Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
net/publication/264449919
CITATIONS READS
8 1,727
2 authors:
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
All content following this page was uploaded by Hamid Gualous on 18 February 2015.
1. Caractérisation
Capacité (F)
400
et performance 300
des supercondensateurs 200
0
Des développements récents dans le domaine des superconden-
10–2 10–1 1 10 102 103 104 105
sateurs ont montré que l’on doit faire appel à des modèles élabo-
rés pour décrire leur comportement. Il est indispensable de tenir Fréquence (Hz)
compte des différents paramètres que sont la fréquence, la tension
et la température. Figure 1 – Évolution de la capacité d’une cellule 350 F
en fonction de la fréquence
La pratique montre qu’un modèle simplifié permet de décrire
d’une manière fidèle le comportement électrique d’un super-
condensateur. Ce modèle est composé de deux branches. La
modélisation est détaillée dans les références [1] [2] [3] [4] [5] et
5
ESR (mΩ)
dans la thèse [23].
4
1.2 Caractérisation
3
Électrolyte Séparateur
Capacité (F)
– 450
+ 1 mHz
+ –
+ – 400
+
+ –
+ –– Charbon actif 350
+ – 10
0 mH
mHz
+ –– 300
++ – 100 mHz
+ + –
– 250
+ –
+ –
+ – 200
Collecteur + –
+ –– Ion positif 150
Ion négatif + –
++ – 1 Hz
100
+ –
Électrode 50
10 Hz
0
Rc Cdl Re + Ri Cdl Rc 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Tension (V)
Rp
Figure 4 – Variation de la capacité d’un supercondensateur
de capacité 350 F en fonction de la tension pour différentes fréquences
Cdl est la capacité de la double couche électrique (Doc. Maxwell)
ESR (mΩ)
La figure 4 montre une forte variation de la capacité différentielle 12
1 mHz
Ciu en fonction de la tension appliquée U à basse fréquence :
Ciu = Co + 2 K |U | 10
Branche Branche
Capacité (F)
300 R1 R2
200
U sc C1 U1 C2 U2
100
0
10–2 10–1 1 10 102 103 104
Fréquence (Hz) Figure 7 – Schéma électrique équivalent d’un supercondensateur
7
ESR (mΩ)
6
5 2. Dimensionnement
4
3
et équilibrage
2 des supercondensateurs
1
0 2.1 Dimensionnement
10–2 10–1 1 10 102 103 104
Fréquence (Hz) Un module de supercondensateurs est dimensionné selon un
– 20 °C 20 °C
cahier des charges établi en fonction de la puissance demandée et
de la durée pendant laquelle le module doit fournir cette puis-
– 10 °C 40 °C sance. La méthodologie de dimensionnement est illustrée par le
0 °C 60 °C diagramme de la figure 8. Cette méthode consiste à :
— fixer les niveaux des tensions et des courants nominaux ;
— déterminer la capacité totale du module de super-
Figure 6 – Évolution de la capacité et de la résistance série condensateurs à utiliser ;
d’un supercondensateur de capacité 350 F en fonction de la fréquence — déterminer le nombre d’éléments à mettre en série N série et
pour différentes températures en parallèle N parallèle .
On définit les paramètres suivants :
P puissance fixée par le cahier des charges ;
Expérimentalement il ressort que R i , la résistance de l’électrolyte ∆t durée pendant laquelle le module de supercondensateurs
du supercondensateur en basse fréquence, varie selon la relation : fournit la puissance demandée (temps de décharge) ;
1 + exp ( – k T ∆ T ) U maxtension maximale du module de supercondensateurs ;
R i = R iA -----------------------------------------------
- (1) U mintension minimale du module de supercondensateurs, géné-
2
ralement U min = U max /2, car lorsque le module de super-
avec R iA valeur de la résistance de l’électrolyte à température condensateurs se décharge entre U max et U max /2, 75 %
ambiante, de la puissance électrique stockée est consommée ;
I courant moyen de décharge des supercondensateurs ;
∆T différence entre la température de fonctionnement et la
température ambiante, Ct capacité totale du module de supercondensateurs ;
R résistance série équivalente totale des supercondensateurs.
kT coefficient de dépendance de la température,
kT = 0,025 oC–1 [7]. La capacité totale et la résistance interne R du module de super-
condensateurs sont calculées d’après le nombre de cellules mises
en série ou en parallèle. Ces deux paramètres sont donnés par :
1.2.4 Analyse temporelle Ct = C (N parallèle /N série) (2)
La procédure d’identification des paramètres du modèle à deux et R = ESR (N série /N parallèle) (3)
branches d’un supercondensateur repose sur l’analyse de la
variation de la tension aux bornes du supercondensateur. Durant la avec C capacité,
phase de charge, ce sont les paramètres de la branche principale ESR résistance série des cellules de supercondensateur
(figure 7) qui sont identifiés. Lorsque la charge est terminée, la utilisées pour construire le module,
redistribution interne de l’énergie aux bornes du composant
permet de déterminer les paramètres de la branche lente. Cette N série nombre d’éléments en série,
procédure est viable dans l’hypothèse où les constantes de temps N parallèle nombre d’éléments en parallèle.
sont éloignées (R 2 C 2 R 1 C 1) et cela, pour éviter que la branche Pour déterminer N série , il suffit de diviser la tension U max à
lente n’influence le cycle de charge. atteindre par la tension maximale admise par un élément super-
Ces paramètres sont déterminés expérimentalement à partir de condensateur. Pour des profils de température et de durée
la charge et de la décharge des supercondensateurs à courant données, l’équation régissant la variation de la tension aux bornes
constant. Généralement, on utilise un banc d’essai à base d’un du module de supercondensateurs est donnée par :
hacheur dévolteur régulé en courant. La procédure d’identification
∆t
des paramètres du modèle à deux branches est décrite dans les U max – U min = I -------- + RI (4)
références suivantes [1] [2] et dans la thèse [24]. Ct
Calcul de Nsérie R5
Fin +
d’équilibrage
Figure 8 – Algorithme décrivant le dimensionnement d’un module A
de supercondensateurs à partir de la puissance demandée
Circuit
A et B
+ Circuit d’équilibrage
d’équilibrage
B actif Maxwell
Pour déterminer le courant moyen I, on utilise les expressions
Circuit
B et C
suivantes : –
I max = P /U min et I min = P /U max +
d’équilibrage
C et D
–
Les caractéristiques des supercondensateurs font apparaître deux +
tensions. La première, appelée tension de travail, peut être appli-
d’équilibrage
quée pendant la durée de vie du supercondensateur sans dégrada- D
Circuit
D et E
tion ni dommage. La seconde, préjudiciable aux composants, –
appelée tension de crête, peut être appliquée pendant quelques
centaines de millisecondes. Cependant, quand un supercondensa- E
teur est soumis à une tension de crête, l’électrolyte organique dans –
la cellule commence à se décomposer en un produit gazeux. Si cette
tension appliquée aux bornes du composant persiste, la pression –
va s’accumuler jusqu’à la destruction du composant. L’analyse et
l’étude réalisées sur le comportement des supercondensateurs lors
Figure 10 – Branchement du circuit d’équilibrage
de leurs associations montrent la nécessité d’un circuit d’équili-
brage afin de répartir équitablement la tension sur chaque cellule.
C’est pourquoi, les différents constructeurs offrent deux types de
circuit d’équilibrage, passif et actif. nique de puissance placé en parallèle avec le supercondensateur.
Il permet de dévier le courant lorsque la tension aux bornes du
supercondensateur avoisine la tension maximale admissible.
2.2 Équilibrage L’inconvénient principal de ce circuit est son coût très élevé
(pratiquement le même coût qu’un supercondensateur).
a. Équilibrage passif
Il existe un autre circuit d’équilibrage actif faible courant pour
Le circuit d’équilibrage passif est le plus simple à mettre en compenser les pertes dues au courant de fuite. Le coût de ce circuit
œuvre. Il est constitué d’une résistance en parallèle sur chaque est très faible par rapport aux précédents, le circuit se place entre
cellule supercondensateur dans un module. La valeur de la résis- deux supercondensateurs. S’il y a N cellules de supercondensa-
tance d’équilibrage est déterminée par le rapport de la tension teurs, il faut N – 1 circuits d’équilibrage. Son schéma est donné sur
nominale du supercondensateur au courant que l’on souhaite la figure 9. Le principe de fonctionnement de ce circuit est basé sur
dévier par cette résistance. L’idéal est de dévier le courant de charge la comparaison entre la tension des deux cellules de superconden-
du module de supercondensateur qui est en général élevé (> 100 A) sateurs ; le signal à la sortie du comparateur commande les tran-
pour des applications transport. Cela pose un problème pour le sistors complémentaires Q1 et Q2 , permettant ainsi la déviation du
dimensionnement de la résistance. De plus, la mise en parallèle de courant d’une cellule à l’autre. Cependant, la déviation totale du
la résistance d’équilibrage avec une cellule supercondensateur aug- courant de charge est très onéreuse, compte tenu de sa valeur rela-
mente le courant de fuite de ce dernier. Si on adopte cette solution tivement élevée (quelques dizaines jusqu’à une centaine d’ampè-
d’équilibrage, il faut faire un compromis entre les dimensions de la res). En général, le courant dévié ne dépasse pas quelques
résistance, son coût et le courant dévié. En général, on choisit un ampères pour réduire le coût du circuit d’équilibrage.
courant dévié de l’ordre de quelques ampères.
Le principe d’utilisation de ce circuit est donné sur la figure 10.
b. Équilibrage actif On considère un module de 5 supercondensateurs en série par
Le circuit d’équilibrage actif est une version plus complexe que exemple, nommés respectivement A, B, C, D et E. Chaque groupe
le circuit passif. Il est constitué généralement d’un circuit électro- de deux cellules consécutives est équilibré par un circuit. L’avantage
3. Applications
Les applications envisagées pour les supercondensateurs
regroupent :
— l’automobile, en particulier les nouvelles architectures de Figure 11 – Schéma de principe des essais de démarrage sur un
chaîne de traction hybride ; moteur thermique
— le transport collectif urbain : bus, tramways, métros, trains... ;
— les applications industrielles telles que les alimentations sans
interruptions, les alimentations de secours, appareils de mesures... ; condensateurs sont intégrés sans modifications de la configuration
— l’électronique domestique : appareils photos... initiale du véhicule. Le second exemple est consacré au démarrage
avec un alternodémarreur alimenté sous 14 V ou 42 V.
■ Sur le segment de l’automobile, la technologie des super-
condensateurs satisfait les fonctions :
— de démarrage, en particulier avec des contraintes à basse 3.1 Démarrage d’un moteur thermique
température ;
— d’organe de puissance des chaînes de traction hybride L’avantage principal du supercondensateur par rapport à la
(assistance aux accélérations et récupérations de l’énergie) ; batterie dans cette application, est qu’il peut supporter plusieurs
— d’alimentation des organes auxiliaires. dizaines de milliers de cycles de charge/décharge à des courants
très élevés. Les batteries sont limitées à seulement quelques cen-
Le concept de véhicule hybride parallèle, utilisant un moteur taines de cycles avec des courants plus faibles. Par ailleurs, dans
électrique comme complément au moteur thermique sur des le cas du démarrage d’un moteur thermique, la batterie est extrê-
durées de quelques secondes, est appelé à se développer de façon mement sollicitée ce qui oblige les constructeurs à les dimension-
massive. En effet, il répond aux aspirations de réduction de ner pour une forte puissance. Dans cette application, une batterie
consommation et d’émissions, d’électrification croissante des équi- de faible puissance suffit car elle est uniquement utilisée lors de la
pements et d’intégration de nouvelles fonctions de confort. première charge (à faible courant) des supercondensateurs. En
L’utilisation des supercondensateurs est particulièrement adaptée effet, lorsque le moteur est lancé, c’est l’alternateur du véhicule qui
aux nouvelles fonctions de la chaîne de traction (filtrage des appels charge les supercondensateurs ; il en résulte donc une diminution
de puissance, stop & go, accélération, récupération d’énergie au de la taille de la batterie et une plus grande longévité de fonction-
freinage...). Ces fonctions exigent des appels de puissance impor- nement de celle-ci.
tants pendant quelques secondes et une durée de vie de l’élément Le schéma de principe d’un démarrage de moteur thermique à
de stockage d’énergie de plusieurs centaines de milliers de cycles. l’aide des supercondensateurs est représenté sur la figure 11 [8].
Parmi les solutions à l’étude pour satisfaire ce type de cahier des
Dans cette configuration, l’alternateur et le démarreur sont sépa-
charges, les supercondensateurs se présentent comme l’une des
rés. L’alternateur permet de charger le module de supercondensa-
technologies les plus prometteuses.
teurs lorsque le véhicule est en marche. Le démarreur est alimenté
■ Sur le segment du transport collectif urbain : directement par le module de supercondensateurs. Lorsque le
— les supercondensateurs permettent d’améliorer le rendement conducteur souhaite démarrer, deux cas se présentent : soit les
énergétique des tramways et métros en permettant la récupération supercondensateurs sont chargés et le véhicule démarre ; soit ils
de l’énergie de freinage, ce qui autorise une augmentation du trafic sont déchargés et c’est la batterie qui va les charger pendant quel-
sans investissement réseau et réduit le coût de possession ; ques dizaines de secondes à faible puissance et à courant constant.
— de nouveaux concepts sont à l’étude, dont le tramway sans Le démarrage du véhicule peut être ainsi effectué à partir du
caténaire fonctionnant avec l’énergie de supercondensateurs module de supercondensateurs. Lorsque le véhicule fonctionne,
embarqués, rechargés en station et pendant le freinage, ce qui son alternateur permet de recharger les supercondensateurs.
permet de réduire de façon conséquente les investissements en Dans ce schéma, les démarreurs automobiles sont généralement
infrastructure et répond aux attentes d’une meilleure intégration constitués d’un moteur à courant continu à excitation série et d’un
dans le paysage urbain ; relais de démarrage assurant la mise en contact du pignon rotor
— l’application des principes d’hybridation automobile aux bus avec la couronne du volant moteur et l’alimentation du démarreur.
urbains permet de réduire la consommation de plus de 30 % et de
satisfaire les exigences des politiques d’urbanisme et de transport. Exemple
■ Sur le segment des trains, plusieurs applications sont envisagées Prenons le cas d’un moteur diesel à démarrer dont les caractéristi-
pour optimiser la gestion de l’énergie. Le remplacement des batte- ques sont :
ries de démarrage des locomotives diesel par des supercondensa- — couple résistant au démarrage environ 200 N · m, vitesse mini-
teurs permet d’accroître la fiabilité et de réduire le coût de male de lancement de 150 tr/min ;
possession en augmentant la durée de vie et en réduisant la mainte- — démarreur environ 450 tr/min au démarrage du moteur
nance associée. thermique ;
— couple du démarreur C dém = 200/3 = 66,67 N · m ;
Dans ce paragraphe 3, deux exemples sont traités. Le premier
concerne le démarrage d’un véhicule standard dans lequel les super- tension 14 V, temps de démarrage moins de 2 s.
Courant (A)
Tension (V)
thermique de 150 tr/min, celle du démarreur électrique est d’environ
Usc
450 tr/min. 14
250
En utilisant la relation :
12
Pu = C dém ω 200
avec Pu puissance électrique utile qui permet de démarrer le 10
moteur thermique, 150
8
ω vitesse angulaire du moteur électrique environ
100
(450 tr/min), Idémarrage 6
on a l’application numérique suivante :
50
ω = 450 × 2π/60 = 47 rad/s d’où 4
Pu = 66,67 × 47 = 3 133 W.
0 2
Si on tient compte des pertes dans le dispositif, la puissance du
module de supercondensateurs qui alimente le démarreur doit être Ialternateur
– 50 0
d’environ 3,5 kW. Avec une tension de 12 V, on obtient un courant de
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
l’ordre de 300 A, pour démarrer le moteur thermique. En utilisant ces
données et la méthodologie de dimensionnement présentée au para- Temps (s)
graphe 2.1, on obtient un module de supercondensateurs ayant les
caractéristiques suivantes : Figure 12 – Évolution temporelle de la tension et du courant
14 dans le module de supercondensateurs lors de trois démarrages
— tension maximale 14 V ⇒ N série = ------------ , soit 6 cellules de d’un véhicule à essence
2,5
supercondensateurs de tension 2,5 V chacune en série ;
— le courant de démarrage est élevé (environ 300 A), il faut donc
choisir des cellules dont la résistance série (ESR ) est la plus faible En terme de masse, en remplaçant la batterie par le système à
possible (2 000 F avec ESR = 0,35 mΩ, par exemple) ; base de supercondensateurs et une petite batterie, on peut réduire
— on fixe ∆U = 4 V, c’est-à-dire que le moteur thermique peut par un facteur au moins égal à 2.
démarrer avec une tension comprise entre 14 et 10 V.
Exemple : parmi les expériences réalisées, on peut citer le
La relation de dimensionnement donne :
démarrage d’un véhicule à essence (figure 12) avec un module de
Ct = (I ∆t )/(∆V – N série ESR I ) 6 cellules supercondensateurs Maxwell de capacité 2 600 F en série ;
= (300 × 2)/(4 – 0,000 35 × 6 × 300) = 178 F les caractéristiques de ce module sont :
— capacité totale : 433 F ;
Le choix de 6 cellules de 2 000 F en série donne une capacité totale
— résistance équivalente série : 3,6 mΩ ;
de 2 000/6 = 333 F. L’encombrement du module est :
— tension maximale : 15 V ;
— masse 2,4 kg ; — masse : 3,15 kg ;
— volume environ 2,24 dm3. — volume : 3 dm3.
Le fait de démarrer le moteur thermique à l’aide d’un module de Les résultats suivants ont été obtenus avec un véhicule réel dans
supercondensateurs permet de diminuer considérablement la lequel la batterie a été remplacée par le module de supercondensa-
puissance et l’encombrement de la batterie, qui a pour rôle de teurs dont les caractéristiques sont décrites ci-avant. La figure 12
charger les supercondensateurs en cas de besoin. Le poids de la représente l’évolution de la tension et du courant du module de super-
batterie peut être divisé par un facteur 5. condensateurs en fonction du temps, lors des différents démarrages
consécutifs. Ces résultats montrent que le courant débité pendant le
Exemple : reprenons le même véhicule diesel qui effectue démarrage est de l’ordre de 200 A à 250 A, et que l’alternateur charge
10 démarrages par jour, avec une puissance d’environ 3,5 kW pendant les supercondensateurs en un temps très court (30 à 40 s). Pour mieux
2 s par démarrage. Cela nécessite donc 7 kJ par démarrage est 70 kJ au observer la charge des supercondensateurs, le premier démarrage a
total. Pour fournir une puissance de 3,5 kW, une batterie acide-plomb, été réalisé avec une tension du module d’environ 11 V au départ. On
dont la densité de puissance est d’environ 200 W/kg, pèse environ constate que le module de supercondensateurs se charge rapidement
18 kg. Avec une densité d’énergie de la batterie de l’ordre de 100 kJ/kg, lorsque le véhicule est à l’arrêt. Cela montre que le module de super-
l’énergie totale de la batterie est de 100 × 18 = 1 800 kJ. Cela est suffi- condensateurs dimensionné ci-dessus est suffisant pour effectuer plu-
sant pour les 10 démarrages du moteur thermique par jour, par contre la sieurs démarrages dans la journée (plus de 5 démarrages).
masse est excessive. En réalité, les batteries utilisées sont optimisées Si on considère que le véhicule est utilisé le matin pour aller au travail
en puissance et par conséquent la masse est plus faible (plus de 10 kg). et le soir pour rentrer au domicile, il faut que les supercondensateurs
Cependant, cette masse reste plus élevée que dans le cas d’usage d’un soient capables de fournir la puissance nécessaire après 12 h d’arrêt
module de supercondensateurs pour lesquels, nous avons vu qu’un pour démarrer le moteur thermique. Cela dépend donc de leur autodé-
poids d’environ 2,4 kg est suffisant pour obtenir 3,5 kW. charge, point traité dans le dossier [D 3 334] des Techniques de l’ingé-
nieur et modélisé dans la référence [9].
L’utilisation des supercondensateurs permet donc de diminuer
l’encombrement de la source de puissance pour le démarrage. En Pour le segment des trains, plusieurs applications sont envisa-
mettant une batterie de faible puissance et par conséquent légère, gées pour optimiser la gestion de l’énergie. Le remplacement des
simple, moins encombrante et de coût plus faible, on peut avoir batteries de démarrage des locomotives diesel par des supercon-
une alimentation hybride optimisée en terme de puissance, durée densateurs permet d’accroître la fiabilité des composants et de
de vie, et encombrement. La masse de ce dispositif est d’environ réduire le coût de maintenance en augmentant leur durée de vie et
4 à 5 kg contre une masse de plus de 10 kg pour la solution batterie en réduisant la maintenance associée. Des études menées en
de démarrage. Concernant le coût, il est plus élevé pour la solution Suisse [10] ont montré que l’on peut réduire la masse des éléments
supercondensateurs. Cependant, l’accroissement de la durée de de stockage en remplaçant les batteries par des supercondensa-
vie permet de réduire le coût de possession. teurs ; de plus, ces derniers permettent de mieux récupérer l’énergie
M
3.2 Alimentation
d’un alternodémarreur 42 V
Pour répondre à une demande de puissance de plus en plus
importante à bord des véhicules, une solution consiste donc à rem-
placer le démarreur et l’alternateur par une machine réversible
appelée alternodémarreur [11]. Ce système doit être alimenté à
partir d’un bus 42 V pour répondre au besoin d’une puissance rela-
tivement élevée en régime transitoire (démarrage, assistance aux
accélérations, récupération de l’énergie lors du freinage...). Les
supercondensateurs sont adaptés à ce type d’application.
Les fonctions que l’alternodémarreur peut réaliser, telles que
« Stop & Go », freinage récupératif et assistance du moteur thermi- Éléments dissipatifs
que, sont possibles avec des rendements élevés et procurent des
gains de consommation compris entre 5 et 15 % tout en améliorant Figure 13 – Schéma de principe de la récupération de l’énergie
le niveau de confort et l’agrément de conduite du véhicule. par supercondensateurs
Si on se base sur les phases les plus importantes de cette
application en terme de demande de puissance, pendant un temps
relativement court (démarrage, assistance aux accélérations et L’avantage de cette solution vient du fait que le courant débité
récupération de l’énergie), il faut dimensionner le module de par le module de supercondensateurs est environ deux fois plus
supercondensateurs en fonction de la puissance et des niveaux de faible que dans le cas précédent. Par contre, la tension est relative-
tension à ses bornes. ment élevée par rapport à la première solution. On peut également
augmenter la tension du bus continu. Un exemple est traité dans
■ En considérant une accélération de 1 m/s2 pour atteindre une le paragraphe 3.3.
vitesse de 50 km/h en 10 s en milieu urbain avec un véhicule de
1 000 kg, la puissance nécessaire est d’environ 14 kW [12]. On utilise ■ La récupération d’énergie lors du freinage à l’aide des super-
l’algorithme de dimensionnement des supercondensateurs, pour condensateurs permet d’améliorer le comportement dynamique du
les deux exemples suivants. véhicule, d’augmenter son rendement et de réduire sa consomma-
Exemple 1 tion en carburant. Le système de freinage d’un véhicule hybride à
récupération d’énergie à l’aide de supercondensateurs doit être
S i U max est fixée à 38 V : composé d’un système de freinage électrodynamique associé à un
I max = P max /(U max /2) = 736 A système de freinage mécanique. La figure 13 montre le schéma de
principe pour la récupération de l’énergie à l’aide d’un module de
I min = P max /U max = 368 A supercondensateurs. Lorsque le freinage est actionné, le moteur
électrique de traction fonctionne en génératrice et renvoie l’énergie
I moy = 553 A dans les supercondensateurs. Leur charge est réalisée par l’intermé-
et que l’on néglige dans un premier temps la chute de tension liée à la diaire du convertisseur DC/DC réversible intercalé entre les super-
résistance série des supercondensateurs, la capacité totale du module condensateurs et le convertisseur DC/AC alimentant le moteur
de supercondensateur est d’environ 291 F. Le nombre de super- électrique. On peut également récupérer l’énergie potentielle du
condensateurs en série est fixé par le choix de la tension U max . En véhicule lors d’une descente. Cette énergie récupérable peut être
effet, pour atteindre une tension maximale de 38 V, il faut 38/2,5 = 15 plus ou moins importante. La récupération dépend également de
cellules de supercondensateurs. À cause de la résistance série et de l’état de charge des supercondensateurs. Un système de dissipation
l’encombrement, on choisit dans un premier temps des composants de l’énergie électrique est obligatoire lorsque les supercondensa-
de 2 600 F. On obtient donc 291 F = 2 600 (N p /N série ), N série et N p teurs sont pleinement chargés. Le pilotage et la gestion de la récu-
étant des entiers naturels positifs. En remplaçant N série par 15 dans pération de l’énergie sont assurés par une électronique de
l’expression précédente, on obtient N p = 2. En utilisant l’équation (4), commande. Le système de freinage mécanique est utilisé en cas
on obtient Ct = 334 F, et en utilisant l’équation (2) on obtient 346 F. de nécessité. Des études et des expériences ont été réalisées, elles
ont montré que l’on peut réduire, pour un cycle urbain, la consom-
Le module est constitué de deux blocs en parallèle, chaque bloc mation de combustible pour un véhicule moyen de 20 à 30 % avec
contient 15 cellules en série. Cependant, il faut remarquer que pour le principe de récupération d’énergie à supercondensateurs [13].
adapter les niveaux des tensions et des courants entre le module de
supercondensateurs et le bus continu, il faut un convertisseur DC/DC
réversible gérant des courants très élevés. Cela nécessite une électro- 3.3 Association batterie
nique de puissance relativement coûteuse. Une autre solution consiste
à élever la tension du bus continu ou choisir un module de super- – supercondensateurs
condensateurs avec une tension U max /2 supérieure à 42 V.
Les avancées technologiques dans le domaine de la motorisation
Exemple 2 électrique et des éléments de stockage de l’énergie ont permis que
On choisit U max = 100 V et U min = 50 V, ce qui donne un courant les véhicules hybrides soient une solution pour lutter contre la
moyen de 210 A. Pour atteindre 100 V, il faut 40 cellules. Si on choisit pollution liée aux transports en attendant les véhicules à pile à
des composants de 2 600 F, on obtient C t = 2 600/40 = 65 F. En utili- combustible.
sant l’équation (4), le calcul donne une capacité totale de l’ordre de Les éléments de stockage de l’énergie électrique doivent possé-
48 F. der une densité de puissance élevée pour procurer des capacités
Batteries
manquent aux batteries pour améliorer les performances du véhi- +
cule hybride. En effet, il peut être équipé de deux systèmes de stoc- PWM2 C1 Charge
kage d’énergie, d’une part un réservoir de carburant et d’autre part –
des batteries et des supercondensateurs. L’hybridation conduit
donc à de nombreuses voies d’optimisation de l’utilisation de
l’énergie à bord du véhicule. Le véhicule hybride permet de réduire
PWM3
considérablement les émissions de polluants (un fonctionnement
tout électrique est même possible en ville, par exemple) ainsi que
la consommation (réduction de 40 à 50 % envisageable). Il faut
Supercondensateurs
L2
cependant souligner que l’hybridation conduit à embarquer deux
systèmes de motorisation distincts, un système de stockage de
l’énergie électrique (batteries ou supercondensateurs ou les deux)
+
et de l’électronique de puissance. Cela correspond à un surcoût, lié PWM4 C2
à ces éléments de stockage et à l’électronique de puissance et à –
une augmentation non négligeable du poids du véhicule.
Exemple
Prenons un véhicule hybride (hybridation au niveau de la motorisa- PWM Pulse Width Modulation
tion et au niveau des alimentations électriques) dont la masse est
d’environ 1 500 kg avec les caractéristiques suivantes : Figure 14 – Schéma de principe de l’alimentation hybride
— puissance du moteur thermique environ 45 kW ;
— moteur électrique environ 35 kW ;
— vitesse maximale en mode électrique 50 km/h en ville avec une assistée, multimédia...), à laquelle devra répondre une augmenta-
assistance aux accélérations en dehors de la ville (0 à 100 km/h en tion de la puissance installée dans les véhicules (on estime ainsi à
15 s, par exemple). près de 5 kW la puissance crête nécessaire pour faire fonctionner
les auxiliaires électriques d’un véhicule haut de gamme en 2010).
On considère que l’alimentation électrique est composée d’un ou Si l’on s’en tient à la solution technologique actuelle : alternateur
plusieurs modules de supercondensateurs et d’un module de bat- entraîné mécaniquement par le moteur thermique associé à une
teries. Ces deux éléments doivent alimenter, respectivement en batterie, cela implique une consommation supplémentaire de car-
régime transitoire et en régime permanent, un bus continu 400 V. burant de l’ordre de 1,5 l/100 km. Cette solution n’est pas
Le principe de fonctionnement est le suivant : en milieu urbain les compatible avec la nécessité de réduire la consommation énergé-
supercondensateurs fournissent la puissance nécessaire pendant tique et les émissions polluantes. Ainsi une source auxiliaire de
les phases d’accélération, les batteries assurent la puissance en puissance électrique (Auxiliary Power Unit, APU) présentant un
régime permanent. La récupération de l’énergie lors des décéléra- rendement bien supérieur, peut-elle être une solution technique-
tions se fait en priorité à l’aide des supercondensateurs, puisqu’ils ment intéressante. Cette alimentation comporte une pile à combus-
possèdent un rendement de charge/décharge supérieur à 95 % tible et un module de supercondensateurs. Ces derniers sont
avec des courants relativement élevés. Les batteries sont égale- utilisés pour fournir la puissance en régime transitoire. La pile à
ment utilisées pour récupérer de l’énergie. L’adaptation des combustible est dimensionnée pour le régime permanent. De plus,
niveaux des tensions et des courants entre le bus continu et les le temps de réponse de la pile en terme de puissance est limité par
deux dispositifs de stockage de l’énergie électrique s’effectue à la constante de temps des auxiliaires [14] [15] [16].
l’aide de deux convertisseurs statiques DC/DC [D 3 167]. Ils fonc-
Une autre application concerne le véhicule à pile à combustible
tionnent en mode survolteur lorsque les batteries ou les supercon-
où l’énergie primaire est remplacée par l’hydrogène. Les super-
densateurs fournissent l’énergie et en mode dévolteur dans le cas
condensateurs sont utilisés en parallèle à la pile à combustible pour
inverse. La régulation en tension du bus continu peut être assurée
fournir la puissance lors des accélérations, pendant les phases tran-
en utilisant un correcteur PI (Proportionnel Intégral) ou autres (logi-
sitoires, et pour récupérer l’énergie du freinage. Cette solution offre
que floue, réseau de neurone...). La figure 14 montre le schéma de
l’avantage de réduire l’encombrement et le coût de la pile.
principe de cette alimentation.
Ces deux applications sont traitées à travers les deux exemples
suivants.
3.4 Association pile à combustible
– supercondensateurs 3.4.1 Alimentation auxiliaire de puissance (APU)
Les piles à combustible font actuellement l’objet de nombreux L’exemple suivant présente l’étude d’une APU hybride de 1 000 W.
développements. Elles présentent plusieurs avantages de principe Elle est constituée d’une pile à combustible à membrane échangeuse
tels que des émissions de polluants très faibles, et potentiellement de protons (PEM Proton Exchange Membrane) et d’un module de
des émissions de CO2 également modestes, à condition que la pro- supercondensateurs [15] [17] [18]. La figure 15 présente le schéma
duction d’hydrogène ne soit pas elle-même génératrice d’émis- de principe de la structure réalisée. Dans cette application, le module
sions trop importantes. Des applications dans le domaine du de supercondensateurs est constitué de 12 cellules. La capacité d’une
transport utilisant une pile à combustible et des supercondensa- cellule est de 1 400 F. Ce module permet de fournir jusqu’à 1 500 W
teurs comme tampon de puissance sont envisageables. pendant 20 s. La pile à combustible permet de fournir environ 500 W
en régime permanent. La tension du bus DC est fixée à 14 V.
En effet, l’augmentation du niveau de confort réclamée par les
utilisateurs va conduire à une augmentation significative de la La conception du système de la figure 15 s’appuie sur un cahier
puissance consommée par les auxiliaires (climatisation, direction des charges adapté à la puissance appelée par un système de
Ipac
Circuit de
précharge Iscap Icharge
Upac Uscap Ubus Charge
Pile à
combustible Hacheur élévateur Module de Hacheur dévolteur
supercondensateurs
Indices
pac pile à combustible
scap supercondensateurs
Puissance charge 30
Tensions (V)
1 kW
25
Uscap
Puissance 20
pile à combustible
300 W Ubus
15
100 W
10
t0 t0 + t1 Temps (s) Upacac
5
Figure 16 – Profil de puissance appelée sur le banc de test de l’APU
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Temps (s)
chauffage par aérotherme dans un véhicule, lequel présente une
dynamique très contraignante. En effet, 5 kW sont appelés pendant 90
Courant (A)
Exemple
Bombardier teste un système économiseur d’énergie « MITRAC® »
[22], sur un tramway de la ville de Mannheim, depuis septembre 2003.
Il est équipé d’un stockeur d’énergie capacitif se trouvant dans un
conteneur de 1,9 m × 0,95 m × 4,5 m, pesant 450 kg, placé sur le toit
du tram. Sa tension nominale est de 750 V. La figure 20 montre une
photo du dispositif en toiture.
Figure 20 – Système MITRAC utilisant les supercondensateurs
L’économie annuelle d’énergie se monte à 30 000 €, sans compter pour le stockage de l’énergie
les gains effectués sur les investissements rendus nécessaires pour
renforcer la puissance du réseau. À l’avantage économique s’ajoute
encore l’amélioration de la situation environnementale, liée à la
réduction d’émission de CO2 .
La résistance entre la sous-station et le véhicule augmente à mesure 4. Conclusion
que la distance les séparant en fait de même. Pour un courant typique
de 1 000 A, la chute de potentiel, vue par le tram à l’endroit le plus Les supercondensateurs sont utilisés comme source pour les
éloigné de l’alimentation, est de l’ordre de 100 V. Grâce aux super- demandes de fortes puissances pendant quelques secondes
condensateurs, cette chute de potentiel diminue proportionnellement. jusqu’à quelques dizaines de secondes. Ils peuvent supporter un
En plus du gain en stabilité de tension, le système profite de la nombre de cycles de charge/décharge environ 1 000 fois plus élevé
réduction des pertes ohmiques dans la caténaire. que les batteries. De plus, ils peuvent fournir ou absorber un
Des mesures ont démontré qu’avec un stockeur capacitif embarqué, courant très élevé, ce qui est très important pour la récupération de
les pointes de puissance échangées avec le véhicule sont réduites de l’énergie lors du freinage par exemple. Tous ces avantages font que
40 %. Ce résultat se traduit par un choix conceptuel pour dimensionner les supercondensateurs sont utilisés dans de nombreuses applica-
l’infrastructure : soit les sous-stations peuvent être davantage éloi- tions aujourd’hui et permettent d’augmenter le rendement des sys-
gnées les unes des autres en gardant les performances et des coûts tèmes dans lesquels ils sont intégrés, en particulier le véhicule
d’exploitation constants, soit ces dernières sont améliorées en mainte- hybride et à pile à combustible. Cependant, l’inconvénient majeur
nant les caractéristiques de l’infrastructure. Les calculs montrent que la de ces éléments de stockage tampon de puissance est leur prix
distance entre les sous-stations pourrait être augmentée jusqu’à 60 %. encore relativement élevé.