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La peau, organe visible de la vie de relation, est située à l’interface entre l’individu et les autres. En outre,
elle participe, en particulier par les échanges tactiles avec le personnage maternel, à la construction de
l’image de soi. La peau occupe donc une place privilégiée dans le sentiment d’être beau et dans
l’apparence, dont l’importance dans notre société occidentale contemporaine n’est plus à démontrer.
Ainsi les femmes et, de plus en plus souvent, les hommes rencontrent un dermatologue pour une
demande d’ordre esthétique à propos d’une maladie cutanée et/ou générale, d’une imperfection cutanée
et/ou corporelle congénitale ou acquise, réelle ou imaginaire, ou bien lors des périodes cruciales de la vie
(l’adolescence ou le vieillissement). Cette démarche visant à améliorer la qualité de vie des sujets fait
entrer le dermatologue dans un domaine complexe de la dermatologie où de nombreux phénomènes
socioculturels et psychologiques s’exercent et où règne en maître l’imaginaire des deux partenaires de la
relation médecin-malade.
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Plan offre aux autres. Quoi de plus naturel, donc, et de meilleur aloi
que de désirer l’embellir, qu’elle devienne la plus belle des
¶ Introduction 1 messagères du sujet, la garantie de sa beauté.
Cependant, la beauté n’a jamais pu être enfermée dans des
¶ Peau : organe visible, touché, privilégié de la vie de la relation 2
critères objectifs universels. La beauté d’un être humain est
¶ Image de soi : sa construction 2 définie par le seul jugement d’autrui, le regard d’autrui occu-
Corps multiple 2 pant une place absolument centrale dans ce jugement. Ce sont
Phénomènes socioculturels 2
le visage et la forme du corps qui sont les principaux détermi-
Échanges avec le personnage maternel 2
nants de la beauté, et encore de nos jours l’attrait du visage
Identifications 2
d’une femme détermine la plus grande part de son attrait global
¶ Sentiment d’être beau : place du visage dans ce sentiment 3 (près de la moitié de la variance expliquée). On comprend ainsi
¶ Quelques situations cliniques 3 combien la relation médecin-malade en dermatologie esthétique
Maladies cutanées 3 peut être délicate à nouer. Par exemple, un sujet peut demander
Maladies générales 4 l’impossible au dermatologue, c’est-à-dire d’habiter une peau et
Adolescence 4 un corps parfaits et inaltérables, ou bien non concordants avec
Vieillissement 5 sa réalité biologique.
Peau sensible ou réactive 5 Il arrive même, plus que dans tout autre domaine de la
¶ Relation médecin-malade : ses particularités en cosmétologie 5 dermatologie, qu’un dermatologue soit confronté, jusqu’au
¶ Conclusion 6 procès, aux revendications d’un sujet déçu par l’écart entre les
résultats esthétiques tels qu’il les avait imaginés et ceux obtenus
dans la réalité.
Nous étudierons successivement :
■ Introduction • la peau : organe visible, touché, privilégié de la vie de la
relation ;
La peau, organe visible, touché, privilégié de la vie de la • l’image de soi et le narcissisme : leur construction ;
relation, est une véritable interface entre l’individu et les autres, • le sentiment d’être beau : la place du visage dans ce senti-
l’individu et la société. Elle participe à la construction de ment ;
l’image que le sujet a de lui-même et de celle qu’il désire offrir • quelques situations cliniques : les maladies cutanées et
aux autres, et donc, dans une grande mesure, de la beauté du générales ; l’adolescence ; une conduite à risque, le bronzage ;
sujet tout entier. On peut dire avec Serres que la peau est « aux le vieillissement ; la peau sensible ou réactive ;
avant-postes du sujet » [1]. Tout sujet souhaite que sa peau soit • la relation médecin-malade : ses particularités en dermatolo-
en harmonie avec l’image qu’il a de lui-même et avec celle qu’il gie esthétique.
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50-110-A-10 ¶ Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence
■ Peau : organe visible, touché, sociofamilial très dense par de nombreux liens qui le dépassent
et en même temps le façonnent. Ces liens sont réels (génétiques
privilégié de la vie de la relation par exemple) ou imaginaires, s’appuyant sur l’image que les
parents en particulier désirent avoir de cet enfant futur adulte
La peau, organe privilégié de la vie de relation, n’est pas un (par exemple, le jeu subtil et souvent pervers de l’attribution des
organe comme un autre que l’on répare quand il est malade, ressemblances). Puis, le corps réel et en particulier la peau de
dont on attend un fonctionnement silencieux et même, le plus tout individu est modelé par le regard des autres par l’intermé-
souvent, invisible. La peau participe de la vie sociale et affective, diaire, par exemple, des codes de la mode de sa classe sociale et
et y compris de la séduction et de la vie amoureuse. Elle est liée de la société dans laquelle il vit (cf. supra).
au plaisir, à la sexualité, et elle est le lieu de naissance de la
tendresse, de la sensualité. La peau est une véritable interface
entre l’individu et les autres. Sur la peau s’expriment les Échanges avec le personnage maternel
sentiments, s’inscrivent les cicatrices indélébiles des blessures,
les marques du temps qui passe et les transformations corporel- Ceux-ci sont médiatisés non seulement par le regard, mais
les qui en découlent ainsi que les signes de l’identité du sujet, aussi par la parole, les odeurs et le toucher. Les études psycha-
en particulier de son identité sexuelle par l’intermédiaire, par nalytiques, comme les études éthologiques, ont montré
exemple, des poils et des cheveux, et des habitudes esthétiques l’importance de la relation mère/enfant médiatisée par la peau
qui s’y rapportent en fonction des cultures et des modes. La pour l’intériorisation par chaque individu d’une image de soi
peau de chaque individu est modelée par le regard des autres cohérente, c’est-à-dire d’un modèle interne le représentant non
par le biais des codes de la mode de la classe sociale et de la fragmenté pourvu de limites assurant bien leur rôle de frontières
société dans lesquelles vit cet individu (par exemple, le défrisage entre le monde interne et le monde extérieur. Cette image de
et le rajout de postiches chez les sujets à peau noire vivant en soi est accompagnée d’un sentiment de sécurité interne physi-
France). Ainsi de tous temps et dans toutes les cultures, selon les que et psychique, et d’un sentiment d’estime de soi. Ce sont ces
coutumes et les modes en vigueur, la peau a été parfumée, différents éléments qui fondent le narcissisme de chaque
maquillée, ornée, épilée, blanchie, ou au contraire bronzée. En individu.
effet, les manifestations, au niveau de la peau et des phanères, Anzieu, psychanalyste français, a beaucoup travaillé sur la
des exigences et des désirs plus ou moins subtils des autres sont peau en tant qu’enveloppe de protection contre les agressions,
innombrables : depuis la coupe de cheveux imposée par les frontière entre le dedans et le dehors, zone privilégiée d’échan-
parents au bronzage qui, dans nos pays occidentaux, est imposé ges avec autrui. Cet auteur insiste aussi sur la peau en tant
par la mode et le signe de la réussite sociale. Mais il est qu’organe participant au développement affectif, cognitif et
intéressant de noter qu’au Japon, par exemple, jusqu’à très
social du petit homme. Il soutient l’hypothèse d’un « Moi-
récemment, les femmes dans un souci esthétique ont blanchi
peau », rappelant ainsi que le bébé acquiert la perception de sa
leur visage et ont noirci leurs dents en y appliquant un vernis
peau comme surface à l’occasion des expériences de contact de
noir, luisant et malodorant.
son corps avec le corps de sa mère et dans le cadre d’une
relation sécurisante d’attachement avec elle. Par « Moi-peau »,
cet auteur désigne une figuration dont l’enfant se servirait au
■ Image de soi : sa construction cours des phases précoces de son développement pour se
représenter lui-même comme Moi à partir de son expérience de
Corps multiple la surface du corps [2].
Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais, a beaucoup
L’image de soi se construit sur le corps et en particulier sur insisté sur l’importance des expériences de portage et d’agrippe-
deux parties de celui-ci, le visage et le sexe. Le corps est ment dans la maturation affective de l’enfant. Il a aussi montré
multiple. Il existe un corps réel et un corps imaginaire. l’importance du rôle de miroir joué par la mère dans le déve-
loppement de l’enfant. Cet auteur avance l’idée que le précur-
Corps réel seur du miroir, dans le développement émotionnel de
l’individu, est le visage de la mère. C’est ainsi qu’il écrit :
Anatomique, sexuellement identifiable, il est lui-même « Quand le bébé tourne son regard vers le visage de sa mère, ce
subdivisé en corps propre et en corps libidinal. qu’il voit c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le
Le corps propre, objectif, est le corps confié aux médecins, aux bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec
chirurgiens pour être soigné, réparé. ce qu’elle voit ». C’est sur le visage de sa mère et dans le regard
Le corps libidinal est un lieu d’échanges avec autrui, une de celle-ci posé sur lui-même que l’enfant découvre qui il est,
source de plaisir pour soi et les autres : c’est un aspect du corps le bon qu’il renferme en lui, ce qu’il donne à l’autre et com-
fondamental pour l’équilibre somatopsychique de tout individu. ment il peut ainsi le toucher et le transformer [3]. Ainsi se penser
être, depuis le tout début de sa vie, l’objet du regard de sa mère
Corps imaginaire permet au sujet d’acquérir le sentiment harmonieux de son
unité et de sa beauté, et de construire par là-même son narcis-
C’est une image ou une représentation mentales plus ou sisme. Un narcissisme de bonne qualité est indispensable à
moins inconscientes que le sujet a de son corps. Ce corps certains moments cruciaux de la vie, quand l’image de soi subit
imaginaire organise l’image que le sujet a de lui-même, son
de profonds remaniements : l’adolescence, la vieillesse et lors de
identité psychique, sa personnalité, bref le Moi qui le repré-
la survenue d’une maladie.
sente. L’identité psychique d’un individu peut s’écarter de son
identité biologique et sociale telle qu’elle est inscrite sur sa carte
d’identité et telle qu’elle est perçue par le regard des autres. Cet Identifications
écart entre corps réel et corps imaginaire est évident en patho-
logie. La femme qui refuse de vieillir, le jeune dysmorphopho- Ce sont des processus psychiques individuels complexes par
bique, le transsexuel, l’anorexique, désirent faire céder leur lesquels un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut
corps réel aux exigences de leur corps imaginaire. de l’autre et par là-même se transforme lui-même. Cependant,
des identifications peuvent être rejetées à certaines époques de
Phénomènes socioculturels la vie, à l’occasion d’événements de vie particuliers. Par
exemple, à l’adolescence, un jeune homme peut ne pas suppor-
Avant même sa naissance, dans l’imaginaire, entre autres, de ter son alopécie androgénogénétique naissante qui va lui
ses parents, puis à peine né, un bébé est rattaché à un réseau rappeler la calvitie de son père.
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Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence ¶ 50-110-A-10
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50-110-A-10 ¶ Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence
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Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence ¶ 50-110-A-10
amené à donner son avis car, malgré les messages de préven- possibilités de changements. Des identifications réussies, aux
tion, loin de diminuer les expositions au soleil sans protection parents par exemple (et aussi à des personnages publics pris
adéquate (crème, chapeau, vêtement couvrant) sont en nette comme modèles), permettent d’accueillir comme des retrou-
augmentation comme l’indique un travail réalisé chez des vailles avec de bons objets perdus, et non de rejeter avec haine,
étudiants âgés de 12 à 17 ans, tous les 3 ans de 1993 à 2002 [20]. des signes physiques (ou psychiques) du vieillissement constatés
Les bénéfices narcissiques obtenus à court terme par le chez son père ou chez sa mère. Enfin, la qualité des liens
bronzage (principalement l’amélioration de l’apparence physi- relationnels noués dans l’enfance, ainsi que la qualité de ceux
que, du pouvoir de séduction et, donc, la restauration d’une noués à l’âge adulte et conservés tout au long de la vie,
image de soi que l’adolescent croit défaillante) sont supérieures préservent de la solitude quand le sujet vieillit.
aux inconvénients possibles et, ce, d’autant plus que les En fait, on vieillit d’autant mieux que l’on sait garder en soi,
principaux inconvénients du bronzage concernent un futur tout au long de sa vie, de bons objets internes, c’est-à-dire des
lointain dans lequel les adolescents, tout particulièrement, ont personnes, des idéaux, des passions, etc. C’est la permanence de
beaucoup de mal à se projeter [21]. Une étude suédoise illustre ces bons objets en soi qui donne au sujet un sentiment de
bien ces notions [22]. Bien entendu, un individu plus âgé peut continuité et qui lui permet de se reconnaître dans le miroir, et,
avoir des conduites adolescentes à l’égard du bronzage quand, donc, de ne pas se vivre comme étranger à lui-même, inquié-
par exemple, il a une mauvaise image de soi et une faible estime tant, alors que le vieillissement a changé, transformé son corps,
de soi accompagnées ou non d’un état anxiodépressif. son visage, son apparence toute entière.
Les dermatologues sont donc bien placés pour délivrer des
messages préventifs cohérents et efficaces à l’adresse, par Peau sensible ou réactive
exemple, des jeunes gens : se réparer narcissiquement ne passe
pas seulement par le corps, mais aussi par l’acquisition de bons Elle correspond à des plaintes d’inconfort cutané (démangeai-
objets internes (amitiés, amours, travail, loisirs, etc.). son, tiraillement, picotement, etc.) surtout au niveau du visage et
chez des femmes de pays industrialisés. Ces plaintes s’accompa-
gnent, dans la moitié des cas seulement, de quelques signes
Vieillissement objectifs (érythème, desquamation) et surviennent après une
Dans notre société occidentale contemporaine, l’allongement application de produits d’hygiène, de soins, de maquillage, ou
de l’espérance de vie est spectaculaire, mais le grand âge n’est une exposition à des facteurs climatiques ou d’environnement.
guère une valeur sociale. Tout le monde désire vivre plus Les mécanismes en jeu relèvent d’un phénomène orthoergique
longtemps, mais personne ne veut vieillir [23]. mais restent mal élucidés. Deux mécanismes sont souvent
Notre société est aussi de plus en plus marquée par l’indivi- avancés et associés : une altération de la fonction barrière de la
dualisme. Chaque individu devient une personne autonome, peau et un dérèglement de l’expression des neuropeptides cutanés
devant sans cesse faire ses preuves et se mesurer aux autres, et (dans les deux mécanismes, le stress pourrait être l’un des facteurs
seule responsable de ce qui lui arrive : responsable de ses déclenchants). Les tests cutanés diagnostiques les plus employés
réussites et de ses échecs, et donc responsable aussi de « se sont ceux qui explorent la composante irritation de la déclaration
laisser vieillir ». peau sensible (comme le stinging test à l’acide lactique). Cepen-
Le sujet vieillissant peut ainsi se sentir coupable de laisser son dant, aucun test ne s’est révélé fiable quant à la concordance
corps se dégrader, les chairs devenir flasques, et honteux de ne avec la déclaration peau sensible et quant à la reproductibilité.
pas avoir pris soin de lui et de ne pas avoir su garder sa Les données concernant la fréquence de la déclaration peau
jeunesse. Vieillir entraîne alors une profonde blessure narcissi- sensible chez les sujets asiatiques et/ou à peau noire sont
que, et ce d’autant plus que les effets du vieillissement mar- actuellement très contradictoires, même si on a pu penser que
quent la peau, et altèrent beauté et séduction. En outre, à la les sujets asiatiques déclaraient plus souvent que les sujets
suite de la perte de la jeunesse, de la beauté, de la séduction, les caucasiens une peau sensible et que les peaux noires, grâce à
pertes lors du vieillissement touchent tous les domaines de la leur taux de lipides épidermiques élevés, devaient être plus
vie : social (travail par exemple), affectif (conjoint, amis), protégées du phénomène d’irritation [25].
personnel (les capacités psychiques, physiques, sexuelles). Si pour beaucoup de sujets la plainte s’atténue grâce à une
Il arrive donc un moment où le sujet ne peut plus cacher son prise en charge médicale adaptée, patiente et attentive, d’autres
âge, un moment où il est renvoyé à la perte de la fiabilité de sa sujets, en revanche, s’installent dans un statut de malade. La
peau, qui n’est plus la plus belle des messagères de son intimité. plainte d’inconfort cutané devient un véritable signe fonction-
Vieillir va même jusqu’à faire perdre au sujet ce que Le Breton nel pouvant révéler une humeur dépressive associée ou non à
appelle son « visage de référence » [24]. Pour cet auteur, le visage une anxiété et survenir sur des personnalités diverses. Il peut
de référence est celui de la jeune maturité, celui qui a connu alors prendre la valeur d’un symptôme conversif, hypochon-
l’éveil au monde, la facilité des contacts avec les autres, l’amour. driaque, obsessionnel ou même psychotique. Cependant, tout
Le vieillissement fait perdre aux hommes et aux femmes leur sujet, en dehors d’une humeur dépressive, peut avoir recours à
« vrai visage », il peut être vécu comme une défiguration et peut une plainte somatique pour exprimer des difficultés psycholo-
même conduire à une perte de soi, à une dépossession de soi. giques en prenant appui sur un dysfonctionnement préexistant
Les hommes et les femmes ne sont pas encore égaux devant la plus ou moins important d’un organe [26].
perte de leur jeunesse puisque, alors, la féminité elle-même
risque aussi d’être perdue. Dans son roman La fin de Chérie,
Colette décrit en ces termes Léa, la vieille maîtresse de Chéri : ■ Relation médecin-malade :
« la jupe unie, la longue veste impersonnelle entrouverte sur du ses particularités en cosmétologie
linge à jabot, annonçaient l’abdication, la rétraction normale de
la féminité, et une sorte de dignité sans sexe ». L’exercice de la dermatologie esthétique ne s’improvise pas.
Cependant, il existe des vieillards soignés, coquets, ne La plupart du temps, les sujets qui rencontrent un dermatologue
renonçant pas à une certaine séduction, à l’intelligence aiguisée, à cette occasion sont dans une démarche volontaire, bien
efficaces dans de nombreux domaines, actifs sexuellement et de informés, à la recherche d’un service adapté à leur demande,
jeunes adultes vieux avant l’âge, menant une vie monotone, exigeants quant à la prise en charge matérielle (locaux, instru-
morne, pauvre en investissements affectifs et sociaux. En fait, le ments utilisés, organisation du cabinet, etc.) et psychologique
vieillissement met à l’épreuve les capacités du sujet à s’adapter (qualité de l’écoute, disponibilité, communication aisée et fiable,
aux pertes et à changer. Ces capacités s’enracinent d’abord dans etc.) et vigilants quant aux résultats obtenus. Il faut donc savoir
une image de soi qui reste fiable au fil du temps. Un « capital prendre en compte tous ces éléments, et assumer le passage
narcissique » suffisamment solide pour résister à la blessure progressif d’une relation médecin-malade à une relation
narcissique engendrée par le vieillissement contribue aussi à médecin-client où les actes peuvent être hors nomenclature et
l’adaptation du sujet aux pertes qu’il subit et favorise ses exiger un devis détaillé à remettre à ce dernier [27].
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Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence ¶ 50-110-A-10
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Consoli S.G. Aspects psychologiques et socioculturels de la peau et de l’apparence. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Cosmétologie et Dermatologie esthétique, 50-110-A-10, 2008.
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