais l’opération de pensée,
toujours la même, qui préside à sa définition dans l’esprit »65. Selon lui, l’universel et le
singulier sont les deux pôles entre lesquels se déplace constamment la pensée et la mise en
rapport de ces deux pôles fonde la structure des langues66. « […] la pensée tient sa
puissance de ce qu’elle est habile à particulariser et à généraliser. Privée de cette double
aptitude – qui constitue un entier (un entier intérieurement binaire) – la pensée humaine
serait sans force et inopérante. Or si de ces deux opérations […] on ne retient
abstractivement que ce qu’elles comportent de mécanique, elles se réduisent à deux
mouvements de pensée, l’un allant du large à l’étroit (inhérent à la particularisation),
l’autre allant de l’étroit au large (inhérent à la généralisation) »67. Ce double mouvement
offre une immense variété d’applications : dans la catégorie du nombre, les limites sont le
pluriel pour le large et le singulier pour l’étroit ; dans la catégorie de l’article issue de celle
du nombre par transformation du discontinu en continu, ces limites sont l’universel et le
singulier. C’est ce même mouvement qui selon Guillaume fait varier les mots en
compréhension et en extension : « La marche à l’étroit livre, en sémantèse, la
compréhension, la marche au large l’extension. Chien est plus compréhensif qu’animal par
une marche plus prolongée à l’étroit »68. Dans une perspective plus large encore, si la
limitation du double mouvement est faite de l’opposition entre l’infinitude et la finitude,
on obtient la distinction fondamentale entre l’espace et le temps69.
41 Le mouvement de pensée qui va du singulier à l’universel et celui inverse sont
considérés par Guillaume comme des « faits souverains dominants » sur lesquels il
construit sa théorie de la construction du mot : « La pensée, en tout ce qu’elle entreprend,
inscrit et développe son action entre deux limites, qui sont ses bornes : le singulier et
l’universel. C’est donc entre ces deux limites – peut-être dirait-on mieux ces deux pôles
attractifs – que la pensée opère en elle la genèse du mot, acte essentiel de l’esprit »70. Ce
double mouvement entre l’universel et le singulier n’est pas la caractéristique des seules
langues indo-européennes : « qu’on examine les faits français, les faits romans, les faits
latins ou grecs, ou iranien, ou germaniques, ou, en dehors du domaine indo-européen, les
faits finno-ougriens, ou ceux des langues du Caucase, ou bien les faits sémitiques ou les
faits chinois, ou encore ceux des langues bantoues ou des langues américaines, on ne sort
pas de là »71.
42 Les objectifs et les finalités de la psychomécanique du langage de Gustave Guillaume
sont d’après Arturo Martone72 résumés de façon particulièrement efficace dans cet extrait
de l’appendice méthodologique de Temps et verbe : « le domaine de l’esprit […] étant
celui, non pas de la pensée pensée, où les choses se présentent conçues et déjà formées,
mais celui, plus profond, et en quelque sorte préexistant, de la pensée pensante, où les
choses, encore en genèse, n’ont pas assez de corps pour que la mémoire puisse les
imprimer en elle. Au fond, toute la nouveauté de ce livre vient de ce qu’on a fait nettement
le départ [la distinction] entre ces deux domaines, séparés l’un de l’autre par le langage
même qui, pour ainsi dire, fait muraille entre eux. Dès l’instant, en effet, que le langage est
exprimé, ce qu’on a devant soi est de la pensée pensée. La pensée pensante, qui a créé cette
pensée pensée, est close, morte. Et le linguiste qui se fie aux seules ressources de
l’observation directe arrive inéluctablement trop tard pour s’en saisir »73.
43 L’intérêt de Guillaume se porte sur la phase génétique des formes, celle qui précède leur
actualisation dans la parole, actualisation qui est elle-même antérieure à la réalisation,
phase ultime et seule directement observable. Sa recherche de moyens analytiques
appropriés à un tel objectif en fait un précurseur des objectifs que se donnent aujourd’hui
les chercheurs impliqués en intelligence artificielle.

11. Noam Chomsky et l’hypothèse


génétique
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44 Noam Chomsky propose une description générative pour toute phrase, par une suite de
règles de réécriture aboutissant à une structure profonde, et une suite de transformations
conduisant à une structure superficielle, celle qui réalise phonologiquement la parole. La
théorie chomskienne de la grammaire générative repose sur l’hypothèse de l’origine innée
du langage procédant du développement de schémas fixes innés, et de l’universalité des
structures profondes74. « Si le but de la grammaire générative est de déterminer
l’ensemble des règles permettant de générer toutes les phrases d’une langue donnée, elle
tente également depuis près de cinquante ans de montrer qu’il existe un stock d’invariants
commun à différentes langues, sinon à toutes : ce que Chomsky a appelé la grammaire
universelle. Prenons un exemple concret : en français, il est possible de séparer certains
types de quantifieurs, comme tous, du groupe nominal qu’il quantifie lorsque ce dernier
est un pronom. Ainsi, la phrase je les ai tous lus dans laquelle tous et les ne sont pas
adjacents est tout à fait correcte. On observe donc qu’il existe une certaine latitude de
positionnement de tous par rapport au pronom qu’il quantifie. Mais cela n’est vrai que des
pronoms. En effet, la phrase *j’ai tous vu les bateaux n’est pas correcte »75. On peut donc
décrire les restrictions d’emploi de tous en français : 1) il peut quantifier à distance des
pronoms mais pas des groupes nominaux pleins ; 2) tous et son pronom peuvent être
séparés par des subordonnées infinitives et subjonctives (il a tous dû les rencontrer et il
faut tous qu’ils partent), mais pas par une subordonnée à l’indicatif (*je crois tous qu’ils
partent). Or, ces limitations d’emploi des quantificateurs ne sont pas spécifiques au
français. « Les mêmes contraintes se retrouvent également dans une langue
amérindienne, le mohawk, étudiée en détail par le linguiste américain Mark Barel. Il existe
par ailleurs toutes sortes de différences massives entre le français et le mohawk. Mais le
fait est que dans cette langue on trouve aussi des quantifieurs flottants comme tous, et ce
exactement dans les mêmes conditions qu’en français, c’est-à-dire avec les mêmes
contraintes. Sachant qu’il est impossible de faire valoir un quelconque lien de parenté
entre ces deux langues, il ne semble y avoir d’autres choix que d’émettre l’hypothèse que
les contraintes qui régissent le déplacement de quantifieurs comme tous sont les mêmes
dans les deux langues parce qu’elles reflètent des propriétés universelles du langage »76.
45 Il faut cependant remarquer que le même type de rapprochement entre le français et le
mohawk, qui permet ici la déduction de propriétés universelles, aboutirait dans une
démarche comme celle de Merritt Ruhlen à la conclusion d’une parenté éloignée. Surtout
depuis que la découverte du crâne de l’homme de Kennewick en 1996 a relancé l’hypothèse
de Bruce Bradley77 du Smithsonian Institute qui, se basant sur l’étude de la technique de
taille des pointes de Clovis (-9500 ans), une technique particulière (éclat outrepassé) très
différente de celle employée en Asie, mais très proche de la technologie des Solutréens (-
17 000 ans, Sud-Ouest de la France), propose un premier peuplement du continent
américain par des Européens qui auraient traversé l’océan Atlantique en faisant du
cabotage le long de la banquise qui descendait très bas à cette période (-10 000 ans). Ce
qui nous place à nouveau devant le dilemme : les langues du monde partagent des
invariants parce qu’elles ont une origine commune ou parce que le langage humain
présente des invariants ? Ou les deux ?
46 « D’autre part, il apparaît peu probable que l’assimilation de ces règles par les jeunes
enfants soit le simple fait d’un apprentissage tiré du discours de leurs parents. Pour cela, il
faudrait non seulement que l’enfant ait, avant l’âge de trois ou quatre ans, entendu
suffisamment de phrases contenant des quantifieurs flottants comme tous pour repérer
l’ensemble des contraintes qui lui sont liées, mais aussi qu’il soit exposé à des contre-
exemples susceptibles de l’aider dans cet apprentissage. Or, il apparaît clair qu’aucun
parent n’emploie des phrases du type *je crois tous qu’ils partent »78. « Avant l’âge de cinq
ans, les enfants sont pourtant capables, sans enseignement formel, d’utiliser de façon
inconsciente cette grammaire complexe pour produire et interpréter avec cohérence des
phrases qu’ils n’ont jamais rencontrées auparavant. Cela est vrai en dépit des aptitudes
inégales des individus, des disparités dans l’environnement culturel et affectif, mais aussi
et surtout en dépit d’une exposition très partielle de l’enfant aux variantes syntaxiques

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permises par sa langue »79.


C’est ce que Chomsky appelle « l’argument par la pauvreté de
l’apport ».
47 L’enfant peut acquérir très vite des règles parfois tellement complexes que les linguistes
eux-mêmes peinent à les mettre à jour. Mais la complexité n’est peut-être que
superficielle, de l’ordre du discours, et elle correspond peut-être à une simplicité des
structures profondes, de l’ordre de la langue. Ce qu’illustrent les théories de Gustave
Guillaume, sans pour autant nécessiter comme axiome de départ l’innéisme des structures
profondes. Ces dernières, une fois mises en place, basculeraient dans l’inconscient pour
des raisons fonctionnelles et de protection. Ce qui expliquerait les difficultés rencontrées
par les scientifiques pour les retrouver.
48 La pensée théorique de Roman Jakobson a influencé celle de Noam Chomsky. Pourtant
Jakobson écrit dans les années 70 : « Les lois d’implication qui régissent la constitution de
la masse des universaux phonologiques et grammaticaux et sous-tendent la typologie des
langues sont dans une grande mesure inhérentes à la logique interne des structures
linguistiques et ne présupposent pas nécessairement “d’instructions génétiques”
spéciales »80. La grammaire universelle de Chomsky a toujours suscité le débat autour de
l’aptitude universelle et du caractère inné du langage qu’elle présuppose. Partout dans le
monde, dans toutes les cultures, les enfants humains se mettent à parler au même âge,
naturellement, spontanément, comme s’ils étaient programmés pour le faire. Le linguiste
Denis Bouchard, de l’UQAM, est un disciple de Chomsky : « Pour lui, essentiellement, la
faculté du langage relève, en bout de compte, de la biologie. Donc, c’est dans le cerveau
que tout se passe […] un enfant arrive, face au langage auquel il est exposé, avec une
espèce de boîte à outils qui lui permet de saisir les choses beaucoup plus rapidement qu’il
ne le fait pour d’autres types d’apprentissage. En fait, ce que dit Chomsky, c’est que nous
n’apprenons pas vraiment le langage : nous le découvrons, car nous l’avons déjà en nous,
d’une certaine façon »81. Mais pour le philosophe Sylvain Auroux, accoler l’universel et
l’innée ne suffit pas à la démonstration : « Or l’universalité n’est pas une preuve pour
l’innéisme. Il ne s’agit ni d’une condition nécessaire (l’innéité impliquerait l’universalité),
ni d’une condition suffisante (l’universalité impliquerait l’innéité). Elle n’est pas
nécessaire, car il y a manifestement, en fonction de l’hérédité, des traits innés non
universaux. Elle n’est pas suffisante. […] Il pourrait bien se faire qu’il y ait de l’universel
(ou plutôt du général) non inné, concernant tel type d’élément, qu’on expliquerait, par
exemple, par l’identité des fonctions ou celle du monde »82.
49 L’hypothèse d’une base génétique du langage avancée par Noam Chomsky dans les
années 60, est relancée en 2001. En Angleterre, parce que des troubles d’acquisition du
langage affectaient la moitié des membres de trois générations d’une même famille, la
neuropsychologue Faraneh Varga-Khadem et l’équipe des généticiens de l’Université
d’Oxford, ont compris que ce problème était transmis, de manière dominante, par une
mutation sur un seul gène. L’équipe du professeur Anthony Monaco a d’abord identifié un
chromosome, puis une région de ce chromosome portant la mutation recherchée et enfin
elle l’a repérée sur un gène précis, inconnu jusqu’à présent et auquel fut donné le nom de
FOX P2. En octobre 2001, elle annonçait la découverte du premier gène identifié
directement lié au langage en ce sens qu’il établit une relation privilégiée entre le cerveau
et la bouche pour une mobilisation et un contrôle moteurs très fins. « Le FOX P2 affecte
l’articulation, la capacité de contrôler la bouche (par exemple, de souffler et d’aspirer avec
une paille) […] et affecte aussi des propriétés du langage telles que la compréhension de
phrases complexes, les accords des verbes, les formes actives et passives. La
compréhension et le jugement étant touchés, cela suggère que le gène a plusieurs effets
reliés entre eux »83 fait remarquer le psychologue Steven Pinker qui considère cependant
qu’il reste beaucoup à faire avant de comprendre la base génétique du langage.
50 En effet, les facultés associées à ces gènes sont utilisées pour le langage mais le sont-
elles exclusivement ? Tout comme il n’y a pas d’organe préformé pour le langage mais
seulement des organes empruntés, détournés pour celui-ci. L’ensemble de l’appareil
phonatoire ne présente aucun organe spécialisé prévu pour le langage, tous ont une

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fonction première fondamentale : respiration, nutrition, déglutition, cri, toux, fermeture


de la glotte pour protéger l’appareil respiratoire, etc.
51 La protéine que le gène commande s’exprime très tôt dans le développement, dans
l’embryon et dans le fœtus. C’est une des raisons qui font penser aux chercheurs que c’est
bien un gène essentiel au langage normal. Selon Denis Bouchard, les singes qui n’accèdent
qu’à un langage symbolique assez limité et jamais à la parole, n’ont pas la capacité
d’organiser les choses de la même façon que les humains le font quand ils parlent. Or cette
capacité d’organisation syntaxique semble dépendre du gène FOX P2 qui n’a pas la même
forme chez l’homme et chez le chimpanzé, le gène humain possédant deux acides aminés
de plus.
52 D’après un calcul du taux de mutation, les chercheurs estiment que FOX P2 ne se serait
généralisé dans l’espèce humaine que lors des derniers 200 000 ans, soit la période
d’apparition d’Homo sapiens et la fin des Néandertaliens. Ainsi, se verraient associés la
diversification des outils lithiques et la deuxième articulation du langage (syntaxe). “On
[…] prête [à Homo sapiens], du fait de l’extension bipariétale de sa vascularisation
cérébrale, le développement du langage articulé, avec la double articulation sémantique et
syntaxique, qui deviendra celui de l’homme moderne. Cela est conforté par le
développement de sa cavité buccale et la descente de son larynx, actuellement visible de
l’extérieur sous forme de la « pomme d’Adam », ce qui démontre une parenté anatomique
et fonctionnelle avec l’homme actuel : nous sommes toujours des Homo sapiens”84. Tout
cela reste éminemment spéculatif, le débat sur la datation de l’apparition du langage étant
loin d’être clos comme le rappelle Yves Coppens : “Disons pour information, que la plupart
des auteurs parlent du langage de manière plus confortable, à propos de la forme humaine
suivante, Homo erectus (-1 500 000 ans) et que certains d’entre eux souhaitent même n’en
parler qu’à partir d’Homo sapiens [-160 000]. Une longue fréquentation d’Homo habilis
me fait penser cependant que c’est bien à lui que l’on doit de s’être posé la question de
savoir qui nous étions, d’où nous venions et où nous allions. Son triomphe soudain dans
les conditions d’existence que l’on a vues, mangeant « ingénieusement » de tout,
construisant des huttes et aménageant l’outil tout en diversifiant les formes parce qu’il
diversifiait ses activités, me paraît si brillant, si extraordinaire et si nouveau que je
choisirais volontiers cette espèce, cette époque [-3,5 millions d’années] et cette région du
monde [l’Afrique australe] pour situer l’apparition de la réflexion et celle du langage”85.
L’enthousiasme du préhistorien est plus tempéré chez Marcel Locquin : « L’Homo habilis
montrait des prédispositions à un langage primitif par vocalisations modulées, car
l’anatomie de sa boite crânienne, l’irrigation de son cerveau par les vaisseaux méningés au
niveau des aires du langage, ainsi que la forme de sa cavité buccale le permettaient. Mais
ses possibilités langagières étaient encore limitées par sa faible capacité cérébrale »86.
53 À la question de savoir si la capacité langagière est le fruit de mutations génétiques ou
de l’évolution culturelle, Luc Steels, professeur à l’université de Bruxelles et directeur du
laboratoire Sony Computer Science à Paris répond que « le cerveau est pré-adapté pour le
langage et que ce dernier évolue de façon culturelle »87. Son collègue, Frédéric Kaplan,
docteur en intelligence artificielle et chercheur dans le même laboratoire défend la même
idée : « Qu’est-ce qui nous distingue de nos plus proches ancêtres et de tous les autres
animaux ? Je prétends que c’est notre capacité à construire des représentations : des
dessins, des activités où on joue à faire semblant, et plus précisément le langage et les
histoires. Mais d’où vient cette capacité ? Peut-on l’expliquer par une série de mutations
génétiques ou une évolution culturelle ? En d’autres termes, est-ce que le cerveau humain
a changé pour rendre le langage humain possible ou a-t-il été colonisé par le langage ?
J’avancerai l’idée que le cerveau est pré-adapté pour le langage et toutes autres formes de
représentation, donc que le langage évolue de façon culturelle plutôt que génétique.
Cependant, une réorganisation du cerveau a eu lieu (et se poursuit chez chaque enfant)
pour qu’il s’adapte au mieux au langage. Je défendrai aussi l’idée que le cerveau a
internalisé la formation de réentrances pour favoriser l’émergence de l’imagination
visuelle, de la répétition mentale et de la voix intérieure. Ainsi les représentations sont

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devenues le fondement de la construction collective de la culture, de la construction


individuelle du soi et de la conscience de soi »88. Il ajoute dans un autre cours « [qu’]une
étude approfondie du langage naturel révèle que bien qu’il y ait beaucoup de tendances
universelles dans les différents langages qui existent sur la terre, il existe aussi une variété
surprenante de mécanismes spécifiques à tous les niveaux : la parole, le lexique, la
grammaire et le sens »89.

12. Les récentes pistes envisagées pour


la recherche en I.A
54 L’un des principaux représentants de la piste de l’émotion est le programme
informatique d’Alain Cardon, directeur du laboratoire d’informatique du Havre et membre
de celui de Paris VI, qui exploite le système multi-agents. Le SMA a été intégré dans le
robot-chien Aibot, développé par Sony, ainsi que dans des robots humanoïdes comme
l’HRP2 (Humanoid Robotics Project du gouvernement japonais). Alain Cardon déclare
que son futur objectif est de créer de l’émotion artificielle en représentant les émotions et
les sensations par la géométrie, et, à partir de cette capacité à ressentir des émotions, de
créer une véritable conscience artificielle90.
55 L’autre protagoniste important dans cette voie est Antonio Damasio, directeur du
département de neurologie de l’université de l’Iowa et chef de file d’un courant de pensée
qui fait de l’émotion, perception première du monde par le corps, le soubassement de la
conscience, au détriment d’un processus purement rationnel91. On peut discuter
l’opposition faite entre approche émotionnelle et approche rationnelle, la seconde
s’appuyant à notre avis sur la première par l’intermédiaire du langage (Cf. mouvements
premiers associés aux sons par le biais du sens tactile92).
56 La seconde piste est celle de la modélisation des interactions avec l’environnement. Le
projet du roboticien Owen Holland de l’université de Sussex en Angleterre est de
construire un robot qui se modélisera lui-même et qui modélisera aussi son
environnement et l’interaction qu’il entretient avec lui. Le robot produirait ces modèles
par apprentissage, par confrontation à un environnement de plus en plus complet, ce qui
lui permettrait de développer successivement toute une série de système de contrôle
produisant un comportement de plus en plus intelligent.
57 Enfin, la piste langagière de Luc Steels, professeur en informatique à l’université de
Bruxelles et directeur du Sony Computer Science Laboratory à Paris, nous semble réunir
plusieurs caractéristiques des objectifs précédents. Luc Steels explore l’apprentissage et la
maîtrise du langage, selon lui le véritable véhicule de la conscience. Son équipe s’intéresse
aux mécanismes qui peuvent permettre la construction collective du sens. Elle montre que
ce qui permet, dans une population donnée, la stabilisation du sens des mots de manière à
rendre la communication possible, est avant tout « une série de compétences pré-
linguistiques, comme le partage de l’attention ou la capacité à s’engager dans des
interactions structurées »93. Elle cherche « les processus qui peuvent conduire des robots
à développer ces compétences au fil d’interactions avec l’environnement » en étudiant
« les dynamiques collectives qui, sur l’échelle d’une population, assurent la convergence
vers des notions partagées »94.
58 Steels et son équipe semble répondre aux attentes de René Carré qui, en 1991, dans son
état des lieux de la recherche sur le langage artificiel, écrivait : « Pour que les industries de
la langue parviennent à un développement conséquent, deux grandes classes de problèmes
doivent, en particulier, trouver des solutions. L’une concerne la formalisation des
mécanismes de “compréhension”, l’autre le passage du signal de parole à des entités plus
abstraites permettant de connaître la phase de transition qui mène des sons aux phonèmes
et réciproquement” »95. Et : « Le franchissement de l’étape de la compréhension
automatique impliquerait que l’on fasse au préalable une formalisation fine des

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phénomènes encore largement incompris (et que l’on peut regrouper sous les termes de
sémantique et pragmatique) »96.
59 Jean Caelen, directeur de recherche au CNRS, laboratoire « Communication langagière
et interaction personne-système », à Grenoble, dresse la liste des principales difficultés
rencontrées dans la reconnaissance automatique de la parole : « On voit que les énoncés
ne fournissent pas en eux-mêmes assez d’informations pour comprendre. [Vous reste-t-il
des places pour Paris ? = Je voudrais un billet.] Il faut y adjoindre les énoncés précédents
(co-texte) ainsi que la situation et les connaissances d’arrière-plan (contexte). Ils
contiennent aussi parfois des informations inutiles et bruyantes. [S’il vous plaît !, euh, je
cherche une… non je désire aller à Paris par le premier train.] Cela veut dire qu’il faudrait
à une machine des capteurs sur le monde et des connaissances d’arrière-plan, ou posséder
des représentations explicites de la tâche pour appréhender totalement la situation
correspondant à l’énonciation. Comprendre c’est donc plus que reconnaître, c’est être
potentiellement capable de fournir une réplique à un énoncé »97.
60 L’apport de la recherche en robotique et en I.A. à la linguistique, hormis l’originalité et
la richesse d’un regard pluridisciplinaire, est la modélisation informatique qui permet de
soumettre un modèle à l’épreuve de son fonctionnement. Sachant que l’intérêt d’un
modèle réside dans sa simplicité. En effet, un modèle qui fonctionnerait pour les robots,
même s’il ne rendait pas compte directement de la réalité humaine pourrait aider les
linguistes à se poser les bonnes questions, à envisager les phénomènes sous-jacents
simples du langage. René Carré rappelle dans ses conclusions la citation de Jean Perrin,
prix Nobel de physique en 1926, « la science remplace du visible compliqué par de
l’invisible simple »98. A laquelle répond comme un écho le modèle théorique guillaumien.
A quand sa modélisation informatique ?

13. Conclusion
61 Après avoir passé en revue les principales contributions à l’étude de la part
d’universalité du langage humain qui perdure dans ses différentes solutions d’expression
que sont les langues du monde, un constat s’impose : il reste à démêler ce qui est
intimement lié et constitue le nœud de la question des universaux en déterminant la part
qui revient respectivement à la physiologie humaine, à la pensée humaine (généralisation,
particularisation), à la motivation du signe et, par héritage, à la langue mère.
62 Merritt Ruhlen s’appuie sur l’arbitraire du signe pour bâtir son hypothèse de langue
mère qui nous paraît très convaincante dans les échos qu’elle trouve en génétique des
populations et en paléonthologie. Pourtant – et ce n’est pas la moindre des contradictions
soulevées dans cet article – la motivation du signe permet aussi d’expliquer l’existence et
de délimiter l’étendue d’un socle commun (premières acquisitions phonémiques) et des
diverses extensions qui particularisent les différentes langues (dernières acquisitions
phonémiques). Mais on peut voir les choses sous un autre angle : le fonctionnement
commun de la pensée humaine et les acquisitions phonémiques communes peuvent être
les conséquences de l’héritage commun que représente notre langue mère.
63 Le dilemme se poursuit si l’on se demande laquelle, de la pensée humaine ou de la
langue mère, est à l’origine de l’autre. Elles pourraient aussi être concomitantes ou tout du
moins constituer un faisceau de causes pour un même résultat.
64 La récapitulation ontophylogénique se lit dans la construction de notre organisme et
dans sa physiologie, lors de l’embryogenèse, mais aussi après la naissance, dans
l’élaboration des bases du système phonologique et dans son fonctionnement, lors du
babil. Parallèlement à la mise en place de ce socle langagier commun, continuent de se
développer les perceptions sensorielles et les liens de signification entre elles et les sons
émis ou entendus. Le langage exige l’élaboration d’une coordination sensorielle et motrice.
La signification régit-elle et fonde-t-elle cette coordination ? Ou bien en est-elle le
résultat ?
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65 Soit en schéma :

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Notes
1 Sylvain AUROUX, La raison, le langage et les normes, Paris, Puf, 1998, p. 21.
2 Sylvain AUROUX, op. cit., p. 31 ; Jean DUBOIS et alii, Dictionnaire de linguistique, Paris,
Larousse, 1989, p. 280.
3 Jean DUBOIS et alii, Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 1989, p. 280.
4 GRÉVISSE, D’après Robert DE FLERS, « La langue française » in La force de l’orthographe,
Bruxelles, De Boeck Duculot, 3ème éd. revue par André Goosse, 1996, p. 140.

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5 N. BEAUZÉE et J. F. MARMONTEL (dir.), Encyclopédie méthodique, grammaire et belles lettres,
1786, t. 3, p. 623.
6 Sylvain AUROUX, op. cit., pp. 31-32.
7 Encyclopedia Universalis.
8 Sylvain AUROUX, op. cit., p. 39.
9 Roman JAKOBSON, Essais de linguistique générale, Paris, Editions de Minuit, 1963, p. 84.
10 Ibidem.
11 Sylvain AUROUX, op. cit., p. 87.
12 Dans les langues isolantes d’Extrême-Orient, la distinction verbe/nom ne se réalise pas
morphologiquement, mais elle existe dans le système de ces langues : elle est tributaire du sens, elle
n’est pas morphologique ou syntaxique mais sémantique.
13 Jean DUBOIS et alii, op. cit., p. 280.
14 Ibidem, p. 504.
15 Claude HAGÈGE, La structure des langues, Paris, PUF, « Que sais-je ? » n° 2006, 2ème édition
corrigée, 1986, pp. 9-10.
16 Jean DUBOIS et alii, op. cit. Voir aussi sur la même question : Sophie DUBAIL-SAFFI, « Un autre
regard sur les travaux de Roman Jakobson », in La place et la fonction de l’accent en italien, thèse
de Doctorat, Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 1991, pp. 407-425.
17 Catherine KERBRAT-ORECCHIONI, Les interactions verbales, Paris, Armand Colin, 1994, tome
3, pp. 127-128.
18 Sophie SAFFI, « Le féminin, un accord décalé », in Italies, Revue d’études italiennes, Université
de Provence, Aix-en-Provence, n°3, Femmes italiennes, Hommage à Marie-Anne RUBAT DU
MÉRAC, juin 1999, pp. 351-366.
19 Joseph H. GREENBERG et alii, Universals of Language, Cambridge Massachusetts/London
England, The M.I.T. Press, 1963 (« Memorandum concerning language universals »: pp. XV-XXVii).
20 Joseph H. GREENBERG, « Some universals of grammar with particular reference to the order of
meaningful elements », in Universals of Language, pp. 73-113.
21 Roman JAKOBSON, « Implications of language universals for linguistics », in Universals of
Language, pp. 263-278.
22 Joseph H. GREENBERG, Les langues indoeuropéennes et la famille eurasiatique, Paris, Belin,
2003 pour la traduction française, l’original a été publié en 2000.
23 « Greenberg’s paper treats the universals of grammar “with particular reference to the order of
meaningful elements” (syntactic or morphological constituents) » (Roman JAKOBSON, Universals
of Language, cit., p. 270)
24 « Greenberg’s statements on universals in the “order of meaningful elements” rightly put forward
the notion of a “dominant” order. We are reminded that the idea of dominance is not based on the
more frequent occurrence of a given order: actually what is here introduced into the “order typology”
by the notion of dominance is a stylistic criterion. » (Ibidem, p. 268.)
25 Ibidem, pp. 268-269.
26 Ibidem, p. 265 et p. 270.
27 Roman JAKOBSON, Langage enfantin et aphasie, Paris, Les éditions de Minuit, 1969.
28 Ibidem, pp. 55 et svtes.
29 Ibidem, p. 51.
30 Ibidem, p. 57.
31 Sophie SAFFI, « La faute de conjugaison, une conséquence de l’exercice de traduction ou le reflet
de l’évolution du système verbal ? » in Cahiers d’études romanes, Université de Provence, n° 7/1,
pp. 125-166 (L’apprentissage des écarts : pp. 148-152).
32 Roman JAKOBSON, Langage enfantin et aphasie, cit., p. 60.
33 Ibidem, p. 62.
34 Ibidem, p. 53.
35 Ibidem, p. 54.
36 Ibidem, p. 60.
37 Ibidem, p. 61.

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38 Marcel LOCQUIN, Quelle langue parlaient les ancêtres préhistoriques ?, Paris, Albin Michel,
2002, pp. 25-37 et aussi pp. 77-104.
39 « “L’ontogenèse récapitule la phylogenèse”, disent les biologistes depuis Haeckel. L’ontogenèse,
c’est tout le processus de développement d’un individu à partir d’un œuf fécondé ; la phylogenèse,
c’est le développement évolutif d’une lignée. Dire que ”l’ontogenèse récapitule la phylogenèse”
signifie que tout être vivant, dans les premiers stades de son développement, repasse par les
principales premières étapes de la vie dans sa lignée. » (Marcel LOCQUIN, op. cit., p. 25).
40 Ibidem, pp. 28-30.
41 Ainsi, du latin aux langues romanes, on observe un mouvement évolutif d’antéposition dans les
prépositions et les déterminants, de l’information morphologique auparavant portée par les
désinences casuelles. Et encore, de l’indo-européen de type agglutinant aux langues romanes, on
constate des mouvements dans l’ordonnance syntaxique comme le souligne Alvaro Rocchetti à
l’occasion d’une comparaison des syntaxes de phrases turque et française : “[…] la structure
syntaxique en miroir entre les deux langues est due au fait que chacune d’entre elles représente,
dans sa propre famille, la langue la plus proche du modèle idéal : celle du type agglutinant pour le
turc, celle du type à formes antéposées pour le français. L’obligation, en français, à la différence des
autres langues romanes, d’antéposer les pronoms sujets, les articles, le partitif, etc. et, à l’inverse, la
démarche tendant à postposer ce qui était antéposé (ex. : la négation latine « non », antéposée,
devenant la négation du français parlé « pas », postposée) montre que la restructuration syntaxique,
commencée lors du passage de l’indo-européen au latin, se continue encore sous nos yeux. Le
renoncement à l’ordre syntaxique strict de l’indo-européen a conduit à la grande liberté syntaxique
du latin, puis, les langues romanes ont retrouvé – plus exactement ‘reconstruit’ – une syntaxe de
plus en plus contraignante.” (Alvaro Rocchetti, « De l’indo-européen aux langues romanes :
apparition, évolution et conséquences de la subordination verbale » dans un recueil en l’honneur des
80 ans de Bernard Pottier, à paraître.
42 Marcel LOCQUIN, op. cit., pp. 34-35.
43 Aaron DOLGOPOLSKI, « The Indo-European Homeland and Lexical Contacts of Proto-Indo-
European with Other Languages », in Mediterranean Language Review, n° 3, 1988, pp. 7-31.
Vladislav ILLYCH-SVITCH, « Materialy k sravnitelnomou slovariou nostratitcheskix iazykov », in
Etymologuia, Moscou, 1965, pp. 321-396, traduction anglaise dans V. CHEVOROCHKINE, (éd.),
Reconstructing Languages and Cultures, Bochum, Brockmeyer, 1989. Pour connaître l’historique
de ces travaux lire : Merritt RUHLEN, L’origine des langues. Sur les traces de la langue mère, Paris,
Belin, 1997 pour la traduction française, original publié en 1994, pp. 84-85.
44 Les langues indoeuropéennes et la famille eurasiatique, Paris, Belin, 2003, p. 10.
45 Merritt RUHLEN, op. cit., pp. 233-271.
46 Pour une information plus complète sur l’histoire des langues, consulter les articles de Gwen-
Haël DENIGOT, « L’origine des langues », p. 122-135, « Enquête sur le lointain passé des langues
d’Europe », pp. 136-145, et de François Lassagne « Les langues au régime des gènes », pp. 146-153,
in Science&Vie, n° 227 hors-série « Découvertes : du langage aux langues », Juin 2004.
47 Merritt RUHLEN, op. cit., p. 234.
48 Gustave GUILLAUME, Principes de linguistique théorique, Paris, Klincsieck, 1973, pp. 121-122.
49 « L’évolution suivie par l’homme au cours des 200 000 dernières années ne semble pas cadrer
avec le concept darwinien de mutation lente et progressive. Pourtant, point n’est besoin de faire
intervenir des forces surnaturelles pour expliquer l’évolutionnisme de l’homme. Il est vraisemblable
que l’homme a développé une capacité d’adaptation qui lui a permis de substituer une évolution
culturelle accélérée à des mutations biologiques lentes : l’aptitude à se mettre à la place d’autres
individus – le rendant ainsi capable d’apprentissage social et, du même coup, de développer
progressivement des traditions culturelles complexes. Les singes anthropoïdes peuvent faire preuve
d’inventivité. Mais à l’évidence, ces espèces ne sont pas en mesure de prêter à d’autres individus des
intentions, des objectifs et des motivations, ni de reconnaître ces aptitudes mentales à travers les
outils et les symboles. » (Thomas Weber de l’Institut d’écologie animale de l’Université de Lund, Les
différentes facettes de l’évolution, http://www.arte-tv.com/fr/connaissance-decouverte/aventure-
humaine/).
50 Aurélien SAUVAGEOT, La structure du langage, Publications de l’Université de Provence,
« Langues et Langage », collection du Cercle Linguistique d’Aix-en-Provence, n° 2, 1992, p. 34.
51 Ibidem, p. 38.
52 Ibidem, p. 37.
53 Ibidem.
54 Ibidem, p. 31.
55 Ibidem, p. 33.
56 Ibidem, p. 34.
https://journals.openedition.org/etudesromanes/2424?lang=en 22/24
23/2/2019 Les universaux linguistiques
57 Claude HAGÈGE, La structure des langues, Paris, PUF, 2ème éd. 1982, pp. 4-9.
58 Ibidem, p. 3.
59 Annie BOONE et André JOLY, Dictionnaire terminologique de la systématique du langage,
Paris, L’Harmattan, 1996, p. 430.
60 Gustave GUILLAUME, Leçon inédite O6/11/41, in Ibidem, p. 432.
61 Gustave GUILLAUME, Leçon inédite 19/03/42, in Ibidem., p. 110.
62 Gustave GUILLAUME, L’architectonique du temps dans les langues classiques, Paris, Champion,
1945, p. 31.
63 Annie BOONE et André JOLY, op. cit., pp. 431-432.
64 Ibidem.
65 Gustave GUILLAUME, Temps et verbe, Paris, Champion, 1945, pp. 132-133.
66 Annie BOONE et André JOLY, op. cit., p. 433.
67 Gustave GUILLAUME, Principe de linguistique théorique, Paris, Klincksieck, 1973, p. 200.
68 Gustave GUILLAUME, Leçons de linguistique 1948-49, Paris, Klincsieck, 1971, p. 215.
69 Annie BOONE et André JOLY, op. cit., pp. 422-423.
70 Gustave GUILLAUME, Langage et science du langage, Paris, Nizet, 1964, p. 99.
71 Gustave GUILLAUME, Leçon inédite 16/12/43, in Annie Boone et André Joly, op. cit., p. 434.
72 Arturo MARTONE, professeur du département de philosophie et de politique de l’Institut
universitaire oriental de Naples, a rédigé une présentation à la publication italienne des Principes de
linguistique théorique de Gustave Guillaume (Gustave GUILLAUME, Principi di linguistica teorica,
Naples, Liguori editore, 2000, pp. XI-XX), dont il a supervisé la traduction réalisée par Roberto
SILVI.
73 Temps et verbe, cit., pp. 133-134.
74 Noam CHOMSKY, La linguistique cartésienne suivi de La nature formelle du langage, Paris,
Éditions du Seuil, 1969 (pour la traduction française, original paru en 1966), 183 p.
75 Jean-Philippe BRICKA, « Une grammaire innée ? », in Science&Vie, n° 227 hors-série
« Découvertes : du langage aux langues », Juin 2004, p. 27.
76 Ibidem.
77 Bruce Bradley’s Archaeology Page (http://www.primtech.net/).
78 Jean-Philippe BRICKA, op. cit.
79 Ibidem, p. 24.
80 Roman JAKOBSON, Essais de linguistique générale, Paris, Les éditions de Minuit, 1973, p. 49.
81 Reportage de Jean-Pierre ROGEL et Pascal GÉLINAS, Radio Canada, mai 2005.
82 Sylvain AUROUX, op. cit., p. 86.
83 Jean-Pierre ROGEL et Pascal GÉLINAS, op. cit.
84 Marcel LOCQUIN, op. cit., p. 94.
85 Yves COPPENS, « Préhistoire du langage », in Le singe, l’Afrique et l’homme, Paris, Fayard,
1983.
86 Marcel LOCQUIN, op. cit., p. 86.
87 Présentation d’une série de conférences Les origines du langage et la construction du sens, Cité
des Sciences, Paris, les 9, 16 et 30 novembre 2002 et 8 février 2003. On peut écouter les cours sur le
site suivant : http://www.cite-sciences.fr/français/ala_cite/college/02-03/cours/09-02-cerveau/11-
steels/accueil.htm
88 Frédéric KAPLAN, L’hypothèse du langage égoiste, cours du 9 novembre 2002, même site.
A propos de l’évolution culturelle, la mémétique de Susan Blackmore semble une voie intéressante à
explorer (http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2003/48/blackmore.htm).
89 Frédéric KAPLAN, L’anatomie du langage, cours du 16 novembre 2002, même site.
90 Xavier MULLER, « S.M.A. Vers une nouvelle intelligence artificielle », in Science&vie n° 1039,
Avril 2004, pp. 58-61.
91 « Le point sur la prise de décision », in Science&vie, n° 1036, p. 98.
92 Sophie SAFFI, « Discussion de l’arbitraire du signe », in Italies, n°9, Figures et jeux du hasard,
2005, pp. 345-394.

https://journals.openedition.org/etudesromanes/2424?lang=en 23/24
23/2/2019 Les universaux linguistiques
93 Frédéric KAPLAN, La construction collective du sens : expériences robotiques, cours du 30
novembre2002, même site.
94 Ibidem. Lire aussi : Jean-Paul Baquiast et Cristophe Jacquemin, Des bactéries aux robots. De la
coopération au langage, 12/12/2004, à l’adresse suivante :
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2004/60/ecagents.htm
95 René CARRÉ et alii, Langage humain et machine, Paris, Presses du CNRS, 1991, p. 276.
96 Ibidem, p. 280.
97 Jean CAELEN, « À l’écoute de la parole humaine », in La Recherche, n° 285 mars 1996, cité par
Ranka BIJELJAC et Roland BRETON, Du langage aux langues, Paris, 1997, pp. 116-117.
98 René CARRÉ et alii, op. cit., p. 274.

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References
Bibliographical reference
Sophie Saffi, « Les universaux linguistiques », Cahiers d’études romanes, 14 | 2005, 47-82.

Electronic reference
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since 15 January 2013, connection on 24 February 2019. URL :
http://journals.openedition.org/etudesromanes/2424 ; DOI : 10.4000/etudesromanes.2424

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Sophie Saffi
Aix Marseille Université, CAER (Centre Aixois d’Etudes Romanes), EA 854, 13090, Aix-en-
Provence, France.

By this author
La faute de conjugaison, une conséquence de l’exercice de traduction ou le reflet de
l’évolution du système verbal ? [Full text]
Published in Cahiers d’études romanes, 7 | 2002

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