Sunteți pe pagina 1din 6

Langages

La hiérarchie des emplois du subjonctif


Knud Togeby

Citer ce document / Cite this document :

Togeby Knud. La hiérarchie des emplois du subjonctif. In: Langages, 1ᵉ année, n°3, 1966. Linguistique française. Le verbe et
la phrase. pp. 67-71;

doi : https://doi.org/10.3406/lgge.1966.2344

https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1966_num_1_3_2344

Fichier pdf généré le 02/05/2018


К. TOGEBY

LA HIÉRARCHIE DES EMPLOIS DU SUBJONCTIF

La description d'une langue commence par une division de


son texte infini en unités de plus en plus petites : phrases,
propositions, groupes verbaux et nominaux, mots, thèmes et flexifs,
jusqu'à ce qu'on arrive aux éléments irréductibles de la langue,
par exemple l'élément flexif qu'est le subjonctif.
Pour donner les règles de l'emploi d'un tel élément, par
exemple du subjonctif, ce qui est la seule manière grammaticale
d'en donner une description ou définition, il faut procéder en sens
inverse, remonter des unités syntaxiques les plus petites jusqu'aux
unités les plus grandes, en établissant à chaque niveau les règles
auxquelles est soumis l'emploi du subjonctif.
Cette procédure est logique et naturelle. On commence par
étudier l'influence des facteurs qui sont le plus près de l'élément
« subjonctif », et l'on s'en éloigne de plus en plus, pour tenir compte
des facteurs de moins en moins directs. Mais il ne s'agit pas là
seulement d'une disposition pratique des matières. Cette procé-
dure reflète une véritable hiérarchie des facteurs régissant le
subjonctif. Les facteurs voisins de l'élément « subjonctif » sont plus
forts que ceux qui en sont plus éloignés.
1. L'unité syntaxique la plus petite est le groupe de flexifs
où le subjonctif apparaît à, côté des éléments « temps », « nombre »
et « personne ». Le nombre et la personne n'ont pas d'influence sur le
subjonctif. Mais, par opposition à l'indicatif où l'on trouve les
trois niveaux temporels de passé, de présent et de futur, le
subjonctif n'apparaît qu'au passé et au présent; ceci a pour résultat que,
si le sujet parlant veut absolument exprimer le futur ou le
conditionnel, il doit avoir recours à l'indicatif, ce qui peut rompre
l'influence de tous les facteurs plus éloignés qui ont l'habitude de
régir le subjonctif :
68

II est fort possible que les idées que je développerai devant


vous vous choqueront (Nathalie Sarraute, conférence à Copenhague,
8 novembre 1960) je n'ai pas trouvé, par exemple, une femme qui
m* eût compris, qui me comprenne, qui me comprendrait (Ionesco,
Théâtre, III, 237).
2. L'unité syntaxique numéro deux en commençant par en
bas est le mot, unité formée par le groupe de flexifs joint au thème
verbal. Le thème ou le radical verbal joue rarement un rôle pour
l'emploi du subjonctif. Mais quand on pense aux propositions
principales (non introduites par que), on constate que le subjonctif
n'y apparaît guère qu'avec certains verbes :
Vive le roi! — Dieu soit loué! — Puisse-t-il réussir!
Et si, dans ces mêmes propositions principales, Ton combine
le subjonctif avec le passé, on voit qu'un seul radical verbal est
possible :
Plût à Dieu que...
3. L'unité syntaxique suivante est le temps composé, où l'on
constate que le plus-que-parfait du subjonctif a, dans la langue
littéraire, un emploi beaucoup plus étendu que le subjonctif
proprement dit, puisqu'il peut remplacer le conditionnel passé et
le plus-que-parfait de l'indicatif dans certains cas où les facteurs
plus éloignés régissent l'indicatif :
Parce qu'il Veut fait s'il l'eût pu.
4. Dans le groupe verbal, l'adverbe se joint au verbe simple
ou composé. Tandis que l'influence des adverbes sur l'emploi des
temps est très nette (déjà n'admet pas le passé simple, pendant
deux heures le favorise), il est rare qu'un adverbe soit un facteur
modal. En espagnol, talvez et quizâ favorisent le subjonctif, mais
il est difficile de trouver quelque chose d'analogue en français.
On constate cependant que, dans les propositions principales, le
subjonctif n'est guère compatible avec la négation, exception faite
du verbe plaire : A Dieu ne plaise, et de l'expression très
particulière Je ne sache pas que..., où l'existence du ne est liée à celle d'une
proposition complétive.
5. Le groupe verbal se joint au groupe nominal du sujet pour
former une proposition. Ce qui est peut-être un peu inattendu,
c'est de voir que le sujet a une certaine influence sur l'emploi du
subjonctif. Dans les propositions principales, le subjonctif
n'apparaît guère qu'avec un sujet religieux : Dieu le veuille, ou avec
l'inversion du sujet : Vive le roi!
6. Le mot introducteur, qui joue un rôle dans la proposition
69

comme sujet, objet, adverbe : qui, que, ой, у est plus près du
verbe et du mode que la conjonction proprement dite (que).
On constate que, abstraction faite des cas où il a un antécédent
(c'est-à-dire dans les propositions relatives proprement dites), le
mot introducteur exclut l'emploi du subjonctif. On n'a pas le
subjonctif dans les propositions interrogatives directes (exception
faite de Qui vive?) ou indirectes : Je ne sais pas qui l'a fait. Et on
n'a pas le subjonctif dans les propositions relatives indépendantes
(c'est-à-dire sans antécédent) : Qui dort dîne, exception faite de
vaille que vaille et de que je sache.
7. Parmi les propositions relatives proprement dites (c'est-
à-dire qui ont un antécédent), les propositions relatives parenthétiques
ne sont pas soumises à l'influence de l'extérieur, mais peuvent avoir
le subjonctif comme les propositions principales : La reine, dont
Dieu ait Vâme.
8. Pour les propositions relatives restrictives, l'antécédent est
le facteur le plus direct et, par conséquent, le plus décisif. Si cet
antécédent est un pronom interrogatif, le subjonctif est obligatoire,
quel que soit le contexte par ailleurs : qui que ce soit. Si l'antécédent
est un adjectif au superlatif, on. a presque toujours le subjonctif :
le meilleur que je connaisse, moins souvent quand il s'agit d'un
pseudo-superlatif : le dernier qui soit (est) venu. Le subjonctif est
également de règle après un adjectif déterminé par si, aussi,
quelque, pour : si grand qďil soit, tandis que tout... que admet les
deux modes.
Avec un substantif pour antécédent, nous nous éloignons un
peu plus du mot introducteur. C'est l'article qui établit la première
barrière à l'influence modale. L'article défini ne la laisse guère
passer, et le subjonctif n'apparaît donc qu'après l'article indéfini
ou après un antécédent dépourvu d'article.
9. Quand l'antécédent n'a pas d'influence décisive sur le mode,
c'est un facteur encore plus éloigné qui entre en jeu : le verbe de
la proposition où se trouve Vantécédent. Et nous retrouvons ici la
même hiérarchie qu'au début. L'influence peut venir du flexif,
d'un impératif : Faites une chose qui me plaise, du radical : Je
cherche une maison qui ait un jardin, de l'adverbe : Je n'ai pas
d'ami qui puisse m'aider, de l'inversion du sujet : Connaissez-vous
un homme qui puisse le faire, de la conjonction : Si je connaissais
un moyen qui soit efficace.
Il est remarquable que c'est la construction qui régit le
subjonctif, et non le sens. L'inversion interrogative provoque le subjonctif,
70

mais non l'intonation interrogative : Vous connaissez un homme


qui peut le faire?
10. L'influence modale peut venir, non seulement de la
proposition voisine, mais d'une proposition encore plus éloignée. C'est
ce qui arrive dans le cas où une proposition, pour obtenir un effet
d'emphase, est dédoublée, et où l'on parle d'un subjonctif par
attraction :
II semble que ce soit la même goutte qui pende (Claude Simon,
La Route des Flandres, 25).
11. Si nous revenons maintenant à la proposition où se trouve
le verbe qui subit l'influence modale, nous constatons que le facteur
le plus éloigné, plus distant que le mot introducteur, est la
conjonction. Les conjonctions sont d'une importance capitale pour l'emploi
du mode. Le français n'en a que quatre qui soient simples : que,
quand, comme, si. Parmi elles, il n'y a que que qui laisse passer
une influence modale venant du dehors. Après quand, comme et si
on ne trouve que l'indicatif, exception faite du plus-que-parfait
rendu possible par un facteur plus central : Quand il eût pu le faire...
Après que, on peut trouver ou bien le subjonctif ou bien
l'indicatif. Cela dépend de ce qui précède. Mais on pourrait peut-
être aller plus loin et dire que, s'il n'y a rien qui précède, que régit
le subjonctif. Cela vaudrait tout d'abord pour les propositions
principales introduites par que : Qu'il vienne! Les phrases du type
Qu'il est heureux! n'en forment pas une exception, puisque que
n'y est pas conjonction, mais adverbe (EX : Combien il est heureux!)
Mais il y a plus. On pourrait expliquer ainsi le subjonctif de
toutes les propositions introduites par que mises à la tête d'une
proposition principale, qu'elles soient sujet : Qu'il ait raison, c'est
certain, objet : Qu'il vienne, nous le savons, ou adverbe : Qu'il
vienne, je m'en irai.
12. Les propositions introduites par que peuvent à leur tour
être modifiées par des adverbes qui régissent ou bien le subjonctif :
d'ici que, non que, loin que, à moins que, pour peu que, bien que,
quoique, encore que, malgré que, ou bien l'indicatif : lorsque, alors
que, tandis que, puisque (à moins d'y voir des constructions relatives),
si bien que, surtout que, heureusement que, peut-être que.
13. En nous éloignant encore d'un pas, nous en arrivons à la
construction où la proposition introduite par que est le régime d'une
préposition régissant ou bien le subjonctif : avant que, sans que,
pour que, ou bien l'indicatif : parce que, selon que, outre que, dès que,
depuis que, tandis qu'avec après que apparaissent les deux modes.
71

Ces prépositions ne laissent filtrer aucune influence modale du


dehors. Il en est autrement des deux prépositions les plus
abstraites, de et à, qui ne se construisent avec une proposition
complétive que par l'intermédiaire d'un ce : de ce que, à ce que, et qui
sont suivies de l'indicatif ou du subjonctif d'après ce qui précède.
14. Si la proposition complétive est l'objet d'un verbe, le mode
dépend des mêmes facteurs que nous avons déjà mentionnés à deux
reprises : le flexif : Faites qu'il vienne, le radical : Je veux qu'il
vienne, l'adverbe : Je ne crois pas qu'il le sache, la place du sujet :
Crois-tu qu'il puisse le faire?, la conjonction : Si tu crois que tu
puisses le faire.
Nous constatons encore une fois que c'est la construction, et
non le sens, qui compte. C'est l'inversion du sujet qui favorise le
subjonctif, non le sens interrogatif : Tu crois qu'il peut le faire?
Plus on s'éloigne du radical du verbe, plus devient faible
l'influence modale. Les radicaux verbaux exprimant une volonté
régissent invariablement le subjonctif. Mais la négation ne fait que
rendre possible le subjonctif après croire : Je ne crois pas qu'il Va
(ait) fait
15. Tandis qu'il y a un contact direct entre une proposition
complétive et le verbe dont elle est le régime, le rapport est
beaucoup plus lâche entre une proposition complétive attribut et le sujet
de la phrase; ceci a pour résultat que l'influence modale, venant
de plus loin, devient plus faible. Les expressions de sentiments se
font toujours suivre du subjonctif dans les propositions complétives
objets : Je regrette qu'il l'ait fait, mais si la proposition complétive
est attribut, l'indicatif est tout aussi fréquent que le subjonctif :
Le regrettable est qu'il l'a fait exprès.
16. Il est très rare que l'influence modale vienne d'un facteur
qui doit traverser une proposition entière pour provoquer un
subjonctif. C'est pourtant le cas de l'exemple suivant où un croire
positif est suivi exceptionnellement d'un subjonctif à cause d'un
verbe éloigné d'encore un degré :
Ce que je crains, voyez-vous, c'est que vous croyiez qu'il vous
faille accepter le plus de corvées possible (Marguerite Duras, Théâtre,
104).

S-ar putea să vă placă și