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Levothyrox: Comment plus de 4000 plaignants se sont organisés face à Merck

La justice a rendu sa décision dans l'affaire du Levothyrox, un procès hors norme qui opposait le
laboratoire à 4113 victimes.

Par Paul Guyonnet

En décembre, plusieurs centaines des 4113 plaignants avaient assisté à l'audience, organisée dans un
palais des congrès à Villeurbanne pour permettre de tous les accueillir.

JEAN-PHILIPPE KSIAZEK via Getty Images

En décembre, plusieurs centaines des 4113 plaignants avaient assisté à l'audience, organisée dans un
palais des congrès à Villeurbanne pour permettre de tous les accueillir.

JUSTICE - Un accusé et... plus de 4000 plaignants. Ce mardi 5 mars, le tribunal d'instance de Lyon a
rendu sa décision dans un procès hors norme, celui intenté au laboratoire Merck au moyen d'une
action collective conjointe. Au total, les 4113 personnes, notamment réunies par le biais d'une
plateforme en ligne du nom de MySmartCab, qui avaient attaqué le producteur du Levothyrox -un
médicament servant à réguler les problèmes de thyroïde- ont été déboutées.

En proposant à la vente une nouvelle formule du comprimé sans accompagner suffisamment les
malades, le laboratoire allemand se serait rendu coupable d'un "défaut d'information" et aurait
provoqué un "préjudice d'angoisse" chez les malades, dénoncent ces milliers de plaignants. Principal
avocat à l'origine du procès, maître Christophe Lèguevaques réclamait 10.000 euros pour chacun des
plaignants, soit plus de 41 millions d'euros au total.

Comme il l'expliquait au HuffPost, ce procès XXL résulte d'une action collective conjointe, "surtout
pas d'une action de groupe". Cette version française de la class action à l'américaine aurait
effectivement été bien plus complexe à mettre en place, comme le détaille l'avocat du barreau de
Paris. "Pour une action de groupe, il y a un nombre limité de domaines d'application, les plaignants
doivent absolument se regrouper sous forme d'association agréée et deux procès sont nécessaires à
la procédure, le premier pour faire reconnaître la faute de l'entité attaquée et le second pour faire
indemniser le préjudice."

4 avocats, une plateforme en ligne et de "bons vieux dossiers papier"

Autant de contraintes qui ont poussé Christophe Lèguevaques à opter pour une procédure plus
simple. Il est pour cela passé par la plateforme "MySmartCab", qu'il a créée et qui permet à des
actions collectives conjointes de voir le jour. L'objectif est de simplifier l'accès au juge et de créer une
communauté ayant les mêmes intérêts, pour être mieux défendu et pris en compte face à des
sociétés comme Merck. "On agit conjointement pour les victimes, on les dénombre, on les aide à
monter les dossiers", poursuit-il auprès du HuffPost.

Contre le laboratoire, seul le manquement moral est dénoncé par l'action collective, en aucun cas le
préjudice corporel qu'auraient pu subir les plaignants. S'ils avaient souhaité attaquer sur ce point, il
aurait fallu réaliser des expertises médicales individuelles pour chaque victime. "Nous n'aurions
jamais pu le faire, pas pour 96 euros par personne et pas avec une équipe comme celle qui a travaillé
sur le dossier du Levothyrox", ajoute l'avocat.

Christophe Lèguevaques (à droite) lors de l'audience du 3 décembre, la première du procès du


Levothyrox,...

JEAN-PHILIPPE KSIAZEK via Getty Images

Christophe Lèguevaques (à droite) lors de l'audience du 3 décembre, la première du procès du


Levothyrox, organisée dans un palais des Congrès à Villeurbanne.

Pour traiter les cas des 4113 victimes finalement réunies au sein de l'action, quatre avocats de son
cabinet et associés ont été mobilisés. "On est revenus aux bons vieux dossiers médicaux papier qu'on
a scannés nous-même." Une par une, chaque victime a ainsi pu constituer son fichier personnel et le
voir ajouté au dossier général contre Merck.

Mais pour d'autres cas, à l'avenir, Christophe Lèguevaques compte bien impliquer encore plus de
monde, en particulier des avocats qui permettraient une meilleure représentativité sur le territoire
national. "Nous sommes une jeune start-up, qui fait du travail collaboratif", dit-il de la plateforme
MySmartCab. "À terme, l'idée sera de s'échanger entre avocats des informations, des jurisprudences,
des dossiers, s'aider, se conseiller."

Une action "anti-lobbies" qui veut permettre aux individus de peser face aux entreprises

Et maître Lèguevaques a déjà commencé à utiliser des méthodes novatrices en matière de droit. En
2018, il a parcouru la France à la rencontre de victimes qui étaient passées par la plateforme. "Pour
montrer que ce n'est pas que du virtuel, qu'il y a des avocats derrière". Ce mardi, après le délibéré, il
diffusera via un live vidéo sur Facebook la réunion d'information qu'il organise pour détailler aux
plaignants la décision de justice. Là encore, le but est d'agir pour le collectif sans jamais perdre de
vue l'aspect individuel de l'action judiciaire.

Dans le cas du Levothyrox, "je n'ai aucune idée du jugement", prévenait Christophe Lèguevaques, qui
se disait "dans l'attente anxieuse du résultat" à quelques heures de la mise à disposition des
délibérés. Pour autant, l'avocat restait convaincu que les actions collectives conjointes comme celle
engagée contre le laboratoire Merck vont devenir une nouvelle habitude et un nouvel outil pour les
victimes en France.
"C'est mon pari! Du fait de la complexification du droit, il faut désormais se réunir pour peser face
aux acteurs de taille", assure-t-il. "En France, contrairement aux États-Unis, il n'existe pas de
dommages et intérêts punitifs. Donc même condamnées, les entreprises sont gagnantes." Citant
l'exemple des procès pour non-respect de la concurrence, Christophe Lèguevaques explique que les
sociétés incluent, "budgettent" dans leurs coûts une possible amende.

Mais si les victimes se regroupent et parviennent à forcer les entreprises à dédommager d'un coup
des milliers de personnes, "peut-être qu'elles y réfléchiront un peu plus", espère l'avocat. "Nous
menons une action anti-lobbies: devant la justice, les individus sont broyés, promenés dans le temps
par les grandes entreprises. Nous, nous voulons pouvoir commencer à rivaliser et offrir une défense
effective."

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