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Langages

La conjugaison objective en français et en espagnol


Klaus Heger

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Heger Klaus. La conjugaison objective en français et en espagnol. In: Langages, 1ᵉ année, n°3, 1966. Linguistique française.
Le verbe et la phrase. pp. 19-39;

doi : https://doi.org/10.3406/lgge.1966.2341

https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1966_num_1_3_2341

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К. HEGER

LA CONJUGAISON OBJECTIVE EN FRANÇAIS


ET EN ESPAGNOL

0. A première vue, le problème évoqué par le titre du présent


article pourrait paraître surprenant. On a l'habitude d'entendre
par le terme de « conjugaison objective » un phénomène plutôt
rare dont on cite comme exemples dans les langues européennes
les paradigmes verbaux du hongrois 1 ou du basque 2 et dont les
exemples extra-européens n'abondent pas non plus. La plupart
des langues connues et avant tout les langues indo-européennes
sont, cependant, jugées être dépourvues d'un tel phénomène, et
il pourrait même paraître révolutionnaire d'aller contre cette
communis opinio. Notre premier but sera donc de prouver qu'en
vue de certaines interprétations du système verbal français
généralement acceptées, il est au contraire tout à. fait naturel de se
demander s'il existe une conjugaison objective en français et dans
d'autres langues romanes.
Le problème que nous nous sommes posé est donc de nature
à requérir des méthodes synchroniques pour sa solution. Ceci ne
sera point contredit par le fait que nous allons procéder par un
examen parallèle de deux langues dont la comparaison paraît être
insinuée par les liens génétiques qui les unissent. Ces liens ne
jouent aucun rôle ni pour les réponses que notre question
trouvera pour le français d'un côté et pour l'espagnol de l'autre, ni
pour la comparaison immédiate de ces réponses. Même
l'interprétation que nous essayerons de donner à cette comparaison dans
une dernière partie (4.4.) ne sera que d'un caractère « méta-dia-

1. Cf. Lucien Tesnière, Éléments de syntaxe structurale (Paris, 1959), chap. 62.
2. Cf. André Martinet, « La Construction ergative et les structures élémentaires
de l'énoncé », Journal de Psychologie normale et pathologique (1958), pp. 377-392, et
dans La linguistique synchronique (Paris, 1965), pp. 206-222, en particulier ibid.,
pp. 217-220.
20

chronique » en. ce qu'elle devra prendre en considération des données


non pas diachroniques en elles-mêmes, mais qui sont les résultats
de la réglementation par une grammaire normative qui, à son
tour, représente une attitude linguistique plutôt diachronique que
synchronique.
1 . Avant de se demander si la « conjugaison objective » existe
dans un système de langue donné, il faut savoir ce qu'on veut
comprendre par celle-ci, et avant de définir la conjugaison
objective en la distinguant d'autres classes conjugationnelles, il faut
définir ce que c'est qu'une conjugaison. Pour arriver à cette
définition, il sera utile de partir de quelques prises de position qui
ont trouvé l'accord de la plupart des linguistes et qui en plus se
rapportent directement à nos questions en particulier. On nous
dit qu'en français moderne, les formes « atones » du pronom
personnel sujet « ont essentiellement pour fonction d'indiquer une
forme particulière de conjugaison aux modes personnels et [elles]
ne possèdent d'autre valeur que celle d'une désinence 3 »; et que
« le substantif personnel, devenant... peu à peu indice personnel,
puis désinence personnelle, en arrive ainsi à fournir au verbe les
éléments de sa conjugaison personnelle. L'apparition du verbe, qui
n*est d'ailleurs pas un fait universel dans les langues..., se produit
donc, quand elle a lieu, par l'agglutination d'un substantif
d'action et d'un substantif personnel 4 ». Ces citations contiennent, au
moins d'une façon implicite, deux définitions qui permettent de
préciser les bases sur lesquelles nous pouvons fonder notre
question :
— Ce sont les « indices personnels » ou les « désinences
personnelles » qui assurent l'existence d'une « conjugaison
personnelle ». D'où s'obtient par extrapolation que la présence de
certains « indices » ou « désinences » est une condition nécessaire
pour qu'il y ait conjugaison.
— Selon la deuxième partie des phrases citées de L. Tesnière, la
présence d'un « indice personnel » ou d'une « désinence
personnelle » n'est pas seulement la condition nécessaire pour qu'il y
ait conjugaison personnelle, mais même la condition suffisante
pour qu'il y ait conjugaison tout court.
Autrement dit, c'est l'agglutination d'un élément linguistique
désignant la relation déictique personnelle entre celui qui parle et
un actant donné à. un lexeme quelconque qui permet de définir

3. Maurice Grevisse, Le Bon Usage (7e éd.), § 470.


4. L. Tesnière, op. cil., chap. 61, § 13.
21

ce lexeme comme lexeme verbal; et la conjugaison d'un verbe


n'est autre chose que le paradigme obtenu par l'énumération dans
un certain ordre de tous les éléments agglutinés à. un lexeme verbal
donné.
Il ne reste qu'à définir les termes « relation déictique
personnelle », « actant » et « élément linguistique agglutiné ». Pour le
premier, nous renvoyons le lecteur à un article où nous avons
essayé d'en donner une définition basée sur l'opposition
conceptuelle entre le moi et le non-moi 5. Quant à l'« actant », il suffit
pour le moment de dire que nous suivons la terminologie de L. Tes-
nière, mais en la restreignant de sorte que ce terme désigne
exclusivement la catégorie conceptuelle envisagée par Tesnière et que
nous avons essayé de définir ailleurs e. Des précisions, nécessaires
aux analyses qui suivront, seront données sous 2.2.1.1. Pour
Г« élément linguistique agglutiné » enfin, par lequel nous avons
remplacé les « indices », « désinences », etc., dont parlent Grevisse
et Tesnière, il semble suffisant de rappeler deux caractéristiques
pour arriver à une définition satisfaisante.
— Il faut qu'il n'y ait qu'un nombre limité de ces éléments, puis-
qu'en définissant la conjugaison comme paradigme obtenu par
leur enumeration nous sommes parti de la condition qu'une
telle enumeration exhaustive soit possible. En appliquant la
distinction bien connue et dans notre cas pas trop
problématique entre lexemes et morphèmes, nos éléments sont
évidemment à classer parmi les morphèmes.
— « Agglutiné » dans l'expression par laquelle nous avons
remplacé les termes « indice », « désinence », etc., veut évidemment
dire que nos éléments n'existent qu'à l'état agglutiné. Ils sont
donc, dans le sens de la distinction également bien connue
entre formes libres (free forms) et formes liées (bound forms),
des formes liées.
Avant d'aller plus loin, il est peut-être utile de rappeler que,
malgré certaines apparences, les deux oppositions que nous venons
d'appliquer ne sont pas équivalentes. Ce qu'elles ont en commun,
ce n'est qu'un trait plutôt négatif : leurs définitions n'arrivent
pas à exclure des zones de transition dans lesquelles il n'y a plus

5. Klaus Heger, « Personále Deixis und grammatische Person », Z. R. Ph., 81


(1965), pp.- 76-97; en ce qui concerne les catégories conceptuelles et le rôle que nous
leur attribuons dans une analyse linguistique, cf. également « Les bases
méthodologiques de l'onomasiologie et du classement par concepts », Tra. Li. Li., Ill, 1 (1965),
pp. 7-32.
6. Klaus Heger, «Valenz, Diathese und Kasus», Z. R. Ph., 82 (1966), pp. 138-170.
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de critère net qui puisse permettre leur application. Pour tout ce


qui, en revanche, se trouve en dehors de ces zones de transition,
il est valable qu'en définissant la distinction entre morphème et
lexeme par l'opposition entre inventaire limité et inventaire
illimité, et en définissant la distinction entre forme liée et forme
libre par l'opposition entre l'absence de la capacité de former un
énoncé autonome minimum et la présence de cette capacité, on
obtient les quatre classes de monèmes suivantes :

morphème lexeme

forme liée morphème lié lexeme lié


p. ex. je p. ex. -di « jour »

forme libre morphème libre lexeme libre


p. ex. moi p. ex. table

Après ces considérations, nous sommes donc muni d'un


appareil méthodologique qui permet de formuler d'une façon plus
précise notre question initiale. Puisque toute classe de morphèmes
liés qui se combinent avec des lexemes verbaux constitue une
classe conjugationnelle respective, la question de savoir si une
certaine classe conjugationnelle existe dans une langue donnée
peut trouver sa réponse dans la preuve de l'existence ou de la
non-existence des morphèmes liés respectifs dans cette langue.
2.1. Pour reprendre le problème de l'existence d'une
conjugaison objective en français nous pouvons élargir un peu le cadre
prévu et obtenir ainsi des produits accessoires également
intéressants en procédant comme suit. Au lieu de chercher
exclusivement des morphèmes liés désignant des actants autres que le
sujet, nous essayerons de dresser une liste semi-exhaustive de tous
les morphèmes liés qui en français moderne se combinent avec des
lexemes verbaux. Ceci nous permettra en même temps une sorte
de localisation de la conjugaison objective à l'intérieur des classes
conjugationnelles dont dispose le français. Nous ne parlons que
d'une liste semi-exhaustive pour justifier un procédé qui fait
23

abstraction tant des « désinences » traditionnelles auxquelles


correspondent des classes conjugationnelles depuis longtemps
canonisées, que des verbes auxiliaires qui posent des problèmes dont
l'examen dépasserait de loin le cadre de cet article. La liste ainsi
délimitée comprend donc :
2.1.1. Les formes « atones » du pronom personnel sujet (je, tu,
il, on, ils); le paradigme qui s'en déduit peut être complété
par extrapolation par des formes qui appartiennent à la fois
aux classes des formes « atones » et des formes « toniques »
(elle, nous, vous, elles). La classe conjugationnelle qui leur
correspond est la conjugaison personnelle subjective bien connue
et qui nous a servi de point de départ.
2.1.2. Les formes «atones » du pronom personnel régime (me,
te, se, le, la, les, leur); ici de nouveau, le paradigme qui s'en
déduit peut être complété par des formes qui appartiennent à
la fois aux classes des formes « atones » et des formes « toniques »
(lui, nous, vous). La classe conjugationnelle qui leur correspond
n'est autre que la conjugaison personnelle objective dont nous
avons posé la question de savoir si elle existe ou non en
français. Après avoir trouvé une réponse affirmative à cette question
en nous servant dans une large mesure des interprétations que
L. Tesnière a données dans ses Éléments de syntaxe structurale,
il semble étonnant de le voir défendre l'opinion contraire :
« Mais il est bien évident que seul l'indice personnel prime
actant est susceptible de fournir le départ d'un système de
désinences ou de préfixes personnels et, par conséquent, d'une
conjugaison 7... » Cette prise de position nous paraît d'autant
moins explicable qu'elle n'est séparée que par quelques pages
du chapitre qui traite la conjugaison objective du hongrois.
2.1.3. Les adverbes pronominaux (y, en). En ce qui concerne
la classe conjugationnelle qui leur correspond, il dépend d'autres
facteurs si l'on veut y voir une conjugaison adverbiale à part
ou, ce que nous préférons, une sous-classe de la conjugaison
personnelle objective ou conjugaison actantielle 8.
2.1.4. La négation ou plutôt, pour reprendre le terme proposé
par Damourette et Pichon et recommandé avec des arguments
supplémentaires par Tesnière 9, le discordantiel (ne). La classe
conjugationnelle qui lui correspond est la conjugaison discor-

7. L. Tesnière, op. cit., chap. 60, § 4.


8. Cf. notre article cité note 6, § 4. 3.
9. Cf. L. Tesnière, op. cit., chap, 91-93.
24

dantielle avec laquelle le français dispose d'un phénomène


comparable aux conjugaisons négatives du finnois et d'autres
langues 10.
2.1.5. Les monèmes interrogatifs /esk/ (est-ce que) et /ti/ (< -t-il)
auxquels correspond comme classe conjugationnelle la
conjugaison interrogative u.
2.1.6. D'autres monèmes dont le caractère soit de morphème
soit de forme liée est plus ou moins discutable pourraient
s'ajouter à cette liste. A titre d'exemples, nous en mentionnons /ask/
(à ce que) et /aveksak/ (avec ça que) qui seraient à classer dans
un groupe étroitement apparenté à la catégorie traditionnelle
du mode.
De toutes ces classes conjugationnelles, nous ne retiendrons
que la conjugaison objective. Cependant, nous croyons qu'il n'a
pas été sans intérêt pour des études structurales et plus encore
pour des réflexions méthodologiques de montrer que le français
dispose de phénomènes tels qu'une conjugaison négative ou une
conjugaison interrogative, assez souvent jugés quelque chose
d'exotique.
2.2.1. Avant de présenter les paradigmes de la conjugaison
objective du français, quelques remarques préliminaires sont
requises par les points suivants des schémas que nous allons
employer pour ces paradigmes.
2.2.1.1. Les chiffres 1, 2 et 3 indiquent les actants selon la
terminologie employée par L. Tesnière (1 = prime actant = sujet;
2 = second actant == complément direct; 3 = tiers actant = com- '
plément indirect). Ce procédé n'est conciliable avec la définition
de l'actant comme catégorie conceptuelle telle que nous l'avons
donnée dans notre article cité plus haut (note 6), que grâce au
fait que nous nous limitons ici à certains cas particuliers parmi les
correspondances possibles entre les actants simplement énumérés
et les fonctions actantielles définies selon nos analyses. Si au
contraire on voulait donner le paradigme de la conjugaison
objective sans cette limitation, il faudrait remplacer les chiffres 1, 2
et 3 par la liste plus large et plus complexe des fonctions
actantielles 12.

10. Cf. ibid., chap. 88, §§ 7-10.


11. Cf. ibid., chap. 84, §§ 17-25.
12. Plus précisément, il s'agit des correspondances qu'indique le schéma
suivant; les fonctions actantielles, qui y figurent, sont définies dans notre article cité
note 6, §§4.2.1. et 4.2.3. :
25

2.2.1.2. Les formules 0, OE et OE sont employées en accord


avec l'analyse des catégories déictiques personnelles que nous
avons proposée dans notre article cité plus haut (note 5). Ils
correspondent approximativement aux lre, 2e et 3e personnes
grammaticales et plus exactement au moi (0), au non-moi participant
à l'acte de communication (OE) et au non-moi non participant à
l'acte de communication (OE). Puisque ce dernier n'est défini que
de façon négative, il faut prévoir le cas d'une délimitation
secondaire par l'identification de deux ou plusieurs OE figurant dans
différentes fonctions actantielles. C'est pourquoi nous introduisons
en plus l'opposition entre 0E= et OE Ф pour le second et le tiers
actants, indiquant ainsi leur identification ou non-identification
avec le prime actant. Nous faisons abstraction, au contraire, du
cas théoriquement équivalent d'une identification de OE-second
actant et OE-tiers actant pour laquelle il n'existe pas de
désignation propre ni en français ni en espagnol.
2.2.1 .3. La catégorie zéro (0) indique l'absence de l'actant
respectif. Pour les second et tiers actants, cette absence ne pose
pas de problème. Les colonnes respectives contiennent les
conjugaisons à valence inférieure d'un degré à celle du schéma. Dans
les schémas 2.2.2. et 3.2.2. qui représentent la conjugaison
objective d'un verbe désignant un procès bivalent, c'est donc la
conjugaison subjective ou « normale » qui y figure. Dans les
schémas 2.2.3. et 3.2.3.3., celle-ci apparaît de nouveau dans
les cases deux fois marquées zéro. La première colonne verticale de
ce second schéma, marquée zéro pour le tiers actant, ne reprend
que la conjugaison objective simple telle que la contient le premier

actants fo nctions actantiell es


en cas de
trivalence bivalence monovalence

prime actant predicative ou predicative,


causal finale causale ou finale

second actant anticausale ou


anticausal finale antifinale

tiers actant finalcausale


26

schéma, tandis que les suites marquées zéro pour le second actant
représentent une conjugaison à bivalence obtenue par la
suppression du second actant 13. En principe, il aurait été logique de
prévoir une catégorie zéro également pour le prime actant et de
rendre possible par là une régression jusqu'à l'avalence. Cependant,
un tel procédé aurait soulevé un nombre de problèmes — parmi
eux celui du marquant de l'avalence en français et en espagnol et
celui des oppositions du type lui est : lui il est — qui
déborderaient par trop le cadre de cet article. Malgré l'intérêt que ces
problèmes méritent sans doute, nous avons donc préféré ne pas
inclure la catégorie zéro pour le prime actant dans nos
schémas.
2.2.1 .4. Enfin, deux remarques plutôt techniques sont requises
par des procédés que nous avons jugés utiles pour simplifier et
par là rendre plus efficaces ces schémas.
2.2.1.4.1. Pour mieux faire ressortir la conj ugaison personnelle
en tant que désignation des relations déictiques personnelles,
nous faisons abstraction des oppositions formelles que l'on
attribue aux catégories traditionnelles du genre (il : elle, le :
la, etc.) et du nombre (je : nous, il : ils, lui : leur, etc.) u. Si
on les avait gardées, il aurait fallu les prévoir pour chaque actant
séparément et construire ainsi un schéma tellement complexe
qu'il n'aurait plus laissé voir les lignes principales. Il est facile
de calculer le degré de cette complexité : le schéma de la
conjugaison des verbes désignant un procès trivalent se serait composé
de plus de 450 cases.
2.2.1 .4.2. Pour mieux faire ressortir le caractère « désinentiel »
des morphènes liés énumérés plus haut (2.1.1. et 2 . 1 .2 .), nous
employons une graphie semi-phonologique 15 au lieu de
l'orthographe canonique qui représente plutôt Г etymologie que les
structures actuelles.

13. Cf. notre article cité note 6, § 2.3.1.


14. Ces catégories exigeraient à leur tour des réinterprétations dont les résultats
seraient assez divergents de ce que dit la grammaire traditionnelle. L'opposition du
genre qui -pour OE (3e personne) relève normalement de l'accord grammatical, a
pour OE (cf. arabe anta : anti) et О plutôt la fonction sémantique autonome d'indiquer
le sexe de l'interlocuteur. Pour les problèmes que pose la soi-disant opposition du
nombre, cf. maintenant Jean Dubois, Grammaire structurale du français (Paris, 1965),
pp. 105-106.
15. Le but de cette graphie est exclusivement la représentation aussi simple
que possible des monèmes. Nous préférons donc ne pas discuter les problèmes
phonologiques qui se poseraient par exemple pour les [э] (que nous supprimons) ou pour
les [1] finaux de il (que nous ne supprimons que là où ils ne se trouvent pas dans les
combinaisons — 11— et —111 —).
27

2.2.2. La conjugaison objective des verbes désignant des procès


bivalents ne pose pas de problème en ce qui concerne les formes
dont elle se compose et qui sont toutes bien établies dans la
grammaire normative. En voici le paradigme (basé sur l'indicatif du
présent du verbe voir) :

2
1 0 0 OE OE= OE^

0 žvwa žmvwa žtvwa X žlvwa

ÔE tiivwa ttimvwa tiitvwa X tiilvwa

OE ivwa imvwa itvwa isvwa illvwa

2.2.3. La conjugaison objective des verbes désignant des procès


trivalents présente une situation moins homogène. En
concordance avec les trois actants qui entrent en jeu, le lexeme verbal
doit être accompagné ici à la fois de trois morphèmes liés désignant
des relations déictiques personnelles. Selon les règles bien connues
de la grammaire normative, cependant, ne sont admises que les
combinaisons suivantes :

dans l'ordre 13 2 et dans l'ordre 12 3


je me le je le lui
je te le tu le lui
tu me le il le lui
tu te le
il me le
il te le
il se le

Les formes correspondant à ces combinaisons canoniques sont


données en caractères normaux dans notre schéma.
28

Dans tous les autres cas, nous disent les grammaires, le


français a recours aux formes « toniques » du pronom personnel pour
éviter des combinaisons non canoniques. Cependant, il est
également bien connu que ces formes existent malgré l'anathème de la
grammaire normative et qu'elles se trouvent plus ou moins
fréquemment les unes et plutôt sporadiquement les autres. Il suffît
de reprendre les exemples cités par D amourette et Pichon dans le
tome 3 de leur Essai de Grammaire pour en déduire les bases d'une
conjugaison objective complète même des verbes désignant un
procès trivalent. Les formes construites sur ces bases sont données,
en italiques dans notre schéma.

Exemple a : « il ne faut pas que je me lui casse » (= « il ne faut


pas que, pour [lui], je me casse ») (§ 939).
Cet exemple suggère l'existence des combinaisons suivantes :

par interprétation par interprétation


analogique directe : analogique généralisante :
12 3 12 3
je me lui je te lui
tu te lui tu me lui
il se lui il me lui
il te lui

Les formes correspondant aux combinaisons de la première


colonne seront accompagnées de l'indice a, celles correspondant
aux combinaisons de la deuxième colonne de l'indice aa.

Exemple b : « je vous me montrerai » (= « je me montrerai à vous »)


(§ 942).
Cet exemple suggère l'existence des combinaisons suivantes :

1 3 2
je te me
tu me te
il me se
il te se

Les formes correspondant à ces combinaisons seront


accompagnées de l'indice b.
29

Exemple с : « tu te me rappelles, quand j'avais vingt ans? » (= « tu


te rappelles moi ») (§ 942).
Cet exemple suggère l'existence des combinaisons suivantes :

1 3 2
je me te
tu te me
il se me
il se te

Les formes correspondant à ces combinaisons seront


accompagnées de l'indice c.
En plus, en combinant les exemples b et c, on arrive à déduire,
par interprétation analogique généralisante, l'existence des
combinaisons suivantes :

1 3 2
il me te
il te me

Les formes correspondant à ces combinaisons seront


accompagnées de l'indice bc.

Exemple d : « ma mémoire ne me me montre pas mettant la lettre


à la poste » (= « ne montre pas mon image à mon esprit »)
(§ 942).
Cet exemple suggère l'existence des combinaisons suivantes :

par interprétation par interprétation


analogique directe : analogique généralisante :
1 3 2 1 3 2
je te te je me me
tu me me tu te te
il me me il se se
il te te

Les formes correspondant aux combinaisons de la première


colonne seront accompagnées de l'indice d, celles correspondant
aux combinaisons de la deuxième colonne de l'indice dd.

La conjugaison objective des verbes désignant des procès tri-


valents peut donc être représentée par le paradigme suivant (basé
sur l'indicatif du présent du verbe présenter) :
30

2 3 0 О OE OE= OE9Í:
1

0 zprezât zmprezât ztprezât X zlwiprezât

О zmprezât zmmprezât dd ztmprezât b X zmlwiprezât a


о
ÔE ztprezât zmtprezât с zttprezât d X ztliv iprezât aa

ÔË zlprezât žmlprezát ztlprezât X zllwiprezât

в tuprezât tumprezât tiitprezât X ttilwiprezât

О tumprezât tûmmprezât d tûimprezât с X tëmlwiprezât aa


ÔE
OE ttitprezât tiimtprezât b tuttprezàt dd X tutliviprezât a

ÔË tulprezât tûmlprezât tiitlprezât X tûllwiprezât

0 iprezât imprezât itprezât isprezât ilwiprezât

О imprezât immprezât d itmprezât.bc ismprezât с imlwiprezàt aa

ÔË ÔE itprezât imtprezât bc ittprezàt d istprezât с itlibiprezàt aa

ÔË= isprezât imsprezât b itsprezàt b issprezàt dd isliviprezât a

ÔË^t illprezât imlprezât itlprezât islprezât illlwiprezât

3.1. Si nous passons à l'espagnol et nous demandons s'il dispose


lui aussi d'une conjugaison objective, la situation se présente d'une
façon beaucoup moins complexe qu'en français. Au lieu des
différentes listes que nous avons pu dresser sous 2 . 1 . , nous n'en
trouvons qu'une seule qui comprend les formes « atones » du pronom
personnel régime (me, te, se, le, lo, la, nos, os, les, los, las). Ce résultat
permet de nouveau de donner une réponse affirmative à la question
31

qui forme notre point de départ, mais il laisse entrevoir d'autre


part une différence fondamentale entre les deux langues en ce qui
concerne les conjugaisons négative et interrogative.
3.2.1 . Les paradigmes que nous allons donner de la conjugaison
objective en espagnol amènent les mêmes questions que celles qui
ont été déjà traitées sous 2.2.1.1., 2.2.1.2. et 2.2.1.3. Il ne
faut que signaler deux différences entre l'espagnol et le français
qui concernent les points traités sous 2.2.1.4. :
3.2.1 .1 . En plus des oppositions de genre et de nombre,
l'espagnol désigne l'opposition d'animé et d'inanimé par celle des
monèmes le : lo, la. Nous en faisons abstraction pour les mêmes
raisons que nous avons données dans le cas des deux autres
oppositions.
3.2.1.2. Puisqu'en espagnol la distance qui sépare la structure
phonologique de sa représentation orthographique n'est pas
aussi grande qu'en français, nous pouvons renoncer au moyen
d'une transcription semi-phonologique et garder l'orthographe
canonique. Nous n'y ajouterons que des traits d'union pour
insister sur le lien étroit qui existe entre le lexeme verbal et le
morphème lié.
3.2.2. Comme en français, la conjugaison objective des verbes
désignant des procès bivalents ne se compose que de formes bien
établies dans la grammaire normative. En voici le paradigme (basé
sur l'indicatif du présent du verbe ver) :

2
0 О OE OE= OE^
1

0 veo me-veo te-veo X lo-veo

OE ves me-ves te-ves X lo-ves

ÔË ve me-ve te-ve se-ve lo-ve

3.2.3. La conjugaison objective des verbes désignant des procès


trivalents présente également en espagnol une situation moins
32

homogène, mais qui à la fois se distingue profondément de celle


que nous avons observée en français. D'un côté, il serait assez
difficile de tracer pour l'espagnol une frontière aussi nette qu'en
français entre les combinaisons canonisées par la grammaire
normative et les combinaisons non canoniques. On pourrait donc être
tenté de parler d'une rigueur moins grande des traditions
grammaticales en espagnol et d'y voir l'explication de la différence entre
les deux langues. Mais de l'autre côté, deux sortes d'ambiguïtés
inconnues en français compliquent la situation et rendent
impossible l'établissement d'un paradigme aussi complet et univoque
que nous avons pu l'offrir sous 2.2.3.
3.2.3.1. Ces ambiguïtés proviennent de :
3.2.3.1.1. La polyvalence du morphème lié se qui fonctionne
à la fois comme pronom réfléchi et comme variante combinatoire
du pronom personnel complément indirect de la 3e personne.
La distinction entre 1OË + 2<Жф + 301= (/islprezât/) et
1OË + 2ÔË Ф + ЗОЕ Ф (/illlwiprezât/) n'est donc pas faite
en espagnol (se-lo-presenta).
3.2.3.1.2. La non-distinction entre complément direct et
complément indirect ne se trouve pas seulement dans les morphèmes
liés me, te, se (comme en français) mais, grâce à ses fonctions de
complément indirect et de complément direct animé,
également dans le. Cette situation, d'autant moins susceptible d'une
réglementation normative qu'elle est compliquée en plus par
les préférences régionales connues sous les noms de leismo,
loismo et laismo, ferait attendre une régression des formes
« atones » du pronom personnel régime devant le recours aux
périphrases à, l'aide des formes « toniques » respectives. Mais
un tel effet est neutralisé au moins en partie par le fait que
ces formes « toniques » sont caractérisées par la même
ambiguïté que les formes « atones » : a mi, a ti, a si (mismo) et a él
également fonctionnent à la fois comme compléments indirects
et comme compléments directs animés. Assez souvent, ce ne
sont donc pas des périphrases, mais le seul contexte qui peut
lever ces ambiguïtés. Un critère contextuel qui y joue un rôle
particulier est le degré de probabilité d'identification du prime
actant avec le second actant ou avec le tiers actant. C'est donc un
critère qui dépend des implications sémantiques du lexeme verbal
respectif. Nous nous en servirons pour justifier l'admission dans
notre paradigme de certaines formes souvent jugées inadmissibles.
33

3.2.3.2. D'après ce qui précède nous pouvons classer les


combinaisons admises et semi-admises comme suit :
3.2.3.2.1. Sont libres de toute ambiguïté les combinaisons:
321 321 321
me lo -o me lo -as me lo -a
te lo -o te lo -as te lo -a
se lo -o se lo -as
Les formes correspondant à, ces combinaisons seront données
en caractères normaux.
3.2.3.2.2. Est soumise à l'ambiguïté selon 3.2.3.1.1. la
combinaison :
3 2 1
se lo -a
La forme correspondant à cette combinaison sera donnée en
caractères normaux.
3.2.3.2.3. Sont soumises à l'ambiguïté selon 3.2.3.1.2. les
combinaisons suivantes :
2.3.2.3.1. 2 3 1 égaux à 3 2 1
se me -a se me -a
se te -a se te -a
le
se le -a se -a
lo
En théorie seules les combinaisons de la première* colonne sont
admises. En pratique, cependant, c'est plutôt le critère de
probabilité d'identification mentionné sous 3.2.3.1.2. qui
décide de l'interprétation, cf. les exemples suivants :
se me présenta se me imagina
se te présenta se te imagina
se le présenta se le (lo) imagina
Dans le premier cas, les deux identifications (prime actant et
second actant/prime actant et tiers actant) sont en théorie
également possibles et l'exemple ne peut être interprété que
selon les combinaisons admises de la première colonne
(identification du prime actant avec le second actant). Le deuxième
groupe d'exemples, au contraire, rend plus probable
l'identification du prime actant avec le tiers actant, donc l'interprétation
selon la deuxième colonne. Ceci justifiera de faire figurer dans
notre paradigme, à côté des formes correspondant à la première
34

coloime données en caractères normaux, également celles qui


correspondent à la deuxième colonne et que nous donnerons en
italiques et exemplifiées à l'aide du verbe imaginar.
3.2.3.2.3.2. Des conditions tout à fait analogues caractérisent
la situation dans le cas de la combinaison semi-admise te me.
Normalement, c'est l'identification du prime actant avec le
second actant qui l'emporte :
3-2-1 te me présente = « je me présente à toi »
2-3-1 te me présentas = « tu te présentes à moi »

Avec les implications sémantiques du lexeme imagin - c'est


au contraire l'identification du prime actant avec le tiers actant
qui paraît plus probable et qui donne lieu à l'interprétation
inverse :
2-3-1 te meimagino = « je m'imagine toi »
3-2-1 te me imaginas = « tu t'imagines moi »

Pour ces cas, nous employerons le même procédé que sous


3.2.3.2.3.1. (caractères normaux pour les deux premiers
exemples, italiques et exemplification à l'aide du verbe imaginar
pour les derniers).
L'ambiguïté devient insoluble au moment où le critère de
probabilité d'identification manque :
3-2-1 ) , , « il me présente à toi »
2-3-1
o o . J\ te me présenta = « il
., te
. présente
, . a, moi »

Puisque le recours aux périphrases à l'aide des formes « toniques »


me présenta a ti et te présenta a mi n'enlèverait l'ambiguïté que
partiellement (cf. 3.2. 3.1. 2.), nous garderons la forme te me
présenta dans ses deux fonctions et la donnerons en italiques.
3.2.3.2.3.3. Des questions comparables se posent enfin pour
les combinaisons me le et te le. Elles n'entrent dans notre schéma
que dans les cas où le critère de probabilité d'identification
peut être appliqué :
o -i [mele présente — « je me présente à lui »
( te le présentas = « tu te présentes à lui »
о с, л mele imagino = « je m'imagine lui »
te le imaginas = « tu t'imagines lui »

Nous donnerons donc les exemples du type 2-3-1 en italiques;


ceux du type 3-2-1 sont des variantes combinatoires des
combinaisons uniyoques me lo et te lo (cf. З.2.З.2.1.).
35

Dans les cas qui restent et où le critère de probabilité


d'identification n'est pas applicable (me-le-presentas, me-le-presenta, te-
le-presento, te-le-presenta), les combinaisons me le et te le sont
à interpréter comme des variantes combinatoires des
combinaisons univoques me lo et te lo. Les cases auxquelles auraient
correspondu me le et te le interprétés dans le sens de 2-3,
resteront donc vides.

3 0 OE OE = OEyé
1 2 0

0 presento me-presento te-presento X le-presento

О me-presento me-me-presento te-me-presento X me-le-presento


0
ÔE te-presento te-me-imagino te-te-presento X

"ÔË Io-presento me-lo-presento te-lo-presento X se-lo-presento

0 présentas me-presentas te-presentas X ïe-presentas

О me-presentas me-me-presentas te-me-imaginas X


ÔE
ÔE te-presentas te-me-presentas te-te-presentas X te-le-presentas

OË"
lo-presentas me-lo-presentas te-lo-presentas X se-lo-presentas

0 présenta me-presenta te-presenta se-presenta le-presenta

0 me-presenta me-me-presenta te-me-presenta se-me-imagina

OÈ ÔE te-presenta te-me-presenta ie-te-presenta se-te-imagina

ÔË= se-presenta se-me-presenta se-te-presenta se-se-presenta se-le-presenta

ÔE7Ê lo-presenta me-lo-presenta te-lo-presenta se-lo-presenta


36

3.2.3.2.4. Restent les formes plutôt rares qui sont obtenues


par un double emploi du même morphème lié (me me, te te,
se se) et qui par là ne posent pas de problème d'ambiguïté. Elles
seront données en italiques.
3.2.3.3. La conjugaison objective des verbes désignant des
procès trivalents peut donc être représentée par le paradigme
suivant (basé sur l'indicatif du présent du verbe presentar, sauf
dans les cas indiqués sous 3.2.3.2.3.1. et 3.2.3.2.3.2.) (cf.
page précédente).
4. Jusqu'ici nous avons étudié séparément la conjugaison
objective du français et celle de l'espagnol. Il est pourtant clair
que ces analyses parallèles ont été faites en vue d'une
confrontation des paradigmes qui en sont les résultats et qui se distinguent
par plusieurs traits caractéristiques dont il faut mentionner au
moins les suivants.
4.1. Un premier trait que nous ne pouvons pas passer sous
silence est universellement connu grâce au fait qu'il se trouve
déjà dans la conjugaison subjective des deux langues. Tandis
qu'en français tous les morphèmes liés indiquant des relations
déictiques personnelles précèdent le lexeme verbal (sauf dans les
cas particuliers et bien délimités tels que l'impératif), l'espagnol
n'offre ce genre d'agglutination préfixale que pour les morphèmes
liés qui correspondent aux second et tiers actants. Le prime actant,
au contraire, y est désigné par un morphème lié qui suit le lexeme
verbal.
4.2. Tandis qu'une confrontation des paradigmes de la
conjugaison objective des verbes désignant des procès bivalents
n'aboutit qu'à l'observation d'une structure identique dans les deux
langues, des différences profondes surgissent dès qu'on passe aux
paradigmes qui se rapportent aux procès trivalents.
4.2.1. Le paradigme donné pour le français (2 . 2 . 3 . ) est complet,
ce qui veut dire que cette langue dispose d'une désignation propre
pour chacune des combinaisons possibles entre une catégorie déic-
tique personnelle selon les oppositions О : OE : OE= : OE^ et
une fonction actantielle selon les définitions simplifiées de la
terminologie de Tesnière (cf. 2.2.1.1.). L'espagnol, au contraire,
ne possède qu'un paradigme défectif (3.2.3.3.). En plus des quatre
cases vides qui correspondent aux combinaisons théoriquement
possibles mais qui ne peuvent pas être désignées par une simple
forme conjuguée du verbe, il n'y a, sur les 30 cases qui restent
37

d'une véritable conjugaison à trivalence, que 15 (dont sept formes


obtenues par double emploi d'un morphème lié selon 3.2.3.2.4.)
qui ne soient pas atteintes par les ambiguïtés traitées sous 3.2.3.1.
Exprimé en chiffres (qui peuvent varier légèrement pour l'espagnol
selon les préférences pour le leismo ou le loismo) : pour désigner
les 34 combinaisons possibles — chiffre qui s'obtient en faisant
abstraction de celles qui sont marquées zéro au moins une fois et
qui appartiennent à la fois aux conjugaisons à valence inférieure
— le français possède 34 formes différentes, l'espagnol seulement
24 ou même 21 si l'on prend en considération le fait que me-le-
presento, te-le-presentas et se-le-presenta peuvent être considérés
comme variantes combinatoires de me-lo-presento, te-lo-presentas
et se-lo-presenta. Il est donc justifié de dire que le système de
conjugaison objective est plus développé en français qu'en
espagnol.
4.2.2. Il a été indiqué plus haut (3.2.3.) qu'une frontière nette
entre les formes canonisées par la grammaire normative et les
formes non canoniques telle qu'elle existe en français, ne peut pas
être tracée d'une façon analogue pour l'espagnol. Malgré cette
difficulté, il n'est pas sans intérêt de confronter les cas où le degré
de « grammaticalité » diffère sensiblement d'une langue à l'autre .
- „ . forme espagnole dont la grammaticalité est hors'
forme française
. de
, doute
j . ou au moins
. semi-admise
• j • (précédée
/ a -jí deл
vr
non canonique 4 , , . ч
n * dans ce dernier cas) :
tmprezât = * te-me-presento
tiimtprezât = * te-me-presentas
imsprezât = se-me-presenta
itsprezât = se-te-presenta
islibiprezât = se-le-presenta
II n'existe pas de cas inverse. Ce résultat confirme ce qui a été
dit au sujet d'une rigueur moins grande qui caractérise l'espagnol
et qui peut être interprétée aussi comme tendance plus marquée,
du côté de la grammaire normative espagnole, de reconnaître
l'existence d'une conjugaison objective.
4.3. La même disposition plus favorable vis-à-vis de la
conjugaison objective se retrouve dans les règles qui concernent l'emploi
syntagmatique des formes que nous n'avons étudiées que sur le
plan paradigmatique. En français aussi bien qu'en espagnol on
peut observer la tendance à employer ces formes partout, c'est-
à-dire indépendamment du fait qu'il y ait ou non, dans la même
38

phrase, encore d'autres monèmes, cette fois non liés au lexeme


verbal, qui désignent les actants. Pour montrer, cependant, que
cette tendance est admise sinon obligatoire en espagnol tandis
qu'en français les formes correspondantes employées d'une façon
analogue sont proscrites et à cause de cela rarissimes dans le cas
d'une conjugaison objective à trivalence, il suffit de reprendre les
deux exemples suivants dont nous nous sommes servi déjà
ailleurs ie :

fr. : esp. :
il la lui a donnée, à Jean, este libro, se lo ha dado
son père, sa moto 17 mi amigo a mi hermano

La structure est la même dans les deux exemples, mais la


différence en ce qui concerne le degré de grammaticalité ne pourrait
guère être illustrée d'une façon plus choquante.
4.4. La confrontation des deux systèmes étudiés révèle ainsi
une situation bien étonnante : le système nettement plus
développé et plus sensible aux distinctions à désigner n'existe pour
une grande partie qu'à l'ombre de la proscription normative, tandis
que le système défectif et exposé à de nombreuses ambiguïtés jouit
presque pleinement du soleil de la grammaticalité. Ce résultat
paradoxal exige une explication qui, selon nous, peut être trouvée au
moins en partie dans les considérations « méta-diachroniques »
dont nous avons parlé au commencement. Si l'on veut expliquer
l'attitude d'une grammaire normative, du moins européenne, il
faut s'en tenir à son modèle vénéré qu'est la grammaire latine, et,
s'il s'agit de la grammaire normative d'une langue romane, il faut
compter avec l'identification du degré de grammaticalité avec le
degré de latinité. Puisque le latin n'a pas connu de conjugaison
objective, les langues romanes ne doivent pas en avoir non plus.
Puisque l'espagnol a conservé les désinences latines de la
conjugaison subjective et les oppose visiblement aux nouveaux
morphèmes liés préfixés (cf. 4. 1 .), ces derniers peuvent trouver
l'approbation normative pourvu qu'ils se contentent de leur ancien nom
de « pronoms » et n'aspirent pas à trahir par une nouvelle
dénomination le fait qu'ils sont en réalité quelque chose de très différent.
Puisque le français, au contraire, a remplacé les désinences latines

p. 95.16. Cf. notre article « Personále Deixis und grammatische Person » (cité note 5),
17. Cité par L. Tesnière, op. cit., chap. 72, § 19; cf. également A. Martinet,
article cité note 2, p. 219.
39

par ses morphèmes liés préfixés, il a rendu trop visible le


parallélisme entre ces morphèmes qui indiquent le prime actant et ceux
qui indiquent le second ou le tiers actants. Il est donc tout à fait
naturel qu'une grammaire normative bien consciente de son modèle
idéal doive réagir par des proscriptions sévères contre un tel degré
de délatinisation qu'elle identifie avec dégrammaticalisation.
Ce à quoi aboutit une telle proscription, se voit bien dans le
fait que même un observateur aussi perspicace que Lucien Tesnière
a hésité à rompre avec la tradition qui suppose un gouffre presque
infranchissable entre les conjugaisons subjective et objective. Si
nos analyses ont contribué à une description plus claire et plus
cohérente des phénomènes en question, c'est tout de même lui à
qui il faut en attribuer le mérite : en principe, nous n'avons que
dit d'une façon explicite ce qui se trouve déjà indiqué dans les
chapitres cités des Éléments de syntaxe structurale.

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